« Bonjour, et merci de me recevoir si rapidement. Félicitations ! J’ai déjà vu de très beaux bureaux, de somptueux même, et je peux dire que le vôtre me plaît beaucoup. Comme vous en a sans doute informé votre assistant, je fais l’objet d’une plainte que la famille de mon défunt mari a portée contre moi. Abus de droit et usage de logiciels illégaux, pour être exacte ; dans le cadre de la mise à mort de mon époux. Je ne suis pas particulièrement inquiète au sujet de l’affaire. En balayant les jugements rendus pour des cas similaires, il m’est apparu évident que n’importe quel avocat un tant soit peu compétent n’aura aucun mal à casser l’accusation pour abus de droit. Il suffira alors de négocier une condamnation financière pour l’utilisation des logiciels pirates. Donc rien de bien menaçant en soi. Ce qui me préoccupe, c’est l’impact de cette affaire, toute cette affaire, sur mon travail. J’occupe un poste à haute responsabilité dans une grande entreprise intercontinentale.
» Je dirige le pôle Research Developement and Implementation pour Human Yield. Je ne veux pas faire preuve de prétention, ni même de flatterie, mais vu l’importance de certains dossiers que vous avez traités, je suis sûre que vous saisissez le degré de concentration à mobiliser pour réussir lorsque l’on évolue à ce niveau de responsabilité. La moindre de vos réactions, le moindre de vos gestes est constamment épié, analysé par ceux qui vous entourent. Qu’il s’agisse de vos collègues directeurs, de votre P.-D.G. ou de vos collaborateurs. Ils construisent jour après jour une image de vous à partir des éléments que vous leur donnez, et la cohérence de cette image détermine la confiance et le respect qu’ils vous accordent. Cette histoire m’a empêchée de rester concentrée sur mon travail. Je n’ai pas commis d’erreur, du moins aucune qui puisse m’être reprochée, mais le plus important n’est pas là. Une fraction de seconde d’hésitation, un sous-entendu mal interprété, un voile d’irritation dans la voix… Sous le coup de la fatigue et de l’émotion, j’ai lâché ce genre de petits riens, d’infimes signes qui font que peut-être, pour certains, je ne suis plus tout à fait infaillible. J’ai perdu mon mari. Je refuse de perdre ma carrière. Il faut que j’obtienne gain de cause le plus vite possible pour mettre cette histoire derrière moi. C’est la seule solution si je veux être à nouveau efficace dans mon travail. Et c’est ce que j’attends en m’adressant à vous.
» En ce qui concerne les faits, je dirai qu’il est nécessaire de remonter trois mois en arrière pour comprendre les raisons qui m’ont poussée à agir de la sorte. Mes premiers doutes datent de cette période. Mon mari a toujours été très bon amant. Le sexe est, de mon point de vue, un des ciments principaux du couple. Une chose m’avait séduite, je dirais même touchée : il donnait l’impression, lorsque nous faisions l’amour, de prendre cela comme un cadeau. Durant les sept années de notre union, il m’aimait toujours avec la même ferveur qui, je dois le dire, alimentait mon propre désir. Je ne vous livre pas ces détails de ma vie intime par plaisir exhibitionniste, bien au contraire. Le fait est que ce trait a disparu chez lui il y a trois mois. Je m’en suis aperçue immédiatement. Peu de choses avaient changé mais des détails dans le regard, le souffle, l’automatisme des caresses surtout, m’ont fait réaliser qu’être au lit avec moi était sans importance pour lui à présent.
» J’ai commencé par m’interroger, m’observer d’un œil critique dans le miroir, m’intéresser de plus près au regard des hommes et femmes de mon entourage. Ce regard-là ne trompe pas ; et je n’y ai pas lu l’écho d’une beauté sur le point de se faner. Je l’avais laissé me dévorer d’amour pendant des années, sans doute était-il nécessaire de raviver la flamme. Je nous avais imposé une période de manque afin d’exciter son désir. Au lieu de me réjouir, les quelques avances que m’a faites mon mari durant cette abstinence programmée m’ont alarmée. Il faut que vous sachiez que notre réussite sociale et professionnelle, à mon mari et moi, est due à notre talent partagé pour sentir les motivations des individus qui nous entourent. Et je peux affirmer que ses avances ne ressemblaient en rien à des manifestations de désir. Il avait percé ma manœuvre et senti que, derrière mon masque de lassitude, j’attendais des signes de sa part. Il me les avait donc fournis, de façon mécanique. Lorsque votre mari cesse de vous désirer, il n’y a que deux solutions : soit votre corps s’est affaissé brusquement, soit il vous a remplacée. Ayant déjà exploré la première hypothèse, je dus me résoudre à la seconde, partagée entre l’envie folle de trouver une autre explication et la conviction écœurante d’être dans le vrai. Dans la courte investigation qui a suivi, mon but n’était plus de découvrir la vérité. Je cherchai une preuve, une certitude, pour faire taire des espoirs que je savais déjà vains, et ancrer ma réaction sur du concret. J’ai décidé de fouiller sa mémoire, tout simplement.
» Nous avions partagé l’accès à nos mémoires au moment d’emménager ensemble, en même temps que la signature du contrat d’union et des droits de mort. Nous étions confiants, amoureux. Je n’ai croisé que très peu de couples unis par un tel sentiment. Un amour plein, qui part d’un amour de soi et englobe l’autre entièrement… Même en voyant le résultat aujourd’hui, je vous souhaite de connaître cela un jour. J’ai dû mettre moins de dix minutes à trouver. Il faut reconnaître que j’avais de bons critères de recherche : souvenirs sensoriels / créés il y a moins de six mois / consultés plusieurs fois au cours des trente derniers jours. Onze fichiers issus de ses souvenirs correspondaient ― je revois encore les icônes du dossier de résultats ―, dont, à ma grande surprise, cinq fichiers professionnels. La dernière réunion du conseil d’administration de la société qu’il dirigeait ; et les entretiens individuels les plus récents avec ses collaborateurs de l’équipe de direction. Venait ensuite "Gasoline", extrait du concert des Red Weather, groupe d’imitation des célèbres Dead Weather des années dix, que nous étions allés écouter quelques mois auparavant. Les derniers fichiers contenaient des, comment dire… ils contenaient ce que je cherchais. Le premier datait d’un mois, le deuxième de moins de deux semaines. Les trois suivants avaient été enregistrés à deux jours d’intervalle les uns des autres. Je suis certaine d’avoir reconnu sur la miniature du dernier, vieux d’à peine vingt-quatre heures, la terrasse d’un café du quartier. Un lieu public. Des gens que nous connaissions tous les deux auraient pu passer par là et voir mon mari s’afficher avec cette… cela ne vous servira à rien que je la décrive. Pour moi, ça sera toujours une pute, ou une salope. J’espère juste qu’aujourd’hui c’est une pute malheureuse.
» Je me suis quand même forcée à ouvrir un souvenir, pour vérifier, avoir la conscience claire par la suite. Pas en mode ressenti. Seulement la vidéo. Oui, c’était bien le corps de mon mari. Oui, il passait bien à l’acte. Même sans le son et en accéléré j’ai failli craquer. Après avoir enregistré les fichiers dans ma propre mémoire, j’ai essayé de les dupliquer dans la sienne, à l’infini. Pour que la masse de ces souvenirs lui fasse éclater la tête et qu’il en crève. Cela n’a rien donné, évidemment : vu que ce n’était pas ma mémoire, je ne pouvais rien y modifier. Cependant l’idée m’avait bien plu. En y réfléchissant, je crois qu’elle s’est imposée à moi en quelques minutes. De toute façon je n’aurais jamais pu lui pardonner. Le quitter revenait à laisser le champ libre à sa maîtresse. Je ne doute pas qu’elle aurait su tortiller des fesses et placer ses petites crises de jalousie. Il aurait cessé de penser à moi avant même d’avoir réalisé combien il m’avait trahie, blessée et humiliée. C’était tout à fait hors de question. Le tuer, sans souffrance, d’un seul coup : non seulement je n’y voyais aucun sens mais je trouvais cela trop facile. J’aurais eu l’impression de lui faire un cadeau d’adieu en lui offrant une mort rapide. En fait, je n’ai pas vraiment choisi. C’est allé de soi.
» J’avais déjà eu des raisons d’en vouloir à certaines personnes, mais jamais au point de vouloir faire, littéralement, exploser quelqu’un de souffrance. Je n’avais aucune idée de comment procéder. J’ignorais même si c’était réalisable. J’ai donc utilisé mon temps libre de la semaine suivante à accumuler des informations, contacter des personnes de mon entourage, demander à ce que l’on me fasse confiance, que l’on me rende un "petit service" sans poser de questions, jusqu’à être certaine de la méthode à employer. Au bout du compte, j’entrai en communication avec une boîte vocale automatique m’indiquant de me rendre à "La Soli, B4" afin de me procurer les logiciels illégaux dont j’avais besoin. N’ayant jamais été confrontée au marché noir, je m’attendais à retrouver tous les clichés dont nous abreuvent les médias : un rendez-vous dans un bar glauque avec quelqu’un de visiblement déséquilibré, une négociation tout en sous-entendus entrecoupée de tics nerveux, des menaces si je venais à parler et un échange en dessous-de-table pour finir. Rien de tout cela n’a le moindre rapport avec la réalité.
» La Soli est le diminutif pour le quartier de la Solidarité qui est perché au-dessus de Septèmes ; le B4 n’est pas un bar mais un numéro de bâtiment. Rien de particulièrement glauque, à part les vieilles paraboles écaillées dont les supports dégoulinent de rouille. C’est surtout triste et mort. Pas de face-à-face cachottier non plus mais cinq minutes dans une des files d’attente, vous pouvez noter le pluriel, à subir le mistral au milieu des tours de béton, avant d’atteindre la rangée de vendeurs. Je dis bien la rangée car, à part le décor, on se croirait vraiment dans un supermarché. Mon vendeur était très propre sur lui, vêtu à la dernière mode des traders de la Joliette, un costume trois-quarts noir Ass&Dick, tout de même retroussé sur la manche gauche pour laisser voir la fresque de scarifications sur son avant-bras. La seule question à laquelle j’eus droit fut un signe de tête m’indiquant mon tour d’avancer. Après quelques hésitations, j’achetais mes logiciels : un Dominator Pack, composé d’un Ripper et d’un Egg, plus un Shunter et un Ampli. Moi non plus, je n’avais aucune idée de ce que c’était il y a quelques jours. Je vous expliquerai plus tard à quoi correspondent ces produits, vu que je suis attaquée pour leur utilisation.
» Après avoir quitté La Soli, je suis repassée chez moi pour cacher la clef USB contenant mes achats et me préparer à sortir. Mon mari n’était toujours pas rentré, comme souvent ces derniers jours. Même si je bouillais intérieurement, ses absences répétées simplifiaient mon organisation. Je passai une tenue engageante. À la limite de la provocation, au cas où je viendrais à croiser une connaissance, et me versai un imposant verre de Jet 27 avant de reprendre la voiture, pour me donner le courage de passer à l’étape suivante. Après avoir roulé au hasard des rues pendant une heure, je finis par trouver ce que je cherchais, aux abords de l’Estaque, en dépassant un camion à pizza. De la rue, le type discutant avec le pizzaïolo m’avait paru d’aspect particulièrement repoussant : gras, des restes de cheveux mi-longs tombant sur un débardeur trop petit qui mettait en évidence les poils des aisselles et du dos. Je laissai la voiture et m’approchai du camion. Arrivée au comptoir, je saluai les deux hommes et commandai une bière au patron tout en souriant au type que j’avais repéré. En plus d’être aussi laid de visage que de corps, il avait de petits yeux noirs qui respiraient la bêtise et dégageait une odeur âcre d’alcool transpiré. Il me dénuda du regard, s’attardant sur mes seins et mes fesses, avant de me souhaiter bonsoir d’un air de défi. Je bus la moitié de ma bière d’un trait, avant de lui demander s’il pouvait m’indiquer la direction d’un hôtel, puis l’autre moitié quelques secondes plus tard lorsqu’il eut accepté de m’y accompagner.
» Dès que ce fut fini, je me glissai hors du lit, récupérai mes affaires et fuis vers la salle de bains. Je mis de la musique pour couvrir le son du loquet lorsque je verrouillai la porte, posai mon taser à portée de main sur le lavabo et me jetai sous la douche. Depuis, rien n’y fait. Je me sens toujours sale, juste un peu moins chaque jour. En sortant de la salle de bains, je constatai que son débardeur gisait toujours au sol. Il ne s’était pas rhabillé, ce qui le retiendrait sans doute de me poursuivre hors de la chambre si l’envie lui prenait. Cette idée me permit d’assurer mon ton avant de lui adresser la parole. Je lui expliquai que je n’allais pas avoir le temps de le raccompagner au camion mais que j’avais passé un moment magnifique. Est-ce que ça le dérangeait si je prenais son numéro pour le rappeler bientôt ? J’étais mariée mais ne comprenais pas ce qui m’arrivait avec lui, j’avais très envie de le revoir… et il y a cru ! Je me demande encore comment il a pu s’imaginer que je pourrais… Bref, mimer l’amoureuse déchirée devant fuir sa passion s’est révélé particulièrement efficace pour prendre congé. Je quittai l’hôtel au pas de course, satisfaite de mes enregistrements. Rentrée chez moi, j’installai les logiciels achetés à La Soli dans mon propre répertoire, avant de presser la capsule d’acide destinée à rendre la clef inutilisable. J’étais prête. Le reste se résumait à des détails de mise en scène, et à patienter jusqu’au retour de mon époux. Je tuais le temps en me versant du Chinon, remuais mon verre pour me perdre dans le rubis du vin, méditais sur les analogies entre ce breuvage aux arômes délicieux mêlés de poison alcoolique et la vie, qui dissimule une chausse-trappe derrière chaque grand bonheur. Je commençais à regretter mon couple, presque à me sentir veuve, au moment où mon mari a ouvert la porte.
» En me trouvant immobile, assise à l’attendre un verre à la main, il redoubla d’aplomb pour jouer sa comédie pathétique d’homme éreinté par le travail. Il prit soin de ne pas m’approcher et de croiser mon regard le moins possible tandis qu’il me posait une série de questions sur ma journée. Je répondis évasivement et le stoppai au moment où il tentait de quitter le salon. Le savoir encore maculé du parfum de sa maîtresse alors qu’il déambulait dans notre appartement me mettait hors de moi. Je ne voulais pas qu’il lave cette odeur, elle allait me donner le surplus de volonté nécessaire au moment crucial. Je lui demandai de venir s’asseoir à côté de moi car nous avions à parler. Il hésita à se servir un verre avant de me rejoindre mais se ravisa. Je le regardai sans rien dire, laissant croître son malaise, avant de lui demander s’il m’aimait. De but en blanc. J’avais prévu de déclencher mes logiciels dès qu’il répondrait "Mais bien sûr ma chérie ! Comment est-ce que tu peux en douter ?" Je voulais que son mensonge signe sa propre perte, et me décharge en quelque sorte. Il éluda la question. Peut-être avait-il flairé le piège, en tout cas il prétendit ne pas pouvoir me répondre. Il ne savait pas où il en était en ce moment, etc. Sa réponse me désarma et je dus faire appel à toute ma volonté pour lancer le pack.
» Le Dominator Pack joue sur le fait que notre système nerveux fonctionne de la même manière que le réseau Internet auquel il est relié. Les échanges d’informations entre ordinateurs reproduisent la communication entre neurones et, depuis leur mise en ligne WiFi il y a une trentaine d’années, chaque poste informatique et chaque terminaison nerveuse se sont unis comme les fibres différentes d’une même toile. Le Ripper du Dominator Pack m’a permis d’utiliser le réseau pour accéder au système nerveux de mon mari. Il a éventré, d’où son nom, les protections de ma cible, pour me mettre en position d’agir à ma guise sur toutes les informations présentes au sein de son système nerveux. En temps normal, Internet repère ce type d’anomalie et lance immédiatement une procédure d’intervention. L’Egg, seconde partie du pack, remplace la cible au sein du réseau et simule son fonctionnement normal. En une fraction de seconde, mon mari s’est retrouvé coupé du reste du monde, incapable d’éprouver une sensation, d’esquisser le moindre geste ou de raviver un souvenir que je n’aurais autorisé. Sans l’avertir, je lui envoyais une communication qui contenait mes souvenirs personnels enregistrés avec le type du camion à pizza quelques heures plus tôt. Se retrouver dans mon corps, sans y avoir été préparé, le désorienta complètement. J’augmentais aussitôt l’intensité de ses perceptions, ce qui est impossible en temps normal. Le volume est bridé à la source et à la réception. Si je m’adresse à vous par conversation télépathique, à titre d’exemple, il ne me sera pas possible d’émettre ma pensée au-delà d’une certaine intensité. L’Ampli permet de dépasser cette limite pour atteindre plusieurs fois le seuil admis. Des égaliseurs sont censés bloquer les signaux trop puissants que vous pourriez recevoir. C’est cette deuxième sécurité que le Shunter court-circuite.
» J’ai donc forcé mon époux à vivre de manière décuplée la peur et la honte que j’ai éprouvées dans la chambre d’hôtel miteuse, en me déshabillant face à ce type repoussant, l’envie de lui arracher les yeux lorsqu’il promena son regard de bête sur mon corps, comme si j’étais une pièce de viande dont il allait se repaître. Mon mari s’est mis à pousser des gémissements au moment où l’homme a posé la main sur mes seins. Il fut agité de spasmes lorsque mon visage se retrouva contre la peau de l’homme, le nez pris dans sa sueur de bière. Lorsque je me forçai à le prendre dans ma bouche, il succomba à ma propre envie de vomir. Du pied, je le poussai sur le côté afin qu’il ne s’étouffe pas dans ses vomissures et augmentai le volume. Les spasmes redoublèrent et se maintinrent pendant les trop longues minutes que l’homme avait passées à me pénétrer. Je poussai l’intensité au maximum quand j’avais enfoui ma tête dans l’oreiller pour ne pas hurler d’horreur en le sentant jouir en moi. J’ai vu le corps de mon mari s’arquer soudain, vibrant comme une corde ; les yeux révulsés, bavant, avant de retomber sur le canapé. J’approchai pour prendre son pouls. Il était mort. Tué par ce même dégoût infini que j’avais ressenti en apprenant sa liaison. Il est mort sans comprendre mais il a ressenti, c’est tout ce qui compte pour moi.
» J’ai pris mes affaires pour me rendre au commissariat, y déclarer l’homicide et présenter les droits de mort. Deux officiers m’ont raccompagnée pour constater le décès puis, vu que tout était en règle, sont repartis avec l’équipe chargée d’embarquer le corps. L’autopsie du lendemain a conclu à un décès par arrêt cardiaque. L’inspecteur m’a signalé que cela ne cadrait pas avec la déclaration d’homicide mais que, comme aucun des deux cas ne constituait un motif de poursuite, il n’avait aucune raison de me retenir. Ma belle-famille a ordonné une contre-autopsie le jour même. Celle-ci a confirmé le décès par arrêt cardiaque, en pointant le fait que cet arrêt était dû à une surcharge cognitive. Cette surcharge n’ayant laissé aucune trace au sein du réseau, cela tendrait à prouver qu’elle est liée à l’utilisation de logiciels illégaux. C’est sur cette première charge que mes ex-beaux-parents m’ont attaquée. Ils ont ajouté une plainte pour abus de droit peu après, au motif que la surcharge cognitive constitue une forme de torture. Le droit de mort donnant le droit de tuer mais pas celui de torturer, cela constitue un abus de droit selon leur avocat. J’ai contacté votre cabinet dès que j’ai appris le dépôt de plainte.
» Voilà, vous savez à peu près tout. En tout cas suffisamment, à mon avis, pour déterminer si vous êtes certain de gagner ou non. Je pense que vous avez saisi ma démarche telle que je vous l’ai expliquée au début de notre entretien, vous ne serez donc pas surpris que je vous propose une rémunération bien en deçà de vos honoraires habituels durant la procédure, pour vous en garantir une bien supérieure dès la victoire acquise. »
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