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Policier/Noir/Thriller
jgagliardi : L'homme et le tigre
 Publié le 20/10/17  -  10 commentaires  -  7313 caractères  -  91 lectures    Autres textes du même auteur

Il y a quelque chose de sauvage dans cet homme, quelque chose qui rode et qui guette sa proie. Bientôt, cela prendra le dessus.


L'homme et le tigre


Le tigre est dans l’homme. L’homme ne le sait pas. Il ne prête pas attention à ces feulements qui lui viennent de nulle part, à ces remuements en dedans qui signalent la vie sauvage. Alors le tigre grandit, prend tranquillement de plus en plus de place. Il s’ennuie, alors il rôde. L’homme déambule sur les boulevards, sans but, sans même l’idée d’un but. Il n’a rien à faire de ses journées alors il boit et il fume, et tandis que son esprit s’affaiblit, le tigre se renforce. L’homme est mû par une seule obsession. Il observe les femmes, les jeunes surtout. Il les fixe du regard, cherche à deviner le corps sous la robe, les seins dans le pull-over. D’imaginer leur nudité l’excite, parfois jusqu’au bord de la jouissance, et il ne sait que répéter « toutes des salopes » dans sa petite tête vide. Longtemps, il n’a fait que les observer, les suivre du regard, les siffler parfois quand il était entouré d’autres hommes et que cela lui donnait quelque assurance. Et puis il a commencé à chercher, sans savoir ce qu’il cherchait. C’était juste une obsession…

Le tigre a rugi en lui un jour qu’une de ces filles qu’il matait de trop près s’est rebiffée, l’a apostrophé et traité de connard. Il le sait qu’il en est un, mais il n’aime pas qu’on le lui dise. Pas une fille. Mais l’homme s’est recroquevillé. Dans son poing serré, une envie de tuer, et puis le manque de courage qui livre l’homme au tigre. Alors il s’est mis à rêver. D’abord des rêves de nuit, dans lequel il suit une fille dans des rues tortueuses, et c’est, à mesure qu’il se rapproche, l’excitation croissante de la chasse. Et toujours, au moment où il va enfin l’attraper, il se réveille avec des sueurs glacées et une érection presque douloureuse. Et puis les rêves l’ont envahi de jour, avec des images de corps nus se tordant, il ne saurait dire si c’est de plaisir ou de douleur. Et à chaque fois, ce sentiment de puissance dont il aimerait tant ne jamais revenir. Enfin, un jour, il a rêvé qu’il était perdu dans une grande ville où il ne rencontre personne et où il erre jusqu’à se trouver dans une impasse face à un tigre qui le regarde tranquillement. Il n’a aucun chemin de repli. Le tigre va ne faire qu’une bouchée de lui. Ce jour-là, il se décide.

Il a un opinel. Il fouille longtemps pour le retrouver dans le cloaque qu’est devenu sa chambre. Il fourre le couteau dans sa poche. Il va rôder sur les boulevards. Il repère une fille qui travaille là dans une boutique. Elle est jeune et jolie avec de longs cheveux, une taille mince dans un jean et tout de même une certaine élégance. Il l’observe en train de vendre des téléphones. Elle a une assurance qui l’irrite. Elle n’a pas peur. Elle n’est pas soumise, elle ne se comporte pas comme une proie potentielle devant tous ces hommes qui viennent dans sa boutique, qui lui font perdre son temps en palabrant sans rien acheter, juste pour le plaisir de passer du temps avec une jolie fille. Elle en rit, et quand l’un d’eux a un geste déplacé, elle le remet gentiment à sa place. Il entre dans la boutique et fait comme les autres : il examine des téléphones, la fait parler fonctionnalités et forfaits, et puis après un moment, il s’en va. Il reprend sa vigie sur un banc non loin. Elle jette parfois un regard de son côté mais elle ne se doute de rien, elle ne peut pas lire dans ses pensées et rien ne laisse croire qu’il l’inquiète. Le premier jour, il n’ose pas donner suite à son idée. Il revient le lendemain, et encore le lendemain du lendemain. Il est patient. Enfin, il vit quelque chose. Il chasse.

Le tigre remue en lui. L’homme en a des aigreurs d’estomac. Il ne dort presque plus. Elle l’obsède. C’est elle, cela ne peut pas être une autre. Elle est trop libre. Elle ne baisse pas les yeux devant lui, ne reconnait pas sa suprématie de petit homme. Il va lui donner une leçon. Le soir, quand elle ferme la boutique et qu’elle part par une petite rue adjacente, il la suit à bonne distance. Elle marche. Il marche derrière elle, sa main refermée sur son couteau dans sa poche. Elle entre dans un immeuble. Il se tapit non loin. Il attend. Il guette. Elle ne ressort pas ce jour-là, mais tous les soirs, il revient se mettre en faction non loin de l’immeuble. Un soir, la nuit est déjà tombée quand elle sort. Elle a un petit blouson de cuir sur son tee-shirt blanc, des baskets aux pieds. Elle semble heureuse. Elle s’en va sans doute à un rendez-vous, se dit-il. C’est cela, elle a rendez-vous avec son opinel, avec son désir aussi qui fait pulser ses tempes. Il la suit. Elle ne marche pas vite, semble ne se rendre compte de rien alors qu’il est à une vingtaine de mètres. Puis elle accélère après avoir tourné un coin de rue, et l’homme commence à s’amuser : ça y est, elle l’a repéré et elle va chercher à lui échapper. La chasse est ouverte. Il accélère à son tour, le cœur battant.

Il est à une dizaine de mètres d’elle. Soudainement, elle ralentit. Alors il ralentit lui aussi. Il se souvient avoir vu à la télé que lorsqu’une gazelle se sait perdue, elle cesse de fuir, elle s’immobilise. Son excitation est à son comble. Elle s’engage dans une petite rue mal éclairée. C’est l’occasion. Il presse le pas, sort son couteau et l’ouvre dans sa main droite, tandis qu’il pose sa main gauche soudainement sur son épaule. Et là, ce qui se passe est proprement stupéfiant. Elle se retourne vivement et le regarde un instant avec un regard clair qui ne tremble pas, puis elle saisit son bras qu’elle commence à tordre tandis qu’elle lui décoche un premier coup de pied dans le ventre, puis, sans même reposer le pied au sol, un second mae geri qui lui explose les testicules. Comme il se plie en deux avec les genoux qui fléchissent, elle lui tord le bras dans une clé imparable qui l’agenouille en gémissant et elle donne encore un coup de pied dans le bras qui tient le couteau, qui vole. Enfin, elle lui éclate le nez sur son genou qui remonte et le termine par un violent coup sur l’épaule du bras qu’elle tord en l’air, à la jonction du cou. Il y a un craquement sinistre, une douleur fulgurante qui traverse le haut de son bras avec une violente envie de vomir et il perd conscience.

Il se réveille à l’hôpital. Le médecin lui dit que son articulation est foutue. Il a des ligaments déchirés qu’il va falloir recoudre mais il ne pourra plus porter grand-chose avec ce bras-là. Un policier vient l’interroger. On l’a retrouvé baignant dans du vomi, avec un couteau non loin et sur son front, le mot « violeur » écrit au rouge à lèvres. Il prétend qu’il s’est fait agresser par deux voyous mais le jeune flic n’en croit pas un mot. Il le lui dit, en ajoutant qu’il ne peut pas cependant retenir d’accusation contre lui mais qu’il a intérêt à se tenir à carreau. Il lui offre de consulter un psychologue. L’homme ne veut pas que l’on fouille dans sa tête. Il refuse. Il sort bientôt de l’hôpital. Il recommence à déambuler sur les boulevards, l’esprit encore plus vide qu’auparavant. Par réflexe cependant, il évite l’endroit où elle travaille. Il ressent une vague honte. Le tigre s’étire et sourit. Cette femme était une belle panthère, comme il aime. L’homme est trop idiot pour faire appel à un chasseur de rêves qui pourrait le repérer, le déloger. Bientôt, le tigre mangera l’homme. Il le dévorera tout entier et alors, l’homme sera dans le tigre.


 
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   Donaldo75   
23/9/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
(Lu et commenté en EL)

Bonjour,

Je suis mitigé sur ce texte.

Les (+):
* L'idée de départ
* La narration à la troisième personne, alors que le tigre est dans l'homme
* La fin que je n'attendais pas, vu que la plupart du temps ce genre de récit se termine par la mort de la jeune femme

Les (-):
* Le style, appauvri par des phrases courtes qui pourraient être cinématographiques mais ne réussissent pas à le devenir
* Le traitement de la chute, où décrire la réaction de la jeune femme est une idée originale mais pas vraiment bien réalisée

Ce que j'ai préféré:
"L’homme est trop idiot pour faire appel à un chasseur de rêves qui pourrait le repérer, le déloger. Bientôt, le tigre mangera l’homme. Il le dévorera tout entier et alors, l’homme sera dans le tigre."

   Jean-Claude   
26/9/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour.

C'est bizarre. Je trouve qu'il y a de bonnes idées, mais le ton est trop neutre, trop impersonnel, ce qui rend le tigre trop distant, pas assez présent, ou envahissant.

Pour le final, on n'a pas besoin du rouge à lèvres ni des remarques du policier, on a juste besoin de comprendre que le tigre va passer au premier plan.

Il y a quelques phrases trop longues qui ne sont, en fait, que des phrases séparées par des virgules.
Il y a un peu trop de "alors" ou de "et puis". D'ailleurs les "et puis" me dérangent.
"Enfin, il vit quelque chose." aurait été mieux en "Il vit enfin quelque chose."

Au plaisir de vous (re)lire

   Asrya   
6/11/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
J'ai trouvé l'ensemble plutôt intéressant.
J'ai déjà été séduit par le fait de s'immerger dans la peau de cet homme rongé par une idée (aussi violente et malsaine soit elle). C'est une prise de risque qui en choquera probablement certains mais j'estime votre nouvelle légitime et pleine d'humanité en fait...
Les Hommes sont ce qu'ils sont, et si une majorité d'entre eux ne sont pas à ranger dans la case que vous nous décrivez, certains s'y placent aisément, pourquoi ne pas en parler ?
Peut-être que votre nouvelle mériterait d'être développée. L'esprit de chasse... n'est pas assez subtil, on ne se sent pas tigre en vous lisant, on ne se sent pas empli de tous ces sentiments qui pourraient qu'un homme passe d'homme à tigre.
Le style et le vocabulaire employé n'aident pas suffisamment à mon sens pour s'immerger dans le personnage.
Les phrases devraient être courtes, directes, pas de chichi ; de la discrétion mais... droit au but. Une montée en tension devrait se faire sentir, plus que cela. Je n'en ai pas eu assez.
C'est un choix de votre part de le laisser se faire corriger par cette jeune femme (avouez qu'il a pas de bol votre tigre, tomber sur une femme qui maîtrise des arts martiaux... pour sa première proie... enfin, c'est probablement plus heureux comme cela !).
J'aime assez votre fin, votre ouverture, le fait que l'homme s'en sorte juridiquement et que... malgré cette déroute, cela ne l'empêchera pas de restreindre le tigre qui monte en lui.

Une idée intéressante selon moi qui mériterait d'être plus aboutie.

Merci pour le partage,
Au plaisir de vous lire à nouveau,
Asrya.

   Tadiou   
27/9/2017
 a aimé ce texte 
Bien
(Lu et commenté en EL)

J’aime l’écriture fluide et simple, la montée très progressive de la tension, avec les rêves et la forte image du tigre qui est omniprésente. On pénètre ainsi à l’intérieur de cet homme dominé par ses pulsions et qui ne supporte pas que la jeune femme ne baisse pas les yeux.

Je sentais venir, à la fin, une réaction « musclée » de celle-ci; ce combat est décrit minutieusement, ce qui donne du poids et de crédit à l’efficacité de sa parade (je ne suis pas allé vérifier la signification de « mae geri »…).

La fin est sombre avec l’annonce de la victoire du tigre. Aucun espoir à l’horizon….

On aurait pu imaginer en apprendre un peu plus sur cet homme : pourquoi un tel déséquilibre ? Cela fait un peu résumé et on peut rester sur sa faim.

Mais au total un agréable moment de lecture.

Tadiou

   SQUEEN   
29/9/2017
 a aimé ce texte 
Pas
Dans l'idée il y a peut-être quelque chose d'intéressant, mais ce n'est pas du tout incarné, ça manque de travail, je pense. Changer de point de vue pourrait aider, le réécrire à la première personne?

   Thimul   
20/10/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Une idée très intéressante mais qui dans ce qui est écrit ne fonctionne pas.
Je comprends votre désir de mettre la chasse au coeur de votre comparaison mais la référence à ses pulsions sexuelles nuit au propos. Le tigre est un félin. Avec tout l'amour que je leur porte les félins sont des tueurs. Ils aiment également jouer avec leur proie et le caractère ludique de cette chasse n'est pas vraiment abordé sauf sur une ou deux lignes. Ce qui fait qu'au bout du compte j'ai eu beaucoup de mal à identifier le tigre dans l'homme car ses pulsions ne collent pas avec l'image que je me fais d'un tigre.
Si vous aviez privilégié le désir de tuer, de jouer avec la proie et si vous aviez utilisez un vocabulaire animalier (remplacer couteau par griffe ou croc par exemple, décidé d'appeler la jeune fille par un surnom genre gazelle) ce texte aurait pris de l'épaisseur et je me serai plongé dans une autre atmosphère. Là je suis resté en surface.
La fin surprenante sauve le texte.
Au plaisir d'une prochaine lecture.

   GillesP   
20/10/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
Ce que j'ai préféré dans ce texte, c'est sa structure en forme de chiasme (le tigre est dans l'homme / l'homme est dans le tigre). Le problème, c'est qu'entre les deux, il ne se passe pas grand chose. Vous filez la métaphore du félin, mais en restant en surface. Par ailleurs, votre personnage n'a, au final, rien d'un tigre: c'est plutôt un pauvre type, un homme qui n'a ni la puissance ni l'élégance du fauve. On n'éprouve donc pas à son égard ce mélange de fascination et de peur qu'inspire un véritable tigre.
L'idée de départ est bonne, mais elle n'est pas assez exploitée pour emporter mon adhésion.
Au plaisir de vous relire.

   plumette   
20/10/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
j'ai eu du mal avec ce texte, non par son sujet ( la soumission aux pulsions) que je trouve traité de façon originale mais plutôt par ce parallèle intriguant "le tigre est dans l'homme" "l'homme est dans le tigre".
Au début, le tigre est dans l'homme et là j'arrive à suivre l'histoire avec cet envahissement des pulsions animales. Sauf que pour moi, si le tigre est bien un prédateur, ce n'est pas un prédateur sexuel si bien que l'analogie ne m'a pas convaincue. L'histoire de la chasse est bien vue et le retournement de la situation, lorsque l'agresseur se fait agresser, m'a soulagée mais aussi mise un peu mal à l'aise. La sauvagerie de la femme panthère peut-être?

mais il y a un truc qui bloque avec " l'homme est dans le tigre" Cela voudrait dire que le tigre a gagné? là j'ai besoin d'être éclairée! Quel va être le devenir de cet homme qui se sent humilié?

un texte qui ne laisse pas indifférent, une écriture assez froide mais je pense que c'est un choix de l'auteur.

A vous relire

Plumette

   Anonyme   
20/10/2017
 a aimé ce texte 
Pas
Je n'arrive pas à déterminer ce qu'il manque à cette nouvelle pour que je puisse vraiment y adhérer. Peut-être que je ne retrouve pas la puissance du tigre ?

L'idée est pourtant bonne. Il reste à mieux l'exploiter en développant les caractéristiques propres aux félins dans leur approche.

Une prochaine fois peut-être... Désolée !

Cat

   Berndtdasbrot   
21/10/2017
 a aimé ce texte 
Pas ↓
Les rêves, les fantasmes au début du texte plante bien l'histoire et le personnage, ensuite la psychologie développée ici du pervers sexuel me semble un peu trop facile. Je pense que ce genre de maladie est plus compliqué qu'un "toute des salopes" de comptoirs, ou qu'un amusement ( lorsqu'il la poursuit).
La scène de la bagarre est un peu trop, à mon goût, la fille aurait pu se défendre et s'enfuir et ensuite le dénoncer, de là a ce qu'elle soit ceinture noire de judo et en plus qu'elle écrive sur le front...quand au jeune flic, on ne sait pas ce qu'il fait là car si il n'y a pas eu de plante de portée ? Et son dialogue, à la shérif de western : Fais gaffe, je t'ai à l"œil...pas trop cru en ça !
Sur le style littéraire, peu de travail. La phrase : ces remuements en dedans, m'a freiné d'entrée.
Bref, avis mitigé, très.
Berndtdasbrot


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