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Science-fiction
Gouelan : I'mill et Kov'in
 Publié le 30/03/25  -  6 commentaires  -  4821 caractères  -  38 lectures    Autres textes du même auteur

I'mill et Kov'in, deux extraterrestres, sont en mission pour Bweurk, l'empereur de la planète Gluton. Ils doivent collecter des spécimens « intéressants » sur différentes planètes.
Toute ressemblance avec des faits et des personnages existants serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d'une pure coïncidence.


I'mill et Kov'in


I’mill et Kov’in, en mission pour l’empereur Bweurk, stationnent au-dessus d’une planète rouge dans leur vaisseau ovale et translucide.


— Kov’in, viens voir !


Un effluve de goudron lui répond. Kov’in vient de se réveiller de sa sieste. Ces derniers temps, il préfère embrumer sa mémoire en ingurgitant des litres d’algues à l’arôme de fuel plutôt que de songer à la vacuité de sa vie. Cela fait si longtemps qu'il n’est pas retourné sur Gluton, sa planète aquatique. Rêver de forêts de kelp fait palpiter ses trois cœurs. Comme une éponge mal essorée, Kov’in tangue jusqu’à son copilote.

Les cinq tentacules d’I’mill affairés sur les manettes du poste de pilotage donneraient la nausée à tout spectateur non averti. Chacun, de longueur et de couleur différente, se colle et se décolle dans un bruit de succion écœurant.

Kov’in s’assoit sur son gros derrière ventouse et fixe l’écran de son unique œil globuleux.


— C’est quoi, c’est vivant, on peut les ramener sur Gluton, dis ?

— Doucement, Kov’in, il faut d’abord observer. Pas question d’aspirer des déchets !


I’mill ne se laisse pas distraire plus longtemps par son compère brouillon, il fouille à nouveau l’écran de son œil cerné de pourpre. Sur la planète rouge, des astronautes se déplacent avec lenteur. L’un d’entre eux tente de planter un drapeau dans le sol.


— Il joue aux fléchettes, tu crois pas ?

— Peut-être, émet I’mill dans un chuintement olfactif.

— C'est l’désert ici, pourtant ces deux pattes ont l’air de bien s’amuser. Dis donc, on n’en a pas des fléchettes ?

— Tu sais bien que je te les ai confisquées, Kov’in. La dernière fois, t’as perforé Mol’Nic !

— Ah bon, j’m’en souviens pas. T’es sûr ? Tu confonds pas avec ta p’tite sœur.

— Nan, c’était bien toi, espèce de pneu crevé !


Ça y est, le drapeau aux étoiles est enfin planté. Les astronautes, alourdis par leurs combinaisons, sautent comme ils peuvent en signe de victoire.


— On va aspirer celui qui a planté le drapeau, regarde comme il gesticule !

— Ouais, il est marrant. Dis, I’mill, on pourrait jouer avec eux avant de brancher l’aspirateur ? Allez, je sors les fléchettes de leur cachette.

— Pas question, tu vas encore abîmer la marchandise !


Le pauvre Kov’in, glissant sur ses tentacules déprimés, s’en va bouder près du distributeur à gobelets.


Pendant ce temps-là, le corps flasque d’I'mill se drape de couleurs mutantes, signe évident d'une réflexion abyssale. Il inspire longuement par sa fente ventrale, puis expire un nuage brumeux dans un cliquetis d’écailles. Ça sent le poisson pourri. Sa tête ovoïde s'immobilise soudain d’une teinte de bile. Le reste de son corps ne fait pas mieux.


— Kov'in, qu’est-ce que tu fais ? Va vérifier les grosses pinces et l'aspirateur ! On doit faire vite.

— T'inquiète, I'mill, tout est en ordre. J’ai vérifié quat… torze fois.

— Ouais, comme sur la planète bleue ?

— Nan, cette fois-ci, j'ai pas bu une seule goutte d'algofuel, je l'jure, hoquette-t-il en écrasant son gobelet en fibres végétales.


Puis, visant la trappe-poubelle, il la rate et s’étale sur le sol de toute sa spongiosité.

Du bout de son tentacule tournevis, I’mill, seul Gluton à bord en capacité de raisonner, enclenche le mécanisme de l’aspirateur, en priant l’empereur Bweurk qu’il fonctionne. Un long bras caoutchouteux s’articule, déployant sa longueur vertigineuse jusqu’aux petits astronautes effrayés. Ces derniers courent comme des fourmis harcelées par un tuyau d’arrosage jusqu’à leur vaisseau noir orné d'un énorme X blanc. Il a la forme d'un chapeau à large bord. Tellement classique !

Tout à coup, le vaisseau glutonien est secoué par les soubresauts de son bras aspirateur mal huilé.


— Kov’iiiinnnn ! éructe I’mill dans une flaque de bave.


Nul n’entendra la réponse de son copilote, le vaisseau nauséabond disparaît par-delà les étoiles dans un vacarme silencieux, traînant derrière lui son bras enragé.

Les astronautes, vraisemblablement terriens, sont quittes pour une belle frayeur. L’un d’entre eux, le plus gros, balance un stylo noir avant de grimper dans le vaisseau. Étrange, un rituel peut-être. Ce stylo vient crever l'œil d’une Martienne. Ni rouge, ni verte, E’lion Meur’t est invisible. Dans un bourdonnement monotone et étranglé, elle entonne un chant de guerre ! E’lion est la cheffe de la tribu des Sans Couleurs.


C’est du propre, cette affaire !


Décidément, ces voyageurs de l’espace sont chanceux, ils s’éclipsent dans leur chapeau volant plus rapide que l’éclair, avant la tornade E’lion. Mais pour leur prochaine visite, l’accueil s’annonce déjà plus sauvage !


__

Note de l'auteur : le langage olfactif des Glutons a été traduit avec le plus de justesse possible. Lors de votre éventuelle escale sur Gluton, le port du masque est fortement conseillé.


 
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   Donaldo75   
22/3/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
J'ai trouvé cette nouvelle décalée, dans le genre encore plus arrachée du bulbe que le célèbre cartoon intitulé "les zinzins de l'espace". Les descriptions sont marquantes, on s'y croirait, les deux protagonistes raisonnent presque comme des adolescents mal dégrossis à qui papa poulpe a laissé conduire le vaisseau familial pour le weekend. Les références à notre époque actuelle, avec ces deux astronautes et toute la symbolique muskino-trumpienne sont bien vues, même si le tout est un peu désordonné mais pourquoi demander de l'ordre dans un délire ?

C'est du bon court, sans prise de tête mais qui a probablement demandé pas mal de travail pour paraitre aussi décalé et pourtant cohérent. Je salue la prouesse.

Bravo !

   Dimou   
31/3/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Tiens, cette nouvelle en première page...

Gouelan ?

Ce pseudo me dit quelque chose !!!

Moi je gouterais bien l'algofuel juste pour tester. Je me boucherai le nez, ça doit puer par là-d'van..

Une nouvelle où le foutraque est maîtrisé, qui fourmille de créativité.

Qu'est-ce que je viens de lire sérieux...

Nos compères du jour auront fort à faire pour mettre la barre plus déjantée quand ils reviendront...

Une nouvelle étrange et très chouette.

À bientôt

   Salima   
1/4/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
J'ai franchement et joyeusement aimé ! C'est très drôle et très peu convenu. Heureusement, je n'ai décelé aucune ressemblance infictive avec une quelconque réalité. Sauf le nom de l'Auteure, que je crois bien connaître et que je salue amicalement.
Une phrase un peu curieusement tournée : "Sa tête ovoïde s'immobilise soudain d’une teinte de bile." Le "d'" est très étrange. J'y ai longuement réfléchi jusqu'à m'embrouiller dans la grammaire, entre compléments du nom et circonstanciels. Je suppose que don emploi est correct dans votre phrase, mais pour moi la formulation reste inhabituelle. Peut-être, avec une virgule après "soudain", le sens serait plus évident.
Je trouve les descriptions très très réussies, très drôlement forcées, je dirais que vous vous êtes appliquée à rendre la chose absurde. Et pourtant, le sens général ressort clairement.
En tout cas, je viens de réaliser que tentacule est masculin. Je ne sais pas pourquoi, je le croyais féminin.

   JohanSchneider   
2/4/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Hilarant, jubilatoire et joyeusement provocateur quand on lit entre les lignes.

Les extra-terrestres sont génialement caricaturaux, ce qui les rend des plus crédibles.

Quant aux humains ils sont égaux à eux-mêmes, lâches, médiocres et inconséquents.

De la belle ouvrage que je salue bien bas.

   Cyrill   
2/4/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bjr Gouelan,
Une lecture très distrayante et sans prise de tête.
J’ai bien aimé les effluves et autres effets de succion, chuintements olfactifs en tout genre. C’est très visuel, mais en même temps ces personnages échappent à toute tentative de stricte représentation. Un riche registre langagier.
Quelques références à l’actualité que je trouve dispensables mais rien de grave pour mon appréciation. Je me casse trop la tête sur des valeurs symboliques, comme celle du stylo noir, mais vous nous expliquerez peut-être. Et moi je devrais lâcher prise comme on dit.
Du foutraque vraiment bien mené, qui pense au lecteur.
Merci et bravo !

   Gouelan   
3/4/2025


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