Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Aventure/Epopée
dom1 : Compte à rebours… [concours]
 Publié le 12/09/16  -  15 commentaires  -  19360 caractères  -  148 lectures    Autres textes du même auteur

Il passait là, par hasard.

De ces hasards qui font basculer une vie, de ceux qui bousculent tout un être : on a coutume de dire "plus rien ne sera comme avant".


Compte à rebours… [concours]


Ce texte est une participation au concours n°21 : Et en 13 secondes, tout bascula...

(informations sur ce concours).




1


Ce vendredi-là, son téléphone portable le sortit de ses rêves comme il le faisait tous les autres jours de semaine.


Réveillé ou presque, les paupières mi-closes, guidé par je ne sais quel mystère inconscient, il se rendait dans la cuisine où Nicole, sur le trajet de son travail, levée encore plus tôt que lui, avait préparé, comme chaque matin, ses tartines beurrées tandis que le café attendait qu'un doigt pousse le bouton qui lancerait le processus de filtration.

Le café et sa chaleur (grâce à un processus encore inexpliqué par les scientifiques), parcourant l'œsophage, permettrait à quelques neurones encore chancelants de fonctionner plus adroitement.

La TV allumée, les phrases débitant les malheurs du moment et leur flot d'images catastrophiques commençaient à prendre forme dans son cerveau. Les trains ne partant pas à l'heure, les inondations du moment, les « fous de Dieu » qui partaient faire le Jihad dans quelque coin reculé qu'Aurélien avait peine à situer sur une carte. À tel point qu'une phrase sortit involontairement de sa bouche : « Comment peut-on être aussi con ? »


Puis, après un passage fluide dans la salle de bain, et après avoir revêtu sa tenue hebdomadaire, il montait dans le véhicule qui lui servait d'outil de travail.

Et le soir venu, comme tous les soirs venus de la semaine, il rentra avec ce petit pincement au ventre, de ceux qui ne donnent pas envie d'embrasser son partenaire, une fois la porte franchie.


2


Le lendemain, le samedi 13 septembre 2014, Aurélien se réveilla de façon naturelle, sans avoir piloté son réveil par le biais de son téléphone portable posé sur le bord de sa table de nuit.

C'était la règle, le samedi ; on ne met pas la sonnerie, on dort.

Durant le reste de la semaine, la sonnerie aux sons alanguis le sortait de sa torpeur aux alentours de sept heures. Aurélien dormait peu car il se couchait vers deux ou trois heures du matin.


Ce jour-là donc, vers 8 h 30, il avait émergé du sommeil après moult pensées vaporeuses, de celles qui voient le jour entre rêves et réalité.

Nicole dormait encore.

C'était le week-end, on avait du temps pour rester au lit. Aurélien toucha le corps chaud de Nicole. La tentation de la caresser plus encore lui traversa l'esprit. Il y renonça cependant comme il y renonçait déjà depuis quelques mois. Il ne lui faisait plus l'amour ou si rarement qu'on peut dire qu'il ne le faisait plus. Le couple battait de l'aile.


La crise de la quarantaine ?


Nicole ne les faisait pas. Elle était un peu plus jeune que lui. Aurélien, allongé à quelques centimètres de sa peau, se souvint alors de l'époque où il ne se lassait pas de regarder ce corps. Certains matins, lorsque les draps la recouvraient de façon partielle, ses formes lui donnaient des ambitions de conquérant.

Il l'aimait, ils s'aimaient.

C'était il n'y a pas si longtemps que cela.

Depuis quand les choses avait-elles tourné au vinaigre, à quel moment, comment ?


3


Aurélien poussa plus encore ses pensées…

Il avait bien en tête un moment particulier auquel il pensait souvent.

Ce jour-là, ce jour où elle s'était détournée de lui lorsqu'il voulut l'embrasser. Elle fit mine de toussoter et recula énergiquement pour que sa bouche n'atteigne pas ses lèvres.

C'était au cours d'un repas, voilà environ cinq mois, Nicole, qui pratiquait le chant dans une association de la ville de Chamalières, avait invité ses amis qui étaient venus à cinq ou six. Il était impossible à Aurélien de mettre un prénom sur ces visages.

Tout était devenu flou.

Il y avait cependant le visage de cet homme qui souriait sans arrêt.


Éric ou Jean ou Bernard ?


Il se souvenait de l'attitude de Nicole. Cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas vue ainsi, son visage rayonnait et elle semblait heureuse.

En tout cas, ce baiser refusé avait pris une dimension très particulière dans leur relation. Ils en avaient parlé de façon très caustique.

Lui, lui reprochant ce refus comme un signe de séparation ;

Elle, lui reprochant de vouloir l'embrasser alors qu'elle discutait avec ses amis.

Il n'en sortit rien qu'un goût amer.


4


Aurélien retint sa main et quitta le lit avec beaucoup de soin pour ne pas la sortir du sommeil.

Il avait prévu de faire une balade en VTT tandis que Nicole se rendrait chez une amie qui commençait à aménager sa nouvelle maison, dans une commune voisine.

Aurélien décida donc de se lever et de partir en balade. Il aimait ça, partir en balade, et en VTT, plus encore.

Après un petit déjeuner rapidement avalé, il prépara son vélo et le déjeuner qu'il consommerait sur un bord d'un chemin, comme à l'accoutumée.

La température de l'air et la météo se prêtaient à une escapade dans les environs, d'autant plus que le soleil brillait depuis plusieurs jours de façon à conférer à cet automne-là toute la beauté que la nature sait offrir.

Il partit donc sur un chemin qu'il connaissait bien et pratiquait régulièrement. Il avait « passé » l'âge, disait-il à ses filles, qui l'accompagnaient rarement, de partir à l'aventure sur des chemins de traverse.

La routine apporte l'avantage indéniable d'éviter à son cerveau de subir le stress de l'inconnu.

Depuis une heure, Aurélien avait entamé la montée sur les hauteurs de Chamalières. La nature était particulièrement belle en cette saison. Les forêts succédant aux vallons et aux précipices où il pouvait entendre le bruit du ruisseau qui serpentait plus bas.

Aurélien se disait, comme souvent il l'éprouvait sur son vélo, que la vie était belle.


5


Et c'est peu de temps après cet élan d'optimisme, lors du passage d'un virage en descente un peu serré qu'il aperçut ces deux vélos posés négligemment sur le côté du chemin.

Il fut à deux doigts de rouler dessus et dut freiner puissamment pour les éviter.

Il s'arrêta à quelques mètres d'eux.

Il entendit crier.

Les cris provenaient de l'intérieur de la forêt. Il posa son VTT contre un tronc et courut entre les arbres, guidé par le son des voix qui hurlaient :


– Au secours !


Il aperçut les deux enfants, un garçon et une fille, en équilibre sur un monticule de terre enraciné.


– Que faites-vous là ? leur cria-t-il.

– On s'est perdus, aidez-nous, on voulait suivre un lapin.

– Mais pourquoi êtes-vous à cet endroit ?

– On a voulu ramasser des myrtilles et on a glissé. Aidez-nous, on va tomber, aidez-nous ! criait le garçon.


En effet, le sol se dérobait sous leurs pieds. Les feuilles tombées durant la nuit rendaient le sol glissant.


– Ne bougez pas, je viens vers vous.


Aurélien s'allongea en bordure du précipice. Il se coucha et tenta de fixer sa jambe et son pied contre un tronc de noisetier. La manœuvre était osée car le sol glissait sous lui.

C'est là qu'il aperçut le visage des deux enfants ainsi que le précipice haut de plusieurs dizaines de mètres.

Il prit alors conscience de la scène et il sentit son corps se raidir.


Il tendit les mains et réussit à attraper les deux gosses qui se mirent à geindre. Ils étaient sauvés de la glissade.


Aurélien tenta de leur parler mais il ne put.

Sa cage thoracique était tellement comprimée par les poids qu'il portait qu'aucun son audible et crédible n'en sortait, mis à part le râle de sa respiration.

Il ne pouvait appeler du secours.


Quant aux enfants, aucun des deux ne pouvait ouvrir la bouche. Ils étaient pétrifiés. Ils pleuraient.

La peur avait envahi leurs corps, leurs membres, leurs visages, leurs regards.

Aurélien scrutait ces visages juvéniles recouverts de larmes, un garçon et une fille âgés tout au plus de sept ou huit ans.

Leurs yeux…

Ces yeux, en contrebas, Aurélien les scrutait et il put en voir la peur qui brillait comme un feu en pleine nuit.

Aurélien sentait une racine qui pénétrait inlassablement l'aine de sa cuisse.

Que faire ?

Le temps s'écoulait comme dans un cauchemar, sans point de repère.

Le cours du temps n'avait plus aucun sens.

Il lui fallait tenir, attendre les secours, tirer les enfants vers le haut.

Les enfants se remirent à appeler au secours.


6


C'est alors qu'Aurélien fut traversé par des pensées toutes plus étranges les unes que les autres. Par exemple, il revécut cette scène où, sur un vélo flambant neuf, il pédalait avec entrain jusqu'au carrefour de la route nationale. Se déplacer, seul, aller où l'on veut, sans rien dire ou demander à personne, quelle aventure, quel plaisir !

Puis lorsqu'il fut fauché par cette voiture, il comprit que l'aventure comportait des risques. On l'affubla d'un plâtre au bras droit qu'il dut garder pendant trois mois durant.

Le prix de la Liberté.

Et si ?

Et s'il avait laissé sa main sur Nicole ce matin, qu'il l'ait caressée, réveillée, et qu'il ait renoué avec la tendresse et l'amour, il ne serait pas là.

Au bord de ce gouffre, à deux mains d'y laisser sa peau et celles de deux enfants.

Il ne serait pas là.

Il n'aurait pas pris ce chemin, à cette heure-là, à ce moment-là.

Il ne serait pas là.


La charge devenait trop lourde, Aurélien le comprit lorsque sa douleur à l'épaule lui imposa un gémissement strident. Il lui était impossible de tenir encore très longtemps. Cette fameuse douleur, celle-là même qui handicapait ses mouvements lorsqu'il voulait soulever ou déplacer une charge.

Douleur qu'il tenta de soigner par toutes les méthodes possibles avec de multiples thérapeutes, avant de comprendre la réalité devenue implacable : il souffrait d'arthrose, et « l'arthrose, ça ne se guérit pas ! ».


7


Que faire pour sauver ces enfants ?


Attendre… ?


Attendre qu'un chasseur, un marcheur, un passant, leurs parents, que quelqu'un accoure et les sauve.

Puis l'idée d'en finir lui traversa tout le corps comme un fluide glacial. Lâcher, se laisser glisser avec ce poids. En finir avec ces douleurs. Cette sombre idée s'estompa lorsqu'il croisa à nouveau le regard des enfants.


Mais Aurélien se sentait au bout de la douleur, il ne pouvait plus attendre. Il ne pouvait plus bouger son corps vers le haut, il ne pouvait plus supporter ce poids. Sa cheville et son pied droit bloqués par le tronc d'un arbre commençaient à trembloter.

Remonter les deux enfants lui était impossible, il le savait. Le poids de ces corps le tirait vers le gouffre tandis que ses forces l'abandonnaient…


Et cette évidence le chargea d'une vague émotionnelle qui submergea son esprit, au point de se sentir violé par une angoisse incontrôlable.

Ses yeux furent envahis d'une marée de larmes qui bientôt rendirent sa vue opaque.

Des larmes qui se détachèrent de son visage pour venir s'écraser sur celui des deux enfants. Leurs têtes recouvertes de casques alvéolés étaient dirigées vers le ciel, vers Aurélien.


Agrippés tant bien que mal l'un à l'autre, pétrifiés de peur, ils avaient compris instinctivement qu'il ne fallait pas bouger. Sous leurs pieds, les roches se détachaient inévitablement en roulant et s'écrasaient au sol au bout de quelques secondes.

Aurélien tentait de calmer son angoisse et de calmer le flux de larmes qui l'envahissaient. Il y parvint avec une infinie délicatesse, une infinie volonté, grâce à une sorte d'instinct de survie.


Il fallait qu'il reprenne le pouvoir sur ses émotions.


Il aperçut alors de nouveaux ces deux visages, qui, tout comme le sien, étaient parcourus par des larmes salées. Les enfants aux yeux rougis et écarquillés tremblaient de peur. Il vit alors de nouveau le regard de la fille qu'il tenait au bout de sa main en agrippant son poignet. Ce bras lui paraissait minuscule, pareil à la branche d'un arbre fruitier que l'on plie pour attraper un fruit.

De sa main gauche il tenait la veste du garçon. Heureusement pour lui, le vêtement était de bonne qualité, les coutures semblaient résister au poids de l'enfant.


C'est là qu'il comprit qu'il lui était impossible de sauver les deux enfants. Le risque étant de n'en sauver aucun car ses forces déclinaient au fil des secondes.

Aurélien devait faire un choix. Toute sa vie, il avait dû faire des choix et de par son activité professionnelle, plus que d'autres. Son métier imposait des décisions permanentes. Mais ce choix-là n'avait aucun précédent pour lui.


8


Aurélien et Nicole avaient eu deux enfants, deux filles jumelles dont il était fier et qu'il aimait beaucoup.

Lorsqu'il pensait à ses enfants, il se répétait toujours qu'il aurait aimé avoir un garçon avec qui il aurait pu jouer au football, aller à la pêche, pour qui il aurait été un père présent.


Aurélien se tétanisait, de tout son corps.


Lorsqu'il lui était nécessaire de faire un choix entre la main droite ou la main gauche comme on le fait parfois pour donner un objet en le cachant derrière le dos, il choisissait systématiquement la main gauche. De même, dans le domaine politique, lorsqu'il était question de choisir entre droite et gauche, il choisissait la gauche par réflexe familial.

Il devait faire un choix.


Il tenta de parler…


– Pousse-la…


Sa phrase était inaudible.


Il reprit :


– Pousse-la…


Les deux enfants furent interloqués…


– Pousse-la, reprit-il avec encore plus de force…


Les enfants comprirent enfin ses mots. Les enfants le fixèrent des yeux.

Aurélien ferma les yeux.

Il voulait se retrouver dans le noir tandis qu'il concentrait toute sa volonté pour tenir, tenir encore.


Plus bas, les enfants se regardaient et pleuraient.


– Pousse-la… répéta-t-il.

Pousse-la…


Le garçon la repoussa timidement. La fille s'accrocha à ses bras, ses vêtements. Il la poussa à nouveau, plus énergiquement. Elle s'accrocha plus vigoureusement. Des pierres se décrochaient de la pente.

Il la poussa à nouveau.

Elle s'accrochait encore.

Il la repoussa.


Les bras d'Aurélien oscillaient comme le balancier d'une pendule, suivant ainsi le mouvement des enfants. Ces va-et-vient accentuaient la douleur qui le parcourait.


Le garçon qui ne cessait de repousser la fille, plus fortement à chaque fois, s'arrêta soudain.


Aurélien reprit :


– Pousse-la…


Le garçon rassembla ses forces et la repoussa violemment tout en criant :


– Va-t'en ! Va-t'en !


Aurélien avait toujours eu des craintes vis-à-vis du chiffre 13, non pas qu'il soit superstitieux, mais depuis son enfance très difficile au 13 de la rue Émile Zola à Vichy et parce qu'il avait eu un terrible accident de moto, le 13 du mois de mai 2006, ce chiffre portait une sorte de malédiction…


Est-ce pour cela qu'Aurélien se mit à débiter dans son cerveau le compte à rebours :


13… 12… 11… 10… 9… 8… 7… 6… 5… 4… 3… 2… jusqu'au chiffre 1 ?


Il ouvrit la main.

Il entendit alors un cri strident et aigu, puis le bruissement des feuilles, la torsion des branches d'arbres et un craquement immonde, insensé, qui provoqua un écho dans la vallée avant que ne s'installe un silence invraisemblable.


Plongé dans ce silence moribond, au bout de quelques secondes, il ouvrit enfin les yeux…


Il aperçut le visage ébahi de la petite fille.


Il crut apercevoir le visage de ses filles. Il venait de sauver la fille, ses filles, une fille…

Aurélien basculait peu à peu dans un autre monde. Un monde inconnu. Une autre dimension humaine.

Le monde de la folie ?


9


Elle le fixait encore de ses yeux rouges et écarquillés.

Aurélien se ressaisit à nouveau et appliqua sa main libérée sur la veste rose de l'enfant. Libéré d'un des deux poids, elle lui parut presque légère.

Cependant, tout restait à faire, remonter l'enfant vers le haut, vers la vie.

Il raidissait à nouveau sa cheville autour de l'arbre qui lui servait de maintien et tirait sur sa jambe, ondulant son corps sur les feuilles et le sol humides.

Malgré ces gestes devenus méthodiques, le déplacement était lent et à certains moments, il s'inversait.

Subrepticement, ses pensées furent de nouveau parasitées par cette idée de délivrance : se laisser glisser le long de la paroi avec l'enfant, pour que tout cela prenne fin.


Aurélien regarda à nouveau l'enfant. Il crut voir dans son regard une supplication qui l'incita à reprendre ses mouvements de corps, à reculer, à tenir encore.

Il se battait contre lui-même, contre la douleur inhumaine qui s'emparait de tous ses sens.

Petit à petit, millimètre après millimètre, le corps remontait du néant. Il tentait de respirer en tournant sa tête plaquée de feuilles humides aux couleurs automnales.

C'est à cet instant-là qu'il vit apparaître un pied, puis une main glissa le long de son bras jusqu'à cramponner le corps de l'enfant tandis qu'une autre personne le tirait par les jambes en le ramenant loin du bord.


10


Aurélien se retourna pour échapper à ce sol feuillu et moite. Il regarda le visage de ces hommes habillés de maillots multicolores. Des chasseurs.


Ils virent dans son regard une haine indescriptible. Pourquoi n'étaient-ils pas arrivés plus tôt ? Pourquoi ?

Aurélien perdit connaissance…

Il se réveilla dans le véhicule qui le conduisait à l'hôpital, et cria instinctivement :


– Où est-il, où est-il ?


Le pompier posa sa main sur son épaule et dit :


– Ne vous tracassez pas, elle va bien, elle va bien.

– Le garçon, il va bien ?


Le médecin lui répondit avec une voix douce :


– Reposez-vous, reposez-vous…


Aurélien perdit à nouveau connaissance.


Aurélien se réveilla dans son lit d'hôpital. Il aperçut Nicole qui pleurait. Ses deux filles étaient là aussi. Il lui était impossible de les regarder fixement.

Il tenta de le faire, et dans une convulsion soudaine et imprévisible, il se cabra emportant avec lui le cathéter et vomit tout ce que son estomac pouvait encore contenir de son petit déjeuner.

Il cria :


– Laissez-moi, partez !

Partez, je vous dis !


Les trois femmes emboîtèrent la porte pour quitter cette chambre et ce lit imprégnés de vomissures.


11


À ce moment précis, Aurélien comprit que sa vie avait basculé dans un autre monde.


Il comprit que ces paires d'yeux, croisées ce jour-là, resteraient gravées dans son cerveau, pour toujours, comme la marque du fer rouge sur la peau. Plus jamais il ne pourrait les oublier. Plus jamais il ne pourrait s'en débarrasser. Ces regards avaient pris possession de son être, s'immisçant au plus profond de lui, devenant maîtres, et lui esclave.

Il comprit que jusqu'à la dernière seconde de sa vie, ces yeux-là le fixeraient sans jamais le laisser en paix.


12


Le couple se sépara peu de temps après cet accident et Aurélien quitta la région pour ne plus jamais y revenir.


Plus jamais il ne donna signe de vie, refusant de participer aux « fêtes » de famille.

Aurélien voulut mettre fin à ses jours la date anniversaire de cette tragédie, le 13 septembre 2015 soit un an après, jour pour jour.

Il se retrouva dans un hôpital de la ville de Tours, mais son état était jugé très alarmant par les médecins qui accueillirent ses deux filles, leur expliquant qu'il avait pris un cocktail médicamenteux qui allait le tuer dans les prochaines heures.


13


Elle purent aller le voir vivant, allongé sur le lit qui allait devenir son lit de mort, ses yeux fixaient le plafond, et lorsque ses filles s'approchèrent de ses joues pour l'embrasser, il ferma ses paupières.

Pour la dernière fois, comme pour ne plus jamais voir…


 
Inscrivez-vous pour commenter cette nouvelle sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Anonyme   
22/8/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonsoir,

Ca se termine mal, finalement. Pour notre héros, car c'en est un. Il fallait faire un choix et le garçon est mort, pas la fille. Une histoire bouleversante qui m'a profondément ému. J'aurais juste souhaité une chose : que les chasseurs ne soient jamais arrivés, car dans la vraie vie, personne n'arrivent à point pour vous sauver, ou presque... J'aurais aimé qu'Aurélien se tire de cette situation tout seul. J'aurais aimé que tout le monde s'en sorte, évidemment. Et qu'Aurélien survive malgré ce poids sur la conscience.

Je me dis que si j'extrapole autant, c'est que j'ai vraiment aimé cette nouvelle. Ce qui est le cas.

Bravo !

Wall-E

   hersen   
22/8/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Toute la nouvelle tient dans la notion de choix, abominable dans ce cas présent.

Ce caractère abominable est considérablement renforcé par ce VTTiste qui est là en sauveur et qui ordonne au petit garçon de pousser sa soeur;

ce genre d'histoire où un fond de morale judeo chrétienne nous dit que non, c'est pas bien, me pousse toujours à me demander ce que moi, j'aurais fait.

Dans le cas présent, Aurélien arrive fortuitement, rien ne le prédestinait à vivre un tel dilemme, il se trouve qu'il choisit. Pour sauver un enfant.

mais quelle qu'en ait été l'issue, l'enfant survivant aussi aura gravé dans son cerveau "pousse la". Et pour moi, la véritable horreur est ici.

C'est un très bon texte en ce sens qu'il met l'accent sur l'inconnu de nos réactions face au danger.

je remarque une incohérence : Aurélien demande où est le garçon aux pompiers qui, eux, lui parlent de la fille; mais il y a forcément trois vélos au bord de la route, donc les pompiers auraient dû activement chercher une troisième personne et comprendre la question d'Aurélien.

   vendularge   
25/8/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,

Voilà une histoire terrifiante qui rappelle bien sûr le "Choix de Sophie". Je suppose que le 2 répétitions du début (le soir venu comme tous les soirs venus/après s'être..et après s'être...) sont là pour marquer la monotonie du quotidien.

Le thème du concours est tout à fait respecté.

C'est donc, l'histoire qui est importante et la façon dont elle est construite, ici la construction me semble efficace. Nous éprouvons cette angoisse mêlée d'effroi.

Un détail: pourquoi, alors qu'on sait qu'il va ouvrir la main gauche, demande t il au garçon de pousser la fille avec tant d'insistance (en dehors du fait qu'il faut les décrocher l'un de l'autre)?

bonne chance

Vendularge

   Anonyme   
26/8/2016
 a aimé ce texte 
Pas
Autant être franc, je n'ai pas du tout aimé. Concernant le style, je trouve que vous donnez trop de détails inutiles. Les phrases pourraient être plus courtes sans nuire à la compréhension.
Des maladresses à plusieurs endroits : "au point de se sentir violé par une angoisse incontrôlable." Violer pour parler d'une angoisse est incongru.
À un autre moment vous parlez de politique, on se demande ce que ça vient faire ici.
Le paragraphe 5 est flou, on visualise mal la situation.
Quant à l'histoire elle est mal ficelée. Vous évoquez des problèmes de couple, ensuite une suspicion d'adultère réelle ou fantasmée, cet accident avec les enfants à la dramaturgie excessive, et enfin un suicide pour clôturer le tout !
Là-dedans vous calez le thème du concours comme un cheveux sur la soupe.

   Bidis   
12/9/2016
 a aimé ce texte 
Bien
J’ai dû m’accrocher pour continuer ma lecture, parce que l’écriture me semblait un peu limite, ce dont je m'explique ci-après dans mes remarques ponctuelles.
Mais une fois arrivée au sauvetage des deux enfants, je suis emportée par l’action et ne peux absolument plus décrocher.
Cependant, la fin de l’histoire me ramène à mon esprit critique : il aurait fallu arrêter la nouvelle à la phrase : « Le couple se sépara etc… ». C’était une chute suffisante, il ne fallait pas en rajouter, à mon avis. Le mélodrame n’est jamais très bon.
Ainsi donc, j’ai vraiment beaucoup aimé le passage du sauvetage des enfants et du sacrifice obligé de l'un d'entre eux, il y a une progression dans le suspense qui est très bien rendue. Je trouve que l’auteur aurait intérêt à reprendre cette nouvelle à la lumière des commentaires des uns et des autres.
Remarques :
- « il se rendait dans la cuisine » : à mon avis, il aurait fallu écrire « il se rendit ». Je sais que cela peut se discuter, mais l’imparfait s’emploie pour une action qui a une certaine durée dans le temps. Pour la phrase suivante, on peut lire que « le café et sa chaleur permettent, en général, à quelques neurones etc. de sorte que l’imparfait s’accepte, mais ce n’est pas la pensée de l’auteur qui est que ce sont les neurones du personnage qui fonctionnent plus adroitement à ce moment-là, donc là encore le passé simple conviendrait mieux.
Tandis que ce qui passe à la télé peut se concevoir dans la durée.
- « Les trains ne partant pas à l'heure, les inondations du moment, les « fous de Dieu » qui partaient faire le Jihad » : répétition du verbe « partir » d’autant plus gênante que ces deux actions ont un caractère dramatique très différent, le premier anodin et le second tragique et qu’ils sont conjugués à deux temps différents.
- « après un passage fluide dans la salle de bain, et après avoir revêtu » : répétition de la préposition « après », d’autant plus gênante que l’un est suivi d’un nom commun et le second d’une forme verbale.
- « il montait dans le véhicule » : de nouveau un imparfait qui, pour moi, ne va pas. Encore une fois, j’admets que cela puisse être voulu par le style. Mais alors, il faudrait que celui-ci soit, d’autre part, parfait.
- « Aurélien poussa plus encore ses pensées…
Il avait bien en tête un moment particulier auquel il pensait souvent » : je ne trouve pas très heureuse l’expression « pousser des pensées » et dans ces deux propositions qui se suivent, on a la répétition « pensées/pensait ».
Mon évaluation est une moyenne entre des ressentis très différents vis à vis de ce même texte.

   Anonyme   
12/9/2016
 a aimé ce texte 
Pas ↑
Je n'ai pas trop aimé ce récit.

Tout d'abord je trouve le thème du concours un peu trop plaqué, pas vraiment support au récit.
Ensuite l'écriture me gêne : c'est parfois lourd, un peu convenu, simpliste. C'est finalement assez rébarbatif à lire.

Enfin: je trouve dommage cette accumulation de malheurs ! Que le couple batte de l'aile plus la mort des enfants plus le suicide plus Émile Zola etc...c'est beaucoup! Trop même.
Sinon je ne vois pas trop l'intérêt de parler de Chamalieres et Vichy qui n'ont aucun impact sur l'histoire! (Pourtant ces deux villes feraient de tres bons supports).

Félicitations tout de même d'avoir tenté de relever ce défi, ce n'est pas rien et c'est tout à votre honneur.

   plumette   
12/9/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ce texte démarre lentement en décrivant un peu lourdement une certaine banalité de la vie. Je me suis vraiment demandée où l'auteur voulait en venir et puis, avec le récit du " sauvetage" l'action a pris le dessus d'une façon magistrale et j'ai oublié un certain questionnement comme: un précipice dans une fôrêt avec un un vrai risque mortel? 2 enfants jeunes livrés à eux-même qui courrent après un lapin et rammasse des myrtilles dans les bois à côté de Chamalières, à quelle altitude?

le dilemme horrible d'Aurélien et sa façon de le résoudre m'ont tenu en haleine jusqu'à la chute du garçon. Après, j'ai regretté le choix de faire intervenir des tiers et également la fin de la nouvelle qui m'a un peu rappelé la lourdeur du début.

Pour moi, le thème du concours est bien là, il y a un véritable basculement en quelques secondes. Par contre la manière d'amener les 13 secondes dans le texte ne m'a pas convaincue, et du coup, le titre non plus.

le clin d'oeil des 13 chpitres ( ou paragraphes) ne me parait pas utile.

ce texte est tout de même un tour de force pour sa progression dramatique.

Plumette

   in-flight   
12/9/2016
 a aimé ce texte 
Pas ↓
Bonjour,

Une histoire tragique qui s’encombre de détails inutiles. Je vais cité un exemple ci-dessous, sachant que j'ai repéré 3 ou 4 cas de ce type: "Heureusement pour lui, le vêtement était de bonne qualité, les coutures semblaient résister au poids de l'enfant."

Deuxièmement, l'écriture ne me semble pas avoir été assez travaillée. Le style est (trop) simple, mais ce qui me dérange surtout c'est de ne pas pouvoir m'identifier à votre personnage, la faute à un une écriture trop neutre qui s'apparente à un rapport ou un récit linéaire:"On l'affubla d'un plâtre au bras droit qu'il dut garder pendant trois mois durant".--> pendant/durant dans la même phrase alourdit le propos

Enfin, le thème du concours apparait d'une façon que je trouve forcée. la malédiction du chiffre 13 et l'inévitable "tout bascule" à la fin du compte à rebours (qui donne lieu de titre à ce récit).

Bref, sans moi du début à la fin pour ce texte.

   Alphekka   
12/9/2016
 a aimé ce texte 
Pas
Le truc qui me gène dans ce texte est que la situation aurait pu être résolue beaucoup plus simplement si Aurélien avait appelé les pompiers au lieu d'essayer de les tirer hors du trou... non ?

Je n'arrive pas à rentrer dans un texte avec ce genre de problèmes de logique...

Et puis le déroulement de l'action est très flou. J'ai dû relire une deuxième fois pour bien comprendre ce qu'il se passait. Mais bon.

En fait, je crois que j'en ai assez de tous ces textes qui finissent mal. Ce n'est plus original à la fin ! En plus c'est déprimant.

Ce texte en particulier a beaucoup trop de pathos à mon goût
(surtout le flashback et la malédiction du chiffre 13 qui sont de trop à mon avis)

   Charivari   
12/9/2016
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour.

Je n'ai pas trop apprécié ce texte, désolé.

La première partie, qui parle de la vie quotidienne du personnage, avec même des détails sur la manière dont fonctionne une cafetière et les infos de la radio, ne sert strictement à rien et même me paraît assez mal écrite.

Ensuite, on nous parle de la relation entre le personnage et sa femme... Mais ensuite, vers le milieu du texte on se rend compte que le sujet est tout à fait autre : l'accident et le choix déchirant que doit effectuer le personnage. Malgré toutes les tentatives pour essayer de concilier les vicissitudes de la vie maritale d'Aurélien et la scène de l'accident, je ne suis vraiment pas convaincu par le rapport entre les deux éléments du texte, sauf le fait qu'Aurélien a deux filles, ce qui aurait pu être dit avant, je pense.

Le noeud de l'action, -l'accident, la falaise, les deux gosses- est vraiment intéressant, cependant, à mon avis la fin gâche tout, avec le suicide du personnage, c'est beaucoup trop larmoyant pour moi, et trop abrupt, j'aurais préféré qu'on reste dans les demi-teintes, dans le psychologique, dans le complexe.

   Pepito   
12/9/2016
Bonjour,

Forme : en voilà une ékriture qu'elle est marrante !
"Ce vendredi-là" "comme ... tous les autres jours de semaine" faut savoir c'est "ce jour-là" ou "tous les autres jours" ?
"mystère inconscient" quoi ça y'en a être "un mystère inconscient" ? "inconnu" et "machinal" à la fois ?
"le trajet de son travail" passe par la cuisine ? ...
"lancerait le processus de filtration." 3-2-1... Ingnition !
"parcourant l'œsophage, permettrait à quelques neurones encore chancelants de fonctionner plus adroitement." un œsophage cervical en quelque sorte... ;=) une neurone plus adroit, c’est un un neurone qui capte mieux les idées je suppose.
"les phrases débitant les malheurs" les phrase ne débitent pas, elles sont débitées...
"après un passage fluide dans la salle de bain" ça, ça coule de source...
"sa tenue hebdomadaire" et le troisième mercredi du mois, changement de slip ! > " tenue de travail" peut-être
"le véhicule qui lui servait d'outil de travail." il est croque-mort ?
"tous les soirs venus de la semaine" quoi ça y'en a être, "des " soir venus (vidus vecus)
"piloté son réveil par le biais de son téléphone portable" whoua ! La domotique est au taquet, chez notre héro... Moi qui programme bêtement la fonction réveil de mon téléphone ;=)
...
"Aurélien se disait, comme souvent il l'éprouvait sur son vélo, que la vie était belle. " heu… il éprouvait la vie sur son vélo ?
...
"On l'affubla d'un plâtre au bras droit " et d'un nez de clown
...
"fluide glacial" haaaa, enfin une référence qui me parle ! ;=)
...
"Aurélien se tétanisait, de tout son corps." Il a essayé de se tétaniser du corps d’à côté mais c’était pas efficace…

Fond : Désolé, j’peux pas dire, j'ai abandonné ma lecture avant le décompte final...
Merci beaucoup pour cette lecture très rigolote.
Pepito

   MissNeko   
12/9/2016
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonsoir
Sur le fond : trop de malheurs tue le malheur. On passe d une suspicion d adultère à un accident puis une séparation
Et un suicide.
Le thème du concours est respecté.

Sur la forme : des phrases longues et parfois maladroites, des détails inintéressants. On se perd un peu. Le style est un peu scolaire.

   JulieM   
13/9/2016
 a aimé ce texte 
Un peu
Cette histoire aurait pu me convaincre mais :
1) l'écriture est peu soignée, beaucoup de fautes en tout genre.
2) le passage crucial est rallongé inutilement et amène l'effet inverse de celui désiré.
3) finalement, je n'ai pas cru à cette histoire à cause de ces défauts, il y avait de l'idée pourtant ! La sensation générale que le texte n'a pas été travaillé, relu, agencé.

Dommage, merci du partage.

   placebo   
13/9/2016
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Je vois le début comme une introduction, qui permettrait de se lier au personnage, de s'attacher à lui. Je trouve cette partie moins entrainante que le reste, les details donnés sont-ils pertinents ?
La deuxième, avec l'action, est vraiment prenante, mais là j'ai eu un souci de visualisation de l'action.
La troisième, epilogue, me laisse un peu sur ma faim - après s'être battu, partir comme ça ?

De bonnes choses au final, mais pas convaincu.
Bonne continuation,
placebo

   Anonyme   
5/10/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour,
J'ai beaucoup apprécié le suspense et le choix impossible. Cette partie est très bien rendue. C'est très prenant et donc très réussi. Bravo pour cela.
En revanche, tout le début me semble inutile, les problèmes de couple par exemple, cela fait remplissage, pourquoi ne pas simplifier au contraire, une vie tranquille, voire douillette, partir faire du vélo, en faire un moment de loisir hebdomadaire, presque routinier, un plaisir simple qui va contraster avec le drame. Pareil, pour la suite, encore des accumulations de drames... Trop c'est trop, ce qui m'a fait sortir de l'histoire. Dommage.
Bonne continuation.


Oniris Copyright © 2007-2023