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Policier/Noir/Thriller
FilledeJoie : Rouge est la nuit
 Publié le 19/03/09  -  8 commentaires  -  15180 caractères  -  96 lectures    Autres textes du même auteur

"Le rouge vous va si bien... C'est votre couleur, finalement !"
Quand un peintre imbu de lui même perd la boule.


Rouge est la nuit


À tous ceux qui placent leur vie sous l’influence de la beauté : Son obsession peut conduire à la folie.


À vouloir capturer l’éphémère comme on préserverait une rose sous verre, on court à sa perte.


Je me rappelle de ces femmes, leur visage doux et leur corps superbes, déposés dans les draps. Leurs gorges pâles déployées à mon regard, comme des offrandes charnelles. C’étaient ces moments-là, les plus érotiques de tous. Avec mon pinceau je traçais leurs contours, je sublimais leurs formes ; elles ne faneraient jamais.

La plupart étaient russes, suédoises : blondes, blanches et évanescentes. C’était dans cette chambre de bonne que j’avais élu domicile, jeune étudiant insignifiant, artiste fanatique et solitaire. Sur la table trônait toujours un bouquin du genre : « Histoire de l’art, les plus belles peintures d’hier à aujourd’hui » ; quelques magazines photos à n’en plus pouvoir, qui débordaient, j’étais comme un fou cerné par ses démons. Mais je ne m’arrêtais jamais, au sommet de ma folie créatrice ; toujours en l’état d’un funambule dressé sur la pointe des pieds, prêt à s’envoler.

C’est le ciel, que je voulais atteindre.

J’oubliais le mythe de la tour de Babel, j’oubliais que l’arc des beautés tracées sur ma toile était perfectible. J’oubliais surtout qu’une prison de peinture n’égalerait jamais la vie, ni même un échantillon de son essence. Pourtant les couleurs, dans ma chambre contemplative devant tant d’amour déployé, ne cessaient de s’aimer, en espérant de leur union faire naître la première femme gravée dans la toile, gorgée de vie.


Et puis il y eut Linnéa. Désirable et lunaire.

Quand pour la première fois j’ai ouvert la porte sur elle, elle m’est apparue vague et imprécise. J’ai écarté mes cheveux, découvrant mes yeux, j’ai essuyé mes mains sur mon vieux tee-shirt bariolé et je l’ai invitée à entrer. Mes lunettes étaient posées sur la table poussiéreuse, entre quelques post-it qui me rappelaient avec autorité que la vie continuait et que malheureusement les pinceaux et la musique n’immortalisaient pas tout ; des bouquins d’Art, un paquet de chips à peine entamé, un cendrier... Elle m’a regardé avec une hauteur feinte, comme un rat dégoûtant, un ermite que l’on méprise mais que l’on comprend. Compatissante.

Malgré mes lunettes et mes yeux dégagés, étrangement, je ne la voyais pas : une forme floue dansait devant mes yeux, à la manière d’une flamme vacillante. Le parquet fatigué craquait sous nos pieds, alors qu’on s’approchait de mon petit coin aménagé pour la créer : c’est ça que je voulais, recréer la Femme, et tant pis si ça offensait Dieu.

Elle a retiré son blouson de cuir, l’éclat de sa peau blanche a jailli comme un rayon de lumière et ses cheveux cendrés se sont posés sur ses épaules découvertes, j’ai tout de suite pensé à une sylphide gothique, dans sa jupe trop courte, ses bas résilles et ses docs Martens. Je ne comprenais pas comment elle pouvait me sembler si vaporeuse alors que ses yeux étaient cernés d’un khôl aussi sombre, transparents et profonds sur sa peau de porcelaine. Elle me regardait sans ciller, ses bras maigres le long du corps, debout, la gorge et la naissance de sa poitrine dévoilées. Malgré ses airs dignes de femme mûre, elle se dessinait devant moi comme un paysage inviolé.

Une adolescente triste.


- Tu as une cigarette ?


Sa voix grave et fragile s’est élevée dans la pièce, et la chambre a cessé sa contemplation muette et immobile. J’étais lié à elle, la chambre. J’étais persuadé que si jamais un jour la maladie me frappait, elle tomberait en ruine avec moi. Je l’avais d’ailleurs tapissée de ce que j’étais : mes peintures, mes esquisses, mes photos. Ma quête suprême était suspendue là, aux yeux de certaines. J’ai pris sur ma table de nuit le paquet de Lucky Strike qui traînait là, et je lui ai tendu une cigarette. Elle l’a allumée avec lenteur, ses yeux dans les miens ; dans la pièce sombre la fumée ressemblait à de la vapeur d’eau. J’ai murmuré :


- Ne bouge pas.


Elle n’a pas bougé, la cigarette incandescente entre ses lèvres ecchymose.

Je suis revenu avec mon appareil photo, et alors qu’elle gardait cet air impassible dans la pénombre, éclairée par la cigarette qui nimbait son corps d’un halot, je l’ai tuée d’un flash.

Puis elle s’est étendue dans les draps blancs, et elle a demandé en fumant :


- Tu peins ou tu fais des photos ? Tu peux pas être les deux, tu sais.

- Pourquoi pas ?


C’était bien un amalgame de contradictions, elle, femme menteuse veillant l’enfant sensible à l’intérieur. Son corps exprimait tant de choses, tant de chemins opposés et de lumières contraires que je me demandais comment j’allais bien pouvoir m’y prendre. Elle serait sans aucun doute un de mes plus beaux défis : peindre une femme c’est tenter de la résoudre.

J’avais un seul mot d’ordre : l’abandon. Les femmes faisaient ce qu’elles voulaient, elles pouvaient s’étendre, s’asseoir, rire, pleurer, je refusais toute forme de rigidité. Elles étaient le paysage, j’étais l’artisan, et ma tâche était de déchiffrer, de magnifier, d’écrire leur corps. Je n’étais pas moins qu’anthropologue, en fin de compte. Je ne m’arrêtais que lorsque j’obtenais le résultat escompté : parfois le portrait luit comme un trésor désenfoui ; alors je n’y touche plus, sinon la magie exceptionnelle de la peinture perd de son éclat et se transforme en un portrait indiciblement vague.

Mon rôle était de transfigurer toutes ces femmes imprécises en poèmes lancinants.


Linnéa s’est allongée sur le ventre, joyeuse, ses jambes tendres en l’air, les cheveux dans les yeux, clope au bec, à la manière d’Uma Thurman dans Pulp Fiction. J’avais la sereine habitude de travailler dans l’ombre, ça me forçait à les deviner plus qu’à ne les recopier avec force et détails : paradoxe efficace au nom de la précision.


Pourtant - et je l’écris avec moins d’emphase qu’un instant aussi bouleversant ne le supposerait - un drame horrible m’a étreint ; rien ne naissait, je suis resté désemparé face à la toile blanche. Linnéa, la garce, souriait : elle avait tout son temps. Plus il passait, plus elle empochait. Je décidai d’ouvrir légèrement les rideaux, la clairvoyance cruelle du jour ne m’aida pas. Elle alluma seulement un visage moqueur, et des yeux… des yeux…


***



Je passai la semaine suivante déchiré, cette impossibilité de donner naissance à Linnéa se traduisait comme une absence d’inspiration, la toile demeurait vierge, maudite.

J’ai passé quelques jours sans sortir, tentant d’esquisser l’impossible, l’obsession prenait alors toute sa dimension horrifique. J’ai fini par céder à un abandon transitoire, d’abord je me suis allongé dans le lit, les doigts ensanglantés de peinture, la gueule blême. Les rideaux étaient tirés. Je me suis roulé un joint, dans la pénombre. Je suis resté comme ça deux jours, ou peut-être moins, je ne sais plus. C’est dans ces moments de marasme que le vide se fait, doucement, un peu troublé au début, puis au fur et à mesure de la respiration… inspiration, expiration, les paupières s’immobilisent et dans le bruit de notre seul corps en activité, on est traversé par le vide absolu. J’appelle ça : un coma créatif.

Ma mère m’a appelé, s’est plainte de ne plus avoir de mes nouvelles ; j’ai débranché le téléphone, même si je doutais que qui que ce soit d’autre n’appelle : je n’avais pas de petite amie en date, j’en avais pour ainsi dire rarement, mes amis quant à eux n’étaient pas exclusifs, on pouvait rester des mois sans se voir et on s’aimait quand même. On s’aimait tout court : ne pas se voir c’est la meilleure façon d’entretenir de bonnes relations avec les autres, je vous jure. C’était la belle vie, cette forteresse de solitude. Un peu comme un cabanon que l’on construit enfant, à l’intérieur on y enfile les souvenirs comme des perles, on y enfouit ses désirs inavouables et ses secrets inavoués. Je suis l’enfant dans sa cabane en bois, tourmenté par des yeux comme des lacs glacés, un corps insoumis, Linnéa-ma-belle-indomptée.


***



Je suis revenu à la fac après quelque temps, j’ai violemment tenté d’oublier Linnéa. Je vivais ça comme un premier échec cuisant… je n’étais pas habitué à me retrouver soumis à mon objet de création. Parfois si, à mon chef-d'œuvre, quand tout fier de moi et exalté par ma prouesse, une excitation phénoménale s’emparait de moi, et alors l’artiste couronné de gloire et son chef-d'œuvre content s’emboîtaient avec délice.

Mais là, jamais La femme ne m’avait paru si secrètement belle ; c’était douloureux.


Le soleil me baigne, je suis assis dans l’herbe, mangeant un sandwich. Devant moi le lac s’étend, pailleté, quelques skateurs tentent de nouvelles pirouettes, des barques sont abandonnées au bord de l’eau. Je m’allonge, bercé par le bruit estudiantin.

Ça faisait deux semaines. Une semaine à la disséquer mentalement, la deuxième à tenter de l’oublier. De m’évanouir en elle. J’y étais presque… mais c’était peine perdue ; notre prochain rendez-vous était fixé au soir.


***



- Ça ne va pas.

- Comment ça ? Je ne suis pas assez… bien… jolie ?


Elles ne comprennent jamais que leur beauté n’est pas une vérité… Je ne cherche pas à capturer d’elles ce qui fane, mais ce qui émane ; leur couleur. Les pinceaux s’effondrent sur le sol, il ne va pas tarder à faire nuit, l’acharnement cède au découragement. Elle a quoi, cette connasse, qui m’empêche de la peindre ? De la cerner ? Ce n’est pas qu’elle ne m’évoque rien, elle m’évoque trop. Choisis ton camp, ma belle. La toile et le tréteau sont balancés au sol, les peintures se mélangent, se diluent, orage de couleurs intérieur.

Elle soupire, exaspérée, lève les yeux au ciel, comme une putain d’adolescente. Les jambes surélevées, ses deux genoux se rejoignent ; dans le triangle qu’elle dessine j’aperçois sa culotte : blanche, classique, tendrement infantile, mutine. Elle est un peu maigre, quand même, un peu tragique…


- Ta chambre, elle est tapissée de noir ?

- Hein ?

- Rien.


Le vernis noir de ses ongles est écaillé, et ses veines sont nettement visibles à travers sa peau fine, un réseau de couleurs troublées sur une toile blanche… Une sombre fille, chaotique, aux allures de junkie désabusée. Je m’approche de la table de nuit, dans le tiroir j’attrape un bouquin et je le lui balance.


- Je fais quoi avec ça, moi ?

- C’est la Chartreuse de Parme.


Ça lui confère une grâce étrange.


- Et ?


Décalée, à son image.


- Lis.


Ce contraste lui va si bien.


***



La semaine suivante je me suis joint aux skateurs. Je dois le dire, je me suis cassé la gueule à plusieurs reprises, ils se sont bien foutus de moi ; ça faisait tellement longtemps que je ne m’abandonnais pas à autre chose qu’à mon art. D’ailleurs, je commence à croire qu’il est bidon, finalement je ne peux m’y rattacher ; il ne me sauvera jamais de rien. Je peux mourir, incolore, sans célébration. Je m’éclate une dernière fois la tête contre le sol, euphorique, fou, les rires autour de moi me parviennent comme si j’étais sous l’eau, le skate entame un périple solitaire et plonge dans le lac ; le soleil est haut et je ne veux pas mourir.

Pas avant de lui avoir donné vie.


***



La voilà livrée. Enfin. Nue, frêle, pudique. L’aréole rose de ses seins m’émeut comme un paysage, deux dunes chaleureuses sous la neige. Pureté et érotisme se disputent dans sa chair, elle est à la croisée de la vie, entre deux mondes, entre l’enfance et l’âge adulte : jamais beauté ravagée prématurément ne fut plus obsédante.

Le désir de possession a surgi, comme ça, avec force. Impossible de m’y soustraire. Impossible de ne pas céder à la pénétration de son corps multicolore.

Je l’ai plaquée au matelas, j’ai déchiré sa petite robe prune, sa culotte blanche ; ses lèvres étaient roses, ce matin. C’était un matin blanc, comme elle. Ses lèvres, bouton de rose. Ses tétons, bouton de rose. Elle a hurlé. Ses mèches blondes ont glissé entre mes doigts teintés, son lac glacé s’est brisé et des larmes ont perlé à ses yeux affolés ; des yeux immenses et beaux. Le silence était transpercé par ses cris, la chambre muette célèbre mon art avec admiration. Je défigure son visage, je la rends précise, la pénètre ; et paradoxalement, elle m’inonde.


Le soir est tombé, la fenêtre ouverte, la lune illumine un ciel noir.

Cette nuit, Linnéa est rouge.

Nu, j’exhale la fumée de ma dernière cigarette.


***



- Hé, toi, le peintre, c’est l’heure. Debout.


Je quitte mon lit, passe un tee-shirt blanc sur mon corps squelettique à présent - bon, j’ai toujours été plus ou moins maigre. Les barreaux de fer résonnent sous la matraque impatiente.

Le gardien referme la cellule.

Ce long couloir, que je traverse comme un criminel convié à ses propres obsèques, est en fait le chemin de la liberté - même fugitive - tapissé d’illusions.

On arrive… dehors.

La lumière du jour m’éclabousse comme un bain : un bain de rayons, une inondation de blancheur.


Le gardien me fait avancer avec brutalité, traverser un petit chemin, et me pousse dans un local. Un cabanon.


- Nettoie ça, je repasse dans une heure.


C’est la première fois que j’y ai le droit, accomplir la tâche la plus douce au plus près d’un ciel découvert. Quelques minutes s’écoulent, et sans la moindre peur de me faire choper, j’ouvre la porte. Je contourne le local pendant que le gardien a le dos tourné, j’ai toujours été un chanceux : les murs et les liens se refusent à moi.

Là j’ai merdé, je me suis rendu, c’est pas pareil ; ce n’était pas mon destin.

Juste quelques instants, je m’assois dans l’herbe humide, trop haute, trop verte dans ce lieu abandonné. J’avais peut-être oublié comment c’était, le vert.

Je suis guéri. Je peux raconter à présent, sans chagrin ; blessure transparente.


Linnéa n’était qu’une enfant, et je l’ai immortalisée à l’instant d’une vie où les contours sont les plus mystérieux ; la beauté gît dans l’indéfinition, et elle, Linnéa, encore inachevée, semblait si belle.

Non, je ne suis pas guéri, et j’ai assassiné mon don en même temps que mon chef-d'œuvre - comme une signature - je suis seulement doté de lucidité, moi qui fut privé de conscience.

De gros nuages blancs émaillent le ciel, d’un bleu parfait, pur, obsédant. On dirait un Magritte.

Je l’ai atteint, le Ciel, ici, au plus près du divin, dans le jardin d’une prison. Le funambule s’allonge, méditatif, le regard plongé dans les nuages.


***



Sur le tableau, la jeune fille est nue, étendue sur le dos, dans les draps, une jambe repliée ; son corps pâle et achevé nimbé de pourpre. Ses cheveux ornés d’une couronne rougeoyante, coagulée. Dans sa main droite, un livre : « La chartreuse de Parme ». Il faut parfois mourir, pour insuffler de la vie. Plus tard, son bras s’est détendu...

... et La Chartreuse de Parme a glissé sur le tapis.



 
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   Menvussa   
19/3/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
"J’étais lié à elle, la chambre. J’étais persuadé que si jamais un jour la maladie me frappait, elle tomberait en ruine avec moi." J'ai bien aimé. L'osmose de l'artiste avec son environnement intime, comme une seconde peau.

"peindre une femme c’est tenter de la résoudre." j'aurais écrit c'est tenter de la comprendre. Mais il est vrai qu'il n'y aurait pas ce même degré d'obsession et puis, je ne suis pas peintre.

"Mon rôle était de transfigurer toutes ces femmes imprécises en poèmes lancinants." C'est très beau cette comparaison, plus que comparaison, cette fusion du poème et de la toile, tellement vrai quand le tableau est œuvre d'art.

"Je ne cherche pas à capturer d’elles ce qui fane, mais ce qui émane" C'est, je pense, ce qui peut faire la différence entre un "simple" peintre, technicien de talent et le véritable artiste qui laisse transparaître l'invisible.

Un texte qui m'a beaucoup plu et que je trouve bien écrit.

   marimay   
19/3/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour FilledeJoie,
Les affres de ce peintre en quête de la réalisation de son chef-d'œuvre montent cran par cran jusqu'au degré de la folie : défi, abandon, coma créatif, obsession. J'ai aimé cette amplification que vous avez créée dans l'atmosphère de votre nouvelle.
"Mon rôle était de transformer toutes les femmes imprécises en poèmes lancinants" est une fort belle définition de l'œuvre d'art.

   Anonyme   
19/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
J'ai beaucoup aimé cette phrase "peindre une femme c'est tenter de la résoudre" et l'idée aussi de cette histoire, l'introspection de la création, les méandres émotionnels de l'artiste.
Ensuite, j'ai vraiment moins aimé tous les clichés, qui malheureusement s'accumulent tout au long de l'histoire, et lorsque tu a commencé à décrire la fille, ce fût pour moi sans surprise.
C'est un peu trop quoi, l'artiste maudit, la fille paumée, cela pouvait passer encore, même si c'est du vu et revu mais cette fin, non seulement je ne l'ai pas clairement comprise (il tue la fille ?) mais en plus elle fini d'ajouter cette touche au tableau, en trop, justement, comme ces malheureuses fautes de goûts qui font basculer le chef d'oeuvre potentiel en chose sympa, et agréable... sans plus.
Désolée, j'étais partie pour aimer beaucoup, j'ai juste aimé un peu.

   Selenim   
19/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Sympathique voyage au pays de la création.
Toile blanche, feuille blanche, l'angoisse est la même.
J'ai bien aimé le paradoxe qui anime le narrateur: vouloir peindre la vie et ne pouvoir le faire qu'en tuant son modèle.

Je trouve qu'il y a trop de phrases ampoulées qui contrastent avec le langage simple de l'étudiant. A part ça, j'ai apprécié l'écriture qui invite à la réflexion.

La partie finale en prison me semble de trop, elle ne sert pas l'histoire.

   Pistodrake   
22/3/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Coup de coeur, j'aime beaucoup de type d'histoire car ambiguïté il y a.
Certes ça rappelle des choses déjà vues, moi ça m'a rappelé Demian d'Hermann Hesse par l'aspect recherche d'un idéal qui le rend assez asocial et solitaire.
Mais le style est fluide, un peu poétique, un brin sensuel, parfois dérangeant.
Le moment ou la fille est tuée, bien amené m'a surpris, le rythme est donc très bien maîtrisé.
J'aime aussi l'absence de jugement, certes le peintre est en prison, mais la mise en évidence de l'horreur de son geste est écartée, l'auteur lui a préféré la constatation que l'œuvre était accomplie.
Pour moi le passage de la prison n'est pas de trop et renforce l'impression dérangeante que la morale est mise sur un pied d'égalité avec l'accomplissement artistique morbide de l'artiste.

Pour moi la critique négative est hors de ma portée sur ce type de texte, je n'ai pas le niveau, désolé pour l'unique présence de louanges due au fait que j'aime ce genre d'histoires ^^.

   Nongag   
23/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Belle écriture! Lecture agréable, facile de lire d'un bout à l'autre.

Cependant, je trouve le passage final (à la prison) plus ou moins inutile. Qu'il se retrouve incarcéré, après ce qu'il a fait me semble une évidence et je ne vois pas trop pourquoi l'auteur a jugé bon de nous raconter ce "dénouement". J'aurais préféré rester avec l'atmosphère folle de ce peintre tordu puis j'aurais enchaîné avec la description du tableau...

De très jolies phrases, par exemple:
"Pourtant les couleurs, dans ma chambre contemplative devant tant d’amour déployé, ne cessaient de s’aimer, en espérant de leur union faire naître la première femme gravée dans la toile, gorgée de vie."
"...peindre une femme c’est tenter de la résoudre."
"Mon rôle était de transfigurer toutes ces femmes imprécises en poèmes lancinants."

Bon divertissement, merci!

   horizons   
30/4/2009
 a aimé ce texte 
Un peu
C'est très bien écrit, agréable à lire, pas grand chose à revoir sur la forme.L'ambiance et les personnages sont aussi bien rendus.
Bref, c'est du travail.
Mais...mais... c'est pas un peu facile ce peintre étudiant en quête de LA Femme qui ne trouve pas d'autres moyens de la sublimer que de lui faire l'amour puis de la tuer? On aurait été plus surpris si elle s'était refusée, si elle avait échappé à son bourreau...
J'ai écrit une nouvelle un peu du même genre, sauf que l'obsession de mon peintre c'était la couleur (et non la femme)...mais la chute était sensiblement la même. C'est bien la preuve que ce sujet n'est pas très original...Désolée pour vous...et pour moi

   Margone_Muse   
18/4/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Je suis mitigée. Autant il y a ici des phrases très bien écrites et jolies dans leur sens ; autant l’histoire… Ca me dérange de le dire, mais ça n’est à nouveau pas mon truc.

Pour le coup, c’est complètement de ma faute, mais quand on me dit peintre de femme un peu fou et obsédé par son travail, je vois un jeune Dali. Alors quand le narrateur côtoie les skates, l’imaginaire dans lequel je m’étais lovée depuis le début de la nouvelle se délite, et je n’ai plus qu’à fournir un travail colossal pour me remettre dedans avec une atmosphère différente de ce que j’avais perçu, et surtout dans un autre temps. Quand l’esprit n’est plus vierge, vas-y pour y modifier quoi que ce soit. C’est disons, un méga-couac pour moi.
C’est peut être rien pour d’autres, mais ça m’a perturbée, et beaucoup beaucoup…

Sinon, pour l’histoire, même si au final, la fille vient trois fois, je pense que tu aurais pu rallonger le nombre de visites. Pour moi, il n’y a pas assez de crescendo dans le comportement et dans le cheminement interne du peintre. Le viol et le meurtre arrive vraiment brutalement et du coup, je trouve ça un peu facile.

D’ailleurs, le viol est-il nécessaire ? J’aurais même trouvé ça mieux si pour l’immortaliser dans son entre deux stades Enfant-Femme, il la tue mais en ne « souillant » pas son corps justement. Tu sais, quand est truc est parfait, tu n’y touches pas du tout, de peur de l’abimer et de le rendre moins parfait. Je pense qu’il aurait pu la tuer, sans viol, ni plaie d’ailleurs…
Un oreiller sur son petit minois, parfait non ? Ca la laisse intacte (pas comme la strangulation qui laisse des traces).
J’arrête mes suggestions, tu risques de me prendre pour une psychopathe.

« C’est dans ces moments de marasme que le vide se fait, doucement, un peu troublé au début, puis au fur et à mesure de la respiration… inspiration, expiration, les paupières s’immobilisent et dans le bruit de notre seul corps en activité, on est traversé par le vide absolu. J’appelle ça : un coma créatif. »
Le meilleur passage de ta nouvelle… Je l’ai lu 15 fois sans m’en lasser. Rien à redire si ce n’est que j’aurais bien aimé le pondre, moi, ce petit bout de paragraphe.

M_M


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