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Policier/Noir/Thriller
Jean-Claude : Le poulain [concours]
 Publié le 14/12/17  -  15 commentaires  -  7390 caractères  -  144 lectures    Autres textes du même auteur

Cette chanson cache un sombre polar.
La jument de Michao par Tri Yann
La jument de Michao - paroles


Le poulain [concours]


Ce texte est une participation au concours n°24 : Dix ans !

(informations sur ce concours).



Michao qu’il s’appelait mon paternel. J’ai dit « qu’il s’appelait » parce que, le vioque, il n’est plus là pour faire l’article.


Dans le milieu, mon vieux avait une réputation en béton. Le loup qu’on l’avait surnommé, rapport à sa hargne. Heureusement qu’il y avait son frangin, bien plus malin, pour veiller au grain. Ce n’était pas pour que dalle que Tonton avait été baptisé le renard. Ils ne bossaient qu’à deux, et seuls. Jamais ils ne se sont fait gauler pour un casse, ni pour quoi que ce soit d’ailleurs. Pourtant, il y en a eu des braquages, de quoi amasser un sacré pactole. Tonton et mon paternel se la jouaient discret. Jamais de tournée des bars. Ni coke, ni frime. Juste des éconocroques. Une petite routine bien huilée, voilà ce que vivait mon paternel entre deux casses. Oh ! Il fréquentait bien de temps en temps une greluche mais il la rembarrait avant qu’elle ne tape l’incruste. Jusqu’à Eva.


Il faut reconnaître qu’elle avait un joli minois, Eva. Je ne dis pas ça parce que c’est ma mère. Une superbe blonde aux yeux bleus, une beauté batave, sauf que… Elle faisait une tête de plus que le paternel qui pourtant n’était pas un nabot, et bien proportionnée en plus, donc large à décalquer un rugbyman. Elle avait beau être canon, elle était tellement balèze qu’on l’appelait la jument de Michao. Mais seulement derrière son dos car personne n’avait envie de se manger une mornifle à disloquer la mâchoire. Par contre, moi, dès que je suis né, on ne s’est pas privé de me faire chier avec le sobriquet de petit poulain. Et ça a duré jusqu'à ce que le poulain en question soit de taille à claquer le beignet aux emmerdeurs. Mais, dès mes quatorze piges, plus personne ne m’a cherché. Il se trouve que je tiens beaucoup de ma mère et que ça s’est vite vu.


Une histoire d’amour, des pépettes à ne plus savoir qu’en faire, un moutard qui grandissait… Tout aurait pu aller pour le mieux si ma mère n’avait été une tarée de cigale, genre flambeuse de compétition. C’était à croire que, dès qu’elle touchait un biffeton, celui-ci tombait en cendres. La jument en a cramé du pognon, dans tout un tas de conneries, de bijoux et de fringues. Elle a vu de plus en plus grand. Il y a eu la collection de bagnoles. Elle s’est dit qu’il me fallait un appart’, et pourquoi pas deux… Croyez-vous que le paternel réagissait ? Eh bien non. Comme Eva était à tomber, il ne mouftait pas. Pourtant, c’était une vraie hémorragie de flouze.


Il a fallu du temps, mais ce qui devait arriver arriva. Le pactole de mon paternel a fondu. Mais Eva avait de la ressource. Je ne l’ai su qu’après, pourtant c’était évident puisque lui aussi, à force, s’est ruiné. Tonton est passé à la casserole. Et cadeau par-ci, et cadeau par-là… Je n’ai pas bien compris mais le paternel fermait les yeux. Il avait sans doute trop peur de la perdre. Sauf que le renard, pas si rusé, s’est lui aussi retrouvé à poil.


C’est là que ça se gâte. Le loup et le renard ont multiplié les coups, ce qui ne suffisait pas à la jument qui s’est vite rendu compte qu’ils ne gardaient pas tout le fric pour eux. Eh oui, le loup et le renard bossaient pour un grand caïd et lui refilaient les trois quarts du butin. Un mec à la tronche de fouine, ce caïd, mais avec un regard qui vous découpe en lamelles. La belette régnait en maître absolu sur le milieu. Et, bien que nettement plus petit que moi, ce mec m’a flanqué les jetons la seule fois où je l’ai croisé.


Donc, comme les deux frangins ne palpaient pas assez à son goût, la jument a décidé de prendre les choses en main et de prélever sa dîme sur le grisbi. Enfin, la dîme, ça aurait été raisonnable. Futée, après leur retour d’un casse, elle attendait que Tonton et le paternel aient emballé les biffetons en colis à destination de la belette. Elle leur servait alors un plat spécialement mitonné, aussi bon que lourd à digérer. Elle chargeait les hommes de binouzes à la vodka, elle allait même jusqu'à payer de sa personne si ça ne suffisait pas. Le temps qu’ils récupèrent un appareil digestif en état de marche et une cervelle, ma mère se servait, sans modération, une taxe personnelle, avant de refaire proprement les pacsons, plus petits bien sûr. Mais voilà, ça ne pouvait pas durer longtemps. Il ne fallait pas prendre la belette pour un blaireau.


Le mec a débarqué chez nous avec des gros bras qui ont alpagué le paternel et Tonton pour leur faire cracher où ils avaient planqué le manque à gagner. J’étais là. Coup de bol, j’ai vu par la fenêtre de ma chambre qu’ils arrivaient et j’ai juste eu le temps de me terrer dans le placard. Et j’ai entendu les cris. J’ai entendu le loup, le renard et la belette. J’ai entendu le loup et le renard chanter qu’ils ne savaient rien de ce putain de fric. Finalement, Tonton a craqué. Il a dit qu’il n’avait pas le pèse qui avait disparu mais que c’était forcément la jument de Michao qui avait bouffé tout le blé. Et la belette en a fait tout un foin. J’ai entendu des coups, des cris, et puis plus rien. Je crois que le loup et le renard sont morts à ce moment-là. Ma mère a rappliqué, la gueule enfarinée. J’ai entendu son cri de surprise quand elle est tombée sur les mastards, puis son hurlement d’horreur quand elle a reluqué ses deux amants. Ensuite, il y a eu une méga baston avec d’autres cris. J’ai espéré qu’elle leur en foutait plein la gueule, mais le silence est vite retombé. Je ne me suis fait aucune illusion sur le sort d'Eva.


Je crois que j’ai pissé dans mon froc quand le placard s’est brusquement ouvert. Deux malabars m’ont tiré. Costaud, j’aurais facilement pu me libérer mais j’avais trop les flans. Le regard de la belette me pétrifiait. « Mais voilà le petit poulain », a-t-il dit. J’ai baissé les yeux. Je ne sais pas pourquoi, il m’a raconté ce qu’avait fait ma pétasse de mère qui menait par la queue mon connard de père et mon enculé d’oncle. Ce sont ses mots, pas les miens. Donc, tout ce monde-là l’avait enflé d’une quantité incroyable de thunes. Pendant son baratin, j’ai cru que j’allais finir ad patres. En général, un mec comme la belette ne se confie pas à un témoin qui va survivre à sa confession. Je suis sûr qu’il a pris son pied à me faire lanterner car il avait une idée bien tordue. Je ne me souviens pas quand on m’a assommé.


Quand je me suis réveillé, j’avais du sang partout sur moi. Mes mains me faisaient mal comme si j’avais tabassé un mur à coups de poing. Autour de moi, il y avait Tonton, mon vieux et… Maman. Ils étaient en sale état, canés, ça je n’en doutais pas. Et paf, les flics ont débarqué en force.


C’est la belette qui les a dessoudés, pas moi. Mais personne n’a cru mon histoire. Je dois admettre que la mise en scène était fortiche. J’étais le gosse qui, pris de rage, avait massacré sa famille. En plus, les juges, et même mon avocat, ont pensé que je racontais des craques pour sauver ma tronche. Les cons. Une crise de violence démente. La folie de la jeunesse déglinguée par les jeux vidéo. Voilà les gros titres qu’il y a eus. Et j’en passe. Je suis mineur, je n’en ai pris que pour dix ans. Mais, dans dix ans je m’en irai. Et ce sera la belette qui chantera. Promis Maman.


Oui, dans dix ans, je m’en irai.


 
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   plumette   
29/11/2017
 a aimé ce texte 
Pas
je n'ai pas accroché avec ce texte.

on dit souvent que les contraintes peuvent être fécondes.Ce texte me dit plutôt le contraire: je trouve qu'il y a une sorte d'enfermement dans la contrainte du concours qui a été interprétée comme devant "coller" à une chanson alors que l'essentiel aurait du se trouver dans l'évocation des "dix ans" sous une forme ou sous une autre.
Ici, l'auteur s'est contraint à reprendre la galerie " animale" et pour moi c'est artificiel.

De plus, je n'ai pas été convaincue par le ton employé. Le narrateur est un enfant ( en tout cas il est encore mineur) et je trouve que cela ne colle pas trop avec les explications qu'il donne ou plutôt avec le regard qu'il porte sur l'histoire de ses parents.

Cela n'a pas fonctionné pour moi, désolée

Plumette

   Bidis   
30/11/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↓
J'ai trouvé une sorte de déséquilibre dans cette nouvelle. On parle longuement des caractères des uns et des autres et ce n'est guère passionnant. Et quand, enfin, il y a de l'action, celle-ci se précipite. Et le texte n'est plus assez long pour devenir bien passionnant.

   Tadiou   
1/12/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
(Lu et commenté en EL)

Habilement raconté, bourré d’humour ; avec des clins d’œil fort judicieux et régalatoires à la chanson, que je connaissais, sans jamais avoir fait un tel rapprochement, avec un tel loup, un tel renard, une telle belette, un tel poulain. Belle imagination !

Style alerte, on fonce ; ça ressemble à une BD.

Donc je me suis régalé, malgré du vocabulaire qui n’est pas ma tasse de thé tous les jours :
« éconocroques » « taper l’incruste » «claquer le beignet » «binouzes à la vodka »

L’histoire n’est pas d’une folle originalité avec du suspense et des rebondissements, mais c’est une sorte de tourbillon qui m’a emporté quelques instants.

Merci donc et à vous relire.

Tadiou

   vb   
2/12/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,
Oui, le thème est respecté. Une belle chanson visiblement très connue mais que je ne connaissais pas, bien illustrée de manière très originale par cette nouvelle.
Cette histoire truculente et bien racontée ne m'a pas cependant pas captivé. Peut-être à cause de la langue argotique qui m'est pratiquement étrangère et que je trouve en général fort peu littéraire (surtout quand on l'utilise exclusivement comme ici). Peut-être aussi parce que cette histoire est racontée de manière tout à fait linéaire et que la psychologie des personnages n'est que brossée de manière fort succincte.
J'ai donc passé un bon moment à cette lecture même si je suis aussi un peu déçu.

   SQUEEN   
3/12/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Le style argotique n'est pas maîtrisé ce qui rend la lecture compliquée. Je ne suis absolument pas rentrée dans l'histoire, le parti-pris de détachement fonctionne on ne ressent aucune émotion. L'histoire est stéréotypée, utiliser les stéréotype du genre est une bonne chose encore faut-il pouvoir les revisités en jouer, les détourner... Rien de tout ça ici: du premier dégré, si c'est parodique il faut que ce le soit plus il me semble, si c'est humoristique pareil! Une fois écouté la chanson, j'ai compris l'intention et l'idée est bonne, mais à mon sens les défauts du texte reste. Merci pour le partage. SQUEEN

   fried   
14/12/2017
 a aimé ce texte 
Bien
j'ai lu et découvert avec amusement le long du texte les différents animaux de la chanson et le scénario qui respecte presque les parôles de la chanson.
Bon le texte c'est "la jument de michaud et son petit poulain ...ont mangés tout foin" je pinaille et bravo pour ce récit qui reste captivant.

   GillesP   
14/12/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Personnellement, j'ai vraiment accroché avec cette nouvelle. Le style, retranscription littéraire de l'argot typique des truands, ne m'a pas gêné, bien au contraire. Cette truculence dans le langage m'a fait penser à certains textes d'Audiard.

L'histoire m'a bien plu aussi, même si elle reprend les clichés du genre. Après avoir terminé ma lecture, j'ai pensé aux Poissons rouges de Daeninckx. Même si la fin est un peu différente, le narrateur étant dans votre texte réellement innocent.

Le sujet du concours, à présent: c'est là que j'ai une petite réserve. Si j'ai apprécié les clins d'œil à certaines paroles de la chanson, j'ai trouvé le lien avec le thème (dix ans) très ténu. Mais c'est un détail.

Bravo, merci, et au plaisir de vous relire.



PS: avis aux amateurs de ce que j'appelle l'argot littéraire: je viens de finir le premier roman d'un jeune écrivain qui se nomme David Lopez. Ça s'appelle Fief. J'ai adoré. Il parvient à faire claquer les mots, à les faire sonner, tout en donnant l'impression qu'il se contente de raconter l'histoire dans la langue de ceux qu'on a coutume de nommer, pour faire court, les jeunes de banlieue. Jubilatoire, ce roman!

   Thimul   
14/12/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai bien aimé cette histoire.
Le thème est respecté et la reprise animalière, pour moi ne fait pas artificielle. C'est une figure de style plutôt bien trouvée.
Mais c'est surtout le ton et le phrasé qui donne tout le sel et le rythme de cette nouvelle.
Un vrai plaisir de lecture et une fin comme je les aime : qui ouvre sur autre chose.
Merci et bonne chance.

   trevorReznik   
17/12/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Contrairement à certains autres textes du concours Dix ans que j'ai pu lire (et même apprécier), je trouve ici que les emprunts à la chanson sont extrêmement bien amenés et participent de l'histoire au lieu d'être un simple clin d'œil.
L'utilisation de l'argot fonctionne bien avec ces extraits, et donne une chouette saveur à l'ensemble. C'est court, la fin est réussie : merci pour la lecture.

   hersen   
17/12/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Histoire assez marrante; l'idée de détourner cette chanson populaire est bonne et apporte un petit air frais.
A part que la jument mange du foin dns la chanson, et non pas du blé, mais évidemment, il faut un peu huiler pour que ça marche...et ça marche bien;
Donc un petit moment sympa de lecture.
merci de cette lecture

   toc-art   
27/12/2017
Bonjour,

J'ai vraiment trouvé l'idée de cette petite pochade très sympathique. Il fallait y penser quand même ! Bien sûr, on n'est pas dans de la grande littérature, je ne pense pas que c'était la volonté de l'auteur, mais le tout fonctionne gentiment, on sent la jubilation de l'auteur à tirer le fil de son intrigue en fonction des paroles de la chanson et ça m'a amusé, je n'en demande pas plus. J'aurais été bien incapable d'imaginer une telle histoire en partant de cette chanson !

Merci d'avoir fait l'effort de participer au concours !

   Anonyme   
29/12/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,
C'est délirant à souhait, les personnages, le style, et puis les paroles de la chanson que l'on retrouve dans cette " farce". Une farce, oui, car vous avez dû vous réjouir à l'écrire, et à imaginer nos têtes la lisant.
Le style, qui se veut argotique, ne se relâche pas, et cela est déjà une performance. Les personnages sont crédibles, l'intrigue l'est également. La longueur du texte est juste ce qu'il faut, la chute est parfaite. Thème, chanson, tout est respecté.
Et puis les trois Jean, comme la cerise sur le gâteau, un far breton bien sûr.
Tri Yann que j'ai vu par deux fois en concert, il y a pas mal de temps, auraient sans doute apprécié, et puis pensé comme moi: ce poulain est bien le fils de leur célébrissime jument.
Bravo à vous, cher auteur(e), j'ai beaucoup aimé, et ri aussi.
Donc... à vous relire. Et bonne chance pour le concours.

   Donaldo75   
9/1/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Salut Jean-Claude,

Tu sembles t'être bien amusé à écrire ce récit. Et tu as eu raison, parce que certains passages, en particulier ceux qui font le plus allusion à cette chanson que j'ai tellement entendu à la radio, sont hilarants.

Allez savoir pourquoi !

L'histoire est picaresque, dans un parlé des années cinquante version polar de malfrats. Elle m'a également bien fait marrer. La fin est un peu moins relevée, dommage.

Je te sens en forme.

Merci pour les quelques crises de rire.

Donald

   Jean-Claude   
9/1/2018

   Anonyme   
9/2/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,
J'ai bien aimé cette nouvelle, son style et son humour. J'ai jeté un oeil sur les premières lignes et ai été vite happé par cette histoire. Merci, continuez !


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