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Policier/Noir/Thriller
irisyne : Double vie(s)
 Publié le 07/11/07  -  3 commentaires  -  8965 caractères  -  24 lectures    Autres textes du même auteur

Le temps avait passé. Briska s’était presque adaptée à cette vie aventureuse malgré le danger et une angoisse indicible, qui, parfois, lui tordait les entrailles.


Double vie(s)


- Martine, je vais devoir partir tout de suite, me dit Briska en enfilant sa veste noire.

- Vous avez été prévenue ?

- Oui. Je regardais par la fenêtre et j’ai vu une voiture décapotable qui roulait très doucement. Je suis descendue dans la rue et j’ai reconnu mon contact habituel. Il m’a remis ce message.


Briska serrait, entre ses doigts, un morceau de papier plié en deux.


Je n’étais pas surprise. Depuis deux ans, je travaillais pour elle en qualité de secrétaire mais j’avais compris depuis longtemps que son cabinet juridique situé en plein cœur de Londres n’était qu’une façade.


Derrière la juriste confirmée, se cachait une véritable « Mata Hari » efficace à qui, une hiérarchie mystérieuse confiait les plus hautes missions. Je n’étais pas totalement dans les confidences de ma patronne mais depuis quelques mois, Briska partageait certains secrets des « affaires » qu’elle devait résoudre en m’associant à ses recherches. Peu à peu, une connivence silencieuse s’établissait entre nous.


Briska prit sa petite valise et me lança un clin d’œil.


- Comme d’habitude, je vous contacte dès que cela est possible.

- Oui. Au revoir Miss Harrison.


Avant de refermer la porte derrière elle, je vis sa fine silhouette descendre les escaliers.


Je regardai par la fenêtre. Revêtue de son tailleur sombre, très élégante avec ses hauts talons, Briska avait maîtrisé ses longs cheveux de jais dans un chignon bas. D’un pas souple, elle s’éloignait dans la rue. Quelques secondes plus tard, je vis son ombre se déformer sur les façades des immeubles et disparaître dans la nuit.


Briska se hâtait. Le cliquetis de ses talons sur la chaussée qui luisait sous les réverbères rythmait ses pas. Elle jeta un rapide regard derrière elle et s’enfila prestement dans une ruelle déserte.


Quelques pas plus tard, elle s’arrêta devant la porte d’un bouquiniste. Elle n’attendit pas longtemps. La porte s’entrouvrit. Briska entra et aperçut un homme dont la moitié du visage était dissimulée dans la pénombre.


- J’ai un message pour Rajiv, dit-elle.

- Je suis Rajiv, par ici.


La jeune femme suivit le bouquiniste qui étendait ses bras pour lui indiquer le chemin. Ils traversèrent la boutique remplie de livres anciens. Une odeur de parchemin et de poussière imprégnait la pièce.


Après avoir descendu un escalier dérobé, ils longèrent un couloir étroit comme un boyau. Briska entrevit bientôt une porte épaisse. Rajiv l’ouvrit et laissa passer la jeune femme.


- Nous prenons la voiture, lui dit-il en désignant un coupé jaguar, garé juste devant la sortie de l’immeuble.

- Où allons-nous ?

- À Plymouth.


Briska s’étonna. Elle connaissait la Cornouailles et plus particulièrement cette ville. D’ailleurs, lors de sa précédente mission, son contact lui avait donné rendez-vous sur le port.


- Je n’ai pas le temps de vous expliquer mais je vous donne ceci, avait-il dit en lui remettant un message codé.


La jeune femme avait emprisonné le précieux billet dans sa main. L’homme, pressé, avait esquissé un petit sourire avant de faire ronfler le moteur de sa voiture décapotable et de s’éloigner à vive allure.


Le temps avait passé. Briska s’était presque adaptée à cette vie aventureuse malgré le danger et une angoisse indicible, qui, parfois, lui tordait les entrailles.


La jaguar avalait la route. Le Comté de Cornouailles était situé au sud-ouest de l’Angleterre, à l’extrême pointe de l’île. Bercée par ses pensées, la jeune femme reconnut les remparts de la ville et l’église gothique St Andrew.


Rajiv ralentit. La lune incandescente se reflétait sur la carrosserie de la voiture et sur les eaux du port. Le visage de Briska s‘éclaira. Son voyage se poursuivrait dans le paquebot au carénage effilé qu’elle venait de percevoir à travers quelques volutes de brume.


Peu de temps après, elle embarquait et rencontrait l’un des passagers du navire.


- Chance et bénédiction, Monsieur Shankar, s’exclama Briska en le saluant, les mains jointes sur sa poitrine.

- Chère Miss Harrison.


La jeune femme, intriguée, fronça légèrement les sourcils. Elle avait déjà rencontré son interlocuteur au cours d’un dangereux voyage en Inde.


Quels étaient donc la destination de ce paquebot et l’objet de cette mystérieuse mission ? Briska ne tarda pas à le savoir…

Dehors, la mer et le ciel se noyaient dans l’opacité de la brume. Les eaux se soulevaient et frappaient les flancs du navire qui tranchait les flots écumants. Quelques miles plus tard, le vent avait lavé le ciel et les lignes courbes de l’horizon surlignaient à nouveau la mer.


- Venez, Miss Harrison. Je vais vous faire visiter. Ce paquebot ressemble à une image réduite de Plymouth comme si une portion effilée de la côte s’était détachée de l’île. Un véritable microcosme y fourmille.


Monsieur Shankar prit le bras de sa protégée et entraîna Briska avec lui dans les couloirs. À peine avaient-ils dépassé les trois premières cabines que la jeune femme croisa un passager qu’elle crût reconnaître.


- Je dois me tromper, pensa-t-elle.


Ce jeune homme métissé à l’allure sportive ne pouvait être Kumar. Elle avait rencontré cet agent double d’origine indienne à New Delhi.


- Il ne peut avoir quitté son pays, s’interrogea-t-elle.


Après avoir visité l’immense structure flottante, Briska prit congé de Monsieur Shankar et s’attarda sur le pont.


La mission qui lui avait été confiée cette fois-ci lui semblait anodine mais la jeune femme ne pouvait s’empêcher d’éprouver quelques craintes, comme un mauvais pressentiment.

Brusquement, une main ferme se posa sur ses épaules.


- Briska, c’est bien toi ? Décidément, tous les agents de la mission «Indian Delhi » sont sur ce navire, chuchota une voix tout près d’elle.


La jeune femme sursauta. Elle venait de reconnaître un autre de ses co-équipiers, tous recrutés pour la même «affaire» à New Delhi.


- Harry. Toi aussi, tu es là. Tout à l’heure, j’ai cru voir Kumar dans les couloirs.

- C’était bien lui. Mais, il n’est pas tout seul. Il y a aussi les quatre autres agents qui nous accompagnaient, en Inde.


Briska frissonna. Revoir tous les protagonistes de cette affaire la mettait mal à l’aise. Leur mission s’était très mal déroulée. La charge explosive qu’ils avaient posée était beaucoup trop forte.


À l’heure prévue, ils avaient assisté, impuissants, à la destruction programmée d’un local rempli de terroristes mais aussi, à celle d’une habitation proche dans laquelle résidaient une jeune indienne et son bébé. Leurs deux corps enlacés, enfouis sous les décombres étaient méconnaissables. Seul, l’époux de la jeune femme, absent ce jour-là, avait échappé à une mort tragique.


Une bavure ! La première ! Briska préférait ne pas se souvenir de cet épisode douloureux. La jeune espionne s’interrogeait.


Pourquoi autant d’agents se trouvaient-ils sur le paquebot ? La mission que ses supérieurs venaient de lui confier n’exigeait pas un tel déploiement de forces secrètes. Monsieur Shankar n’était qu’un intermédiaire mais tous les acteurs de l’affaire « Indian Delhi » venaient d’embarquer sur le paquebot : Kumar, Harry, John, Dan, Ted, William et elle-même.


Le vent brisait son souffle sur le navire et en glissant sur le haut du pont, il effleurait la tête de Briska.


Dans le regard de la jeune femme, l’immensité de la mer et du ciel se reflétait. Il lui semblait que les ombres fugitives de son passé défilaient dans les remous des eaux, reflets miroirs de son âme et de ses tourments comme l’image furtive de la jeune indienne et celle de son bébé. Pourrait-elle un jour, ouvrir les portes du placard et y laisser partir les deux squelettes qui hantaient ses nuits ?


Briska n’eut pas le temps de retourner à sa cabine. Une immense explosion ébranla le navire et la jeune femme se trouva violemment projetée sur le pont supérieur.


Le corps recroquevillé sur le sol et le visage en sang, elle entendit d’abord les passagers hurler puis un fracas épouvantable s’ensuivit. Le navire s’effondrait sur lui-même. Un incendie s’était produit et le feu gagnait déjà le haut du paquebot.


Se tordant comme une annélide, la jeune espionne traversa le pont et dans un ultime effort, se jeta à la mer.


Le navire chavirait. En quelques minutes, il sombra complètement. Les eaux qui se refermaient sur lui étouffèrent les bruits vociférants de sa carcasse brisée et les flammes qui le dévoraient.


Quelques instants plus tard, le vent rasa la mer bouillonnante qui venait d’engloutir le paquebot et ses passagers puis il envahit la côte de Plymouth.


Debout, près d’une voiture décapotable et d’un coupé jaguar, deux hommes n’avaient rien manqué du naufrage. Lorsque le paquebot eut disparu, ils s’en retournèrent, sans un mot.


À travers quelques effluves de brume qui s’abattaient de nouveau sur les eaux sombres du port, deux ombres fantomatiques enlacées, celles d’une jeune femme et de son bébé, s’élevèrent vers le ciel.


 
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   Bidis   
7/11/2007
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ce texte, bien écrit, se lit avec intérêt jusqu'à la fin.
Une fin un peu abrupte d'ailleurs.
On aurait pu, avec les mêmes ingrédients, faire quelque chose de beaucoup plus long, de plus riche en intrigues, suspense et rebondissements.
Autre remarque : quand la narratrice du début laisse place à la véritable héroïne du récit, l'effort de faire ce changement est laissé au lecteur. Il eût suffit d'un signe de différenciation entre les changements de points de vue, par exemple "***" pour que le lecteur n'ait aucun heurt dans sa lecture.
Auteur à suivre...

   Anonyme   
7/11/2007
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Il y a deux choses qui me gênent dans cet écrit. 1)Qui est le narrateur, martine ou quelqu'un d'autre. 2)la fin du texte est trop brutale comme si l'auteur disait au lecteur. J'en ai assez fait il faut que je termine et vite. Autrement c'est bien écrit et on accroche au récit d'où la déconvenue quand on arrive à la fin

   nico84   
7/11/2007
 a aimé ce texte 
Un peu
Oui, la fin est rapide, limite baclée. Il y a quelques phrases longues qui m'ont stoppé dans ma lecture et cela alourdit ta nouvelle.

Le fond ne m'a pas emporté non plus.


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