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Fantastique/Merveilleux
Jemabi : Désorient-express
 Publié le 30/07/24  -  7 commentaires  -  13446 caractères  -  37 lectures    Autres textes du même auteur

Quand le train-train quotidien se met à dérailler.


Désorient-express


Qu'on l'admette ou le rejette, nous sommes des voyageurs immobiles coincés dans un espace-temps qu'on ne maîtrise pas et qui nous emporte à si vive allure qu'on doive parfois se tenir pour ne pas tomber. Les couloirs de nos maisons sont les wagons d'un train en perpétuel mouvement, nos chambres sont des compartiments douillets où l'on s'oublie plus que de raison. Sans horaires ni correspondances, les passagers apprennent le trajet au fur et à mesure qu'il se dévoile. Pour ce qui est de la destination finale, tous la devinent et la redoutent. Occasionnellement, une vibration envahit les murs, et il suffit d’y poser les mains pour sentir comme ça bouge. Plus rarement, ce qui n'aurait pas dû dépasser le stade d'une impression se transforme pour d'obscures raisons en malaise, obsession, phobie.

Jeanne et Julien. Un couple moins ordinaire qu'il n'y paraît. Comment pourraient-ils se douter qu'ils dînent ensemble pour la dernière fois ? D'ici demain, leur destin va basculer. Mais pour l'instant, Julien se sent soulagé. Les questions qu'il redoutait depuis le début du dîner n'ont pas eu lieu. C'était sans compter le regard inquisiteur de Jeanne, qu'il sent se poser sur lui peu avant le dessert, au moment où il pensait son calvaire terminé. L'observer. À croire qu'elle ne sait faire que cela, le tout agrémenté de la question fatidique :


– Qu'est-ce qui ne va pas ?


Il fait semblant de ne pas comprendre. Si au moins elle pouvait se lever et y aller elle-même, à la cuisine, cela mettrait fin à une discussion qui n'a pas encore commencé mais dont il craint déjà les conclusions.


– S'il y a quelque chose qui ne va pas, tu peux m'en parler, insiste-t-elle.

– Rien, je t'assure.

– Alors pourquoi tu ne bouges pas ? Je suis fatiguée après une journée de travail, je te demande d'aller chercher le plateau à fromages dans la cuisine, et toi… Il n'y a pourtant rien d'extraordinaire à ça.

– Tu peux le faire ? coupe Julien. S'il te plaît !

– Bien sûr que je peux le faire.

– Ça m'arrangerait.

– Ça t'arrangerait, hein ?


Brusquement, elle se lève. Peu impressionné, Julien lui tend son assiette vide accompagnée d'un remerciement à peine audible. Quand elle passe derrière lui d'un pas décidé, il ne peut s'empêcher de la mettre en garde :


– À tes risques et périls !

– Très drôle.


Seul, enfin seul, il respire.

Sans savoir précisément ce qu'il attend, il tend l'oreille, à l'affût. Rien ne vient. Visiblement, sa femme ne ressent pas les mêmes choses que lui. Certain qu'il faudra bientôt fournir des explications, il fait le tour de tous les prétextes possibles à sa couardise et n'en trouve aucun. Jeanne ne lui en laisse d'ailleurs pas le temps, elle revient les bras chargés et pose le plateau à fromages sur la table. Il se précipite dessus, avant qu'elle ne le relance sur son comportement.


– Pas sympa, tout ça, entend-il juste.


Mais il n'écoute plus, il se contente de jouer à la perfection le gros appétit et, tout en jouant ce rôle, il songe qu'il lui faudra désormais surjouer en permanence pour dissimuler sa tragédie intérieure. Perdu dans ses pensées, il se rappelle son rêve de bâtir un nid douillet où pouvoir vivre heureux auprès d'une épouse attentionnée, avec l'espoir que la famille s'agrandisse. Il se revoit lors de la première visite de cet appartement, en tombant amoureux dès le premier jour et signant le contrat peu après. Enfin son rêve allait se réaliser. Ce qui l'avait emballé, c'était la disposition des pièces, toutes reliées par un long couloir, ce même couloir qui lui fait si peur à présent. Il s'était inventé une belle histoire avec sa femme pour héroïne, formant avec elle un couple uni prêt à construire un avenir rassurant, et voici qu'un simple couloir s'était mis en travers de cette romance trop parfaite.

À la fin du repas, il lui faudra pourtant le franchir, ce satané couloir. Première chose : continuer à faire comme si de rien n'était. Deuxième chose : le traverser le plus vite possible, en allant directement dans la chambre à coucher, sans passer par la salle de bains. Quant aux toilettes, situées en face de la chambre, il pourrait par la suite prendre son élan et sauter toute la largeur du couloir pour les atteindre sans poser pied à terre. Pas gagné mais faisable ! Et les jours suivants ? Après une nuit de répit, la même torture allait recommencer. Mentir allait devenir son lot quotidien, et son comportement durant le repas était bien la preuve qu'il avait intégré la dissimulation au plus profond de son être. Jusqu'à quand pourrait-il tenir ? Déménager lui était un moment apparu comme une solution, mais surtout une illusion car tous les appartements possèdent des couloirs. Même si leur longueur varie, ils ne servent en vérité qu'à se sentir étranger chez soi. Si au moins les murs pouvaient se rapprocher, se dit-il, toutes les pièces de la maison seraient à ma portée sans que j'aie à me déplacer. Et tout en se faisant cette réflexion, il la trouve aberrante, bien conscient que son cerveau continue de divaguer et que le mal dont il souffre, nul ne peut l'en guérir.


– Tu parles tout seul, maintenant ?


Il croise de nouveau le regard de sa femme et s'immobilise sans avoir la tranquillité d'avaler sa bouchée.


– Tu es tendu depuis quelque temps. On dirait que tu as peur.

– Peur ? balbutie Julien. De quoi ?

– J'en sais rien. D'aller dans la cuisine. Ou de traverser le couloir.

– Quelle idée !

– En tout cas, tu fais tout pour ne plus sortir de cette pièce, j'en conclus que tu as en toi cette espèce de peur enfantine.


Le temps d’avaler sa bouchée, il fait non de la tête.


– Alors vas-y ! conclut Jeanne.


Plus question d'esquiver ce moment tant redouté. Julien doit s'exécuter. Il se lève, lentement, puis se dirige vers sa tragédie comme on va au bûcher, tentant néanmoins d'avoir l'air naturel. Avant de se lancer, il tourne la tête vers sa femme avec l'impression de la voir pour la dernière fois.

À peine a-t-il posé le pied dans le couloir que la machine vrombissante logée au creux de son intérieur se remet en marche. La vibration monte le long de ses jambes, accède sans mal à son buste et finit par accaparer son corps en entier, l'emportant malgré lui tel un voyageur coincé dans le compartiment d'un train imaginaire. Sous ses pas, le sol n'en finit pas de bouger, soumis au bon vouloir d'une locomotive qu'il sait absente mais dont le vacarme mobilise jusqu'à ses deux oreilles. Tout à sa volonté de paraître calme, il en oublie de se dépêcher et, à force de lambiner, perd l'équilibre et se retient aux murs, là où ça bouge le plus. Il se précipite alors vers la chambre, son ultime refuge.

Le pire étant passé, il peut reprendre son souffle et s'asseoir sur le lit.

Après un instant, Jeanne réapparaît.


– Tu vois ! fait-il, bravache.

– Je vois ! se contente de répondre sa femme avant de s'éloigner, les deux pieds posés sur un plancher objectivement stable.


Peu lui importe la réaction de Jeanne. L'important n'est-il pas d'avoir réussi son challenge, de l'avoir accompli sans dommages sur sa santé ? Apaisé, il peut maintenant s'allonger sur le lit, se glisser sous la chaude couverture et tenter de se persuader qu'il vit un mauvais rêve. Il sait pertinemment que ce n'en est pas un, mais il a besoin de le penser pour réussir à s'endormir. Que paie-t-il, au juste ? Car il ne fait aucun doute qu'un sombre diablotin s'est emparé de son cerveau pour mieux anéantir en lui tout sens du raisonnable, lui facturant à bon compte la somme de ses erreurs de jeunesse.


Pauvre Julien. Il ne connaîtra plus de jours heureux, pas même ces petits moments de bonheur simples mais réconfortants.

Au beau milieu de ce qui allait être sa dernière nuit, une envie pressante le réveille. Il ouvre les yeux et rassemble son courage pour se lever. Le réveil affiche 3 heures pile. Près de lui, Jeanne dort paisiblement. Il la regarde avec affection et la plaint en son for intérieur d'avoir épousé un malade.

Une fois debout, il n'oublie pas la stratégie du grand pas afin de franchir le couloir sans y poser pied à terre et accéder directement aux toilettes. Il met le peu d'énergie qu'il possède dans cet acte de dément dont heureusement personne n'est témoin. Au moment d'actionner la poignée des WC, il s'aperçoit que c'est fermé. Comment Jeanne s'est-elle débrouillée pour tout dérégler ? pense-t-il d'abord. Le loquet se trouve pourtant à l'intérieur et elle est en train de dormir. C'est à n'y rien comprendre. À moins que ce lieu ne soit déjà occupé par quelqu'un. Il croit un instant ne pas être bien réveillé et se demande si le rêve de la nuit n'est pas venu percuter sa réalité la plus banale. Après réflexion, il y a peut-être là un début d'explication à tous ces bruits qu'il entend depuis des jours et qui semblent provenir de cet endroit précis. Il en est sûr désormais : des inconnus se servent de ses toilettes comme de toilettes publiques. Ce sentiment que tout l'appartement lui échappe n'est pas nouveau. Le voilà devenu étranger dans sa propre maison, au sein d'un monde qu'il s'est pourtant astreint à construire, et ces actes qu'il accomplit depuis peu, il les aurait trouvés absurdes en d'autres circonstances.

Pris par surprise, il s'aperçoit trop tard avoir mis pied à terre, et le mouvement infernal a repris sous lui. Ça se remet à vibrer jusqu'au sommet de son crâne, avec encore cette impression de filer à toute allure tout en étant bien conscient de faire du surplace. Le couloir se présente face à lui. Non, ce n'est plus le couloir, c'est un tunnel si long qu'il semble s'étendre à l'infini. Une lumière lointaine, inatteignable, perce l'obscurité et s'éloigne au fur et à mesure que Julien avance vers elle, attiré au point de prendre le risque de s'y brûler. En même temps qu'il devient une locomotive fonçant vers cette lumière, Julien sent les murs du tunnel l'envelopper comme s'ils le prenaient dans leurs bras. Nonobstant l'agréable impression d'être entouré et compris, il n'oublie pas de forcer sur cette maudite poignée afin d'ouvrir la porte toujours close mais, à peine réussit-il à l'ouvrir qu'il se retrouve devant une autre porte, laquelle donne sur une nouvelle porte, et ainsi de suite jusqu'à ce qu'enfin l'une d'elles débouche sur sa chambre à coucher. Non, ce n'est plus sa chambre qu'il a devant les yeux, du moins pas celle qu'il connaît. Il s'agit d'un wagon-couchette dans lequel Jeanne dort sur l'un des lits superposés, tandis que défile à travers la vitre un paysage nocturne. Remontant son pantalon de pyjama, qui a tendance à tomber, il se rend compte que le sol vibre aussi ici, ce qui est dans un sens normal puisque toute la pièce s'est changée en un compartiment qu'un train fantôme emporte vers une destination inconnue. Tous les éléments lui échappent à présent et il ne sert à rien de lutter pour qu'un minimum de rationalité demeure malgré tout. Il en prend son parti, subissant les événements et attendant une hypothétique entrée en gare.


– Encore une nuit de gâchée, pense-t-il simplement.


À son réveil, Jeanne ne trouve pas Julien endormi près d'elle dans le lit. Il est si étrange en ce moment qu'elle s'en étonne à peine. Elle repense au comportement de son mari et décide d'avoir enfin, aujourd'hui dimanche, l'explication tant attendue, tant de fois repoussée mais qu'ils ne pourront éviter éternellement. Elle culpabilise un peu de l'avoir délaissé dans ce moment difficile. Il est grand temps de renouer contact. Par une étrange coïncidence, la sonnette retentit au moment où elle s'accuse de n'avoir pas su mettre Julien en confiance pour qu'enfin il lui dévoile les problèmes qui le hantent. En ce dimanche matin, ils n'attendent personne. Après avoir ajusté sa combinaison, elle va ouvrir. Par l'œilleton, elle reconnaît l'uniforme des policiers. Ils sont venus lui annoncer qu'un corps, que des voisins ont identifié comme étant celui de son mari, s'est écrasé sur le trottoir après avoir sauté par la fenêtre. Tout porte à croire qu'il s'agit d'un suicide.

Encore chancelante sous l'effet de l'annonce, Jeanne se souvient tout à coup de son rêve de la nuit. D'abord des flashs, une porte, une poignée, une main, puis des plans larges qu'il lui faut remettre dans l’ordre, retenir de peur qu'ils ne s'échappent à la manière de ballons qu'on lâche inopinément et qui ne reviendront pas. Dans ce rêve, une gare tient lieu de décor. Un train arrive, ralentit, puis finit par s'arrêter. À l'intérieur d'un wagon, Julien se démène. Que tente-t-il de faire ? Pourquoi cette agitation ? C'est encore flou. Les policiers la soutiennent, Jeanne se débat. Elle ne veut pas de leur sollicitude. Elle veut retourner dans le train, entrer plus intensément en elle pour comprendre la situation. L'image de Julien lui revient, quoique de façon saccadée. La porte, c'est celle du wagon, la poignée, c'est celle de la porte, et la main, celle de Julien. Il l'actionne, il ne cesse de l'actionner, mais la porte du wagon reste close. Soudain, afin de fuir un enfer difficile à cerner, il finit par se précipiter vers la fenêtre pour sauter sur le quai. Cela fait plusieurs fois qu'il entre en gare sans le vouloir, que ces rails lui tracent une route avant même qu'il n'ait le loisir de l'emprunter, venant hanter ses jours et ses nuits sans lui donner la possibilité d'actionner une quelconque alarme. Conduit par une force surnaturelle désirant le sauver d'un danger, il vient enfin de trouver le moyen de s'en sortir.


 
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   Cox   
16/7/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour

J'ai pris du plaisir à parcourir ce texte assez kafkaïen qui explore une psychose du quotidien et nous place avec expressivité dans un esprit malade de plus en plus dévoré par ses hallucinations.
J'aime le fait que le personnage reste essentiellement rationnel dans ses réactions (il sait que tout cela n'est pas vrai, il tente encore de faire bonne figure, il analyse son obsession correctement...). Le décalage que ça crée avec sa folie apporte une touche tragique au tableau.
La froideur et la banalité des échanges avec sa femme viennent renforcer cette ambiance glaçante ou tout paraît enlisé dans une ambiance morte et oppressante.

Y'a-t-il une portée symbolique à son délire? Julien angoisse-t-il de sentir le train de sa vie en mouvement constant, sans jamais pouvoir le ralentir? Craint-il d'avoir raté les gares où il aurait dû s'arrêter, lui qui se retrouve dans un mariqge qui ne lui correspond peut-être pas? Est-ce qu'il a perdu le contrôle de sa vie dans ce train fou lancé à tout allure, qui laisse son propre foyer se faire envahir de voyageurs inconnus? Ou craint-il la lumière au bout du tunnel, cette destination finale à laquelle sa psychose le destine? Je ne sais pas, je pense que j'extrapole... En tout cas cet aspect n'est pas fortement exploité dans le texte, mais le symbolisme peut suffire à soulever ces questions.

J'ai également apprécié le mélange des points de vue de Jeanne et Julien à la fin. J'y lis une annonce d'un cercle vicieux: la folie de Julien est contagieuse, elle a atteint Jeanne jusque dans ses rêves et va peut-être ronger son esprit comme celui de son mari? Peut-être est-ce la maison elle-même qui a cet effet pervers sur ses habitants? En tout cas un final qui m'a paru intéressant parce qu'il s'ouvre sur des possibilités.

Merci pour cette lecture!

   Perle-Hingaud   
16/7/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour,
J'ai apprécié ma lecture. C'est une bonne histoire, bien écrite et avec une mise en scène intéressante du drame, mais j'ai trouvé la fin un peu en dessous. Pourquoi ce sentiment ? Le passage du point de vue focalisé sur Jeanne, peut-être ? il y a un désaccord entre les faits que l'auteur décrit (elle chancèle, se débat...) et l'analyse qui semble froide et rationnelle dans la dernière phrase, qui n'est peut-être plus du même point de vue, ceci dit. Ou alors je n'ai pas compris.
Ce n'est qu'un détail, le récit est bien maîtrisé et divertissant. Merci pour cette lecture !

   Cyrill   
16/7/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Savoureux titre et incipit qui prennent tout leur sens dans le développement de l'histoire. Les passages descriptifs de l'angoisse sont excellents je trouve. Le texte est étonnant car il commence par des considérations exposées sur un ton assez posé, on continue avec une scène de la vie conjugale ( le train-train, oui), puis ça dérape - déraille devrais-je dire – allègrement dans la panique que les divers mouvements et bruits du train figurent très bien, et sa symbolique existentielle m’apparaît excellemment exploitée.
Un bémol pour le dernier paragraphe où le point de vue de Jeanne semble s'emmêler avec celui de Julien. Fait-exprès ? ... Après relecture je suis finalement convaincu par cette contagion hallucinatoire, comme une rencontre de deux esprits en proie à des tourments ontologiques jusqu'à leur paroxysme. La vie, quoi !
l'image du pantalon de pyjama qui tombe n'est pas très opportune dans le contexte, LOL !
Je chipote, d'accord ;-)
Bravo et merci pour la lecture.

   jeanphi   
30/7/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour,

Je discerne pour ma part dans cette nouvelles plusieurs petites ombres au tableau qui viennent m'empêcher de l'apprécier à sa juste valeur, la plupart de ces points relèvent de ma subjectivité propre.
D'un bout à l'autre du récit, je m'interroge sur sa raison d'être. Les deux personnages me paraissent un brin impersonnels, l'ensemble très factuel ne réserve aucune place au débordement des émotions. Les explications quant à la condition du personnage suicidé arrive un peu inopinément, dispersées tout au long du récit, sans pour autant que cette mise en forme donne l'impression de participer de façon précise à la direction donnée au récit.
Des explications s'ajoutent à la conclusion dans lesquels nous apprenons une série de détails, détails qui ne donnent pas davantage d'indications sur le traitement choisit par l'auteur (Pathos ? Absurde ? Fait divers ? Acte manqué ? Message de sensibilisation romancé ?..)
Et enfin, cela est tout à fait personnel, je regrette qu'une histoire contenant finalement fort peu d'éléments de fiction, ou du moins, peu de rebondissements dans le scénario, amène le lecteur à un tel constat de tristesse et d'impuissance.
Excusez-moi si je suis fort dur dans mon jugement, c'est aussi que je sais l'auteur capable de me passionner, alors qu'ici je reste un peu sur ma faim...

   Jemabi   
3/8/2024

   Cleamolettre   
4/8/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Bonjour,

Je suis restée un peu dehors de cette nouvelle, peut-être un ton un peu trop clinique ou sage, pour parler de folie, ou bien un manque de surprise ou de suspens, puisque le décès du personnage est annoncé dès le début, début qui m'a empêchée d'entrer directement dans l'histoire de ces personnages et d'être en empathie avec eux, un défaut d'émotions provoquées en somme, pour ma part du moins.

Mais je commente quand même pour deux raisons (positives) : l'écriture, agréable et fluide, le tout se lit bien et plaisamment. Et puis l'originalité finale : la contagion de la folie. Voilà sans doute ce que j'aurai aimé voir plus développé, je trouve l'idée forte, qu'on puisse partager sa folie dans un couple, comme son amour ou sa routine finalement. Ou bien carrément faire monter d'un cran le surnaturel : non plus une contagion, mais bel et bien le lieu qui est possédé et absorbe les esprits humains sains.

Peut-être que pour plus d'effet surprise, j'aurai aimé commencer de suite par les dialogues, voir plus vite la folie de Julien, qu'il a déjà sombré mais préserve les apparences, par lucidité, sans remarquer que Jeanne est déjà un peu atteinte. Et puis quand ça s'emballe pour lui, peut-être une narration un peu plus désordonnée, avec un autre rythme pour me faire ressentir son angoisse, sa maladie, me mettre dans sa peau, et enfin une Jeanne déjà atteinte qui n'arrive pas à aller ouvrir la porte, comme si en mourant, il lui avait transmis le mal.

Mais ce n'est que mon humble avis plus en accord avec mes gouts personnels de lecture.

   MarieL   
14/10/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Un récit impressionnant et très bien mené, le lecteur est emporté par ce train infernal qui finit pas anéantir le personnage principal.

La tension monte peu à peu et la diversité des plans est maîtrisée superbement : un portrait cubiste dans le style de Picasso, maître dans l'art des dimensions multiples du réel.

La vie dans tous ses états (de concience) et toutes ses strates.

C'est du grand art.


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