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Réalisme/Historique
embellie : La feria
 Publié le 05/11/17  -  8 commentaires  -  12055 caractères  -  70 lectures    Autres textes du même auteur

Une enfant de dix ans assiste à une corrida.


La feria


Béziers, ce jour-là, est comme une fourmilière titillée par le pied d’un géant. Partout, des hommes-fourmis trottinent mais, loin d’être paniquée, courant dans tous les sens, cette multitude semble canalisée et l’on voit, sortant des impasses, des rues, des boulevards, de petits groupes se former. Bientôt le flot d’une foule grouillante descend des allées Paul Riquet vers l’avenue Saint-Saëns, large, longue, droite. Une frénésie mal contenue anime ces corps à la démarche impatiente, ces mains aussi bavardes que ces bouches au verbe haut. Où les conduit cette excitation ? Et pourquoi sont-ils si nombreux ? Des hommes surtout, quelques femmes et de rares enfants, se pressent vers un événement, certainement heureux. Il faut voir l’éclat de leurs yeux, entendre leurs discussions enthousiastes, émaillées de noms, de pronostics péremptoires, d’éclats de rire tonitruants ! Le soleil écrasant du mois d’août ne tempère pas leur élan. Soufflant et suant, ils vont tous, d’un même pas, vers le même but.

Fanchon et son grand-père marchent à l’unisson. Elle doit faire deux pas pour chaque enjambée de l’adulte, avec ses gambettes de dix ans. Son chemisier humide colle à son petit buste essoufflé. Enfin apparaît l’imposant édifice, masse arrondie, bien assise, impressionnante de présence séculaire. Arrivée au pied du mur, l’enfant lève la tête et promène un instant son regard sur la paroi gigantesque. La bouche entrouverte, le souffle court, prise d’un léger vertige, elle serre un peu la main du vieil homme. Devant les guichets, les bavardages se changent en discours diplomatiques pour obtenir des places à l’ombre. Certains se sont munis d’un petit coussin ; ils savent que les gradins de pierre seront brûlants et durs. Fanchon ignore qu’en ce jour initiatique elle va assister, au son de vibrants « olé ! », aux indispensables sacrifices de chaque été.

La feria ! Quand monsieur Torres a dit à sa petite-fille : « Domingo yo t’emmène à la ferrrria », son visage ridé était épanoui. Sans doute, derrière le noir bleuté de ses yeux dansaient des images de sable ensoleillé et de sourire éclatant sous une mantille élégamment retenue par une fleur de grenadier. La fillette pensait : « Il veut dire la foire, mais il prononce mal. » Durant le trajet elle n’a cessé d’entendre parler de taureaux. À présent, elle croit participer à une fête de maquignons, une sorte de foire aux bestiaux. Assise dans l’enceinte, sur ces hautes marches, au milieu de ces adultes exubérants, elle se sent minuscule, perdue comme un petit pois dans une immense casserole. Les dames portent des robes légères aux couleurs vives, leurs épaules nues ont la rondeur, la rousseur appétissante des petits pains grillés, mais des relents d’odeurs fortes (huile solaire, transpiration, parfum de patchouli) la rendent nauséeuse. Elle regarde le ciel bleu dragée, presque blanc, repousse à deux mains des mèches trempées de sueur autour de son front, puis, tirant sur la manche du papé :


– Quand c’est qu’ils arrivent les vendeurs de taureaux ?


Le brouhaha étouffe sa voix. Au même moment une fanfare éclatante la fait sursauter. C’est « Carmen ». De l’assemblée monte un « ah !… » frémissant. Attentive, elle comprend qu’il va se passer quelque chose.

Deux chevaux bruns, fins, élancés comme des pur-sang, entrent dans l’arène. Leurs cavaliers, vêtus de noir, ont un chapeau à longues plumes, un grand col blanc, carré. Ces élégantes silhouettes jumelles avancent côte à côte, entraînant derrière elles le cortège des toreros et des picadors sur leurs chevaux caparaçonnés. Les hommes au sol ont l’allure fière, le port de tête altier sous le chapeau noir, le même habit moulant, la même silhouette mince, nerveuse, les mêmes petites fesses rondes, et, allez savoir pourquoi, le bras gauche replié contre la poitrine, pris en écharpe, comme blessé. Le soleil rehausse d’éclats l’or et l’argent des broderies recouvrant leurs costumes, sur fond blanc, bleu nuit, améthyste ou émeraude.

Le paseo terminé, la musique cesse, les picadors retournent en coulisses, et les bras emprisonnés se libèrent des grandes capes bicolores, cyclamen d’un côté, bouton d’or de l’autre, qui les tenaient serrés. Comme des musiciens dans leur fosse d’orchestre testent leurs instruments avant le concert à coups de notes dissonantes, les toreros s’apprêtent, déploient leurs capes, les effleurent des lèvres pour un pieux baiser, puis les agitent légèrement comme pour les défroisser. Ils ébauchent des véroniques, piétinent sur place pour se mettre en jambes. Il émane de leurs attitudes une fébrilité dont on se demande si elle est le reflet d’une impatience joyeuse ou d’une crainte difficilement surmontable.

À l’image de nos anciens hérauts, deux trompettistes, juchés sur la tribune officielle, lancent au ciel le premier signal. Fanchon cligne des yeux sous sa main en visière. Elle voit les hommes aux habits clinquants se glisser derrière les planches de protection, comme pour se cacher. La bête surgit alors sur la piste, au galop, fringante, propre. Qu’elle est belle ! L’arrière-train est svelte, le buste massif, les cornes blanches, bien moulées, contrastent avec le pelage noir, luisant. Elle semble heureuse de pouvoir batifoler dans cet espace vide. Deux, puis trois hommes s’avancent prudemment, leurs capes déployées au bout de leurs bras tendus. L’animal voit de loin ces taches mouvantes, immenses coquelicots ondulant sous le vent, et veut jouer sans doute.

Commence alors une danse effrénée. Il fonce, tête baissée, frappant le sol de ses sabots, et les hommes, l’un après l’autre, le provoquent avec leur cape puis l’esquivent avec une souplesse de ballerine. L’opposition est frappante entre la lourdeur de la bête, dont chaque mouvement soulève la poussière, et la légèreté des hommes aux pirouettes malicieuses. C’est une sorte de jeu et d’initiation. Encore et encore, on montre au taureau la cape, que l’on agite sous ses naseaux. On l’énerve. Il faut qu’il réagisse, qu’il comprenne qu’il est là pour charger et se fatiguer, chacune de ses attaques faisant frémir la foule… S’il ne coopère pas, le spectacle est fichu. Les toreros s’écartent ensuite, au bénéfice du matador qui est là aussi, avec son épée et sa muleta, tissu rouge sang, plié en deux sur un bâton. Aussitôt, sous les virevoltes de l’étoffe pourpre se succèdent galopades noires, petits sauts précis et vifs déhanchements, rythmés par un paso-doble enfiévré. Étrange pas de deux. L’enfant est captivée. À chaque passe, « olé ! », son cœur bondit. Elle trouve la danse très belle, mais qu’il fait chaud ! Elle pose ses mains à plat sur sa tête, son crâne est brûlant. Du coin de l’œil, grand-père a saisi le geste. Il sort de sa poche un grand mouchoir à carreaux qu’il déplie sur ses genoux. Pour réduire ses dimensions et lui donner une forme bombée, il fait un nœud à chaque angle, puis il le pose sur les boucles brunes, en guise de chapeau. Le petit visage cramoisi remercie d’un sourire tandis que les trompettes se font entendre à nouveau.

C’est l’entrée d’un picador. Il porte un chapeau beige, à large bord. Il tient sa lance sous le bras. Il monte un cheval dont le corps est entouré d’une protection épaisse et dont les yeux sont bandés par une large écharpe rouge enveloppant la tête. Fanchon s’en étonne, papé explique :


– Il no doit pas voir lo torrro, pour pas avoir por, sourtout pas bouger, si non lo picador no serrra pas bon.


Mais le taureau, indifférent à cette intrusion, ne bouge pas plus que le cheval. Alors le matador l’excite par des appels, des ondulations de muleta. Naïvement, la bête joue le jeu, attirée à nouveau par le coquelicot géant. Grâce à une chorégraphie stratégique, de sinuosités en circonvolutions, elle se trouve bientôt devant son tortionnaire. Le mot n’est pas trop fort, quand on voit le picador s’arc-bouter sur sa lance, penché en avant, enfoncer avec force la pointe en flèche acérée dans le dos de la bête, puis pousser de tout le poids de son corps, debout sur ses étriers, et pratiquer des mouvements de va-et-vient dans cette plaie d’où jaillit le sang…


– Pourquoi, mais pourquoi ? s’écrie Fanchon.


D’un coup de rein le taureau se dégage et, sous l’effet de la douleur piaffe, puis se précipite vers le matador. La gamine se lève et hurle :


– Vas-y !


Sur son visage défait se mêlent sueur et larmes. Elle aimerait voir la bête se venger, mais le torero, maître de son art, a tôt fait de remettre en place le pas de deux initial.

Le taureau est rageur. Les mouvements s’accélèrent, la muleta et la masse noire effleurent sans cesse le corps incurvé du matador. D’un côté, de l’autre. Des voix s’extasient :


– Brave, la bête ! Brave !


À présent, la petite a soif. Très soif. Près d’elle, une trogne prognathe crie :


– La pique a été bonne ! Banderilles ! Banderilles !


L'enfant, ébahie, voit arriver un torero tenant dans chaque main une sorte de grande brochette fleurie, aux couleurs vives. Il court vers le taureau qui vient à sa rencontre et lui plante ces ornements sur le dos. Ainsi deux, puis trois banderilleros font leur office sous les acclamations d’une assistance comblée. Les six banderilles restent bien accrochées dans la chair du garrot par leurs pointes en forme de harpon, et se balancent à chaque mouvement de l’animal ‒ qui ne peut s’empêcher de courir, moins vite toutefois ‒ provoquant des saignements ininterrompus. La muleta frémit encore devant ses yeux, caresse son dos, se tache de traînées brunes, puis descend au ras du sol, trop bas, frôle le sable, le force à baisser la tête en tournant sur lui-même. Il perd alors l’équilibre, ses pattes avant ploient. Un genou à terre, il s’écroule presque. Il semble demander grâce, sa tête écumeuse balance, mais avec un effort énorme il arrive à se redresser. Surmontant sa fatigue, il cherche poussivement la muleta qui, tachée de sang, déchirée par ses coups de corne, n’est plus qu’un chiffon sale et lamentable. Le grand-père peste : « Mala faena ! »

La musique s’est tue. Fanchon pose sa main sur le genou du vieil homme. Elle voudrait lui dire qu’elle a mal à la tête et envie de vomir, mais n’ose pas le déranger ; elle sent que l’instant est crucial. La dernière sonnerie de trompettes, à l’accent lugubre, fait naître une rumeur qui monte de la foule massive, clouée là par un attrait abominable, l’attente du drame… Trois toreros incitent le taureau – qui voudrait bien attaquer encore mais n’en a plus la force – à se placer face au matador. Dès que la posture lui paraît favorable, celui-ci s’élance et donne l’estocade, dans un silence religieux. Le taureau se met à tourner, tourner… sur lui-même. Le matador attend, dans une attitude transpirant l’inquiétude. Chacun retient son souffle. L’anxiété est palpable. Durant plusieurs minutes, très longues, la bête tremble, titube, puis s’affaisse enfin lentement, sur le côté. Ses pattes se raidissent. La foule bariolée éclate en vivats, agite des mouchoirs blancs. L’arène vibre, les gradins tressaillent.

Dès lors, comme le coq gonflant ses plumes fait le tour de sa basse-cour, le matador, bombant le torse, entreprend sa pavane.


Dans le crâne douloureux de Fanchon tintent des grelots. Ce sont les grelots des chevaux chargés de tracter la dépouille hors de l’arène. Mais l’enfant ne voit pas la bête fière, piteusement tirée à travers la piste, laissant au sol une traînée rouge sombre. En même temps que le taureau, elle s’est affaissée comme une poupée de son. Ses yeux se sont fermés sur l’image de cette masse noire, ils s’ouvrent à demi sur le blanc cru d’une blouse d’infirmière. Une main fraîche se pose sur son front, une voix douce sollicite son réveil…


Non, non, ne la dérangez pas ! Elle est sereine. Derrière ses paupières closes et pour elle, pour elle seule, le taureau son ami, si beau au milieu de l’arène déserte, se met à sauter, à danser, sain, libre, heureux, et les joyeux grelots n’en finissent pas de tinter… de tinter… de tinter…


 
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   Louison   
11/10/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai bien aimé l'écriture, le regard de l'enfant sur ce "spectacle" inconnu. J'ai moins aimé la fin, ce rêve après le malaise, j'aurais préféré un dialogue avec le grand-père ou une chute plus originale.

Les descriptions sont justes sans entrer inutilement dans les détails sanglants.

Merci pour cette lecture

Louison

   Asrya   
12/10/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Je n'ai pas réussi à être pris par votre écrit ; ni par l'ambiance de la féria que vous avez essayé de retracer, ni par la possible émotion qui pouvait surgir de Fanchon.
Je comprends la démarche, l'idée de décrire une corrida au travers des yeux d'un enfant, ce qu'elle peut ressentir, y être réfractaire ou non.
Ceci-dit, j'imagine que culturellement, la féria, la fête autour de cet événement se transmet facilement au fil des générations et j'imagine qu'un discours est tenu précédemment avec l'enfant afin de lui faire comprendre les "principes", les "valeurs" (?) et les "objectifs" d'un tel rite (si tant est qu'il y en ait).
Je doute qu'une petite fille soit livrée ainsi à un tel spectacle sans avoir été prévenu à l'avance, sans avoir eu une leçon sur les louanges que cela apportait au toréador, à son courage etc. (alors attention... je ne fais ici que des suppositions et je suis loin de vouloir défendre les corridas ; j'essaie seulement de me replacer dans le contexte pour essayer d'être le plus objectif possible).

Et l'objectivité, à mon sens, devrait avoir sa place dans n'importe quel domaine. Evidemment qu'une part de vous (si ce n'est la totalité) désapprouve cette pratique (et c'est également mon cas), mais je trouve cela un peu simple de se focaliser uniquement sur les "malheurs" du taureau sans laisser la possibilité de comprendre l'événement. J'imagine que derrière toutes ces atrocités, les gens festoient et créent des liens ; de la joie, du bonheur, des clameurs comme vous dites, mais à juste titre (j'espère en tout cas).

Je n'y connais rien en féria, et ne suis pas prêt à assister à un tel événement. Il y a des choses qui à mon avis ne sont pas bonnes à expérimenter.
Peut-être que je me trompe et que l'on emmène son enfant ou ses petits enfants dans ce genre d'événement sans les mettre au courant juste avant. Sans leur faire un topo sur le pourquoi du comment pour que justement, cette tradition perdure et ne sois pas vu comme une ignominie (j'imagine en tout cas qu'ils ont tout intérêt à le faire, car qui prendrait plaisir à de telles scènes s'il n'y avait pas quelque chose derrière ? Franchement...)

Donc... je trouve la prise de vue un peu simple ; si Fanchon était la narratrice, j'aurais pu adhérer à la position prise. Puisque ce n'est pas le cas... je ne suis pas pleinement convaincu.

Merci ceci-dit pour la lecture,
Au plaisir de vous lire à nouveau,
Asrya.

   Tadiou   
14/10/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
(Lu et commenté en EL)

Ce récit me met mal à l’aise car je ne sais pas trop qui est le narrateur ; il semblerait que ça doit être vu à travers les yeux de l’enfant ; mais il y a beaucoup d’expressions que ne sont pas celles d’une fillette de 10 ans.

Les descriptions me semblent fastidieuses, scolaires, sans charme.

Je ne sais pas comment vit Fanchon, mais elle semble bien nunuche pour une fillette de 10 ans. Il semble qu’elle soit de Béziers : alors elle n’a jamais entendu parler de corrida ? Elle n’a jamais vu les arènes de l’extérieur ?

Les phrases suivantes, me semblant peu plausibles, cassent le récit :
« Arrivée au pied du mur, l’enfant lève la tête et promène un instant son regard sur la paroi gigantesque. La bouche entrouverte, le souffle court, prise d’un léger vertige »
« A présent, elle croit participer à une fête de maquignons, une sorte de foire aux bestiaux. »
« Attentive, elle comprend qu’il va se passer quelque chose. »
« Quand c’est qu’ils arrivent les vendeurs de taureaux ? »
«elle sent que l’instant est crucial »

« Fanchon ignore qu’en ce jour initiatique elle va assister, au son de vibrants « olé ! », aux indispensables sacrifices de chaque été. »

« indispensables sacifices de l’été » : Ah bon ? C’est indispensable ? Et cette nouvelle est une pub pour la corrida ? alors que des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent en France pour en demander l’interdiction… Et la fin semble plutôt être une ode à la liberté du taureau… Quel est alors le message ? Cela m’apparaît bien brouillé.

Quant au grand-père qui a laissé sa petite-fille s’évanouir…. Cela semble peu crédible dans le contexte du récit. Quel grand-père indigne !!!!

Donc je n’ai pas accroché à ce texte dont l’intention ne m’est pas claire.

Tadiou

   Mokhtar   
18/11/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
Je le trouve ambigu, ce texte. La description talentueuse de la corrida semble au début celle d’un aficionado passionné et éclairé. Le sujet à controverses semble a priori orienté vers la défense de la tradition. En toute logique, on aurait compris que la prise de position finale soit amenée, et argumentée, en chargeant sur la cruauté et la barbarie humaine, ou sur la ringardise des pratiques.
Or la relation du spectacle semble celle vue par les yeux du grand père, dont on ressent qu’il est imprégné par une tradition inhérente à sa culture. A tel point qu’il est incapable de discerner le risque de traumatisme pour une gamine trop jeune et non préparée. Pour lui, il n’y a que fête, fête merveilleuse. Et l’on touche là au cœur du dilemme : des abolitionnistes, qui ont toutes les meilleures raisons du monde pour condamner des pratiques cruelles, s’opposant à des traditionalistes prisonniers de leurs addictions ancestrales. La problématique de la chasse à la palombe est similaire.
La narration bascule avec la (belle) phrase : « Dès lors, comme le coq…. ». Le héros triomphant qu’on attendait est démoli et ridiculisé sans pitié. C’est là que la construction du récit diverge.
Je pense que la confrontation des deux convictions aurait été plus claire en se résumant à l’opposition entre l’émerveillement du grand père (qui voit la fête), et la pitié romantique de la petite (qui pleure le bel animal).
Reconnaissons que, pour le thème choisi, il est difficile de trouver la chute originale qui sied à une nouvelle.
J’ai quand même apprécié dans ce texte les qualités stylistiques des descriptions.

   Robot   
6/11/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
En premier lieu j'ai apprécié le style, l'écriture.
N'ayant (par principe) jamais assisté à une corrida, le double regard proposé m'a plu, celui de l'afficionados (c'est comme ça qu'on dit ?) et celui de la jeune néophyte.

A dix ans un évènement n'est pas vécu de la manière qui est celle d'un adulte. Il n'y a pas dans la vision de l'enfant cette idée de cruauté même lorsqu'elle envisage la vengeance du taureau contre celui qui le martyrise.

Et ce grand-père tout à son plaisir qui ne se rend pas compte de l'effet que peut avoir le "spectacle" sur la fillette.

La conclusion peut paraître irréelle, mais le traumatisme, la chaleur, l'ambiance peut-être m'incline à me demander si cette confrontation n'a pas été vraiment vécue par le narrateur ou la narratrice: Oui, Je me le demande.

En tout cas, le récit m'a captivé... et mon aversion pour ce "jeu" en sort renforcé.

Mon "beaucoup" tient compte d'un style qui a été pour une grande part dans mon plaisir de lecture.

   plumette   
6/11/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Embellie,

Vous nous proposez d'assister à une corrida avec Fanchon et son grand-père.
c'est bien un narrateur extérieur qui raconte cette histoire, et il la raconte bien, en particulier dans toute sa partie descriptive de la corrida. C'est précis, c'est même assez technique avec tous ces termes appropriés, c'est très fidèle ( j'ai déjà assisté à une corrida).



Dans le texte, se glisse de temps à autre le regard de l'enfant comme par exemple :
"L’enfant est captivée. À chaque passe, « olé ! », son cœur bondit. Elle trouve la danse très belle, mais qu’il fait chaud ! Elle pose ses mains à plat sur sa tête, son crâne est brûlant." ou "L'enfant, ébahie, voit arriver un torero tenant dans chaque main une sorte de grande brochette fleurie, aux couleurs vives."
Sur la fin, on sent bien que la petite est bouleversée par la mise à mort du taureau.

mais où est le coeur du texte? Est-ce ce récit détaillé, précis et réussi de la corrida ou est-ce ce " traumatisme" de l'enfant qui découvre brutalement une part de la cruauté des hommes?

il semble que vous n'ayez pas fait de choix et à la fin de ma lecture, je suis restée sur cette interrogation.

Et j'ai eu plutôt envie d'une histoire qui aurait été racontée par l'enfant elle-même, ou alors par l'adulte se remémorant un souvenir d'enfant.
Pourquoi ne pas essayer?

Plumette

   Anonyme   
8/11/2017
Plutôt bien aimé. Le début par très descriptif, trop peut-être. Je me doute que c'était pour amener doucement l’ambiance.
Le « pourquoi mais pourquoi » de la fillette ne m’a pas convaincu du tout. Il résonne comme une tirade de théâtre antique. Par contre le « vas-y » qui suit juste derrière est vraiment dans le ton d’un enfant de cet âge. Pour moi, c’est un peu le pivot du texte. Il marque la prise de conscience.
Donc plutôt bien aimé mais sans plus. Il me manque quelque chose, je ne sais pas quoi, surtout dans la seconde partie, pour me faire pâlir et vibrer et m’indigner vraiment, ou sursauter agréablement comme j’ai sursauté à ce vas-y.

   mirgaillou   
22/10/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Votre histoire a sans doute pour but de rejoindre les arguments des anti corridas.
En bonne méridionale, j'ai assisté à nombre d'entre elles jusqu'à ce que je sois interpellée par l'association L.214.
J'adorais l'ambiance des villes les jours de corrida, Nîmes, Arles, et ce que je préférais sans doute était le paséo, parade des alguazils y compris.
Je me suis rangée du côté des anti et je m'abstiens désormais. C'est pourquoi j'approuve votre texte et la description détaillée du rituel. Cela est le meilleur argument pour le faire comprendre et surtout, pour éviter d'amener des enfants assister à un spectacle de mort aussi codifié soit-il...


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