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Jemabi : Abus de pouvoir
 Publié le 03/06/23  -  10 commentaires  -  13055 caractères  -  71 lectures    Autres textes du même auteur

Là où il y a pouvoir, il y a abus.


Abus de pouvoir


Je n'ai jamais été doué pour le dessin, et je ne sais pas pourquoi je m'étais mis à dessiner un bras jaillissant de l'eau avec la certitude d'être capable de donner à mon trait une certaine vérité. C'était un bras un peu spécial, à vrai dire, celui d'un homme emporté par le courant et qui tentait désespérément de se raccrocher à quelque chose. Après l'avoir réussi comme prévu, j'hésitais à rajouter au-dessus une branche providentielle qui lui eût certes permis de surnager mais risquait, en étant moins parfaite, de gâcher l'ensemble du dessin. Tout à mon indécision, je me délectais de penser que le sort d'un individu pût à ce point dépendre de ma volonté, et je me demandais ce que j'aurais fait si la situation avait été réelle.

Il faut croire que je m'ennuyais tellement, lors de cette première journée d'emploi administratif, que j'étais prêt à tout pour m'en évader par la rêverie. Certes, j'en étais à ma prise de fonctions, et il était normal que mon bureau fût encore vide de dossiers, mais mon esprit ne pouvait éternellement rester inoccupé.

Un collègue fit soudain son apparition et s'approcha de moi en ouvrant de grands yeux inquiets.


– Es-tu fou ? me dit-il d'une voix qui trahissait la peur d'être surpris en train de hausser le ton. Où as-tu trouvé ce papier et ce crayon, d'abord ? Ne crains-tu pas de te faire renvoyer le jour de ton arrivée ?

– Quoi ? lui répondis-je avec tout le calme que je désirais installer dans mes nouvelles relations. On ne va quand même pas me mettre à la porte parce que j'ai eu le malheur de dessiner un peu.


J'attirai son attention sur mon œuvre.


– Regarde ! dis-je avec fierté. Plutôt réussi pour un coup d'essai, non ?

– Je vois surtout que tu n'as pas reçu de formation.


Il vérifia par la porte entrouverte qu'aucune oreille indiscrète ne traînait, puis revint vers moi.


– C'est très mal vu ici de s'occuper, continua-t-il, cela veut dire qu'on s'ennuie. Or, la directrice déteste les employés peu enthousiastes au travail.

– Quel travail ? fis-je en perdant un calme peut-être trop forcé. Parlons-en, du travail ! C'est vrai que je m'ennuie. Regarde mon bureau : rien d'autre que ce dessin. Et mes tiroirs, ils sont vides. Si l'on m'a engagé pour n'être qu'un meuble dans le décor, qu'on me le dise !


D'un geste rapide, il me conseilla de baisser d'un ton.


– Si tu n'aimes pas cela, il ne fallait pas accepter la place. Ne t'a-t-on pas prévenu que ton travail, comme le nôtre d'ailleurs, consisterait à ne rien faire ? Tu peux venir jeter un œil sur nos bureaux, ils sont pareils, seulement on s'y est fait. On est payés pour se tourner les pouces, cela mérite bien quelques sacrifices.

– Quoi ? On n'a pas le droit de dessiner, juste pour passer le temps ?

– Rien, rien et rien, te dis-je ! Et gare à toi si tu souffles, tu encourrais un renvoi définitif. Crois-moi, il vaut mieux ne pas être trop exigeant en ces périodes de vaches maigres. Et quand arrive la paye à la fin du mois, on se dit qu'on aurait eu tort de se plaindre.

– Oh, je ne me plains pas, mais je ne me plais pas non plus.

– Au début, je me suis posé les mêmes questions. J'étais prêt à sortir les poubelles, histoire de dire que j'avais fait quelque chose. C'est moins déshonorant qu'on veut bien le croire, à partir du moment où l'on y met du cœur. J'avais juste oublié qu'il n'y a rien à jeter, ici. Et puis, tu vois, toujours présent au poste, aucun burn-out, et aucune intention de remettre ma démission.

– Mais les minutes n'en finissent pas de s'étirer avec une incroyable lenteur !

– Je sais.

– On n'a pas le droit d'user de son influence pour contraindre les gens à une absence totale d'occupation. Tu veux que je te dise comment s'appelle ce type de comportement, tu veux que je te le dise ?


Je saisis ma seule feuille de papier, celle de mon beau dessin, et écrivis en haut à droite en lettres capitales : ABUS DE POUVOIR.


– Très ressemblant ! fit mon collègue. Je dois retourner à mon bureau, maintenant, on a assez perdu de temps à discuter. Dans ce travail, le moindre retard ne pardonne pas, tu l'apprendras, parce qu'il y a quand même certaines choses qu'on apprend en travaillant ici. Allez, range vite ton dessin, ou donne-le-moi et j'irai le jeter.

– Désolé, j'y tiens trop.


Avant de partir, il s'empara de mon crayon et dessina une bulle autour de ce que je venais d'écrire, donnant ainsi la parole à mon noyé à la manière d'une bande dessinée.

C'était pourtant vrai que la directrice m'avait installé dans cette pièce en me recommandant « d'en faire le moins possible ». Sa phrase me revenait en mémoire, à présent. En général, les premiers jours d'une prise de fonction sont consacrés à faire connaissance avec les dossiers plutôt qu'à les étudier, c'est pourquoi je n'y avais guère prêté attention. J'étais loin de me douter qu'il s'agissait d'un ordre. Si encore c'était dans un but précis, au service de la communauté par exemple, je m'y serais plié de bonne grâce, mais qu'on n'aille pas me raconter que ce que je ne faisais pas relevait d'une tâche particulièrement délicate qui ne réclamait que mes compétences propres. Je me sentais inutile et l'on voulait me faire croire que j'étais indispensable. Un comble. Malgré ma volonté de faire mes preuves, j'en étais réduit à une passivité qui, du coup, rendait humiliant mon engagement dans l'entreprise. Rien qu'à l'idée de devoir passer huit heures de mes précieuses journées derrière un bureau vide, avec obligation absolue de ne rien faire, je fus pris de panique.

Afin d'affirmer mon désaccord devant de telles méthodes, je repris mon dessin là où je l'avais interrompu, me reconnaissant ainsi le droit d'être inactif uniquement lorsque cela me chante. Je me remis donc à tergiverser sur l'existence possible, quoiqu’improbable, d'une branche au-dessus du bras de mon noyé emporté par le courant. J'avais du mal à me prononcer, et au fond j'étais bien heureux de ne pas me trouver face à cette situation dans la réalité. Avant de sauver un inconnu de la noyade, j'aurais voulu me renseigner sur lui, être sûr de ne pas commettre d'erreur. Entre-temps, il aurait pu périr cent fois. Et puis j'aurais eu si peur d'être accusé ensuite d'avoir agi contre sa volonté d'en finir, que j'aurais d'abord voulu connaître ses réactions d'après sauvetage vis-à-vis de moi, ce qui est impossible. Qu'il est difficile de décider du destin d'autrui ! pensai-je en soupirant.

Plus je l'observais, lui et sa bulle, et plus il semblait reprendre à son compte la réflexion que m'avait inspirée le comportement de la directrice. Devant mon hésitation à l'arracher à une mort certaine, il prenait la parole et me disait sa révolte ; j'étais à mon tour accusé d'abus de pouvoir par la créature que j'avais créée. Quelle ingratitude ! Sans moi, il n'était rien, et s'il avait possédé un minimum de jugeote, il se serait rendu compte qu'il ne devait son semblant de vie qu'à l'exceptionnelle qualité de mon trait de crayon. Pour le faire taire, un seul moyen : effacer au plus vite cette bulle aussi encombrante que source de discordes. Décidément, pour une fois que mon collègue avait désobéi aux ordres et agi de son propre chef, il m'avait nui. Comme c'était à prévoir, il n'y avait dans mes tiroirs vides nulle trace de gomme. Qu'à cela ne tienne ! J'avais trouvé un prétexte pour bouger. Une bonne course jusqu'au papetier le plus proche allait m'aérer la tête et me permettre de réfléchir.

Et puis, alors que j'avais déjà enfilé mon manteau et que je m'apprêtais à sortir, mon collègue réapparut, ce qui stoppa mon élan.


– Es-tu fou ? me dit-il toujours aussi inquiet. On ne t'a pas prévenu que tu ne devais quitter ton bureau sous aucun prétexte ?

– Pourquoi ? lui répondis-je en tentant de paraître calme et déterminé. Ne rien faire ici ou ailleurs, c'est pareil.

– Sauf qu'on peut avoir besoin de toi à n'importe quel moment.

– D'accord mais pour faire quoi ?

– Ce que justement tu ne peux pas faire ailleurs.

– Dans ce cas, j'aimerais juste faire ailleurs ce que je ne peux pas faire ici. J'ai besoin de brûler quelques calories, tu comprends.

– Libre à toi, conclut-il. Néanmoins, je ne saurais trop te conseiller de peser le pour et le contre.


Il passa la tête dans l'entrebâillement de la porte, en direction du couloir, et m'invita à faire de même.


– Tu vois ce cerbère à casquette, là-bas ? me souffla-t-il à la manière d'un gamin comploteur.


Je penchai la tête à mon tour et aperçus au loin une espèce d'officier chargé de contrôler les entrées et les sorties à la manière d'un chien de garde. Son bureau était placé de telle manière qu'il bouchait la porte d'entrée ; toute personne désirant circuler dans un sens ou dans un autre avait par conséquent besoin de son assentiment. Son installation devait être récente, car je ne me souvenais pas de l'avoir vu lors de mon arrivée. Lui non plus ne faisait rien d'autre que d'être présent.


– Pour pouvoir sortir, ajouta mon acolyte en me ramenant à l'intérieur, tu devras lui faire miroiter une importance qu'il n'a pas, te forcer à être aimable, de surcroît répondre à d'éventuelles questions indiscrètes, subir ses quolibets toujours avec le sourire, tout cela dans l'espoir d'obtenir un bien improbable sésame qui sera ton autorisation de sortie provisoire. À ton avis, le jeu en vaut-il la chandelle ?

– Bon, ben… fis-je pour le moins embarrassé. Bon, tu veux que je te dise comment s'appelle ce genre de comportement ?

– Tu ne vas pas recommencer, hein… Et à propos, je tenais à m'excuser pour tout à l'heure.


Il me tendit son poing, l'ouvrit et fit apparaître une merveilleuse gomme neuve et colorée. Encore sous le coup de la surprise, je n'osais la saisir.


– Pour toi je l'ai fait, ajouta-t-il dans un fier soupir de soulagement. J'ai enfreint les règles et pris des risques. Prends-la, ça me fait plaisir.


C'était comme s'il m'offrait un trésor, et, en observant dans ma main impatiente les moindres recoins du petit objet, je ressentais de la fébrilité à l'idée d'en être le premier utilisateur, voire le seul. J'imaginais les peurs que mon collègue, pourtant si craintif, avait dû surmonter pour l'acquérir, et j'éprouvais maintenant pour lui une certaine gratitude et, oserais-je dire, de la sympathie. Il était vraiment prêt à tout pour m'empêcher de quitter cet endroit, y compris à lire dans mes pensées. La raison de ma sortie n'ayant plus lieu d'être, je me rassis à mon bureau, mon manteau encore sur le dos.


– Allez, on efface tout et on recommence ! lança mon collègue. C'est promis ?


Je me contentai de lui sourire de façon énigmatique pour qu'il me laissât seul, enfin. Il referma délicatement la porte derrière lui. Au fond, j'avais du mal à lui donner tort. Pourquoi cet acharnement à me faire remarquer dès le premier jour, alors que personne ne me connaissait et ne pouvait par conséquent reconnaître ma valeur ni le bien-fondé de mes positions ? S'opposer au règlement, que je continuais à trouver inacceptable, révélait certes un bel acte de courage, mais pour changer les choses, ou du moins essayer de les faire bouger, il me fallait d'abord m'imposer en tant qu'individu soucieux de l'intérêt de l'entreprise. Au lieu de cela, je brûlais les étapes et étais prêt à sacrifier une place enviable au nom d'un sacro-saint droit à la désobéissance. Vanité monumentale de bêtise, oui. Me revenaient en mémoire d'autres premiers jours où, dans des postes similaires, mes prises de fonction avaient été chaotiques en raison du trop grand nombre de tâches que l'on me réclamait. Ici, ce risque avait l'avantage d'être inexistant, et je trouvais le moyen de m'en plaindre.

La gomme à la main, j'observais mon dessin et hésitais à entreprendre un acte qui pouvait s'avérer définitif. Cette bulle intempestive et tout ce dilemme autour d'un hypothétique sauvetage en mer m'avaient préoccupé durant une bonne partie de la journée, réduisant au strict minimum mes capacités intellectuelles. Je sentais que ça n'allait pas s'arranger avec le temps. Dans sa prestation aux accents dramatiques, mon collègue avait su si bien me convaincre, que j'étais rentré dans le rang aussi vite que j'en étais sorti, et, loin d'imaginer un autre prétexte pour sortir, je m'habituais peu à peu à mon nouveau statut de « travailleur à ne rien faire ». Sans l'aide de personne, j'en vins à trouver une certaine logique qu'à une interdiction de dessiner succédât une interdiction d'effacer. Ce bras emporté par le courant, à qui l'on refusait la moindre petite branche, et sans états d'âme avec ça, semblait maintenant être le mien. Étrange retournement. Dès lors, je compris qu'il ne fallait toucher à rien. Tel quel, mon dessin se suffisait à lui-même, et tout ajout ou retrait risquait de lui faire perdre ce sens qu'il n'avait atteint que progressivement, par l'effet de l'inspiration autant que du hasard. Sa force, c'était que n'importe qui pouvait s'identifier à mon noyé et crier sa rage face au système qui l'écrase. À cette différence près que ce qu'il criait, je ne faisais que le penser, et encore pas trop fort.


 
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   jeanphi   
4/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
L'histoire est très bien racontée, mais elle manque de crédibilité, même pour une allégorie. Un bureaucrate sur qualifié inoccupé dans un ministère, très courant. Un bureaucrate redoutant le burn out par surplus ou par manque de travail, hyper courant. Un employé qui s'indigne de ses conditions de travail le jour même de son entrée en fonction, régulier. Mais quelqu'un qui est à ce point lâché : trop peu crédible pour me permettre de me rattacher serait-ce même à un récit allégorique. Il faut forcément que sa fonction justifie une présence passive, technicien de réseau ou autre, qui devrait être évoquée et le ramener à un semblant de raison.
C'est très bien écrit, mais j'y perçois trop peu de crédibilité pour apprécier ma lecture.
La choix de 'bulle' pour le mot phylactère est sans doute utilisé pour générer par analogie avec le mot 'gomme', l'image 'bulle de gomme' , représentant ainsi l'oisiveté à demi-mot.

   Asrya   
24/4/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Une idée intéressante.
Ne rien faire, un travail. Un travail qui n'est pas simple il faut l'avouer. Ne rien faire du tout, pendant des heures et des heures, des jours et des jours... il y a de quoi se tirer une balle et faire un burn-out en quelques semaines !
C'est bien pensé, c'est une belle proposition et cela donne à réfléchir. Une thématique qui ne peut donc que me plaire et emporter mon engouement.

Des bémols malgré tout, notamment sur la conduite narrative et sur l'intervention du personnage secondaire.
Si l'entame du récit avec de dessin et sa part de réflexion qu'il laisse apparaître est plus que plaisante, l'intrusion du collègue dans le bureau et le dialogue qui s'en suit me laisse perplexe. N'est-il pas en train de faire quelque chose ce collègue ? Lui qui n'a jamais vacillé pendant toutes ces années ? Ne se préoccupe-t-il pas du travail d'un autre et n'est-il pas en train de faire quelque chose ? Hum... cela ne ressemble pas à tant d'années de durs services dans l'entreprise !
Une incohérence à mon sens, qui évidemment sert la narration ; mais il aurait été plus cohérent de simplement faire se déplacer votre personnage dans un bureau voisin, et d'entamer une discussion pour une chose ou pour une autre.

"Abus de pouvoir", le choix du titre m'apparaît peu satisfaisant, tout comme son utilisation sur le dessin qui paraît peu spontané. Cela sent l'artificialisation du récit et c'est légèrement dommageable. Ceci-dit, c'est brillamment repris sur la fin et l'idée que votre personnage devienne à son tour l'artilleur de cet abus de pouvoir a un certain potentiel jouissif en terme de réflexion.
C'est donc une piste très pertinente, mais qui manque de subtilité à mon sens.

A nouveau, le fait que le collègue apporte une gomme à votre personnage principal me laisse dubitatif ; où se l'est-il procurée ? Pourquoi lui amène-t-il ? N'avait-il pas déjà fait suffisamment de choses hors du règlement ? (aller dans un autre bureau, discuter et mettre en garde un nouveau collègue, griffonner une bulle autour de "abus de pouvoir"...) Je n'arrive pas à être raccord avec la démarche narrative, et cela me navre car j'avais tant de plaisir à suivre l'idée que vous énonciez que cela rend mon approbation de votre texte plus délicate.

Emporté par les sentiments que votre intention me procure, je ne peux qu'apprécier. Ceci dit, alors que l'écriture est de qualité, je ne rejoins pas la démarche que vous avez choisie.

Merci pour le partage,
Au plaisir,
A.

(Lu et commenté en espace de lecture)

   Donaldo75   
3/5/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
J’ai vraiment aimé cette nouvelle. La situation décrite n’est évidemment pas réaliste – je le dis pour les commentateurs qui aiment le réalisme et pensent que sans ça point de salut – même pas dans une administration centrale ; elle est juste kafkaïenne. Et dans cet esprit, elle est très bien servie par cette narration à la première personne du singulier, par ces dialogues parfois ahurissants qui dans mon référentiel propre me semblent à des années-lumière de ma réalité. Et c’est là que réside la force de cette nouvelle ; elle éclaire un sujet d’une manière presque ubuesque, dans un univers qui tangente la caricature de l’entreprise ou de l’organisation du vingtième siècle ronronnant. J’imagine le narrateur dans un bureau de la SNCF, la Mairie de Paris ou la Sécurité Sociale en milieu des années quatre-vingt. Un sociologue de l’époque avait théorisé sur l’entreprise du troisième type, un peu comme une allusion au film de François Truffaut. Ici, c’est dans la quatrième dimension que je situerais l’entreprise et c’est ce que la narration aboutie réussit à exposer. Je ne débattrais pas du fond parce qu’il y a mille et unes opinions possibles sur le sujet et que ça me les brise d’office d'en parler ici mais je pense qu’il vaut le détour et qu’il n’est pas trahi ni par le style ni par le déroulement de la nouvelle. Et je ne vais pas chercher la petite bête pour minimiser un texte largement au-dessus de tout ce que j'ai lu ici depuis une semaine.

Bravo !

   Alfin   
30/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bravo à l'auteur.e d'avoir pu rendre tout le non-sens des budgets alloués et qu'il faut dépenser pour ne pas perdre de subsides l'année suivante !
A la façon de Terry Gilliam, cet journée ubuesque est très bien rendue.
L'écriture est claire !

Merci !

En EL

   cherbiacuespe   
3/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Un boulot bien payé ou l'on ne fait rien, je connaît une palanquée de copains qui en rêve.Côté écriture c'est assez simple, avec des mots justes et donc facile à lire, ce qui est appréciable.

J'adhère au parallèle constant, sans être une obsession, entre le noyé et l'employé qui sombre (déjà) dans l'ennui. Ceci dit, les entreprises ont parfois de curieuses façons de procéder ou des logiques qui échappent à l'entendement. Le fond, tracé d'un trait grossier, ne me surprend guère, finalement. Et avec l'arrivée de l'artificiel, mon instinct me dit que nous n'avons pas fini de rire...

   Disciplus   
4/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Style alerte menant à une lecture aisée et agréable
L'auteur(e) sait écrire. Les personnages restent abscons pour servir l'énigmatique non-travail de cette société.
Une entame originale et plaisante. Dialogues courts et directs (A éviter : - Quoi ? lui répondis-je...). La chute manque un peu de "peps".
Le sujet choisi amène inéluctablement à une réflexion du lecteur. Bien vu. Y-a-t'il un message, une situation vécue, une allégorie de la société de consommation, un vœu pieux...Intéressant.
Suggestion pour la cohérence, le collègue ne devrait pas se déplacer. Seul le personnage enfreint les règles qu'il ne connaît pas.
Œuvre bien travaillée et réussie.

   Vilmon   
4/6/2023
trouve l'écriture
convenable
et
n'aime pas
Désolé, je n'ai pas été charmé. D'abord par le titre qui, je trouve, ne représente pas le sujet central de l'histoire. L'absurdité ici n'est pas l'abus de pouvoir, mais plutôt qu'on exige de ne rien faire au travail et d'en être rémunéré. "Farniente forcé" aurait pu mieux représenté le récit. Une histoire linéaire sans vraiment de surprise originale. Une âme dévouée qui veut à tout prix de façon altruiste éviter les pépins à notre "héros" dans un monde centré sur sa propre performance et sa survie, ce qui ne colle pas. Peut-être s'il y avait une relation comme, par exemple, son parent ou son meilleur copain qu'il l'a introduit à ce travail, on aurait mieux sentit la dévotion de ce personnage de vouloir sauvé le héros. Je n'ai pas compris dans ce monde comment on pouvait punir un travailleur qui travaille au lieu de rien faire. On le renvoie chez lui à ne rien faire ? On le condamne au travail forcé ? Ce qui serait un peu l'objectif du héros. La logique est un peu défaillante et mal ficelée. Je ne vois pas non plus comment le dessin d'une personne engloutie par les flots colle à la réalité du héros alors qu'il est introduit au début du récit, avant même que le héros soit submergé par cette absurdité qui l'entoure et qui l'étouffe.

   Angieblue   
4/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
ça n'est pas la première nouvelle que je lis de vous, et je réalise que vous avez un vrai style. Des histoires qui se passent à huis clos dans un décor minimaliste, et qui tiennent en haleine en raison d'une certaine étrangeté, d'une tension psychologique.
Vous interrogez la condition humaine, l'utilité de chacun de nous dans cette société hiérarchisée.
J'ai apprécié votre nouvelle qui m'a captivée et angoissée. Elle reflète notre propre angoisse existentielle. C'est très fort symboliquement l'image de ce bras de noyé qui dépasse de l'eau comme un appel au secours. On aurait aimé qu'il se raccroche à quelque chose pour être sauvé, mais, en effet, nous ne sommes que des pantins soumis rêvant de liberté, mais n'ayant pas le courage de se révolter car ça serait en vain. On est obligé de fonctionner avec ce système qui nous écrase, sinon l'on deviendrait des sortes de paria.
En somme, un récit fin et intelligent qui angoisse et donne à réfléchir sur notre condition.

   Jemabi   
9/6/2023

   Cyrill   
24/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Jemabi,
J’arrive un peu après la bataille mais j’ai aussi le plaisir de relire plus attentivement cette histoire. Je l’ai bien aimé, le parallélisme fait entre le pouvoir de la direction qui contraint ses employés à ne rien faire et le pouvoir qu’a le dessinateur de sauver ou non l’homme de son dessin. De là à parler du pouvoir sur son desTin, il n’y a qu’une consonne de différence et je la substitue allègrement, parce que c’est la question qui est posée, en somme, dans ce récit assez kafkaïen et drôle à la fois. Les situations auxquelles le narrateur est confronté confinent à l’absurde et je me suis particulièrement régalé du dialogue qui débute par : « Es-tu fou... » : du Devos !
J’ai eu l’impression quelquefois ( au moment de la gomme : pourquoi ce collègue prendrait-il cette initiative ? ) que c’était à la limite du ‘trop’, peut-être parce que j’aurais aimé trouver une certaine logique dans cet absurde. Or il n’y en a pas et je dois accepter ce choix d’auteur si je veux continuer à me laisser guider.
La dernière partie ( les deux derniers paragraphes ) consacrée aux réflexions du narrateur soulève pas mal d’interrogations, tant à propos de l’administration où il n’est pas rare d’être confronté à l’absurde, qu’à propos plus largement du libre arbitre et du pouvoir que chaque individu détient sur son destin.
Merci pour la lecture.


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