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Science-fiction
Donaldo75 : Une colère bien américaine
 Publié le 05/03/24  -  6 commentaires  -  8746 caractères  -  47 lectures    Autres textes du même auteur

« Les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent. »
(Jacques Chirac)


Une colère bien américaine


W. Jr commençait en avoir marre de la situation. En tant que président des États-Unis, il préférait de loin surfer sur sa réussite et l’afficher en quatre par trois sur les médias internationaux plutôt que de gérer la merde. Jusque-là, tous les indicateurs brillaient dans le vert. L’économie américaine jonglait avec une croissance à deux chiffres. L’exploitation des gisements massifs du sol lunaire rapportait tellement de dollars que c’en était presque indécent. Les peuples du monde entier voyaient dans ce nouvel Eldorado un moyen de changer de braquet. Les profits financiers engendrés permettaient aux grandes entreprises de lancer des programmes d’exploration spatiale à destination des autres planètes du système solaire. Le Far-West d’antan laissait la place au concept revampé de « Nouvelle Frontière » naguère lancé par le légendaire John Kennedy. Des cailloux dans l’espace se retrouvaient affublés de derricks, des sangsues métalliques placées par des multinationales pour extraire d’immenses richesses. Les pauvres de tous les pays s’engageaient pour participer à la conquête du ciel profond. Les promesses d’un lendemain meilleur rendaient le peuple heureux. Tout roulait presque parfaitement jusqu’à l’arrivée de nouveaux joueurs dans la géopolitique mondiale.


Salomon Pickford, son conseiller aux affaires étrangères, interrompit ses pensées.


– Monsieur le Président, vos invités sont en ligne.

– J’arrive.


W. Jr shoota dans un imaginaire ballon de football. Il enrageait. Les deux pseudo-businessmen venus réclamer à l’ONU leur soi-disant héritage le gonflaient au plus haut point. Ces représentants non-humains s’étaient pointés en même temps, accompagnés de hordes de va-nu-pieds et d’illuminés polymorphes. Le premier d’entre eux répondait au nom succinct de M. Il prétendait descendre d’une race souterraine nettement plus ancienne qu’Homo sapiens. Pour asseoir son argumentaire, le bizarroïde l’avait joué tout en couleurs, avec du rouge, du jaune, des pétards et des tourbillons. Le second de ces importuns se faisait simplement appeler D. Lui, il dirigeait une horde d’enfarinés, de pauvres hères squelettiques et hébétés. Également inhumain, il avait opté pour une apparition en dégradé, dans le ciel, avec force mélodies et chants d’oiseaux, histoire de bien montrer qu’il domptait les éléments. Leur tralala avait marqué les esprits. Les intellectuels, les savants, les journalistes et les sociaux-démocrates les avaient pris au sérieux. Résultat des courses : W. Jr n’avait pas eu le droit de les gazer rapidement, vite fait bien fait, dans le ciel de Manhattan. Maintenant, il devait négocier.


Le président des États-Unis d’Amérique descendit dans la salle de conférence. Ses conseillers l’attendaient. Sur le grand écran mural s’affichait une mosaïque de visages sérieux. Il s’agissait des dirigeants des plus grandes puissances mondiales, celles qui comptaient réellement dans le concert des nations. W. Jr resserra son nœud de cravate, ajusta sa veste puis démarra sans s’asseoir.


– Mesdames, messieurs, commença-t-il, c’est la merde, je vous le dis sans tordre du cul.

– Non, sans rire, ironisa le Premier ministre britannique, un populiste élu grâce à W. Jr.

– Je vais vous résumer mes derniers échanges avec nos prétendus colocataires.

– Pourquoi ils vous parlent à vous et pas à nous ? demanda le président russe.

– Oui, pourquoi ? répétèrent en chœur les Français, les Chinois et les Indiens.

– Pourquoi les fleurs poussent et le soleil se lève ? répondit l’Américain.


Ces réunions l’ennuyaient presque à chaque fois. C’était toujours la même rengaine. La Chine et l’Inde la jouaient personnel sous prétexte qu’ils dominaient la démographie mondiale avec leurs trois milliards de citoyens. La Russie pleurait régulièrement à l’injustice, invoquant sa splendeur passée et Ivan le Terrible. La Communauté européenne coupait les cheveux en mille vingt-quatre au nom d’obscurs principes philosophiques hérités de la Grèce antique. Heureusement, il pouvait compter sur les fayots du Royaume-Uni, du Canada, de l’Australie et du Japon. W. Jr exposa néanmoins le problème, en quelques mots et avec beaucoup de chiffres. En gros, il s’agissait juste d’un racket à grande échelle, avec la menace voilée d’une action de guerre à la Marvel. Les Russes et les Chinois répondirent illico qu’il fallait derechef utiliser le feu nucléaire pour dégager ces escrocs à la petite semaine. Les caciques Européens, avec à leur tête les Français, exigèrent de négocier et de revoir la copie proposée par M et par D afin de trouver un terrain d’entente dans la paix et par la diplomatie. Le président des États-Unis laissa quelques minutes aux différents points de vue pour s’exprimer.


La foire d’empoigne amusa W. Jr. Chacun tentait, avec ses arguments culturels ou la taille de ses ogives, de s’inventer un leadership. Une fois le capharnaüm arrivé à son paroxysme, l’Américain leva la main et marqua son objection à la proposition européenne. Il lui fallait taper fort, vite et bien.


– Vous êtes en retard d’un siècle, ironisa-t-il.

– Que proposez-vous ? demanda le chancelier allemand.

– Une réponse adaptée.

– Mais encore ?

– Le virus H.

– Qu’est-ce que c’est ?

– Une arme biologique inoffensive pour les humains.


Les Français commencèrent à monter sur leurs grands chevaux. Ils invoquèrent l’absolue nécessité d’un comité d’éthique pour décider du bien-fondé de la décision. Les grenouilles savantes ajoutèrent à ce dispositif une sorte de concile pour assurer la moralité de la réponse. Enfin, leur conclusion aboutit à un prétendument indispensable moratoire pour financer la mise en œuvre du dispositif. Pendant ce temps trop long pour lui et les autres membres de la conférence, W. Jr les laissa développer leur argumentaire, expliquer leur théorie puis hocha la tête en guise d’assentiment.


– D’autres remarques ? demanda-t-il à la fin du laïus.

– Je crois que la France résume bien la vision européenne, répondit l’Allemand.

– La Russie n’ira pas contre cette décision, ajouta le président russe.

– Nous non plus, répondirent en chœur la Chine et l’Inde.


Le président des États-Unis les gratifia de son plus beau sourire électoral. Il les remercia de la qualité des échanges et proposa une prochaine réunion le mois suivant. Le système politique en vigueur dans son pays demandait d’initier un débat parlementaire, ce qui justifiait ce délai. En bon diplomate, W. Jr laissa les Européens conclure avec un petit couplet sur la démocratie avant de clore la séance. Une fois la communication coupée, il s’adressa à son staff.


– Qu’en pensez-vous ?

– On n’est pas arrivé avec ces mous du genou, répondit le conseiller à la sécurité intérieure.

– Les autres n’ont pas essayé d’en savoir plus sur le virus H, remarqua le conseiller scientifique.


Cette dernière remarque fit rire une partie de l’assistance. Pour ne pas froisser son collaborateur, W. Jr décida de l’affranchir sur les dernières négociations engagées avec les Russes et les Chinois. Lors de rencontres préalables, il les avait persuadés que les États-Unis disposaient d’un vaccin éprouvé au virus H. Les stocks suffisaient donc amplement à protéger les nomenklaturas russe et chinoise contre d’éventuels effets de bord indésirables de l’arme biologique.


– Et c’est vrai, ce mensonge ? demanda le scientifique.

– J’ai un peu pipeauté.

– Sur quoi ?

– La fiabilité des tests et notre capacité à vacciner tout le monde.

– Mais ils ont avalé le boa, ricana le conseiller aux affaires internationales.

– Ils ont trop envie de se débarrasser de ces incrustés qui veulent nous racketter.

– Pour des rouges, ils sont bien accros à la monnaie, conclut un expert économique.


La suite se conforma au plan de Washington. Les Russes et les Chinois conclurent l’accord secret avec les Américains. Pour eux, finalement, il constituait le meilleur moyen de continuer à s’enrichir tout en gardant les Européens à distance. Les trois parties avaient tout à gagner en la jouant ainsi. Le virus H était une arme redoutable dont l’efficacité sur les espèces régies par M et D semblait impressionnante. Génétiquement très proches, issus de croisements familiaux trop nombreux, ces non-humains avaient au cours des siècles affaibli leur protection immunitaire. Les deux engeances se feraient littéralement dévorer par ce nouveau micro-organisme. Les éventuels effets de bord sur la population humaine se résumeraient, selon les experts scientifiques, à de vagues troubles intestinaux. Le 4 juillet, le président américain lança l’opération tandis que M et D négociaient à Genève avec les représentants européens. Les incrustés disparurent rapidement tandis que l’Europe connut une épidémie inédite de dysenterie.


 
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   Neojamin   
19/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
n'aime pas
La lecture est fluide, le ton satirique à souhait, des personnages grossièrement esquissé, pas beaucoup d'originalité, pour ne pas dire beaucoup de clichés. Bon, j'imagine que c'est voulu, même si j'aurais aimé avoir un scénario qui diffère des films hollywoodiens. On peut fait une satire sans réutiliser des idées déjà mâchées vingt fois.
Quelques remarques qui m'ont fait sourire toutefois,l'histoire se tient, la grossièreté du président américain un poil exagéré, mais bon, ça fonctionne dans l'ensemble, ce n'est juste pas ma tasse de thé.
Ce texte présente tout de même de nombreux atouts (style, humour, décalage) qui me donneront sans doute envie de vous lire à nouveau !

   cherbiacuespe   
22/2/2024
trouve l'écriture
convenable
et
n'aime pas
Histoire simplissime mais pourquoi pas. Nonobstant, il me semble que faire passer des civilisations, même non-humaines, pour de grands naïfs, incapables de se douter d'un coup fourré alors qu'ils ont l'air technologiquement au niveau, puisqu'ils se sont déplacé jusque chez nous, ne me semble pas très cohérent. Quant à la cacophonie caricaturale des nations, rien de nouveau sous le soleil terrien.

Désolé, je n'ai pas été conquis malgré le ton badin et le style décontracté plutôt agréable à lire.

Cherbi Acuéspè
En EL

   jeanphi   
5/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Bonjour,

Cette nouvelle aurait pu être excellente si l'auteur avait pris le temps de donner un corps à son récit.
Abstraction faite de la dernière phrase, il s'agit pour moi d'une bonne introduction. Vous développez habillement un humour pince sans rire, les effets sont réussi à tous les coups, puis vous nous faites saliver sur la suite pour vous arrêter tout net avant les premiers *** qui devraient nous livrer le dénouement de cette situation initiale si agréablement dépeinte.
Cette dernière phrase semble arriver comme pour conclure l'écriture d'une histoire initialement destinée à beaucoup plus d'envergure...
J'ai donc envie de clamer Show must go on !

   Robot   
6/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Si le comique de l'écriture peut sembler farfelu, il n'en reste pas moins que le fond recouvre un certain réalisme dans les postures hypocrites des dirigeants soumis à un surpuissant qui ne s'embarrasse pas d'honnêteté intellectuelle afin de tromper son monde pour parvenir à son objectif.
la rouerie de l'un, la veulerie des autres, sont bien dessinées par l'écriture dynamique du récit, notamment grâce aux dialogues.
Une vision schématique du monde qui se résume dans ce passage:
"– On n’est pas arrivé avec ces mous du genou, répondit le conseiller à la sécurité intérieure.
– Les autres n’ont pas essayé d’en savoir plus sur le virus H, remarqua le conseiller scientifique."

Surtout personne ne se pose la question sur l'immoralité du génocide contre les "inhumains"
Un reflet de notre époque qui ne prête guère à sourire.

   dowvid   
6/3/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
J'ai apprécié le cynisme face aux dirigeants du monde, pas si éloigné de la réalité.
Là où je décroche, c'est à la conclusion beaucoup trop hâtive et sans réelle originalité, à mon avis.
On dirait qu'on est pressé d'en finir.
Trop pressé

   hersen   
10/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
n'aime pas
Nous retrouvons bien ici un humour grinçant auquel nous sommes habitués.
Le style est direct, assez froid, ce qui renforce le cynisme de la situation. de ce point de vue, le but est atteint.
Mais en ce qui concerne la lectrice que je suis, je ne trouve pas trop mon compte. En effet, j'ai envie de dire que ça enfonce des portes ouvertes, que tout ça, on le sait, le subodore, et ça ne m'avance pas à grand-chose qu'on me le rappelle.
Finalement, il manque peut-être une certaine subtilité pour que j'adhère à ce texte, ou en tout cas que, d'une façon ou d'une autre, il m'ouvre sur quelque chose que je ne connais pas, de nouveau dans cette analyse du monde.


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