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Sentimental/Romanesque
Hareng : L'accident
 Publié le 20/03/17  -  8 commentaires  -  15988 caractères  -  72 lectures    Autres textes du même auteur

Il rejoignit la fille sur le talus. Il était jeune. Elle l’était davantage. Et belle. Il fallait descendre vers l'autoroute embouteillée : ses canaris mourraient en plein soleil.


L'accident


De là-haut – le talus de la bretelle d’autoroute –, elle et lui avaient tout vu. La circulation était encore fluide ce matin. Ils allaient descendre, avec leur sac à dos, pour tenter de l’auto-stop, quand, sur la bande de droite est arrivée une berline gris métallisé précédant un trente tonnes rouge, tous phares allumés. Cinq mètres devant le camion, pas plus, à la même allure.


– Cent à l’heure ?

– Non, un peu moins.


Le camionneur klaxonnait furieux. Soudain, entre deux meuglements d’avertisseur, un hurlement de pneus. La berline – mais pourquoi donc ? – avait freiné sec. Comment l’éviter ? Le poids lourd l’avait percutée à pleine vitesse, sans ralentir. Fracas de la collision, tohu-bohu des voitures derrière – klaxons, coups de frein, feux de détresse – et ensuite le silence d’après les drames. Il s’était débarrassé de son sac et avait dévalé le talus ; elle, choquée, s’était assise dans l’herbe. « Oui, c’est elle là-haut, dans une robe coquelicot ; la cage qu’elle tient ? Ses deux canaris. » Projetée sur la bande de gauche, la berline était broyée ; des sacs de voyage éventrés, des vêtements partout. Le conducteur gisait près du rail de sécurité, en travers de la bande blanche. À peine ensanglanté. Les yeux grands ouverts, affolés, pleins de larmes. Ne pas le bouger. Il lui avait pris la main : « N’ayez pas peur. On va s’occuper de vous. Où avez-vous mal ? Dites-moi quelque chose. Que s’est-il passé ? Pourquoi avoir freiné ? » L’homme vomit du sang. Une femme accourut avec une couverture de survie : « Je suis médecin. Oui, aidez-moi à l’envelopper. Puis laissez-moi seule avec lui. »

Sirènes au loin. Embouteillage informe et multicolore.

Il s’en retourna réconforter son amie restée là-haut. Des automobilistes étaient attroupés au bas du talus. « L’âge de la victime ? La cinquantaine. Le camionneur, un peu plus peut-être. » En repassant devant le camion – la calandre défoncée –, il l’avait vu prostré, là-haut dans sa cabine, hagard derrière son volant. « Oui, seul dans sa voiture. Bien habillé, une voiture récente. Oui, oui, gravement blessé. Mourant sans doute. »

Quelqu’un dit que l’embouteillage durerait encore deux heures : la police judiciaire devait effectuer des mesures, ensuite faire dégager l’épave et le camion. « Eh bien ! dit à la cantonade un homme en débardeur noir, y a plus qu’à pique-niquer ! »

Il abandonna le groupe d’automobilistes pour rejoindre son amie en haut de la butte. Il était jeune. Elle l’était davantage. Et belle. Il fallait s’abriter : ses canaris mourraient en plein soleil. Ils enfilèrent leur sac à dos, il l’embrassa, prit la cage et tous deux descendirent vers l’autoroute embouteillée. Une nappe avait été mise sur le capot d’une voiture. Un homme en short y avait déjà posé du vin, du pain, du pâté. Un autre, bière et fromage. Une femme avait des biscuits et des fraises. « Enfin le printemps après un si long hiver ! » Une jeune femme s’aspergea le chemisier en ouvrant une bouteille de soda. L’homme au débardeur plaisanta. Rires.

Ses canaris avaient besoin d’ombre : elle et lui déclinèrent l’invitation à pique-niquer. Ils remontèrent la file des véhicules à l’arrêt. Derrière un autocar, un semi-remorque porte-voitures. De la fraîcheur sur le plateau inférieur. Ils déposèrent la cage sur la bande de roulement. Debout à l’ombre, elle compta quatre berlines sur la passerelle inférieure, deux noires deux bleu ciel, et cinq sur la passerelle supérieure ; celles-ci blanches, comme la cabine du chauffeur que surplombait la voiture de tête. Une fois riche, il pourrait lui en offrir une comme celle-là, rit-elle. « Qu’en pensent les canaris ? » répondit-il. Pour éviter qu’elle ne tache la robe coquelicot, il sortit une bâche de son sac, la posa à l’ombre du semi-remorque, mit les sacs en oreillers. Elle vint l’y rejoindre. Les canaris gazouillaient.

« Alors les amoureux, on s’isole ? Un peu choqués hein ! Et c’est où que vous allez ? En stop ? »

L’homme était à peine moins jeune qu’eux, sans doute bien bâti sous sa salopette bleue. Il revenait du pique-nique. Une bande de circulation avait été dégagée. On repartirait bientôt.

Elle expliqua qu’ils se rendaient à B***, tout dans le sud. Ils devaient y prendre un ferry. « Pour les îles. Demain soir. »

Les dieux favorisent toujours les amants : il descendait sa cargaison de voitures dans la même direction. Voulaient-ils l’accompagner ? Ils lui feraient la conversation. Il les laisserait juste avant la frontière, demain vers dix heures. Ils n’auraient alors qu’à prendre un bus. Avec un peu de chance, ils arriveraient au port dans l’après-midi.

Le camionneur grimpa dans la cabine et mit le contact. Le diesel s’ébroua. Elle ouvrit la portière de droite, tendit au chauffeur la cage des canaris, s’agrippa à la poignée et se hissa à bord. Une cicatrice à la jambe gauche remontait haut sous la robe coquelicot. Son compagnon roula la bâche, enfourna les sacs dans un coffre sur la plate-forme et les rejoignit dans la cabine, se serrant contre elle. Devant, les véhicules démarraient. Ils dépassèrent au pas, en silence, le lieu de l’accident et la dépanneuse chargée de l’épave de la berline. Le semi-remorque rouge était garé sur le bas-côté. Feux orange et bleus des pompiers et de la police de l’autre côté de l’autoroute.

« Le ferry, c’est pour quelle île ? »

Elle expliqua que le mardi, le ferry de S*** poursuivait, parfois sans passagers, sa navette quotidienne vers une petite île d’une cinquantaine d’habitants. Il y accostait à l’aube. Courrier et ravitaillement étaient déposés en vitesse sur le quai et le bateau repartait. Avec un mugissement de sirène, de quoi réveiller le village – des maisons blanches aux volets bleus – perché sur la colline, à une heure de marche. Ils vivraient trois, quatre mois sur cette île. « Le bonheur jusqu’au début de l’automne. »

Non, pour elle c’était son premier séjour. Lui, il y avait déjà passé deux printemps et étés. Il lui avait raconté, cet hiver, sa vie là-bas au bord de la mer, sur le versant sud de l’île. À une heure et demie du village, par un sentier zigzaguant sur les crêtes, jusqu’à une chapelle. « Ah ! la fraîcheur et l’ombre à l’intérieur ! Et l’or des icônes… » Derrière la petite construction, il fallait descendre à travers la rocaille, les chardons et des arbustes. En bas, la dune, l’ombre des pins, des tamaris et de jeunes chênes et, enfin, sa plage de sable que léchait la mer. Une baie avec à gauche, un mont à pic – un ancien monastère au sommet – et à droite, une colline d’oliviers.

Elle leur tendit son paquet de chewing-gum. Le trafic était fluide. L’autoroute longeait des cultures à perte de vue. En émergeaient parfois la couronne d’un arbre ou, au loin, un clocher, un silo.

« Non ! Pas sous tente. » Une cabane qu’il construisait, un peu à l’écart de la plage, près d’un laurier-rose. « Oh ! À peine trois fois cette cabine et pas plus haute. Enfin, une cabane… plutôt un abri. » Ses premières journées, il les passait à ramener près du laurier des troncs et des planches rejetés par la mer en bout de la plage. Il les assemblerait avec de la corde et des brellages. Les murs et le toit ? Des joncs et branchages. Se laver ? Un seau, un peu d’eau douce. Ou là-haut, la source près de la chapelle. Et il y a la mer. Transparente. Apaisée.

Pour cuisiner, il creusait un trou, à l’écart de l’abri. Des pierres tout autour. C’était son foyer à braises. Il marchait beaucoup pour ramasser du bois à brûler, du thym, du romarin. Mais quels parfums quand il y grillait du poisson !

« Robinson, quoi ? »

Oui et non. Il aimait la solitude, l’âpreté du paysage, toutes les nuances de bleu de la mer, d’ocre de la plage et de l’arrière-pays. Le silence aussi. Chaque jour que Dieu fait, il se levait tôt matin : contempler le lever du soleil au-dessus des oliviers et écouter le clapotis des vagues. Il grimpait ensuite jusqu’au sentier, remplissait un bidon d’eau à la source près de la chapelle – il le reprendrait au retour –, puis marchait d’un bon pas vers le village. Deux cafés en compagnie des habitués du bar, un brin de conversation et il ramenait à la cabane pain, fromage, tomates, olives… Une bouteille de vin aussi. Il la mettait au frais dans la mer, entre de grosses pierres. Le retour était long : la chaleur qui montait, le bidon d’eau douce à redescendre.

Oui, elle pourrait rester dormir. À son retour, il lui préparerait son petit-déjeuner, son thé, du pain encore tiède avec un morceau de miel en rayon. Devant la mer. À l’ombre d’un tamaris. Le soleil pas encore trop haut. Tandis qu’elle lézarderait, il irait nager, pêcher des poulpes, cuisiner, bricoler. Irait-elle plonger avec lui ? L’année passée, il avait découvert des fûts de colonnes. Antiques ? Il le croyait. Les soirées, ils les passeraient autour d’un feu avec deux ou trois autres Robinson campant sur une plage voisine. « Vivre au présent perpétuel, quoi ! »

Le camionneur annonça qu’à la prochaine station-service, il s’arrêterait prendre un café. Une matinée perdue dans l’embouteillage de l’accident : la nuit serait longue pour lui. La radio locale annonça qu’un planeur s’était écrasé en milieu d’après-midi près d’un village, à une trentaine de kilomètres. Le pilote était décédé. Quand atteindraient-ils la capitale ? Au coucher du soleil. Tiens ! pour eux, les amoureux, il avait une idée d’entrée triomphale dans la ville : après la halte, qu’ils grimpent donc tous deux dans la voiture au-dessus de la cabine. Attention, discrets ! Et ensuite, malgré ces excités de canaris, tandis que lui, en-dessous, conduirait, ils pourraient y dormir. Ce serait une meilleure nuit que la prochaine sur le ferry.

Là-haut, dans la voiture immobile, en front du camion, ils traversèrent la ville. Assis sur les sièges arrière – ne pas être vus –, ils se recroquevillaient plus encore quand ils passaient au ras d’un pont. Après avoir survolé le fleuve, le soir tombant, ils glissèrent en silence dans la couleur orange d’une forêt de dômes, clochers, gratte-ciel, immeubles du siècle passé. Les néons bleus, verts, rouges des publicités se reflétaient sur les vitres et le plastique protégeant le cuir de la berline neuve. La nuit venue, ils regardèrent, derrière, la ville s’éloigner et, devant en bas sur la route, par le large pare-brise, danser les phares jaunes et blancs, s’allumer jusqu’au loin la guirlande des feux arrière.

La berline était maintenant emportée au milieu des forêts. Ils baissèrent les sièges avant en position couchette. Le plastique sur le cuir collait à la peau. Il glissa leur couverture sous eux, elle se contorsionna pour ôter la robe coquelicot. Couchés nus sous la vitre du toit ouvrant, ils voyagèrent dans la voie lactée. Sur la plage, elle la contemplerait à perte de vue. Dans deux jours, elle découvrirait son île. Dans deux nuits, elle dormirait au bord de la mer. Des étoiles par brassées de centaines. Il lui nommerait les constellations. « Ce qui clignote, là dans le coin, c’est un satellite. » Ils iraient nager sous une pluie d’étoiles et ses bras battant l’eau lanceraient des gerbes d’étincelles. Après, le corps lové dans le sable tiède, la brise la caresserait avec des effluves de menthe. Ah ! la respiration de la mer si proche et, entre chaque vague qui s’effondre sur le sable, les stridulations des cigales. Elle voudrait tant tout goûter ! Ses lèvres seraient salées. Et ils feraient longtemps l’amour. Sur la plage et sous l’abri.

Ils furent réveillés au milieu de la nuit par les éclairs, le tonnerre et l’averse tambourinant sur la carrosserie. Le semi-remorque était arrêté sur un parking. Elle se blottit contre lui. « Comment fait-on dans l’île pendant un orage ? » Il lui dit que ses cuisses étaient fraîches comme le sable de la plage au matin quand on y plonge les mains. Et ses seins étaient doux et tièdes et ronds comme la mer. Elle rit : « Et les oursins piquent-ils autant que des joues pas rasées ? »

À l’aurore, la pluie avait cessé. Elle dormait. Il entrouvrit la portière avant. Odeurs de terre heureuse. Grognement du diesel. La voiture dodelina, le semi-remorque et toutes ses voitures reprenaient la route. Elle se pelotonna contre lui.

Les canaris les réveillèrent au petit matin. Rouler la couverture, redresser les sièges, consulter la carte. Leur voiture franchissait un pont tendu au-dessus d’un bras de mer. Au loin l’océan. Ils avaient bien roulé cette nuit. À huit heures, le semi-remorque s’immobilisa dans une station-service. Il s’extirpa de la voiture avec la cage des canaris. De la buvette où il leur commandait cafés et croissants, il l’observa descendre avec précaution par l’échelle derrière la cabine. Le chauffeur faisait le plein. Il ne leva pas les yeux vers la robe coquelicot ouverte au-dessus de lui. Elle sauta à terre, il lui dit quelques mots, elle l’embrassa et prit le pistolet à mazout qu’il lui tendait avant d’aller vérifier un pneu de l’essieu arrière. La frontière était proche.


Sa berline noire filait en ronronnant sur l’autoroute. Pourquoi donc se remémorait-il cette histoire d’il y a… trente ans ! Non, trente-deux. Et elle, qu’était-elle devenue ? Hier soir, après le travail, en rentrant seul à son appartement, la nausée de la routine l’avait saisi. Changer d’air. Et vivre de suite ses envies : il n’avait ni l’âge ni le temps d’encore les reporter à on ne sait quand. Clore trois urgences, rassembler dans deux sacs quelques vêtements, laisser un mot à la voisine pour nourrir le chat et il était parti à l’aube. Prendre l’air. Quelques jours. Enfin le printemps après un si long hiver !

Il faisait beau. Direction le Sud. Il augmenta le volume de la radio : la chanson parlait de paradis, de blancheur, de comme avant, de baleines… « Paradis perdu », murmura-t-il. Il se rappela un livre. « Un allegro con brio à couper le souffle » avait-on écrit de son premier paragraphe. Il l’avait appris par cœur. Il se le récita à voix basse. Et puis, plus fort … « et surtout lorsque mon cafard prend tellement le dessus que je dois me tenir à quatre pour ne pas, délibérément, descendre dans la rue pour envoyer dinguer les chapeaux des gens, je comprends alors qu’il est grand temps de prendre le large. »

C’est cela : prendre le large. Plein sud ! Il distingua loin devant la remorque blanche d’un camion. Moby Dick, sourit-il. Il accéléra et la prit en chasse. Une fois dans son sillage, il la suivit quelques instants avant de se déporter pour longer le poids lourd. Il jeta un coup d’œil au chauffeur par la fenêtre de toit. Un homme dans la cinquantaine, un peu plus marqué que lui. Il maintint sa voiture à hauteur de la cabine. Appel de phares derrière. Il accéléra ; sur son élan dépassa le camion d’une centaine de mètres, se rabattit sur la bande de droite, puis le laissa revenir à lui. Vingt… dix… cinq mètres. Il régla sa vitesse sur celle du poids lourd. La cabine blanche du semi-remorque emplissait son rétroviseur. Il se souvint alors encore de l’accident, d’elle et de la robe coquelicot, de la cicatrice, des deux canaris, de la voie lactée par le toit ouvrant, du pistolet à mazout, de la buvette où il était resté seul. Derrière, le camion blanc beugla, tous phares allumés. Il conserva cap et allure. Il se rappela la plage, le ciel la nuit, le ressac, la solitude, l’ocre et le bleu. Pourquoi donc les jours anciens étaient-ils, eux, si pimentés ? Pourquoi, sa vie durant, en cherchait-il des copies ?

Envoyer dinguer les chapeaux des gens… prendre le large. Ce n’était plus suffisant, c’était absurde. Ce fut comme une pulsion. Il regrettait déjà son geste quand, le camion mugissant plein le rétroviseur, il écrasa la pédale de frein.



_________________________________________________


à M. G.


Ou, penchés à l’avant des blanches caravelles,

Ils regardaient monter en un ciel ignoré

Du fond de l’océan des étoiles nouvelles.

José-Maria de Heredia


Extrait : premier paragraphe de Moby Dick de Melville.


 
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   Tadiou   
20/3/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
(lu et commenté en EL)
La majeure partie du récit coule agréablement, avec des phrases bien sculptées, du rythme, de la tonicité. L'accident est raconté avec maîtrise, à petites touches; le lecteur est tenu en haleine. Égoïsme de certains automobilistes dont le gros souci est de bien pique-niquer.

De la fraîcheur, de la beauté, de l'insouciance...Un peu de relents de sensualité, un petit brin d'érotisme. Le voyage en camion, la relation sympa avec le chauffeur : on continue dans le bonheur simple.

Poésie des nuits à venir au bord de la mer sous les pluies d'étoiles, la pèche des poulpes (j'aurais aimé quelques odeurs et quelques couleurs).... Aucun accroc.

La fin m'est totalement surprenante. (C'est bien sûr une qualité pour la chute d'une nouvelle). Troublante avec la répétition bien amenée, le camion et sa remorque, le coup de frein.

On a changé brutalement de dimension; on est dans le domaine de l'absurde, de l'irrationnel.

"Prendre le large" , "vivre de suite ses envies" après "la nausée de la routine", ce n'est pas piler devant un camion comme cela s'est passé quelque part il y a trente deux ans.

Du coup, cela me semble peu plausible : on en sait très peu sur cet adulte (un médecin sans doute), sinon qu'il vit seul et qu'il a un chat. Alors pourquoi cette folie? Il eût fallu développer. Car "brut de décoffrage" ainsi, cela fragilise ce court récit. Dommage!

J'aimerais vous suggérer de reprendre la fin et de la rendre consistante. Le parallèle entre les deux Berlines, les deux camions et les deux coups de frein étant tout à fait intéressant. Mais difficile de se satisfaire d'un total absurde asséné au lecteur sans précaution.

Cela fait un peu exercice artificiel de style.

Je pense que vous pouvez faire de votre texte une petite merveille

   plumette   
2/3/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai aimé cette histoire à laquelle j'ai trouvé beaucoup de charme dans son fond et dans sa forme, jusq'au retournement, suggéré par une phrase qui passe presque inaperçue:
"Elle sauta à terre, il lui dit quelques mots, elle l’embrassa et prit le pistolet à mazout qu’il lui tendait avant d’aller vérifier un pneu de l’essieu arrière. La frontière était proche."

Rien ne permet de comprendre pourquoi la fille part avec le camionneur! Un coup de tête, comme on peut en avoir lorqu'on est jeune, écervelée, que l'on porte une robe rouge, couleur coquelicot, et qu'on voyage avec ses canaris? Peut-être faut-il tout simplement accepter ce parti pris par l'auteur... mais bon! j'ai décroché de l'histoire , et je n'ai pas aimé non plus cette fin en miroir avec le début.

Tant pis! Car globalement j'étais avec ce jeune couple sur cette autoroute, et dans ce camion, avec ce mélange de choses dramatiques et légères, le tout évoqué dans une langue fluide ( les choses de la vie , quoi!)

Au départ, le récit est entrecoupé de bribes de dialogues comme extraite d’une déposition faite à la police qui vient sur les lieux de l’accident. Est-ce bien utile ? Quelle a été l’intention de l’auteur avec ces petits flashs? Moi , ils ont eu tendance à me sortir du récit ?

La forme du récit de la vie sur l’île est plaisante, aussi bien dans les évocations (qui me font rêver !) que dans la forme utilisé : le narrateur répond aux questions du chauffeur, que l’on devine, mais qui ne sont pas formulées.

J’ai beaucoup aimé le récit de la nuit passée dans la voiture perchée et les images qui défilent depuis ce poste si particulier d’observation, alors ! quelle déception au petit matin!

et puis pour finir, cette pulsion suicidaire! Pour moi, cette histoire méritait une autre fin.

Plumette

   vendularge   
5/3/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

J'aime beaucoup le parti pris narratif, qui nous emmène avec ce jeune couple, cette sorte d'exaltation souvent plus enthousiasmante que la destination. On est heureux pour eux, on a envie de le faire aussi ce voyage. La chute arrive et c'est tout à fait inattendu laissant le "pourquoi" se balader dans notre tête et de relire pour trouver le détail qui annonce la fin

Une écriture efficace, de belles descriptions de l'île du bonheur faites avec l'accent particulier de la joie.

Zut, quel dommage!

Merci de travail réussi
vendularge

   PierrickBatello   
20/3/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Cela démarre bien, très bien même avec cet accident où l'on voit que très vite, les automobilistes bloqués pensent à pique-niquer et à leur moyenne horaire. Malheureusement, cette scène est si forte que toute la suite m'a paru plate et mielleuse. Ensuite, vient la chute qui me perd complètement en tant que lecteur. Est-ce une explication de ce qui s'est passé il y a 32 ans? Ou juste un nouvel accident provoqué par un médecin suicidaire? Quelle drôle de façon de suicider... et surtout, pourquoi? Quelle bizarrerie, c'est incongru et du coup, je sors frustré de cette nouvelle qui avait si bien commencé.

   Muscadet   
20/3/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Cette ellipse est étonnante, je la trouve plutôt efficace parce qu'elle évite la facilité et donne de la consistance à la narration, en amont.
Les dialogues sont réduits à l'essentiel, ils sont maîtrisés et évocateurs. C'est un texte qui m'a fait rêver, et errer.
Je me souviendrai des tamaris.

   Cox   
22/3/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bon. Ca se confirme. C’est pas trop mon style le sentimental/romanesque…

Je pense vraiment que c’est purement cette « catégorie » qui m’a gênée ici, parce que je reconnais que la plume est bonne (surtout au début, parce qu’à la longue les phrases qui ne le sont pas, ça à tendance à hacher le texte. Mais ce n’est pas très grave). Pour les personnages et les situations, RAS non plus de mon côté. Bon, la fin est très surréaliste en nous plongeant dans une boucle de karma chelou, mais ça ne me dérange pas, personellement.
Auquel cas on pourrait légitimement se demander : « mais, ami Cox, que fous-tu donc là ? Chenapan que tu es… Si c’est pas ton genre favori, passe donc ton chemin et ne dégoûte pas ceux qui aiment ».

Oui mais je trouve que de temps en temps, il est bon de confronter un peu des opinions, et qu’il est fort doux et agréable d’émasculer un de ces prédicateurs des « goûts et des couleurs ». C’est sympathique et ça décrasse le neurone.


Voilà ; je ne peux m’empêcher de trouver le texte mielleux. Je sais bien que c’est un genre, mais j’ai du mal. Le coup de l’île déserte, la vie à poil, la mer qui chante, les plages de sable fin, vivre d’amour, d’eau fraiche et éventuellement de steak de tortue façon tartare… C’est quand même vachement déjà-vu tout ça…

Bon c’est romantique, c’est romanesque, c’est sentimental, ok, mais c’est du rêve commun… C’est la retranscription fidèle de la méditation à laquelle se laissent aller toutes les ménagères de moins de cinquante ans quand elles regardent par le carreau qu’elles ont fini de nettoyer avec swiftor2000-anti-traces-qui-tâchent. Je me suis étonné de ne pas m’être trop ennuyé à la lecture (c’est le signe que l’écriture est bonne), parce que c’est le genre de trucs qui me laissent complétement froid. Ces trucs là je peux les rêver par moi-même ; quand je lis un texte, je préfère y trouver des choses nouvelles, nouvellement belles, voire bellement nouvelles. Des histoires astucieuses, ou des rêves audacieux. Des choses touchantes, aussi, bien sûr, mais qui vous touchent parce qu’elles sont différentes. Parce que vous ne vous attendiez pas à ce que quelque chose comme ça vienne vous toucher.

Enfin, quand je lis un texte, j’aime qu’il m’emmène là où je ne serais pas allé seul.


Voilà. Ceci dit, encore une fois, je reconnais que l’écriture est bonne et que vous savez mener une histoire. Et même si celle-ci ne m’a pas trop emballé, je tire mon chapeau


Bzz

   mimosa   
23/3/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Je dois dire que préciser d'emblée que la fille était "belle" m'a agacée. Toujours des filles minces, belles, sexy...
J'ai trouvé le texte très bien écrit, presque envie de vous demander où se trouve cette île...
Malgré tout, le début m'a intriguée, je pensais démarrer sur un récit policier, j'ai même vérifié que nous étions dans du "romanesque"., mais non, les précisions ne servaient à rien d'autre qu'à faire avancer le récit: pourquoi pas?
Je tique un peu sur la facilité avec laquelle vous annoncez, comme un fait naturel, l'égoïsme des gens, cette indifférence plutôt cruelle. je ne pense pas que cette attitude soit aussi banale que vous le laissez supposer.
Et je n'ai absolument pas compris cette histoire de pistolet que prend la fille: c'est pour rester avec le chauffeur? cela tombe d'un coup, sans que rien ne le le laisse supposer. Là, j'ai commencé à décrocher.
Et le suicide: non! je sais que c'est difficile de trouver une chute, mais là, ça ne colle pas!
Dommage, c'est vraiment agréable à lire, elle aurait pu se conclure différemment!

   macaron   
25/3/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une histoire qui ne laisse pas indifférent, avec cette part de mystère qu'est l'humain. Toutes les conditions sont réunies pour que le drame arrive, jusqu'au dernier instant, on ne le sait pas. Vous avez mis en scène, avec une écriture agréable et efficace, cette fatalité parfois difficile à éliminer.


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