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Réalisme/Historique
Faolan : L'eau de là [concours]
 Publié le 01/02/09  -  17 commentaires  -  4762 caractères  -  86 lectures    Autres textes du même auteur

Un homme. Une aquarelle. La mer.


L'eau de là [concours]


Ce texte est une participation au concours nº 8 : Les brèves d'eau (informations sur ce concours).



J’ai chaud. Je viens d’apprendre un mot malais. Bukit. Cela signifie colline.


De ce côté de l’île pourtant, nul relief. La mer. Plate. À perte de vue. C’est pour elle que je suis là, pour la peindre.

Il n’est que huit heures et demie et déjà le soleil tape. Durement.

Je n’arrive à rien… Mon papier, épais, absorbe l’eau mais aussi mon inspiration, ne laissant que bavures désordonnées à sa surface.

J’ai soif. Je pose mes pinceaux, témoins de ma vaine tentative à transposer la justesse du paysage et quitte l’étroit balcon. Deux appuis. Pas plus. Je jure. Ma douleur à la cheville, vestige lancinant de la veille, se rappelle à moi. Tandis que, contraint de continuer en sautillant sur l’autre pied, l’incident repasse devant mes yeux.


Hier soir… Trop impatient. Trop fou. Mes valises à peine négligemment jetées sur le plancher de la chambre que déjà j’avalais les escaliers. Quatre par quatre. Un vrai cabri ! Je voulais voir la mer, m’en imprégner pour que demain, l’aquarelle naisse d’elle-même. Et là, à la dernière marche, l’entorse. Stupide. Inévitable. Douloureuse…


Un craquement sec me ramène à la réalité. Je viens de m’effondrer sur le matelas, brisant au passage une latte du sommier. J’ai mal. Ma main tâtonne, cherchant fébrilement la crème dans le tiroir de la table de chevet. Je l’ai. Je l’applique, mais du bout des doigts seulement. La chaleur diffuse à travers l’articulation, estompant quelque peu la douleur.

Je profite de ce répit pour glisser dans un sac mon matériel : papier, éponge, coton, chiffon, palette, pinceaux et une bouteille d’eau, indispensable pour mélanger les pigments. C’est décidé. Je sors ! Ce n’est qu’une entorse après tout. D’ici, je ne parviendrai à rien. À peine trois cents mètres me séparent de la plage, même en marchant lentement la lumière y sera toujours propice, il est encore tôt. De plus, il paraît que l’eau saline a quelques propriétés anti-inflammatoires.

Je quitte la chambre et me dirige, boitillant, vers l’ascenseur. Je me glisse à l’intérieur, appuie sur le bouton du rez-de-chaussée et commence à descendre. Dix étages. Ce concours va me rendre fou. Cinq jours. C’est tout ce qu’il me reste. Et ce thème, compliquant tout : l’eau de là. Interdisant implicitement mais aussi réglementairement l’eau d’ici. C'est-à-dire l’eau du pays. Le mien, la Belgique. J’avais donc pris le risque d’attendre le 25 décembre, premier jour de mes vacances. Noël au soleil, seul. Curieux choix. Le 30, à minuit, date ultime pour remettre mon œuvre. Une course contre la montre.


Une voix me tire de mes pensées. La radio. Tremblement de terre en Malaisie. Pas ici, heureusement.

Je constate avec surprise que je suis déjà dans la rue. Je me retourne, regardant le hall de l’hôtel que je viens de traverser sans ressentir la moindre gêne. Trop occupé à me rappeler l’échéance mon esprit a occulté les signaux de la douleur.

Je me remets en route. Les premiers pas sont à nouveau éprouvants.

Neuf heures vingt. La rue est déjà agitée. Les échoppes de bois débordent de touristes. Les tuk-tuks ont bien du mal à se frayer un passage. Moi aussi. Je me concentre sur mes appuis. J’ose un regard vers les palmiers, annonçant la fin de l’artère principale de la station balnéaire. J’ai presque parcouru la moitié de la distance. Un thermomètre affiche trente-cinq degrés.

Je continue ma lente marche. Ici et là quelques Ladyboys terminent leur chaude nuit, accostant sans gêne certains vacanciers.

J’ai soif. Je pénètre dans le premier magasin dont la file d’attente à la caisse ne me rebute pas. Le "Patong’s food". J’en ressors à peine que ma bouteille d’eau est déjà à moitié vide.

Enfin, je touche au but. Telle une haie d’honneur, les enseignes trônant au-dessus de la devanture des dernières boutiques m'accompagnent jusqu'au muret longeant la plage. Je l'enjambe tant bien que mal et arrive aux bungalows de luxe. La chaleur est de plus en plus accablante.


Dix heures. La mer d’Andaman est là, à quelques pas. Je dépose mon sac à l’ombre d’un palmier. C’est là que je peindrai. Mais avant, me baigner. J’ai la peau moite et la cheville enflée. J’avance vers l’eau, prudemment, guettant la moindre aspérité, le moindre relief du sol. Je relève la tête. L’inspiration me submerge, dessinant la toile devant mes yeux. L’image disparaît, brusquement, remplacée par les vagues. Réelles. Bruyantes. Hautes. Se rapprochant. Vite. Anormalement.


J’ai chaud. Ça n’a plus d’importance maintenant. Je viens d’apprendre un mot malais. Bukit. En langue thaïe il se prononce Phuket.



 
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   Ephemere   
1/2/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonsoir, cette histoire passe bien et sa conclusion me rappelle un évènement. Le style est assez lisse, bien qu'il y ait trop d'adverbes, surtout en fin.
On ne sait pas si c'est la force de cette tragédie, très présente dans nos esprit, ou la façon dont elle est relatée qui marque le plus. L'image nait toute seule.
FMR

   Anonyme   
1/2/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Classique, je me demandais si j'allais lire sur ce sujet dans le concours...

Bon alors, repremier texte de l'auteur (j'aime bien les premiers textes) que je lis et agréable surprise.
Bien que le texte soit, comme le dis FMR, un peu alourdi par quelques fautes de gout ou adverbes un peu trop présents, on ressent une réelle imagination, une volonté de raconter de belles choses.
Je trouve, mais comme je suis la reine du fouillis je ne vais pas m'étendre, que c'est parfois un peu brouillon, mais comme on a affaire à un artiste, je pense que ça colle assez dans le ton de l'histoire.

Le style est sympa, pas pompeux, fluide, les phrases bien tournées.

J'aime assez l'idée de surmonter la douleur au pied parce qu'il FAUT évacuer le besoin de peindre...

Donc dans l'ensemble, un texte inspiré et agréable à lire.
Je suis curieuse de lire l'auteur dans un texte plus long.

Merci.

   Nongag   
1/2/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Une histoire simple dans laquelle l'ambiance est très bien rendue. Cette quête artistique, ce concours de peinture est clairement une transposition du notre. Le thème est habilement respecté puisque le personnage est au prise avec un sujet quasi identique à celui qui nous est imposé.

Il n'y a pas de véritable "chute" (ou bien j'ai manqué le bateau: Bukit et Phuket sont des synonyme en malais) mais l'écriture est très agréable et réussie à imposer un rythme soutenu alors que l'action n'est pas si présente: après tout il ne s'agit que d'un type blessé qui parcourt 300 mètres pour commencer un tableau. Prometteur.

   Anonyme   
1/2/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une vraie histoire. Dans ce concours, ce n'est pas si fréquent.
La plume est alerte et la lecture est agréable.
Le thème est original, la chute inattendue.
Tous les ingrédients sont réunis pour que ce texte figure parmi les favoris.
Merci l'auteur.

   Malka   
1/2/2009
 a aimé ce texte 
Bien
L'écriture est fluide, le texte agréable à la lecture mais la chute m'a laissée sceptique (un peu rapide, un peu facile).
J'ai aimé le rapport que tu instaures entre le peintre et son art: sa précipitation, sa recherche de l'inspiration...
Merci pour cette lecture.

   Flupke   
1/2/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Malgré quelques légères fautes de style, la nouvelle est bien construite. Révélation progressive jusqu'à la chute finale. Je ne sais si tout le monde en aura saisi les subtilités, mais en tout cas, c'est celle qui contient la plus grande quantité d'eau de tout le concours si je puis dire. Et l'eau la plus violente.
Astucieux le coup de l'entorse et des béquilles pour indiquer que selon toute vraisemblance, il ne va pas en réchapper. Plutôt encourageant pour un premier texte.
Bravo.

   marogne   
1/2/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Même avec des chevilles en bon état, être sur la plage à ce moment là, ne pouvait être que fatal. Je trouve le traitement de cet incident, en conséquence, un peu disproportionné avec le reste de la nouvelle. J'aurais peu être préféré en savoir un peu plus sur ce qui poussait cette personne à aller si loin, mieux le connaître, mieux l'apprécier, et donc regretter un peu plus que le destin ai pris au mot sa volonté de peindre l'eau delà, en le lui faisant rejoindre trop tôt.

Le jeu de mot du titre, que l'on savoure vraiment à la fin, et la référence à ce concours sont bien vus.

   Anonyme   
2/2/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte qui peine un peu à démarrer pour moi. Le début est peu accrocheur, notamment les longueurs sur l'entorse. Et puis le style devient bien plus fluide, plus concret, on sent la vie qui grouille malgré la chaleur.

La fin un peu prévisible, est cependant très bien amenée.

Bref un texte de très bonne qualité, qui pêche peut être par son démarrage.

   Anonyme   
2/2/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Une écriture sympathique au service d'une histoire individuelle noyée dans la grande.
J'aime l'idée du peintre peignant sa propre mort
merci

   Bidis   
2/2/2009
L’idée est très bonne. La chute m'a surprise et, comme il a été dit avant moi, il n'est pas anodin que le narrateur ait une entorse. J'ai trouvé que l’écriture rend très vivante la dernière partie du texte. Mais les trois premiers quarts m’ont semblé laborieux - du point de vue du fond - moins "coulant de source". Bien sûr, ce n’est qu’une impression…

   Menvussa   
3/2/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
L'eau semble absente de l'intrigue et tout à coup la voici qui frappe sans prévenir.

Je trouve que le récit ne devient intéressant que rétrospectivement.

   melonels   
5/2/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Tout d'abord le titre est bien trouvé, original il ne nous donne qu'un indice suptile sur le fond du texte.
Le style est fluide, très agréable à lire sans prétention, c'est malheureusement l'histoire qui fait défaut...je ne suis pas rentrée dedans. Désolé.
Mais je sais que j'apprécierai un autre de tes textes, parce que "l'au delà" est saupoudré de talent.

   Anonyme   
6/2/2009
 a aimé ce texte 
Pas ↑
là j'ai un souci. Une entorse. Sautiller pendant tout ce chemin jusqu'à la plage!! l'auteur a connu ce genre de mésaventure? Cela est très douloureux. Je ne comprends pas non plus pour la pommade. avait il prévu cette entorse? Ou cette pommade était déjà dans le tiroir de cette chambre. Chute également un peu rapide sinon jolie écriture. merci.

   guanaco   
6/2/2009
Trame "astucieuse" avec en toile de fond le concours mais je n'ai pas réussi à accrocher. La lecture pour moi est rendue difficile par les phrases courtes voire un mot seul. C'est un rythme qui me pose problème, je préfère être bercé par de belles descriptions (pas trop longues évidemment) ou secoué par des images fortes.
Merci.
Guanaco

   dude   
9/2/2009
 a aimé ce texte 
Bien
La fin est une bonne surprise et apporte du tonus à l'histoire. Je n'ai pas vu le coup venir. Sinon, c'est bien écrit, agréable. L'histoire se laisse lire et vaut surtout pour sa chute.

   David   
12/2/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour Faolan,

Je pense à la catastrophe du tsunami en Malaisie pour le fond de cette petite histoire, ça sera moins facile à retrouver si le texte est encore lisible dans quelques années... il aurait fallu caser une date précise peut-être.

Pour une histoire de peintre, je la trouve plutôt cinématographique, mais ce n'est pas forcément un défaut.

   Ariumette   
22/2/2009
D'abord félicitation d'avoir relevé le défi de ce concours !
Mon avis : J'ai dû lire les commentaires des autres pour saisir le texte. Ca vient pas de toi, je te rassure ! A la relecture j'apprecie mieux ce texte à l'ecriture fluide. Un peu trop de longueurs dur l'entorse mais bon... Au plaisir de te lire à nouveau.

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