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Sentimental/Romanesque
Iris : L'Ange Assassinée
 Publié le 21/06/08  -  3 commentaires  -  7100 caractères  -  31 lectures    Autres textes du même auteur

Description poétique d'une femme.


L'Ange Assassinée


Elle danse. La pulsion saccadée provoquée par le rythme entraînant l'anime, sans qu'elle puisse résister. Elle tient dans ses mains une rose d'un rouge éclatant, presque vif, le cadeau de son amour.



Elle rit. Elle valse. Elle vit. Son immense robe s'agite, soulevée par la douce caresse du vent. L'air frais lui bat le visage, et rabat des mèches brunes dans des yeux teintés du même brun, ou presque. D'un mouvement délicat et gracieux, elle remet les rebelles à leur place, en compagnie de leurs cousines couleur châtain. Le son se fait plus fort, la musique plus effrénée. Mais elle n'en a que faire. Elle continue de danser sur la même mesure, de tournoyer sur elle-même au milieu de l'herbe verte, sous un ciel azur. Pour elle, il n'y a rien d'autre que cet instant, ni avant, ni après. Rien que ce moment de bonheur simple arraché au Paradis. Dans les cieux, les oiseaux pépient de joie, ravis par le charmant spectacle de cet ange virevoltant. Il est vrai qu'elle ressemble à un ange, même sans ailes diaphanes suspendues à sa nuque, courant le long de son dos à la courbure épurée. Elle est divine, dans sa gigantesque robe rouge.



Des cheveux soyeux, noués en chignon au-dessus de sa tête, reflètent avec harmonie la lumière qui les éclabousse, comme autant de fils de bronze. Lorsque Dieu pleure des gouttes de pluie, amères comme la tristesse d'une femme, ils retombent sur son visage, serpentins humides, gorgés d'eau. Mais quand l'astre du jour montre sa radieuse face, ils se teintent de reflets airains, nichés au creux de cheveux noirs comme le bois d'ébène qui peuple les pays où la pluie n'est qu'un rêve incertain. Quelques-unes de ces mèches descendent jusque dans son cou, et contrastent sur sa peau pâle. Toujours ces délicats filins exhalent un doux effluve, mélange de rose, de jasmin, et de cette fragrance puissante et envoûtante qui est celle de la fille faite femme.



Dominé par cette masse ondulante, un visage qui semble taillé par un sculpteur antique, une face magnifique, sublime, parfaite, échappant à tout entendement.



De fins et nets sourcils, traits noirs comme tracés au fusain sur cette peau de nacre, surmontent deux yeux magnifiques, perles de couleur chocolat, enchâssés dans un écrin épuré. Ces deux globes parfaits détrônent sans aucune difficulté toutes les merveilles que les hommes auraient créées, et que les hommes créeront. Parfois, le temps d'un battement de cœur, d'opalescentes paupières, maquillées avec art, recouvrent ces deux sphères célestes. On peut lire dans cet adorable regard la joie presque enfantine qu'elle éprouve en dansant, une joie pure, simple, qui ne se préoccupe que de l'instant présent. De petites étincelles d'allégresse s'allument, et ses yeux ressemblent alors à un ciel étoilé une nuit de pleine lune.



Au milieu de ces yeux, se trouve un nez fin, douce arête ressortant de ce visage trop parfait, sans parvenir à l'enlaidir. Deux pétales de roses en guise de lèvres, aussi rouges et élégants que la fleur qu'elle tient dans ses mains, masquent des dents blanches, ivoires à la beauté brute. Un menton presque pointu termine ce délicat visage.



Deux bretelles pourpres, retenues par de frêles épaules, supportent une lourde robe, emplie de plis et de replis. Sa jeune poitrine, formée par deux seins petits et hauts placés, se soulève au rythme irrégulier de sa respiration. Elle halète. La danse l'épuise. Elle tend de longs bras blancs vers le ciel, comme implorant on ne sait quelle bénédiction. Ces bras se terminent par une paire d'agiles et fines mains, aussi vives et souples que des araignées. Ces bras jeunes, presque neufs, semblent uniquement faits pour serrer avec amour un homme ; ces mains légères, pour le caresser, et éveiller en lui d'insoupçonnées sensations.



Savez-vous pourquoi elle est si heureuse ? Parce qu'il est là tout simplement, à côté d'elle, à sourire en la regardant. Mais ce dont elle ne s'aperçoit pas, c'est que son sourire est crispé, pollué par la douloureuse annonce qu'il lui fera une fois sa danse terminée. Deux mots, seulement deux tout petits mots. « C'est fini. » Il sait parfaitement qu'il va lui briser le cœur, plus sûrement que s'il la poignardait. Mais il doit le faire, car ça ne peut plus continuer ainsi. Il ne peut plus supporter de la voir le regarder béatement, tandis que lui aurait envie de fuir sa compagnie à toutes jambes... Il le doit.



Comme frappé par ces paroles, le visage de l'ange, auparavant étincelant de joie, se mue soudain en un masque figé de Douleur, de Tristesse. Son esprit prompt et subtil tente désespérément de se sortir de la toile gluante du Chagrin, sans effet. Il est trop bien ficelé pour pouvoir encore espérer s'en sortir indemne. La tristesse la ronge, la ravage, aussi sûrement que le ferait une pointe de couteau qui sonderait avec impudeur au plus profond de sa chair. De ses yeux clairs coulent goutte à goutte des larmes de souffrances, qui auraient ému même le plus impitoyable des bourreaux. Ce sont des larmes d'un supplice silencieux, d'une torture poussée à son paroxysme, car c'est l'esprit qui s'inflige lui-même ces douloureuses meurtrissures, tandis que l’homme s'en va, lentement, la tête baissée, comme honteux.



Elle clôt ses magnifiques yeux, comme pour échapper quelques instants au chagrin qui la ruine. Il commence à faire froid. Tremblante, elle rabat ses bras sur la poitrine, comme pour se protéger de cette désagréable griffure. Mais si ses yeux sont clos, elle ne peut malheureusement clore ses oreilles, et la musique hurlante la terrifie. Affolée, elle rouvre les yeux, cesse le gai pas qui animait sa robe, et admire le désastre qui se présente à ses yeux.


Tout est transformé d'une hideuse façon. Le soleil gorgé de lumière a fui face à de monstrueux nuages noirs, annonciateurs de catastrophes humides. De la rose au subtil parfum qu'elle tenait dans ses mains, il ne reste rien, sinon quelques fuyants pétales fanés, et d'immondes épines, qui la blessent douloureusement. Devant elle, son amour s'en va, au rythme saccadé des pétales arrachés par le vent, pas à pas. Ses mains saignent, du sang dégouline sur ses bras. Les quelques misérables pétales qui restaient obstinément accrochés s'enfuient soudain, arrachés par le vent soufflant à présent en tempête. L'herbe verdoyante est subitement rentrée sous terre, ne laissant plus qu'une étendue aride et noire, impropre à toute forme de vie. Les oiseaux sont morts dans le ciel, et chutent lourdement dans les eaux de marais saumâtres.



Le merveilleux rêve s'est transformé le temps d'un battement de cil en un abject cauchemar. Il aura suffi de deux mots...


Tout est noir. Tout est triste. Pas à pas, l'homme s'éloigne. Chacun de ses mouvements est pour elle un arrachement, comme si on lui extirpait une partie d'elle-même, à la force d'une lame.


Il disparaît dans la nuit, à jamais. Et elle, elle reste seule avec sa tristesse...


Terminé, le beau conte de fée... C'est fini.



Merci à Asa et à AnaRasha



Le 18 Avril 2008

À Pont de l'Arche


 
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   xuanvincent   
21/6/2008
 a aimé ce texte 
Bien
Un joli portrait de femme, rythmé par la danse. Le récit m'a plu.

   Anonyme   
23/6/2008
 a aimé ce texte 
Pas ↑
C'est un peu trop pour moi, dans le choix du vocabulaire, du sujet qui s'éparpille un peu en longueur. Je trouve le tout coincé dans l'émotionnel.
C'est la description d'une scène qui se passe au ralentit, je comprends bien, mais finalement, j'ai plus retenu la langueur de la nouvelle que la chute....qui est pourtant dramatique.
Serait-ce du vécu ?
Pardon, mais je trouve le tout un peu creux...

   champagne   
24/6/2008
 a aimé ce texte 
Un peu
J'aime bien ton style mais il est vrai que cette description s'étale sur la longueur, et j'attendais une fin un peu + "violente" ..Mais ça n'engage que moi! je suis adepte des chute qui se terminent mal & qui sont surprenantes ..


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