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Sentimental/Romanesque
Jemabi : Un soir de 14 juillet
 Publié le 25/02/23  -  7 commentaires  -  10339 caractères  -  52 lectures    Autres textes du même auteur

Un soir de 14 juillet, quand on travaille dans l'hôtellerie, est un soir comme les autres. Enfin, en principe…


Un soir de 14 juillet


– Service ! annonçai-je après avoir tapé à la porte.


En attendant la permission d'entrer, j'avais déjà toutes les informations nécessaires sur le couple de Brésiliens qui occupait la suite située au 8e et dernier étage du palace dans lequel je travaillais pendant l'été. Ces clients avaient réservé un forfait romance et ne désiraient être dérangés sous aucun prétexte. Je devais donc déposer avec discrétion la commande et repartir.

Dès qu'un « entrez ! » se fit entendre, j'ouvris délicatement la porte et commençai à pousser le plateau à roulettes sur lequel se trouvait la bouteille de champagne accompagnée de ses deux flûtes.

Un bonhomme en peignoir de bain vint aussitôt à ma rencontre.


– Le feu ! cria-t-il en français.

– Où ça ? fis-je en sursautant.

– Viens voir !


Il me désigna le balcon grand ouvert d'où l'on pouvait admirer dans le ciel noir les premiers bouquets du traditionnel feu d'artifice de la fête nationale. Sa femme, de dos, restait concentrée sur ce spectacle pyrotechnique. Les déflagrations commençaient à peine à se faire entendre.


– Ah ! m'exclamai-je soulagé. Vous m'avez fait peur…

Je déposai mon chariot et m'apprêtai à déboucher la bouteille.


– Laisse ! me dit-il. Viens voir !


Imposant et néanmoins affable, il m'invita à les rejoindre sur le balcon afin de profiter tous ensemble de l'impressionnante vue.


– C'est beau ! faisait-il à chaque nouvelle fusée qui explosait.


J'acquiesçais, attendant patiemment la permission d'aller déboucher la bouteille et de les servir.

Très vite, l'homme posa son bras sur mon épaule comme si nous étions amis.


– Vous parlez bien français ! m'étonnai-je, ne sachant trop quoi dire.

– Non, juste un petit peu. Je viens à Paris avant mais… longtemps.

– Il y a longtemps ?

– Très longtemps. Dommage…. Ah, Paris, Paris…

– C'est beau, oui.

– Les femmes de Paris… fit-il dans un clin d'œil tout en faisant chut en direction de sa compagne.


Je me tournai vers elle. Restée jusqu'à présent muette, elle ne semblait pas comprendre le français. Ainsi, de profil, cheveux tirés, éclairée dans l'obscurité par les torches multicolores, son expression pensive et détachée aurait sans doute inspiré quelque portraitiste de talent. De grandes boucles pendaient à ses oreilles et donnaient à son visage une touche typiquement brésilienne. Malgré la tentation, j'évitais de poser mes yeux sur ses formes généreuses et notamment sur son décolleté pour le moins plongeant.


– Elle est belle, oui ? me souffla le mari.

– Très ! confirmai-je un peu confus. Bien, fis-je après un court instant, je vais…

– Attends ! Regarde, c'est beau !


J'acquiesçai de nouveau, prenant mon mal en patience.

Après un instant, alors qu'un bras se trouvait toujours sur mon épaule, je sentis qu'on me prenait la main et cela se passait du côté de l'épouse. Considérant que c'était une sorte de coutume dans leur pays afin de mieux communier, je n'en fus d'abord guère choqué. Je le fus un peu plus quand elle se mit à la caresser. Lui était si fasciné par le spectacle qu'il ne s'apercevait de rien et se contentait maintenant de pousser des « oh ! ». J'en profitai pour me tourner encore vers elle, qui depuis le début n'avait pas abandonné son air absent. Seule sa main s'activait chaleureusement sur la mienne. C'était une sensation agréable mais je l'aurais plus appréciée si nous avions été seuls.


– Regarde ! fit l'autre en me faisant soudain sursauter.

– Très beau ! Je vais vous servir, à présent. Le champagne doit se boire bien frais.


À ces mots, il récupéra son bras, et moi ma main. Bien qu'excitante, la situation devenait gênante, il fallait m'en sortir. Ne leur laissant pas le choix, je m'absentai du balcon et commençai à faire mon travail. Une fois la bouteille débouchée et les flûtes à champagne remplies, je déposai le tout sur la table du salon.


– Vous avez besoin d'autre chose ? lançai-je.


Comme aucune réponse ne vint, dans le bruit des déflagrations, je me dirigeai discrètement vers la sortie, regrettant déjà de m'être hâté pour les servir. Une fois dans l'entrée qui menait à la porte, je m'aperçus que j'avais envie de rester. La main, le contact de sa peau douce, le mystère qu'elle dégageait, tout me manquait. L'éventualité qu'elle fût un peu dérangée me traversa l'esprit sans pour autant m'ôter l'envie d'y retourner. J'ouvris la porte, laissai le chariot à l'extérieur et revins sur mes pas, décidé à jouer les maniaques soucieux de leur bien-être.


– Tout va bien, vous êtes sûr ? Vous êtes satisfait de tout ?


M'avait-il entendu malgré le bruit environnant ? Je n'en étais pas certain. Puis, tout en me dirigeant vers la chambre à coucher :


– Le lit, ça va ? Il est assez confortable à votre goût ?


Je vérifiai si les interrupteurs fonctionnaient, histoire d'en rajouter. J'observais les draps défaits, les coussins déplacés, et j'imaginais sans peine la partie de plaisir qui s'y était déroulée. J'enrageais. Pourquoi lui et pas moi ?

Je me dirigeai ensuite vers la salle de bains et, un ton au-dessus :


– Elle est assez spacieuse ? Et la baignoire aussi ?


Une odeur de savon embaumait la pièce chaude. Les serviettes humides s'étalaient sur le carrelage, laissant deviner un bain récent pris à deux. L'image de la jeune femme entièrement nue, se savonnant le corps avant de le tremper dans l'eau, surgit comme un flash mental pour me tourmenter davantage. Enfin une réponse vint.


– Attends ! Regarde !


Il me désigna le lavabo d'où un mince filet d'eau coulait au ralenti.


– Ah oui ! confirmai-je en exagérant la gravité du problème.


Je m'approchai et m'agenouillai pour examiner en dessous.


– Ah oui ! répétai-je. Ça vient de ce tuyau-là.

– Là ?

– Là-dessous ! Vous pouvez venir voir, si vous voulez.


À peine m'étais-je relevé qu'il s'agenouilla à son tour, très intéressé par la tuyauterie. Entre-temps, la belle épouse nous avait rejoints et m'observait avec un léger sourire complice. Toute espèce de mélancolie l'avait quittée comme par magie. Constatant que son mari était occupé, nous pûmes avancer l'un vers l'autre jusqu'à ce qu'elle m'offrît un tendre baiser sur la joue. Ceci fait, elle me souffla à l'oreille un « je t'aime » avec accent, et je supposai que c'étaient les seuls mots de français qu'elle connaissait. On en était à se dévisager quand il se releva, nous obligeant à reprendre en vitesse nos places respectives.


– Pas grave ! annonça-t-il. Regarde !


Il força sur le robinet du lavabo jusqu'à ce que l'eau cessât de couler. Je feignis l'étonnement.


– Vous êtes trop fort ! lançai-je. Bien, je dois vous laisser pour de bon, cette fois.


Je faisais traîner mon départ, reculant à pas lents, ne pouvant libérer mon regard de celle qui m'avait offert ce charmant moment.


– Le travail, c'est… le travail, vous comprenez.


J'étais de retour dans l'entrée de la suite, presque parti, cherchant un nouveau prétexte pour revenir vers eux, quand un couple fit bruyamment son apparition par la porte que j'avais laissée ouverte.


– Mes amis ! s'exclama alors le Brésilien.


Puis tous se mirent à se congratuler et à parler portugais entre eux. Mon client leur offrit les flûtes de champagne que j'avais laissées sur la table, avant de les inviter à s'installer au balcon. Je n'avais plus rien à faire ici, je m'éclipsai donc.

Encore dans l'entrée et prêt à refermer la porte, je m'aperçus que la femme du Brésilien m'avait suivi. Adossée contre le mur, elle me souriait en se dodelinant, semblant attendre des baisers. Au loin, tous les amis retrouvés se délectaient du providentiel feu d'artifice. J'avais enfin le champ libre pour libérer mes pulsions. Je me précipitai vers elle et l'étreignis avec une fougue que l'attente avait rendue plus brûlante. Elle répondait positivement à mes baisers furtifs mais passionnés, me les rendant avec presque le même enthousiasme. Pris par le temps, je laissais ma bouche affamée dévorer à la vitesse grand V le festin de roi qu'on lui offrait.

J'en étais à lui lécher ses jolis doigts quand j'entendis soudain la voix du mari.


– C'est pas beau, ça !


Je stoppai net ma progression vers le bras.


– Je vais vous expliquer ! fis-je en reprenant mes esprits.


Il l'observait sans aménité.


– Oh toi ! lança-t-il dans sa direction.

– Non, c'est ma faute, je ne sais pas ce qui m'a pris. D'ailleurs, je m'en vais…

– Oh, toi ! répéta-t-il en continuant à la fixer.


Il se dirigea ensuite vers la chambre comme s'il allait chercher quelque chose. Je craignais qu'il ne devînt violent, revenant par exemple armé d'un objet contondant pour commettre un geste irréparable. Malgré mon devoir de réserve, je n'aurais pu rester de marbre face à des violences conjugales dont j'étais en grande partie responsable. Il réapparut très vite avec un sac à main et une paire de chaussures qu'il lui jeta à la figure.


– Tiens, reprends ça ! Dehors ! lui ordonna-t-il en désignant la porte.

– Vous… Vous la chassez ? ne puis-je m'empêcher de demander. Mais je vous assure, tout est de ma faute.

– Non, je veux plus d'elle. Terminé ! C'est une… comment tu dis en français… une fille qui va pour l'argent.

– Une pute, dis-le enfoiré ! fit la fille déjà dans le hall de l'étage.


Je la suivis dans le couloir tandis qu'elle vérifiait l'intérieur de son sac.


– Ah, Paris, Paris… ! conclut le Brésilien en refermant d'un coup sec la porte derrière moi.


La fille remettait à présent ses chaussures à talons.


– Vous aussi, vous parlez français ? lui demandai-je naïvement.

– Je suis française !

– Ah bon ? J'aurais jamais cru…

– Pas trop déçu ?

– De quoi ? Non, non, pas du tout !

– Au fait, merci ! ajouta-t-elle. Tu m'as aidée à me débarrasser de ce gros porc dépravé, j'avais pas envie de passer la nuit avec lui… Et puis, un soir de 14 juillet, j'ai des chances de me faire d'autres clients. Allez, bye !


Elle s'éloigna. Les portes de l'ascenseur déjà à l'étage s'ouvrirent dès qu'elle appuya sur le bouton d'appel. Ma passion d'un soir allait disparaître à jamais et je devinais qu'elle allait me hanter longtemps. Une fois entrée dans la cage d'ascenseur, juste avant la fermeture des portes, elle se retourna vers moi et ouvrit grand son chemisier afin de m'offrir en guise de cadeau d'adieu la vision de deux splendides seins dignes d'une fiesta brésilienne.


 
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   Asrya   
7/2/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
n'aime pas
Moui, ok. Rien de très original en soi, ni dans la forme ni dans le fond.
L'ensemble me paraît assez maladroit et vite rédigé. L'ambiance n'y est pas. On a du mal à se projeter dans cette ambiance érotique souhaitée par l'auteur. Cela ne m'a fait ni chaud ni froid.
L'ensemble vient bien vite pour qu'on y laisse de l'attention. Je pense qu'il faut camper davantage la scène, la décrire avec plus de précision, avec plus de détails pour que l'on se prenne vraiment dans la scène.
De la sorte, cela me paraît trop peu crédible.

J’ai du mal à imaginer un room service s éprendre aussi soudainement d’une jeune femme en compagnonnage avec des gens, juste sous leur nez ; quand bien même la personne est insistante. Dans une autre chambre, à la limite, mais là c’est gros …

Il aurait été certainement bien venu de décrire également physiquement cette pseudo brésilienne, tout comme ce "gros porc dépravé" dont les actions le qualifiant ainsi n'ont pas été clairement décrites et exprimées.

J'ai trouvé également que l'observation du feu d'artifice était très redondant, n'apportait pas grand chose et manquait de détails pour qu'on y croit et que l'on s'y intéresse.

Dans l'ensemble, je n'ai pas été convaincu, vraiment.
J'espère que d'autres y verront quelque chose de plus.
Une prochaine fois.

Lu et commenté en espace de lecture.

   Perle-Hingaud   
13/2/2023
trouve l'écriture
convenable
et
n'aime pas
Je ne suis vraiment pas le public pour ce genre d'histoire, que je trouve datée, lourde, sexiste et pas drôle.
La dernière phrase est une bonne illustration de mon avis: cliché de situation (l'ascenseur), lourdeur du propos (deux seins "offerts") et encore un cliché, cette fois-ci sur la nationalité (fiesta brésilienne associée au spectacle).
L'écriture ne pose pas de problème majeur.
Désolée pour cet avis négatif, mais vous aurez sûrement d'autres commentaires plus positifs !

   Donaldo75   
16/2/2023
trouve l'écriture
convenable
et
n'aime pas
Bon, sincèrement, je n’ai pas acheté un instant ce récit tellement il est abracadabrantesque ; vu de ma fenêtre, il ressemble un peu à un fantasme d’adolescent qui le raconte à ses potes mais n’arrive pas à faire passer le balourd. Tout est de guingois dans la narration, il n’y a pas de rythme, rien d’érotique ou de suspense, juste des clichés par-ci par là dans une tentative de narration. Le récit ne prend jamais, la sauce reste liquide et le fond n’est pas fabuleux. En tant que lecteur, je me dis que ce texte ne m’amène nulle part et surtout pas dans la romance ou même le documentaire. Pour un souvenir, il est bien mou, pas allégorique, pas réaliste non plus.

   Malitorne   
28/2/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
aime un peu
L’histoire se laisse suivre jusqu’au retour de l’employé dans l’appartement, désireux d’aller au bout de ses fantasmes. La situation était bien posée, l’écriture agréable. À partir de là ensuite on n’y croit plus beaucoup, il aurait fallu, je pense, imaginer un autre scénario. Soit quelque chose de plus subtil au niveau de la drague, soit au contraire une surenchère ou farce du genre l’employé pète les plombs et culbute la Brésilienne sous les yeux incrédules du client. Pas cet entre-deux un peu mièvre on l’on ne sait pas dans quelle direction vous voulez nous mener. Il y a trop de retenue dans ce récit potentiellement destructeur (riches contre plébéiens, sexe et fantasmes), vous auriez dû lâcher les chevaux pour télescoper le lecteur en plein. Du coup vous nous servez une nouvelle rudimentaire dans sa trame.
Attention aux participes présents, il y en beaucoup et ce n’est pas le plus joli au niveau style. Sinon le reste se lit correctement.

   Tadiou   
1/3/2023
trouve l'écriture
très perfectible
et
n'aime pas
Je me suis posé quelques questions au cours des premières phrases du récit. Puis j'ai été refroidi par l'écriture que je perçois comme récitative et scolaire. Refroidi aussi par le côté puéril des situations, prendre la main en cachette, un baiser sur la joue, lécher les doigts... à deux pas du supposé mari. Fantasme de la jeune femme nue dans son bain...
Situation vaudevillesque sous le lavabo... Ça fait groom ado, peut-être un stagiaire.
Tout cela évoqué de façon fort banale, à mon sens. Je ne trouve pas dans l'écriture une once d'érotisme tant c'est prosaïquement descriptif.

Quant à la fin, banalement une prostituée et le coup de l'ascenseur : cela m'a bien fait sourire.

Il y aurait peut-être quelque chose à creuser à partir de la trame; mais il faudrait une écriture séduisante capable de rendre excitantes les situations. Et trouver autre chose que le chemisier à la fin.

   Disciplus   
2/3/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
n'aime pas
Bonjour Jemabi,
Nous sommes vraiment très loin de" l'Amant de Lady Chatterley" ou de" Cinquante Nuances de Grey". Un récit bâclé, empilant les poncifs et les clichés. Pas vraiment d'histoire. Dialogues insipides. Stéréotypes : Brésil, partouze, prostitué ? Sérieux ? Tout sonne faux. Pourquoi le 14 juillet? Peut certainement mieux faire.

   Blitz   
20/4/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Sympa et facile à lire. Le sujet ne va pas plaire à beaucoup, c'est sûr. Ce n'est pas de la grande littérature, évidemment, mais cela a le mérite de poser une situation cocasse assez adroitement.


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