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Sentimental/Romanesque |
jchen : Y a des gens comme ça : qui meurent sans prévenir |
Publié le 27/11/10 - 9 commentaires - 14397 caractères - 135 lectures Autres textes du même auteur
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À 20 ans : on vit, on aime, on crée, on vole des cadavres, on meurt... on vit surtout.
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Y a des gens comme ça : qui meurent sans prévenir
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AVARICE Une bande d’artistes plus déjantés que talentueux utilisent le cadavre d’un clochard dans leurs œuvres. C’est une idée de Robert, Robert est artiste, Robert est de gauche, pas parce qu’il aime les pauvres, les pauvres, il s’en fout, mais la droite est au pouvoir, plutôt mourir que d’être parmi les vainqueurs, les vainqueurs sont des tricheurs, sinon, comment auraient-ils pu gagner ? Si le pouvoir passait à gauche ? Il y passerait l’arme ou il irait tout simplement à droite, plutôt se renier que de se faire avoir par le système ! Ça a séduit Sonia, Sonia l’intellectuelle, Sonia la bourgeoise qui s’encanaille avec le rouge, Sonia qui fume des Yves Saint Laurent en écoutant du Pink Floyd. Sonia qui était, auparavant, avec le meilleur ami de Robert : Arthur. Un mec bien, trop peut-être. Arthur a connu Gala à un concert, c’était une baise d’un soir frustrée, devenue amour obsédant. Gala est, vit, se meut dans l’espace : cela lui prend déjà beaucoup de temps. À son entrée dans une salle, tous tendent l’oreille, tentent de saisir si ses participes passés sont accordés, ou pas. Son androgynie intrigue, choque, laisse perplexe mais jamais indifférent. Gala parle peu, alors beaucoup l’écoutent. Héloïse c’est moi, j’ai vingt ans, moi j’ai eu Gala. Beaucoup pensent que le plaisir est dans la conquête. J’ai relevé le défi mais je suis tout de même obsédée, si pathétiquement que j’en ai honte à en mourir. C’est que je me disais femme libérée, indépendante, mon cul oui, je rampe, à m’en dégoûter mais je rampe. Ce cadavre, moi aussi je l’ai traîné sur les trottoirs à la nuit tombée. Gala a tourné la tête vers moi et m’a lancé :
- Ne crois pas que ça joue en ta faveur.
Je l’ai eu ce soir-là, ses cheveux sentaient le formol et ses doigts bruissaient sous la poussière. Mais je n’étais pas heureuse. Je ne voulais pas de sa reconnaissance, je ne voulais pas qu’il achète mon silence. Robert écoutait Artaud à la radio, il se sent proche de lui à cause de la maladie j’imagine, ou à cause de la drogue peut-être. Robert se sent aussi un suicidé de la société. Je crois que Gala pensait à lui tout en étant avec moi. Ça en devient pitoyable.
ENVIE Je décidai de faire quelque chose de ce cadavre, non pas que le remords m’ait saisie, cela n’aurait pas été crédible de toute façon. Mais cela m’était trop insupportable d’avoir agi juste pour pouvoir respirer le même air que Gala. Il fallait alors donner, après coup, un sens à mes actes : trouvons sa famille ! Après tout, ce qu’il y a de plus triste chez les SDF, ce n’est pas la non-fixité du domicile mais la non-détermination de la famille. Qui était-il ? Ce cadavre, ce reste d’homme, lui qui, étant vivant n’en était déjà plus vraiment un. Un père jamais vu, un frère déshérité, un ami trahi, un amant oublié... Je m’en foutais, mais il me fallait une excuse. « Je suis partie, j’ai pris le cadavre, je t’emmerde. » Les derniers mots d’amour à Gala. Je savais ce qu’il se passerait : ils se mettraient en tête de me retrouver, ou plutôt de retrouver le cadavre, bien contents de s’être débarrassés de moi, mais je faisais désormais partie du package. Ils enfourcheraient leurs mobylettes minables d’un autre temps, Robert et Sonia sur la bleue, Gala et Arthur sur la jaune et s’arrêteraient toutes les demi-heures pour savoir à quel point ils étaient perdus, décider à pile ou face vers où aller et fumer un ou deux joints. J’aurais pu rester là où j’étais, et jamais ils ne m’auraient retrouvée, mais j’aimais l’idée d’être poursuivie, d’être en fuite, de « devoir » fuir. Je faisais semblant de chercher la famille d’un défunt, ils faisaient semblant de me chercher. Nous étions heureux, bercés par la douce illusion que quelqu’un quelque part avait besoin que l’on soit, excités d’être l’objet d’une quête, cons comme on peut l’être à vingt ans, et comblés de l’être à ce point. Je fuyais pour que l’on me poursuive. Sombre crétine. C’est moi qui leur courais après, mendiant un peu d’attention. Robert avait besoin de ce cadavre que j’avais pour ainsi dire sous le bras, par extension Robert avait besoin de moi, et comme Gala aimait Robert, Gala avait besoin de moi pour contenter Robert. Mais Gala n’était pas de ceux qui s’encombrent de ce genre de considération. Qu’en savais-je au fond ? Rien. Ça en devenait pathétique.
LUXURE Gala était de ces personnages jeunes, beaux, hors du temps, fantasques et névrosés, un de ces êtres de lumière. Je l’avais rencontré tôt un matin à la terrasse d’un de ces cafés de province. J’achevais la nuit précédente comme je l’avais commencée, seule, à gribouiller sur un coin de table. Cela faisait déjà deux ans que j’avais quitté Paris pour la province en but de devenir écrivain. On dit que jadis c’était le contraire : on « montait » à Paris. J’imagine assez mal comment cette vitrine de la mode conformiste a pu un jour être un foyer de création : on ne pouvait rien dire ou écrire qui ne soit tendancement beau, esthétiquement dans le vent, « hype in the moment ». Les artistes étaient devenus des marques cotées en bourse et devaient se renouveler au rythme des collections des créateurs. La dérive des mouvements bio de la capitale menaçait chaque quidam qui oserait consommer des mets importés de leur faire pousser un nénuphar dans les poumons ou un lotus dans la prostate : ça, ils étaient contre les manipulations génétiques, mais à la guerre comme à la guerre et la fleur au fusil, c’était le cas de le dire. Il fallait fuir pour l’amour des frites. J’avais fui la folie lumineuse, ce verre empli de spaghettis, pour la brume de l’inconnu charmant. Au milieu de tout cela, Gala avait débarqué : ce fut comme une apparition. Avait trempé ses lèvres dans mon thé à la cardamone, fait la grimace, et pris ma main, m’entraînant, me perdant. Tant et si bien que j’en oubliais mes chaussettes sur la table, j’étais Alice à la poursuite du lapin blanc qui cachait la vingtième consonne de l’alphabet ; Gala était la reine de cœur, prête à me couper la tête. Gala avait vingt ans et semblait avoir vu, entendu, senti et ressenti plus que la majorité des quinquagénaires que portent cette planète et les autres. Je me réveillais à la nuit tombée, nue dans les blés, traces d’ongles enfoncés, vert d’eau sur la peau ecchymosée. J’étais transformée et devenue tout ce que j’exécrais. Jamais je n’avais éprouvé le besoin de me faire aimer. C’était le cadet, le benjamin même de mes soucis, et voilà que tout d’un coup, je devenais schizophrène, prête à mille et unes acrobaties pour plaire à cet inconnu et à tout ce petit monde qui lui gravitait autour. C’est aussi pour cela que je détestais Gala, profondément. Avoir besoin d’une tierce personne à vingt ans, ne plus pouvoir crier haut et fort : « un seul maître : la folie » ou plutôt, comprendre enfin, comprendre trop tôt. Ça en devenait pathologique.
GOURMANDISE Ce petit chassé-croisé avait duré un an, à chaque fois, je les attendais, pour qu’ils aient l’impression de me rater de peu, histoire de raviver la flamme de leur haine. Je laissais des mots dans les motels miteux où je descendais, et un petit bout de Georges (je lui avais trouvé un nom, à force de dormir dans le même lit, même si ce n’est qu’un cadavre, ça crée des liens) sur l’oreiller. Au bout d’un moment, il ne restait plus grand-chose du pauvre Georges et il y avait belle lurette que j’avais arrêté mon enquête sur ses origines. Et puis, rendre un semblant de cadavre pour une inhumation, ce n’était pas correct, nous ne sommes pas des bêtes tout de même. Je me suis alors arrêtée en rase campagne, et j’ai enterré ce qu’il restait de Georges : son cœur. Je n’avais désormais plus aucun lien avec cette bande d’hurluberlus. En enterrant ce cœur, j’enterrais mes espoirs. Je le faisais consciemment, il était plus que temps. Gala ? Que le diable l’emporte, le diable ou n’importe quelle autre MST. Je m’en lavais les mains. Quoi qu’il en soit, cette folle épopée sur les routes avait opéré un changement radical chez Robert : à bas les cadavres de sans-abris, de retraités oubliés par leurs familles ! La douleur de la solitude de ces gens-là n’était plus artistiquement actuelle : les clochards et autres vieillards n’offraient pas assez de fantaisie. Le temps n’altère pas que les corps. Les suicidés : nouvelles cibles temporaires des quatre fantastiques. En effet il y avait eu une vague de suicides : ils étaient dans l’air du temps. Ils avaient vingt ans et étaient amoureux, ou du moins le pensaient-ils. Ils avaient tous cru au printemps des poètes, ce dernier n’avait pas passé l’été. Ce que voulait Robert, c’était travailler leur cœur. Chaque cœur reflète graphiquement la personnalité et l’histoire de son propriétaire. Robert voulait un petit cœur gonflé d’orgueil mais fêlé par la passion. Mais voilà, c’est ce renflement d’orgueil qu’il manquait aux suicidés. C’est alors que Robert se souvint de l’anniversaire de mes vingt ans. Il y avait cette nouvelle drogue, à la base une substance médicale pour détecter les tumeurs. Très vite, elle devint la newbie chez les junkies. Lors de cette « séance transparence », ils avaient vu que l’effronterie me dotait d’une veine cave plus fine que la moyenne, mon côté chieuse d’une aorte en forme de grand huit, la foi en mon talent d’une pierre bleu émeraude au niveau du ventricule gauche. Robert pensait que les courbes de mon oreillette droite correspondraient parfaitement à sa période paléo-futuriste. Le souvenir que je garde de ce trip pour ma part ? Mon corps translucide l’espace d’un instant, pire que se mettre à nu, c’était s’éviscérer sans anesthésie. Ça en devenait pathogène.
COLÈRE Robert m’informa de ses intentions par courrier. « Chère Héloïse, j’aimerais utiliser ton cœur dans une de mes œuvres. Gala a proposé qu’on te l’arrache, mais je n’irai pas jusque-là. Nous sommes de retour à l’atelier, appelle. ». J’allai à l’atelier, le projet me plaisait, mais l’idée d’ingurgiter toute cette drogue pour l’art ne m’enchantait pas plus que ça. Robert me proposa Gala comme compensation. Il ne l’avait pas consulté, mais Gala n’était pas de ceux à sacraliser leur corps, l’obliger à se souvenir de mon prénom ou à feindre un intérêt aurait été déjà plus problématique. Je fus vexée qu’il ait une si basse opinion de ma personne. S’il ne l’avait pas proposé, je l’aurais probablement demandé, mais à présent. Gala me rattrapait, malgré lui et malgré moi. Je me suis ratée, j’aurais du mourir là-bas, comme Georges, saisir l’instant. Savoir. Fuir. Y laisser ma peau où ses traces sont imprimées, me dépecer de son souvenir, la chair à vif et les nerfs saufs. La connerie me rattrape, m’étreint en morsure, panse mes plaies avec le sable, salope. J’aurais aimé être une pute pour lui offrir mon corps tout en gardant mon âme. Mais mes larmes sont fausses, tragédiennes, simulées comme l’orgasme, à point nommé. L’amour aux caniches, le bonheur aux pies : voleuses, rapporteuses, flatteuses, aimant l’or et les cadavres exquis. Je piétinais. Qu’importe, j’aimais souffrir et vingt ans est le bel âge pour pâtir d’amour. Cependant l’art pour l’art était mort depuis longtemps, il fallait donc trouver un arrangement : l’expo se ferait à Paris. Nous autres artistes exécrons Paris. Je voulais juste faire chier le peuple. Toutes ces fleurs raviraient Gala. Connaissant Sonia, il lui faudrait deux bons mois pour guérir d’un rhume des foins avant d’attraper une allergie au pollen. Robert et Arthur s’en foutraient, le premier trop absorbé par son nouveau projet, à peine indisposé par l’abstinence que lui imposerait Sonia convalescente ; le second parce qu’il s’accommodait de tout, le stoïcisme poussé à son paroxysme. Et pourquoi pas installer le showroom au huitième étage du bois de Vincennes, étage de la flore exotique : on m’intitulerait « Mauvaise Herbe ». Ça en devenait parodique.
PARESSE Contre toute attente, Arthur tomba amoureux à Paris. D’une chieuse délicieuse. Ils passaient leur temps à se disputer sous mes yeux ébahis. Chacune de leurs querelles était un petit bijou de mauvaise foi concertée. Comme toutes les histoires d’amour parfaites, celle-ci se finit dans les fracas de verre, l’assassinat du chien suivi de celui de la belle-mère. Je compris alors que l’amour c’est comme la grippe : on l’attrape parce que l’on est imprudente, on la traîne, on a du mal à s’en débarrasser mais on ne va pas chez le médecin, et puis quand elle est partie, on va tout de suite beaucoup mieux. Rien de plus éphémère que les sentiments. Toutefois, l’automne suivant, on se risque à nouveau à sortir sans écharpe, et on tombe à nouveau, pour le plaisir de s’écorcher les genoux, parce qu’à vingt ans, on a un pouvoir de cicatrisation impressionnant. L’ « hiver Gala » touchait à sa fin, ne restait que cette belle cicatrice, juste le souvenir de cette douleur, que je chercherais à reproduire, avec d’autres. Tout s’était évaporé dans des ersatz de fumée, peut-être était-ce dû à l’acide que j’ingurgitais pour l’expo. Qu’importe. L’expo était une réussite et tout s’était déroulé comme je l’avais imaginé à ce détail près : le jour du vernissage, il pleuvait dans l’ascenseur. Un détail prévisible compte tenu du système de réplique du microclimat de ces serres artificielles. Je voulais pouvoir travailler, alors Robert me confectionna un bureau avec les restes des suicidés : il fallait recycler la jeunesse. Parfois nous faisons des nocturnes, Gala en profitait pour donner ses concerts. Robert aimait l’idée de voir le sang affluer dans mon cœur s’accélérant au son du médiator sur les cordes métalliques. Ça en devenait palpitant.
ORGUEIL Les oraisons funèbres ne sont pas mon fort. Dire aux morts ce qu’on ne leur a pas dit de leur vivant, apporter des fleurs à ceux à qui on en a jamais offert. C’est différent pour Héloïse. Je ne lui ai jamais porté un intérêt particulier. Nous nous sommes rencontrés par hasard et elle était délicatement névrosée. Elle m’a aimé instantanément. Je l’ai envoyé chier, comme des centaines d’autres, mais pour une raison différente. Elle était celle que j’aurais pu aimer. Celle avec qui j’aurais pu m’installer dans une histoire qui n’aurait pas été pastelle, qui aurait rebondi : une histoire chiante au possible qui ne m’aurait pas lassé. Maintenant elle mange les pissenlits par la racine et j’espère qu’elle se retourne dans sa tombe. Parce qu’à vingt ans, s’installer c’est mourir vraiment.
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doianM
8/11/2010
a aimé ce texte
Bien ↓
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Ce texte aurait beaucoup à gagner sans une intention trop affichée: choquer.
A force de l'être on finit par s'ennuyer. Le cynisme demande lui aussi des moments de pause. Pour mieux le goûter, le sentir.
Des fautes d'accord, confusions participe/infinitif.
Les négligences et la provocation non compensée mises à part, une bonne écriture.
Bonne continuation.
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Flupke
11/11/2010
a aimé ce texte
Un peu
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Bonjour, Le style est remarquable, dense, mature et maitrisé, disons foisonnant et luxuriant. Le thème est orginal, presque fantastique avec ce cadavre volé. La narration semble structurée par les pêchés capitaux. Mais la portée du texte m'échappe. Je n'y vois que les errances folles d'une jeunesse qui se cherche. Je ne trouve pas les clés. Peut-être ai-je été distrait par le nombre impressionant de protagonistes pour un texte aussi court. Je reste sur ma faim. Désolé.
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Anonyme
14/11/2010
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Bonjour,
Je suis contente. Votre texte sort du commun, et ça, ça m'a fait plaisir. Et puis, c'est un jeu de piste (enfin, il me semble en être un)
J'ai relevé peu de choses qui me semblent perfectibles : - la première phrase. Tout cela pourrait se deviner ; - le "ça en devient" du premier paragraphe gagnerait à être mis à l'imparfait, comme les suivants ; - "J’aurai aimé être une pute pour lui offrir mon corps tout en gardant mon âme. Mais mes larmes sont fausses, tragédiennes, simulées comme l’orgasme, à point nommé." : si ses larmes sont fausses, alors elle garde son âme, non ? - "je compris alors que l’amour c’est comme la grippe : on l’attrape parce que l’on est imprudente, on la traîne, on a du mal à s’en débarrasser mais on ne va pas chez le médecin, et puis quand elle est partie, on va tout de suite beaucoup mieux." : moui. Dommage.
Le reste est un plaisir, qui se mérite comme se mérite Burroughs. J'ai bien aimé le traitement par péchés capitaux, finement réalisé. Il y a de beaux moments : "La connerie me rattrape, m’étreint en morsure, panse mes plaies avec le sable, salope.", "Chacune de leurs querelles était un petit bijou de mauvaise foi concertée""une histoire chiante au possible qui ne m’aurait pas lassé"...
Et les références ! Gala l'androgyne surréaliste qui pourrait avoir un petit quelque chose d'Amanda Lear en homme, Vian et ses nénuphars revisités en fleurs scintigraphiques, Robert et Sonia (Delaunay ?), pour Arthur je sèche (Rimbaud, allez). Quant aux cadavres, je pense que vous vous êtes inspiré(e) du groupe chinois Cadavre plus que des travaux de Von Hagens ou de Fragonard... mais ce sont des réminiscences suscitées par votre texte, même si celui-ci a, comme le laisse entendre la dernière phrase, une interprétation métaphorique.
Merci pour cette lecture.
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Anonyme
23/11/2010
a aimé ce texte
Un peu ↓
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Texte assez hermétique pour moi. Du 2eme ou 3eme degré qui ne m’a pas emporté par sa poésie. Une réelle ambiance mortifère, amère, désespérée. Les différentes parties ne sont pas plus explicites : Avarice, envie etc. … Des idées originales ou jolies cependant comme : « Après tout, ce qu’il y a de plus triste chez les SDF, ce n’est pas la non fixité du domicile mais la non détermination de la famille. » « Nous étions heureux, bercés par la douce illusion que quelqu’un quelque part avait besoin que l’on soit, excités d’être l’objet d’une quête, … Sombre crétine. C’est moi qui leur courrais après, mendiant un peu d’attention. » « vert d’eau sur la peau ecchymosée. » « fait la grimace, et pris ma main, m’entraînant, me perdant. » « Robert voulait un petit cœur gonflé d’orgueil mais fêlé par la passion. » Des jugements à l’emporte pièce comme « les vainqueurs sont des tricheurs, sinon, comment auraient-ils pu gagné ? » ou « Les artistes étaient devenus des marques cotées en bourse et devaient se renouveler au rythme des collections des créateurs. » Des maladresses comme « J’avais quitté Paris pour la province en but de devenir écrivain », dans le but me paraîtrait plus adapté. Le changement de narrateur dans le dernier paragraphe n’est pas très explicite non plus.
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Perle-Hingaud
23/11/2010
a aimé ce texte
Bien
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Un texte qui suscite. La curiosité, l'intérêt, un vague énervement devant un parti-pris élitiste, mais aussi l'envie de le lire, jusqu'au bout, de chercher, de réfléchir au jeu de pistes et aux références. Un style à l'avenant. Je serai curieuse de lire l'auteur dans un autre voyage... Merci.
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Anonyme
27/11/2010
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Prenant, piquant, choquant, attachant, original. J'aime beaucoup votre texte, les rapports complexes des personnages, cette vie malsaine et enviable (ou pas)! Bravo!
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alifanfaron
28/11/2010
a aimé ce texte
Bien ↓
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Une histoire et une approche très originale. Un style particulier lui aussi qui part un peu dans tous les sens. Je trouve l'ensemble relativement bon pour peu que l'on prenne suffisamment de recul. Mais il faut en prendre trop à mon goût. Trop de phrases sont "baclées":
- certaines avec des redondances ("Héloïse c’est moi, j’ai vingt ans, moi j’ai eu Gala.")
- certaines avec des liens manquant ("Beaucoup pensent que le plaisir est dans la conquête. J’ai relevé le défi mais je suis tout de même obsédée": quel est le rapport entre le plaisir de la conquête et l'obsession?)
- d'autres mal découpées "Je décidai de faire quelque chose de ce cadavre, non pas que le remords m’ait saisie, cela n’aurait pas été crédible de toute façon. Mais cela m’était trop insupportable d’avoir agi juste pour pouvoir respirer le même air que Gala."
C'est du détail, j'en ai conscience, mais cela aurait pu rendre le texte très bon car, j'en viens au positif, ce texte a une force. Des personnages "entiers", l'espèce de détachement avec lequel est raconté l'histoire, l'impression que j'ai eu a à la fin de la lecture (quelque chose de très désagréable mais du coup réussi), tout ça me laisse à penser que s'il avait été un poil plus maitrisé, cette folie aurait pu être vraiment géniale.
Sinon, le lien entre les paragraphes et leur titre n'est pas toujours évident...
Je crois qu'il gagnerait à être travaillé encore un peu. Une lecture intéressante cependant.
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caillouq
4/12/2010
a aimé ce texte
Beaucoup
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Jchen :
En plus des références déjà évoquées par les précédents commentateurs, je vois un côté Brett Easton Ellis dans le premier paragraphe, mâtiné de Rita Mitsouko (mais où est Gérard ???). Après, ce sont plutôt l'ironie et la désinvolture (dans la manière de nous balancer une intrigue échevelée et, au fond, peu réaliste) de l'Echenoz des débuts qui dominent. Beaucoup apprécié ce texte. Etre pris dès le début dans un tourbillon de fantaisie, avec cette farandole de qui-baise-qui, n'avoir aucune idée sur ce qui va suivre dans deux lignes, découvrir les effets de la drogue de transparence, se régaler d'un ton différent – what else ? Bon, il y a effectivement quelques petites tournures de phrases que j'ai trouvées moins fluides que le reste (remisées à la fin), mais à part ça, cette lecture était un régal. L'auteur a très bien rendu, selon l'expression consacrée, la « fougue de la jeunesse ». Qui n'a pas croisé de Gala ? Qui n'a jamais été subjugué par l'inconséquence flamboyante d'une Héloïse ? A bientôt, j'espère, pour un nouveau texte.
(ah oui, j'allais oublier : le titre est vraiment très, très, mais alors très au-dessous de la nouvelle. Pour tout dire, c'est même lui qui m'a fait cliquer dessus alors que je n'avais pas du tout l'intention de m'attarder ce jour-là – juste pour vérifier que le texte était aussi peu terrible que le titre. Bon, oui, d'un autre côté, c'est efficace, puisque j'ai cliqué. Mais quand même, un titre pareil, aussi péniblement chuis-hyper-cool-vous-allez-voir, ça défigure et c'est dommage.)
Les autres détails: - « plus déjantés que talentueux » : dommage cette première phrase qui, dirait-on, vient d'un autre point de vue que la suite du paragraphe. - « cela n'aurait pas été crédible de toutes façons » : à la relecture, forcément plus analytique que la découverte ravie, je ne vois pas bien ce qui justifie cette incise ' « trouvons sa famille ! » je ne sais pas pourquoi, ça fait plof. Histoire de rythme, sûrement. - »Ce cadavre, ce reste d’homme, lui qui, étant vivant n’en était déjà plus vraiment un. » pb virgules + syntaxe - Cardamone ---> cardamome - « l’amour c’est comme la grippe » Bof, ça fait un peu collège … - « Elle était celle que j’aurais pu aimer. Celle avec qui j’aurais pu m’installer dans une histoire qui n’aurait pas été pastelle, qui aurait rebondi : une histoire chiante au possible qui ne m’aurait pas lassé. » Aaaargh. C'est quoi cette remontée de sentimentalisem dégoulinant ?! On dirait presque du Lolita Pille (survolé à la FNAC dans un souci purement scientifique). Heureusement que les deux phrases suivantes sauvent la fin – ç'aurait été dommage de se quitter comme ça.
Les + (extrait !) : - l'ironie de « Gala est, vit, se meut dans l’espace : cela lui prend déjà beaucoup de temps. » - « et un petit bout de Georges (je lui avais trouvé un nom, à force de dormir dans le même lit, même si ce n’est qu’un cadavre, ça crée des liens) sur l’oreiller. » :-) ' « Cependant l’art pour l’art était mort depuis longtemps, il fallait donc trouver un arrangement : l’expo se ferait à Paris. » :-))) - la musicalité des ponctuations de chaque chapitre/péché (jolie idée, effectivement) : pitoyable/ pathétique/ pathologique/ pathogène/ parodique/ palpitant
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monlokiana
28/7/2011
a aimé ce texte
Vraiment pas ↓
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Pas du tout aimé ce texte. D’abord, la présentation du texte avec ces longs paragraphes hermétiques et ce style, tantôt simple, tantôt lourd, tantôt complexe… J’ai plusieurs fois failli fuir ce récit. Le changement de narrateurs, l’agacement suprême. Ce texte a besoin d’aération : un peu de lignes sautés, de « à la ligne » ou d’alinéas, tout cela serait génial et inciterait un peu plus à la lecture. On a tendance à la négliger, mais la présentation d’un texte, c’est comme la présentation d’un bon plat. Mal c’est présenté, moins ça donne envie de manger. C’est la même chose. E le titre ? Soupir de désolation… Ce texte est d’un ennui profond… Mes excuses…
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