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Brèves littéraires
Donaldo75 : Washington, DC – 2025
 Publié le 12/02/25  -  8 commentaires  -  2505 caractères  -  77 lectures    Autres textes du même auteur

It's been too hard living
But I'm afraid to die
'Cause I don't know what's up there
Beyond the sky

It's been a long
A long time coming, but I know
A change gon' come
Oh yes, it will

(Sam Cooke)


Washington, DC – 2025


Des centaines d’ombres au visage de craie applaudissent l’éléphant rouge venu écraser de tout petits ânes bleus. La capitale fédérale sent le soufre et la poudre. Un écureuil surexcité lève sa patte vers le ciel en réclamant bruyamment le retour du Seigneur Dieu, de son fils Jésus-Christ et des Pères fondateurs. Sa voisine de tribune, une poupée peroxydée, déchire avec violence un sombrero fumant sous le feu de la vindicte populaire. Les caméras du monde entier filment la foule en délire pour des millions d’étranges lucarnes avides de sang et de furie. Personne ne voit les corbeaux tournoyer dans le ciel. Ils attendent leur heure.


Les ânes bleus se regroupent pour lécher leurs plaies sanguinolentes. L’éléphant rouge barrit sa victoire sous le regard enragé de silhouettes aux parures étoilées. Des hordes de garçons vachers brandissent les drapeaux confédérés devant les yeux écarquillés des nombreux spectateurs venus assister à une tragédie en trois actes. Le bitume sent la poudre. L’air se charge en électricité. Le soleil arrose les nuages d’une couleur bistre, comme si l’incendie tentait une percée dans le ciel aux cinquante étoiles. Au-delà du couchant, un petit homme chauve se frotte les mains en riant. Il attend son moment.


Des éléphanteaux rouges surgissent à leur tour des quatre points cardinaux. Ils trompettent leur joie de pachydermes victorieux à qui veut bien les entendre. Les autres, d’anonymes ombres grises, détournent leurs faces tristes aux yeux couverts de cendres. Des marchands de rêve éveillé tentent de les appâter à coups de lithium ou de poudre à miracles. Des bateleurs de foire au chapeau haut de forme déclament des slogans où Dieu bénit l’Amérique devenue à nouveau grande pour les siècles des siècles devant l’Éternel. Ailleurs, des villageois épuisés creusent des tunnels sans fin. Ils n’ont plus le temps d’attendre.


Les ânes bleus recherchent leur cheffe de meute, celle qui les a conduits dans cette ultime bataille contre l’éléphant rouge et son armada pachydermique. Ils ne le savent pas encore mais elle a perdu depuis longtemps le goût, l’odorat et la vue. Ses oreilles rondes entendent des paroles carrées venues de l’est et de l’ouest, du nord et du sud, du haut et du bas. Les caméras l’ignorent désormais. Elles se tournent vers la foule pourpre et ses porte-parole en liesse pour enregistrer la musique enchanteresse de la terre promise. Dans l’espace assourdi, une petite sphère bleue crie seule son désespoir. Elle a trop attendu.


 
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   Cyrill   
8/2/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Le texte a une valeur de photographie de société au moment politique de l'élection présidentielle aux USA. Du genre édito de journal, plutôt caustique et assez outré, quand bien même arrondi aux angles ou le contraire pour rentrer dans les cases prédécoupées de la ménagerie et de l'éventail de couleur.
Je ne crois pas parvenir à identifier avec précision tous les moments qui sont évoqués à l’aide de cette palette, mais j’aime bien le lexique animalier comme substitut aux comportements humains. Les attitudes mises en exergue sont au moins cocasses sinon carrément burlesques, et les personnes concernées l'auront bien mérité, je trouve.
Mais ne nous y trompons pas, la « petite sphère bleue » doit rire jaune, en attendant.
Question standards de la « brève », le texte ne manque pas d’impact.
Merci pour la lecture et bonne continuation.

   Celia1993   
12/2/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,

Benjamin Rabier est de retour, il est aujourd'hui chroniqueur dans la rubrique politique étasunienne.
Il est en effet dommage que les ânes bleus aient perdu le goût l'odorat et la vue. En cela ils ne rendent pas hommage à leur modèle zoologique beaucoup plus intelligent qu'ils ne le sont devenus eux-mêmes.

Beau compte-rendu métaphorique mais tellement lucide !

Merci pour ce texte

   baldr   
12/2/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Métaphore maxima ou scène surréaliste à la lisibilité souvent évidente, parfois obscure (à coups de lithium ??). Le propos de l'auteur est, je pense, de décrire la bête et dangereuse fascination du peuple américain pour son nouveau président. Dans le délire grotesque se joue une tragédie à trois actes dont on ne saura rien de plus. D'ailleurs, heureusement que c'est une brève, car je n'en aurai pas lu davantage, aussi le format semble bien maîtrisé. L'écriture est dense, inventive, c'est le point fort du texte, avec à la fin de chaque "strophe" pour finale une phrase brève lié au concept de l'attente. Cela finit sur une petite sphère bleue qui aurait pu entrer dans les oreilles rondes de Kamala Harris grâce à sa forme et à sa couleur. Trop tard... La déroute des démocrates et de la démocratie est totale !

   Vincente   
13/2/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
J'ai bien aimé le ton très coloré qui ambiance toute l'historiette racontée comme le ferait un conte pour enfant, avec des animaux en guise d'acteur, un graphisme soigné mais édulcoré, une narration assez simple voire simpliste si on la considère à hauteur d'adulte, une volonté de dessiner l'action mise en scène avec un impact d'abord émotionnel.

En fait tout ceci, cet angle d'évocation, colle beaucoup avec la perception que peut laisser pour un européen ce qui se passe outre atlantique (une sorte de simplisme béat politiquement, une logique ontologique très binaire, comme le martèle ces rouges criards et ces bleus/blues déchirés/déchirants), dans ce grand pays où l'on pensait que l'accomplissement d'une démocratie désormais très mûre ne pouvait que produire du bon, du meilleur, de l'épanoui, du puissant, du consensuel, des évidences in fine positives pour qu'un humanisme respectueux de l'homme, de l'humanité, de la planète terre, notre demeure, advienne… Mais voilà que s'affichent et se concrétisent devant nous, éberlués, l'expression des pires relents réactionnaires, des pires reculades sociétales, des pires penchants de la nature humaine. Il y a dans ce constat, celui de ce texte, mais aussi celui de la grande histoire, une impression de vivre une "fin de race", une fin d'un monde qui s'est loupé, laissant "dans l'espace assourdi, une petite sphère bleue [qui] crie son désespoir". Pourra-t-elle s'en remettre ? Ou profitera-t-elle de ce marqueur extrême pour s'affranchir du pire et retrouver une meilleure raison ?

J'ai beaucoup aimé ce texte, sa manière, son écriture et son inquiétude.

   papipoete   
14/2/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
bonjour Donaldo
les ânes bleus ont pour moi la couleur des moutons, qui suivent leur chef jusqu'au bord du précipice, là où demain ils tomberont...de ne pas avoir écouté d'autres pâtres, qui les prévenaient du danger mortel.
l'éléphant rouge, a pour moi une crinière de lion fou, qu'un mâle gesticulant levant sa trompe, façon " heil nazi "
NB " tentent d'appâter à coups de lithium " est ma strophe préférée, dans ce texte que je voudrais tirer du " gentil roi lion ", mais...

   Lariviere   
15/2/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Salut Don,

J'ai bien aimé ce texte. Il a de l'impact et je crois que c'est ce qu'on demande au récit de cette nouvelle catégorie.

Ce que tu nous décrit est bien sur dans toute les têtes, comme un mauvais rêve venu d'outre atlantique qui est pourtant la bien triste réalité. Ici les images tapent juste, c'est très coloré comme le relève Vincente, le ton est messianique et apocalyptique... la poésie est présente aussi en filigrane.

La fin est très belle, poignante.

Sinon ce petit homme chauve, c'est bien le boss d'Homer Simpson ?... ;)

Merci pour cette lecture et bonne continuation !

   Pouet   
18/2/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Salut,

je voulais dire et signifier que je n'ai absolument rien compris à cette ( saugrenue) histoire d'éléphants roses et d'ânes bleus....
De qui se moque-t-on?
Je crois avoir vu qu'il était aussi question de lithium, soit, mais cela ne permet en rien de lisser mon humeur désastreuse.
Bon, j'ai peut-être un peu compris en fait, j'ai bien reconnu Krillin ( le chauve qui attend son moment), mais cela ne justifie en rien tout cela, cette mystification. Vegeta qui, je l'ai bien compris aussi, est un éléphant et Son Goku un âne m'ont semblé peu crédibles et caricaturés, d'autres animaux auraient mieux soutenu la comparaison, que diable! Mais pourquoi affubler Chichi d'oreilles rondes alors qu'elles sont d'un doux ovale?! Je ne me l'explique pas. Et puis ce début ! Comparer Akira Toriyama à une divinité, allons.
Enfin...
Avec un titre tel que celui-ci, je m'attendais à lire un texte métaphorique et intelligent sur la dernière élection américaine, un truc ludique qui, sous couvert de dérision, donnerait à réfléchir ou du moins saurait décrire efficacement et avec un point de vu clair un événement donné...
À la place de cela je me retrouve avec des pachydermes et des ongulés dans un épisode de Dragon Ball Z...

   Lil   
19/2/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Une belle métaphore pour nous tirer au moins un sourire sur ce désastre.
J'ai trouvé le texte bien écrit, avec quelque touche d'humour pour au final un message pessimiste
Ou la petite boule bleue crie et si elle attend trop ce sera catastrophique
Merci pour ce texte.


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