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Science-fiction
Jean-Claude : Et si l'humanité gagnait toujours ?
 Publié le 19/04/18  -  9 commentaires  -  18589 caractères  -  111 lectures    Autres textes du même auteur

Le temps est venu. Asha est engagée dans une ultime course dont dépend l'avenir de l'humanité. Vers l'Arche...


Et si l'humanité gagnait toujours ?


Selon le poème d'Atrahasis, le dieu Ea suggéra la création de l'homme.


* * *


Ainsi, la rumeur disait vrai. Ces damnés extinctionnistes, ou plutôt leurs « élus », ont réussi à altérer leur chimie corporelle au point d’exploser à volonté. Jusqu'ici, ils ne jouaient qu’aux oiseaux de mauvais augure et leurs démonstrations spectaculaires ne servaient que leur exaspérant prosélytisme.


Plissant le nez, Asha se remémore les événements auxquels elle vient d’assister. Après qu’un élu se soit jeté sur le sarcophage quatre pour exploser à son contact, ouvrant ainsi une brèche dans l’épais mur de béton, trois de ses coreligionnaires pénétrèrent dans le bâtiment jusqu'ici hermétiquement scellé. Peu de temps après, une immense déflagration secoua la périphérie du sarcophage et la barrière d’énergie intérieure vacilla.


La jeune femme regarde, au-delà de la barrière défaillante, le no man’s land encore inaccessible. Elle repère, bien qu’il soit à environ vingt kilomètres, la gigantesque silhouette du vaisseau spatial censé sauver un reliquat d’humanité en cas de déficience des quatre générateurs. L’arrêt d’un seul d’entre eux suffit apparemment pour rompre l’équilibre, comme l'avait prédit Assima, celle qui sait, guide du clan de la Nécessaire Fécondité.


Asha frémit. Entraînements et compétitions prennent maintenant tout leur sens. La barrière d’énergie intérieure va tomber d’ici peu de temps et, avec elle, le dôme extérieur qui protège la verdoyante Antarctique, dernier continent où la vie est encore possible. Bientôt, l’atmosphère toxique qui sévit sur la Terre envahira ce havre de paix. Et bientôt va commencer l’ultime course, celle qui sélectionnera le millier de sauvés qui embarqueront à bord de l’Arche.


Une main se pose sur l’épaule de la jeune femme qui sursaute mais se détend tout de suite. Shomari lui rappelle tendrement l’urgence de la situation. Elle détaille d’un œil clinique le corps du jeune homme, mince aux jambes longues et cependant musclé, sans pouvoir répondre au sourire qui se veut rassurant. Comme elle, il est taillé pour la course. Il est même l’un des rares hommes à pouvoir la suivre. Mais combien de femmes arriveront à l’astronef ? Seul le clan de la Nécessaire Fécondité a clairement privilégié les femmes, formant les hommes à les protéger. Pourquoi les autres clans ne se sont-ils pas rendu compte que, sans femme dans le vaisseau Arche, l’humanité disparaîtra ?


Asha opine au regard éloquent de Shomari. Le départ étant imminent, ils doivent rejoindre leur groupe, celui dirigé par Assima. Celle qui sait avait réussi à imposer une migration du clan vers le sarcophage quatre, à proximité de la plus grande concentration de membres de l’Église de la Dernière Heure, secte qui prône l’extinction finale de l’humanité pour permettre le Grand Reboot. Ainsi, le clan était aux premières loges quand ces fous de mort passèrent à l’action.


Le dernier acte violent connu des extinctionnistes avait provoqué le décès de Gilgamesh, le miraculeux extraterrestre, alors qu’il déjouait leur tentative d’attentat contre un générateur. Cette mort avait déclenché des années de persécution envers l’Église de la Dernière Heure qui avait failli disparaître. Cependant, n’étant pas un clan mais une gangrène se propageant au sein de chaque clan, cette secte s’était reconstruite sur l’oubli et avait établi son propre programme pour la course. Tous se demandaient pourquoi, puisque leur vœu le plus cher était la disparition de l’humanité. Désormais, il est clair, au vu du talent des élus, qu’il vaut mieux les empêcher d’atteindre le vaisseau Arche.


Gilgamesh. Quelques anciens se souviennent encore de son arrivée, ou plutôt de celle du gigantesque autobus volant et silencieux qui embarqua les survivants des rares îlots de vie non contaminés qui avaient échappé, temporairement, à l’atmosphère empoisonnée qui recouvrait continents et océans. Malgré le scaphandre que ne quittait jamais Gilgamesh, les rescapés lui firent confiance. Bien leur en prit. Un dôme recouvrait l’Antarctique, ou du moins une grande partie puisqu'il n’incluait aucune côte, évitant ainsi la pollution des mers mortes. Sous ce couvercle, dans un climat tempéré, les réfugiés trouvèrent des vergers et des champs déjà cultivés, mais aussi des villages et des outils agricoles manuels. Un miracle.


Le miraculeux extraterrestre n’évoqua jamais son monde d’origine, pas plus qu’il ne dit pourquoi il venait en aide aux humains, suspendant ainsi leur inévitable extinction. Les quatre générateurs fonctionnaient déjà lors de l’arrivée des premiers réfugiés, alimentant le dôme et la barrière intérieure. Cette dernière suscita de nombreuses interrogations. Cercle de vingt kilomètres de rayon, elle entourait une terre protégée de toute intrusion humaine. Gilgamesh parla du vaisseau Arche, entièrement automatisé, placé au centre de ce territoire pour, si les générateurs faiblissaient, donner une ultime chance à l’humanité. La barrière d’énergie, la distance la séparant de l’astronef et le principe même parurent étranges, mais Gilgamesh ne donna aucune explication, s’abritant derrière des règles qu’il devait respecter, sans pour autant en préciser la nature. Puis il n’en eut plus l’occasion.


Apparemment, l’Église de la Dernière Heure avait connu une génération spontanée. Un groupe d’activistes s’empara de l’autobus volant pour le précipiter sur un générateur. Usant de la pleine puissance des moteurs intégrés à sa combinaison, Gilgamesh percuta le véhicule qui explosa avant d’atteindre sa cible. Ensuite, en l’absence de guide et de toute technologie, ce petit monde s’organisa en clans, autant que « d’îlots de vie », ou presque. Mais tous avaient retenu que la barrière pouvait céder et qu’il faudrait courir vers l’astronef, très vite pour avoir une chance de monter à bord. Alors commencèrent les compétitions qui eurent au moins le mérite d’entretenir la paix.


Asha chasse ces pensées de son esprit alors qu’elle et Shomari arrivent au campement de la Nécessaire Fécondité. Les ayant repérés, Imani, la sœur d’Asha, visiblement rassurée, les invite à rejoindre leur groupe, grands gestes à l’appui. Tous sont déjà prêts. Il ne manquait qu’eux deux. Entre échanges de regards inquiets et accolades chaleureuses, les mots ne sont pas nécessaires pour partager la tension, les espoirs et, surtout, les peurs. Akil, l’intendant de l’équipe, tend aux deux arrivants ded petits boucliers ovales qui couvrent à peine l’avant-bras qui ne manie pas la lame, une ceinture avec une gourde et un coutelas plus court que la cuisse sur laquelle il sera fixé. L’équipement, sommaire et léger, a été réduit au strict minimum pour une course rapide, vingt kilomètres à parcourir en moins d’une heure.


— La barrière tombe !


La clameur, partie d’un cri à plusieurs voix, enfle rapidement. Tous se tournent vers le vaisseau Arche, gigantesque phare planté sur l’horizon pour attirer vers lui les naufragés d’une planète mourante.


Assima, celle qui sait, balaye du regard sa petite troupe en murmurant les noms des huit femmes et neuf hommes qui l’accompagnent : Asha, Subira, Nuru, Furaha, Imani, Nihahsah, Zuri, Chausiku et Akil, Amani, Shomari, Jahi, Mosi, Jelani, Jengo, Kibwe, Zuberi. Elle capte les yeux de chacun et n’a qu’à incliner la tête pour donner le signal. Il n’est plus temps de se préoccuper des autres groupes du clan, il faut éviter l'empêtrement du départ.


Le groupe court à peine cent mètres avant d’être bloqué par une foule compacte qui s’étire le long du périmètre qu’occupait la barrière, immobilisée par un obstacle invisible. Les hommes se placent en pointe de flèche pour pénétrer le ruban humain qui n’oppose aucune résistance à leur percée. Tout à coup, ils s’arrêtent et les femmes, portées par leur élan, les bousculent. Elles comprennent vite ce qui les a stoppés. Dessinant une ligne pointillée à la périphérie du cercle promis, des personnes, vêtues d’aubes à capuches noires, agitent de grandes faux, menaçant de découper qui s’aventurerait à traverser la frontière ainsi marquée. Les faucheurs !


Asha remercie intérieurement Assima qui, comprenant le rôle futur donné aux faucheurs par les extinctionnistes, a préparé le clan à l’affrontement, même si les hommes et femmes en noir ne maniaient alors que des faux factices lors de jeux qui s’apparentaient à des combats.


Celle qui sait évalue la situation. Les faucheurs ne sont pas assez nombreux pour retenir la foule qui hésite. Les pointes de flèche des hommes du clan ont émergé du ruban humain en expectative. La Nouvelle Fécondité sera en première ligne, il y aura donc des pertes, mais ce qui l’inquiète, ce sont les membres de l’Église de la Dernière Heure, reconnaissables par leurs tenues noires à tête de mort blanche, qui progressent seuls vers l’astronef. Assima s’empare du cor accroché à sa ceinture pour souffler dedans de tous ses poumons.


Le clan s’élance, chacun tirant son coutelas. Une clameur s’élève. Assima sourit. Les autres vont très vite suivre. Le contact est rude entre la pointe de flèche et les trois faucheurs sur son chemin. Ceux-ci ont juste le temps d’abattre leurs armes, mais les petits boucliers sont de piètres protections. Trois hommes s’effondrent, Zuberi bras tranché, Amani décapité et Jelani, qui s’est cru épargné lorsque la faux a glissé sur son bouclier, blessé au ventre par la lame dont la trajectoire a été déviée. Trois sacrifiés pour protéger l’avenir, la fécondité. Aussitôt, leurs camarades se ruent sur les caricatures de morts pour les poignarder.


Quelqu’un bouscule Asha. Elle identifie Nihahsah dans la femme maculée de sang qui tombe à sa droite puis un mouvement attire son attention, un faucheur levant son instrument pour la frapper. Elle brandit son frêle bouclier au-dessus de la tête, prête à bondir pour éviter la faux, mais cette dernière ne frappe pas. Le faucheur bascule en avant, un couteau planté dans le dos.


Asha cherche des yeux qui est intervenu et croise le regard de l’athlétique Nadejda, du clan de l’Ours, la seule femme en dehors de la Nécessaire Fécondité pouvant rivaliser avec elle. Après un fugace échange de sourires, Asha se met à courir pour rattraper son groupe qui, une fois la menace éliminée, ne l’a pas attendue. Le temps est trop précieux pour le gaspiller. Blessés et défunts doivent être abandonnés, les retardataires ignorés. Seule une pensée pour eux est possible. Le dôme a disparu et la pollution mortelle se rapproche au galop.


La jeune femme ahane pour récupérer de l’effort supplémentaire fourni pour rejoindre les siens, une course compliquée par les herbes hautes qui recouvrent l’immense prairie entourant l’astronef et qui, jusqu'ici, n’a jamais été foulée. Celle qui sait les a préparés à cela, pourtant la difficulté dépasse ce qu'Asha imaginait. Il faut lever haut les genoux et la végétation s’écrase sous les pieds, absorbant l’énergie du coureur, sans compter les herbes freinant la progression. Il faudra bien plus qu’une heure pour arriver au vaisseau Arche, sans pause possible sous peine d’être rattrapé par l’air empoisonné.


Assima, consciente du problème, fait ralentir le groupe pour lui faire adopter une cadence plus adaptée à la prairie. Asha reprend son souffle et en profite pour observer les concurrents. Les autres coureurs ont aussi baissé le rythme. La Nécessaire Fécondité est bien représentée en tête de course, si l’on excepte les extinctionnistes loin devant mais tout à fait rattrapables. Asha repère des membres du clan de l’Ours, essentiellement des hommes, menés par Nadejda et une autre femme qu’elle ne reconnaît pas. S’il n’y avait ce péril lancé à leur poursuite, elle aimerait cette confrontation fraternelle, dépourvue, pour l’instant, de toute agressivité.


Soudain, trois groupes les dépassent. Asha identifie dans le plus proche le clan de la Terre de feu, et s’attriste. Ces têtes brûlées, comme ils se surnomment eux-mêmes, vont s’exténuer et, épuisés, devront jeter l’éponge. Confirmant leur surnom stupide, ils accélèrent et reprennent rapidement du terrain aux extinctionnistes tout en distançant leurs adversaires. Asha hausse les épaules et cesse de s’intéresser à eux jusqu'à ce que retentissent deux explosions.


Le troisième groupe, statufié, semble en arrêt devant une proie. Les coureurs à portée de vision ralentissent. En approchant, Asha découvre un extinctionniste qui fait front à la douzaine d’individus immobilisés. Soudain, ceux-ci partent dans toutes les directions mais, avant qu’ils puissent s’éloigner, l’homme de l’Église de la Dernière Heure explose et le souffle les renverse tous, ne leur occasionnant probablement que des blessures mineures mais rédhibitoires dans les circonstances présentes. Personne ne prend le temps, si précieux, de leur venir en aide et nul ne s’attarde pour localiser les lointaines explosions dont l’écho leur parvient.


Avant que le groupe n’accélère, Assima distribue de nouvelles consignes. Les hommes prendront de l’avance, rideau défensif cent mètres devant les femmes. Ils rattraperont les extinctionnistes et, si possible, les mettront hors d’état d’exploser. Quelques minutes plus tard, Asha remarque que les autres groupes du clan, et même les autres clans, ont pris des dispositions similaires.


La course a déjà dévoré sa première heure. L’atmosphère du dehors n’a pas encore rejoint l’anneau de coureurs qui se resserre autour du vaisseau Arche, maintenant aussi imposant qu’un piton montagneux isolé en plaine. L’élite des clans, dont un fort contingent de la Nécessaire Fécondité, a lâché le gros du peloton. Seuls les premiers éviteront l’inévitable bataille rangée que provoquera le surnombre.


Plus aucun extinctionniste ne mène le train, ce qui étonne Asha. Certes, son clan et celui de l’Ours ont pourchassé ces fous de mort, au prix de douloureuses pertes dont Jengo et Mosi, mais quelques proies semblaient leur avoir échappé. Un extinctionniste, caché jusqu’ici par les herbes, se lève brusquement et fonce vers elle. Elle s’arrête, soudainement hébétée, comme pour fuir l’inéluctable. En état second, elle ne voit ni Shomari, son époux, qui se jette dans les jambes de l’ennemi et le renverse, ni Assima qui, s’estimant plus âgée et donc moins utile, se place entre elle et l’explosion, ni Imani, sa sœur, qui s’interpose.


Une gifle ramène Asha à la réalité.


— Tu n’as pas le temps ! lui crie Imani.


Pétrifiée, Asha dévisage sa sœur puis ses yeux s’égarent vers le cratère où se trouvaient auparavant Shomari et l'extinctionniste. Enfin, elle contemple celle qui sait, allongée, qui redressée sur un coude, la fixe si durement que ce regard cinglant la réveille.


— Toi non plus, Imani, répond-elle à sa sœur qui recule en boitant.


Celle-ci lui sourit.


— C’est fini pour moi, mais j’ai foi en toi, ne me déçois pas.


Se mordant la lèvre, Asha observe brièvement l’astronef pour se donner du cœur au ventre et s’élance sans se retourner. Elle n’a pas le temps, sauf pour quelques larmes. Portée par la foi de sa sœur, elle rattrape vite ceux de son clan qui mènent la course et, fugitive joie, Nadejda.


Imani, épuisée, s’assoit à côté d’Assima, qui, saignant peu mais brisée, est retombée sur le dos, et lui prend la main. Celle qui sait ferme les yeux, respirant sereinement l’air pur. Ce sera son dernier plaisir. Imani sent la main s’alourdir mais elle ne la lâche pas, comme pour retenir un passé heureux. Imani a les yeux rivés sur le vaisseau Arche. Tout en sachant qu’il est stupide d’imaginer que sa sœur sera derrière un hublot pour la voir lui faire signe, elle ne peut s’empêcher d’espérer que l’astronef s’envolera avant que la pollution terrestre ne l’asphyxie.


L’air commence à irriter la gorge et piquer le nez, prémisse des gaz toxiques à venir. Imani a calculé que les premiers coureurs doivent être à bord, convaincue qu'Asha, ses amis et de nombreux membres du clan en font partie. Elle regrette juste ne pas avoir l’opportunité de contempler le décollage. Une chaleur acide envahit déjà ses poumons. Mais Imani a foi en l’avenir de l’humanité. C’est tout ce qui compte.


Soudain, une série d’explosions retentissent. Horrifiée, Imani réalise ce que cela signifie. Des extinctionnistes ont dû arriver de l’autre côté et, peut-être, pénétrer dans le vaisseau Arche. C’est sur ces pensées qu’elle sombre dans une inconscience dont elle ne sortira plus. Elle ne voit pas l’astronef vaciller puis se renverser pour s’écraser dans un grand fracas de métal sur la foule de ceux qui n’ont pu embarquer, pas plus qu’elle ne voit l’atmosphère corrosive noyer peu à peu les survivants.


* * *


— Tu as encore gagné, Ea. Les humains sont incroyables.

— Pourtant, tu les as bien ralentis, Anu, en poussant aussi loin ton ingérence.

— Oui, admet l’interpellé. Mais je n’ai pas outrepassé le cadre de nos règles. Et d’ailleurs, tu as pondéré mon intervention, comme tu en avais le droit. Les limites imposées à Gilgamesh, la barrière intérieure et sa distance au vaisseau spatial, l’Église de la Dernière Heure…

— Ah ! non. Pour cette Église, ils n’ont pas eu besoin de moi. Quant à Gilgamesh… tu aurais pu choisir un autre nom.

— Un de tes tyrans antiques, j’ai trouvé cela divertissant.

— Les espèces que nous avons imaginées n’ont pas démérité, intervient une troisième voix. Elles sont presque à niveau. Il nous aura fallu plusieurs tentatives.

— Il est vrai que la partie était serrée, Enlil, rétorque Ea, mais vous avez encore des progrès à faire. Il ne suffit pas d’introduire un prophète ou un messie pour freiner les humains.

— Surtout si tu pondères par leur mise à mort.

— Certes, ironise Ea, mais le problème demeure.

— Ne veux-tu pas enfin changer d’espèce ? demande Enlil.

— Non. Je tiens la perle rare. Je la garde.

— Moi, je crois qu’on peut rejouer avec les mêmes, lance une quatrième voix.

— Voilà qui est plus optimiste, abonde Ea. Je suis d’accord avec toi, Ki, d’autant plus que ça nous permettra d’éviter les longs et ennuyeux préliminaires de la création.

— C’est juste, commente Anu.

— Je propose qu’on réinitialise au moment de l’émergence de nos espèces respectives, dit Ea qui attend l’assentiment des autres joueurs avant de reprendre. Et cette fois, j’accepte de supporter un handicap maximum.

— C’est-à-dire ? s’enquiert Ki.

— Je n’userai pas de mon droit à la pondération.

— C’est audacieux.

— Pas vraiment. Je connais bien les humains maintenant. Ils sont doués.


Nul ne commente et c’est d’un ton enjoué qu’Ea lance :


— Prêts pour une nouvelle course à l’extinction ?


 
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   SQUEEN   
29/3/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Bien aimé, très bien écrit. L'originalité n'est pas énorme, les hommes jouets d'extra-terrestre rejouant indéfiniment (peut-être) cette course pour sauver l'humanité ou, suivant le point de vue, course à l'extinction. Mais comme c'est bien écrit et sans incohérence, une fois que l'on a adhérer au principe, ça se lit avec plaisir. La planète bleue a encore de beaux jeux devant elle. Merci, SQUEEN

   Shepard   
19/4/2018
 a aimé ce texte 
Pas
Salut Jean-Claude,

J'ai lu ce texte deux fois, en CE et ici, c'était un peu plus évident la seconde fois mais pas complètement. Je m'explique... Donc le texte commence par une introduction qui présente concrètement l'univers dans lequel va se dérouler l'action, et succinctement comment nous en sommes arrivés là. Pourquoi pas. Personnellement je trouve ça dommage d'avoir à 'expliquer' autant plutôt que de le faire ressentir au travers du récit, mais dans le cadre d'un format réduit je peux comprendre, c'est quand même plus aisé. Mais jusque-là ça m'allait, j'étais curieux de voir ce qui allait se passer, à l'aube de cette fin du monde!

Donc je précise, tout ça c'est mon ressenti, je ne suis pas là pour diminuer l'effort d'écriture ou les intentions de l'auteur...

Bref, je me retrouve ensuite embourbé dans une course contre la montre franchement molle et pas très palpitante. Je pense en identifier les raisons :
- Le détachement des personnages. A aucun moment je n'ai vraiment ressenti la peur, la tension où le stress. Tout le monde est très zen. D'accord, ils se sont entrainés, mais quand un type se fait péter juste à côté de vous (avec la douche de débris dégueux qui va avec) ça doit quand même faire quelque chose... Les descriptions sont trop propres, trop pour mon immersion (c'est comme l'effet de compression sur la musique, je ne sais pas si ça vous parle...).
- L'autre raison est qu'au lieu de se concentrer sur la survie d'un personnage, l'attention passe de l'un à l'autre, voir d'un autre clan. Je pense que cela n'aide pas à dynamiser l'action. Un point de vue concentré aurait donné plus de tripes.

Vient la fin où l'on apprend qu'en fait tout ceci n'est que le jeu d'une bande d'aliens mégalos et sadiques. Ce n'est pas nouveau (dieux, aliens, jouant avec l'humanité) mais ça 'justifie' la 'mauvaise' fin où tout le monde meurt. Je comprends cette nécessité pour l'auteur et éventuellement lecteur, je ne suis pas assez sage pour savoir si cela est un bon procédé (je l'utilise aussi parfois, mais j'ai juste l'impression que c'est parce que je n'arrive pas à assumer le destin de mes personnages...).

Au final, un début qui m'avait l'air prometteur bien qu'un peu figé mais une action un peu trop lente, avec des personnages trop distants qui ne m'ont pas emballés (j'ai pas eu de pitié pour leur massacre...).

Pour l'écriture, solide bien qu'un peu confuse par moment (et je m'y connais =))). Exemple: l'embuscade du kamikaze, j'ai du relire 3 ou 4 fois le passage pour vraiment comprendre. D'ailleurs, donner 3 vies pour en sauver une, ça ne m'a pas semblé mathématiquement rentable au vu de la situation.
Le dialogue de fin aussi... Difficile de savoir qui dit quoi par moment, mais ce n'est pas si important...

Donc je n'ai pas été renversé par cette histoire difficile à lire (je me suis ennuyé, voilà, concrètement...). A vous lire sur autre chose sûrement !

   Jean-Claude   
19/4/2018

   Perle-Hingaud   
19/4/2018
 a aimé ce texte 
Bien
" Tu as encore gagné, Ea. Les humains sont incroyables." je n'ai pas compris cette phrase: les humains ont perdu, pourtant, non ? Le dialogue de fin me parait obscur, en fait, dans les détails, même si je comprends le sens général.

Sinon, l'écriture me va, le rythme aussi, l'histoire ne m'attire pas plus que ça -je ne suis pas dans une phase de lecture de SF - mais il y a du suspense.

Merci pour cette lecture !

   Pepito   
19/4/2018
Bonsoir Jean-Claude,

En voilà une kriture qu'elle est drôle.

Forme :
- "exploser à volonté " Boum ! Boum ! et re Boum ! J'imagine mal la reconstitution entre deux boum... ^^
- "barrière d’énergie intérieure" une barrière à l'intérieur ?
- "Grand Reboot" curieux anglicisme, histoire de course, un rapport avec Reebok ? ^^
- Un E.T. nommé "Gilgamesh", toute une épopée.
- "Le dernier acte violent connu " des années plus tôt... Curieux, pour des gars sensés exploser à volonté... ?
- "gigantesque autobus volant " un précurseur des cars Macron, je suppose. ^^
- "Malgré le scaphandre que ne quittait jamais Gilgamesh" mieux vaudrait le contraire... c'est plus prudent.
- "Un miracle. ... Le miraculeux extraterrestre " Sainte Bernadette bégaye. ;-)
- "Les pointes de flèche des hommes du clan ont émergé du ruban humain en expectative. " ki ka des arcs ?
- "des herbes hautes qui recouvrent l’immense prairie entourant l’astronef " elle est pas toxique l'atmosphère ?
- "les mettront hors d’état d’exploser" mdr, des démineurs du futur.

Fond : Tout le monde part pour un ch'ti marathon de 20 bornes dans une "atmosphère toxique". Dont acte. Juste que les faucheurs, avec leurs faux à réaction, arrivent avant. Mouhahahahaha !

Soit le vaisseau est dans l'atmosphère respirable, et on peut toujours l’atteindre. Soit il est en dehors et c'est impossible vue que la mosfère va plus vite qu'un homme à pied.

Et pour le final super original, on avait le choix entre un rêve et un jeu vidéo. C'est le jeu vidéo qu'à gagné !

Bonne continuation. ;-))

   Synoon   
19/4/2018
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonsoir !
Je n'ai compris qu'à la deuxième lecture le fait qu'il y avait deux bulles (une extérieure et une intérieure qui n'est pas qu'une couche intérieure de la bulle extérieure), et n'avais rien compris du dialogue de fin avant d'avoir lu le sujet sur le forum (l'histoire est celle d'une course en rapport avec l'extinction, du coup je croyais que gagner la course, c'était atteindre l'Arche sain et sauf... Bref).
Du coup, maintenant que j'ai compris, je trouve que la deuxième partie a vraiment peu à voir avec la première partie. La course et les extinctionnistes ne sont vraiment que la partie toute finale du jeu... Du coup, par rapport à la fin, toute la première partie est anecdotique.
Les Dieux (ce sont bien des Dieux et non des aliens ?) parlent aussi de plusieurs espèces... Où sont les autres ? Pourquoi parler de plusieurs espèces dans la deuxième partie si une seule intervient dans la première ? Ca a rendu les choses encore moins claire à mes yeux.

A part cela, j'ai apprécié la course, les sacrifices nécessaires, les hommes qui se font exploser de leur simple volonté, l'atmosphère en général et l'écriture.
Et le Créateur qui crée pour que ça se détruise, ça m'a plu :).

   Anonyme   
22/4/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,

j'ai beaucoup aimé l'idée principale révélée à la fin dont je n'en dirais pas plus pour ne pas spoiler. C'est très original et imaginatif, l'écriture est fluide, cohérente, ça se lit avec plaisir. Un bon moment.

   Anonyme   
22/4/2018
 a aimé ce texte 
Un peu
L'idée de base est bonne pourtant je n'ai jamais vraiment été capté par l'histoire qui se résume à une course désespérée. Même si celle-ci est bien traitée et comporte sa part de suspens, c'est un peu court pour retenir mon attention. Ça m'a fait penser à Hunger Games où l'on voit aussi des groupes armés de différentes façons, s'affronter.
J'ai également été déçu par ces extra-terrestres joueurs qui semblent beaucoup trop humains au vu de leur dialogue final. Il aurait fallu – pas évident je le reconnais – instaurer une distance, un caractère particulier dans leur manière de raisonner et de s'exprimer. Un trait qui les place au-dessus de la mêlée.

   Donaldo75   
27/4/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Jean-Claude,

La chute m'a surpris. Bravo !

La narration fait rentrer le lecteur dans l'action, même s'il faut être un fan de fantasy pour avaler autant d'éléments de contexte en même temps que la course elle-même. Dans le genre, c'est réussi.

Je ne suis habituellement pas un amateur éclairé de ce type d'histoire; pourtant j'ai lu ta nouvelle avec intérêt et suis resté accroché au destin des personnages jusqu'au bout.

Merci pour la lecture.

Donald


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