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Anonyme
3/8/2013
a aimé ce texte
Un peu ↑
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C'est bête, puisque le texte est manifestement écrit sous le signe de la fantaisie et de la désinvolture, mais l'anachronisme de base me gêne : avant de décréter la gourmandise péché, Dieu a eu le temps d'admettre Vatel en son paradis, Vatel qui officiait sous Louis XIV si ma mémoire est bonne ; or, la gourmandise est un péché depuis bien plus longtemps que cela... Je sais, c'est du pinaillage de ma part, mais cela m'a empêchée de m'abandonner à l'histoire.
Histoire pas déplaisante du reste, mais enfin j'ai un peu de mal à voir assimiler Dieu à un être aussi charnel qu'un gros gourmand, avec mal à l'estomac et digestion difficile. Non pour la désacralisation en soi, mais parce que Dieu est si proche de l'homme que je me demande où il a pêché les pouvoirs lui permettant de créer le monde. Le personnage est beaucoup trop concret à mon goût. Par ailleurs, le fait que le remède de la sorcière reste complètement inconnu m'a gênée aussi, j'ai eu l'impression d'une incapacité de la part de l'auteur à inventer quelque chose de crédible. Finalement, c'est paradoxalement ceci que je reprocherai à ce texte : son manque d'invention. On voit un goinfre qui se met à la diète, le texte repose sur la seule idée que cette diète provoque le classement de la gourmandise en péché. Vu la minceur de l'argument, le côté laborieux, pour moi, des situations (une mention tout de même pour les plats délirants du restaurant, là, oui, j'ai trouvé qu'il y avait de l'idée), j'ai eu l'impression que le texte était bien trop long pour ce qu'il avait à dire et en plus esquivait le point crucial : comment Dieu a-t-il été guéri ? |
Acratopege
20/8/2013
a aimé ce texte
Beaucoup
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Un texte léger écrit avec talent, et surtout une richesse lexicale impressionnante. Il y a des formules impayables, comme "tel qu'en lui-même il s'était forgé" ou bien "immensément désert". Le propos parait assez futile, mais le style enrobe si bien la farce qu'elle se déguste comme un mets de choix. J'ai été bien aise de découvrir que Molière et ses séides sévissent aussi au paradis. Réjouissons-nous. Mais que vient faire ici le Psaume 98? Est-ce pour ses métaphores hardies: " Que les fleuves battent des mains, que toutes les montagnes poussent des cris de joie..."?
Mon petit doigt me dit que je connais peut-être l'auteur de ce plat odorant. Attention, un texte peut en cacher un autre! (édition: eh bien mon intuition m'a trompé!) |
brabant
20/8/2013
a aimé ce texte
Passionnément
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Bonjour Fritman,
L’écriture est remarquable et se déguste comme on eût aimé déguster le huîtres de Vatel. Plus qu’à la simple culture le récit fait appel à l’érudition poussant peut-être cependant par excès auto jubilatoire parfois un peu loin le bouchon, d’Hiéronymus de Chalcédoine à Ibn Sinã et Abulcasis en passant par Petrus Bonus, Hippocrate et autre Galien (savoureux le Bonus soit dit entre tous)… pour me limiter à un exemple caractéristique [c’est un festival à la fois fascinant et irritant du début à la fin ; auquel j’applaudis des deux mains, soyons honnête, maiiiis… Suis probablement un peu jaloux quelque part…] et n’évitant pas une formulation malheureuse avec « il se voyait déjà curé ». A mesure que la nouvelle avançait je me disais que la fin risquait d’être problématique (Il eût fallu être Dieu pour retomber sur ses pieds. lol), que je resterais sur ma faim après ce texte succulent. Comblé sans l’être : un comble ! Ce fut le cas, mais je dois reconnaître l’honnêteté de l’ auteur qui m’avait prévenu dès le titre : « Comment la gourmandise devint péché ? », il ne m’avait pas promis une quelconque panacée, infaillible contre les embarras gastriques, à moins que ce fût le rire ou à défaut le sourire salivaire, et il a bien répondu à la question du début. Contrat rempli, mission parfaitement menée. Merci pour ce moment excellentissime :))) |
Anonyme
20/8/2013
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Le style est plaisant, léger, inventif et je salue l’effort sur la forme avec le thème de la mangeaille trois étoiles et celui de la chamaillerie entre médecins de l’époque de Molière. Mais vous prenez trop confiance en vous et dépassez la ligne jaune en montrant un "dieu" non ataraxique qui commet des injustices verbales. Votre "dieu" est un plutôt un Zeus dans sa version gargantuesque, et vous indiquez Zeus d'ailleurs. Peut-être est-ce pour éviter de dire des bêtises que les classiques mettaient en scène Artémis et Apollon plutôt que des personnages bibliques.
Vous semblez avoir compris la notion de péché mais je n'en suis pas sûr car vous présentez le texte comme une ironie sympa et critique sur la gourmandise comme péché, tout en reproduisant ou en retrouvant une vraie logique chrétienne. Pour préciser, au cas où, les règles n'ont pas pour but d’empêcher les jeunes gens de s’amuser et d’avoir du bon temps. Ce ne sont pas des règlements émis par les dominants pour tenir la bride des dominés et les maintenir dans la frustration. Et jamais plus qu’avec ce que vous appelez gourmandise, il y a cette similarité entre la médecine de corps et l’hygiène de l’âme. L’interdiction de tuer concerne autant la protection de la victime que celle du bourreau, qui devra traîner son acte jusqu’à la fin de sa vie. (Voir le fameux œil de Caïn chez Victor Hugo !) Les péchés chrétiens sont tous intéressants quoique parfois plus adaptés à leur époque qu’à notre époque moderne très complexe et singulière. Ils signalent les tentations qui dans un premier temps font plaisir et dans un deuxième temps font souffrir. Ce ne sont pas des interdictions arbitraires mais des observations humanistes du comportement des êtres humains. Les péchés sont comme des feux rouges et des feux verts sur la route : si vous grillez un feu, vous prenez des risques, non pas de recevoir une contravention de la part de la police, mais des risques de collision avec d'autres véhicules habités. Les péchés, c'est imposer une petite frustration pour éviter un grand malheur. Les athées utilisent ce mot de gourmandise, probablement pour accuser le christianisme de rigidité injustifiée, alors que la tradition chrétienne retient un péché de **gloutonnerie**. Si la gourmandise semble sympa, surtout dans les pubs à la télé, la gloutonnerie présente des inconvénients majeurs : devenir accro à la nourriture provoque des maladies mortelles, revient cher, détourne d’autres activités plus saines, rend dépendant à une idole, suppose de s’abstenir de partager le surplus nourriture avec des pauvres, à des époques où les pauvres résidaient partout ; c'est, de plus, le riche qui donne le mauvais exemple et qui suscite des jalousies. On en est là entre les pays riches et les pauvres des pays pauvres. Les premiers gaspillent, deviennent obèses et les seconds meurent de faim ou souffrent d'une nourriture trop homogène. Cette dimension aurait approfondi votre essai mais aurait peut-être alourdi le ton... Le péché de gloutonnerie préfigure les avertissements de nos diététiciens et de nos experts en obésité et en diabète. Ce n'est pas autre chose, à part que les observations les plus évidentes ont été systématisées et détaillées. En même temps, vous ne vous trompez pas, et c'est bien de gloutonnerie que vous parlez en disant "gourmandise" puisque le mangeur devient malade. L'idée de sacrifice de dieu pour mettre au point le péché de gourmandise-gloutonnerie rappelle le sacrifice de soi, comme si votre "dieu" avait essayé tous les péchés pour nous les enseigner, comme si donc il avait souffert pour nous, attitude conforme au canon. J'ignore si c'est volontaire de votre part d'être retombé sur quelque chose de "chrétiennement correct" sous des dehors badins et satiriques. J'attends de voir vos explications éventuelles. Comme vous semblez plus futé que ce que j'ai pensé en lisant le début du texte, l’épicurisme n'est pas le sage précurseur de notre société hédoniste ; Epicure préconise par exemple de ne garder que le strict nécessaire sur le plan des possessions, ce qui contredit l'énormité de l'offre sur les marchés contemporains. Je ne sais trop comment noter. Je le ferai plus tard. |
Anonyme
14/9/2013
a aimé ce texte
Bien ↑
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Un texte très détendu, qui prend totalement à contre-pied la doctrine du catholicisme de l'esprit qui domine le corps, etc... Dieu qui s'abandonne aux plaisirs charnels, ma foi pourquoi pas ? C'est lui, après tout, qui en est à l'origine.
Vous avez vraiment un lexique impressionnant et agréable, on le voit notamment dans le passage du restaurant. De même, on sent que vous avez fait des recherches pour créer les jurons et les références du langage divin. Quelques points qui m'ont gêné : Dieu c'est Dieu, il n'a donc même pas besoin de claquer des doigts pour se soigner (si tant est qu'il puisse tomber malade), aussi la quête du "remède miracle qui soigne même Dieu" me parait dommage. Le texte aurait été mieux, à mon sens, si vous aviez joué sur le fait que les décrets du Pape étant des décrets divins, la gourmandise serait devenu péché à l'insu de Dieu (ce qui expliquerait l'absence de "clients" au restaurant, qui reste une énigme). |