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Horreur/Épouvante
dude : Un dernier verre [concours]
 Publié le 04/01/09  -  26 commentaires  -  5249 caractères  -  224 lectures    Autres textes du même auteur

Un homme se réveille piégé en plein désert...


Un dernier verre [concours]


Ce texte est une participation au concours n°8 : Les brèves d'eau (informations sur ce concours).



Derrière ses lèvres craquelées, sa langue avait doublé de volume. Pâteuse et insensible, elle remplissait presque entièrement la cavité de sa bouche.

Le soleil était si brûlant que Chester pouvait apercevoir le disque incandescent derrière ses paupières closes. Pieds et poings entravés, la meurtrissure des cordes incrustées dans ses chairs lui infligeait une vive souffrance. Et le tapis de pierres surchauffées qui s’enfonçait dans son dos ajoutait à son terrible inconfort. Il essaya de bouger. La manœuvre aurait été plus aisée sans cette colonne de fourmis qui avait fait irruption entre ses omoplates. Chester gémit.


« Toujours en vie ? La résistance du corps humain ne cessera jamais de me surprendre, intervint la voix toujours narquoise. » Chester était dans un piteux état mais les intrusions railleuses de son tortionnaire le faisait encore bouillir de rage. « Un peu d’eau fraîche ne vous tente pas ? Je connais votre goût immodéré pour une bonne cuvée de Tartalos. Je gage qu’à présent, même une eau fétide et croupissante suffirait à votre complète félicité ». La voix du professeur Finnegan résonnait dans son crâne. Chester tenta de la chasser de son esprit à la dérive. Ce faisant, il ne put s’empêcher de contempler la bouteille en verre au creux de sa main droite. L’eau qu’elle contenait reflétait un éclat doré. Il reconnaissait bien là la cruauté perverse de son éternel rival.

« Mon cher, une fois encore, nos routes se croisent. Pour la dernière fois, je le crains. » Chester revoyait son costume immaculé, vision incongrue au cœur de ce désert poussiéreux. « Je suis un érudit, un amoureux des sciences. Aussi ne vous tuerai-je pas. Le désert s’en chargera pour moi. »


Il dut admettre que son vieil ennemi avait tenu parole. Sa mâchoire gardait encore le souvenir vivace de la façon dont s’était achevé leur entretien de la veille. Cloué au sol tel le papillon à sa planche, Chester regrettait amèrement d’avoir sous-estimé la rancune du vieillard.

Un élancement dans sa main gauche se rappela à lui. La douleur de ses moignons s’était pourtant atténuée. Il avait perçu le crissement des griffes et s’était mis soudain à hurler. À s’époumoner aussi fort que le lui permettait son souffle.


- Fous le camp, charognard, je ne suis pas encore mort !


Le bec acéré lui avait prélevé deux phalanges avant la fuite du rapace et son trophée sanguinolent.


Les heures - ou les minutes ? - s’égrenaient. Lentes et accablantes. Rythmées par l’ascension inexorable de l‘astre flamboyant au zénith des terres ocre.

Chester avait perdu toute notion du temps. Sa mémoire se mit à divaguer. Comme saute un bouchon hors du goulot, un flot d’images se répandit de manière incontrôlable.

Il se souvint avec effroi de son réveil sur cette lande calcinée. Éprouvant la solidité de ses liens, il s’était débattu comme un forcené. Tandis que la caresse des rayons ardents se faisait plus insistante sur son torse dénudé, une pointe d'épouvante s’enfonçait sournoisement dans sa poitrine. Ses forces le quittaient. En s’arc-boutant, alors qu’il tentait de réveiller ses muscles ankylosés, Chester avait manqué de tourner de l’œil. Depuis, de violents vertiges le submergeaient à chacun de ses gestes.


Les yeux à demi clos, sa vue était inondée par une aveuglante clarté. Il ne distinguait plus rien, si ce n’est les formes mouvantes qui semblaient se jouer de lui. Chester tressaillit. La chaleur suffocante le faisait suer par tous les pores de sa peau, comme si l’eau de son corps s’évaporait goutte après goutte. Quelle angoissante métamorphose était en train de s’opérer ? Il se changeait en une coquille vide et desséchée.

Une lueur de désespoir dans les yeux, il avisa la bouteille qu’enserraient ses doigts gourds. Le visage cramoisi, il observait l’eau tanguer dans son écrin de verre.

Chester voulut s’humecter les lèvres.


- De l’aide… peina-t-il à murmurer.


Aucun son ne sortit de sa gorge asséchée. Seulement des borborygmes à peine audibles. Une larme roula le long de sa joue couverte de cloques.

« Il semblerait que tout n’est pas perdu mon ami, il reste encore une goutte d’eau dans ce corps ». La voix se mit à rire.


- La ferme !


Chester aurait voulu l’étrangler. Cette hilarité décuplait sa colère. En proie à un accès de rage, il serra la gorge de son tortionnaire. Le grand éclat de rire se brisa net. Ce n’était point le cou du professeur Finnegan qui venait de se rompre. Une douleur lancinante fusait de ses doigts entaillés par le verre.

Sous la pression, la bouteille avait fini par éclater.

Hébété Chester fit pivoter sa tête à s’en tordre le cou. Il tenait là son sésame. Un débris de verre fiché entre ses doigts. Fébrile, il cisailla ses liens. Sa concentration était si intense qu’il en avait oublié sa détresse. Enfin libre, sa main valide encore tremblante se saisit du fond intact de la bouteille. Chester le porta à ses lèvres. Avant de s’interrompre. L’eau était peut-être empoisonnée. Qu’importe.

Jamais il n’avait goûté nectar si divin.


 
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   Anonyme   
4/1/2009
 a aimé ce texte 
Un peu
La torture par la soif sous un soleil impitoyable est un grand classique.

Plus qu'une nouvelle en soi, ce texte me donne l'impression d'être extrait d'un roman ou d'une nouvelle plus importante.
Mais sans doute n'est-ce qu'une impression.
J'ai voulu savoir ce qu'était le Tartalos.
Google m'a renvoyé sur Oniris, dans une autre nouvelle de l'auteur.
J'ai bien apprécié le gag.

   Anonyme   
4/1/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Salut dude ! D'accord avec Pierre... On a l'impression que ce n'est qu'une "tranche" d'histoire. Comment est-il arrivé là ce pauvre homme ?
Je reste un peu sur ma... soif. Amicalement. Alexandre

   widjet   
4/1/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Oui, c'est peut-être un grand classique, il n'empêche que le rendu est particulièrement bien retranscrit et ce n'est pas forcément évident. La chaleur, la sécheresse, tout ceci est bien matérialisé grâce à l'écriture plutôt inspirée. Pour ma part, il n'est pas franchement utile de connaitre toute l'histoire entre les deux ennemis pour que l'immersion se fasse.

Pour le moment, je trouve que c'est la nouvelle la plus convaincante du concours.

Widjet

   guanaco   
4/1/2009
En ce qui me concerne, il me manque beaucoup trop d'éléments pour m'accrocher à ce texte.
J'aurais aimé savoir qui est Chester, son histoire, le différend qui l'oppose au professeur. Qui est ce professeur?
La scène de torture et les éléments qui la composent restent confus.
L'auteur joue le carte de l'instantané, cela s'explique sûrement par la contrainte à 5000 caractères. Pour moi, il manque quelque chose.
Merci.
Guanaco

   Anonyme   
4/1/2009
 a aimé ce texte 
Un peu
Je trouve que l'écriture est bonne mais j'ai une impression d'inachevé. Il n'y a pas vraiment de fin.
Dommage. Il me manque quelque chose là.

   Anonyme   
5/1/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Je +1 sur Widjet, pour moi aussi c'est le meilleur texte paru pour le concours que j'aie lu jusque là.

Non seulement le style est agréable... ben vui perdu dans le désert, avec tout qui sèche, on s'ennuie vite si c'est mal écrit... mais en plus, je trouve le sujet bien exploité.

Par contre, je bémol sur le titre, qui à mon sens est trop explicite... et je ne suis pas la reine du titre comme vous pouvez en juger... j'aurais aimé quelque chose qui ne révèle pas directement qu'il va y avoir droit... je veux dire au dernier verre, parce que voilà moi ça m'a gaché la lecture. un peu.

Mais chipot.
Bonne compréhension du thème, belle exploitation.
Merci

   Anonyme   
5/1/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Un agréable ? lecture sans doute oui, mais aussi avec un "tout" petit quelque chose de déjà lu, vu. Le coup du gars attaché dans le désert avec un bouteille est un trop grand classique.

Oui mais une certaine maîtrise qui laisse le texte lisible sans ennui.
Non mais (car il y a aussi un peu de non) cette impression que le texte n(est qu'un résumé d'autre chose, voire un extrait d'une histoire plus longue qui donne l'impression d'un manque d'unité...

Une contradiction qui me gène beaucoup aussi dans ce il peina à murmurer et puis juste après aucun son ne sorti de sa bouche...

Peiner c'est avoir du mal donc FORCEMENT un son doit-être sorti de sa bouche. Attention donc à la précision des images et/ou du vocabulaire.

N'empêche réussir à intéresser sur un thème aussi éculé, c'est pas mal...

   Bidis   
5/1/2009
Où ce petit peu d’eau salvatrice ne signifie pas du tout que le héros l’histoire est sauvé !
C’est bien écrit et l’on a soif avec le personnage…. Mais on attend de savoir s’il s’en sort finalement et comment ?

   Filipo   
6/1/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Je trouve que c'est une façon intelligente de tourner la contrainte des 5000 car., tout en donnant envie de lire rapidement la nouvelle pour obtenir des précisions sur ce qui n'est qu'évoqué. Un procédé classique, dans les nouvelles policières, bien exploité ici. Comme la place manque, les précisions ne viendront cependant pas, ce qui laisse donc un sentiment de fin pas finie... Mais au moins, on a des détails accrocheurs, un certain suspens, du frisson. Et c'est déjà pas mal.

Un détail, justement, me parait guère compréhensible : "il ne put s’empêcher de contempler la bouteille en verre au creux de sa main droite" : la main de qui ? En première lecture, on pense que c'est celle du professeur Finnegan... mais non, c'est celle de chester, car "Sous la pression, la bouteille avait fini par éclater"...

Il y a un manque de précision qui rend la compréhension un peu délicate, là.

   Menvussa   
7/1/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Pas mal, assez bien écrit, mais un manque de crédibilité qui gâche un peu la lecture. l'eau, instrument de torture... Cette carcasse desséchée trouve encore la force de faire éclater une bouteille par la simple pression de sa main... gageons que ce n'est pas celle à laquelle il manque deux phalanges.

   Ephemere   
9/1/2009
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour, je ne peux pas faire de comparaison... je trouve aussi que cela manque de début et de fin.
Ca se lit facilement mais à la fin une seule image, une case d'une BD de Blueberry ?
Le style n'est pas toujours très fluide, peut-être à cause du feu du soleil !
FMR

   Anonyme   
10/1/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Le thème de l'eau par son absence. Bonne idée très bien maitrisée L'ambiance est très bien rendue.
Cette fin qui n'en n'ets pas une m'a mis l'eau à la bouche. merci

   melonels   
12/1/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Les personnages introduits dans ce récit m'ont perturbés puisque je ne connaissais rien d'eux, ils étaient là, point! Pourquoi comment, j'avoue que j'ai été frustrée. Puis le récit m'a emporté, la description de la souffrance qui se lie à la folie ont fait courir mes yeux sur ce texte. Bravo.

   Marian   
12/1/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
L'écriture est savante et le sujet est bien choisi. Je suis assez convaincu de l'utilisation de l'eau. Cependant, c'est un peu curieux d'arriver au cours d'une histoire dont on devine qu'elle se prolonge dans les deux sens au-delà de ce court extrait.
J'ai quand même suffoqué à la lecture de certaines phrases (que j'ai trouvées riches et seches, un peu à la manière d'un gros biscuit au beurre ; j'ai peut-être eu un excès de sympathie pour ce Chester...). Ex: "l’ascension inexorable de l‘astre flamboyant au zénith des terres ocre". Ouh là là qu'est-ce qu'il fait chaud.

   Flupke   
14/1/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
C’est bien écrit. Pas mal de zones d’ombre sous ce soleil néanmoins.
Chipotage : j’aurais plutôt écrit Il semblerait que tout ne soit pas perdu … mais bon le langage parlé autorise une certaine flexibilité. Le thème de l’eau est vraiment central.

   Faolan   
20/1/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
L'histoire est en effet classique mais bien écrite. L'atmosphère est bien dépeinte ! Bravo. J'ai néanmoins eu du mal avec certaines images. Celle-ci par exemple : "Rythmées par l’ascension inexorable de l‘astre flamboyant au zénith des terres ocre". C'est travaillé mais cela fait un peu trop...
Merci.

   Jedediah   
18/1/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Si la situation est somme toute assez classique - un homme ligoté mourant de soif dans le désert - je trouve que le traitement qui en a été fait est satisfaisant.

L'auteur a su se concentrer avant tout sur la sensation de soif de Chester, en imposant sa rivalité avec le professeur Finnegan comme trame de fond.
Le tout est bien écrit, glauque comme il le faut, et la fin - heureuse ? - est bien trouvée.

Bon, c'est pas tout, mais j'irais bien prendre un petit verre d'eau, là...

   fisoag   
19/1/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
nouvelle agréable à lire. L'écriture est fluide. Cependant, j'ai l'impression qu'il s'agit d'un extrait d'un texte plus long dont l'auteur a isolé la partie qui pouvait avoir un rapport avec l'eau. On ne sait pas qui est Chester .
J'ai trouvé quelques invraisemblances. Un homme épuisé par le soleil et mourant de soif ne peut pas faire éclater une bouteille qui plus est pleine d'eau. Je ne vois pas comment il peut aussi avec un éclat de verre se libérer de ses liens si ses deux mains sont attachées. A moins d'être Indiana Jones.
Il manque une chute.
Par contre l'auteur réussit bien à nous faire sentir la chaleur du désert et la souffrance qu'elle engendre.

   Nongag   
22/1/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
La qualité d'écriture est la principale de ce texte. Mais, on a affaire, ici aussi, à une description de torture sans véritable dénouement ni intrigue.

Ça me laisse sur ma faim, franchement.

   marogne   
25/1/2009
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai moi été un peu géné par l'impression que c'était un extrait d'un autre texte. Certains éléments (comme les moignons par exemple) auraient mérités d'être "expliqués" ;même si pour cet exemple précis l'imagination peut y pallier.

'ensemble m'a fait penser à Indiana Jones - sauf que dans un de ces films, on ni'maginerait pas lui infliger des blessures si pérennes quant à son corps.....

L'eau est effectivement présente par sa presque absence, mais presque comme un alibi.

Par contre je salue la maîtrise qui pousse à vouloir, (i) savoir ce qie c'est passé avant, et (ii) savoir comme celà va finir, avec l'espoir bien entendu qu'il s'en sorte (parrce qu'on le croit gentil celui-là).

   Anonyme   
26/1/2009
 a aimé ce texte 
Pas ↑
Difficile pour moi d'accrocher. Je trouve ce texte un peu "cliché", c'est surement voulu mais mal retranscrit.

Et puis je n'aime pas cette sensation d'être parachuté dans une histoire sans en connaitre les tenants et les aboutissants.

Trop peu de plaisir à la lire dommage.

   oskarya   
28/1/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Salut, j'ai fini ma bouteille d'eau en lisant, comme quoi la description de la soif m'a semblé convaincante. toutefois il est vrai que la lecture m'a donné de'un savoir un peu plus sur les personnages et leur histoire. c'est une bonne lecture.

   aldenor   
8/2/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Des trouvailles et de la recherche dans le style mais je crois que ce texte, souvent théâtral, caricatural, aurait du s’orienter plus résolument dans le registre humoristique. Tel quel, on ne sait plus trop si c’est drôle ou effrayant.

   David   
10/2/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Dude,

Une bonne idée, deux personnages posés à toute vitesse, en raison du format court, un instantané pas mal du tout.

Le moins c'est par exemple parce que l'autre, le professeur Finnegan, aurait pu être plombier autant que scientifique, certains détails remplissent au lieu de tisser j'ai l'impression.

   estelane   
12/2/2009
c'est bien écrit; le rendu du désespoir du personnage nous laisse à penser qu'on aimerait pas être à sa place !

   Ariumette   
21/2/2009
D'abord félicitation d'avoir relevé le défi de ce concours !
Mon avis : J'ai aimé l'eau en personnage manquant ! Tu m'as fait voyager dans un vieux western ou dans un Indiana Jones qui aurait mal tourné...

Je note pas cause concours.


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