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Policier/Noir/Thriller
fufaru : Jour de Poker
 Publié le 22/12/07  -  2 commentaires  -  14122 caractères  -  25 lectures    Autres textes du même auteur

Moment intense de jeux, pour lecteurs avertis ...


Jour de Poker


15 Novembre 2007 :


Le bruit des jetons le fit sortir de sa réflexion. Ça y est, il y était, en finale du World Series of Poker. Le Texas Hold'em No limit* était la cadillac du poker. Son but était atteint. Du moins pas encore, le combat risquait d'être long.

La table finale se déroulait au cœur même de Las Vegas, au Bellagio, l'un des plus grands et plus prestigieux casino du monde. Chaque pas effectué dans ce palace, Samuel sentait son cœur battre plus vite. 867 joueurs avaient pris le départ de ce tournoi qui dure depuis 3 jours. Seul 5 sont encore en course pour un gain de 2M$. Le public avait maintenant envahi le casino. Ils étaient tous assis autour de la table finale pour admirer le spectacle. Ce qui rendait encore plus belle la victoire. Ils attendaient que les joueurs se battent et pour qu'il n'en reste plus qu'un. La vie de ce dernier changera à jamais.


5 joueurs pour deux millions de dollars.


Cinq joueurs restaient à la table. « Plus que quatre » se dit-il et j'empoche les 2 M$. Il fixait son adversaire droit dans les yeux, un petit clignement de l'œil et il ferait paraître son bluff. Il sent une goutte de sueur se former contre sa tempe, grossir puis couler tout doucement devant son oreille pour finir sa course dans sa nuque. Ouf, celle-là a failli me faire perdre Le tournoi. Le regard de son adversaire qui n'était autre que Freddy Deeb se faisait lourd, trop lourd pour le joueur qu'il était. Freddy Deeb était un des meilleurs joueurs du monde, son agressivité et son assurance l'avait amené parmi les plus grands. Il avait l'allure d'un parrain, d'un incorruptible. Son assurance était tellement impressionnante que parfois Samuel se demandait si ça valait le coup de jouer contre lui, que de toute façon il allait perdre. Incroyable ! Quelle force de dissuasion intentionnelle. Il va y aller il va le dire son « All-in* ». Ce terme vous met dans un état de surexcitation. Vous sentez alors l'adrénaline monter en vous pour exploser dans votre tête au moment où vous glissez tous vos jetons sur le tapis. Là plus moyen de faire machine arrière, c'est quitte ou double, mais quand il y a 2 M$ à gagner ce terme devient un enfer pour quiconque.


Alors que le temps défile et que les mises obligatoires augmentent, Samuel ne voit plus rien. Plus de jeux. Il faut rester patient il le sait. Après avoir jeté ses cartes il se lève pour prendre un verre d'eau. Il observe la table de debout. Tous les joueurs sont concentrés. Samuel a l'impression que certains ne respirent pas tellement la pression est forte. Ça l'étourdit. Va-t-il succomber à la peur. Il est pas mal en jetons, il doit être troisième ou quelque chose comme ça.


Il se rassoit à la table et à ce moment un duel se prépare entre Freddy Deeb et Gus Hansen. Le flop est dangereux, mais les joueurs ne se démontent pas. Ils doivent avoir des gros jeux. Pourtant, alors que Gus hansen jette un coup d'œil derrière son épaule, Deeb en profite et envoie son tapis. C'est comme si il s'était levé et lui avait planté un couteau dans le cœur. Gus ne bouge plus. Immobile sa respiration se coupe. Deeb choisit toujours les moments les plus durs pour faire réfléchir son adversaire. Quatre longues minutes s'écoulent, Gus a déjà dû reprendre sa respiration. Il tape du poing sur la table et envoie son tapis. Alors que Samuel découvre les cartes de ces adversaires, déjà une larme coule sur la joue de Hansen. Il s'effondre en pensait au bluff de Deeb alors qu'il était en plein slow play.* Son brelan d'as n'a pas fait le poids face à la Quinte Flush de Deeb. Incroyable !


4 joueurs pour deux millions de dollars.


Le cœur de Samuel est en enfer. La tachycardie refait son apparition. Sur ce coup il a déjà engagé la moitié de son tapis. Mais le drame c'est qu'il est en bluff. Son adversaire le suit. Le scrute, il est implacable, connu pour ses jeux de regards très perturbant.


Phil Ivey a compris que Sam était en bluff. « ALL-IN » s'exclame Phil. Samuel ne peut que se résigner, il se couche et devient le short stack* de la table. Mais pour combien de temps encore va-t-il pouvoir jouer, combien de temps ?


Ça y est, il doit jouer avec une paire de dames, il doit jouer et engager son tapis. Il commence par faire une petite relance. Les blinds* sont à 2000 $ 4000 $. Il envoie 15000 $. Ce qu'il redoutait arriva, Daniel Négréanu dit « le prodige » le call.* Au flop il ne voit pas de dame, mais pas de cartes au-dessus. Son tapis est de 150000 $. Il mise 40000 $ en pensant faire coucher Daniel. Mais celui-ci, comme à son habitude, commence à lui parler. C'est la force de Négréanu, il parle à ses adversaires tout en devinant leurs jeux grâce à leur réaction.


- Qu'est-ce que tu me caches Samuel ? Hein ? Une paire de valets, de dames ?


Samuel frémit, mais essaye tant bien que mal de garder son calme.


- Paye si tu veux voir mes cartes, lance Samuel content de sa réplique.

- Je crois que oui je vais te payer même si je pense savoir que tu as une paire au-dessus du flop.


Il le paye à 40000 $. Samuel déglutit. La tension est tellement forte qu'on peut entendre les mouches voler. Le clignement de ses paupières résonne dans la pièce.


Le turn* arrive, c'est un valet.


- Voilà que notre Samuel se retrouve avec un brelan ! rigole Daniel en regardant le public.

- Effectivement, c'est pourquoi je te relance de 80000 $.

À ce moment Négréanu se lève et crie « ALL-IN.


Samuel retient son souffle, la pression retombe un peu car il ne lui reste que 26000 $ et qu'il ne peut que suivre le tapis de Daniel.


- Je call Daniel, je call.

- Très bien alors regarde un peu ça, quoique non en fait j'aimerais voir ton jeu d'abord si tu n'y vois pas d'inconvénient.

- Bravo Daniel, tu es à la hauteur de ta réputation j'ai bien une paire de dames, ironise Sam en jetant ses cartes sur la table.

- Je m'en doutais, mais je crains que ta belle aventure s'arrête là.


Daniel jette ses cartes sur la table. À ce moment Samuel les voit au ralenti, tout doucement atterrir sur la table faces découvertes. Paire de Rois !!! C'en est fini il lui reste encore la rivière,* une dame pour le sauver.


- J'avais une dame, s'esclaffe Freddy Deeb juste pour alourdir encore l'atmosphère.


Samuel n'y prête pas attention, il sait que c'est le moment décisif, si il doit voir une dame c'est maintenant. Le croupier qui est une ravissante jeune femme ne peut s'empêcher de jeter un coup d'œil en direction de Samuel tout en brûlant la carte suivante. Certainement par cruauté. Ou par compassion. Elle frappe la table avec ses phalanges et découvre la rivière.


Daniel éclate de rire et comme il est très bon joueur va serrer la main de son adversaire. Samuel reçoit un électrochoc, c'est comme si une dose de morphine lui était injectée directement dans le cœur. Quel plaisir de voir cette dame sortir. Quelle chance. Il embrasse la jeune demoiselle qui vient de le sauver et rejoint son siège tout en essayant de ne pas montrer sa joie.


- Tu aurais envoyé ton tapis à la dernière carte tout en sachant mon jeu Daniel ?

- Bien sûr That's Poker ! Je ne pouvais faire autrement.


Les bons comptes font les bons amis. Samuel essaye de récapituler les tapis des joueurs. À la première position, l'inévitable Freddy Deeb avec 1080000 $ en chip. Deuxième position pour Phil Ivey avec 540000 $. Il est troisième avec 303000 $. Et Daniel bon dernier avec 77000 $.


Deux trois donnes sont jouées et Daniel voit son tapis absorbé par Phil. Il sort du tournoi avec son habituel fair-play. Tout sourire. Même s'il ne termine que 4ème cela n'en reste pas moins le meilleur joueur du monde à l'heure actuelle. Le public le sait, nous le savons, tout le monde se lève et l'applaudit. C'est alors que Samuel remarque une espèce de soulagement de la part de Freddy Deeb. Il va se relâcher maintenant, il avait peur de Daniel. Samuel l'a vu et va s'en servir contre lui, du moins il va essayer.


3 joueurs pour deux millions de dollars.


Plus que deux, son destin de jeune joueur de poker est à son paroxysme. S'il gagne il plaque tout et s'installe à Las Vegas pour vivre de son talent. Car en effet il faut du talent pour se retrouver à une table de poker en finale face à Freddy Deeb et Phil Ivey. Les blinds* augmentent encore, ce qui rend plus dur le jeu. Maintenant ça coûte 12000 $ de voir le flop. Il joue serré et espère voir l'un de ses deux adversaires éliminé pour se retrouver en tête-à-tête.


Une paire d'as, il va peut-être pouvoir remonter un peu si les brebis tombent dans son piège. Il la joue slow play et réussit à embarquer Phil Ivey. Les deux joueurs ont exactement le même tapis à ce stade du jeu. C'est le moment pour lui de l'éliminer. Quel plaisir d'entendre Phil Ivey faire ALL-IN. Ce dernier était confiant avec une Top paire au flop, mais Samuel a bien joué le coup et élimine Ivey du tournoi. Il n'en croit pas ses yeux. Enfin le fameux tête-à-tête avec s'il vous plaît un certain Freddy Deeb.


2 joueurs pour deux millions de dollars.


1200000 $ contre 800000 $. Ça va aller très vite, trop peut-être pour le petit cœur inexpérimenté de Samuel. Changement de croupier, encore une très jolie femme, décidément on se demande si ce n'est pas fait exprès pour déconcentrer les joueurs. Pas Samuel en tout cas.


Freddy paraît tellement décontracté qu'on a l'impression qu'il est devant sa télé avec un pot de glace Haagen Dasz. Tout simplement devant sa télé... La vision d'un homme aussi détendu lorsqu'on est au point d'exploser tellement la pression tape nos tympans, est insupportable.


C'était la fin il le sentait, malgré l'atmosphère pesante de cette finale il ne pouvait s'empêcher d'être heureux. Déjà en être arrivé là était incroyable. En tête-à-tête avec Freddy Deeb ! .En Heads-Up avec un des meilleurs joueurs du monde. Deeb avait plus de chip que lui, mais à ce stade de la partie tout pouvait arriver. Chaque main donnée est peut-être la dernière, si Deeb voit un as il criera sûrement « all-in ». Ça Samuel le sait. Il découvre ses cartes, paire de 5 ! Probablement sa dernière main, car Samuel va envoyer le tapis avec une main comme ça. Il décide finalement de suivre la Blind. Deeb relance à 200000 $ ! Samuel paye instantanément pour montrer à son adversaire qu'il a une bonne main. Le flop : J 5 6. Incroyable il a trouvé son brelan. Il essaye de rester calme. Il ralentit doucement sa respiration. Deeb envoie 400000 $. Samuel essaye de le piéger, il suit une nouvelle fois. Ses mains commencent à trembler. En posant ses jetons sur le tapis il renverse sa pile de 25000 $ avec son coude. Il tente un sourire d'assurance. Mais Freddy le fixe intensément derrière ses petites lunettes noires sans broncher. Le Turn : 6. Deeb envoie le tapis. Là Samuel sait qu'il a gagné. Un full à la Turn c'est imbattable. Il voit Deeb sur As 6. Évidemment si un As ou un 6 sort à la rivière il a perdu, mais à ce moment-là il a trop de chance de gagner pour laisser passer cette magnifique main. « Nice Hand » comme disent les joueurs dégoûtés d'avoir perdu sur un Bad beat ! Samuel lève la tête, regarde le ciel, ferme les yeux, il déglutit. Non sans mal vu la sécheresse de son corps tout entier. Son regard revient tout doucement sur Deeb qui affiche un sourire déconcertant.


- J'ai gagné, lui dit-il

- Tu crois ça Freddy ?

- Bien sûr, tu es obligé de suivre et là j'ai la meilleure main, puis de toute façon si tu jettes tu n'auras plus assez de jeton pour revenir.

- Pourquoi crois-tu avoir la meilleure main ?

- Ah ! Nous y voilà ! Je ne suis pas un débutant, tu dois me voir sur [As 6] certainement, c'est là que tu fais une erreur, car j'ai une bien meilleure main.


Samuel essaye de réfléchir aux combinaisons que peut avoir Deeb, [J 6], dans ce cas cela lui fait un Full au-dessus du sien. Mais il ne voit pas Freddy relancer pré-flop avec une poubelle pareille. Paire de 6 !


Ça a été comme un flash pour Samuel, il a une paire de 6 !


- J'ai trouvé Freddy !

- C'est bien, tu commences à progresser. Mais même en sachant la main que j'ai tu vas payer.

- Tu as un carré de 6 !

- Voilà une proposition intéressante. Tu es vraiment plus fort que je ne le pensais. Mais pour le voir ce carré il va falloir que tu payes.


Que faire ? Il avait 3% de chance de trouver son carré, si c'est le cas aucune carte à la rivière ne peut le sauver. Aucune...


- Je te suis Freddy, All-in, lance Samuel

- Bravo !

- J'ai une paire de 5 ce qui me fait un full au 5 par les 6.

- Belle main, lance Freddy l'œil pétillant, mais je ne crains que ce soit suffisant, malgré tout avant de montrer mon jeu je voudrais te féliciter, sur cette dernière main tu as été vraiment digne de jouer à cette table parmi les meilleurs joueurs du monde, car un champion comme par exemple Gus Hansen ou Daniel Négréanu aurait exactement joué de la même façon. Alors je te dis bravo !


Et là Deeb retourne un 6...


Le cœur de Samuel bat si fort que toute la salle vit à son rythme, il a l'impression que si son cœur s'arrête toute la salle meurt avec lui. Son sang part de ses doigts et avec une injection très forte remonte et frappe son cœur. Voilà comment Samuel voit tout ça, son destin va se jouer à une carte, une seule. Quel moment, il savoure comme si c'était sa première injection d'héroïne. Il plane, il est défoncé. Enivré par la pression et l'adrénaline qui parcourent son sang et frappent son cœur, et frappent son cœur...

Et là Deeb retourne un 6...


Son cœur s'arrête...


__________________________________________________


Texas Hold'em No Limit : Système de poker où l'on a deux cartes en mains. Ensuite vient le flop, trois cartes découvertes sur le tapis, puis le turn pour la quatrième carte et enfin the river, la dernière carte.

All-in : Terme égal à tapis, on le dit lorsqu'on joue tous ses jetons.

Slow play : Terme désignant un joueur qui a un gros jeu et qui essaye de piéger son adversaire.

Short Stack : Terme désignant le joueur ayant le moins de jetons encore en course.

Les Blinds : Mises obligatoires qui tournent, il y a la petite et la grosse.

Call : Suivre.



 
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   Manonce   
23/12/2007
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Même si je ne connais rien au poker, on sent vraiment la passion du joueur dans ce texte. Par moment, on a l'impression d'être dans la tête du joueur et de vivre la partie la plus importante de sa vie.
J'ai aimé jouer cette partie contre le meilleur joueur du monde.

   Cyberalx   
28/1/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Alors oui, l'ambiance est bien rendue, l'écriture est propre, mais je ne vois pas l'intérêt du récit ailleurs que dans une réclame pour le poker.

Je trouve qu'il manque une histoire là dedans, je ne sais pas, une vie derrière les cartes qui aurait pu être évoquée, même en filigrane.

Un texte de passionné, j'imagine, à réserver au fans de poker et de flambe en ce qui me concerne.


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