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Sentimental/Romanesque
jensairien : Tunnel
 Publié le 01/04/09  -  19 commentaires  -  3506 caractères  -  60 lectures    Autres textes du même auteur

Un accident de la route.


Tunnel


J’ai pas bien vu le bout du tunnel. Faut dire qu’il faisait noir, je roulais à 40 km/h, et mes phares qui n’éclairent pas à dix mètres, j’étais bien !


Quand la voiture est arrivée, en face, j’ai un instant cru que c’était le bout, justement, toute cette lumière. Alors j’ai pas fait attention bien sûr. J’ai vraiment failli mourir. La voiture fonçait et moi je ne la voyais pas, quoi, pour ainsi dire. Et toute ma vie a défilé.


C’était beau, la quintessence, comme quelques mouvements zappés de libellules, tout en travelling, plein de fraîcheur. J’y serais bien resté, dans ce clip, mais voilà, fallait penser à redescendre.


La première tête que j’ai vue, c’était celle d’un pompier, sous son casque qu’il était, l’air préoccupé, un peu sévère, comme un adolescent vieilli par le stress, penché sur sa copie d’examen. Mais finalement je n’ai voulu y voir que de la douceur et je lui ai souri. Ça devait le gêner parce qu’il n’a pas répondu à mon signe. J’aurais aimé plaisanter avec lui aussi, mais je n’avais pas le courage d’articuler un mot. Alors je me suis laissé faire.


Ce n’était pas très grave car, tout à coup, plein de gens attentionnés m’entouraient. J’étais en de bonnes mains. Je n’avais qu’à compter tous ces tubes, ces flacons au-dessus de ma tête, pour comprendre que je n’étais pas seul. Pourtant il y avait bien trop de bruits et de cris. Est-ce que je criais moi ? Non, alors !


Curieusement, je n’arrivais pas à fixer mes pensées sur quiconque de mon entourage. Je veux dire ma famille, ma compagne, mes amis. C’était comme si je n’étais qu’un cœur s’observant battre régulièrement. Comme un coléoptère vrombissant des élytres sur une pierre dans un soleil de plomb. Comme si toute ma vie d’insecte était concentrée dans ce battement d’élytres. Un marteau pilon frappant au ralenti.


À un moment, comme on me déplaçait, un rayon de soleil caressa mes cheveux et j’eus soudain conscience du ciel, immense et bleu qui me coiffait comme un chapeau bien trop grand pour ma pauvre petite tête de terrien. T’es rien, terrien me disait la chanson. T’es rien, terrien.


J’avais envie de dormir, d’oublier un peu tous ces visages inconnus qui commençaient à me fatiguer. Et un grand sommeil m’emporta.


Quand je me réveillai, j’étais allongé dans une large pièce aux rideaux ondulants. Une large pièce écrue. J’étais calme, mais je préférais attendre que quelqu’un se manifeste avant de faire le moindre geste.


Une étrange peur s’était emparée de mon esprit. J’avais peur de ne pas être à la hauteur de la réception qu’on me ferait. Je n’avais ni envie de rire, ni encore moins de discuter. J’aimais bien cette lumière pâle qui n’effleurait qu’à peine, mais j’aurais préféré que l’on laisse les rideaux ouverts. J’étais curieux de voir un bout de ciel, un pan de mur, des fenêtres, des arbres et puis des gens, des enfants s’animer.


Cette inactivité commençait à me peser quand quelqu’un entra, une infirmière sans doute car elle était, comme la mariée, tout en blanc. Elle s’avança sans me regarder et je fus sans raison terrifié de la voir s’introduire un doigt dans le nez et en sortir un noir lombric qu’elle propulsa en l’air avec suffisance. Elle prit mon bras et le souleva. Je vis la manche de ma chemise dépasser d’une veste que je reconnus pour être celle que ma compagne m’avait offerte, l’année passée, pour mes trente ans. Elle lâcha mon bras, il retomba sans résistance. J’avais compris. J’étais arrivé au bout du tunnel. J’étais mort.



 
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   Anonyme   
1/4/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Bien écrit. Un récit court sous forme de prosopopée qui n'est pas sans rappeler "les choses de la vie".
Le tunnel qui prend tout son sens métaphorique à la dernière phrase, et la Camarde sous forme de lumière blanche comme une sortie de tunnel, ça ne manque pas de cohérence.
J'ai apprécie.

   solidane   
1/4/2009
 a aimé ce texte 
Un peu
Un récit court et bien écrit mais je n'ai pas vraiment accroché (peu d'intérêt à mon niveau). Mais en quoi cela peut-il induire un jugement. Je trancherai entre donc entre les deux. Une remarque : il m'est difficile d'imaginer que des phares puissent être confondus avec une sortie de tunnel.

   Anonyme   
1/4/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte qui m'a plu. L'image de la libellule est plaisante, comme une "passeuse" de vie...J'ai été aussi agréablement surprit par la chute, même si le lombric qui sort des narines m'a un peu trop fait penser à Lautréamont.

Il y a du bon dans ce texte court: la faculté en peu de phrases à amener le lecteur loin.

   Anonyme   
1/4/2009
 a aimé ce texte 
Pas
Mwouais Jésus, pas Glop pour moi.
J'ai un souci avec le langage du mort... trentenaire avec un langage un rien enfantin... j'ai pas accroché.
J'ai eu l'impression qu'un pote me racontait un bad trip dans la cour de récré.
J'ai trouvé le ton trop léger, l'émotion quasi inexistante, des phrases : "Et un grand sommeil m'emporta."??? carrément à côté, foireuses si tu me passes l'expression.

Du coup je pige pas certaines notes... mais pas de polémique...

Non, j'ai pas aimé, c'est inabouti, vide.
Et je ne pense pas que le vide soit l'émotion ou le manque d'émotion que tu cherchais à provoquer.
Je pige pas ton but.
Je pige pas le style.
Je pige pas quoi!

Désolée.

   nico84   
1/4/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Court mais bon, il y a plein de jolies chose et j'ai apprecié le paradoxe douleur et gravité avec le ton de douceur qui se dégage.

Mais je pense que le texte aurait pu être plus abouti, et avoir plus de force. C'est mon regret. Un poil inachevé.

   Anonyme   
1/4/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Je pense tout comme Sally que ce texte est cohérent et intéressant malgré quelques phrases qui me semblent bizarrement construites. Et qui ont un peu gêné ma lecture.
De très bonnes idées "t'es rien ,terrien"
La toute dernière phrase pour moi ne s'imposait pas. Redondante : la fin sur le mot tunnel, c'était peut-être mieux.

   Anonyme   
1/4/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Rares sont ceux qui sont revenus pour nous conter cette dernière ligne droite, ce tunnel avec la fameuse "lueur blanche", alors pour une fois que ça arrive, je ne boude pas mon plaisir !

   victhis0   
1/4/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
pas d'implication de l'auteur ! Finalement, on a l'impression qu'il s'en fout, du coup moi aussi.
Ca manque de force, de travail, de rigueur, sur un sujet aussi "lourd".
Dommage...

   Anonyme   
1/4/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un ton serein, dégagé pas concerné qui ajoute à l'histoire un cachet particulier, le narrateur n'est pas là, il survole la scène et assemble à sa manière les pièces de son puzzle.
J'ai trouvé la première phrase très amusante. Va savoir pourquoi puisque le sujet n'est pas marrant.
Mais bon, dès la première ligne l'image d'un papy, casquette vissée sur le crâne s'est imposée, je l'ai vu, les deux mains arrimées au volant et le nez sur le pare brise pour mieux voir ce que ses phares n'éclairent pas.
J'ai bien aimé le ton et surtout ce recul qui imprègne toute la nouvelle et qui accentue cet effet comateux.

   Welthes   
1/4/2009
Si je déclarais que cette nouvelle m'avait ravi, transporté dans la peau du personnage principal, que sa cause m'avait ému, qu'un veritable sentiment m'avait dominé au fil du récit, et qu'au final, j'avais reçu de ce texte une idée, quelque chose d'ouvrable,

je mentirais.

A mon très humble avis, ce n'est pas suffisant.

   widjet   
1/4/2009
 a aimé ce texte 
Pas
Désolé mon bon ami, mais je n’arrive pas à accrocher à tes textes courts qui d’après moi manquent de densité et dont l’écriture est presque trop banale surtout après avoir lu tes anciens textes dont la forme m’avait semblé plus incisive, plus percutante. Ici, on lit…puis on oublie aussi sec parce qu’il n’en reste pas grand-chose, je suis navré de le reconnaitre. Pourtant le sujet se prête à tellement d’interprétations personnelles que tu pourrais te lâcher un peu plus, faire preuve de plus d’ingéniosité, d’audace.

Ici, l’encéphalogramme est plat tellement le style est dépersonnalisé.

Ce n’est pas mauvais, mais à la réflexion, c’est presque pire, en fait. C’est neutre. Inodore, incolore. Et finalement indolore.

Pardon.

W

   Menvussa   
1/4/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Une simple tranche de vie, quoi que le terme ne soit peut-être pas approprié. le style me semble un peu "bâclé" mais à y bien réfléchir, c'est celui qui correspond à la situation. Le personnage se comporte comme un grand blessé, il se sent en sécurité, il n'a que peu d'états d'âme.

Jusqu'à cette infirmière qui lui révèle pas un geste anodin qu'il est mort. (un peu de morve à la morgue en sus)

Et là, j'aurais voulu en savoir un peu plus sur les réactions d'un mort entre deux mondes, déjà mort mais pas encore parti, mais la nouvelle s'arrête... un peu frustrant.

   marogne   
1/4/2009
 a aimé ce texte 
Un peu
je crois que pour moi le coup de grace ça a été le lombric....

non je n'ai pas vraiment accroché à l'histoire, peut être parce que beaucoup de versions ont déja été écrites, et qu'en conséquence, il faut vraiment innover pour étonner....

Un peu trop plat peut être, un peu trop de détachement qui fait que l'on ne se trouve pas beaucoup d'intérêt pour le personnage.

   Selenim   
1/4/2009
 a aimé ce texte 
Pas
Sans faire de mauvais jeu de mot, ça manque un peu de corps, non ?

Quelques belles phrases qui ne rattrapent pas, malgré tout, un fond assez plat.

Je vois plutôt là une mise en texte instinctive qu'un véritable récit construit.

Mauvaise pioche.

Selenim

   kullab   
2/4/2009
Je n'ai pas vraiment accroché... La chute est bien (le noir lombric), mais cela ne suffit pas à mon goût. Peut-être que la nouvelle est un peu trop courte et que du coup tout cela va un peu trop vite.

   Flupke   
4/4/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Intéressant. Bien aimé le réalisme du flash back style NDE/EMI.
J'ai bien aimé mais je reste un peu sur ma faim. Peut-être aurait-il été intéressant de s'appesantir sur l'état transitoire ou la transition elle même ou carrément présenter la scène finale d'un point de vue de la conscience hors du corps pour encore plus de réalisme.

J'ai beaucoup aimé certains jensairienismes:

l’air préoccupé, un peu sévère, comme un adolescent vieilli par le stress, penché sur sa copie d’examen.

Comme un coléoptère vrombissant des élytres sur une pierre dans un soleil de plomb.

je fus sans raison terrifié de la voir s’introduire un doigt dans le nez et en sortir un noir lombric qu’elle propulsa en l’air avec suffisance.

Globalement, ça m'a plu mais de mon point de vue subjectif j'ai l'impression que le texte aurait pu être un tout petit peu plus abouti/travaillé.

Amicalement,
Flupke

   Bidis   
5/4/2009
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai trouvé ce texte bien écrit, c'est pourquoi les fautes de négation ("J’ai pas bien vu" et "j’ai pas fait attention") m'ont choquée. Présent partout, ce serait une manière d'éclairer le personnage par sa façon de parler, mais ce n'est pas le cas, d'où une confusion dans l'image que l'on a du personnage, justement.
La chute est brutale et c'est bien. Mais en définitive, je n'ai pas retiré grand chose de ma lecture...

   horizons   
4/5/2009
 a aimé ce texte 
Un peu
TT ça ne m'a pas semblé très cohérent: c'est qui la femme en blanc à la fin? Il a déjà des lombrics dans le nez à peine les yeux fermés? Et s'il est mort il ne peut pas être conscient qu'il l'est, si? Bon, je suis peut-être une peu trop terre à terre et la mort autorise ce qu'on veut...mais le narrateur est bien le seul à ne pas avoir compris qu'il était décédé, pour le lecteur ce n'est pas une surprise (et je vais finir en enfer pour ma méchanceté).

   minouchat   
14/5/2009
 a aimé ce texte 
Pas
Parler de la mort, ce n'est pas facile, parler de la sienne encore moins.... La NDE est une expérience qui dépasse tout ce que l'on peut imaginer... il est très difficile de mettre des mots sur cette "traversée du tunnel"... A cette lecture, je ne pense pas que tu l'es vécu et tant mieux.... C'est plein de lieux communs, de clichés. C'est trop "mental". Les frontières de la morts sont plus fascinantes que ce que le mental te racontera... J'ai bien aimé "comme un adolescent vieilli par le stress"


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