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Sentimental/Romanesque
Dupraievna : À moi seule
 Publié le 25/03/15  -  9 commentaires  -  7888 caractères  -  110 lectures    Autres textes du même auteur

La fatalité n'engendre que le courage.


À moi seule


Je n’arrive plus à avaler quoi que ce soit. J’ai dix-sept ans. Tout ce qui rentre dans mon corps m’apparaît comme un viol. Toute nourriture m’arrache à moi. Je suis retournée vivre chez mon père. Ma mère se retrouve seule. Tout recommence toujours. Le lien qui se déchire, ma mère qui se brise. Celui qui m’obligeait à l’appeler beau-père a fait ses valises, claquant la porte derrière des années de vie commune. Claquant la porte aux rêves de ma mère qui est incapable de vivre sans hommes. Très certainement en faisant une scène dont seule ma mère a le secret. Elle n’est plus cette femme faible dont j’ai partagé l’intimité autrefois, elle est vicieuse, agressive et profondément aigrie. Elle me reproche d’avoir fait fuir cet homme à qui je n’adressais jamais la parole. Elle me reproche de l’abandonner dès que je ne « trouve plus mon compte ». Elle me reproche mon égoïsme. Mais ce n’est pas moi maman. C’est lui qui me force, c’est lui qui a peur de moi lorsqu’il me retrouve si perdue après avoir passé du temps avec toi. Tu détruis les gens qui gravitent autour de toi. Tu m’insultes maman, me bouffes, utilises mes dernières ressources. C’est pas moi, c’est papa. C’est pas moi qui me suis arrachée à toi. Vous l’avez fait tout seuls. Je suis un pantin dont vous tirez les fils. Avec vous, je n’ai jamais réussi à montrer que j’existais. J’attends la nuit avec impatience, lorsque je peux me cacher pour me retrouver à nouveau. Là où je peux avoir l’illusion d’être une autre.


Louis a dix-huit ans et son propre appartement. Héritage de son père. La mort de son père a provoqué des années plus tard son isolement. Il vit loin de tout, loin de moi, loin de la réalité. Nous nous sommes séparés en mai dernier. Je l’ai quitté, à bout, et je garde en moi la violence de la séparation. Je m’éteins. Je n’ai pas réussi à sauver notre couple, à rétablir le contact. Je me suis battue si fort, et il m’a laissée me battre dans le vide. Plusieurs fois je lui ai demandé d’arrêter le joint pour moi. Je ne supportais plus de le voir dans un état second, à côté de lui-même, l’air hagard et le regard vitreux. Je ne supportais plus d’aimer cet homme qui n’était plus lui-même. Je l’aime encore, et je l’aimerai toujours. Peut-être recevra-t-il un jour mon amour en pleine face. Mais peut-être sera-t-il trop tard. Mon amour ne disparaîtra pas, mais je ne peux continuer à le couver. J’ai échoué. Je n’ai pas réussi à le sauver. Je n’ai pas réussi à nous sauver. Je t’ai tout donné pourtant Louis, j’ai joué la carte du corps pour que tu sois encore un peu à moi. Ma dernière carte. Je t’ai offert ce que j’avais de plus précieux, de plus intime et de plus fort.


Il n’allait plus en cours, ne lisait plus, ne sortait plus, ne vivait plus, mais il fumait. Je vivais à côté d’un mort, sans réussir à le secouer. Les jours passaient sans qu’il s’en aperçoive.

J’ai besoin de toujours garder le contrôle de moi-même et je méprise ceux qui se perdent en route. Même en étant ballottée entre mon père et ma mère, j’ai toujours cherché à rester dans le contrôle. Je contrôle mon corps. J’ai toujours été très mince, mais le vide de ma relation m’avait poussée à manger, pour me remplir. Toujours plus, jusqu’à ne plus reconnaître ma chair. Prendre ce que Louis ne voulait me donner.


Arrivée chez mon père, je passe de longues journées seule. Je suis ma seule amie. Et je n’aime pas l’amie que je croise dans les miroirs. La nourriture se retourne peu à peu contre moi. Elle devient ma pire angoisse. Je la fuis pour retrouver celle que j’étais. Et plus je maigris, plus il m’est impossible d’échapper à cette spirale. Chez mon père, personne ne me surveille, je peux continuer à maigrir sans alarmer personne. Mon père ne rentre pas avant vingt et une heures. Je suis libre de décider ce qui remplira mon estomac. Comme un rituel, j’avale quatre bols de thé. Je ne sens plus la faim. J’ai cessé de manger lorsque nous nous sommes quittés avec Louis.


Je me sens étouffer dès que je mange trop. Je suis obsédée par mes os saillants, par l’épaisseur de mon ventre, par mon poids lorsque je marche dans la rue. Je ne veux rien ressentir, je veux qu’il soit léger, vide, transportable partout. Quelquefois, une force me pousse hors de la maison et je cours dans la nuit glaciale jusqu’à n’en plus pouvoir. La Lou d’autrefois a laissé la place à un squelette sombre et triste.


À trente-sept kilos, je m’écroule au milieu du boulevard Saint-Germain. Je me réveille sur un lit d’hôpital, une sonde dans le nez. Mes parents sont en larmes. Je voudrais pouvoir m’enfuir de ce lieu austère, habité par la mort. Il vous faut un évanouissement pour que mon désespoir vous arrive en pleine tronche ? J’ai envie de pleurer, et en même temps j’ai réussi le défi que je me suis lancé : à leurs yeux j’étais devenue transparente. Voir mon corps sur un lit d'hôpital est un électrochoc pour eux. J’avais tiré sur la sonnette d'alarme. Je les contrôlais à présent, ils se sentaient impuissants et je savourais cet instant. J’avais réussi à les introduire dans ma nuit, ils en étaient prisonniers. Ils m’ont placée à l'hôpital Cochin, maison pour les jeunes filles sans chair. Je pourrai partir dès que mon poids sur la balance aura augmenté. De treize kilos…


Ce pavillon aseptisé se veut accueillant, les médecins sont souriants mais les chambres sont sombres et sont pareilles à des cages. Ils enferment des corps dans des cages et leur jettent de la nourriture. Cinq plateaux repas par jour. J’ai perdu depuis mai quinze kilos. L’équivalent de cinq kilos par mois. La mort ne me fait pas peur. J’arrive toujours à penser. Ils ne m’auront pas, avec leur regard bienveillant et leur faux-semblant. Ils n’auront pas mon âme, ils n’auront pas mes mots. À la question pourquoi je n’ai pas de réponse. J’en ai mille. Je veux plus être au monde en tant que corps. Je veux plus me déplacer avec un corps lourd. Il y a cette voix assourdissante à l'intérieur de moi qui me dit qu'il n’y a pas d’autre solution. Je veux être légère, flotter, trouver ma porte de sortie.


Je me sens traquée. Il y a toujours une ombre qui me poursuit. Même quand je vais aux toilettes. Tous mes actes sont contrôlés et mes journées sont notées sur un carnet. Je n’ai plus de nom. Je suis une âme à sauver, rien de plus. On me donne de l’Ensure hyperprotéiné que je n’ai même pas le luxe de vomir. On me suit, m’écoute, note scrupuleusement chacune de mes divagations sur papier. J’ai des trous de mémoire, j’arrête souvent mes phrases en plein milieu. Des fois je choisis, comme une provocation, de ne pas les terminer. Vous ne rentrerez pas dans mon cerveau, vous ne me volerez pas ce qu’il me reste.


Je voudrais partir, oublier, tout recommencer comme avant. Le reflet de ma silhouette maladive sur les vitres du grand réfectoire la nuit est comme un défi. Elle me semble chaque jour plus épaisse, plus lourde, me rappelle le poids que j’ai au cœur. Où suis-je donc passée ? Où ai-je disparu, moi ? Quand je me regarde dans le miroir je ne vois qu’une fille anguleuse, sans vie, à la limite du cadavre. Un rideau de cheveux noirs encadrant un visage maigre, cerné, avec des yeux en tête d’épingle noirs et furieux. La chair a fondu, la chair pâlit, je suis désossée et transparente. Je vois les veines bleues à travers ma peau. Si c’est pour faire vivre un cadavre, pourquoi me maintenir en vie ? Pourquoi s’acharner ? Je n’ai rien demandé moi ! Je ne trouve plus les vraies raisons aux choses. Ici je tourne comme dans un bocal. Laissez-moi une dernière fois revoir la vie à l’air libre, revoir le soleil que je fuis, emmenez-moi loin pour que je me rappelle de mes instants heureux.


Ici je compte les heures qui ne passent pas assez vite, les grammes que je prends, les bouchées que j’avale, les pas qui me séparent du réfectoire, les mots écrits à mon sujet sur le carnet. Je compte en attendant la fin.


 
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   Asrya   
25/2/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↓
"Je n’arrive plus à avaler quoi que ce soit. J’ai dix-sept ans. " --> je dois avoir l'esprit mal tourné. D'entrée, j'ai souri.

"Tout ce qui rentre dans mon corps m’apparait comme un viol" --> J'ai écrit la remarque précédente sans tenir compte de la suite ; je m'inquiète.

Ouf. Pas la peine de s'inquiéter. (je m'interroge sur mon esprit)

"Je vivais à côté d'un mort, sans réussir à le secouer." --> pas mal.

Un sujet dur et délicat. Plutôt bien traité ; je trouve en tout cas.
Un sujet qui m'intéresse, qui m'interpelle. Pour le coup, vous êtes tombé(e) sur un lecteur concerné ; concerné non pas par cette addiction, cette maladie, mais par une autre du même domaine (la nourriture, l'alimentation et ces dérives).
Un sujet qui retient mon attention, une lecture que j'ai suivie avec le plus grand intérêt.
C'est bien écrit, bien raconté ; un témoignage de qualité.
Après, bon, je suis un peu "déçu" (le mot est fort mais je n'en trouve pas d'autre) par l'angle de vue de cette histoire. Un angle de vue unique : celui de la jeune fille.
De la sorte, je trouve que cela "manque" de profondeur, de réflexion et de recul sur le thème abordé.
Je comprends la démarche malgré tout : se mettre à la place de cette jeune fille qui ne veut plus vivre, plus dans ce corps, plus dans ce corps trop lourd. Une jeune fille qui veut flotter, être transportée par le vent, à l'air libre : être heureuse à nouveau.
Un amaigrissement poussé à l'extrême qui dépasse le stade de l'anorexie mentale, puisque le souhait de cette jeune demoiselle n'est pas de maigrir, mais de disparaître complètement ; une dépression excessive qui s'exprime par la nourriture et la (non)volonté de s'alimenter.

Second regret quant à cette nouvelle : la longueur.
Peut-être que cela vient de mon attrait pour ce type de lecture, mais je trouve que l'hospitalisation est vraiment rapide.
Puisque la narration se centre sur la jeune fille et elle seule, peut-être qu'il aurait été (plus) judicieux de détailler davantage ses souffrances, son mal être, la progression de ce dernier, les premiers symptômes, la naissance de l'addiction, la tentative de contrôle etc.
Bien sûr, c'est votre choix.

Je suis ravi de vous avoir lu,
J'espère avoir l'opportunité de vous lire à nouveau,
A bientôt.

   Neojamin   
1/3/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,

Un texte bien écrit, prenant, j'ai lu d'une traite sans m'arrêter...c'est donc déjà une réussite. Sur la forme donc, pas grand chose à dire, le rythme est bon, un ou deux dialogues auraient peut-être pu aérer le tout, c'est juste une idée comme ça.

Sur le fond, l'idée, le personnage, rien de nouveau, c'est assez classique comme raisonnement mais c'est bien amené, c'est sincère et j'y ai cru. Après, je trouve dommage de rester dans la confession. Avec ce style, cette sincérité et ce rythme, le lecteur est ferré... prêt à gober tout ce qui vient, dommage d'en rester là non ?

Très bon donc...mais je reste sur ma faim...
Merci

   Automnale   
26/3/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↓
J'ai hésité à commenter ce texte, tant le sujet choisi est dramatique. N'étant pas du tout compétente pour évaluer les causes, symptômes, traitements, méfaits de l'anorexie..., il est bien évident que mon propos ne concernera que l'aspect purement littéraire.

Lou, jeune fille de 17 ans, ne s'alimente plus. Avec ses parents, rien ne va. Sa mère, dit-elle, est "vicieuse, agressive et profondément aigrie". Cette mère lui reproche d'avoir fait fuir l'homme qu'elle devait appeler "beau-père"... Quant au père, chez qui elle vit, il est pris ailleurs, revient à la maison à 21 heures... "Avec vous, leur reproche Lou, je n'ai jamais réussi à montrer que j'existais".

Lou avait un petit ami, Louis, 18 ans, drogué, l'air hagard, le regard vitreux... Elle l'aimait, mais ne supportait plus son état second. La séparation a été si violente que Lou a cessé de manger. La nourriture s'est retournée peu à peu contre elle... Arrivée à 37 kgs, elle s'écroule sur le boulevard Saint-Germain, se réveille sur un lit d'hôpital avec, dans le nez, une sonde... C'est la descente aux enfers...

Ce récit semble bien documenté. Les raisons susceptibles d'entraîner cette terrible anorexie sont explicites, peut-être plausibles...

En revanche, l'écriture pourrait être améliorée. J'ai un peu l'impression que tout - rancœur, mal-être ou mal de vivre, souffrances, parents, petit ami... - a été "craché", sur papier (ou sur écran), sans guère se soucier de l'aspect littéraire.

- "... ma mère qui est incapable de vivre sans homme. Très certainement en faisant une scène dont seule ma mère a le secret" (enchaînement mal formulé).

- "Je suis obsédée par mes os saillants... je veux qu'il soit léger, vide, transportable partout" (qu'est-ce qui doit être léger, vide ?).

- "J'ai besoin de toujours garder le contrôle..." (quatre "toujours" dans le même paragraphe).

Et cette absence de négation à : "Je veux plus être au monde... Je veux plus me déplacer..."...

Louis a donc 18 ans. Lou ne supportait plus d'aimer cet homme (est-on un homme à cet âge ?).... L'ébauche soudaine du dialogue, entre autres avec Louis - "Je t'ai tout donné pourtant, Louis" - , est maladroite...

Pour les côtés positifs, j'ai aimé (parce que réaliste) "Elle me reproche de l'abandonner dès que je ne trouve plus mon compte"... J'ai aimé, aussi (parce que juste et bien trouvé), "Je suis ma seule amie"... J'ai aimé, enfin (parce que évocateurs), "des yeux en tête d'épingle noirs et furieux".

Ce récit, perfectible quant au style, a le mérite d'évoquer un sujet difficile. Il suffirait de prendre la peine de le peaufiner, car il le vaut amplement.

Je me souviens fort bien de "M'oublier" (ou La Miroiterie), texte, que j'avais apprécié, du même auteur qui, manifestement, possède le goût d'écrire, et a beaucoup de choses à raconter.

Merci, Dupraievna. Je vous encourage vivement à continuer dans le domaine de l'écriture. Dès lors que les critiques ne concernent que la forme, ce n'est vraiment pas bien grave !

   in-flight   
26/3/2015
Un regard clinique sur le manque d'affection, le manque d'amour, le manque de vie finalement.

"j’ai réussi le défi que je me suis lancé : à leurs yeux j’étais devenue transparente" --> Ironie maitrisée ou hasard des mots ? :-)

"J’ai perdu depuis mai quinze kilos" --> C'est le déterminant possessif "mes" qui doit être placé là (et non pas le joli mois de "mai")

"Je veux plus être au monde en tant que corps" --> "Je NE veux plus...." (à moins que cela ne fasse partie du style d'écriture mais, si je me pose la question c'est que ce n'est pas clair)

   Anonyme   
28/3/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Texte dérangeant pour moi parce que je ne sais pas comment le prendre.
Ma façon de le recevoir sera différente si c'est une fiction pure (ce qui serait un exploit) ou si c'est tiré d'un cas personnel.
Quoi qu'il en soit les souffrances dues à cette maladie sont magistralement décrites et la fin est terrible. J'ai rarement lu un texte sur le sujet d'une telle qualité.

   Anonyme   
1/4/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Au niveau de la forme il y a encore des progrès à faire. Je note des répétitions (« Héritage de son père. La mort de son père », « les chambres sont sombres et sont pareilles à des cages. Ils enferment des corps dans des cages »), des phrases mal formulées et quelques incohérences. Par exemple à la fin vous dites voir une « silhouette maladive (...) chaque jour plus épaisse, plus lourde » pour juste après dire le contraire « je ne vois qu’une fille anguleuse, sans vie, à la limite du cadavre ».
Je trouve également que vous abusez de phrases courtes qui brident votre pensée. En les allongeant elles gagneraient de la force, seraient davantage expressives.

Sur le fond c'est bien, l'histoire est crédible. Les sentiments contradictoires de la narratrice sonnent justes et font comprendre le cheminement inexorable vers la maladie mentale, en l'occurrence l'anorexie. On sent une grande fragilité, une espèce de blessure narcissique qui se retourne contre le corps. Un chantage affectif aussi, adressé d'abord à la famille mais dans lequel la narratrice se trouve piégé.

Votre écriture est prometteuse et ne peut que s'améliorer avec l'expérience, la maturité. En l'état elle m'apparait encore trop éparpillée.

   Anonyme   
7/4/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un parfum de mon commentaire :
Un texte très parlant et très émouvant .
j’espère bien vous relire dans les jours à venir . bonne continuation .
Iris LESYEUX .

   Anonyme   
2/5/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Le thème est bien choisi et abordé quoique cela se termine un peu rapidement, petit souci au niveau de la négation (avec les "je veux plus") mais c'est peut-être ton style d'écriture ! Ce n'est pas mon texte "favori" mais il n'empêche qu'il est bien rédigé et est très réaliste. D'ailleurs, tu as dû bien de documenter pour savoir donner autant de détails (que ce soit sur les symptômes ou la clinique). Enfin voilà, continue !
Ps : j'ai particulièrement apprécié la fin, tragique...

   Lulu   
3/5/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Ce texte me semble être un torrent. Cela commence par des phrases courtes, percutantes, puis le flot des mots se déversent à un rythme où le "je" l'emporte.

Ce "A moi seule" relève de l'urgence de dire, de témoigner d'une souffrance que l'on ne peut guère remettre en question. Au titre, répond d'ailleurs une phrase : "Je suis ma seule amie", mais les mots sont là, fort heureusement pour être dits et transmis au lecteur.

J'ai bien aimé lire ce témoignage qui me rappelle ceux de jeunes filles qui vivent le même calvaire. Je regrette cependant qu'il n'y ait pas de note d'espoir à la fin, car au début, on sent un certain recul, une distance par rapport à ce qui est raconté. On se dit qu'il y a peut-être une issue. Or, il n'en est rien à la fin. La narratrice reste prisonnière de sa maladie mentale.

Cela dit, cela dit la difficulté que traversent les jeunes filles anorexiques. Tout n'est pas simple, et tout ne finit pas joyeusement rapidement. Sans doute en guérit-on dans le long terme.

Concernant la narration, j'ai été étonnée de trouver cette phrase "J’ai cessé de manger lorsque nous nous sommes quittés avec Louis." En effet, elle me paraît inutile, car nous le supposions dans ce que vous racontiez précédemment...

Tous mes encouragements pour la suite.


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