Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Policier/Noir/Thriller
EmmanuelStarck : Entretien final
 Publié le 08/10/16  -  13 commentaires  -  18460 caractères  -  107 lectures    Autres textes du même auteur

Qui n'a jamais rêvé d'intégrer une grande multinationale ? D'arriver jusqu'au bout du processus d'embauche, jusqu'au dernier entretien ? Mais un entretien final peut se passer de manière inattendue.


Entretien final


Ça y est, j'y suis. Le dernier entretien. Après plus de deux mois de conversations téléphoniques, de tests en tous genres et de rencontres avec différents chefs de département, me voilà en route pour m'entretenir avec le président lui-même.


Ça n'a pas été facile d'en arriver là, la sélection fut incroyablement rude. Nous étions plus de trois cents candidats à avoir envoyé un CV, cent à obtenir un premier entretien téléphonique. Après ça, le nombre de candidats s'est amenuisé à chaque étape, pour n'en laisser que deux. Et je fais partie des deux chanceux.


Je n'aime pas ces nouvelles façons de faire. À une époque, pour trouver un travail, il suffisait de se présenter de soi-même, de montrer ce dont on était capable, et si un poste était disponible on commençait parfois immédiatement. Aujourd'hui, tout n'est que procédures compliquées.


Il faut dire qu'il s'agit là d'une grande multinationale, le leader dans le domaine des télécommunications. United Telecom, qui a la réputation d'être la plus difficile à intégrer. C'est pourquoi le président s'occupe lui-même de l'entretien final, avec au maximum deux candidats, rencontrés séparément.


J'entre dans l'impressionnant building, qui semble adresser directement un défi à Dieu, comme à l'époque de la tour de Babel. Sauf qu'il n'y avait sans doute pas autant de fenêtres à cette époque. Et avec le beau soleil auquel nous avons droit aujourd'hui, le bâtiment semble briller de mille feux.


L'énorme double porte en verre qui sert d'entrée montre aux yeux de tous l'activité incessante de l'endroit, même au rez-de-chaussée. Les réceptionnistes, au nombre de six, semblent être constamment en ligne, peut-être même sur plusieurs lignes à la fois. Les agents de sécurité, omniprésents, observent les faits et gestes de chacun, à l'intérieur comme à l'extérieur.


L'un d'eux me repère à travers la vitre et m'observe, calmement. Il tient une arme dans sa main droite, qu'il n'essaye même pas de dissimuler, comme plusieurs de ses collègues. On vit dans un monde bien tordu, quand même. Depuis quand une société emploie-t-elle des gardes armés de façon aussi évidente ? Putain de terroristes.


Comme à mon habitude, j'ai une bonne demi-heure d'avance. Le temps de me calmer un peu les nerfs. Il y a un très joli café juste en face de l'édifice où se décidera mon futur financier dans moins d'une heure. Je m'installe en terrasse et commande un cappuccino, sans sucre.


La serveuse qui me l'apporte est une jeune femme absolument charmante, dans tous les sens du terme. Souriante, polie, agréable à regarder. Typiquement mon genre de femme.

Le cappuccino fait du bien, mais pas autant que la cigarette qui l'accompagne. Je sais que je devrais arrêter cette saloperie, mais c'est tellement agréable – ou en tout cas ça semble tellement agréable. Une fois le mégot bien écrasé dans le cendrier, je me lève, ramasse mon attaché-case et me dirige vers la serveuse :


– Excusez-moi, je cherche les toilettes…

– Juste là, à votre gauche. Vous n'avez pas vu le signe ?


Elle le dit sans condescendance, sans moquerie, toujours avec ce joli petit sourire.


– J'ai la tête ailleurs, aujourd'hui. Un gros entretien à passer, juste en face. Vous connaissez United Telecom ?

– Bien sûr ! Leurs employés nous rendent souvent visite pendant la pause repas. Vous avez réussi à vous y frayer un chemin ?

– Ce fut difficile, mais oui, dis-je, jetant un nouveau regard vers l'édifice, puis vers les toilettes.


La serveuse ouvre alors de grands yeux, plaçant une main devant sa bouche.


– Excusez-moi, je ne voulais pas vous retenir, c'est peut-être pressant…

– Hein ? Oh, non, je viens de fumer une cigarette et il faut que je me lave les dents pour soigner mon haleine, c'est tout.

– Ah. Je me sens bête, là tout de suite.

– Il ne faut pas, tout le monde ne se balade pas avec une brosse à dents et un tube de dentifrice dans une poche de son attaché-case. Vous pouvez me préparer un nouveau cappuccino ? Amenez-le à ma table.

– Bien entendu !


Une fois mes dents bien brossées et un dernier coup de déodorant appliqué sous mes aisselles, je retourne à ma place. Le cappuccino arbore cette fois un dessin dans sa mousse, qui ressemble à un petit ange. En tout cas, un être avec des ailes. C'est magnifique.


Je résiste à l'envie de m'allumer une nouvelle cigarette et termine mon café tranquillement. J'ai encore dix minutes devant moi, et je déteste arriver trop tôt et attendre à ne rien faire. Je sors mon téléphone et consulte les derniers résultats sportifs, n'ayant pas beaucoup eu le temps de m'y intéresser ces derniers mois.


Puis, cinq minutes avant l'heure fatidique à laquelle je dois me présenter à l'accueil, je lève la main pour appeler la serveuse et régler la note.


– C'était vous ? Le dessin ?

– Oui, c'est moi. J'aime faire des dessins spéciaux pour les clients gentils.

– C'est magnifique, en tout cas. Vous avez déjà songé à exposer votre travail dans une galerie d'art ?

– Oh, arrêtez ! répond-elle en riant. Le jour où des dessins sur mousse de cappuccino seront exposés, je serai morte depuis longtemps.

– Si vous savez aussi bien le faire avec de la mousse, j'imagine que ce n'est pas votre seul talent. Vous faites de la peinture ?

– Un peu, oui. Quand j'ai du temps.

– J'aimerais beaucoup voir ça. La note pour le café pourrait peut-être contenir quelques informations complémentaires ? Un numéro de téléphone, par exemple.


Elle sourit en posant la note sur la table. Son numéro y apparaît déjà, terminé par un petit ange souriant.


C'est plutôt bon signe pour la suite, tout ça. J'enregistre le numéro dans le répertoire de mon portable sous le nom "Serveuse sympa" avant de laisser l'argent sur la table, accompagné d'un pourboire assez généreux. Puis, je me dirige vers le but final de cette journée. Le boss de fin de niveau. Tout en haut de sa tour, il m'attend, la bave aux lèvres, prêt à me réduire en charpie à la moindre erreur.


J'approche à peine des doubles portes qu'un agent de la sécurité s'avance vers moi. Il ouvre les portes juste avant mon arrivée et m'invite à le suivre un peu plus loin, dans une pièce sombre et étroite ressemblant vaguement à un bureau.


Là, il me fouille entièrement, attaché-case compris. Il me demande plusieurs fois l'objet de ma venue et si je transporte quoi que ce soit de dangereux. À part ma brosse à dents et mon déodorant, il ne trouve rien. Il décide tout de même de conserver ces deux objets ici, dans son bureau, et me demande de venir les récupérer sur le chemin de la sortie. Sacrés paranos, ici.


Prochaine étape, le bureau d'accueil. La réceptionniste me fait signe d'attendre qu'elle ait terminé sa conversation téléphonique de façon sèche. Elle, je risque pas de lui demander son numéro.

Je regarde l'heure à ma montre. Treize heures cinquante-neuf. Presque parfait, comme timing. Si la conversation téléphonique ne dure pas trois plombes, bien entendu. Ce n'est pas le cas, bien heureusement, et j'ai droit à un sec et convenu :


– Je peux vous aider ?


Pour y mettre moins de conviction, il aurait fallu qu'elle ferme les yeux et ronfle tout en parlant. De mon côté, je mets tout mon entrain dans ma réponse :


– Bonjour ! J'ai rendez-vous à quatorze heures avec monsieur Boles !

– Votre nom ?

– Jones, Carl.

– Droit devant vous, l'ascenseur, dernier étage. En haut, tout de suite à droite puis deuxième couloir à gauche, grande porte brune. Merci et au revoir.


Simple et concis. Et, avant que je ne puisse réagir, elle a déjà décroché une autre ligne et annoncé "United Telecom bonjour, comment puis-je vous aider ?". C'est marrant, elle a l'air plus sympa au téléphone qu'en vrai.


L'ascenseur est absolument gigantesque, le type grand tube de verre qui va du rez-de-chaussée au sommet de la tour, où on peut voir les occupants monter, sentir leur stress, voir leur inquiétude. Je n'en montre pas. Le stress, c'est très mauvais.


La cabine m'attend déjà au rez-de-chaussée, j'appuie sur le numéro du dernier étage, le soixante-quinze. Ça va être une longue montée, surtout que l'ascenseur s'arrête dès le premier étage, laissant un homme en costume entrer.


– Bonjour, je tente.

– Bonjour. Vous êtes nouveau, ici ?

– Pas vraiment, je vais à l'entretien final avec le président.

– Je me disais, aussi. Après trois jours ici, plus personne ne se dit bonjour. Vous m'avez l'air plutôt sympa. Vous savez à quoi vous attendre avec le grand manitou ?


Plutôt, oui. Je me suis bien renseigné à ce sujet. Jason Boles, fils de parents ouvriers, la classe moyenne comme on les appelle. Pas de diplôme. A commencé à travailler chez United Telecom comme technicien. A rapidement grimpé les échelons grâce à un excellent sens des affaires et des relations.


Vingt ans après son entrée dans le groupe, il en a pris les rênes suite au procès de son prédécesseur, accusé de blanchiment d'argent et autres chefs de ce type, détournement, pots-de-vin, faux et usage de faux, la liste était assez longue. Boles a accompli le miracle de reprendre la société en pleine torpeur médiatique et d'arriver à ne pas perdre un centime de chiffre d'affaires.


Il est marié à sa petite amie du lycée et a deux enfants. Il habite une magnifique villa, loin des autres habitations mais suffisamment proche du centre-ville.


Il a la réputation d'être dur en affaires, et dur en règle générale. Véritable génie des finances et de la gestion, bien moins doué question self-control et zen-attitude.


– Je me suis préparé.

– Croyez-moi, rien ne vous a préparé à ça. Restez calme, surtout, ne le laissez pas entrer dans votre tête. Il aime la torture psychologique, et il aime par-dessus tout s'entourer de personnes capables de lui tenir tête, alors ne vous laissez pas faire. C'est mon étage, bonne chance et peut-être à bientôt pour ne pas se dire bonjour dans l'ascenseur !

– Merci.


La porte s'ouvre sur le douzième étage, l'homme sort tranquillement et se dirige vers une rangée de bureaux. Il ne parle à personne, sur le chemin. Pas même un regard vers ses collègues.


La montée reprend et, bien malgré moi, la tension commence à monter. J'aime le challenge, mais là je dois avouer que je fais fort. Jamais je n'avais entendu un patron avoir aussi mauvaise réputation. J'ai contacté plusieurs de ceux qui ont passé ce fameux entretien mais y ont échoué. Je voulais connaître les raisons, et la torture infligée par Boles est en effet un élément qui revient souvent.


Pas le temps de gamberger, j'y suis. Soixante-quinzième étage, vous qui entrez, abandonnez toute espérance. L'antre de la Bête. Je prends directement à droite, puis le deuxième couloir à gauche, pour arriver à la grande porte brune, dénotant avec les autres portes de l'établissement, toutes blanches d'après ce que j'ai vu. C'est parti.


Je frappe, et suis assez surpris d'entendre une voix féminine me demander d'entrer. Évidemment, une dernière réceptionniste. Elle semble âgée, au moins la soixantaine, sans doute plus.


– Bonjour, vous êtes monsieur Jones ? Monsieur Boles va vous recevoir dans une minute, merci de patienter ici.


Je la remercie et décide de ne pas profiter des quelques sièges se trouvant derrière moi, je préfère attendre debout. J'hésite un peu quand des hurlements sortent du bureau, tout au fond de la pièce, derrière une nouvelle grande double porte.


Il est au téléphone, sans doute avec un fournisseur. Les insultes pleuvent, Boles concluant la conversation en envoyant l'autre "se faire foutre par un putain d'astronaute". Ça promet. Il crie ensuite, à l'intention de son assistante :


– Envoyez le candidat, et que ça saute !

– Tout de suite, monsieur.


Elle m'indique la double porte d'un signe de tête avant de former silencieusement les mots "bonne chance". J'en aurai peut-être besoin, en effet.


Je pénètre dans la pièce. Un immense bureau avec une vue magnifique sur la ville au moyen de grandes baies vitrées. Le bureau en lui-même – le meuble, pas la pièce – est absolument gigantesque, en marbre. Ça pue le luxe, tout ça. Je crois même voir un coupe-papier en ivoire.


Boles est exactement comme je me l'imaginais – et comme sur les photos, mais même sans ça j'aurais eu la même image en tête –, gras, moustachu, le cheveu court, le teint pâle. Habillé d'une chemise beige froissée, portant sa veste brune malgré la chaleur, étouffante même avec la climatisation.


Il me toise longuement du regard. J'attends, sachant qu'un candidat ne doit jamais s'asseoir avant qu'on le lui ait demandé. Je le regarde droit dans les yeux, essayant de conserver une expression neutre. Au bout de quelques secondes, il parle enfin :


– Vous allez rester planté là combien de temps ? Fermez cette putain de porte et posez votre cul sur la chaise !


Je m'exécute, en silence, ne laissant pas transparaître à quel point je trouve ce type de langage inapproprié dans un entretien professionnel. Il cherche dans ses papiers, et en sort mon CV. Après un très rapide coup d'œil, il le jette dans sa poubelle.


– Rien à foutre de votre CV, il a déjà été décortiqué en long en large et en travers par ceux que vous avez rencontrés avant moi. Ce qui m'intéresse, c'est vous. Savoir qui vous êtes. Dites-moi.

– Eh bien, je sors de la faculté de…

– Rien à foutre de ça, j'vous ai dit ! Vos études, votre expérience professionnelle, je m'en branle. Vous êtes ici parce que vous avez les diplômes et l'expérience pour mériter de travailler chez nous. Moi, je veux voir si vous en avez les couilles ! Alors maintenant, dites-moi qui vous êtes, bordel !


Vraiment très bizarre, cet entretien. Mais bon, si c'est ce qu'il veut, ne le décevons pas. Avant que nous commencions, nous sommes interrompus par le téléphone. Il répond et je comprends vaguement que c'est la sécurité, qu'il y a un problème avec les caméras de surveillance. Boles met rapidement un terme à la conversation et demande crûment à son interlocuteur de ne plus le déranger. Nous pouvons reprendre.


Je lui décris alors ma personnalité. S'ensuit un jeu avec lui, dans lequel il essaye de me piéger par tous les moyens, de me décontenancer. Il n'y arrive pas. Il s'obstine pourtant, et l'entretien s'éternise. Une demi-heure. Une heure. Deux heures.


Le téléphone sonne à nouveau. Boles décroche, hurle "merde !" et raccroche, claquant fort le téléphone sur sa base. Puis, enfin, et pour la première fois depuis mon arrivée, Boles me sourit, et me tend la main.


–Félicitations mon gars, t'es engagé ! Ton concurrent est venu ce matin, il n'a tenu que vingt-trois minutes avant de se mettre à chialer et de quitter le bureau. Mais toi, t'es un vrai, un dur, et j'aime ça !


J'accepte sa poignée de main. Je ne la lâche pas.


– Un vrai dur, oui.


Il ouvre la bouche, sans doute pour me hurler de le lâcher, mais mon autre main part en avant et s'écrase du tranchant contre sa trachée, l'empêchant de produire autre chose qu'un son étouffé.


– Le deuxième coup de fil, c'était sûrement pour vous dire que les caméras ne marchent toujours pas, et pour s'assurer que vous alliez bien. J'imagine que c'était encore le cas, quand vous avez décroché.


Il s'est écroulé au sol, les deux mains à la gorge. Son visage commence à prendre une teinte rouge. Je lis de la peur dans ses yeux, mais aussi de la rage. Monsieur n'est pas facilement impressionné. Il y a pas mal d'incompréhension, aussi. Me dirigeant lentement vers lui, je m'empare du coupe-papier.


– Tu sais que c'est très mal, de faire du mal aux éléphants pour une connerie d'ustensile ? Oh, au fait, c'est également très mal de tromper sa femme.


Et, sans lui laisser le temps de vraiment y réfléchir, j'enfonce la lame sur le côté de son crâne, veillant bien à ne pas mettre de sang sur ma belle chemise blanche, achetée pour l'occasion. Je repose le coupe-papier sur le bureau, jette un dernier regard vers Boles pour m'assurer qu'il est bien mort, puis sors tranquillement de la pièce, veillant à bien refermer la porte derrière moi.


– Alors ? me demande l'assistante quand je passe près de son bureau.

– J'ai le poste ! Ce fut difficile, mais je m'en suis bien sorti.

– Félicitations !

– Merci. Oh, monsieur Boles me demande de vous dire qu'il ne veut pas être dérangé, il est au téléphone, je crois que c'est sa femme. Il m'a dit que nous réglerions la paperasse demain.

– D'accord, c'est étrange il ne prend aucun appel personnel au bureau, normalement.

– Ça avait l'air assez urgent. Bonne fin de journée à vous.

– Merci, et à demain !


Arrivé au rez-de-chaussée, je récupère ma brosse à dents et mon déodorant avant de quitter le bâtiment pour de bon.


À peine dehors, je sors mon portable et envoie uniquement le mot "OK". Je reçois l'accusé de réception très rapidement, puis un message de ma banque m'informant que les cinq millions ont bien été virés. Je jette le téléphone dans la poubelle la plus proche et m'éloigne tranquillement.


Pourquoi avoir supporté cet entretien interminable alors que j'aurais pu tuer ce type dès mon arrivée, quand les caméras sont tombées en rade – ou plutôt quand je les ai désactivées ? Pour le challenge, simplement. Je voulais qu'il m'accepte pour ce poste avant que je ne mette fin à sa vie. Ça faisait partie du jeu.


Le corps sera sans doute bientôt découvert, je me rends donc dans une petite ruelle choisie au préalable et dans laquelle je suis plutôt content de retrouver les fringues que j'ai préparées. Je me débarrasse du costume et enfile le jean et le T-shirt, bien plus confortables. Je change ensuite de visage, celui-ci étant un peu trop reconnaissable maintenant. Ça fait toujours un peu mal, mais je commence à m'y habituer.


Il faudra repasser par là ce soir, de toute façon. Pour la serveuse. Elle ne connaît qu'un de mes visages et il serait dommage de rater une occasion pareille parce que je veux éviter une légère souffrance.


Son numéro est dans mon autre téléphone, le vrai, celui que je ne jette jamais. Un petit texto expliquant que j'ai eu le poste et que j'aimerais fêter ça avec elle ce soir, et le tour est joué. Sa réponse ne se fait pas attendre, et elle est plutôt emballée par l'idée, me donnant son adresse pour me montrer ses peintures.


Ça peut paraître bizarre, mais elles m'intéressent vraiment, les peintures. J'ai toujours beaucoup aimé l'art. Et le sexe. Ce soir, je pourrai assouvir mes deux envies avant de quitter la ville. À moins que je ne reçoive d'ici là un nouveau contrat.


 
Inscrivez-vous pour commenter cette nouvelle sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   JulieM   
25/9/2016
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai plutôt apprécié cette nouvelle. L'écriture est correcte, le récit se tient, un titre qui colle bien à l'histoire et une fin bien amenée. La narration à la première personne est très réussie, maîtrisée et permet au lecteur d'accompagner le personnage jusqu'au bout, sans anicroche.

Dans la forme, il serait sans doute judicieux de réduire le nombre de paragraphes. Trop, donne l'impression d'un récit décousu, pas assez le rend compact.

Merci du partage.

   plumette   
8/10/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Emmanuel

A mon avis, un des critères de réussite pour une nouvelle de ce genre est le fait que le lecteur ne lâche pas sa lecture, et que son attention soit maintenue de bout en bout. L'auteur nous perd un peu parfois avec des digressions ( le passage aux toilettes du candidat par exemple et l'histoire du dessin sur le capuccino) ) habiles qui éloignent le lecteur de la véritable personnalité de ce candidat.
la chute a été une vraie surprise pour moi!
l'écriture est précise, fluide, descriptive.
mon bémol: je n'ai pas réussi à me représenter vraiment cet univers professionnel! J'ai trouvé cet aspect un peu caricatural, tout comme la grossièreté de patron un peu outrée.

un beau travail!

bonne continuation

Plumette

   Ora   
8/10/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Emmanuel, j'ai aimé ce personnage. Le seul de l'histoire qui est justement le contre pied d'une caricature de tueur à gages. J'ai aimé aussi votre écriture qui m'a tenue jusqu'à la fin, il y émane, pour moi, beaucoup de douceur alors que le décor et l'histoire sont durs. Merci pour ce moment :)

   MissNeko   
8/10/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour
J ai beaucoup aimé votre nouvelle en ce sens ce que je m attendais pas du tout à ça.
Vous écrivez très bien : c est fluide et agréable.
Bravo.

   Vincendix   
8/10/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Entretien final en effet !

Un récit bien mené et, il faut l’avouer le dénouement est imprévisible. Intrigué par le langage « fleuri » du PDG d’United Telecom, je sentais venir une surprise mais sans la cerner.
Evidemment, c’est une fiction, de nos jours, le tueur à gages ne vient pas trucider son « contrat » dans ses locaux surtout si c’est building de 75 étages.

Une incohérence à la fin, la serveuse reconnait son client alors qu’il a changé de visage !

Mais bon, je retiens une lecture facile où les phrases et les situations accessoires agrémentent le récit sans l’alourdir.

A vous relire pour une autre aventure.

   Donaldo75   
8/10/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Emmanuel,

J'ai été pris par cette histoire, surtout les rapports humains entre Jones et les différents protagonistes qu'il rencontre avant sa cible. En fait, c'est dans cette partie que réside le véritable intérêt, avec une description acérée de ce type de boite, de management, de non-dit, tout ce qui caractérise l'ascension sociale et les entreprises de technologie.

Ensuite, c'est moins intéressant dès que Jones entre dans le bureau du président, plus proche du cliché habituel sur les pousseurs de caddie qui deviennent patrons de la compagnie où ils ont commencé. Ce n'est pas un reproche, juste un constat. J'ai quand même bien aimé l'action criminelle, la façon dont Jones élimine Boles, presque scientifiquement.

La fin remet un peu d'humanité et d'humour, même si le coup du visage peut sembler étrange et ne pas plaire aux lecteurs férus d'explications toutes les cinq minutes.

Merci pour la lecture,

Donald

   Lulu   
8/10/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Emmanuel, et bienvenue sur Oniris..

J'ai bien aimé parcourir cette nouvelle qui nous tient en haleine, il est vrai, du début à la fin. J'ai particulièrement apprécié que vous l'ayez présentée sous forme de petits paragraphes. Cela aère le texte et lui donne un rythme fort agréable.

Je ne m'attendais pas du tout à cette chute. C'est donc plutôt bien fait...

En revanche, je trouve que vous donnez trop d'explications à la fin. Notamment là :
"Pourquoi avoir supporté cet entretien interminable alors que j'aurais pu tuer ce type dès mon arrivée, quand les caméras sont tombées en rade – ou plutôt quand je les ai désactivées ? Pour le challenge, simplement. Je voulais qu'il m'accepte pour ce poste avant que je ne mette fin à sa vie. Ça faisait partie du jeu."
Je trouve tout ce passage inutile et lourd. On aurait pu s'en passer. Sans doute faut-il faire plus confiance au lecteur sur sa compréhension du récit...

Mais dans l'ensemble, j'ai vraiment bien aimé, même si je me suis demandé ce que les candidats pouvaient trouver d'intéressant à ce patron grossier, car au-delà d'un poste convoité, il y a aussi les gens avec qui on va travailler.

Au plaisir de vous relire.

   Blacksad   
26/10/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Nouvelle sympa! La chute arrive de manière assez inattendue et ça c'est toujours (disons souvent) agréable. Quelques petites tournures ou clins d'œil qui m'ont plu (la tour de Babel, le boss de fin de niveau).

J'avais cru prendre le scénario en défaut en me disant qu'n pro de ce genre ne s'affiche jamais à visage découvert mais il est bien précisé qu'il a plusieurs visages. Soit. Le lecteur que je suis accepte le tour de passe-passe.

La description de la multinationale et de son boss est à la limite du cliché... mais ce n'est pas très important.

Il y a parfois un peu trop de détails ou de justifications qui sont superflus (il faut laisser de l'espace à la réflexion et à l'imagination des lecteurs). La fin par exemple avec la précision sur le sexe et la peinture par exemple m'apparaît inutile et vient même affadir le texte à mon sens.

Le seul truc qui m'a vraiment choqué dans cette nouvelle : c'est boire un capuccino juste après se laver les dents. Ce qui est mineur ;-)

Merci pour la lecture !

   Anonyme   
9/10/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonsoir,

J'ai passé un très bon moment de lecture avec cette nouvelle pour le moins surprenante. L'histoire est originale, le suspense haletant et la fin surprenante.

Bravo à vous,

Wall-E

   Anonyme   
9/10/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte très amusant, d'un bout à l'autre, j'ai regretté que dès la première phrase il y ait entretien suivit de près par entretenir, idem pour candidat, mais après plus de répétition, le style fluide parfaitement maitrisé et abouti fait oublier ces deux petites erreurs. L'histoire est géniale, j'y ait vu pas mal de sous entendu, particulièrement dans le monde du travail, j'ai adoré, j'ai trouvé extrêmement judicieux le virage qu'à pris l'auteur, un final savoureux, une très bonne nouvelle. Bonne lecture, je n'en dévoilerais pas plus.

   vendularge   
10/10/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonsoir,

De retour du pays de l'absence, je lis votre histoire et je la trouve plutôt bien construite, la chute n'est pas attendue et c'est là tout l'intérêt de cette nouvelle. On passe un moment sympa sans se prendre la tête, pas de grandes déclarations sur le monde et ses douleurs, pas de phrases qui vous font revenir deux fois pour en comprendre le sens et l'étendue...bref, un bon moment.

Bon, je suis une commentatrice qui ne commente que les choses qui lui plaisent (je précise que je peux ne rien dire par ce que je n'ai pas lu mais ça tout le monde s'en moque), donc pas de plume supplémentaire..;)

Merci de ce partage et belle soirée
Vvendularge

   Shepard   
10/10/2016
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour,

Pas grand chose à redire sur l'écriture en elle-même, c'est rondement mené. L'ensemble arrive à canaliser l'attention du lecteur jusqu'au dénouement... On se demande où l'auteur veut en venir dès le début de l'entretien qui s'éternise, avec une petite surprise finale. Chute intéressante.

Mon problème est plus au niveau du fond... J'ai du mal à acheter le fait que ce tueur va s'embêter à se faire valider pour un entretien (très, très sélectif, donc hasardeux) pour réussir son coup. Alors qu'il suffit d'attendre la nuit, que le type sorte du bâtiment et de lui mettre un balle à un feu rouge. Le choix est plutôt tortueux et risqué. Certes, la nouvelle repose entièrement là dessus, sans cela plus d'histoire du tout. Mais était-ce une bonne idée finalement ?

C'est bien réalisé, les petits détails sont là pour animer le récit... Pour moi c'est un film bien tourné... auquel je ne crois pas vraiment ! Mais au vu de la bonne qualité de l'écriture, je suis très curieux de lire d'autres de vos histoires.

   widjet   
26/10/2016
 a aimé ce texte 
Vraiment pas ↓
Aller au bout n’a pas été simple, vraiment.

Je suis même assez en colère (vis à vis de moi, pas de l’auteur) comme à chaque fois où je lis ou regarde un livre/film que je trouve très vite bidon (pour moi, j’entends), mais pour une raison inconnue que je poursuis jusqu’à son terme avec à la fin ce sentiment d’avoir clairement perdu mon temps. 



Je me foutrais des gifles parfois.

Pardon, mais je vais dire les choses comme je les ressens et je précise que ce n’est que mon avis : c’est un des plus mauvais textes qui m’a été donné de lire depuis que je suis là. Nul, pas d’autre mot. Rien à sauver. Me suis dit d'emblée : quel âge à l'auteur ? A t-il déjà lu un thriller ? Suis allé voir, l’auteur a 27 ans donc c’est pas non plus un ado.


J’ai trouvé l’écriture d’une platitude abyssale. Rien d’original à se mettre sous la quenotte, pas une phrase, pas une idée, pas un dialogue, pas une description. mais alors rien du tout. C'est hyper rare. Me suis fait chier tout du long. Tout (intrigue, dialogue, action, descriptions…) est écrit de la même façon : pas de nerfs, pas d’images, pas de rythme, de tension (pour un thriller, c'est un comble). J’ai rarement long un truc aussi uniforme et ce quelque soit le bout où on prend le texte.


Dans le détail :

La rencontre avec la serveuse : plus cul-cul la praline, tu meurs (et dire que le gars compte parmi les deux cadors d’une méga boîte, pas crédible deux secondes tant j’ai eu l’impression d’avoir eu affaire à un collégien).

Les dialogues : mièvres (la drague avec la serveuse, au secours) ou pas réalistes. 

Ecriture sans relief, personnages fades, dialogues insipides, tout ça rien qu’après avoir lu deux pages. L’intrigue ? Torchée et sans aucune explication (le plan n’est même pas développé ou à minima suggéré, l’auteur nous sert ça et on doit acquiescer en disant « bien sûr, j’y crois » (surtout avec la personnalité de quiche du mec).

De qui se moque t-on ?

Ce qui m'a surtout mis en rogne à vrai dire, c'est que c'est très paresseux. Rien n'est dit ou mis en scène (le plan, le face à face avec le boss, ...) et ça doit passer avec si peu d'élément et le caractère de ce gars là ? Nan mais sans blague, si ce type est un serial-killer et un génie de l'IT moi je suis Teddy Riner !...La scène entre le président et le gars n’est même pas un chouïa décrite pour voir comment le type arrive à convaincre le dur à cuir de président (je passe outre le dialogue final du patron qui sonne faux aussi, encore un auteur qui pense que le dialogue peut-être expédié, c'est du boulot l'écriture de dialogue, merde !). Et pis voilà, le mec a le job, on sait même pas comment et on doit le gober. Bah na, désolé, j'achète pas. J'ai la sensation que ça emmerdait l'auteur d'essayer de décrire ce face à face qui est mort né.


Enfin, THE scène gore (enfin gore, façon de parler hein) : comme l’ensemble, écrite comme s’il s’agissait d’un menu Pizza Hut. La violence ni froide ni intense, y’a rien dedans. Zéro goût, zéro texture (comme une pizza Hut d'ailleurs).

Enfin, deux trois bricoles sans importance :

« nous sommes interrompus par le téléphone » : sa sonnerie plutôt ?
« Tu sais que c'est très mal, de faire du mal aux éléphants pour une connerie d'ustensile ? » : étrange emplacement de la virgule entre « mal » et « de faire ».
La serveuse laisse son numéro et pas son nom (que le héros ne demande pas) : moyen crédible.

Quand je lis « histoire haletante » "qui tient en haleine", je me dis que beaucoup ici n’ont jamais lu de thriller de leur vie.



Pas possible autrement.

W
(furax)
PS : je parle même pas du titre très « série Z M6 ».


Oniris Copyright © 2007-2023