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Sentimental/Romanesque
Gyver : Paris, octobre/novembre 2018
 Publié le 24/06/19  -  5 commentaires  -  18232 caractères  -  71 lectures    Autres textes du même auteur

Observateur de scènes de rues, épieur de sentiments, l'auteur est en recherche...


Paris, octobre/novembre 2018


Je m’étais assis sur le muret de la place de l’Hôtel de Ville, ce petit muret qui invite à la pause et qui sépare la place de la rue de Rivoli. C’est un lieu très vivant, il arrive même parfois qu’aucune place ne soit disponible pour s’y installer un instant, sur ce muret. D’un côté, les véhicules, les deux-roues, les piétons, tous en mouvement, le bruit aussi, puis les lumières, les réverbères et les grands magasins, le BHV entre autres, il est 18 h 20 et pourtant la nuit a déjà envahi Paris, le week-end dernier nous avons tous subi le passage à l’heure d’hiver. D’ici on aperçoit deux sorties de métro qui, à cette heure-ci, déversent à intervalles réguliers des flots de personnes, ça fourmille un moment, puis tout se disperse en un rien de temps, les gens s’étalent comme une marée montante...


Assis là et soucieux de garder ma place, je me rends compte que la cinquantaine de personnes, assises comme moi, tournent le dos à la rue, de ce côté, l’esplanade s’étend devant nous et tout semble plus paisible, l’Hôtel de Ville en lui-même a quand même fière allure, faisant face à la place sur notre gauche, il laisse à imaginer l’intérieur avec sa façade de fenêtres hautes de deux mètres dont certaines sont éclairées, il en impose quoi ! Sur l’esplanade, les choses semblent plus statiques, il arrive des gens de partout, il en ressort tout autant et tout cela dans un calme apparent, personne ne court, il y a des gens seuls, des couples, et d’autres en groupes aussi...


Ce n’est pas la première fois que je viens ici, je ne suis pas surpris par cette ambiance, j’observe, il se passe toujours un petit quelque chose si on regarde bien, dans mon sac à dos j’ai mon bloc et mon stylo, je peux coucher quelques mots de-ci de-là, ça peut servir à mes écritures personnelles parfois. De toutes les personnes présentes à mes côtés, je semble être la seule à ne rien faire, juste à regarder droit devant moi, certains lisent, la très grande majorité sont scotchés aux Smartphones et aux joies de la vie connectée. Depuis quelques minutes il y a du mouvement à l’entrée principale de la bâtisse, en principe fermée à cette heure-ci. Des barrières métalliques comme celles qui séparent les gens des événements urbains, course sportive ou défilé, ont été installées comme pour former un couloir à suivre. Un groupe d’une trentaine de personnes est arrivé du fond, par le quai de l’Hôtel de Ville, que des femmes... Un groupe très hétérogène, des âges très différents, des visages marqués, certaines les bras ballants, d’autres tenant comme de gros ballots tout ficelés de bric et de broc. On voyait deux femmes, en uniforme de l’Armée du Salut, qui les guidaient vers ces barrières, puis trois ou quatre vigiles au pied des marches qui paraissaient faire un vague contrôle avant de les inviter à entrer à l’intérieur. En dix minutes toutes les femmes étaient entrées, les immenses portes s’étaient refermées, je n’en saurais pas plus...


L’ambiance habituelle avait repris son rythme, chacun retrouvant sa place. Mine de rien, moi qui me tenais là à observer, moi qui étais seul, je constatais ayant regardé l’heure que quarante minutes s’étaient écoulées depuis mon arrivée, c’est ce que j’aimais ici, le temps passait sans ennui, il s’était déjà passé des choses, et je ne doutais pas qu’il s’en produirait d’autres, j’insistais donc dans ma posture d’attente et d’observation...


Il ne m’a pas fallu attendre bien longtemps, tout au plus cinq minutes, je vis apparaître un type qui arrivait de l’avenue Victoria, plein centre et face à l’Hôtel de Ville, il ne passait pas inaperçu avec sa démarche un peu spéciale de mec à l’aise partout, sa démarche ample et légère, il n’avait pas les mains dans les poches, et portait le regard droit devant lui, balayant d’un côté à l’autre le fameux muret des gens qui attendent. Sans savoir pourquoi je ne le quittais pas des yeux, j’enviais sa gestuelle, je me persuadais bêtement que tout le monde ne voyait que lui. Il s’était arrêté à une vingtaine de mètres de là où nous étions, nous les badauds affalés, lui, presque au centre de la place, consultait son téléphone. Il avait une trentaine d’années, n’était habillé ni chic, ni sport, ni mode, mais ça lui allait bien. Au moment où il s’était arrêté, j’ai vu une jeune femme se lever, elle était assise comme moi, et je l’ai vue se diriger directement vers ce type qui avait mis mes sens en éveil. Alors qu’il levait le regard de son téléphone, il la vit et déjà il déployait un large sourire, que j’imaginais réciproque chez la jeune femme que je ne voyais que de dos. J’assistais donc à leur rendez-vous, et dès le début je me trouvais intrigué. Il m’a semblé qu’au moment où ils entraient en contact, la fille avait voulu l’embrasser, ou au moins lui faire la bise, sur la pointe des pieds, elle était plus petite que lui, j’ai vu son visage avancer vers celui de l’individu repéré, mais dans le même temps, lui avait juste fait un pas de recul et tendu sa main face à la fille, comme pour dire « stop ». La fille s’était arrêtée net, comme surprise, mais déjà, lui partait dans une discussion agrémentée de moult mouvements de bras, des mains aussi. Tout en parlant il piétinait, tournait un peu autour de la fille, lui prenait les épaules, la relâchait et il parlait encore et encore. Ils avaient fini par faire un demi-tour tout en restant face à face, je pouvais maintenant distinguer le visage de la jeune femme, elle était jolie, simplement jolie... Et pendant que lui parlait toujours, elle, semblait n’avoir jamais le temps de lui répondre, tout au plus hochait-elle la tête de temps à autre, ses yeux paraissaient s’agrandir, devenir tout ronds par instants, elle semblait ne pas croire ce qu’elle entendait, elle ne lâchait pas un sourire cette fois, ni grimace, ni larmes, elle était simplement ébahie, je la trouvais tout aussi simplement ébahie que simplement très jolie...

J’essayais bien d’imaginer le pourquoi de ce rendez-vous, ce qu’il pouvait bien lui dire, ça ne ressemblait pas à une rupture vu le manque de réaction de la fille, puis il n’avait pas l’air ni d’être en colère, ni méchant, il parlait sans cesse certes, mais de quoi ? Je me suis dit qu’ils se connaissaient peut-être, alors lui expliquait-il un problème auquel il était confronté, lui demandait-il de l’aide, avait-il fait une grosse connerie qui puisse expliquer ce flot de paroles qu’il lui déversait sans même être surpris qu’elle ne lui réponde rien, comment ou plutôt à quel point pouvait-il estimer cette fille ? Le voyant toujours en pleine discussion et gesticulations, je me rendis compte que maintenant, dans les mouvements successifs, je voyais parfaitement bien son interlocutrice, et vraiment je la trouvais jolie, naturellement jolie, pas fardée, pas sapée, mais je m’imaginais à la place du type, alors je ne l’aurais pas trouvé jolie, mais assurément belle... Je me persuadais qu’à ne pas lui laisser placer un mot, il se privait d’une voix douce et rassurante, mais non, rien à faire il ne s’était pas interrompu un instant de parler depuis le début, il ne la regardait pas toujours d’ailleurs, je le voyais en plus parler à une vitesse incroyable, non-stop, assis sur mon muret j’étais scotché par la situation, bien conscient que personne d’autre ne devait prêter attention à cet événement. Plusieurs fois j’ai vu le type indiquer la rue au bout de la place, de là où il était arrivé, puis dans l’instant suivant il pointait du doigt la direction opposée, la rue grouillante de passants, de voitures. Je l’imaginais lui dire : « Moi je vais partir par là et toi tu iras de l’autre côté et c’est comme ça et pas autrement ! ». Ce qui est sûr c’est qu’il n’y avait pas de cris, pas de sévérité, je restais vigilant, mais ne sentais pas de risques particuliers, de là où ils étaient je n’ai jamais pu entendre un seul des milliers de mots qu’il a pu prononcer.


Je n’avais rien loupé de la scène depuis le tout début en fait, je me trouvais devant un type à l’air halluciné, qui dégoisait une tirade qu’aucun acteur n’aurait voulu apprendre, il parlait à une femme sans la voir, sans aucune attente de sa part, et elle qui restait devant lui, qui le regardait sans cesse, sans participer, comme sans présence. Le romanesque de la scène m’imposait de regarder autour d’eux, m’assurer qu’aucune caméra n’était en train de filmer un bout d’essai pour un film ou un court métrage de débutant, à Paris ce n’est pas rare, mais non, rien de tout cela, juste ces deux personnages qui ne s’étaient pas retrouvés pour rien, pas par hasard, et ce type qui tenait son rôle, qui maîtrisait ce moment et qui visiblement faisait subir à cette femme un moment qu’elle n’avait ni choisi, ni envisagé, ni imaginé un quart d’heure plus tôt… pendant qu’il parlait encore et toujours, je me disais que je serais bien incapable d’être à sa place, qui pourrait m’écouter aussi longtemps sans rien dire, personne, de toute manière il me serait impossible de tenir une telle distance sans retour, ce type avait quelque chose d’un champion dans la catégorie : « Je parle tout seul, écoute-moi bien, besoin de personne. »


Je n’ai pas chronométré, mais je pense que le quart d’heure était dépassé, plus de quinze minutes que ce mec festoyait avec son langage, ses gestes, avec son paraître, et d’un seul coup, comme si tout venait de s’écrouler autour de lui, je le vis partir de là où il était venu, sa silhouette allait fondre dans la pénombre de la petite rue qu’il emprunterait pour rejoindre probablement les bords de Seine. La fille était restée, comme plantée, enracinée, elle inspira profondément comme pour se soulager d’un fardeau qui ne lui appartenait pas, puis tout tranquillement elle est revenue s’asseoir sur le muret, cinq personnes se trouvaient entre nous et pourtant après ce long moment bizarre, je la sentais très proche de moi, je venais de vivre cet instant avec elle, incompréhensible, surnaturel...


Je me levai, j’allais partir, je resterais interpellé, anonyme, questionné, j’en éprouvais une frustration bien sûr, un manque, je me demandais si je pouvais juste avoir un petit rôle à jouer dans cette histoire, instinctivement je me dirigeai vers elle, je la voyais regarder le centre de la place, pensive, seule... En arrivant devant elle, je dus me faire violence, je savais que si je la dépassais, c’en serait fini, je ne ferais pas demi-tour, l’histoire serait définitivement close, alors je m’agenouillai devant elle, nos regards se croisaient, je vis son étonnement, j’engageai la conversation avant qu’elle ne réagisse...

« Je ne veux surtout pas vous importuner, je viens juste d’assister à votre rendez-vous manqué, ou pas, cet étrange instant vu de l’extérieur... »

Je lui montrai mon bloc de papier, faisant défiler quelques pages déjà noircies et lui expliquai que j’étais un observateur, un épieur de scènes de rues, que j’aimais retranscrire sous forme de petites nouvelles. J’avais le secret espoir de pouvoir un jour les mettre bout à bout et en sortir un livre, un livre de sentiments, d’émotions, de sensations... Son visage s’est vite apaisé, je la voyais rassurée, voire souriante, puis j’ai enfin entendu le son de sa voix, elle me parlait, sa voix résonnait comme je l’avais imaginé, mon trac se dissipait, elle me répondait et cela suffisait à faire disparaître cette boule au ventre qui me tenaille et m’empêche tout le temps. Rassuré, je lui proposai d’aller boire un verre, se poser un peu plus au chaud, et je la questionnerais, je prendrais des notes, et sans doute je ferais d’elle l’héroïne de ma nouvelle, le type n’en avait pas l’étoffe ; elle accepta souriante et encore plus jolie que je ne l’avais vue lors de sa rencontre improbable...


Nous nous étions installés dans un petit bistrot vieillot, rue de la Tacherie, à deux pas de l’Hôtel de Ville, ici, pas de happy hours, pas de terrasse extérieure, et peu de monde à l’intérieur, un vieux comptoir en zinc, quelques tables et chaises en bois, le lieu était tranquille. Anaïs avait commandé un thé, alors j’ai pris la même chose, tout en précisant : « Bergamote ! », comme si je maîtrisais ce genre de boisson, en fait c’est le seul parfum que je connais et qui soit juste un peu plus subtil que « Menthe » ou « Citron ». Je ressortis le bloc de papier de mon sac à dos, mon stylo, et je posai ça sur la table, nous n’avions quasiment rien échangé durant le trajet, et j’abordai évidemment et directement le sujet qui nous réunissait, cette rencontre que j’avais vécue de loin et qui avait suscité chez moi un grand étonnement. C’est alors qu’elle m’a expliqué que ce rendez-vous découlait de son inscription récente sur un site de rencontre, testant ce procédé pour vaincre sa timidité maladive et sa difficulté à se livrer à des inconnus, d’autant qu’elle était assez seule depuis qu’elle était venue travailler sur Paris. Ce soir c’était un certain Alex, sa deuxième rencontre selon ce principe, la première n’avait vraiment rien donné, quant à celle-ci, elle était plutôt confiante, ça faisait un mois et demi qu’elle était en contact avec Alex, de nombreux messages échangés, au moins un tous les jours auquel il répondait toujours très vite, depuis deux semaines ils chataient ensemble tous les soirs se retrouvant sur le site à 20 h 30, parfois ils restaient plus de deux heures connectés... Tout en l’écoutant et la dévisageant, je faisais mine de griffonner, m’appliquant à parfaire une écriture tout à fait illisible. Elle me dit qu’ils s’étaient mis d’accord hier pour se voir ce soir, place de l’Hôtel de Ville, ils devaient aller boire un verre, et peut-être dîner ensemble. Elle était déjà contente en le voyant arriver, il n’avait pas triché sur la photo, et était à l’heure.

« Je n’ai pas mis longtemps à déchanter, je me suis sentie prise à la gorge et sans réaction, il m’a à peine dit bonsoir et m’a expliqué directement sa technique personnelle, qu’il n'aimait pas perdre son temps, qu’il regroupait toujours un maximum de rendez-vous dans le plus court laps de temps possible et dans le même quartier. Ce soir il avait eu cinq contacts entre 17 h et 19 h, j’étais la dernière. Il m’a dit qu’aujourd’hui ce sera celle de 18 h qu’il retrouvera dans peu de temps, il aurait pu ne pas venir, mais il s’estimait être correct et préférait dire de vive voix ce qu’il en était. Il me rassurait, j’étais jolie, je ne devais pas en douter, je n’étais fautive en rien mais c’était comme ça, et blablabla, blablabla, blablabla, il n’a pas arrêté de parler, d’expliquer encore et encore, de me flatter, de me conseiller, etc. »

Elle m’avoua avoir été en sidération totale pendant ces longues minutes, incapable de parler ni de s’en aller, et ce type n’avait en fait rien en lui qui puisse correspondre à tous leurs messages échangés depuis plus d’un mois. Voilà, elle ne savait pas si elle devait en rire ou en pleurer...

Je l’ai vite dissuadée d’en pleurer, ça compliquerait ma situation et je n’avais pas de mouchoir sur moi, puis j’extrapolai sur la fiabilité de ce genre de rencontres, qu’elle aurait sûrement d’autres déconvenues, que ce devait être une espèce de règle du jeu. Je parvenais à voir son visage s’illuminer, rire par moment, je voyais sa timidité s’envoler doucement, nous soufflions de concert sur notre tasse de thé fumant et comme d’un regard complice, même cela nous faisait rire. Je lui fis aussi remarquer que c’était finalement grâce à Alex que nous étions attablés tous les deux dans ce petit bar miteux, et que sans en faire des tonnes, il me semblait que ce moment n’avait rien de désagréable, elle en convenait...

Nous avons tout de même changé un peu de sujet, mon bloc et mon stylo étaient repartis dans mon sac, nous nous sommes un peu plus présentés l’un à l’autre, elle ne semblait pas vouloir partir... Il était plus de 20 h, je me trouvais désolé de ne pas pouvoir rester, prétextant un faux rencart avec un ami. Je lui proposais d’échanger nos numéros, je ne manquerais pas de la recontacter lorsque j’aurais couché sur le papier cette anecdote de rue dont elle serait le personnage principal et Alex le vilain petit canard, alors j’aurais plaisir à partager un moment et lui remettre un exemplaire de cette nouvelle que je trouvais quand même très croustillante. De son côté, elle m’imposait déjà de vite l’écrire, qu’elle avait hâte, puis elle rajoutait qu’on pouvait aussi se revoir avant que le pseudo-travail que je devais fournir ne soit terminé ! Sortis du bistrot, je lui demandai par où elle repartait, elle m’indiqua une direction et comme par hasard je lui dis partir à l’opposé. Nos joues se sont frôlées, signe d’une amitié naissante ? Nous partions dos à dos, chacun sa route...

J’allais faire un long détour en réalité avant de rejoindre mon appartement, rien ne pressait, je savourais l’instant, j’avais l’impression que tous les gens que je croisais me regardaient, enviant mon humeur, je marchais heureux de ma rencontre… Essoufflé par les quatre étages de mon immeuble rue du Vertbois, je pénétrai dans l’appartement, je vivais en colocation avec un ami, il serait probablement là. Dans le salon, CharlÉlie Couture déclamait ses misères dans les enceintes de la Hi-fi, mon coloc était allongé sur le canapé et fumait un joint, il ne m’avait même pas entendu entrer.


– Salut Alex !

– Hé mec, salut ! Alors tu l’as eue cette rencontre avec Anaïs ? Raconte un peu...

– Oui, oui je l’ai eue...

– Ho, excuse-moi de te demander de me raconter, si tu veux garder ça pour toi y a pas de problème !

– Ça va Alex, laisse tomber tu veux...

– Ouais mec, OK, mais bon il va falloir quand même que tu finisses par te débrouiller seul pour rencontrer des nanas ! Je ne vais pas toujours passer mon temps à te servir d’alibi, merde, tu fais chier à la fin ! Et en plus tu ne racontes rien !

– Laisse tomber Alex ! Tu sais très bien que ce n’est pas pour rigoler, ça fait plus d’un mois que je passe beaucoup de temps avec elle sur Internet, je l’ai choisie, j’en suis tombé amoureux avant même de l’avoir rencontrée, je n’y peux rien, c’est comme ça ! Alors arrête un peu tu veux ? Bon je vais dans ma chambre, je vais lui écrire. Salut...

– Ouais c’est ça, va lui écrire, et dans six mois tu ne l’auras toujours pas embrassée, comme d’habitude...


 
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   Corto   
9/6/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Cette nouvelle sous des allures simples nous emmène dans des intrigues multiples et imbriquées.
"L'épieur des rues" s'installe sur un muret devant l'hôtel de ville de Paris, tout simplement pour observer un paysage vivant qu'il connait manifestement très bien.

Ce sont dès lors des scènes multiples qui se déroulent devant ses yeux d'observateur. Un groupe de femmes sans abri est accueilli à l'hôtel de ville comme cela est d'actualité.

Puis vient la scène principale où un homme élégant arrive et où une jeune femme assise sur le muret vient à sa rencontre. L'homme joue le rôle unique en parlant sans arrêt et délivrant son message d'abandon à la femme qui " semblait ne pas croire ce qu’elle entendait".
Fin de la scène: l'home est parti et la femme revient s'asseoir sur le muret.

C'est alors que notre "observateur des rues" ose devenir acteur en allant à la rencontre de la jeune femme et lui propose de prolonger leur entretien, ce qu'ils font dans un "un petit bistrot vieillot, rue de la « Tacherie »" (mais oui cette rue existe !)

Fin de cette rencontre chaleureuse et l'observateur rentre dans sa colocation à deux pas de là.

Où l'on découvre que les hommes et les femmes passent leur temps à essayer de rencontrer une âme sœur sur internet, alors qu'en se lançant dans la vraie vie, même avec quelques artifices, de belles rencontre peuvent se produire.

Cette nouvelle sent l'actualité, je veux dire celle du siècle présent avec ses techniques, ses éloignements virtuels, ses fuites organisées.

Heureusement on constate qu'il existe encore une autre vie, celle de la vraie rencontre, du dialogue direct, peut-être de l'amitié et même de l'amour.

On a ici un texte très bien construit, déroulé avec des scènes réalistes, des rebondissements, et une chute à la fois cruelle et pleine d'espoir.

Bravo à l'auteur.

   plumette   
24/6/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Une vraie chute dans cette nouvelle, au sens où, par les quelques lignes de la fin, toute la perspective de la nouvelle change.

mais je ne cacherai pas à l'auteur que j'ai été déçue. Je trouvais beaucoup plus romantique la spontanéité de la rencontre et en tant que lectrice, j'estime que je me suis faite avoir car le narrateur se présente au lecteur ( et pas qu'à la belle Anaïs) comme un épieur d'instant, ce qu'il n'est pas en réalité!

J'ai été surprise et même déroutée par le passage à l'imparfait à la fin du deuxième paragraphe.

Une nouvelle bien écrite, qui ménage un suspens sans avoir l'air d'y toucher, avec des petits riens.

Un bon moment de lecture tout de même!


Plumette

   poldutor   
24/6/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Gyver,
Cette nouvelle me rappelle le scenario du type qui voulant impressionner une femme, la fait importuner par des complices amis, puis vient à son secours pour la défendre, met en fuites les pseudos agresseurs pour se faire admirer et avoir la reconnaissance de la jeune femme...
Cela étant, on se demande pendant la plus grande partie de l'histoire où le narrateur veut en venir. La chute est inattendue et astucieuse.
Bravo.
Cordialement.
poldutor

   Perle-Hingaud   
24/6/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,
J'ai bien aimé cette nouvelle. Elle est à mon avis un peu lente à démarrer, il faut accepter d'attendre l'action en compagnie de ce personnage… mais les descriptions sont réalistes, je visualise ce banc de pierre, la foule, les passants, les femmes qui entrent dans l'hôtel de ville… Le lieu n'est pas anodin, j'ai pensé au "Baiser de l'hôtel de ville", par exemple: lieu très romantique et marqué, donc.
Je me suis laissée prendre dans le récit et la première "fin" n'était pas du tout une surprise: il était évident qu'ils finiraient ensemble, comme dans toute bonne romance.
C'est le dernier paragraphe qui est vraiment inattendu: il donne un éclairage très différent du narrateur. Je me sens un peu flouée (pas sûre que la jeune fille apprécierait), mais c'est une bonne chute de nouvelle.
Merci pour cette lecture !

   maria   
19/8/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Gyver,

J'ai eu la désagréable impression de lire un texte journalistique, un compte rendu.
Une écriture sans poésie, sans couleur.

Mais la chute a triomphé de mon bougonnement et j'ai souri à cette amitié de jouvence.

Merci pour le partage et à bientôt


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