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Sentimental/Romanesque
doug-pluenn : La dame au chapeau rouge
 Publié le 19/10/12  -  6 commentaires  -  3943 caractères  -  169 lectures    Autres textes du même auteur

Trois personnages, trois destins, trois instantanés.


La dame au chapeau rouge


« Je vais commander maintenant, mais j’attends une amie. »

Ce n’est pas vrai, je n’attends personne. Je souffre de me sentir obligé de dire « je suis tout seul », alors que personne ne me demande rien, surtout le serveur dans une brasserie.


Il pose la tasse de café sur la table. Je pose mon journal. Il s’éloigne. J’attrape le paquet de sucre pour en déchirer une extrémité. La poudre blanche se dissout instantanément dans le liquide brûlant. Je tourne avec la cuillère, c’est passionnant.


À deux pas, une femme, les traits de son visage dissimulés par les larges bords d’un chapeau rouge. Une joue, la ligne du nez, du menton, la pulpe des lèvres juste dévoilées. Le serveur s’active autour d’elle. Il arrive avec un plateau, un grand verre d’eau, une tasse de café. Elle aussi.


De la tenue, élégante, un corsage aux manches bouffantes, un lourd bracelet doré au poignet. Les mains aux ongles vernis, rouge carmin, obsédants. Elle tourne le bras pour consulter sa montre. Un rendez-vous en retard, ou elle s’est juste posée là, pour passer le temps.


Des effluves de parfum viennent jusqu’à moi, le sien ? Je serais tenté d’engager une approche. Elle ne sent pas mes regards appuyés. De ma place en retrait, j’échappe à son attention.

Ses doigts s’agitent, dans son sac elle attrape son téléphone. La lumière bleutée de l’écran s’affiche. Ses doigts s’agitent à nouveau, sur le clavier. Un coup d’œil à la montre, un coup d’œil à l’écran. Cela ressemble à un rendez-vous manqué.


Je n’ai pas ce problème, pas d’attente vaine. À cette terrasse je me suis installé pour regarder les passants, surprendre des bribes de conversation, des petits bouts de vie. Je ne tue pas le temps, c’est le temps qui est assassin. J’ai l’impression de regarder le monde, mais c’est le monde qui m’ignore. Je voudrais croire que je l’attends, elle. Cette femme pose sa marque sur mon cœur, ça va faire mal.


Un autobus dans la rue fait trembler le sol. Des éclats de circulations s’entremêlent. Des dizaines, des centaines de vie se transportent en d’autres lieux. Une moto, un scooter. Une femme avec une poussette d’enfant parle à une autre femme qui avance devant elle sur le trottoir.


La dame au chapeau rouge ne décide pas son départ. Des signes d’impatience, son téléphone, consulté puis posé sur la table près de la tasse à café, certainement vide, comme nos vies à cet instant. Elle le reprend, le scrute à nouveau, cherchant une réponse qui ne vient pas. Puis ses doigts agiles, aiguisés comme des serres, pianotent un message. Les ongles rouge vif, des doigts à faire frémir au contact de la peau.


Le dessin de sa bouche m’échappe, ce qu’elle laisse deviner de ses lèvres attire mes sens. De longs cils, la fine pointe d’un sourcil. Je ne sais rien de ses yeux.


Le serveur dans sa position a le privilège de la dévisager, ou non, à loisir, en toute discrétion. S’émerveille-t-il de l’arrondi du visage, du velouté de la peau ? N’est-elle pas cachée sous la protection des larges bords du chapeau ?


Les minutes poursuivent leur course ailleurs. Sur les trottoirs le bruit des pas feutrés s’étiole. Le jour décline, les voitures ont allumé leurs phares.


Le rendez-vous a rendu les armes, vaincu. Nous restons là, suspendus à cette certitude. Tous les trois, piégés dans nos mondes, brièvement réunis. La femme au chapeau rouge, le cœur meurtri et les yeux brillants. Trahie, mais superbe, toujours élégante. La lumière bleue du téléphone posée sur sa joue.


Le serveur se plaît à garder ses distances. Les rendez-vous n’ont plus de mystères pour lui. Il se tient droit, sur le bras une serviette blanche, luminescente dans les ultimes lueurs du jour.

Envahi par les rumeurs de la nuit, je ne bouge plus, comme plongé dans un rêve. La fraîcheur nocturne descend sur nos épaules. J’ai froid dans mon corps et dans mon cœur. La nuit va nous engloutir. Les dernières lueurs durent une éternité. Nous allons disparaître.


 
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   Anonyme   
14/10/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Ah, j'aime beaucoup ce genre "flash qui en dit long". C'est quelque chose de difficile, que je ne crois pas avoir encore réussi. Là, pour moi, le texte parle, les personnages s'animent, ont une vraie présence. Un bémol toutefois pour la fin, elle au contraire je ne la "sens" pas comme ça : elle me paraît trop appuyée, annoncer trop brutalement ses intentions. Dommage.

"J’ai l’impression de regarder le monde, mais c’est le monde qui m’ignore" : bien vu !

   brabant   
19/10/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Doug-Pluenn,


"Trois personnages, trois destins, trois instantanés" : Trois "personnages" ?... Il y en un qui est aux abonnés béats absents, un autre qui est aux enregistreurs observateurs absents, ne reste que la dame "au chapeau rouge"... De même un seul destin, le sien ; et un mitraillage d'instantanés, pas trois, mais sur elle seulement.

Un lien peut-être : la tasse de café, mais la tasse de café comme attente. Comme l'attente risque d'être longue je souhaite pour eux qu'on leur ait servi un robusta. lol


L'expression est élégante tout comme cette femme en rouge. On ne pose pas de lapin à une femme telle que celle-là ; il doit être arrivé quelque chose à son correspondant, absent lui-aussi.

"Bien -" parce que j'attends le suite... Dépêchez-vous car, pour ma part, je n'ai que de l'arabica à ma disposition...

Merci !

:)

   rosebud   
19/10/2012
 a aimé ce texte 
Pas
Beaucoup trop d'imperfections, d'à-peu-près, ou de maladresses pour que je puisse apprécier:

- pourquoi constater qu'en effet le deuxième paragraphe n'est pas passionnant? Pourquoi pas plutôt l'éliminer?
- elle s'est juste posée là: comme un moineau? Je trouve l'expression disgracieuse, voire impolie avec la dame
- c'est le temps qui est assassin: ça c'est déjà pris (Renaud - Mistral gagnant)
- ça va faire mal: limite hors jeu comme expression dans ce contexte et dans ce style
- un autobus dans la rue fait trembler le sol: un tramway, ou le métro peut-être. Mettons que le bus fasse trembler les vitres
- ses doigts agiles, aiguisés comme des serres: on dirait OSS117. Et plutôt que les doigts aiguisés, j'aurais préféré éventuellement les ongles
- sur le trottoirs le bruit des pas feutrés s'étiolent: on a posé de la moquette sur le trottoir?
- le rendez-vous a rendu les armes, vaincu:??

Je suis sincèrement désolé d'être un peu sévère, mais ça fait beaucoup pour un texte aussi court et dont le concept est potentiellement riche.

   placebo   
20/10/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour,

Je trouve que le texte part sur une base potentiellement intéressante mais qu'il y a de légères maladresses dans le style qui ne me permettent pas de rentrer dans l'histoire.

"le serveur dans une brasserie" : un peu lourd, le serveur d'une brasserie ?
"c'est passionnant" : bien aimé mais casse l'ambiance
"ou elle s'est juste posée là" : pas très clair si c'est une interrogation ou non
"Je ne tue pas le temps, c'est le temps qui est assassin" : je trouve la phrase trop "grandiloquente", un peu comme si elle avait été préparée avant mais qu'elle n'est pas sortie au bon moment, parce que là il me semble qu'il tue bel et bien le temps.
"ou non" : alourdit je pense

Sur le fond, pourquoi pas. Il y a effectivement ce lieu où les trois personnages attendent que le monde vienne à eux mais ils restent seuls. La rue les ignore, la nuit se lève.
Je trouve qu'on en sait trop peu sur les personnages, trop peu d'empathie, trop peu d'intérêt pour cette dame malgré les tentatives du narrateur d'en savoir plus.

Bonne continuation,
placebo

   Anonyme   
21/10/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'aime beaucoup la narration par ce personnage présent sans l'être.
J'aurais aimé plus d'intensité sur la dame au chapeau rouge, une analyse plus approfondie de son personnage et peut-être plus de lien entre elle et le narrateur.
Sinon, j'ai beaucoup aimé le texte dans sa globalité.
Bonne continuation.

   Anonyme   
10/4/2013
 a aimé ce texte 
Un peu
ton texte est intéressant, il captive, plus tu lis plus t'a pas envie de t’arrêter tu a envie de connaitre ce que va faire l'homme. mais très souvent trop de suspence dans un texte tue l'émotion à transmettre


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