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Science-fiction
Filipo : L'abri - Partie 4 sur 4
 Publié le 21/01/10  -  14 commentaires  -  37287 caractères  -  95 lectures    Autres textes du même auteur

Alain entrera-t-il en contact avec Eva ? La conclusion de l'abri, avec une énigme à la clé...


L'abri - Partie 4 sur 4


Résumé des parties 1 à 3 :


La famille Durieux a acquis un pavillon dans une banlieue résidentielle du Val-de-Marne, équipé d’un abri antiatomique colossal. Construit dans les années soixante-dix par le docteur Yann Keller, chercheur suisse en physique des particules, convaincu de l’inéluctabilité d’un conflit nucléaire, l’abri est conçu pour permettre la survie d’une famille de cinq personnes durant plus de vingt ans.


Le 3 septembre 2016, alors qu’Alain Durieux est occupé à remettre le blockhaus en état, l’Iran met le feu aux poudres en anéantissant Tel-Aviv avec un missile balistique. Une série exponentielle de répliques et contre-répliques fait basculer le monde dans l’apocalypse…


Plusieurs têtes nucléaires rayent la région parisienne de la carte. Alain se retrouve coincé douze mètres sous terre (dès le début de l’alerte radioactive, l’abri s’est verrouillé automatiquement), tandis que sa femme et sa fille, en balade au centre commercial, trouvent la mort avec la quasi-totalité de la population.


Alain refuse d’admettre qu’elles aient péri. Évitant le plus possible de penser au monde extérieur, il entame alors une longue période de désespoir et de solitude, organisant sa survie dans l’abri grâce à un fascicule très détaillé laissé par le docteur Keller… En particulier, il s’investit sans compter dans la rénovation de la serre hydroponique. L’énergie qui lui reste, il la dépense en longues séances quotidiennes sur son vélo d’appartement, exercice physique lui procurant d’étranges hallucinations, qui lui permettent de transcender son isolement.


Après des mois d’isolement, il capte un appel à l’aide sur une vieille cibi qu’il est en train de bricoler.




Affalé dans le vieux fauteuil du salon, une bouteille d’eau minérale à la main, j’observais mon vélo d’appartement sans vraiment le voir. Je suais à grosses gouttes, encore pantelant après ma longue course. J’avais pédalé comme un forcené, mais aucun tunnel ondoyant ne m’avait emporté vers mon univers onirique. Trop de pensées obsédantes plombaient mon esprit. Machinalement, je portai la bouteille entamée à mes lèvres et la vidai en quelques gorgées. Je n’arrivais pas à me sortir Eva Clarinsky de la tête. Eva et ses appels au secours, qui résonnaient en boucle comme autant d’accusations.


Quand je fermais les yeux, les visages de ma femme et de ma fille s’imposaient à moi avec une acuité douloureuse. La situation présente me ramenait à ce jour maudit où je n’avais pas su persuader Élodie de revenir avant qu’il ne soit trop tard… Et pour Eva, était-il aussi trop tard ? Un mauvais pressentiment me tordait les boyaux.


En admettant qu’elle fût encore en vie, que pouvais-je réellement faire pour elle ? L’hôpital Albert Chenevier se trouvait à au moins six bons kilomètres de l’abri des Keller. Même équipé d’une combinaison antiradiation, c’était du suicide que de vouloir s’y rendre à pied. D’après les relevés les plus récents, le niveau de radioactivité était encore au-dessus des doses tolérables, comme en témoignait l’alerte toujours en vigueur dans le sas de décontamination. Et à propos du sas, il y avait aussi cette question à trancher : pourrais-je vraiment déverrouiller la porte qui en scellait le seuil ?


- Bon, d’accord… pour ça, il y a peut-être un moyen, finis-je par admettre.


Durant mes premiers mois sous terre, j’avais découvert qu’un code d’urgence permettait d’en forcer l’ouverture. En piochant un ouvrage au hasard dans la bibliothèque, j’étais tombé sur une note de Keller, rédigée au verso de la couverture, qui dévoilait l’existence d’un « trou de sécurité ». En guise d’indice menant au fameux code secret, le vieux farceur avait trouvé hilarant de conclure par ces quelques vers :


Du repos des humains, implacable ennemie,

J’ai rendu mille amants envieux de mon sort,

Je me repais de sang et je trouve la vie,

Dans les bras de celui qui recherche ma mort. (*)


Bien que j’aie tenté plusieurs fois de résoudre l’énigme, je n’en avais pas encore la solution. Peut-être aurais-je relevé le défi avec plus d’ardeur, si je ne m’étais pas résolu, en fin de compte, à demeurer dans mon abri. Il y avait trop de radiations pour espérer sortir. Et s’il existait encore une zone non contaminée par le Césium 137 et son vieux pote le Strontium 90, je ne survivrais pas assez longtemps pour la rejoindre. Sans compter qu’il ne devait pas faire bon se balader dehors, vu les conditions climatiques… De quoi aurais-je vécu, dans un monde pétrifié par le froid, stérilisé par l’atome ?


Je me rendis alors compte que j’avais tout simplement peur. Peur de m’effondrer en voyant ce qu’ils avaient fait de la planète. Peur de ce que j’allais trouver en surface. Peut-être avais-je préféré faire l’autruche pour ne pas affronter tout ça. Néanmoins, si cette fille était en mesure d’être sauvée, je ne pouvais plus m’offrir le luxe de l’ignorance. J’allais devoir organiser une mission de secours, m’obliger à quitter l’abri. À condition d’avoir la certitude qu’elle soit vivante. Aucune envie de me sacrifier en pure perte…


Je décidai d’allumer cette bon Dieu de cibi, pour tenter encore une fois de contacter la fille. S’il n’y avait pas de réponse, alors c’est que c’était cuit pour elle. Il ne me resterait plus alors qu’à oublier jusqu'à son existence. Pas facile, mais je me ferais une raison. Voilà exactement ce que j’allais faire.


- Bon, ça va être à toi de jouer, frangine. Crois-pas que je vais me taper le travail tout seul !


ooOOoo


- Eva ? Vous m’entendez, Eva ? Répondez, bon Dieu ! hurlai-je, excédé.


Après une bonne demi-heure à essayer d’établir le contact, j’étais ulcéré de répéter les mêmes phrases. Ces mêmes mots, se heurtant encore et encore à un silence désespérant. Je savais bien que c’était foutu, que je m’escrimais en pure perte. Cependant, malgré ce témoignage éloquent de mutisme obstiné, je n’arrivais pas à raccrocher les gants, à renoncer à l’espoir de faire partager ma solitude à quelqu’un. Alors, je trouvais à Eva toutes les excuses pour ne pas répondre : une cibi défectueuse l’empêchant d’émettre ou de recevoir, une blessure assez grave pour la clouer au lit… Après tout, je n’avais aucun moyen d’être sûr, absolument sûr, qu’elle fût morte.


Soudain un murmure rauque, inhumain, déchira ce silence de tombeau.


- P… Piotr ?


Elle avait répondu ! Un espoir énorme souleva mon cœur. Puis, avec le silence qui s’installait à nouveau, mon allégresse retomba.


- Eva ! Vous… vous êtes là ? Mademoiselle ? Est-ce que vous…

- Piotr… répéta la voix, aussi faible que le souffle du vent dans la ramure d’un arbre mort.


Oh putain ! C’est ce que je craignais ! Cette fille était en plein délire. La situation d’Eva Clarinsky semblait carrément désespérée. Elle…


- Je m’ex… cuse… Piotr…


Ce furent les derniers mots que prononça ce fantôme.


ooOOoo


Cette fille était sur le seuil de la tombe, il n’y avait aucun doute. Dans quelques jours, son sort serait scellé, peut-être même n’était-ce qu’une question d’heures.


« Si je ne fais rien, elle va mourir. » Je n’avais que cette idée en tête. Pas le temps de penser aux conséquences, ni de mûrir plus longtemps cette décision. Je devais sortir de mon trou en vitesse, localiser cette fille et la ramener dans mon abri. Si je voulais la sauver, il n’y avait pas d’alternative.


Dans le fascicule de Keller, j’avais lu tout ce qu’il y avait à savoir sur les sorties en environnement contaminé. Je savais très bien que ce que j’allais tenter était suicidaire. Mais je devais courir le risque. Je dévalai l’escalier métallique, entrai dans la réserve et piochai sur les étagères tout ce qui pouvait avoir une quelconque utilité pour sauver Eva Clarinsky. J’entassai le tout dans un grand sac à dos, en désordre, comme je pus. Juste avant de quitter la pièce, mon regard se posa sur un drôle d’engin, garé sous une étagère : un mini-quad. C’était l’évidence même ! Avec ça, j’allais pouvoir rejoindre l’hôpital Chenevier en minimisant mon exposition aux radiations. Dire que j’étais passé devant ce truc des centaines de fois, sans imaginer une seconde m’en servir un jour…


Je devais encore prendre une dernière précaution. J’avalai deux comprimés du « vaccin » antiradiations récupéré il y a déjà quelque temps dans l’armoire à pharmacie des Keller, espérant que ce traitement allait me protéger. J’essayai d’oublier que ce truc était périmé depuis au moins trois ans. Je pris avec moi des vêtements chauds, puis m’escrimai à remonter le quad dans le sas d’accès, ce qui ne fut pas une mince affaire.


Tandis que je reprenais mon souffle, je me remémorai l'énigme censée débloquer la porte blindée. Je réfléchissais intensément, essayant de me calmer. Sans résultat. Les quatre vers de cette maudite devinette dansaient sous mon crâne, s’emmêlaient entre eux, continuant de me narguer. Mes mains tremblaient, je grelottais. Je touchai la porte du sas. Elle était glacée. Dehors, il devait faire un froid polaire.


- Allez ! Allez, nom de Dieu ! Je dois trouver cette saleté de code !


Tout en continuant de réfléchir, je décrochai deux combinaisons antiradiation. L’une d’elles trouva sa place dans mon sac. J’épaulai le sac, puis passai la seconde combinaison par-dessus, me tortillant pour pouvoir verrouiller la fermeture malgré l’imposant paquet accroché à mon dos. Des démangeaisons horripilantes m’assaillirent, aux endroits où frottait le textile râpeux. Je me grattais furieusement…


C’est précisément ce geste qui fit jaillir l’illumination. Je venais de résoudre l’énigme de Keller !


Sur chaque touche du clavier de la porte blindée étaient gravés un chiffre et trois caractères alphabétiques, comme sur un téléphone. Je tapai le code correspondant à ma solution : 7823. Ça ne donnait rien, il manquait des chiffres… Je complétais ma réponse, pianotant une nouvelle séquence : 863 7823.


- Sas déverrouillé. L’abri n’est plus sous protection, annonça une voix synthétique.

- Je t’ai eu, saloperie ! hurlai-je, en dansant sur place.


Je finis de m’équiper, puis verrouillai le haut de ma combinaison. Le sifflement du masque anti-poussières et la visière de plexiglas me donnait l’impression d’être dans une sorte de scaphandre. J’appuyai sur le bouton d’ouverture et la porte du sas coulissa, me laissant le chemin libre vers la surface.


ooOOoo


Clignant douloureusement des yeux, surpris par la lumière irradiant de toute part, j’émergeai au milieu des décombres de notre villa effondrée. L’effet de souffle et les incendies provoqués par l’explosion avaient causé une désolation effroyable. Le lotissement résidentiel où nous avions élu domicile n’était plus qu’une succession de ruines tordues et calcinées. Comme si un typhon incandescent avait balayé ce coin de banlieue tranquille. Sidéré par cette vision de cauchemar, je songeais avec horreur à tous ces gens, balayés par une tempête de magma à mille degrés pendant que j’étais tranquillement installé dans ma cuisine, plusieurs mètres sous la surface.


Le ciel était dégagé et le soleil de cette fin mars dardait des rayons que les nuées radioactives censées opacifier la haute atmosphère n’atténuaient nullement. Aucune trace de glace ou de neige sur ce sol brûlé jusqu’à la roche, sans le moindre brin d’herbe. D’après Keller, les conséquences de ce conflit devaient pourtant affecter le climat au point d’entraîner une nouvelle ère glaciaire. Je jetai un œil au détecteur fixé à mon poignet. L’afficheur numérique indiquait qu’on était toujours dans la zone rouge, côté radiations. Par contre, le thermomètre intégré mentionnait 2°C, une température plutôt clémente pour un hiver nucléaire.


Ne perdant pas plus de temps à étudier cet environnement flippant, j’utilisai le treuil amovible du puits d’accès pour sortir le mini-quad. Après avoir branché une batterie neuve, je n’eus aucun mal à démarrer l’engin. Je m’entraînai à le manier en traversant les restes calcinés de mon jardin. En arrivant dans la rue, je fus surpris par l’état de la chaussée. Malgré les monticules de débris qui l’envahissaient par endroits, elle semblait praticable, à condition de rouler lentement. Un luxe dont je ne disposais pas. Je fonçai donc au mépris du danger.


Le seul obstacle sérieux que je rencontrai fut l’énorme embouteillage au carrefour des petits Carreaux, non loin de la sortie de Sucy-en-Brie. Sur des kilomètres, un flot de véhicules occupait l’avenue de Paris sur toute sa largeur. Un enchevêtrement de carrosseries décapées par la fournaise radioactive, aux pneus explosés, aux plastiques fondus, formant une multitude de mares noirâtres. Je quittai la chaussée pour le trottoir, plus dégagé, cherchant à occulter de mon esprit les cadavres occupant les carcasses de voitures. Je ne pus cependant m’empêcher de jeter un œil sur une 309 en travers de la voie. Deux squelettes à l’intérieur. L’un au volant, le crâne tourné sur le côté, l’autre assis à l’arrière, sur les vestiges calcinés d’un rehausseur. Une mère et son enfant… Une pointe de silex me déchira le cœur.


Après vingt minutes de gymkhana, j’arrivai sans plus d’encombres devant l’hôpital Albert Chenevier. Ou plutôt, ce qu’il en restait. J’avais résisté à la tentation de rallonger en passant par Créteil Soleil, le centre commercial où j’avais perdu la trace d’Élodie et Manon. J’en avais vu assez sur le trajet pour savoir que cela ne me ferait aucun bien. Je garai le quad à l’abri d’un auvent rouillé, coupai les gaz et mis pied à terre. J’allais à présent entamer la partie la plus délicate de ma mission : trouver l’abri antiatomique du centre hospitalier. En croisant les doigts pour qu’il ne soit pas enseveli sous des tonnes de débris…


ooOOoo


Aujourd’hui encore, je ne sais pas exactement comment j’ai trouvé l’abri. Je ne voyais presque rien en dehors du faisceau étroit de ma torche, ricochant sur des murs lépreux, au plâtre désagrégé par les radiations et les intempéries. Les minutes passaient, inexorablement, tandis qu’un voile flou embuait ma visière de plexiglas. De loin en loin, j’éclairais des squelettes en blouses blanches, étalés au sol dans les positions les plus diverses. Et puis, dans un coin de couloir miraculeusement épargné, je découvris par hasard un plan du sous-sol, gravé sur un panonceau de plastique. Je connus un bref moment d’euphorie quand j’y repérai l’emplacement de l’abri.


Je suivis les indications du plan d’étage, passai en courant devant les archives et me retrouvai face à une porte en acier anti-explosion, verrouillée par un volant de manœuvre. Je tambourinai un moment sur le sas en criant le prénom de la fille, avant de réaliser la futilité de mon geste. Même si deux cloisons blindées ne l’avaient pas empêchée de m’entendre, Eva Clarinsky était certainement trop faible pour venir m’ouvrir. J’empoignai le mécanisme et tournai de toutes mes forces. Le volant, faussé ou grippé, ne bougea pas d’un pouce. Je cherchai de quoi faire levier, mais ne trouvai rien qui ne tomba aussitôt en morceaux.


Le plan que j’avais maraudé tout à l’heure indiquait un local technique. Je fonçai, espérant dénicher dans cette remise une pièce de métal non corrodée. Le sort m’avait à la bonne. Je tombai immédiatement sur une barre à mine, entreposée là par un ouvrier bien inspiré. À la troisième tentative, je réussis à décoincer le volant et à me glisser dans le sas de l’abri, un réduit accueillant deux douches. Après avoir refermé la porte blindée, je lançai la procédure de décontamination. Les recycleurs d’air se mirent poussivement en route et une eau boueuse jaillit de la pomme de douche au-dessus de moi. Priant pour que l’installation ait éliminé la plus grosse partie des éléments radioactifs me collant aux basques, j’ôtai ma combinaison.


Le second bac à douche, maculé d’un dépôt sombre à l’aspect terne, était occupé par une masse informe, recouverte d’une bâche plastique. Quelque chose clochait. Malgré le froid qui cristallisait mon souffle, l’air était imprégné d’une puanteur douceâtre, une odeur de viande en décomposition. Je ne pus résister à la tentation morbide de tirer sur la bâche. Elle me dévoila le cadavre d’un homme, dépecé jusqu’à l’os comme une vulgaire carcasse animale. Sur les chairs restantes, bouffies et noirâtres, grouillaient des vers. Le visage, méconnaissable, était tordu sur un cri inachevé. Saisi d’horreur, je reculai en luttant contre une brutale nausée.


- Merde ! Mais qu’est-ce qui s’est passé, ici ?


Un seul mot fusa dans mon cerveau. Anthropophagie. L’ultime recours en situation de survie extrême.


- Comment… comment ont-ils pu ? murmurai-je, révulsé.


Une évidence s’imposa à moi. Quand les rescapés avaient entamé leur terrible jeûne, une fois les derniers vivres épuisés, ils avaient été confrontés à un choix atroce : une mort lente et douloureuse, ou bien… ça. Certains avaient dû choisir de se sacrifier pour prolonger la vie des autres. Qu’espéraient-ils ? L’arrivée de secours, qui de toute façon n’étaient jamais venus ?


- Bouge ton cul, Alain ! À présent, c’est toi, les secours !


Détournant le regard du cadavre, je réajustai mon sac à dos en frissonnant, puis me glissai hors du sas. Dès le seuil franchi, un fumet pestilentiel me sauta au visage, des odeurs d’excréments et d’urine. Essayant de filtrer ma respiration avec la manche de mon pull, des larmes acides brouillant ma vue, j’avançai prudemment dans cette atmosphère fétide.


Le couloir débouchait sur un lieu de vie assez vaste et abondamment éclairé. Un des murs était occupé par un évier en inox et quelques éléments de cuisine. Dans un coin de la pièce traînait une paillasse moisie, recouverte d’un monceau de couvertures. Seul un « plic, ploc » discret rompait le silence de mort régnant dans le bunker. Le goutte-à-goutte d’une canalisation crevée, sous l’évier, recueilli religieusement dans un seau en plastique.


Puis je vis Eva Clarinsky. Une poupée d’os et de chiffons, recroquevillée sur le sol de béton brut. À force de volonté et de courage, elle avait réussi à ramper jusqu’à sa cibi.


ooOOoo


Je m’agenouillai à ses côtés, n’osant même pas l’effleurer. Sous la peau translucide, un réseau des veines bleues striait son front pâle et ses mâchoires émaciées. Ses yeux, enfoncés profondément sous l’arc orbital, ne semblaient jamais devoir se rouvrir. Un tel état de décharnement défiait le sens commun. Je crus qu’elle était morte, avant de remarquer le frémissement qui agitait sa cage thoracique. Elle respirait encore…


- Eva ? Eva, réveillez-vous ! Vous êtes sauvée !


Espérant ne pas avoir à la secouer pour la tirer de l’inconscience, je me penchai sur cette pauvre chose. Les émotions qui tourbillonnaient en moi – soulagement, espoir, pitié, peur – firent exploser le barrage des larmes. Quelques gouttes salées atterrirent sur son visage diaphane. Je les balayai maladroitement. Eva Clarinsky ouvrit soudain de grands yeux effrayés.


- P… Piotr ? fit-elle dans un souffle.

- Tout doux ! la rassurai-je, me forçant à sourire. Je vais… je vais m’occuper de vous. Surtout, restez calme !


J’avais suivi une formation aux premiers secours, dans une autre vie. Rien cependant qui m’ait préparé à une situation aussi critique. J’allais devoir improviser. Un début de panique monta en moi, que je refrénai aussitôt. Je devais à tout prix rester calme, méthodique, détaché. Pas question de perdre mon sang-froid, il en allait de la survie de cette fille !


Je découvris que l’abri possédait un dortoir avec des lits superposés. Prenant mon courage à deux mains, je passai mes bras sous le corps d’Eva et la déplaçai sans effort jusqu’au matelas le plus proche. Combien pouvait-elle peser ? C’était sans importance pour l’instant. Je sortis plusieurs kits de réhydratation de mon sac à dos et fixai une poche de soluté au montant du lit. Puis j’entrepris de poser une intraveineuse sur le poignet filiforme d’Eva. Pas évident, sur un sujet n’ayant plus que la peau sur les os.


Deux heures plus tard, elle commençait à aller mieux, respirant avec moins de difficultés. Dès qu’Eva retrouva assez de force et de lucidité, je substituai des bouillons et des soupes aux perfusions, puis passai aux concentrés énergisants. Il lui fallut quatre jours de soins continus avant de pouvoir se nourrir et se lever seule.


Durant ces dizaines d’heures passées à la veiller, Eva me détailla les épreuves qu’elle avait traversées. Malgré les torrents de larmes accompagnant le flot de ses souvenirs, cela semblait la soulager. J’écoutais donc avec attention, sans émettre le moindre commentaire.


Ce qu’elle me confia était fragmentaire, décousu et souvent insoutenable. Son récit se grava à jamais dans ma mémoire.


ooOOoo


Eva était infirmière puéricultrice. Elle avait vingt-six ans quand elle avait rencontré Piotr Clarinsky, un jeune docteur ukrainien venu faire sa spécialisation en France. Ils s’étaient mariés deux ans plus tard, après que Piotr eût décroché un poste d’obstétricien à l’hôpital Albert Chenevier, dans le service de néo-natalité d’Eva. Ils avaient acheté un appartement à Créteil, projetaient d’avoir deux enfants, passaient parfois des vacances dans la famille de Piotr, à Odessa, sur les bords de la mer Noire.


Le samedi du grand cataclysme, ils étaient chez eux, profitant d’un jour de repos. Comme la plupart de leurs concitoyens, ils avaient suivi en direct l’incroyable accélération du conflit. Quand Sarkozy avait annoncé les fameux tirs de missiles balistiques, le couple était en route pour l’hôpital. Ils rejoignaient la cellule de crise chargée de gérer le flux continu de blessés, de cardiaques, de personnes en état de choc qui encombraient les services. La plupart de ces patients se rendaient à pied à l’hôpital, les voies de circulation étant saturées par une nuée de Franciliens cherchant désespérément à fuir Paris.


Les Clarinsky aidaient à préparer l’abri antiatomique quand une déflagration titanesque avait désintégré toutes les vitres de l’hôpital. Réagissant d’instinct, Piotr avait verrouillé le sas juste avant le déferlement de la vague de feu radioactive. Eva s’était aussitôt jetée sur la porte blindée, déchirée à l’idée d’abandonner ses collègues et ses patientes à une mort certaine.


- Eva ! Non ! C’est… c’est trop tard pour eux ! s’était interposé son mari, la prenant dans ses bras.


Il y avait cinq personnes dans l’abri avec Eva et Piotr. Robert, chef du service de cardiologie, Fabrice, un ambulancier urgentiste, deux aides soignantes – Mathilde et Estelle – et enfin Louis, l’ouvrier d’entretien. Les rescapés avaient tout d’abord espéré l’arrivée des secours en quelques heures. Puis en quelques jours. Une semaine était passée. Le chef de service avait complètement pété les plombs, se murant dans un silence renfrogné, ne participant à aucun de leurs conciliabules.


Louis s’était imposé comme un leader naturel, prenant peu à peu l’ascendant sur la petite troupe. Sous son impulsion, ils avaient inventorié leurs réserves de nourriture et d’eau potable. Même en se rationnant, ils n’avaient pas de quoi tenir quatre mois… Ils avaient donc strictement contingenté leurs vivres, épargné l’eau, limité leurs efforts quotidiens afin de tenir jusqu’à ce que les secours les trouvent. Fabrice avait remis en état de marche une vieille cibi et ils s’étaient relayés pour tenter de capter des réponses à leurs SOS. Il y avait eu de nombreuses crises de nerfs, quelques bagarres, mais Louis avait toujours maintenu le cap, insufflant l’espoir en toutes circonstances, gardant pour lui ses propres baisses de moral.


Cependant, avec les privations, leur vitalité décroissait inexorablement. Une résignation générale s’empara peu à peu des rescapés. Personne ne l’évoquait à haute voix, mais chacun apprivoisait déjà l’idée de la mort délivrance. Il ne leur restait plus qu’une semaine de vivres quand Louis les avait réunis, leur annonçant qu’il comptait tenter sa chance à l’extérieur. Les secours ne venant pas à eux, ils devaient à tout prix chercher de l’assistance hors de l’abri. Deux volontaires avaient insisté pour l’accompagner, Mathilde, l’une des aides soignantes et Fabrice.


Piotr avait tenté de raisonner le petit groupe.


- Louis, tu as vu dans quel état sont les combinaisons !

- On n’a pas le choix. C’est notre dernière possibilité d’agir avant de… de ne plus en avoir la force.


En guise de protection antiradiation, ils disposaient en tout et pour tout de trois loques déchirées, aux masques défaillants. Officiellement, ces vestiges n’avaient pas été remplacés pour cause de restrictions budgétaires. Ils avaient rafistolé trous et déchirures avec les moyens du bord, puis s’en étaient allés, refermant le sas après un dernier adieu. Tous le savaient, il s’agissait là d’un suicide en bonne et due forme, maquillé en mission de la dernière chance.


Et effectivement, ils ne les avaient jamais revus… Les quatre survivants s’étaient malgré tout raccrochés à l’illusoire sauvetage. Ils avaient divisé leurs portions jusqu’au ridicule, épargnant le plus possible leurs maigres réserves. Les journées passèrent, interminables. Robert persistait à être imbuvable, Piotr prenait sur lui, les femmes tentaient d’apaiser les tensions incessantes, le plus souvent sans succès.


Quand ils se levèrent le matin du 24 décembre 2016, il ne restait plus rien de comestible dans l’abri. Durant la nuit, les quelques restes de nourriture avaient disparu. Les rescapés s’étaient regardés en silence, n’ayant même pas la force de se quereller pour un larcin qui ne changeait de toute façon rien à l’affaire. Puis ils étaient retournés à leurs matelas, tentant d’occulter la faim en sommeillant.


Après six jours de privations, Piotr avait émis l’idée d’un suicide collectif. Le médecin avait mis de côté quelques doses d’anesthésique, apte à tuer sans souffrances inutiles. Robert avait alors relevé la tête, le regardant d’un air mauvais.


- Tu devrais te liquider le premier, Piotr, avait-il suggéré. Ça aiderait ceux qui veulent survivre. Si tu vois ce que je veux dire…


L’ukrainien l’avait dévisagé avec un rictus de dégoût. Puis il avait jeté un regard douloureux à Eva, prostrée sur un sommier déchiré. Eva, sa femme aimante, qui endurait ce calvaire sans la moindre plainte. Il s’était alors approché de Robert, lequel avait levé des poings peu assurés. Piotr avait esquissé un geste d’apaisement, avant de lui chuchoter quelque chose à l’oreille. Les deux hommes s’étaient éloignés pour un bref conciliabule. À leur retour, Piotr avait parlé aux deux femmes de ce qu’il envisageait.


- Tu n’es pas sérieux ! avait gémit Eva, ses grands yeux emplis d’une horreur stupéfaite.

- J’ai bien peur que si. Ce sera entre Robert et moi.

- Non, était intervenue Estelle. Si on doit en arriver là, je veux en être, moi aussi.

- Ainsi que moi, avait ajouté Eva, mortellement déterminée.


Piotr avait fini par s’incliner, ignorant la moue narquoise du chef de service. Eva fut chargée de tirer au sort un de leurs quatre prénoms, inscrits sur des bouts de papier. Quand elle déplia le petit rectangle blanc pris au hasard, elle devint plus pâle encore. Tous comprirent lequel d’entre eux venait d’être désigné par le destin. Eva supplia son mari de la laisser se sacrifier à sa place. Il la prit dans ses bras, la serrant longuement contre lui, pleurant avec elle. Mais rien ne put faire faiblir sa détermination.


Ils eurent de quoi se nourrir quelques semaines de plus. La mort dans l’âme, Eva reprit des forces, respectant la promesse que lui avait finalement arrachée Piotr avant de se sacrifier.


Peu de temps avant qu’ils n’épuisent cette effroyable pitance, Robert révéla son vrai visage. En pleine nuit, il se glissa dans le lit d’Eva, la muselant d’une main sur la bouche tout en appliquant un couteau sur sa gorge. Sûr de son emprise, il lui murmurait des obscénités au creux de l’oreille tout en la pelotant. Robert fit l’erreur fatale de baisser sa garde. C’était exactement ce qu’attendait Eva. Elle lui trancha la gorge avec la lame qu’il lui avait réservée. Contrairement à ce que Robert avait espéré depuis tant de semaines, ce fut son sang qu’il répandit sur elle, et non son foutre.


Estelle l’aida à tirer le cadavre dans le sas de l’abri. Elles le dévêtirent, puis l’installèrent dans le bac à douche. Eva s’était toujours doutée que ce salaud était à l’origine du geste de son mari. Elle se chargea de la basse besogne avec une froide efficacité. Et cette fois, elle eut beaucoup moins de scrupules à se nourrir de chair humaine.


Quelques semaines s’écoulèrent. Leurs réserves d’eau potable baissaient de façon alarmante et il ne leur resta bientôt plus de « Petit Robert » à consommer. Le moral d’Estelle déclinait chaque jour un peu plus. L’abri fut le témoin de plusieurs crises de nerf, d’heures passées à verser des larmes. Hantée par les affres de nouvelles privations, l’aide soignante tenta plusieurs fois de se taillader les veines. Puis, le 22 février 2017, après cinq mois et demi de cauchemar, Eva se réveilla seule au petit matin. Une lettre était posée près de son lit. Estelle avait quitté l’abri dans la nuit, laissant la radioactivité accomplir ce qu’elle-même n’avait pu se résoudre à faire.


Eva était restée assommée, amorphe, tournant en rond au rythme de ses idées noires. Jouant négligemment avec le couteau de Robert, elle avait pensé à Piotr, ainsi qu’à chacun des rescapés ayant partagé son sort durant ces longs mois. Robert ayant balancé l’anesthésique dans la cuvette des toilettes, elle n’avait même plus la possibilité de partir proprement. Elle avait approché la lame de sa gorge, puis l’avait reposée sur la table. Le dernier souhait de son mari était qu’elle survive, coûte que coûte. Elle allait faire tout ce qui était en son pouvoir pour respecter sa mémoire. C’est alors qu’elle avait enregistré son ultime SOS.


Afin de ne pas manquer le cibiste providentiel, elle s’était installée dans la pièce commune. Et elle avait attendu de connaître le fin mot de l’histoire, quel qu’il soit.


ooOOoo


J’entourai les maigres épaules d’Eva d’un bras protecteur, avec l’intention de l’aider à marcher.


- Vas-y doucement !

- Bas les pattes, horrible séducteur ! fit ma nouvelle meilleure amie, avec un sourire fatigué.

- Je voulais juste éviter que…

- C’est ça ! C’est pas parce que tu m’as sauvé la vie que ça te donne le droit de tripoter une quasi infirme…


Eva ne manquait pas de caractère. Je m’esclaffais, la laissant agir à sa guise.


L’avoir tirée des griffes de la mort avait créé des liens entre nous à une vitesse incroyable. Je soupçonnais pourtant Eva de forcer son exubérance. Pourquoi ? Pour se sentir plus intensément en vie. Et, peut-être aussi, pour chasser les fantômes qui la hantaient. Plus d’une fois, j’avais surpris sur ses traits le masque amer d’une tristesse infinie. De mon côté, ne flirtais-je pas inconsciemment avec elle pour masquer le malaise que m’inspirait son effrayante maigreur ?


Toujours est-il que j’avais beaucoup de mal à lui laisser faire quoi que ce soit par elle-même, me retenant sans cesse de me précipiter pour l’aider. Eva me paraissait aussi fragile qu’une sculpture de verre. Et j’avais trop besoin de rompre ma terrible solitude pour la laisser se briser.


Cela faisait une semaine à présent qu’elle reprenait des forces. Pourtant, elle me semblait toujours aussi squelettique. Je savais que ce n’était qu’une impression. Les nutriments hautement caloriques dont je la gavais la remplumaient à vue d’œil. Il lui faudrait cependant plusieurs mois pour retrouver sa silhouette d’antan – fort agréable à regarder, m’avait-elle confié.


Pour l’heure, il était temps de quitter ce bunker nauséabond. Je lui exposai donc mon plan, sachant par avance que cela n’allait pas lui plaire.


- Quoi ! Tu vas…

- Exactement, t’as tout pigé, ma belle.

- Tu veux pas non plus que je me glisse toute nue dans ta combinaison antiradiation, histoire de te tenir chaud ?

- Ça me tente, mais non. J’aurais trop peur de t’écraser !

- Espèce d’idiot ! Attends que je refasse un peu de muscle, on en reparlera !

- Peut-être, mais là tout de suite, je vais devoir…

- … M’attacher, je sais. C’est affreux, les hommes sont tous fous de mon corps.


Il n’y avait que six kilomètres à faire, mais Eva n’avait pas la condition physique nécessaire pour s’accrocher à moi tandis qu’on slalomerait à travers un océan de bagnoles carbonisées, sur un miniquad instable. Je l’aidai à enfiler sa combinaison, vérifiai encore une fois mon sac à dos puis m’équipai à mon tour. Eva ne jeta pas un regard au cadavre de son ex-tortionnaire en traversant le sas pour quitter l’abri. Mais une fois dans les couloirs décrépis de l’hôpital, je sentis qu’elle flanchait. J’imaginais sans peine ce qu’elle devait ressentir en voyant l’état de ces locaux, autrefois familiers et chaleureux. J’esquissai un geste de réconfort ; elle me fit simplement signe de continuer.


Je fus plus qu’heureux de retrouver la lumière du jour. Mon fidèle carrosse nous attendait et démarra sans renâcler. Je poussai un soupir : bien que je n’en aie rien dit à Eva, je craignais que les radiations ne l’aient déjà endommagé. Je m’installai au guidon, puis invitai Eva à grimper. Après une courte hésitation, elle s’assit derrière moi. J’avais gardé à la main un gros rouleau d’adhésif et la scotchai littéralement à moi, fixant ses cuisses aux miennes par plusieurs tours de bande argentée. Elle se colla contre mon dos et je nous ligotai ensemble au niveau du buste. Je suppose que nous devions former un duo parfaitement ridicule, sur cet engin lilliputien…


Prenant un maximum de précautions, roulant le plus souvent au pas, nous nous mîmes en route. Cette allure d’escargot ne nous laissait rien ignorer des squelettes grimaçants jonchant les rues, ni des cadavres prisonniers de l’interminable cimetière automobile qu’était devenue la chaussée. Je sentis Eva se raidir contre moi, à la limite de ses forces, tremblant de façon quasi incontrôlable. Je me félicitai de l’avoir arrimée solidement. Il nous fallut environ une heure pour rejoindre les décombres de ma villa. Après nous être désolidarisés, je pris Eva sur mon dos et nous descendîmes les marches du puits d’accès menant à l’abri. Son nouveau chez-elle.


C’est seulement à ce moment-là que je la considérai comme définitivement hors de danger…


– Épilogue –


Un an s’est écoulé depuis ce sauvetage de la dernière chance. Élodie et Manon restent présentes dans ma mémoire, et le souvenir de leur disparition est aussi douloureux chaque jour. Comme l’est, j’imagine, celle de Piotr pour Eva. Grâce aux équipements sportifs de l’abri – qu’Eva utilise quotidiennement – et à l’étonnante épicerie des Keller, elle a récupéré à une vitesse fulgurante. C’est à présent une jeune femme magnifique – elle n’avait pas le moins du monde exagéré, concernant sa silhouette.


Nous passons beaucoup de temps dans la serre hydroponique. C’est, je suppose, ce qu’il y a de plus proche de la vie telle qu’elle était avant le cataclysme. C’est aussi dans ce lieu magique que nous avons fait l’amour pour la première fois, sous les lampes solaires, avec pour seuls témoins les plantes gorgées de sucs. Ce rapprochement entre Eva et moi était inévitable. En quelque sorte, une réponse de la nature à la destruction effroyable qui a secoué le monde. Une façon pour elle d’indiquer que le temps de reconstruire est venu.


Avec Eva à mes côtés, les semaines s’enfuient à une vitesse folle. Elle ne m’a encore rien dit, mais je sais qu’elle est en retard de deux mois sur son cycle. J’ai hâte de voir son ventre s’arrondir, ses seins prendre de l’ampleur, lourds et pesants au creux de mes mains. Quand viendra le temps, je lui fais confiance pour m’expliquer les gestes à accomplir. Après tout, mettre des bébés au monde, c’est son métier !


Nous avons longuement discuté des conséquences de ce conflit mondial. Eva soutient que la théorie de l’hiver nucléaire n’est qu’une vaste fumisterie, une fiction imaginée par des organisations pacifistes, dans le contexte de la guerre froide, au début des années 80. Je dois admettre que les températures extérieures confirment ce qu’elle avance. Il semblerait donc que Yann Keller ait été aveuglé par son pessimisme.


Toujours d’après mon égérie, nous devrions être en mesure de mener une vie normale hors de l’abri d’ici quatre à cinq ans, à condition de s’éloigner suffisamment des grandes villes, transformées pour quelques siècles en nécropoles radioactives.


D’ici là, nous allons nous préparer à réinvestir la planète. La survie hors de l’abri ne sera pas facile, les premiers temps. Mais elle sera possible. Finalement, c’est tout ce qui compte…



– Fin –



(*) L’énigme du récit :


Du repos des humains, implacable ennemie,

J’ai rendu mille amants envieux de mon sort,

Je me repais de sang et je trouve la vie,

Dans les bras de celui qui recherche ma mort.


Il s’agit d’une énigme célèbre, que l’on doit à Nicolas Boileau.


La réponse ? UNE PUCE, bien sûr !


 
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   florilange   
15/1/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bon, tout est bien qui finit bien! Je m'attendais 1 peu à ce que cette terrible apocalypse se finisse sur 1 note d'espoir. Même si le tout est évidemment très utopique.
J'ai aimé lire cette histoire bien racontée.
Merci,
Florilange.

   ANIMAL   
18/1/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un quatrième et dernier volet à la hauteur des autres. On suit le héros sans respirer jusqu'à la fin de l'histoire, sans chercher si la crédibilité est totale ou pas. C'est de peu d'importance dans ce récit passionnant et très bien écrit.

La nouvelle finit bien, chacun reste avec ses fantômes mais une vie nouvelle est là. J'aime cette happy end.

Merci de ce bon moment de lecture.

   Pat   
18/1/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
Je trouve cet épisode un peu trop rapide, comme si l'auteur voulait en finir avec cette histoire (le rythme n'est pas le même qu'au début) ou comme si son écriture était davantage faite pour le roman. Dommage, car il y avait matière à raconter plein de choses sur cet univers qui est traité comme un huis clos, alors que le thème incitait à d'autres développements. J'ai trouvé quelques maladresses au niveau de la concordances des temps qui m'ont un peu gênée. Ça manque aussi d'émotion (je suis un peu restée en dehors) et surtout, la fin est assez convenue (et trop mélo pour moi). Bref, un goût de trop peu qui n'évite pas la banalité, bien que le début soit prometteur. Je fais malgré tout confiance à l'auteur pour nous raconter d'autres histoires. Il ne semble pas manquer d'idées à mettre par écrit.

   Anonyme   
18/1/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Texte riche en rebondissements. A la suite de la lecture des épisodes antécédents, je suis déçue par la précipitation des évènements. N'empêche que le fond de l'histoire reste captivant bien que l'épilogue soit prévisible, cette petite note optimiste ne rompt pas l'harmonie de ce récit de SF.

Le terme "s'escrimer à quelque chose" est employé à 2 reprises.
Il y a également une faute de nombre dans les premiers paragraphes.

L'idée de la petite énigme a son charme mais est très facile à résoudre, peut-être une volonté de l'auteur.

La forme est cadencée, presque régulière. Les différentes parties se succèdent parfaitement.

Bilan : j'ai beaucoup aimé ce dernier opus en dépit de quelques prévisibilités décelables.

   Anonyme   
21/1/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
tout d'abord, je veux préciser que j'ai attendu avec impatience la parution de chacune des parties, et particulièrement de cette quatrième, qui cloturait l'histoire;
l'interêt du récit à donc était maintenu tout le long;

pour ce qui est de cette quatrième partie, je la trouve menait tambour battant; il s'y passe beaucoup de choses.... trop de choses ?
le message secret qui permet finalement d'ouvrir le sas jusqu'ici inviolable, l'apparition du quad, un vaccin anti-radiation, des combinaisons, les kits de rehydratations, tout ceci semblent arriver un peu facilement pour servir les desseins du héros; il aurait peut-être été utile de les mentionner dans les épisode précédents pour que cela soit plus crédible.
le trajet entre l'abri du narrateur et celui d'Eva est bien décrit et laisse assez bien deviner et imaginer le chaos dans lequel la terre à sombré;
en revanche j'ai trouvé qu'il prenait beaucoup de place dans le récit, en comparaison aux 8 petites phrases qui servent à remettre Eva sur pieds....

De même pour le retour sur le destin d'Eva, de Piotr et de leurs compagnons de bunker sur lequel on passe sans vraiment s'attarder; ce passage aurait pû être le coeur de ce quatrième opus....
la fin est un peu fleur bleue, et n'est pas ma partie préférée; cela fait un peu "ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants...


J'ai passé d'agréables moments à lire ce récit d'anticipation. Bon style, et récit bien construit" Merci encore pour le Vélo d'emportement (3ème épisode)
Quatre fois merci, et au plaisir de lire très prochainement....
.... qui sait avec la descendance d'Alain et d'Eva....

   Anonyme   
22/1/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↓
L'intérêt sur cette série c'est que chaque épisode a été publié assez rapidement, donc il n'y pas eu de coupure dans mon esprit.

Je ne vais parler que du premier niveau de lecture. pour la parabole comme je n'aurais pas trouvé celle ci sans l'invitation expresse de l'auteur, on va considérer que je suis passée à côté
Quand même je trouve le héros vraiment très pragmatique : il vient d'avoir un contact qui lui prouve qu'il n'est pas le seul survivant et il réfléchit, il a peur ?

Pour la suite, autant la présence de combinaisons antiradiation me parait logique, autant le vaccin (d'ailleurs ça me parait inutile si ?), le quad font un peu miracle...

La description du trajet jusqu'à l'hôpital est un peu rapide mais elle est bien traitée.
Le récit de la rescapée fait froid dans le dos bravo pour le réalisme, pour l'originalité, pour ce récit.

Bon effectivement ça se termine comme je le craignais depuis l'apparition d'Eva , ils vont rejouer Adam et Eve

En fait c'est l'épilogue qui m'a un peu déçu. (trop prévisible)

Sinon l'écriture est agréable, elle tient bien la route sur un récit aussi long

Merci

Xrys

   Perle-Hingaud   
22/1/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Le style tient toujours autant en haleine. Un vrai talent pour le récit, les descriptions. Par contre, le repeuplement de la Terre par Alain et Eva, vraiment trop annoncé, est un peu décevant.

   Anonyme   
22/1/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Filipo

Oserai-je dire que je ne comprends pas le rapport entre une puce et une série de chiffres ? Tout le monde a apparemment capté le truc mais pas moi.
Je me sens stupide. Et seule...
Pour le reste... décidément, je ne suis pas en symbiose : j'adore la fin ! Ces histoires de cataclysme qui se terminent avec quelques survivants qui vont finir par se retrouver - ils sont forcément plus que deux - j'aime ! J'ai adoré Fléau à cause de ça, et j'ai adoré Postman pour les mêmes raisons, et d'autres, tellement d'autres romans qui à la fin laissent ce magnifique espoir : la vie, encore et toujours.
Quelques répétitions, je ne sais plus où... du réalisme, du souffle, bon ben c'est comme d'habitude : j'ai passé un très bon moment.
Merci.

   Myriam   
23/1/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une quatrième partie riche, une fin optimiste... J'ai lu avec plaisir ce dernier texte.
Rien de particulier à ajouter à mes commentaires précédents!
Merci de ces lectures!
Myriam.

   Marite   
24/1/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Je suis un peu déçue par cette 4ème partie. L'action est noyée dans trop de détails et descriptions. J'ai eu l'impression de piétiner en la lisant et rien ne m'a surprise ou étonnée.
Finalement ce sont les parties 1 et 3 qui m'ont plu.
Je pense qu'il a fallu un gros travail de documentation sur le sujet pour nous donner tous ces détails et que peut-être il aurait fallu faire un tri pour seulement en "saupoudrer" l'histoire.
Dans cette dernière partie, bien qu'elle soit en général bien écrite, certaines expressions m'ont parues en décalage avec des personnages qui, dans ce contexte de survie, ne devraient plus se fatiguer inutilement à certains emportements.
De même les dialogues entre Alain et Véra après sa remise sur pied "trop rapide". A mon avis elle ne devrait plus avoir la force de plaisanter après avoir cotoyé la mort d'aussi près. Psychologiquement, c'est limite...
Ah! j'oubliais, je n'ai pas non plus compris l'énigme: comment donne-t-elle les chiffres?
Mon appréciation est pour l'ensemble des quatre parties.

   Anonyme   
29/1/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Il m'a fallu du temps pour venir mais je ne regrette pas. Je suis bien contente.
Une fin heureuse comme je les aime au terme d'un récit bien mené, captivant, construit. L'écriture est parfaitement fluide, naturelle, agréable.

Juste une remarque peut-être : certains dialogues m'ont un peu dérangée. Rien de grave, juste parfois les trois points de suspension pour accentuer le côté dramatique, je ne les trouvais pas nécessaires. Question de goût sans doute.

Merci Filipo pour cet agréable moment de lecture. Vraiment

Electre

   Anonyme   
31/1/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

Le 4 se lit aussi bien que le 3 ! Bravo !
Du suspense et beaucoup d'ingéniosité dans les rebondissements, et dans la manière de dépasser les obstacles.
L'écriture est simple, et claire, elle soutient parfaitement le rythme.
J'ai particulièrement apprécié la description du groupe d'hommes dans l'hopital...avec l'apparition d'un leader naturel qui est l'ouvrier face à un chef de service d'hopital qui avait un leadership statutaire ..La situation renverse l'ordre social établi...
Bon l'antropophagie inévitable connue dans les situations extrêmes, mais je la trouve assez bien intégrée dans l'histoire.
Je trouve qu'il y a de jolis termes comme "sculpture de verre" pour montrer la fragilité du corps d'Eva...
En revanche, il y a des invraisemblances comme des objets qui semblemnt miraculeusement apparaître dans l'abri...ce qui a tendance à montrer que les textes ont été construits au fur et à mesure Par ailleurs, la manière dont le héros renonce à savoir ce que sont devenues femme et fille peut paraître aussi surprenant, alors que j'ai cru comprendre dans le dernier épisode qu'il espèrait encore les retrouver vivantes.
Enfin, la relation amoureuse entre Alain et Eva se déclenche très vite, en tout cas avant que l'on est le temps de le voir venir même si on s'en doute (un homme et une femme seuls sur terre). Bref cela va un peu vite...Moi aussi j'aime les happy end, mais peut être que c'est top convenu à mon goût !
Bonne continuation.

   placebo   
28/2/2010
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai bien aimé, la fin un peu cliché, oui, des passages un peu rapide, certes, mais l'impression globale est agréable.

quelques expressions que je n'ai pas aimées, mais après c'est personnel:
- ''le sort m'avait à la bonne''
- ''la mort délivrance'' ça sonne bizarre
- ''être imbuvable''

la présence de nombreux objets aidant le héros est étrange après réflexion, mais je ne l'ai pas remarquée lors de la lecture, je dois être trop naïf...

Si le commentateur suivant, voire l'auteur, pouvait donner la solution de l'énigme aux quelques gusses qui n'ont rien compris...

   zorglub   
12/4/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je termine ma lecture de cette série avec un très bon ressenti général même si cet épisode n'est pas forcément celui que j'ai préféré.

La description des affres endurés par le groupe de l'hôpital était un vrai moment fort, mais j'ai peut-être regretté qu'il tombe un peu trop dans le "trash".

Je n'ai pas vraiment compris le pourquoi de l'énigme, à part pour l'offrir au lecteur. Pourquoi le Professeur l'aurait-il mise en condition à l'ouverture de l'abri, et pourquoi celle-là ?

L'happy end est bienvenue dans cette nouvelle, et laisse une belle note d'espoir après toute cette noirceur, bien que teintée de doutes. Juste pour le plaisir de pinailler, je la trouve peut-être un peu simpliste.

Bravo à l'auteur pour l'ensemble de ces quatre textes !


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