PROMENONS-NOUS DANS LES BOIS.
Merde ! La deuxième fois que je me casse la figure dans ce bois. Heureusement que j'ai des gants, et j'ai chaud maintenant, habillé avec un gros blouson et ma cagoule remontée en bonnet. Depuis le chemin qui longe, ça paraît facile, mais à la tombée de la nuit c'est une autre histoire. Je viens de me taper un kilomètre en bord de route, maintenant je me farcis ces putains de branches et les ornières. Je vois le petit bâtiment plus loin dans la clairière. Il va prendre cher le mec quand je vais le choper. Le plus important, surtout ne pas perdre mon petit sac à dos et le matériel. Je me relève et j'avance, je commence à être essoufflé.
QUELQUES JOURS AUPARAVANT.
Ça doit faire une heure que je poirote dans la voiture à surveiller l'entrée du petit supermarché. Je sais qu'elle fait toujours quelques courses en sortant de son travail juste à côté. Quelques véhicules entre les nôtres me permettent de me dissimuler, mais je verrai bien quand elle va sortir du magasin. Il n'est pas loin de dix-neuf heures, des tas de choses tournent dans ma tête. Depuis six mois qu'elle m'a quitté, je tourne comme un lion en cage, abusant d'alcool et de cigarettes, mon boulot s'en ressentait, le patron m'avait convoqué pour une mise à pied que j'effectuais. J'avais du temps de libre. Nos derniers échanges :
« Il ne faut plus que l'on se voie, je n'arrive plus à m'en sortir entre toi et mon mari qui commence à soupçonner. Il va me rendre folle. » « On peut se voir moins souvent, si ce n'est que ça. Tu sais que je tiens à toi. » « Je le sais, mais je suis perdue, je n'arrive plus à réfléchir. Depuis plus d’un an que l’on sort ensemble, il faut qu’on fasse une pause. » « On pourrait en discuter, se voir, je n'aime pas les SMS. » « Je ne sais pas Jean-Luc, il faut que je me repose, que je me regroupe. » « Je sais que tu tiens à moi également, il faut que l'on se voie. » « Rendez-vous arrive. Bye. »
Plus aucune nouvelle depuis. J'ai beau envoyer des messages, téléphoner, aucune réponse. Elle a dû me mettre en liste noire. De temps en temps je tente le numéro avec #31#, je tombe toujours sur son répondeur. La manière de me quitter, sans vraiment le dire explicitement, peut me donner de l'espoir, je m'accroche à ça. Depuis le temps, elle pourrait me remplacer, mais son mari veille au grain sans doute. Elle m’avait parlé d'un projet de divorce, mais ça ne se passait pas bien, il s'accrochait bec et ongles. J’ai mis plus d'un an à pouvoir sortir avec elle, ce qui me rassure dans le fait qu'elle ne couche pas avec le premier venu. Je cherche de l'espoir dans tous mes raisonnements. Le parking se vide, je vais avoir du mal à me dissimuler malgré le peu d'éclairage. D'habitude, elle est déjà sortie, je ne comprends pas. Ou alors, elle s'est trouvé un petit ami et ils sont partis ensemble à la sortie du bureau. Elle avait l'habitude d'inventer pour son mari, quand on sortait ensemble, un repas de dernière minute avec des copines, ce qui lui permettait de rentrer tard. Quelquefois, elle pouvait découcher, en invoquant le fait d'avoir trop bu au restaurant, de ne pouvoir conduire qu'après s'être reposée. A priori, le mari était compréhensif, ou innocent. Je n'ai jamais approfondi la question, tant que c'était à mon avantage. J'en étais à ce niveau de pensée, quand la dernière voiture qui dissimulait la mienne s'en va. Je voulais juste la voir de loin, ce n'est pas mon genre de faire des histoires, me faire mal à la voir passer simplement, je ne saurais quoi lui dire. Je fume une dernière cigarette, et je vais partir. Inutile d'attendre si elle est avec mon successeur, j'en aurais encore plus mal de les voir. Elle apparaît d'un seul coup à la sortie du magasin, je ne m'y attends pas, elle connaît ma voiture et regarde dans ma direction. Elle se dirige vers moi, je n'ai rien préparé, je ne sais pas quoi faire.
« Bonsoir Jean-Luc, tu m'attendais ? » « Bonsoir. Un hasard. Je passais dans le coin, et j'ai reconnu ton véhicule. Ne t'inquiète pas, je m'en vais, je voulais juste te voir de loin. » « Attends, ne bouge pas, je viens avec toi. J'envoie un message chez moi et on va au restaurant. »
Je ne sais plus quoi faire. Je suis heureux de la voir, mais je ne sais quelle attitude adopter. J'ai l'impression d'être fautif de m'être fait prendre, alors que c'est elle qui a décidé le « silence radio ». Je ne suis pas prêt à lui faire des reproches, je n'en avais pas envie d'ailleurs. Elle monte dans la voiture et me guide jusqu'à un restaurant qu'elle connaît.
« Depuis combien de temps on ne s’est vus ? J'ai eu pas mal de soucis d'ailleurs. » « Six mois. Six mois que je n'ai plus de nouvelles. Je te trouve les traits fatigués d'ailleurs. » « Ah bon ? Je travaille beaucoup, énormément. Mon mari m'a fait la vie dure, mais ça se calme. Je ne vois plus le temps passer. » « Je t'ai envoyé des messages, téléphoné, mais jamais de réponse. J'ai supposé que tu avais mis mon numéro de côté. » « Non Jean-Luc, mais au tout début, tu m'as appelée un soir. Mon mari est arrivé et m'a fait toute une scène pour savoir qui appelait si tard. J'ai dû te mettre en liste noire pour éviter ça. Je vois bien arriver tes SMS, mais je ne veux pas les lire, ça me ferait trop mal. »
Je n'en sais pas plus, elle ne parle que des projets de la société qui l'emploie, de son implication, même le week-end, pour une future évolution et de nouveaux marchés à créer. Elle se donne à fond pour s'occuper et dilue, par la même occasion, les suspicions de son mari. C'est tout juste si elle me demande de mes nouvelles, mais elle est ainsi, je la connais bien à ce niveau, toujours sur la brèche et sans vraiment s’intéresser aux autres. Une question me brûle les lèvres, mais je n'ose pas. M'a-t-elle remplacé depuis le temps ? J'ai l'impression qu'elle parle beaucoup, pour ne pas devoir laisser de questions en suspens.
« Au fait, j'ai revu Gabriel par hasard, il est venu demander un devis au bureau et je m'en suis occupé. Mais je ne veux plus le revoir, c'est certain. »
Là, j'ai eu un « haut-le-cœur ». C'est mon prédécesseur, un cavaleur invétéré. Je crois qu'elle tenait beaucoup à lui, et qu'elle était sortie avec moi pour se consoler. Je pense le lui avoir fait oublier quelquefois, nos sentiments devenaient réciproques, elle me l'avait avoué. Mais rien n'est écrit dans le marbre, même pas en SMS, mais j'avais lu la vérité dans ses yeux, sinon je ne serais pas là. Il l'a ridiculisée plusieurs fois en draguant ses copines, mais je suis certain qu'elle y pense encore. Nous avons changé de sujet rapidement à mon initiative, je n'ai pas envie que l'on parle d'un passé, et préfère me situer dans ce présent avec elle. Nous avons pris quelques nouvelles d'amis communs et le repas fini, je l'ai raccompagnée à sa voiture.
« J'ai pris un peu plus d'assurance avec mon mari. De toute façon, nous avons pris l'initiative de divorcer. Ça ne va plus du tout. » « Tu vas pouvoir être libre maintenant, je vais pouvoir t'inviter au restaurant. » « Bien sûr. De toute façon, c'est devenu un peu plus calme chez moi. Un soir, j'ai découché direct sans lui inventer de raison. Il n'a plus rien à dire. »
D'un seul coup, j'ai eu très mal et je lui ai demandé.
« Une sortie inopinée entre copines ? »
Dans l'euphorie de me dire qu'elle avait découché sans mentir, je voyais qu'elle bredouillait, qu'elle était en train de réfléchir.
« Oui et non. Tu me connais, des fois je décide au dernier moment, mais c'est la seule fois. Nous allons nous séparer, mais j’ai un certain respect envers lui. »
Je lis dans ses yeux quelque chose que je n'aime pas. Je n'ose pas lui demander directement, et je vois qu'elle aussi n'a pas envie que j'insiste. Je viens de comprendre instantanément. Elle a renoué, ne serait-ce qu'une fois, je tente d'y croire, avec son ex. Je suis convaincu qu'elle n'est pas du genre à se laisser aller avec quiconque, il n’est pas quiconque justement, je suis très mal.
« Tu sais que je t'aime toujours, tu vas devenir indépendante si tu divorces. Mais je ne te demande rien. »
On s'est embrassés, elle n'a pas fait de difficultés à ce que l'on fasse presque comme avant. Il manque un peu d’un certain moment, mais après six mois, j'ai apprécié le goût de ses lèvres. Je n'ai rien demandé et rien obtenu de plus sur nos sentiments, je n'ai pas voulu la brusquer. Elle a décidé de passer ce soir avec moi, mais je ne comprends pas, rien n’a été échangé sur le devenir. On s'est promis de se rappeler. J'ai toujours été trop respectueux, trop poli, ça va changer. Quelqu'un va l'apprendre.
LE PUNI DE SERVICE.
Patron d’une petite société, je savais qu’il finissait toujours tard le soir, largement après ses employés. Situé juste à un kilomètre de la route principale, on accède dans une clairière où se trouve l’entrepôt. Je suis passé plusieurs fois pour repérer l’endroit, mais plus souvent de jour et à bonne distance, pour éviter que l’on ne me voie, le chemin se termine en impasse. Je suis préparé ce soir-là, quelques bonnes rasades de mon alcool préféré, histoire de me donner du courage. Un jouet pistolet, plus vrai que nature, des morceaux de bois solides, genre rouleau à pâtisserie, une oreillette et un dictaphone. Pour faire plus méchant, une cagoule, un gros blouson, des gants et trois ou quatre rouleaux de chatterton à usages multiples non définis. Un couteau à viande bien pointu complétera la panoplie. La plupart du matériel dans un petit sac à dos je me gare à côté d’un complexe de restaurants situé près de la route, et pas trop loin de l’embranchement champêtre. Je suis meurtri quand j’arrive enfin dans la petite clairière. Je vois un bureau éclairé, une seule voiture devant, celle de Gabriel sans nul doute. Je me souviens, des dires de ma copine, qu’il aime les grosses allemandes. Par contre, je ne sais pas à quoi il ressemble, mais dans ma tranche d’âge à coup sûr. Je ne l’imagine pas fricoter avec quelqu’un de trop jeune ou trop vieux, on a son amour-propre quand même. La lumière s’éteint, je m’avance doucement à côté de la voiture le dos courbé, j’ai saisi une des matraques. J’entends les bips d’un clavier, celui du bureau sans doute, et le claquement d’une serrure. Des pas s’avancent vers moi, et d’un seul coup, la voiture s’illumine. Merde ! Je rampe derrière le coffre, et je m’accroupis. Être méchant, c’est tout un métier, pas le mien, j’apprends sur le tard, et là j’ai plutôt l’air embarrassé, planqué derrière. La portière claque, le moteur démarre, je n’ai pas bougé, je suis tétanisé. Je réfléchis à toute vitesse, parce que s’il recule, il m’écrase. Si je me lève, il me voit et m’écrase quand même par peur. La voiture se met à bouger, je passe tout doucement dessous. Je glisse mon bâton dans la jante arrière, un début de craquement se fait entendre et la voiture freine enfin. J’entends le frein à main, la portière s’ouvre et je vois de dessous des pieds qui s’approchent.
« C’est quoi ça ? »
Je vois le manche bouger, il est en train de tirer dessus pour le dégager. Je l’entends crier d’un seul coup, ses pieds qui dérapent dans le gravier, je vois un corps qui tombe en arrière et le silence d’un moteur qui ronronne. Je suis en train de me dégager. Je m’avance doucement vers lui, je suis en train de fouiller dans mon sac pour sortir mon faux pistolet. Il ne bouge pas, mais je l’entends respirer fort. Je fais quoi maintenant ? Le chatterton, il faut que je l’empêche de bouger. Je mets l’arme factice dans ma poche, je le retourne sur le dos, je lie ses mains et ses jambes. Je coupe le contact de la voiture, les phares s’éteignent doucement et je le regarde. Je vois mal, peu d’éclairage, mais on dirait quelqu’un de belle prestance. Je descends ma cagoule, c’est idiot avec le peu de lumière, mais j’ai prévu un scénario complètement débile pour lui faire peur. Je dois me faire passer pour un gros bras, tout au moins un enquêteur chargé par le mari de trouver l’amant de sa femme. Pas moi, l'autre, enfin, je me comprends. Comme dans ces films de série Z, je dois en avoir trop regardé. Il est en train de gémir, il tente de bouger.
« Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Pourquoi je ne peux pas bouger ? Qui êtes-vous ? »
Je me racle la gorge, je tente de prendre une grosse voix. C'est complètement idiot, il ne me connaît pas.
« C’est moi qui pose les questions, tu la fermes. »
Je lui mets le pistolet sur les lèvres, comme dans les films, je n’ose pas lui enfoncer dans la bouche et lui faire mal. J’ai encore des choses à apprendre pour faire le vilain de service.
« Je t'explique, tu me réponds et je te laisse partir. Dans le cas contraire, tu risques de perdre des morceaux de toi. On est d’accord ? » « Si vous voulez de l’argent, le sac dans la voiture, tout y est, prenez tout. »
Je descends le pistolet sur son genou, comme je l'ai vu faire.
« Je pose des questions et tu réponds, tu ne vas pas bien marcher si tu n’écoutes pas. Tu me dis oui, si tu as compris. »
Je sens sa peur, mais il me dit oui.
« Je vais donc t’expliquer. J’ai été engagé par un certain monsieur, qui veut savoir si tu as baisé sa femme. Il n’est pas très content et veut que tu disparaisses définitivement de son horizon. Tu comprends disparaître ? »
Il acquiesce de la tête.
« Donne-moi le nom de cette personne, pour voir si on tombe d’accord. » « Catherine, Marie, Julie, Sylvie, une autre Marie. Je crois que j’en ai oublié, je suis désolé, je cherche. »
Je ne m’attendais pas à ça, je lui demande quoi maintenant ? Mince, il est plus pourri que je ne le croyais, je ne pourrai jamais raconter ça. J’ai oublié de sortir mon dictaphone, ça ne fait pas professionnel. Je fais semblant de le mettre en marche, et le met à côté de sa bouche.
« Recommence lentement, j’ai besoin de faire mon rapport. »
Il me réitère sa phrase et je continue.
« Cite-moi les noms de famille. »
Il me décline certains noms que je ne connais pas d’ailleurs, mais je reconnais celui de ma copine.
« C’est bon, j’appelle mon employeur, c’est lui qui va décider ce qu’il faut faire de toi. »
Je m’éloigne de quelques pas, je fais mine d’activer l’oreillette de mon téléphone, que j’ai laissé chez moi d’ailleurs.
Je fais semblant de parler doucement, pour qu’il m’entende, et je le regarde.
« Bonsoir monsieur, oui, je l’ai trouvé, il est en face de moi. Quand ? Je lui demande tout de suite. Marie Portefeux, c’était quand ? » « Il y a trois mois, j’ai appris par une amie commune qu’elle travaillait toujours. J’y suis allé, juste pour la voir, par curiosité, et ça s’est enchaîné, je ne peux pas m’en empêcher. Je suis désolé, dites-lui que je suis désolé. De toute façon, elle ne veut plus me voir. Elle m’a dit que c’était juste pour remuer et effacer un souvenir qui l'empêchait d'avancer. » « Oui monsieur, il vient de le dire. Ça s’est passé comme vous dites. Que je lui coupe ? Je vais voir, mais ce n’était pas prévu. D’accord, je fais au mieux. Merci pour la prime. Bonsoir monsieur. »
Je fais semblant de raccrocher.
« Il veut que je te coupe quelque chose, il n’est pas content. Tu comprends ce que je dis ? » « Je vous en prie, je vous donne de l’argent, je vais me débrouiller, prenez tout, mais ne me faites pas mal. »
Il commençait à geindre, je ne voulais plus le regarder. J’avoue avoir pitié. Je n’en aurais pas fait plus, mais je me force à rester dans ce rôle de composition qui me décompose.
« On va passer un accord. Je ne te dois rien, mais un homme a besoin de tout son matériel. Tu m’écoutes ? » « Oui, oui, je suis d’accord sur tout, je vous écoute. » « J’ai un mouchard sur le téléphone de la dame. Si je sais que tu tentes de la contacter, je finis le boulot. Si je sais qu’elle tente de t’appeler, je finis le boulot. Si je sais qu’une amie parle de toi, je finis le boulot. Si j’entends encore parler de toi, je finis le boulot. Comprends-tu ? »
« J’ai tout compris, je suis d’accord, je suis d’accord. Je ne toucherai plus jamais une femme mariée, je vous le jure. »
Il se remet à geindre, je l’entends dire « merci, merci » entre deux reniflements. Là, j’ai un problème, si je le détache, il va appeler les flics, ou me sauter dessus. Il faut que j’improvise, je n’ai pas pensé à tout.
« Je te laisse un couteau, tu pourras te détacher. Je prends ta voiture et je la laisse sur le parking des restaurants que tu dois connaître. Les clefs seront derrière le pare-soleil. Si j’entends parler de flics, monsieur le saura sûrement, je reviens te voir dans une semaine ou un mois. J’ai un contrat et j’ai du temps, c’est mon boulot. Où se trouve ton téléphone ? » « Tout est dans la voiture, dans la sacoche. Merci, je vous remercie. »
Je lui jette le couteau à ses pieds, après l’avoir soigneusement essuyé, ça se fait dans les films. Je tire d’un coup sec le bâton de la roue, mais je fais attention, un accident est si vite arrivé. Je ramasse les morceaux que je mets dans mon sac. Dès que je démarre, j’enlève ma cagoule et je reviens au parking. Personne alentour, ils sont tous en train de manger. Il est près de vingt et une heures, je reprends ma voiture et je rentre chez moi, content et en sueur. Je suis devenu un méchant de romans. Il faudra que j’achète les journaux locaux pendant quelque temps, juste pour lire les faits divers. J’appellerai ma copine demain, juste comme ça, pour savoir, si jamais. Remuer et effacer un souvenir pour avancer, vers quoi ou vers qui ? j'ai bien retenu ces mots. Je me demande si elle va pouvoir lire, dans mon regard, ce que je suis devenu, et je ne pourrai rien lui dire. J’ai toujours mal au cœur, mais je suis devenu méchant, je suis parti rendre mon dîner dans la cuvette des W.C.
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