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Policier/Noir/Thriller
Donaldo75 : Un vieux peut en cacher un autre
 Publié le 29/10/23  -  6 commentaires  -  8386 caractères  -  84 lectures    Autres textes du même auteur


Un vieux peut en cacher un autre


Lundi matin. Un jour a priori comme les autres. Sauf que là, mon associée, la tornade Delphine, soulève des monceaux de dossiers et renverse des journaux entassés sur mon bureau. Je me demande quelle mouche la pique aussi tôt dans la semaine. Coup de chance, après sa petite crise d’archéologie, elle redescend en tempête tropicale puis se décide enfin à cracher sa pilule.


– Bob, je n’en peux plus d’un tel chaos !

– Tu as perdu la foi, Delphine ?

– Je t’ai posé ce foutu télégramme sur ton bureau il y a moins de deux jours.


Première nouvelle. Je la laisse récapituler l’historique du délit, juste pour la forme. Il faut savoir que ces derniers temps, ma Wallonne préférée a pris fait et cause pour les artisans besogneux. L’élu du moment s’avère être un petit vieux, livreur de cadeaux pour les lardons. L’ancêtre est empêtré dans une sombre histoire de vingt-cinq décembre, de lutins et de rennes. Et il n’a rien trouvé de mieux, dixit Delphine, que m’envoyer un télégramme pour m’engager. Mon petit doigt me dit que j’ai probablement déposé le bout de papier entre ma note de frais et le journal des turfistes. Je tente d’adoucir l’atmosphère.


– Inutile de passer en DEFCON 3, Delphine. On va le retrouver ton parchemin.

– Et comment ça ?

– J’appelle Benjamin Gates. Il me doit un service.


Visiblement, mon argument tape à côté. Delphine ignore ma suggestion et continue sa fouille. Je la laisse déployer son énergie de petite fourmi entêtée. Soudain, j’entends un rugissement victorieux.


– Je l’ai. Je le savais. Rien ne me résiste, pas même ton légendaire capharnaüm.

– Bravo, Delphine. Tu es sélectionnée pour le Prix Nobel de Ménage.

– Tu peux rire, Bob. N'empêche que maintenant, tu n'as plus aucune excuse pour enterrer cette affaire. Tu vas aider ce Père Noël. Illico !


Mon métier se base sur quelques principes fondamentaux. Ne pas contrarier les fous en constitue un solide. Je l’applique à l’orageuse Delphine avant qu’elle ne devienne de nouveau un typhon. Je lis donc le message du papy. Apparemment, ledit Père Noël semble n’être qu’un sous-traitant pour une firme multinationale. J’imagine déjà un de ces retraités ruinés par les actifs toxiques des banques new-yorkaises et condamnés à travailler pour des nèfles au service des pires négriers. Je promets à Delphine de lui passer un coup de fil dans les plus brefs délais, du genre cinq minutes plus tard, le temps de réviser mon ABC du parfait détective. Elle accepte l’excuse et repart à ses occupations.


Une fois mes neurones remis à l’endroit, mon séant bien posé sur mon fauteuil en cuir japonais, je décroche mon téléphone et prépare l’artillerie lourde.


– Société XMAS, répond une voix féminine.

– Bonjour mon chou. Je voudrais parler à Noël. De la part de Bob. Il comprendra.

– Je ne suis pas votre chou, Bob !


Cerbère n’apprécie pas mon verbe chaleureux à sa juste valeur. Elle m’explique que Noël n’est pas disponible en ce moment. Cependant, dans sa grande mansuétude, elle me propose de lui exposer mon affaire vu qu’elle dirige l’entreprise XMAS. Je décide alors de ne pas tourner autour du pot.


– Noël a besoin d'un détective privé pour le sortir de la panade du vingt-cinq décembre.

– Je vois. Il est encore dans son délire paranoïaque.

– Lequel ?

– Il voit des Chinois partout.

– Rien d'anormal à Los Angeles.

– Je n'arrête pas de lui dire. Au premier Coréen avec un sac à dos, il imagine un complot international.

– En résumé, il travaille du chapeau.

– C’est un euphémisme.


Le monde de l'investigation privée n’a pas beaucoup de règles mais elles sont primordiales pour survivre dans une profession gangrenée par les gagne-petit, les anciens flics et les fans de séries télévisées. La première consiste à toujours recouper une information par un fait.


– Je passe dans une heure. J’y verrai plus clair.

– Inutile. Je vous l'ai dit, Noël devient maboul.

– Comprenez-moi, j'ai une associée, un véritable pitbull. Elle tient à ce que je règle l'affaire.

– Bob, dites-lui ce que je vous ai raconté.

– On voit que vous ne la connaissez pas. Un vélociraptor en jupon. Si je ne vérifie pas mes sources, elle va me déchiqueter jusqu'au dernier lambeau de chair.


Mon argument tombe à l’eau. La dame ne veut pas changer de position. Elle préfère visiblement rentrer dans le dur, négocier à l’ancienne. Bluffeuse patentée, elle cache son jeu, distille le chaud et le froid puis me raccroche violemment au nez. Je suppose qu’elle m’imagine en rester là. Erreur.


Après avoir briefé Delphine, je prends mon imperméable et mon arme de service puis me dirige vers ma place de parking. Dix minutes plus tard, j’arrive à proximité de chez XMAS puis gare ma voiture à l’abri des regards indiscrets. Ensuite, après un rapide aperçu des lieux, j’emprunte la porte dérobée, celle des fournisseurs occultes et des amants secrets.


– Que faites-vous là, monsieur, dit une voix chevrotante dans mon dos.


Pour qui n’a pas vu un épisode de la série « Les contes de la crypte » cela peut sembler anecdotique mais moi ça m’a fait sursauter. Je me retourne. Un petit vieux tout froissé me regarde comme si je débarquais de la planète Mars. Je lui sors ma réponse standard.


– Je viens voir un ami.

– Comment s'appelle-t-il ?

– Noël.


La suite s’avère inattendue, même pour un détective expérimenté de ma trempe, sans vouloir me vanter. Le vieillard me dévisage d’abord bizarrement puis se met à rire comme un fou. Un peu vexé au début, je décide de rétablir mon autorité naturelle afin de percer le mystère de son emballement zygomatique.


– Qu'est-ce qui vous fait rire, l'ancêtre ?

– Tout le monde s'appelle Noël, ici.


Et le papy relance la machine à rigolade. Il me saoule avec ses hoquets. On dirait qu’il ne s’en est pas payé une aussi bonne tranche depuis le Jurassique. Je lui demande quand même combien ils sont de Noël dans ce bouge. Il me fixe avec ses gros yeux puis me répond qu’il y a une centaine de gars appelés Noël ici. Je pose alors la question essentielle, le pilier de ma réflexion du moment.


– C'est un critère d'embauche ?

– Non, c'est notre nouveau prénom dès notre entrée ici.

– Et vous, vous vous prénommiez comment, avant ?

– Leonid.

– Vous venez d'où, Léo ?

– De Novossibirsk, en Russie.


L’embrouille commence à prendre forme dans mon esprit. J’imagine le scénario. La société XMAS, sous les ordres de ma charmante interlocutrice, enlève des petits vieux désespérés, sans limite géographique ou de préférence nationale. Ensuite, elle les séquestre dans cet entrepôt. Ils se retrouvent à conditionner des cadeaux et accomplir plein d'autres choses ignobles, évidemment contre leur gré. Je vérifie quand même mon hypothèse avec Léo, une fois qu’il a remballé ses rires.


– Vous êtes des esclaves du troisième âge, c’est ça ?


Je ne sais pas si cette définition lui plaît réellement. C’est vrai qu’elle sonne un peu abrupte, vue de loin. Pourtant, c’est ce que me disent les indices disséminés autour de moi. Les pépés fabriquent des chaussures de sport pour une grande marque à trois bandes, produisent des placebos pour des entreprises pharmaceutiques, j’en passe et des plus tristes. Et Léo me raconte des histoires à faire pleurer un croquemitaine neurasthénique. Je décide d’appeler Delphine. Elle m’écoute patiemment, sans me dire « je te l’avais bien dit » puis promet de prévenir les services de police et de l'immigration pour déployer un plan de secours. Je sais qu’elle va assurer, comme toujours. L’affaire est entre de bonnes mains. En plus, je n’ai même pas eu besoin d’utiliser mon pistolet ou de menacer quelqu’un.


J’envoie Léo se réfugier dans ma voiture puis je me lance dans le tour du propriétaire. Je suis un gars curieux, une qualité indispensable dans mon business même si parfois elle se décline en moult galères. Arrivé dans une sorte d’atelier, je me retrouve en face de dizaines de petits vieux occupés à coudre des baskets, repasser des maillots et empaqueter des poupées en plastique. Après les avoir rapidement rassurés sur la noblesse de mes intentions, je leur demande lequel m’a envoyé le télégramme. Un petit rabougri, le genre Oui-Oui version troisième âge, lève timidement le doigt.


– C'est moi, monsieur.

– C'est quoi votre blase, pépé ?

– Hector Patate, monsieur.

– Et vous, comment avez-vous atterri dans cette galère ?

– Je suis le grand-père de la directrice.


 
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   Vilmon   
16/10/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
n'aime pas
Alors, désolé, j'arrive pas à comprendre le but de l’histoire, je n’aime pas le ton condescendant, insultant et d’humour à la noix du personnage ni le style du texte. Je ne sais trop à quel époque le situer avec ce télégramme. Finalement, je ne suis pas assez finasse pour saisir la chute, s’il y en a effectivement une. Malheureusement, je n’ai pas vraiment eu de plaisir à lire ce texte.

   jeanphi   
18/10/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Bonjour,

Le style est très vivant et suscite l'intérêt du lecteur malgré quelques lieux communs, notamment dans le rapport établi entre les deux collègues.
Neanmoins, cette histoire est tout à fait brouillonne.
On attend la fin du dernier paragraphe pour s'assurer de ne pas avoir compris quelque chose de travers. Le processus n'en est pas moins mené avec brio, un grand angle se réduit jusqu'à un focus final qui permet la compréhension d'ensemble. Hélas, et je ne peux croire qu'il s'agisse d'une maladresse de l'auteur, ce dernier gros plan sur monsieur Patate ne fait qu'ajouter à l'incompréhension, cela invalide-t-il ou renforce-t-il le soupçon de traite d'humain ?
La question reste entière en ce qui me concerne.
Je me vois donc dans l'impossibilité de sortir de ces considérations dubitatives quant au jugement à porter sur cette nouvelle.

   Dugenou   
29/10/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Hello Don...

Je me suis bien fendu la poire avec cette parodie d'histoire de détective, parsemée de références à la pop culture et au narrateur gouailleur.

C'est sans queue ni tête, tout en second degré, ça ne se prend pas au sérieux une seule seconde, et ça éclaire mon dimanche matin. Un régal !

   Perle-Hingaud   
29/10/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Salut Don,
Je fais partie de ceux qui ont bien ri à cette lecture. C'est agréable, pas de prise de tête, parfait pour un dimanche matin.
L'écriture est vive, l'histoire amusante avec l'ironie qui va bien, y compris dans la chute. Toujours se méfier de sa progéniture.

   Corto   
29/10/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Bonjour Donaldo,
C'est un peu foutraque cette nouvelle, non ?
Ce n'est pas déplaisant à lire mais ça sent le texte façonné autour de la réponse finale "Je suis le grand-père de la directrice."

On a le final, reste à construire un texte pas trop mal fichu pour remplir et faire rire.
Il n'y a guère d'intrigue ce qui est un comble pour un texte "policier". Bref c'est assez linéaire, pas déplaisant mais pas enthousiasmant.
J'ai lu avec curiosité et reste un peu sur ma faim.

   David   
30/10/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
aime bien
Bonjour Donaldo75,

J'ai bien aimé le ton de la nouvelle, C'est un "privé" qui se la joue "Mike Hammer" mais dans le contexte, je l'imagine plutôt en rêveur qu'en vrai dur. Les remarques cyniques, le petit effet du "Erreur" et autres jeux de jambes du parfait détective ont fait mouche. C'est intense, rythmé... et absurde ! Pas de cadavre dans ce feuilleton policier, un parano, une femme fatale, une secrétaire wallonne, bref, tous les ingrédients sauf le principal, la choucroute sans chou, la paella sans riz ou le couscous sans pois chiche, voilà ce que c'est !

Mais ça aussi, je l'ai suivi, dès le début avec cette histoire : "Tu vas aider ce Père Noël. Illico !"

Il ne manquera pas seulement un cadavre, il me manquera surtout une vraie fin, c'était une petite déception ce : "– Je suis le grand-père de la directrice.". Qu'est-ce que ça dit, on reprend du début ? On botte en touche plutôt ! Ou il manque un chapitre ? Liker pour l'épisode 2 !

C'est comme de renoncer à gravir une montagne juste avant le sommet : il y a foule d'ingrédients, ce qui manque est gros comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, mais rien n'est mis à cuire et tout en reste là.


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