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Sentimental/Romanesque
Donaldo75 : Springfield, Ohio
 Publié le 01/10/18  -  14 commentaires  -  11069 caractères  -  71 lectures    Autres textes du même auteur

« Une pilule pour t'engourdir
Une pilule pour t’abrutir
Une pilule pour te faire devenir quelqu'un d'autre
Mais toutes les drogues de ce monde
Ne te sauveront pas de toi-même » (Marilyn Manson)


Springfield, Ohio


La musique monta progressivement dans l’atmosphère ouatée de la chambre. Cindy se réveilla en douceur, enveloppée dans la jolie mélodie prodiguée par son téléphone. Elle se remémora des bribes de son dernier rêve où elle se mariait avec Danny, secondée par ses demoiselles d’honneur Vanessa et Tammy, sous le regard protecteur de ses parents, plus amoureux que jamais. Son petit frère Cody complétait le tableau en photographiant les mariés à l’ombre de la magnifique roseraie de Springfield. Cindy pleura en silence.


***


Cody avalait son petit-déjeuner tandis que Cindy regardait tristement ses parents se reprocher des histoires d’adultes. Elle savait que Cody n’aimait pas cette situation, voir son père et sa mère se déchirer pour des raisons difficiles à comprendre à dix ans, quand la vie est encore belle, avec de vrais amis, des parties de ballon dans la cour de l’école, des films fantastiques où des sorciers adolescents sauvent le monde du mal et de ses sbires. Elle décida de le préserver, au moins pour le reste de la matinée.


– Tu veux que je t’accompagne à l’école, Cody ?

– Oh oui !

– C’est un sacré détour, observa sa mère. J’avais prévu de l’emmener en voiture.

– J’ai envie de prendre le bus avec Cody, maman. Et puis, tu as beaucoup de travail en ce moment.

– C’est d’accord.


Son père la fixa bizarrement, comme s’il s’apercevait que sa fille avait grandi pendant la nuit, passant de petite poupée souriante à jeune pousse au regard triste. Il tenta un sourire. Cindy le lui rendit de son mieux. Cody observa la scène puis se leva de table. Sa mère lui passa la main dans les cheveux, chassa un épi imaginaire puis le prit dans ses bras. Son père resta figé.


***


Cody racontait sa dernière leçon de science ; Cindy l’écoutait patiemment même si elle la connaissait déjà depuis la veille au soir. Elle ne se lassait pas de voir son petit frère heureux loin du marasme familial, d’un foyer en lente décomposition où les scènes de ménage succédaient aux bouderies, aux portes claquées et aux fausses réconciliations. Elle devait sauver l’enfance de Cody, parce qu’elle était sa grande sœur, l’aînée, la seule à s’inquiéter pour les autres dans une maison devenue chaque jour plus folle.


Le bus s’arrêta devant l’école primaire. Cindy prit le bras de Cody et descendit avec lui comme une reine avec son chevalier. Cody bomba fièrement le torse devant les autres enfants. Ils marchèrent tous les deux vers la grille où des agents de sécurité vérifiaient les entrées et les alentours. Arrivée à destination, elle enlaça son petit frère, l’embrassa longuement et lui promit de venir le rechercher à la fin de l’étude pour revenir ensemble à la maison. Les yeux de Cody brillèrent de mille feux de joie à cette promesse. Cindy lui caressa la joue puis le laissa rejoindre ses camarades d’école.


***


Cindy marchait en direction du lycée quand elle vit passer Danny, son amour secret. Ce dernier conduisait une voiture décapotable, un nouveau cadeau de papa, et se pavanait avec ses copains. Il ne remarqua pas Cindy. Quelques minutes plus tard, Vanessa et Tammy rejoignirent Cindy. Tammy était son amie d’enfance, même si elles n’étaient plus aussi proches qu’avant, depuis que Tammy s’était mis en tête d’intégrer une prestigieuse université du Nord afin de devenir journaliste. Cindy ne lui en voulait pas de s’éloigner ; elle comprenait même ses aspirations, son envie de sortir de Springfield, une ville moyenne de l’Ohio où la jeunesse s’ennuyait ferme, où réussir sa vie signifiait monter un commerce, travailler comme cadre à l’usine de pneumatiques ou épouser un fils de riche. Vanessa était la beauté intellectuelle du lycée. Tous les garçons parlaient d’elle à mots couverts, n’osaient pas lui proposer ouvertement un rendez-vous, de peur de subir ses phrases assassines et ses formules à l’emporte-pièce. Même Danny ne s’aventurait pas en ces terres dangereuses.


– Tu as vu cet abruti de Danny et ses copains ? lança Tammy. On dirait qu’ils n’ont rien d’autre à faire que frimer dans les rues de Springfield.

– Danny ne se pose pas la question du futur, répliqua Vanessa. Papa l’imagine pour lui. Il terminera probablement directeur dans un de ses centres de tri, à compter les enjoliveurs et mettre enceintes les secrétaires.

– Tout le monde ne peut pas devenir reporter au Washington Post, répondit Cindy. D’ailleurs, moi je ne sais pas ce que je deviendrai après le lycée. Tu le sais, toi, Vanessa ?

– Je quitterai Springfield. C’est une certitude.

– Tu m’étonnes, ajouta Tammy. Plutôt mourir que vieillir dans ce nid de ploucs où des gars comme Danny se prennent pour des rois.

– Comment ont fait nos parents avant nous, alors ? demanda Cindy.

– Je ne sais pas et ça ne m’intéresse pas, répondit Tammy. Ce sont des losers. Je ne veux pas leur ressembler, à croire au bon Dieu, en l’Amérique forcément pure, à cracher sur les Européens, les Chinois, les Russes et tout ce qui ne ressemble pas à la bannière étoilée.

– Une vraie gauchiste, remarqua Vanessa.

– Si tu le dis.


***


Le professeur Norton expliquait, d’un air désabusé, la poésie d’Anne Brontë à une assistance apathique. Cindy était assise entre Vanessa et Tammy. Danny et ses copains étaient placés dans la rangée à leur droite. Danny regardait Vanessa, avec l’air d’un conquistador devant la Terre promise. Ses fidèles suiveurs chuchotaient et lançaient des regards entendus en direction de la jeune femme. Vanessa les ignorait. Tammy les méprisait. Cindy les plaignait. Elle enviait Vanessa parce que Danny la voyait, la voulait, la considérait.


La voix de Tammy la sortit de ses pensées.


– Tu as vu le petit boutonneux ? Il te regarde, Vanessa, avec de ces yeux de merlan frit. Hallucinant ! Comment s’appelle-t-il déjà ?

– Franky, répondit Vanessa. Nous étions dans la même école en primaire.

– C’était ton amoureux, à l’époque ? répondit Tammy avant d’éclater de rire, fière de sa blague.

– Non. Il était gentil. Personne ne lui parlait, à part moi.

– Tu étais Mère Teresa ?

– Il me faisait pitié, seul au monde, incolore et inodore. D’ailleurs, il n’est resté qu’un semestre puis a quitté l’école. Je crois même qu’il est parti de Springfield.


Cindy pensa à son petit frère. Elle pria pour qu’il ne devienne pas un Franky, un invisible perdu dans la masse informe des adolescents du lycée, condamné à regarder Danny et ses copains parader devant les jolies filles, humilier les faibles comme Franky et déclarer des vérités absolues sur le monde, les autres, les voitures et le sexe. Cindy se mit à détester Danny, à se détester elle-même pour l’attirance qu’elle ressentait à son égard. Elle décida de se préserver, de se réfugier dans son imaginaire où Cody serait un beau jeune homme heureux de voir sa grande sœur se marier avec un autre que Danny.


Franky se leva sans dire un mot, sortit de son sac un fusil à pompe et un automatique puis abattit Danny et le professeur Norton. Le temps devint chaotique. Franky tenait en joue le reste de la classe, tout en récitant des passages de la Bible. Certains élèves pleuraient, d’autres priaient. Tammy essaya de raisonner le jeune homme. Elle reçut en guise de réponse une balle en pleine tête. Vanessa cria. Franky la regarda puis lui fit exploser la tête. Enfin, il dirigea son pistolet sur sa tempe et appuya sur détente. Cindy ouvrit les yeux.


***


Cindy regarda par la fenêtre de la voiture. Les rues de Springfield lui semblèrent encore plus sombres, vidées de tout futur possible. Elle repensa aux paroles du psychologue. Il lui faudrait du temps avant de prendre du recul sur le drame, sur la mort de Tammy, Vanessa et Danny. Son monde venait de changer mais la Terre ne s’arrêtait pas de tourner pour autant. Elle connaîtrait des joies, en tant que jeune femme puis comme mère, avec ses enfants et son mari. Cindy eut envie de vomir. Elle ouvrit la fenêtre.


L’atmosphère était tendue. Son père conduisait. Sa mère regardait la route. Cody semblait éteint.


– Je savais que ça arriverait un jour, dans ce satané lycée public, commença son père.

– Personne ne peut prédire ce genre d’acte, répliqua sa mère.

– C’est toi qui as voulu l’inscrire ici.

– Toutes ses copines d’école primaire sont dans ce lycée. Il n’est pas trop loin de chez nous. Les professeurs sont bien notés.

– Et les élèves sont des anges, c’est ça ? Franky avait déjà été éloigné de son école primaire parce qu’il avait mis le feu à une installation scolaire. L’affaire a été étouffée par son oncle, un gars haut placé à la mairie. Tu ne le savais pas ?

– Non.

– Le sous-directeur du lycée me l’a lâché. Tu sais que je le connais depuis l’université. Il est écœuré de ce gâchis. D’ailleurs, ses enfants sont scolarisés dans le privé.

– Il aurait pu te le dire avant.

– Cela n’aurait rien changé. Tu tenais absolument à ce que ta fille soit dans ce lycée.

– Nous n’avons pas les moyens de payer le privé, tu le sais.

– Demande à ton patron une augmentation. Il ne te refuse rien, si je ne m’abuse.

– Stop ! cria Cindy.


Sa mère se retourna. Son père freina brusquement. Cindy prit son petit frère dans ses bras, lui boucha les oreilles puis lança une longue bordée d’injures contre ses parents. Elle les traita d’abrutis, d’adultes inconscients, de névropathes et plein d’autres noms d’oiseaux d’ordinaire inédits dans la bouche des adolescentes américaines. Sa mère se mordit les lèvres. Son père rangea la voiture sur le côté. Cody pleura.


***


Cindy commença à sentir les effets des pilules bleues. Le psychologue du lycée lui avait dit d’en prendre deux dès le coucher ; ce n’étaient pas des somnifères mais des antidépresseurs très efficaces. Cindy voulut revivre le rêve de la nuit précédente. Elle imagina Cody avec son appareil photographique, Tammy et Vanessa en robe blanche de témoin, Danny et elle devant l’autel. Ses parents souriaient. Le soleil brillait fièrement dans un ciel sans nuage. Elle entendit la musique, une douce mélodie jouée à l’orgue. Cindy se laissa aller. La cérémonie démarra lentement, presque au ralenti. La musique s’arrêta. Le prêtre débuta son allocution dans un silence de cathédrale. Danny regardait Cindy tendrement. Il était bien coiffé. Son costume lui allait bien mieux que son habituel teddy noir. Cindy se retourna. Vanessa lui fit un clin d’œil. Tammy lui décrocha un superbe sourire. Ses parents se tenaient la main. Cody immortalisait ce moment avec la ferveur d’un paparazzi.


Cindy tressaillit. Ses yeux tournaient dans leurs orbites. Ses paupières demeuraient closes. Une vague de froid parcourut sa colonne vertébrale. Elle se figea, incapable de se réveiller, bloquée dans son rêve. Elle essaya de crier mais sa bouche resta fermée, comme cousue avec du fil invisible. Son corps semblait ne plus répondre à son cerveau. Cindy frissonna.


Franky apparut soudain, venu de nulle part, habillé d’un long manteau noir. Il invoqua les Saintes Écritures puis inonda le ciel de zébrures sombres.


 
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   izabouille   
6/9/2018
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Voici une nouvelle bien fournie en prénoms. Cody, Cindy, Tammy, Danny, Franky... Vous les répétez sans arrêt et je dois avouer que ça m'a énervée. Déjà, il est assez difficile de les différencier car ils terminent presque tous par la lettre Y, j'ai eu un peu de mal à m'y retrouver.
Par exemple, ce paragraphe :
"Le professeur Norton expliquait, d’un air désabusé, la poésie d’Anne Brontë à une assistance apathique. Cindy était assise entre Vanessa et Tammy. Danny et ses copains étaient placés dans la rangée à leur droite. Danny regardait Vanessa, avec l’air d’un conquistador devant la terre promise. Ses fidèles suiveurs chuchotaient et lançaient des regards entendus en direction de la jeune femme. Vanessa les ignorait. Tammy les méprisait. Cindy les plaignait. Elle enviait Vanessa parce que Danny la voyait, la voulait, la considérait."
Cette scène est décrite de manière un peu clinique, je trouve. Les éléments sont placés et sont en action, mais c'est comme sur un roman-photo, la scène est figée, rien ne se passe vraiment.

Concernant le fond, je croyais d'abord lire une histoire d'amour un peu cliché, mais non. L'histoire, que je trouvais assez banale, devient subitement tragique, en 5 phrases seulement, et cette tragédie est aussi décrite de façon clinique, froide. La scène m'a choquée car je ne m'y attendais pas mais elle ne m'a pas émue parce qu'elle est rapidement expédiée. Comme si ce n'était qu'un détail.

Je pense, mais ce n'est là que mon humble avis, que vous devriez retravailler la forme de votre texte car le fond est intéressant. C'est courageux d'écrire là-dessus mais il faut y mettre l'émotion juste, car toucher le lecteur lorsqu'on prend un tel sujet est primordial selon moi.
Bonne continuation

   Sylvaine   
9/9/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Le texte est prenant, l'écriture efficace. Le choix narratif, cette succession, de courtes scènes au présent, a quelque chose de cinématographique qui colle bien au sujet. On s'identifie aisément à cette adolescente engluée dans un quotidien médiocre, au sein d'une famille conflictuelle, qui essaie de préserver son jeune frère et se réfugie dans le rêve - avant que celui-ci ne se transforme en cauchemar. L'explosion brutale de la violence, qui rappelle de trop nombreux faits divers, sonne vrai dans le contexte de cette petite ville américaine rongée par l'ennui. Une jolie réussite.

   Bidis   
10/9/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Cindy est un personnage bien campé et on est toujours accroché par un bon personnage. De sorte que je me suis vite laissée emporter par cette nouvelle. La chute est très prenante, en tout cas, pour moi, elle a fait mouche. Par contre, la scène de la fusillade est tellement édulcorée que j’ai pensé que c’était Cindy qui rêvassait, ce que semblait corroborer le fait qu’"elle ouvrit les yeux" Mais dans le paragraphe suivant on voit que ce drame est bien arrivé. Pour moi, ça ne va pas. Tout est sur le même ton. Il aurait fallu au moment de la fusillade une accélération, quelque chose de plus percutant dans le style qui fasse contraste avec ce qui précède et ce qui suit.

Deux autres petites choses :
- “Il ne remarqua pas Cindy. Quelques minutes plus tard, Vanessa et Tammy rejoignirent Cindy.” : deux fois le prénom Cindy en c.o.d. dans deux phrases courtes qui se suivent. Il n’aurait pas été choquant mais au contraire plus léger d'utiliser un pronom et écrire “la rejoignirent”, il n’aurait pas pu y avoir confusion.
- "... et lançaient des regards entendus en direction de la jeune femme.” : il s'agit d'une lycéenne, donc je dirais plutôt jeune fille que jeune femme.

   SQUEEN   
19/9/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↓
La construction du texte fonctionne bien, on est jamais perdu, l’alternance des scènes est réussie. Par-contre la scène du passage à l’acte de Franky n’a pas fonctionné pour moi, ce qui aurait dû être une bascule violente et surprenante à été une rupture dans ma lecture, ce qui n’est certainement pas l’effet recherché. Je n’ai pas aimé le ton qui m’a semblé peu naturel, même si la sensibilité essaye d’apparaître, elle me semble très stéréotypé et par moment exagérée artificiellement, sans doute pour marquer l’ignominie et l’injustice absurde de ce massacre ( j’y ai vu une ficelle), et tenter d’exagérer l’empathie de Cindy. Il y a des mots qui sonnent faux à mon sens comme : …« la jolie mélodie prodiguée par son téléphone. » ,« du marasme familial »… , … « ses formules à l’emporte-pièces. », … « noms d’oiseaux »… Cela donne un style emprunté à l’ensemble. Mais l’histoire est bien menée, le rythme est bon, l’idée de mettre en parallèle différents types de violence est intéressante. La violence finale des antidépresseurs est bien vue. Pour finir un détail : Marylin Manson m’augurait un texte plus dur, plus « rock&roll » dans le style. Merci, SQUEEN.

   Perle-Hingaud   
1/10/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Hello Don !

J'ai lu cette nouvelle il y a déjà quelques temps en EL, je viens de la relire. C'est un texte intelligent, et ça fait du bien. Intelligent, par exemple, parce qu'il joue avec les stéréotypes en les alignant, qu'il ne cherche pas à nous convaincre par du sanguinolent, qu'il ne nous impose rien.

Portrait caricatural (?) et efficace du "rêve" américain devenu cauchemar: bêtise, violence, absurdité.

Les plus: j'aime beaucoup le choix des prénoms des gamins, Cindy, Danny, Cody… tous uniformes, tous sur le même moule. Il n'y a que Vanessa qui dénote, va savoir pourquoi. Peut-être parce que c'est celle qui veut s'en sortir, devenir journaliste, ailleurs, qui rejette ? Elle finira comme les autres, pourtant: aucune échappatoire.

La progression d'une situation romanesque sucrée vers le cauchemar se fait tout simplement, en une phrase, ce qui montre la fragilité des choses, la "banalité" de la "péripétie". L'absence de pathos, la description factuelle et succincte fait de cette scène un "non-évènement", d'autant plus marquant: que penser d'une société dans laquelle des enfants se massacrent sans que personne ne se remette en question ?

Ensuite, on est dans autre chose, sans effet de manche, mais très efficace: l'annihilation par la société de la seule tentative de réaction (l'ado rescapée), annihilation acceptée par l'intéressée, d'ailleurs, sauf que les ravages sont internes. Bombe à retardement ?

Sur l'écriture très "blanche": pour moi, c'est un choix réfléchi, une des possibilités de montrer des faits bruts, lesquels sont assez terribles pour se passer d'enrobage et rendus encore plus insoutenables par ce style.

Bref, c'est bien écrit, il y a un fond, c'est tout ce que j'aime.

   hersen   
2/10/2018
 a aimé ce texte 
Bien
salut Don,

je suis un peu mitigée sur cette nouvelle car je trouve que les coups de pinceau sont grands.
Tout est là pour qu'effectivement le drame arrive. Franky, surtout, est là.
il y a comme un parallèle avec la vie familiale de Cindy, une ambiance familiale qui fait aussi beaucoup de dégâts. Qui pourrait bien être un terreau pour tous les Franky de la terre. Cindy pourrait-elle devenir un Franky ? parce qu'elle ne trouve pas chez ses parents un équilibre dont elle a besoin ? parce qu'elle se sent responsable de son frère face à ses parents ?
Mais je ne sais pas du tout si c'est bien ce que tu veux dire, je tourne un peu à vide et donc, je place mes pions comme ça m'arrange.

   Jean-Claude   
3/10/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Don,
Un jeu avec des clichés mais aussi une certaine réalité.
En parlant de photo, l'histoire se développe en flashes rapides, peut être trop, ça va vraiment vite, et sans fioritures.
D'un autre côté on n'a pas le temps de respirer et on adhère à la vision de Cindy jusqu'au bout.
Au plaisir
JC

   papipoete   
3/10/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Donaldo
Exceller en poésie et en nouvelles doit faire des envieux dont ... moi !
cette sordide histoire aux Etats Unis est presque banale, tant ce fait-divers se répète dans le pays des bras armés, de 7 à 77 ans !
On est tenu en haleine quand ces adolescents meurent sous les balles d'un abruti sûrement blanc de peau ( et peut-être aux cheveux peroxydés ? ) et le rêve " flasch-back " final est si émouvant ! il est de surcroît amené de telle façon qu'il glisse entre la réalité et le rêve sous " cachets bleus " .
Suspense et tendresse parent ce récit de très belle façon, je sens le goût du cheving-gum dans la plume de notre fameux auteur !

   Anonyme   
3/10/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Don

C’est plaisant comme ces films où l’on aime bien voir les jolies maisons américaines avec leur gazon impeccable, on devine les belles américaines colorées sur 4 roues, ça sent la pom pom girls et le pop corn...et c’est le drame sordide, assez récurant là-bas...c’est plaisant à lire, bravo...

   Thimul   
4/10/2018
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai un problème avec ce texte.
Ça ne tient pas à l'écriture, ni à l'histoire que j'ai beaucoup aimées.
Ça vient du parti pris de l'auteur de décrire une scène de carnage en quelques lignes. C'est froid, clinique, sans aucune émotion. C'est tellement froid qu'on ne ressent même pas la peur.
C'est un point de vue tout à fait respectable de l'écrivain mais ça m'a coupé du récit, comme débranché.
La deuxième partie est par contre vraiment excellente.
Je crois que si je m'étais immergé dans la terreur de cette tuerie j'aurai aimé passionnément ce texte.
Là c'est surtout une certaine frustration qui domine.

   wancyrs   
4/10/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Salut Don,

Si tes personnages sont assez bien ficelés, surtout Cindy, je trouve que le récit manque de fluidité ; c'est peut-être en rapport avec la syntaxe, je crois. On sent plus le poète que le littéraire qui va droit au but, sans fioritures. On sent une envie d'expliquer en profondeur pour qu'on voie bien le tableau, ce qui peut surcharger l'ensemble. Quelques exemples comme ça, au début du texte :
"Cody avalait son petit-déjeuner tandis que Cindy regardait tristement ses parents se reprocher des histoires d’adultes."... "se reprocher des histoires d'adultes" est une précision de trop pour moi, ça surcharge et gêne ma lecture. "se quereller" aurait fait l'affaire.
"Elle savait que Cody n’aimait pas cette situation, voir son père et sa mère se déchirer ..." pour moi, pour que cette construction soit logique, il aurait fallu un point virgule ou un deux points après "situation"... et puis, pour faire simple, cette phrase peut s'écrire :
"Elle savait que Cody n'aimait pas voir son père et sa mère se déchirer ..."

Mais nonobstant ces remarques, le texte dans sa dimension psychologique est une réussite. Bravo !

   Ombhre   
6/10/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Donaldo,

j'avoue être partagé sur cette nouvelle. L'écriture est, comme d'habitude, rapide, précise, l'intrigue est bien menée, le thème prenant. On comprend si bien les rêves de Cindy d'échapper à Springfield, Ohio, qu'on s'attache rapidement à elle. Tu as su fort bien rendre en quelques mots l'ambiance pesante d'une petite ville perdue au milieu des USA.
Mais je suis néanmoins resté un peu à côté. La succession trop répétitive des prénoms (on s'y perd un peu), les situations qui se suivent à toute allure, la froideur des descriptions, tout ceci m'a perturbé et empêché de vraiment "rentrer dedans".
J'aurais je crois préféré que la nouvelle soit un rien plus lente, qu'elle aille davantage dans le détail des personnages qui sont esquissés comme à la hâte, avec comme seule vocation de disparaître ou sombrer dans la folie.

Merci pour le partage.

   toc-art   
7/10/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

à la lecture, ce qui me frappe, c'est que j'ai l'impression que l'intention de l'auteur, ce qu'il veut démontrer et la façon dont il le fait, est plus importante à ses yeux que l'histoire elle-même. Je me trompe peut-être totalement, hein, mais ça fait partie de ces textes où l'on cherche derrière les mots volontairement plats, fades jusqu'à la caricature, la réflexion qui s'y rattache. Et ça m'intrigue toujours parce que je ne fonctionne pas du tout comme ça quand j'écris, l'histoire n'est jamais pour moi un prétexte à une thèse ou une démonstration. Je dis pas que c'est mieux ou moins bien, juste que c'est différent et donc, forcément, intéressant (même si parfois ça m'agace aussi quand on me jette à la gueule "attends, nigaud, je vais te faire réfléchir un peu, il est grand temps !")

Ici, j'ai le sentiment que l'auteur joue sur la notion de clichés, à la fois dans les stéréotypes des personnages, dans la narration où chaque saynète est une sorte de polaroïd froid, aux couleurs un peu passées, d'une situation et jusque dans l'écriture très plate. Le ton très linéaire, monotone et détaché me semble voulu, jusque dans la relation des meurtres, pour montrer, me semble-t-il qu'au fond, dans ce monde-là, tout se vaut. D'ailleurs, les parents reprennent leurs disputes après le drame comme s'il ne s'était rien passé. Seule l'adolescente réagit, mais on s'empressera de la droguer de pilules pour que tout rentre dans cet ordre uniformisé. La forme un peu douceâtre, presque jusqu'à l'écoeurement, m'a rappelé l'ambiance de "virgin suicides", ou du moins le souvenir ancien que j'en ai gardé.

Je ne suis pas totalement fan, parce qu'il me manque l'émotion premier degré à laquelle je suis sensible mais c'est mon goût personnel, et j'aime bien l'idée qu'on puisse lire le texte plusieurs fois et y trouver encore des détails qui font sens.

Bref, c'est très bien.

   Donaldo75   
7/10/2018


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