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Humour/Détente
horizons : Le cloître hexagonal de Sainte-Claire les Colombes
 Publié le 23/05/09  -  11 commentaires  -  6859 caractères  -  52 lectures    Autres textes du même auteur

Un grand éclat de rire moqueur...


Le cloître hexagonal de Sainte-Claire les Colombes


Le couvent de St-Claire les Colombes faisait la fierté de son village. Cette bâtisse était vieille de trois siècles mais tenait toujours debout sur ses solides fondations de pierre. On devinait à peine l’âge de la façade à quelques lézardes çà et là, à quelques tuiles absentes sur le toit.


St-Claire les Colombes était classé monument historique, grâce à son cloître qui avait l’étonnante particularité d’être hexagonal. On ne savait quel prélat excentrique avait souhaité cette forme originale. D’aucuns prétendaient réciter un chapelet en la parcourant : un tour complet valait soixante jours d’indulgences. D’autres soutenaient que l’hexagone était un hommage à la création du monde en six jours (« Le septième, Il se reposa »).


Chacun y allait de son explication mais le mystère restait entier.


Ce cloître avait attiré toute une cohorte de spécialistes qui, armés de plans, de mètres, d’équerres et de fil à plomb avait mesuré, comparé, arpenté les pavés inégaux sans pour cela éclairer le mystère.


À la suite de quoi, le cloître hexagonal de St-Claire les Colombes était devenu une curiosité. On en vantait tant et tant les mérites qu’il figurait dans tous les guides. D’ailleurs il ne se passait pas un dimanche sans que des touristes ne viennent fouler les dalles centenaires.


Si bien qu’en peu de temps, la mère supérieure du couvent se trouva à la tête d’une petite fortune qui lui permit de consolider les murs et de réparer la toiture.


La sainte femme organisait elle-même les visites, commentant avec brio l’histoire du couvent.


C’est qu’elle en connaissait des détails sur cet illustre édifice… elle en connaissait même un peu trop, en particulier sur le cloître dont elle était la seule à avoir élucidé le secret.


Elle se rappellerait toujours ce jour où elle avait voulu elle-même manier le rabot pour rénover les boiseries du parloir. Elle avait vu avec horreur un pan entier se détacher avec fracas.


En essayant de réparer maladroitement le mur, elle avait découvert une excavation emplie de très vieux manuscrits. Aussitôt elle s’était enfermée dans la pièce en demandant à ce qu’on ne la dérangeât pas pour cause de recueillement intensif.


Curieuse, elle avait parcouru une à une les grandes feuilles jaunies. Il s’agissait d’anciens registres de l’établissement. Une main méticuleuse avait noté jour par jour les visites. La vieille nonne s’amusa à retrouver quelques noms du village, précédés de particules : M. de… ou même de Baron de… À côté de ces patronymes de haut rang, figurait le prénom de la personne demandée au parloir et la durée du rendez-vous. Puis suivait le montant du don.


Des commentaires presque illisibles, probablement sur l’objet de la requête étaient scrupuleusement rapportés à chaque ligne. Eh bien, pensa la mère supérieure, voilà une comptabilité qui n’avait rien à envier à la sienne.


En continuant à inspecter ces vieux trésors, elle remarqua cependant quelques détails étranges. D’abord l’heure des rendez-vous se situait souvent en fin d’après-midi et jusqu’à tard le soir. Il semblait même que des personnes aient passé la nuit au couvent. Ensuite les sœurs étaient répertoriées par leurs petits noms : Jeannette, Gertrude, Justine ce qui était peu orthodoxe.


Intriguée, la mère supérieure alla chercher une grosse loupe au fond d’un de ses tiroirs, pour essayer de déchiffrer les inscriptions à demi effacées.


Et là… et là, elle manqua tomber de sa chaise.


Imaginez l’effet que purent avoir sur la pauvre femme des mots tels que syphilitique, sodomite, exhibitionniste, impuissant, sadique, etc.


Car c’était bien ces termes qu’elle lisait en toutes lettres. Horrifiée, elle changea de registre et trouva mieux encore. Il était question de « triples tourniquets » de « lotus renversé » et autres expressions inconnues mais pleines de sens à la fois.


La mère supérieure referma le cahier à couverture de cuir, sèchement, le rouvrit, lut encore quelques paragraphes, rougit et le jeta sur le sol.


Une feuille se détacha. Elle la ramassa et déchiffra ces quelques lignes :

« Saviez-vous que dans l’antiquité le chiffre six était consacré à Vénus déesse de l’amour ? Venez lui rendre grâce dans notre salon hexagonal : six vestales vous y attendent à toute heure du jour et de la nuit.

Mme Claire et ses Colombes seront ravies de vous honorer comme un véritable dieu ! »


La nonne tomba à genoux : un lupanar ! Un véritable temple païen de la luxure. Son couvent jadis n’était autre qu’une maison close, sa Sainte une maquerelle et ses Colombes des demoiselles de petite vertu.


Le cœur battant, la mère supérieure ramassa tous les vieux registres et les mit discrètement sous sa cape. Elle courut au jardin, les jeta sur le tas de mauvaises herbes et y mit le feu.


Elle sursauta quant une novice qui passait par là, lui lança malicieusement :


- Alors ma mère, on fait un feu de joie ?


La supérieure grimaça un sourire :


- Non, ma fille, un feu de feuilles… mortes !


Soulagée d’avoir détruit ces preuves accablantes, elle se précipita ensuite à la Chapelle et s’agenouillant, elle s’adressa à Dieu en ces termes :


« Seigneur, vous savez ce que je viens de découvrir puisque vous avez l’œil sur tout. Vous comprendrez sans peine que je ne pouvais laisser un tel sacrilège souiller votre maison. Cette Claire et ses Colombes… je sais bien que chaque individu a droit à votre pardon, mais parfois, tout de même, il me semble que…

Enfin, vous me permettrez de ne pas révéler la vérité car tout le monde n’ayant pas votre mansuétude, nous risquons d’être la risée générale. Aussi, ai-je mis au point une version un peu plus évangélique du mystère du cloître. Ce sinistre passé restera entre vous et moi, je l’espère.

Amen. »


Elle sortit de la chapelle à reculons, en effectuant de petites courbettes peu réglementaires.


Le premier groupe de touristes de la matinée arriva peu après. Droite comme un I, l’œil clair et sincère, la mère supérieure du couvent de Sainte-Claire les-Colombes commença alors sa magistrale visite guidée :


« Vous êtes à présent dans le fameux cloître de St-Claire les Colombes.

Sa forme hexagonale reste… un mystère pour nous encore aujourd’hui. Cette particularité architecturale est sans doute liée à l’histoire de la SAINTE qui a donné son nom à notre couvent.

Claire était une enfant EXTRÊMEMENT PIEUSE qui allait souvent chercher de l’eau à la fontaine. La VIERGE lui est apparue ici même, entourée d’une volée de BLANCHES colombes. Devenue jeune fille, notre SAINTE prit courageusement son bâton de pèlerin, et partit nu-pieds faire le tour de France pour… pour diffuser… LA BONNE PAROLE !


L’hexagone figurerait… ce tour de France… MÉRITOIRE ! »


Est-ce une hallucination, mais à ces mots la nonne eut l’impression fugace d’entendre, venu des cieux, un grand éclat de rire moqueur.



 
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   solidane   
23/5/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Un joli cone mais il manque pour moi un peu d'épaisseur. C'est une formule, je le sais, car pourquoi ne pas se contenter de ce qui est là. Peut-être parce que j'ai trouver que les émotions "comiques" de la surprise chez la nonne auraient mérité plus d'ampleur. Redte une lecture sympa.

   xuanvincent   
23/5/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Pour ma part, souhaitant lire un texte drôle, cette nouvelle m'a assez amusée (pas vraiment dans la première partie, plutôt dans la deuxième).

Sur la forme, comme il m'arrive parfois de l'écrire, j'ai trouvé (avis personnel et subjectif) que les paragraphes étaient dans l'ensemble un peu courts à mon goût. Certains m'ont semblé pouvoir être regroupés.

Cette nouvelle m'a paru dans l'ensemble convenablement écrite.

Détails : les termes en lettres capitales, à la fin, m'ont paru un peu trop nombreux, et pas forcément apporter un plus au récit.

   Selenim   
23/5/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Un texte gentillet qui manque de piquant. La narration ne souffre que d'un manque de rythme plus enlevé. L'écriture est plaisante, l'auteure nous a habitués à sa belle plume. J'ai été déçu par le manque de croustillant des activités païennes. Ce passage n'est que survolé, alors qu'il aurait pu être délirant. Un agréable moment.

   Menvussa   
24/5/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
L'histoire est plaisante. Chercher des raisons aux mystères de la foi peut apporter, parfois, quelques déconvenues.

Le démarrage est un peu lent et les précisions qu'on y découvre ne me semblent pas apporter grand chose à la suite du récit. Du coup l'auteur aurait pu approfondir la suite. mais ce n'est qu'un sentiment. L'explication de l'hexagone résonne comme une pub, petit décalage avec des propos d'époque qui laisse une question en suspend : notre mère supérieur n'a t-elle pas un petit côté hypocrite.
Le petit jeu de mots sur feu de joie et feu de feuilles mortes m' fait sourire.

La chute est sympathique et la version officielle servie par la mère supérieure semble bien grossière pour leurrer le touriste moyen, mais l'honneur est sauf.

   Anonyme   
24/5/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
les textes postés en humour, j'aime en général qu'il me fassent rire et là il ne m'a fait que sourire.
Pourtant l'écriture est fluide précise, la narration correctement menée.
Le thème est original. Alors peut être manque t il un brin de folie un brin d'humour justement ou peut être que le comique est trop tôt révélé?
Donc un texte très honorable au final mais qui me laisse sur ma faim
Au plaisir

Xrys

   nico84   
25/5/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
L'idée est bonne horizons, j'adore ton écriture agréable à lire. Il manque peut être quelque chose. Pas assez dévellopé, tu aurais pu poursuivre en racontant sa vie, des anecdotes, comment gérer ce mensonge. Montrer comment elle gère ce fardeau.

J'aurais davantage apprecié.

   Flupke   
25/5/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Horizons,
Amusant ce "Da Vinci code" local. Cela flatte légèrement mon anticléricalisme primaire subconscient. Mais je pense que certains détails devraient comporter davantage de réalisme. Par exemple je ne sais pas vraiment si trois siècles auparavant la France de mes aïeux était considérée comme un hexagone. Peut-être serait il intéressant de vérifier à partir de quand cette figure géométrique s'applique au territoire.

Amicalement,
Flupke

   florilange   
23/6/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Oui, un peu légère, l'intrigue, & pas si désopilante que l'annonçait le commentaire sous le titre. Amusante tout de même et rédigée de façon charmante. Sans s'apesantir sur certains aspects olé olé de la découverte. Ça se discute, il y a des manières drôles d'élargir le sujet sans devenir scabreux.

1 chose est certaine : si le lieu a changé de vocation, il reste voué aux bénéfices substantiels! La mère supérieure a gardé les traditions qui l'arrangeaient. Et j'aime sa façon de traiter avec Dieu sans intermédiaire.
Amicalement,
Florilange.

   Arnaud   
8/7/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Joli texte court, bien écrit, léger. Bien sûr on n'éclate pas de rire, mais c'est agréable à lire.

J'ai repéré une petite faute qu'il faudrait corriger:
"toute une cohorte de spécialistes qui, armés de plans, de mètres, d’équerres et de fil à plomb avait mesuré, comparé..."
Alors bien sûr, on peut accorder soit avec "cohorte", soit avec "spécialistes". Au singulier ou au pluriel donc.
Mais une fois qu'on a choisi, il faut s'y tenir.
Donc si on écrit "armés", avec un "s", il faut écrire "avaient", et non pas "avait".

A part ça, j'ai bien aimé.

   Anonyme   
8/7/2009
 a aimé ce texte 
Bien
C'est court, mais pas désagréable du tout. J'aime l'impertinence du propos, même si elle aurait pu être encore plus forte.

Le style est parfois un peu lourd, mais rien de rébarbatif cependant.

C'est un bon texte.

   Anonyme   
22/4/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Un texte qui m'a fait sourire. Je me suis demandé, car mécréant je suis, combien de lieux et sites religieux pouvaient être concernés par des histoires similaires. N'oublions pas que, pour raison de transmission du patrimoine dans son intégralité à l'ainé, on enfermait les filles dans des couvents. Je doute que toutes aient eu la vocation.


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