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Horreur/Épouvante
doremifasol : Le polaroïd
 Publié le 04/01/11  -  6 commentaires  -  13842 caractères  -  166 lectures    Autres textes du même auteur

Un étrange polaroïd est exhumé du fond d'un grenier...


Le polaroïd


Il était déjà trop tard 


Elle avait le sourire étrange



Que les peintres donnent aux anges





J'avais l'impression bizarre



De l'avoir vue quelque part 



Par quel appeal, quel appel



M'a-t-elle attiré vers elle



Je l'ai suivie comme une ombre



Dans ses nuits d'entre deux mondes 





Pour l'amour d'une femme


Je tombe à genoux



Je vendrais mon âme


J'irais jusqu'au bout


Ainsi je suis condamné

Payer le prix



Que devra payer


Un homme qui se damne 






4 octobre 1999


3 h 00 ?

Idées noires et nuit blanche. Je me dématérialise sur un standard de Glenn Miller. Une dernière Lucky avant de sombrer...


15 h 00

J’émerge lentement...

Dans mon esprit, l’histoire se déroule à l’envers : la décision du tribunal, sans appel, qui m’a refusé la garde conjointe de Tom, la séparation avec Gabrielle, et puis son regard tour à tour accusateur, sombre ou fuyant, nos petites futilités domestiques, la vicissitude des saisons qui se succèdent sans grande révolution, notre rencontre, auréolée de promesses...


Hier, après le verdict, Mel est passé me chercher pour aller boire un verre au Franklin Cafe dans le South End. Mel n’est pas vraiment le type sur qui on peut compter, mais il a le mérite de cerner ce dont j’ai besoin au moment opportun. Quelques cocktails et banalités plus tard, je suis rentré en métro, en laissant Mel avec la fille qu’il venait d’emballer, une jolie brune à la démarche chaloupée.


Ensuite, je suis ressorti acheter un paquet de clopes et là j’ai fini la soirée au Sugar Shack et au gin tonic. J’adorais ce bar, j’y ai rencontré Gaby. Rien n’a vraiment changé mais l’endroit n’est guère plus fréquenté que par des âmes en peine, qui ont fini par conférer au lieu une atmosphère presque inquiétante.


Ma tête me fait affreusement mal...

C’est vrai que je ne suis pas un père modèle, et je n’ai jamais prétendu l’être. Mais j’avais juste besoin qu’on me fasse confiance, prouver qu’en ce domaine je peux faire aussi bien que Gabrielle.

D’aussi loin que je me souvienne, il a toujours régné dans notre couple une certaine rivalité. La compétition s’est jouée à tous les plans, et elle s’est insidieusement transformée en une sorte de perversion qui nous a menés à la rupture. Et ce qui m’est insupportable, c’est que, cette fois encore, Gabrielle a remporté la partie.



10 octobre 1999


22 h 00

Tommy a l’air en rogne après moi. Ce midi, c’est à peine s’il voulait bien décrocher trois mots au téléphone.


Encore une journée où les vaines réunions se sont succédées. Je ne peux plus supporter ce connard de McCormick qui est sur mon dos toute la journée. J’étais à deux doigts de lui refaire le portrait quand il m’a convoqué ce matin. Il m’a dans le collimateur, va falloir que je sois plus prudent avec mes frais.

Claudia veut qu’on se voie demain soir, mais ça ne me dit rien et puis, il y a ce vernissage dont Mel m’a parlé. Il avait l’air d’y tenir. J’ai cru comprendre qu’une copine à lui expose avec d’autres peintres à la St George Gallery.



12 octobre


12 h 00

Surprenant vernissage.

Dans le courant de la soirée, parmi la foule sans visages, j’ai été happé par un regard mélancolique et grave.

La fille faisait partie des jeunes artistes qui exposaient. Je lui ai offert un verre et elle a commencé à me parler de son travail, de sa fascination pour les portraits et de son enfance à Charlestown aux abords de Mystic River.

On a fini par s’échanger nos numéros mais j’ai pas pensé à lui demander son prénom !



25 octobre


J’ai revu Diane plusieurs fois depuis le vernissage et je suis tombé sous le charme. Elle est très différente des femmes que j’ai pu rencontrer.

En fait, on ne peut pas dire que Diane soit vraiment jolie. Frêle et pâle, les cheveux teints en noir, son apparence intrigue et dérange. Les deux grandes cicatrices mauves qui lui barrent la partie droite du visage ne font qu’accentuer son côté mystérieux. Pourtant, on ne peut rester insensible aux proportions parfaites de son visage et à l’harmonie qui s’en dégage. Je suis toujours autant troublé par son regard magnétique.

Hier on est allés voir le dernier Scorsese sur les conseils de Mel, une plongée dans la tête d'un Nicolas Cage psychotique et halluciné. Intéressant.

Ça faisait longtemps que je m’étais pas senti aussi bien. Même mes relations avec Tom semblent s’être apaisées.



13 novembre


22 h 00

J’ai présenté Diane à Tommy aujourd’hui. Diane a un super contact avec les enfants. Quand elle ne peint pas, elle donne des cours d’arts plastiques en milieu scolaire et adore ça. Mais Tom n’était pas disposé à se laisser séduire, et rien n’y a fait, pas même le match des Red Sox.

C’est sans doute un peu trop tôt, il lui faudra un peu plus de temps pour accepter la présence de Diane dans ma vie.



22 novembre


Je passe désormais la majeure partie de mon temps libre avec Diane, soit chez moi ou chez elle : elle loue un petit meublé sur Dorchester à Adams Village depuis trois ans. Aujourd’hui on a évoqué l’idée de s’installer ensemble.

Pourquoi pas après tout ? Avec elle tout est si simple et puis, on passe déjà toutes nos nuits ensemble...


(Il règne partout une effervescence insupportable, dans les rues, les magasins, même au bureau, à laquelle je me sens complètement étranger. Je déteste ces fêtes de fin d’année.)



24 novembre


1 h 00

Ivresse.

Volutes en circonvolutions, tiédeur d’un rhum ambré, intervalle mélodique, les mots s’assemblent puis se bousculent, kaléidoscope étourdissant, mon trente-huitième printemps.



15 décembre


Enfin... Les cartons sont posés, on a pris possession des lieux : une petite maison à Brighton, au charme suranné et au loyer convenable. Au premier coup d’œil, on s’est dit qu’elle était faite pour nous. On a succombé à sa façade en lambris bleu clair et à sa cheminée. On va pouvoir transformer le grenier en atelier pour Diane. Et puis il y a une chambre pour Tom.



28 décembre


10 h 00

Le froid s’est installé et ce matin un épais manteau de neige recouvre la ville, avec son lot de perturbations. Tout autour de nous tourne désormais au ralenti. On en profite pour mettre un peu d’ordre, et Diane s’affaire à l’installation de son atelier.


18 h 00

Diane vient de faire une découverte pour le moins surprenante en réaménageant les combles de la maison.

Elle a exhumé d’une lame de plancher cassée un polaroïd en noir et blanc, écorné et sans âge. Au centre, on distingue le buste d’une femme, auréolée de lumière, vêtue d’une robe de brocart sombre et dont le décolleté béant laisse entrevoir sa poitrine, au milieu de laquelle se profile une cicatrice encore ouverte. Elle tient dans la main droite un petit couteau. Sous la photo, on peut lire un message énigmatique à l’écriture tourmentée : « I couldn’t play by instinct. »


C’est un cliché à peine croyable. En fait, on ne sait pas trop quoi en penser pour l’instant mais, pour sûr, c’est l’image la plus bizarre et dérangeante qu’il m’ait été donné de voir... On s’est décidés à appeler la propriétaire demain pour lui montrer et lui demander si elle a une idée sur sa provenance. En attendant, la sinistre photo a repris sa place, isolée dans les combles.



30 décembre


Mme Peterson a semblé aussi intriguée que nous par la trouvaille de Diane. Elle découvrait la photo pour la première fois, semble-t-il, et n’a donc pas pu nous éclairer sur son origine.

Mel est passé déjeuner aujourd’hui et lui qui est à l’accoutumée assez blasé n’en est pas revenu. On a ainsi passé l’après-midi à conjecturer sur l’identité de la femme sans visage et sur l’époque où la photo a été prise. Qu’a-t-il bien pu advenir de cette fille ?



18 janvier


Gabrielle a finalement accepté que Tom passe quelques jours chez nous, et ça tombe plutôt bien car mes relations avec Diane sont assez tendues ces derniers temps, et sa présence va rendre l’atmosphère moins suffocante à la maison. Tom n’est toujours pas convaincu par la personnalité de Diane et notre décision, il est vrai un peu hâtive, de vivre ensemble. Mais il lui accorde tout de même un respect cordial. Je pense que Gabrielle y est pour beaucoup, et qu’elle fait des efforts pour que notre relation se décrispe.



23 janvier


Voilà déjà quatre jours que mon fils est là, et Diane n’est quasiment pas descendue du grenier. Depuis l’aménagement de son atelier dans les combles, je ne la vois quasiment plus : elle y passe désormais ses jours et ses nuits là-haut, cloîtrée, entre pastels et fusains, dans ce sanctuaire qui est devenu la seule pièce qu’elle habite vraiment. Elle est tellement à fleur de peau qu’il est devenu presque impossible de parler ensemble, sans que je sache pourquoi.



27 janvier


Le seul contact que j’ai eu avec Diane cette semaine se résume aux bruits étouffés de ses

va-et-vient sur le plancher. Elle refuse même de répondre aux coups de fils répétés de l’association « L’atelier » qui la sollicite pour animer un stage de création le mois prochain.


18 h 00

J’ai profité qu’elle soit sortie pour monter. La pièce est méconnaissable et plongée dans la pénombre. Le volume semble s’être rétréci. Des dizaines d’esquisses jonchent le sol. À la gouache ou à la craie grasse, elles n’ont qu’un point commun : elles représentent la version non aboutie d’un visage féminin, aux contours flous et aux proportions monstrueuses, donnant l’impression qu’elle a cherché tout ce temps à faire émerger la représentation réaliste d’un portrait qui n’a eu de cesse d’être torturé sous ses doigts.

Ailleurs, aucune fioriture. Excepté un élément qui trône sur l’étagère métallique et dont la singularité donne le sentiment qu’il domine tout l’espace : un cadre, en bois sculpté, dans lequel le polaroïd a été rangé avec soin.


2 h 00

Ma désapprobation sur le comportement de Diane a donné lieu à une dispute assez houleuse. Mon intrusion n’a pas été bien perçue et mon incompréhension pour sa fascination inquiétante incomprise. Alors que la tension était lancinante, et contre toute attente, Diane s’est jetée sur moi et m’a ôté mes vêtements. Avec une force qui semblait décuplée, elle m’a fait trébucher et tomber au sol. Quelques secondes plus tard, elle était accroupie sur moi, pénétrée et à demi-nue, sa robe soulevée jusqu’à la taille et laissant entrevoir un sein. Sa peau n’est jamais parue aussi pâle. Un sourire sardonique aux lèvres et une lueur étrange dans le regard, elle s’est lancée dans une danse folle et rythmée, tandis que la tête renversée en arrière, je ne pouvais rien faire d’autre qu’observer la photo juste au-dessus de nous, de cette femme dépourvue de visage mais dont la présence emplissait la pièce.


Jamais je n’ai éprouvé tant de plaisir que ce soir...



11 février


La boîte a remporté un gigantesque contrat aujourd’hui et toute la ruche était en ébullition. Ça risque bien de changer bien des choses à l’avenir.

Notre vie a repris un cours plus ou moins normal. Diane s’est résolue à reprendre ses activités à l’extérieur et vient de commencer à animer un stage d’arts plastiques pour des adolescents du quartier.



15 février


Je viens de rentrer. Sur le bar, Diane a laissé une note pour me prévenir qu’elle sortait boire un verre avec des collègues de l’association. Plus que le contenu, je suis intrigué par la forme. Son écriture m’est aussi familière qu’étrangère, désarticulée. Je fonce à la cuisine et décroche du frigo une liste de courses écrite de sa main pas plus tard qu’hier... De longues secondes s’écoulent, le temps se fige. Le souffle court, je dévale alors les marches de l’escalier qui mène au grenier, et là, arrivé au centre de la pièce, il ne faut pas longtemps pour que mes yeux s’ajustent à l’obscurité et distinguent les mêmes lettres crispées, détachées et nerveuses. Mes mâchoires se serrent et dans un élan de colère et d’effroi, je me saisis de la photo et l’arrache, éparpillant ainsi les dernières miettes de ma vie.



3 avril


Je reprends la plume, une éternité s’est écoulée. Assis au fond de la pièce, attablé au bureau d’architecte qui est venu depuis remplir le vide de la pièce, j’observe Diane de dos à travers le prisme des volutes de fumée de ma cigarette. À l’extrémité de la pièce, elle est occupée à mettre la touche finale à son dernier tableau qui devrait sous peu rejoindre les rangs de la collection d’un amateur d’arts fantasque qui lui a passé commande. Lorsqu’elle peint, son corps frêle prend tout à coup une autre dimension et ses bras s’agitent avec puissance et agilité. Intrigué, j’avance sur la pointe des pieds pour découvrir ce qu’elle accomplit avec tant de conviction. J’ai tout à coup très envie de comprendre, de la connaître, de m’immiscer dans son univers. Elle est tellement insaisissable, j’ai parfois le sentiment que tout me glisse entre les doigts.

Mon regard balaie la toile de bas en haut au-dessus de son épaule. Une femme. Une robe noire et lourde, une poitrine offerte et tailladée, je reconnais chaque détail et m’y attarde – le réalisme est confondant. Lentement, mes yeux remontent le long de la silhouette et en analysant ses contours, je sens mes pupilles se dilater, et j’entends les battements de mon cœur dans chacun de mes organes, comme si mon corps tout entier se mettait à entonner une mélopée entêtante. De longs cheveux noirs entourent son visage. Un visage. Je m’approche un peu plus, lentement. Sur sa joue droite, deux grandes cicatrices verticales, mauves. Et son regard, hypnotique. Diane se tourne alors vers moi, les contours de son visage sont flous, ses traits dissous, je crois qu’elle grimace un sourire. Ses cicatrices ont disparu...


 
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   Pattie   
23/12/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Le côté journal intime n'a pas vraiment fonctionné sur moi. Ca ne ressemble pas vraiment à un journal intime, ou bien ça ne ressemble pas à l'image que je me fais du personnage. C'est trop littéraire pour être le journal intime d'un homme d'affaire. Mais le côté recherché est bien. Il aide à poser l'ambiance, qui est très réussie.
J'ai beaucoup aimé le flou qui entoure l'histoire. Je ne comprends pas vraiment tous les détails, les tenants et les aboutissants, mais je trouve agréable de ne pas comprendre, ça fait un peu plus "peur" quand c'est voilé.

   Anonyme   
28/12/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Un récit intelligemment construit. Une plume alerte, précise. Diane est le personnage qu'on observe, on la regarde faire. Quant au narrateur, omnipotent, tout passe par l'angle de sa plume, on voit comme lui voit, il impose sa vision dans l'histoire.

Le plus de cette nouvelle : sa construction et son style.

Le moins : Des longueurs quelquefois. Diariste, c'est pas si évident.

(Rien d'épouvantable à mon sens).

   placebo   
29/12/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Pas mal du tout :)
Des blancs, surtout à la fin. Que s'est-il passé entre février et avril, Diane n'a-t-elle pas piqué de crise ? On soupçonne un meurtre à la fin, une sorte de réincarnation d'une âme contenue dans le polaroïd, mais je n'aurais pas été contre quelque détails et une montée de la tension angoissante. On voit là en outre les limites du genre (journal, que j'aime beaucoup).

La chanson est sympa sans plus, vague litanie, répétition de payer pas très heureuse, mais je trouve ça assez charmant, un côté romance.

- Connaissais pas Glen Miller :p
- J'aurais bien vu des points-virgules dans l'inventaire rétro-chronologique.
- ''Mel n’est pas vraiment le type sur qui on peut compter,'' un type ou le genre de type ?
- ''J’adorais ce bar, j’y ai rencontré Gaby.'' j'y avais, je dirais plutôt.
- La phrase suivante est une ébauche sympathique de l'atmosphère, mais lourde à cause de vraiment/guère/presque, à mon goût.
- J'aurais bien aimé quelques détails (ou allusions) sur cette rivalité entre parents, ça avait l'air intéressant.
- Répétition de journée, pas compris ''Il m’a dans le collimateur, va falloir que je sois plus prudent avec mes frais.''
- répétition de visage, '' Je suis toujours autant troublé par son regard magnétique.'' bof
- ''soit chez moi ou chez elle'' je préfère quand il y a deux ''soit'' ou pas du tout.
- Il me semblait que le terme ''polaroid'' s'appliquait aux appareils photos de la marque, mais ici c'est tout à fait compréhensible et ce sens existe sans doute :)
- Un peu trop de ces ''on'' très laids et si peu anglo-saxons ^^
- Ah, répétition de ''quasiment plus'' et des mêmes structures limitatives que j'ai cité auparavant, un tic d'écriture ? :)
- ''J’ai profité qu’elle soit sortie pour monter.'' améliorable je pense.
- ''fioriture'' n'est peut-être pas le mot adéquat.
- ''incompréhension incomprise'', bof
- ''elle était accroupie sur moi, pénétrée et à demi-nue,'' ça fait assez bizarre, car elle était partie pour LE pénétrer, et ici la phrase est au passif.
- ''Plus que le contenu, je suis intrigué par la forme.'' par

C'est clair, avec un peu de relecture le texte pourrait être amélioré. Je vois un peu de lumière qui crée une ambiance charmante, mais il faut encore déblayer les ''que'', ''on'', tournures maladroites ou à la syntaxe défaillante. Ça reste correct et réaliste, étant donné le personnage. Mais justement, il y a moyen d'en livrer plus sur lui à travers l'écriture. Les coups de gueule contre le boss, les accents lyriques dans l'ivresse, faut étoffer / tourner un peu différemment.

Bonne continuation.

   Margone_Muse   
16/1/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
C'est pas mal comme nouvelle. Le style journal intime lui donne une atmosphère intimiste et du rythme. C'est assez réussi de ce côté là mais il n'aurais pas fallu que le texte soit plus long, ça serait devenu un petit peu lassant.

L'histoire se met peut être à peine trop doucement en place.

Je ne suis pas certaine d'avoir bien compris la fin, mais je ne suis pas certaine non plus qu'il y ait UNE fin "vraie" et "définie" ici.
Pour moi, la fille de la photo prend doucement vie dans la réalité en remplaçant les corps d'elle-même et de Diane.

Je n'ai pas compris ce passage également : "je me saisis de la photo et l’arrache, éparpillant ainsi les dernières miettes de ma vie." Pourquoi les dernières miettes de sa vie ? Il n'est pas mort, il n'a pas que ce polaroïd dans la vie, le déchirer ne le fera pas perdre Diane à première vue, donc... j'ai pas compris pourquoi ça représentait les dernières miettes de sa vie. Cette phrase sortait un peu de nulle part je trouve...

J'ai relevé quelques phrases qui clochent ou qui sonnent pas bien à mon oreille :
* "Elle y passe désormais ses jours et ses nuits là-haut, (...)"
Il faut à mon avis supprimer "y" ou "là-haut".
* "Ca risque bien de changer bien des choses à l'avenir."
Les "bien" ici n'ont pas la même signification dans la phrase mais leur répétition n'est pas très glorieuse tout de même.

Enfin, une dernière chose : je trouve dommage que les passages où Diane reste enfermée en haut et qu'il n'entend d'elle que ses pas sur le plancher ; où il va voir ce qu'elle y fait quand elle s'absente (la description de l'atelier) ne soient pas plus oppressants. Je suis restée à côté, ne ressentant pas d'angoisse ni rien. C'est super dur à l'écrit, c'est pas comme dans un film (oi c'est plus facile, sans être réussi à chaque fois), mais là pour moi, l'effet n'y était pas et je le regrette un peu.
Disons que le récit était pas mal mais qu'il n'a pas gagné en intensité tout au long de son développement.
C'est en tout cas mon sentiment.

   clotilde   
22/1/2011
Les remarques d'ordre stylistique faites par les autres commentateurs me semblent justes.
Il y a deux histoires dans le texte : celle, assez banale, du narrateur avec son ex-compagne et ses conséquences pour leur enfant puis une deuxième avec Diane.
Personnellement, je n'aurais pas mélangé les deux.
En tant que peintre, je trouve la personnalité de Diane intéressante ( l'aspect qu'elle se donne, cette concentration extrême dans son travail, l'oubli des autres ). Elle est énigmatique pour l'homme d'affaires, et on comprend qu'il y ait des tensions entre eux, car qu'ont-ils en commun ?
Ce que je crois retenir, car il y a en effet un peu de flou, comme quelqu'un le souligne : c'est que l'art aboutit à une métamorphose et qu'on laisse sur la toile ses obsessions.
J'avoue ne pas tout saisir, d'autres lectures me seront nécessaires.

   Calissonne   
5/2/2011
 a aimé ce texte 
Bien
J’aime la construction en journal intime qui permet de s’attarder sur l’essentiel, de dérouler le temps en laissant des zones d’ombre et de vivre l’histoire à travers les yeux du narrateur.
C’est aussi l’écueil du genre, il manque d’un autre point de vue et cela oblige à être très précis dans le choix des événements racontés.
Ici je trouve qu’il y a un déséquilibre dans l’histoire, elle prend le temps de se mettre en place jusqu’à la découverte du polaroïd et ensuite elle est trop rapide.
Je ne suis pas certaine que le divorce et la rencontre avec Diane nécessitent autant de temps, en revanche je pense qu’en étoffant les comportements bizarres de Diane cela aurait amené un peu plus de tension, de suspens, une montée dans l’étrange qui aurait donné plus de force à la fin.
Ce n’est que mon humble avis, mais j’ai ressenti qu’il y avait plus de place donnée aux silences et à l’enfermement dans l’atelier qu’aux confrontations entre le narrateur et Diane, or pour moi c’était là le plus intéressant, voir petit à petit la transformation, la « possession » s’établir. Du coup il manque le frisson et c’est dommage parce que l’histoire est prenante et l’écriture très agréable et maîtrisée.


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