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Sentimental/Romanesque
doriankova : Le vent l'emportera
 Publié le 23/12/07  -  3 commentaires  -  6718 caractères  -  19 lectures    Autres textes du même auteur

La narratrice se meurt. Elle n'arrive pas à accepter son sort...


Le vent l'emportera


C'était une nuit d'automne pluvieuse. La place du Trocadéro avait été désertée pas ses habituels promeneurs. Il était presque deux heures du matin mais nous n'aurions pu rêver être seules ici sans le torrent glacial dont le ciel nous gratifiait.


« Sous la lumière en plein, et dans l'ombre en silence... Si tu cherches un abri inaccessible, dis-toi qu'il n'est pas loin, et qu'on y brille ! » chantait Frigga.


Elle tournait sur elle-même les bras écartés au milieu de la grande place. Les lumières jaunes des lampadaires l'enveloppaient d'un halo aux allures mystiques. J'observais la Tour Eiffel flamboyante en fond et en un instant il me prit l'envie de rester ainsi pour toujours. C'était fantastique. J'avais peur de bouger, de briser quelque chose. Je savais qu'au moindre mouvement j'allais perdre un cadeau de la vie inestimable. Alors je ne fis rien. Elle cessa ses révolutions et son regard bleu se figea sur moi, son sourire d'ange s'éteint. Et elle pleura de nouveau. Mon Dieu, même sa tristesse allait me manquer. Même ses larmes salées que j'avais tant fait couler, et que j'avais tant goûtées sur le rebord de ses lèvres roses allaient me manquer. Tout allait me manquer. Même le souffle bientôt. Mes mains profondément enfoncées dans les poches de mon long manteau de fourrure, je marchais vers elle.


- C'est toi mon étoile, lui dis-je. Tu es ma joie, la beauté de mes rêves et ma mélancolie, lui murmurai-je.

- Veux-tu que nous rentrer ? dit-elle dans son français approximatif.


Les intonations de sa voix étaient cristallines et chaudes à la fois. Elle était si parfaite ! Je ne la méritais pas !


- Allons plutôt à la place de l'étoile. On n'a pas fait tout ce chemin pour ne pas tout voir.


Nous marchâmes longtemps. Cette ville est immense ! Cette ville est si belle ! Nous arrivâmes enfin à l'Arc de Triomphe. Je me mis à penser que tout ça était une mauvaise idée en fin de compte. Je me voyais remplir un tonneau percé. À quoi bon me gorger de souvenirs puisque dans moins de deux mois je serai dans une urne, retournée à la poussière ? Cette idée me révoltait plus que toute autre. Plus que la mort elle même je souffrais à l'idée d'avoir ainsi cultivé mon existence. Je brûlais intérieurement d'avoir rassemblé en moi des moments d'une indéfinissable magie pour les voir ainsi jetés au feu avec mes restes sans vie. C'était donc ça le destin ?


- Rentrons, lui soufflai-je à l'oreille.


La pluie s'était un peu calmée. Nous étions trempées jusqu'aux os. J'avais froid. Mais je ne tenais pas à retrouver la chaleur du hall du George V. Nous descendions les Champs Elysées jusqu'à l'hôtel. Une voiture de Police remontait toutes sirènes hurlantes nous rappelant ainsi à l'horreur qui couvait partout autour de nous malgré l'extraordinaire sensation de féerie qui nous submergeait. Arrivées devant le Palace, je pris la décision ferme et définitive de cesser de faire souffrir Frigga.


- C'est bon, va te coucher. Je vais marcher encore un peu.

- Non ! Tu peux pas rester seule !


Son regard était suppliant.


- Je ne peux pas ! Tu comprends ? Je ne peux pas continuer à te regarder souffrir pour moi. Je veux que tu ailles dormir un peu. Je ne te réveillerai pas en rentrant.


Elle me lâcha le bras, fit deux pas en arrière en me regardant. Ses lèvres tremblaient. Je pense qu'elle savait que c'était des adieux. Elle entra sans se retourner avançant à longues enjambées.


Je pris ensuite en direction de la Seine. L'eau glacée du fleuve me semblait parfaitement adaptée au froid que je ressentais au fond de moi. Arrivée au Pont de L'Alma je remarquai un homme assis sur le parapet. Il était grand et bien bâti. Alors que je me rapprochais, je remarquai la qualité de ces vêtements de haute couture. Il fixait l'affluent avec insistance comme s'il entendait un appel du fond des eaux. Était-il possible que quelqu'un d'autre ait décidé de se jeter d'un pont ce soir ?


- Bonsoir ! lui lançai-je à cinq mètres de lui. Mon ton était las mais appelait à la conversation.

- Bonsoir.


Il ne tourna pas la tête pour me regarder, les yeux rivés sur le noir cours d'eau.


- Vous comptez vous jeter de ce pont vous aussi ?


C'était un ton exaspéré.


- Pourquoi, aussi ? Et puis, qu'est-ce que ça peut bien vous faire ?


Il parlait à mi-voix comme s'il n'attendait pas de réponse.


- Je suis un peu vexée de me rendre compte combien mon projet était banal. Moi qui espérais créer l'évènement.


C’était vrai. J'étais déçue de voir la tournure que prenait cet acte que je voulais solennel.


- J'étais le Roi des Rois savez-vous ? Un homme riche et médiatique, présent presque omniscient, mais personne ne veut de moi ou des miettes de mon cerveau.

- Je vais mourir dans moins de deux mois. Que je saute ou pas je suis condamnée. Personne ne se souviendra de moi à l'exception d'une unique personne. J'emporte avec moi des milliers de souvenirs d'un tel éclat qu'ils éclipsent le soleil.

- Je possède des centaines de choses, mon effigie est partout, mais je n'ai rien de vraiment à moi.


Il enjamba le garde-corps pour venir vers moi.


- Vous n'avez pas l'air mourante, vous êtes rayonnante !

- Je suis très malade, seule une transplantation d'un poumon pourrait me sauver.


Je répétais ces mots machinalement les yeux plantés dans ceux de cet homme plein de charme.


- Permettez-moi de vous en offrir un, me répondit-il avec le plus grand aplomb. Commençons par un café.


Je souris.


Nous marchâmes jusqu'à un de ces bistrots qui longent les quais. La plupart étaient fermés mais celui-là nous attendait. Nous discutâmes jusqu'au lever du jour. Il m'écoutait puis je l'écoutais. Nous donnions l'impression de toujours nous connaître. Au bout d'un long moment de silence à nous jauger, je le pris par la main et le tirai dehors.


- Nous nous sommes dit tant de choses. Et je n'ai fait que remplir un peu plus mon cœur de souvenirs magnifique. Je ne connais pas votre nom. Je ne tiens pas à le connaître mais je sais que vous êtes sincère et vous aspirez au réel bonheur. Je voudrais que vous fassiez quelque chose pour moi.

- Je suis toujours aussi déterminé à vous donner un poumon si vous me le demandez.


Ses yeux ambrés étaient irisés d'or, ils me transperçaient.


- C'est votre cœur que je veux. Mais pas pour moi. Allez au George V et trouvez Frigga. Elle aura besoin de vous autant que vous avez besoin d'elle, même si vous l'ignorez encore. Prenez soin d'elle. Je partirai sereine.


Alors qu'il partait vers elle pour me la voler, mon cœur explosait. C'était le plus horrible souvenir que je pouvais emporter. C'était tout ce qu'il me fallait pour m'en aller. Un souvenir balayant les autres et que le vent emporterait...


 
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   Bidis   
25/12/2007
L'idée sous-jacente n'est pas mauvaise mais ce texte me paraît employer, pour la développer, des images artificielles. Trop de choses se passent, il aurait fallu peut-être développer un peu. L'emphase du ton me gêne à plusieurs reprises et j'ai relevé en outre plusieurs maladresses :
- "révolutions" : évolutions ou circonvolutions mais révolutions... ?
- "son regard bleu se figea sur moi, son sourire d'ange s'éteint" : concordance des temps !
- "tu peux pas"... "je ne peux pas" : ou bien l'héroïne parle bien ou bien elle parle mal, mais pas les deux
- "vêtements de haute couture" : vêtements de qualité serait plus approprié

   Andromaque   
20/1/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↓
C'est un bon texte, avec des qualités d'écriture, bien que je ne sois pas fan de ce genre de lttérature. Cependant, je trouve les personnages stéréotypés et l'intrigue n'a rien de bien nouveau. Mais ce n'est pas vraiment un défaut car il est difficile de faire quelque chose d'entièrement nouveau. En tout cas, bonne continuation!

   Anonyme   
18/4/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
J'ai eu un peu de mal à entré dans ce texte, mais ensuite l'histoire m'a bien plu.
N'étant pas spécialiste en la matière je ne me risquerais pas à faire plus de commentaires. C'est, en réalité, le titre de la nouvelle qui m'a attirée dans cette catégorie "Sentimentale/Romanesque".
Bonne continuation.


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