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Sentimental/Romanesque
jaimme : Dieu et la salle des profs 1
 Publié le 09/11/09  -  19 commentaires  -  17179 caractères  -  186 lectures    Autres textes du même auteur

Eh ! C'est à qui de laver les tasses ?
(Ce texte est la suite de "dieu et la rentrée des classes 1 à 4", où dieu, les élèves, le nutella et les gens qui passent par là sont placés dans le décor)


Dieu et la salle des profs 1


Désacralisation


Une table immense, d’un seul tenant. De vingt coudées de long et d’une tribu de palmes en largeur. Une odeur de cire tueuse de sinusites dont la maintenance est assurée par la mutuelle des enseignants.

Pas de clou ni de mortaise. Sans âge ni certitude sur la nature du bois.

On peut y lire des graffiti édifiants, comme : « L’orthographe et la conjugaison sont les mamelles de l’éducation, mais celles de la directrice ne me font rêver que d’illettrisme ! Conseil de classe du 8 juin 1963 », ou « Prof indice 783 cherche prof Barbie 96/46/86 ».

Un tag du jeune Du Bellay serait apparu, un jour…

Ce vieux lycée impérial, devenu collège par la force brutale de l’administration, a été construit autour de cette table. Certainement.

Ou bien le plafond lambrissé est monté sur charnières et un ministère de l’Instruction Publique, géant sur un destrier infernal aux naseaux vulcains, est venu déposer cette table…

Ou bien un arbre a surgi au centre de ce nombril du monde. Yggdrasil qui soutient dans ses branches toutes les connaissances. Et de temps à autre cet arbre-monde se transforme en table.

Ou bien… quelqu’un cache sa poudre dans la machine à café et là faut que j’arrête !


Mais cette table, ces lambris, sont bien ma salle des profs. Avec des casiers, une machine à boissons chimiques, des affichages. Et des sièges qui rappellent volontiers que la récréation est courte et que, tant qu’à faire, il vaut mieux rester debout.


Ce lieu est sacré. C’est celui du repos des guerriers de l’Éducation.


Alors qu’une sonnerie apocalyptique (179 décibels, 180 est létal !) annonce la fin des combats, que les doctes phrases se coupent entre deux syllabes, que les flamberges rentrent dans leur fourreau géant et que les yeux des enfants s’allument à l’idée de courir dans tous les sens en hurlant leur frustration, les hoplites de l’enseignement regagnent leur caserne.


Les braves se retrouvent, se tapent dans le dos, s’ouvrent de leur joie à transmettre encore et toujours les bienfaits d’une éducation que l’Alma mater nous a transmise.

Des blessures sont pansées et des stratégies éducatives élaborées avec finesse. La collaboration va au-delà d’une simple fraternité. Des collectes s’organisent spontanément pour les camarades tombés au champ d’honneur. Les yeux sont humides de reconnaissance lorsqu’un ami, bien plus qu’un collègue, nous aide à comprendre une circulaire ministérielle, une circulaire rectorale, une circulaire académique ou une circulaire du chef d’établissement. Ces casiers qui peuvent accueillir avec reconnaissance près de dix mille feuilles sont pleins en si peu de jours que tous imaginent sans peine une foule de personnages koboldesques s’acharnant jour et nuit, la lippe encrée. Tout le monde est admiratif, et chacun se sent protégé par l’Administration face aux hordes infâmes du petit peuple.


Ce lieu est sacré. Le savoir et la bienséance contrastent avec le couloir où des résidus du petit peuple peuvent encore traîner. Pour réaliser un sale coup. Voire même pour écouter aux portes.


Les coudes serrés, le regard fier, le stylo à encre testé, les légions de l’excellence sont prêtes à repartir dispenser un savoir dont le petit peuple finira bien par comprendre, un jour, les bienfaits.

Sinon, tant pis pour lui.



Foutaise.

La salle des profs n’a jamais été cela. Enfin…


Alors dieu entra en salle des profs


Je m’affale sur un fauteuil à l’assise fakirienne, au coloris typique des dispensaires du Kazakhstan, et me vide l’esprit quelques secondes.

Enseigner c’est brûler, toutes les heures, les calories d’un pot de Nutella.

Celui de Noël, d’un kilo.

À défaut je prends un café à la machine. Tiens, gingembre aujourd’hui…

Et là, de surcroît, je viens d’accueillir mes petits sixièmes. Le premier contact est quasi déterminant, alors je me suis donné à fond.

Deux ou trois d’entre eux m’ont lancé un « À tout à l’heure, Monsieur ! »… M’auraient-ils accepté, dès le premier contact, dans le cercle des humains ?

Tout le monde le sait, un prof n’a pas de vie en dehors de l’établissement. D’ailleurs rencontrer son prof en train de faire ses courses est aussi incongru que de croiser son réfrigérateur faisant du gringue à une petite clim sexy !

Obtenir un sourire dans les premières minutes est une victoire. Le maintenir sur les premiers cours s’est s’assurer l’indéfectible affection des élèves. Hors vacances scolaires bien sûr.


Le cerveau haletant, tapi au fond de ma boîte crânienne, je regarde mes collègues, mes copains, mes amis.


Godzilla


Marc arrive dans son survêtement rouge et ses Baskets victorieuses.

Les femmes collent leurs fesses contre le mur, se voûtent et avancent exagérément leurs épaules pour ressembler à Ardhanarîshvara, l’androgyne divin. L’air de rien. Les hommes se tassent de plusieurs centimètres. L’épuisement de tous se manifeste par des paupières plombées et des coups d’œil d’espoir vers l’horloge murale. Combien de minutes avant la fin de la récréation ?

Plutôt trente pré-pubères que Marc !

Notre mal-aimé professeur d’éducation physique et sportive, surnommé Godzilla, a un taux de testostérone si élevé que tous ses regards sur les femmes sont assimilables à de la délinquance sexuelle.


Marc baisse légèrement la tête quand il franchit une porte. Parfois il oublie… et c’est dans cette unique circonstance qu’il se voit accueilli par un sourire général.

Ses épaules sont assez larges pour rappeler à tous que vingt ans de musculation peuvent déformer à vie. Cet homme est une affiche pédagogique contre le body building. Approchant la cinquantaine le muscle sec s’est transformé en masse chamallowesque concentrée sur le ventre. Notre Schwarzenegger mute inéluctablement vers le modèle Khrouchtchev.

Mais ce culbuto est d’une énergie folle.

Son investissement dans la vie de l’établissement est total, à la limite de la vocation divine.

Il est de toutes les réunions.

Et là, obtenir la parole, la garder plus de trente secondes, s’apparente à la quête de Lancelot. Autant imaginer un Black Panther voulant argumenter dans une réunion du Ku Klux Klan. Si de plus le candidat au suicide verbal est une femme, au bout de deux minutes elle préfèrera s’adresser à un Taliban et lui demander si sa femme veut bien participer à un spectacle de Chippendales.

Le principal du collège est sous Valium deux semaines avant chaque Conseil d’Administration.

Et l’intendant change, curieusement, chaque année.


Marc a deux amis, de ceux que la Milice recrutait en 1942 : soumis et heureux de l’être.


Notre terroriste de la gent féminine doit faire face à l’hostilité de ses pairs. De temps à autre quelqu’un explose et montre sa futile croyance en la valeur rédemptrice de la fureur.

Pour peu que la réaction provienne d’un homme au regard clair les yeux de Marc sont alors ceux d’un enfant pris en faute…


Non, tu ne vas pas me dire que ce Néandertalien te fait de la peine ! Laisse s’éteindre l’espèce !


Pourtant dieu s’y colle…


Marc voue une adoration pour sa femme qui dépasse les limites du supportable. D’ailleurs sa femme ne supporte plus rien. Ni l’homme, ni l’adoration. Depuis longtemps.

Les remontrances à l’égard de son époux sont permanentes. Elles vont du simple « Putain je ne peux plus t’encaisser ! » au douloureux « Va t’acheter un cerveau, connard ! ». Les insultes sont aussi nombreuses que les yeux hagards et désespérés de son mari.

Et pourtant Marc est d’une gentillesse de tous les instants. D’une prévenance domestique qui confine à l’obséquiosité. Tous les matins il prépare trois petits déjeuners différents pour que Marie ait le choix. Six jours sur sept il lui achète un splendide bouquet et le septième un joli cadeau qu’elle lui lance à la figure après l’avoir ouvert.

Le seul moment où elle se laisse faire c’est l’heure entière qu’il consacre le dimanche à coiffer ses longs cheveux. Marc peut défaire des nœuds très denses sur la nuque de Marie sans lui faire mal. Ses gros doigts trouvent toutes les clefs de la douceur. Ses mains s’attardent sur le corps refusé de son épouse.

Au milieu des fils de soie Thésée rembobine son passé d’amour. Mais il reste dans ce labyrinthe, errant et se cognant dans les mêmes murs.

Leurs grands enfants sont partis. L’un au Canada, l’autre au Kenya. Il leur arrive de téléphoner.

Incapable de reconquérir sa moitié il en veut à cinquante pour cent de la planète et jalouse les hommes qui n’affichent pas de mépris pour les femmes. Il pense qu’ils doivent être heureux en ménage. Que leur femme leur sourit. Qu’ils se croisent et s’effleurent.

Qu’ils font l’amour par amour.


Depuis dix ans le corps de Marie est de marbre. Marc lave ce marbre, au milieu des insultes, deux fois par jour.


Mais…, Marc, tu ne pouvais pas me le dire ?


Je suis pourtant la seule personne qui ressemble, même de loin, à un ami pour toi. Lorsque je suis en désaccord cela a l’air de te toucher. Ta poignée de main est ferme depuis que nous avons mis à plat nos divergences. Tes « copains » sont des Yorkshires et tu le sais. Alors ne dissipe pas toute ton énergie à taire ton malheur ! Et à le répandre autour de toi !


Je vais aller voir Marc.

Boire un coup avec lui. Le faire parler.

Et je vais même devoir aller m’asseoir à côté de sa femme.

Lui dire que son homme est un salaud, qu’il déteste le monde. Parce que son monde le déteste.


Je suis un saint-bernard, moi, c’est pas vrai ! Je vais m’acheter un tee-shirt et y faire imprimer un tonneau horizontal…


Après Godzilla va me coller ! Tout le monde va penser que je lui donne raison.

Je vais y perdre nombre de mes copines.

Tant pis.


Un jour Marie va lui demander de poser sa main sur son sein. Et de l’y laisser.



Calimero


Olivia vient de rentrer en salle des profs. Elle a réussi à se faufiler derrière Marc. Pas bien difficile pour elle qui s’habille en douze ans. La première fois qu’elle est apparue dans cette salle, hier en fait, quatre collègues lui ont souhaité la bienvenue en exigeant son carnet. Elle s’est mise à pleurer au lieu d’expliquer qu’elle était stagiaire.

Aujourd’hui elle a un cartable à la main. Certainement un souvenir de famille qui se transmet depuis le Front Populaire.

Je remarque ses vêtements à la mode. Celle de l’Occupation. Sa robe est celle de Judy Garland dans le Magicien d'Oz, en plus courte. Mais toute aussi « fermière du Kansas ».

Ses talons en bois sont si hauts qu’elle arrive presque à appuyer sur la touche « café long sucré sans aspartame 0% de lipide plus de monnaie ».

Je m’approche, appuie sur la touche désirée, là tout en bas, et lui rappelle que nous nous sommes rencontrés hier.

Elle se met à pleurer.

Ce n’est pas mon charme naturel, ni mon statut divin, qui l’émeuvent à ce point. Elle n’a même pas eu à faire cours puisqu’elle servait d’assistante à un professeur qui accueillait une classe de troisième.


Entre deux sanglots et trois reniflements elle m’explique qu’un élève avait réussi à lancer un petit miroir entre ses pieds. Elle avait plus ou moins remarqué que les garçons semblaient intéressés par ses chaussures alors que les filles écoutaient l’autre professeur. « Mais de là à imaginer… ! ». Mais gentille demoiselle, il va falloir commencer à imaginer !

L’imagination des élèves s’ancre dans les traditions millénaires du potache. À l’époque de Socrate le coussin péteur devait être en estomac de brebis.

Chaque génération enrichit ce patrimoine. Le téléphone portable apporte avec lui son lot de misère professorale : « Allô papa, là je suis en français et le prof il m’a mis une observ’. Et j’y suis pour rien ! Papa, il me déteste ce mec ! Je vais pas dormir encore ce soir et je vais faire des cauchemars, c’est sûr ! ». Huit minutes plus tard le papa, sergent à la Légion Étrangère, cogne à la porte de la classe parce qu’il sait sauter un portail, qu’il pense avoir tout compris de la pédagogie et qu’il ne veut plus se réveiller la nuit pour arrêter les hurlements de son poussin.


Olivia vient de réussir son concours. Elle a passé des milliers d’heures à s’abîmer les yeux. Elle est capable de traduire Boris Vian en latin du Haut Moyen-Âge. Et même du Berlusconi en grec ancien avec les envolées de Victor Hugo.

Mais on ne lui a pas encore dit que couiner un « chut » toutes les minutes avec la force vocale d’un souriceau est d’une efficacité danaïdique.


Voyons voir sa première année d’enseignement !


Olivia avait rêvé d’émerveiller les élèves avec les Métamorphoses d’Ovide et même les vertus du chou de Caton l’Ancien.

Mais on lui a donné les troisièmes d’Insertion. Personne n’en voulait.


On lui a bien parlé de « main de fer dans un gant de velours », « d’autorité bienveillante ». Mais l’élève Olivia n’a jamais bavardé en cours avec ses copines. N’a jamais subi de remontrance. N’a jamais essayé de tricher. Petite fille sage comme l’exigeait la société et ses parents, elle n’a pas goûté aux épices de l’interdit.

Elle ne sait pas ce qu’est l’autorité. Pouvoir exercé sur les autres, elle n’a jamais imaginé comment on pouvait le braver.

Petite fille elle est restée.

Sa mère, chez qui elle vit encore et pour longtemps, lui demande tous les soirs si elle s’est lavé les mains avant de passer à table.

Un professeur c’est l’image idéalisée des parents. Du moins pour les parents. Une autorité absolue et un sourire maternel. Paternel, accessoirement.

Combien d’enseignants le deviennent vraiment quand ils deviennent parents !

Olivia est à l’école depuis l’âge de deux ans. Elle y est encore. Elle croit qu’elle est là pour faire un exposé.


Non, elle est là pour captiver près de trente enfants dont l’intérêt est aussi volatile que le sourire de mon banquier. Génération de la télécommande, combien tiendrais-je moi-même, avec mon expérience, si les élèves pouvaient me zapper ?...


Alors Olivia, en toute innocence, va traverser les neuf cercles des enfers.


Son rêve d’exercer le plus beau métier du monde…

Les regards d’admiration travestis en regards de mépris. Les pleurs à chaque sortie de cours, dans les toilettes. Les sucrettes à sommeil sur la table de chevet. Les corrections interminables pour se déculpabiliser. Les crachats dans le dos.


Et dieu ? Il fait quoi là ?


Il lui verse du café. (Eh ! Je parle comme Jules César, à la troisième personne. La divinité est addictive !)

Je vais donc…


Mais j’en sais rien, moi ! Ce n’est certainement pas en deux discussions que je vais changer fondamentalement sa personnalité. Ni sa puissance vocale.

Il faudrait qu’elle fasse du théâtre. Qu’elle envoie balader sa mère. Qu’elle apprenne à sourire aux enfants. Que ses yeux montrent confiance et fermeté, gentillesse et force. Qu’elle se mette à la place des gamins et se pose sans arrêt la question : « Est-ce que mon cours est intéressant ? ». Mais cela veut dire aussi qu’elle enchaîne son savoir à la culture actuelle des ados, pour y faire référence le plus souvent possible. Que…

Non, je n’y arriverai pas. Et son tuteur pédagogique enseigne dans un autre établissement, à dix kilomètres…


Alors… je lui donne une étincelle de mon pouvoir.

Olivia va savoir, intuitivement pensera-t-elle, ce que recèle le cœur de ses élèves. Ce qu’ils veulent, leurs rêves, les causses et les avens de leur vie.


Saut périlleux avant.


Dans trois ans.

Olivia est transformée. D’une belle énergie elle trône dans sa classe. Les enfants l’adorent. Ses couinements sont entendus.


- Ouah ! Qu’est-ce qu’il est fort !

- Et tu veux un autographe aussi ? Mais dis-moi, et si tu lui avais simplement dit qu’elle devait oublier ses notes, ses préparations de cours et regarder un peu plus les enfants ? Oublier le mot « élève ».


Tu as parfaitement compris.

Mais lui dire : « Olivia, regarde les enfants, observe-les, sois attentive à leurs souffrances, à leurs attentes et aime-les », est-ce que cela aurait suffi ?


- D’accord. Ton pouvoir divin sans le désir d’aller vers eux, n’aurait…


Exact. Olivia avait ça en elle, mon coup de pouce divin a seulement accéléré les choses !


- Et avec les Troisièmes d’Insertion ?


Elle va faire du Virgile en slam…



INTERVIEW


Huit jours après la rentrée, Stéphane, le prof de technologie, a demandé à quelques collègues ce qu’ils désiraient pour améliorer la salle des profs. C’est pour faire un article sur le site du collège, a-t-il précisé.


- Un vestiaire pour changer de jogging à la récré. Et surtout une salle spéciale pour les garages à bites. Tu leur fous des miroirs pour qu’elles cachent leur misère, se remontent les nichons et se ravalent la façade, comme ça elles ouvrent plus leur claque-merde !


- Une machine qui donne du café, pas des boissons exotiques venues de Tchernobyl !


- Non, rien. Je suis nouvelle et je trouve que tout est parfait.


- Des casiers avec incinérateur incorporé. Porte froide.


- Une salle à l’autre bout du collège pour enchaîner Godzilla !!!


Stéphane est reparti, l’enthousiasme en berne.


(To be continued)


 
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   Anonyme   
9/11/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Drôle de texte, j'ai sourit, un peu ri. Le langage courant est bien employé, les images sont parlantes. Par contre, la présentation de Godzilla paraît moins aboutie que celle de Calimero. Le sujet de la salle des profs m'a fait penser à mes années troubles d'ado, étrange, je ne connaissais pas le coup du miroir entre les pieds, surement un truc de garçon. Merci pour ce petit moment de détente !

   Anonyme   
9/11/2009
bonjour jaimme
j'attendais ce texte avec impatience. Et maintenant que je l'ai lu je suis un peu déçue.
J'y ai retrouvé ce qui fait le succès des autres textes de l'auteur, inutile de parler du style, il est là.
En fait, voilà ce qui m'aurait vraiment plu et pourquoi je suis un peu déçue : j'aurais voulu un mélange ou une alternance des deux fenêtres ouvertes de ce même collège, l'une sur la salle des profs, l'autre sur la classe de sixième. Des interactions, des rencontres, et surtout voir ce que les uns apportent aux autres.
Ce dieu qui marche avec les enfants, ne marche pas ici (en ce qui me concerne) de la même façon. Avec les enfants, c'est touchant, émouvant et ça frappe bien. Avec les adultes, c'est plus difficile de me faire entrer, moi lectrice, dans cette magie là.
Il y a aussi quelque chose qui me chiffonne. C'est Marc. Dieu dit qu'il va s'y coller. Et il va aller aussi boire un coup avec lui ? D'accord, c'est sans doute une image, mais ça sent un peu trop le copain, l'ami et du coup dieu... tombe à l'eau.
Alors ou le narrateur est dieu et il se débrouille pour que les choses changent "féériquement" (avec le risque de tomber dans le syndrome de l'ange gardien... mais l'auteur a de l'imagination) ou alors le pote est pote et il se dévoile et fait ce qu'il peut. Après tout, des gens gentils, clairvoyants, humains, ça existe aussi... ?
Je ne sais pas si j'ai été très claire.
Tout ça pour dire que et de un, j'aurais voulu des interférences, et de deux, j'aurais préféré que le narrateur soit carrément de chair et de sang.
Mais bon, il y a une suite, et je vais sans doute trop vite. Mais pour l'instant je suis très mitigée. J'attends vraiment la suite. Elle va probablement répondre à toutes mes attentes.
C'est très bien écrit évidemment, chaque mot à son poids, les images sont très belles, les constats sont là... mais je sais pas... j'ai l'impression que c'est un peu froid, peut-être parce que c'est trop statique.

(J'évaluerai l'ensemble et reviendrai sûrement compléter ce commentaire)

   Myriam   
10/11/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Ah! Dieu, le retour! Quel bonheur!!

Je retrouve, intacte, cette jubilation continue de lectrice, celle qui me fait reconnaitre un texte de Jaimme.

Évidemment, je suis un peu juge et partie: cette salle des profs... c'est en partie la mienne! Tumultueux cocon, que l'on voudrait hors du temps, mais où l'horloge règne en despote.

Je retrouve aussi ce qui fait la force de cette série magique, voire divine!: le rire, ( au hasard, "Des casiers avec incinérateur incorporé. Porte froide."... j'achète!!), la compassion, ( "Alors Olivia, en toute innocence, va traverser les neuf cercles des enfers."... je la connais cette Olivia, bien sûr...), la tendresse et la poésie ("Au milieu des fils de soie Thésée rembobine son passé d’amour. Mais il reste dans ce labyrinthe, errant et se cognant dans les mêmes murs."... magnifique).

Intacte aussi la puissance d'une écriture hors du commun, qui vous emporte pour ne plus vous lâcher, d'un style bousculé, contrasté, fulgurant, vivant enfin.

Merci de ce nouveau texte, et vivement la suite!
Myriam.

PS: Du café au gingembre??! Où ça où ça??!!!

   nora   
11/11/2009
 a aimé ce texte 
Passionnément
Texte captivant d'un bout à l'autre. Riche, profond, amusant, intelligent, mémorable. Tant de mondes dans "ce nombril de monde", si familier, toujours à redécouvrir.
Ah oui... "combien tiendrais-je... si les élèves pouvaient me zapper...?"
Souvent, la qualité d'un texte repose aussi sur le nombre de phrases qu'on a envie de citer; moi, j'en citerais des dizaines.
J'ai adoré. Excellente leçon d'écriture! Félicitations!

   Anonyme   
11/11/2009
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour Jaimme

Hésité longuement avant de commenter bien que je l'ai lu plusieurs fois pour affiner ma réaction

Sur le style :
L'entame ne me plait pas trop : trop abruptes , trop cavalières ces phrases nominales à répétition, et pourtant j'en utilise mais là non.
Pour la suite oui ca se lit bien, il y a des changements de rythme qui maintiennent le lecteur en haleine.

Sur le fond
J'ai trouvé le tout à la fois nettement moins drôle, moins émouvant que la rentrée des classes.
Sans doute le fait que tu parles d'adultes. Olivia par exemple c'est très stéréotypé, très banal comme analyse. Godzilla m' un peu plus parlé mais là c'est un peu poussé à l'extrême. J'aurais aimé quelque chose de plus fin, Ces personnages ne m'émeuvent pas

Bref peut être quelque part je me lasse de ce huis-clos même si c'est bien écrit avec des pointes d'humour.

Désolée

Xrys

   Lylah   
11/11/2009
 a aimé ce texte 
Bien
On retrouve le style et l'humour de la "rentrée des classes", pourtant j'avoue que j'ai été moins touchée, moins "happée" par cette salle des profs. Il me semble qu'ici "Dieu" a perdu quelque chose d'essentiel : l'amour inconditionnel qu'il portait à chacun de "ses mômes", il est devenu plus caustique, plus distant... et je suis restée moi-même plus en retrait par rapport à ses personnages.
Cela n'enlève rien à la qualité de l'écriture, toujours très agréable à lire mais l'univers des profs m'a semblé plus froid, moins présent que la saga des minos. Il faut dire qu'on était proche de la perfection, difficile de rester à ce niveau en permanence, même pour Dieu... :)

   Anonyme   
11/11/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je ne le redirais pas, tu sais déjà l’impatience avec laquelle je l’ai attendue.

Celle-ci est plus légère, avec cette longue introduction pour poser le décor : drôle et savoureuse.
Et toujours ses expressions bourrées de référence, pures merveilles :

« Au milieu des fils de soie Thérèse rembobine son passé d’amour. »
« Autant imaginer Black Panther voulant argumenter dans une réunion du Ku Klux Klan »
« Sa robe est celle de Judy Garland dans le magicien d’Oz, en plus courte. »

C’est un plaisir de chercher à se souvenir, d’en appeler à sa mémoire pour tenter de comprendre la métaphore. Je ris, je m‘amuse au rythme de tes mots, jaimme. Et puis « Pourtant Dieu s’y colle » et je pense « Aïe ».
J’avais presque oublié que ça allait arriver. À la fois, je l’attendais et, en même temps, je voulais continuer à me promener gentiment sans approfondir, continuer à croire comme un enfant que les adultes, eux, ont la force d’affronter seuls leurs problèmes. Ce n’est pas le cas et, sur moi, cela fonctionne toujours aussi bien.

Marc peut bien être aussi Misogyne qu’il veut, son amour pour sa Marie me bouleverse… Et Olivia en qui la flamme s’allume. Pas de pouvoir magique, juste un cœur qui s’ouvre. C’est beau.

Et il est mille fois confirmé le « Aïe ».

…Puis l’interview et là je reste plantée devant à me demander lequel a bien pu proposer un « casier avec incinérateur incorporé. Porte froide. » C’est malin franchement.

Il me semble que je passe mon temps à te remercier pour ces moments qui tu m’offres, mais c’est un tel bonheur. Alors, cette fois encore jaimme laisse-moi te le dire :

Merci.

   Lapsus   
11/11/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Je retrouve la même écriture malicieuse qui fait mouche que dans tes précédents textes, des images savoureuses et parlantes, riches en correspondances.
Mais j'ai trouvé la présente nouvelle plus caustique et sarcastique, je regrette la tendresse précédemment rencontrée.

Il est peut-être plus facile de poser un regard tendre sur les élèves que sur les professeurs. Le Saint ou le Très Saint sont certainement plus brûlants.

   Anonyme   
11/11/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bon... je rejoins un peu Xrys.

Je trouve que ça manque de cynisme, étrangement.
C'est moins assumé que D&la rentrée des classes (d'ailleurs il manque les majuscules à Dieu je crois dans la phrase de présentation).

Dommage parce que la salle des profs vu par un profane, ça peut enfin voilà quoi on fantasme un peu (de mon temps ils fumaient encore en salle des profs...) sur ce qu'y s'y passe et je reste sur ma faim.

Bof. Tant pis, je mitige toujours.

J'avoue que j'ai eu du mal à aller au bout. Le passage Gozilla est trop survolé.
Le passage Caliméro trop ouin ouin (Gangsta Paradise en fond sonore je verrais presque Michele Pfeiffer... hum).
La fin vraiment trop cliché sur toutes les réponses.

Donc po convaincue, scuzi.

Le prochain peut-être?
Merci!

   Anonyme   
11/11/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Salut jaimme ! Ce soir, dans la colonne de gauche réservée aux nouvelles, Dieu m'a pris par la main, m'a fait visiter la salle des profs et je l'en remercie, tout comme je remercie la superbe plume qui a brossé ce décor et les portraits que j'y ai découverts.
Un sujet inépuisable et intemporel traité de main de maître ( ou de prof), j'ai vraiment apprécié. Bonne soirée

   Garance   
11/11/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je suis en retard pour cette lecture et tout a été dit !
Dieu nous présente donc quelques humains appartenant au Corps Enseignant.
Après la douleur de la condition d'élève, nous appréhendons celle de leurs enseignants... et je plonge toujours aussi généreusement dans la lecture et le pot de Nutella.
J'attends des personnages que j'imagine déjà.
J'apprécie l'introduction ( description de la table qui se trouve dans la salle des prof.), belle rêverie qu'interrompt la sonnerie qui annonce le retour dans l'arène.

   NICOLE   
13/11/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
"Les yeux sont humides lorsqu'un ami, bien plus qu'un collégue, vous aide à comprendre une circulaire administrative..." ça c'est de l'humour pince sans rire comme j'aime, mais à la sauce Jaimme (si, si, ça reléve encore le tout).
"Le petit peuple" : bien trouvé, mais une fois aurait suffit.
"Elle croit qu'elle est là pour faire un exposé" : extrémement bien vu, et en plus, je crois que j'en connais une taillée dans la même étoffe.
Juste une chose qui me traverse l'esprit : je crois bien que j'aimerais quand même voir Jaimme s'aventurer en dehors du cadre scolaire, juste une fois, pour voir !

   Anonyme   
29/11/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour, Jaimme,

Voici donc la deuxième voix du choeur, celle des enfants devenus adultes, mais pas tant que ça, après tout. Restés dans le cocon de l'école, ils ne semblent sous ta plume que des élèves détenteurs d'un nouveau pouvoir. Et curieusement, le savoir ne leur sert pas à grand chose.
Par quoi je commence ?
Un petit reproche : celui du lexique que tu expliques. Exemple : "Les femmes collent leurs fesses contre le mur, se voûtent et avancent exagérément leurs épaules pour ressembler à Ardhanarîshvara, l’androgyne divin". La dernière partie de la phrase ("pour ressembler à...") me paraît maladroite. Je suis certaine que tu pourrais la trousser finement, suscitant chez tes lecteurs une recherche effrénée via Wikipédia. Comme celle que je viens de faire pour les hoplites et Kobold.
Pour le reste... je me suis bien amusée. Et j'ai été émue, aussi. Si certains trouvent facile ta description du désarroi conjugal de Godzilla, moi, elle m'émeut (je suis assez fleur bleue). Quant à Olivia, ben oui. "Certains ne deviennent enseignants que lorsqu'ils deviennent parents". Je crois que c'est vrai, effectivement, pour certains.
Un souvenir : Nancy, une grande librairie. Toute une classe de collégiens, une 4ème peut-être... ou une SEGPA. En tout cas, pas des loulous des beaux quartiers. Leur petite prof au milieu. Et une consigne, apparemment : farfouiller et choisir ("madame, madame, et ça, c'est bien ?"). Je suis restée à les épier, le nez dans les BD. Et ça a été une grande leçon de je ne sais quoi, je ne suis pas prof. Une grande leçon en tout cas. Cette prof était géniale, le genre à les amener à Ovide en slammant, effectivement. Il y avait du Pennac dans sa façon d'être. C'est un vieux souvenir totalement intemporel.
Bon, on se doutait bien que les profs embarquaient leur être et leur histoire sur les estrades, comme tout le monde. Mais c'est bien de le rappeler.

   thea   
21/12/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Et bien oui dans la série "Dieu et..." on retrouve la m^me ambiance de potache et le coup de plume plein d'humour de jaimme!!


le style est enlevé, dynamique, et les images bien ciselées j'ai eu du plaisir à lire

peut être la fin est elle un peu moins bien construite ...je ne sais pas trop..un certain relâchement peut être..

Peu importe une belle page d'écriture dans un style bien personnel et plaisant.

Thea

   Cortese   
24/12/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Est-ce que j'aime bien parce que ça me parle, ou est-ce que j'aime vraiment ?
J'aime vraiment parce que c'est souvent drôle, et bien écrit (mais ça je commence à avoir l'habitude).
J'aime bien parce que ça me fait penser à des trucs vécus, mais en même temps, ce qui me chagrine, c'est que ça manque parfois d'ironie, de mordant.
Le coup de la petite stagiaire, par exemple : c'est bien vu, juste et tout. Mais y'a pas d'apport, par rapport à ce qu'on pourrait en dire dans une conversation, tout simplement.
Tu vois ce que je veux dire ?
Et le gros méchant prof de sport, je le trouve pas très crédible, au contraire de la stagiaire. Peut-être qu'il n'est pas assez travaillé...
Ou alors, ce qui marche pas, c'est que les adultes ont moins besoin d'excuses que les gosses. Peut-être qu'on ne cherche pas autant à comprendre pourquoi ils réagissent de telle ou telle manière, et que, du coup, on s'intéresse moins à ce que tu racontes pour les justifier. Peut-être qu'ils devraient être plus tranchés, plus englués dans leur sale caractère, leur égoïsme ou leur faiblesse...
Bref, ce qui fonctionne avec les petits ne fonctionne pas avec les grands ! Soit plus méchant avec eux, stp ;-)
Au plaisir de lire la suite...
Cortèse

   caillouq   
18/10/2010
J'ai beaucoup aimé ... Mais je me sens incapable d'évaluer un texte pareil. D'abord, qu'est-ce que ça fait en "sentimental/romanesque" ? Pour une fois qu'un texte en Humour/détente m'aurait fait rire ! (OK, c'est pas sympa pour les autres, mais cette catégorie me déçoit souvent. Souvent. Pas toujours)
Et puis ça fait sûrement étroit d'esprit d'écrire ça, mais je n'arrive pas à considérer ce texte comme une nouvelle. C'est comme un e-mail excellent qu'un pote prof m'enverrait. Oui, bon, ça peut être un choix de forme tout à fait réussi. Je sais pas. Ou alors, c'est le côté un peu trop "private joke". Il faut avoir été en salle des profs pour apprécier. OK, c'est pas mon cas - mais peut-être la lecture récente de "Entre les murs", que j'aime dans la forme mais pas dans le ton, m'en a-t-elle donné l'impression ...
Je sais pas. Ou alors c'est le côté chronique, appuyé par la vision des opus 1 à 4 de "Dieu et la rentrée des classes" ... Je sais toujours pas, j'abandonne. Peux même pas dire que ya pas d'histoire donc pas de fiction donc c'est pas une nouvelle, il y A une histoire, plusieurs, même. Plein.
Bref, ce texte me déstabilise.
On en fait quoi ?!

   Flupke   
9/11/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour jaimme,

Davantage une chronique qu'une nouvelle. Mais très agréable galerie de portraits.
Truffé de pépites:
Enseigner c’est brûler, toutes les heures, les calories d’un pot de Nutella.

Autant imaginer un Black Panther voulant argumenter dans une réunion du Ku Klux Klan. (où vas-tu chercher toutes ces comparaisons ?)

De temps à autre quelqu’un explose et montre sa futile croyance en la valeur rédemptrice de la fureur. bien trouvé.

elle n’a pas goûté aux épices de l’interdit. idem

Très agréable à lire et pas beaucoup à redire sur le style.
De belles images qui m'ont fait sourire.

Merci.

Amicalement,

Flupke

   Anonyme   
14/5/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Très inventif, rapide, drôle, un brin décousu. Chaque phrase apporte son originalité. Plusieurs mots nouveaux pour moi, comme causse et aven. Mais je déchante et vais réviser mon projet de devenir prof !

   in-flight   
10/12/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un moment bien sympa à vous lire.
Le "chapitrage" du texte ne m’apparaît pas essentiel ("Godzilla", "caliméro") et j'aurais aimé plus d'interactions entre tout ce petit monde. En même temps il s'agit d'un texte qui s'étoffera (selon votre projet) et la séparation par parties prendra sans doute son sens.

Le portrait de Godzilla me semble un peu forcé parfois: des références comme "Notre Schwarzenegger" , "Milice recrutait en 1942", "la pédagogie contre le body bulding"...

Certains passages m'ont bien fait marrer en tout cas.


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