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Réalisme/Historique
Jocelyn : Moseka, tu vas devoir être forte
 Publié le 04/01/20  -  9 commentaires  -  10771 caractères  -  65 lectures    Autres textes du même auteur

Tous les jours, depuis 2016, deux personnes sont tuées à Beni et Lubero en République Démocratique du Congo.


Moseka, tu vas devoir être forte


– Vous baisez ensemble ?


Je dois bien l’admettre. Cette question est des plus embarrassantes. Elle tombe comme un cheveu dans la soupe. Mukoko se rend bien compte qu’il vient de me frustrer, mais il n’en démord pas pour autant. Mon embarras ne suffit visiblement pas à le faire taire. Quelle teigne alors !


– J’ai dit est-ce que vous baisez ? Réponds !

– Qu’est-ce que ça peut bien te faire ?

– Ce gars-là je ne le sens pas… Qu’est-ce que tu peux bien lui trouver ?

– Et toi ?

– Comment ça, moi ?

– Qu’est-ce que tu me veux ? Tu n’es pas clair ? Rien n’est jamais clair chez toi… Pourquoi tu fais tout ça ?

– Qu’est-ce que tu as derrière la tête ?

– Non, toi qu’est-ce que tu as derrière la tête ?


Il fait mine de dire quelque chose, je le sens, c’est là, juste là sur la langue mais ça ne sort pas. Ça bloque quelque part dans la gorge ou bien ça a dû tout simplement s’épaissir dans le palais jusqu’à devenir plus gros que l’orifice. Au point que finalement, au lieu de sortir, ça se dilue, se mélangeant aux glandes salivaires jusqu’à secréter un silence ou du moins des mots qui y ressemblent.


– Ahhh laisse tomber !


Je l’ai peut-être offensé. Mais c’est de sa faute. Il n’avait qu’à pas me poser ce genre de question. Il s’en va furax. Il claque même la porte en sortant. Sa fureur semblant telle, que cette porte qui depuis des lustres tient à peine a presque semblé s’arracher derrière son dos, se briser en mille morceaux après lui. Cette porte de pacotille en planches rongées par des termites et usée par les éclaboussures d’eaux de pluie. Elle aussi ne fait que survivre dans une ville comme Kinshasa où tout le monde ou presque renvoie cette cruelle impression de vivre en apnée. Banale analogie d’une existence qui se débat à nouer les deux bouts. À tenir le coup. Ma vie aussi ne tient qu’à un fil. Dieu seul sait combien de fois j’ai tenté d’être celle qui a en main la paire de ciseaux. Qui ose enfin la placer à l’endroit du fil, là où le cœur se tue encore à canaliser ses pulsations, et finalement, trancher. Couper le fil une bonne fois pour toutes. En finir avec cette horde de souvenirs nocturnes qui me font insupporter l’éclat de la lune. Mais il en faut du courage pour mettre un terme à sa vie. Parfois je me regarde, je me dis que je n’ai pas le droit d’en découdre, de mourir… Que je dois vivre. Qu’il me faut vivre au nom de tous ceux qui meurent tous les jours sans le vouloir. Mais aussi au nom de ceux qui comme moi survivent pour l’amour de la vie. Je dois vivre pour ma mère. C’est elle ma force. Ma véritable force.


Mukoko ne veut pas que je sorte avec James. Pourtant je l’aime, moi, ce garçon. Il veut quoi ce vieux Mukoko ? Il a peur pour moi on dirait. Il ne peut pas comprendre qu’après tout ce par quoi je suis passée, j’ai seulement envie d’oublier, ne serait-ce qu’un instant, un semblant d’instant, tout ce qui pèse sur mes souvenirs. Sous mes paupières. Dans ma peau et même dans ma chair. J’ai besoin d’oublier. Dans les bras d’un homme. Dans un verre de bière ou deux… Ou même trois… Comment ne pas se noyer dans l’alcool ? Quand je pense qu’il y a quelques mois, je détestais picoler. Le temps ça change les gens. Les gens aussi ça change les gens.


Dieu merci la porte n’a pas éclaté en mille morceaux derrière Mukoko. Si ça avait été le cas, je crois que je n’aurais pas tenu. Voir une porte qui part en fumée, ça me rappelle Beni. Les terribles instants d’existence à Beni. Condamnés à glaner les heures à chaque exercice. Condamnés à se faire tellement à l’idée de la promiscuité avec la mort que l’on se voit bien obligés de vivre au jour le jour. Ne pas vraiment faire des projets d’avenir. Travailler juste à se remplir la panse, dans l’immédiat. Ce qui peut arriver après, on ne sait pas. Tout peut arriver après.

Des fois j’ai honte d’être venue à Kinshasa et d’avoir laissé les autres se coltiner le trépas dans leur train de vie. Mais maman a insisté pour que je vienne. Et elle a insisté pour rester là-bas, côte à côte avec la mort.


– Ta tante Leila s’occupera bien de toi, tu seras en sécurité chez elle…

– Et toi ? Pourquoi tu ne viens pas maman ?

– Je vais aller faire quoi à Kinshasa ma fille ? Regarde-moi. Je ne suis plus qu’une vieille serpillère qui racle les jours à vivre sous un ciel imbibé de sang.


Je ne comprendrai jamais pourquoi. Pourquoi elle a préféré rester là-bas si près de la mort et de son sourire dantesque. Elle a tellement insisté. Et me voici, à Kinshasa. C’est calme Kinshasa. Pas de crépitements de balles, pas d’obus intempestifs, pas de massacres aléatoires. Mais en même temps c’est chaud Kin. Kin la belle qu’on dit. Tout feu tout flamme…

À la place des crépitements, c’est les pétards. À la place des obus, des bars, des sonorisations si intenses qu’il devient vachement difficile de s’entendre penser. Noyer les affres de mon temps passé les cadavres plein l’iris, j’y pense tout le temps, en versant mon corps tel un sac d’arachides dans les rues de la capitale. Mais il y a des souvenirs qui ne disparaissent jamais. De vraies taches dans l’âme.


Tante Leila est gentille. Elle n’a pas de mari. Chez elle, on vit à quatre dans cette chambre-salon à Matonge. Il y a elle, moi et ses deux enfants. Deux petits garçons dont l’un a dix ans, l’autre quatorze. Ils sont partis à l’école ce matin. Ma tante n’a pas de mari, juste des amis. Parfois ils viennent ici à la maison. Un peu comme ce vieux Mukoko. Je soupçonne qu’il a craqué sur moi mais il ne sait pas me le dire. Toujours là à me faire des cadeaux, à nous apporter à manger. Il a même décidé de m’envoyer à l’université. Qu’est-ce qu’il peut bien me vouloir à la fin ? Il passe presque ma vie au peigne fin. Tout le temps là à me poser des questions indélicates. Quel genre d’homme il fait lui ? J’ai peur. Un peu. Il ne me dit jamais le fond de sa pensée. Je ne sais pas pourquoi. Je crains seulement qu’il décide de se passer de mon accord et de se dire qu’il serait plus avantageux pour lui de rechercher celui de tante Leila en premier. Je pense que tante ne lui refuserait aucune faveur. Elle ne refuse presque jamais rien à ses amis. Sa vie me dégoûte mais qui suis-je, moi, pour la juger ? Après tout, c’est cette vie qui nous remplit l’estomac du premier au trente et nous permet de tenir dans cette vaste ville en perpétuelles mutations.


Mes cousins ont chacun un père différent. Seulement qu’eux ils connaissent leur géniteur. Il arrive parfois qu’ils viennent à la maison, leur père, avec leur pantalon et leur chemise foireux. À leur départ ils nous offrent toujours des présents. Sinon de l’argent de poche. James aussi m’offre de l’argent de poche. C’est un gars cool. L’autre fois je l’ai même vu pleurer quand je lui ai parlé de mon enfance. Certaines histoires dures à supporter. Le genre d’histoires qui arrivent souvent à Beni. Quand je l’ai vu fondre en larmes, j’avoue qu’après j’ai regretté. Je ne voulais pas lui faire porter la charge de mes souvenirs toujours lourds à supporter.


Maman ne m’a jamais parlé de mon père. J’ignore pourquoi. Tout ce que je sais, c’est qu’il était dans l’armée. Qu’il a été muté ailleurs et qu’il n’est plus jamais revenu. Il m’a laissée seule à Beni. Seule avec ma mère et les coups de balles. Avec le sang et tout ce qu’il macule. Je n’aime pas trop y penser. Tante Leila, quand je suis arrivée à Kinshasa pour la toute première fois, m’a dit qu’elle connaissait mon père. Elle a dit qu’elle me parlerait de lui mais seulement quand le moment sera venu. Ça va faire huit mois que j’attends. Elle ne me dit jamais rien à ce sujet. Le moment ne doit probablement pas encore être arrivé. Tout le temps qu’elle est à la maison, si elle n’est pas saoule, elle est avec ses moziki à jacasser comme des perruches. Il en faut du cœur pour supporter ses copines.

Il m’arrive parfois de me dire que si tante ne me dit jamais rien, peut-être qu’elle me protège. De quoi ? Je ne sais pas trop. Peut-être que quand le moment viendra je le saurai. Je saurai tout. Mais en attendant, je m’ennuie à mourir dans cette ville où pourtant il est impossible de s’ennuyer. Je me sens un peu dépaysée. Après huit mois j’ai réussi à m’exprimer en lingala mais mon accent s’érige parfois comme une barrière dans mon intégration sociale. Tous mes amis sont à Beni. Ici je n’ai que James. Mais lui aussi il travaille. Il n’a pas tout le temps à m’accorder. Quelques heures seulement en une semaine. C’est peu. Souvent il me prend et on va s’asseoir dans la terrasse au coin de l’avenue. J’imagine que Mukoko a déjà dû nous y voir une ou deux fois. Et là il pique sa crise de jalousie.

L’autre fois je lui ai demandé, à Mukoko, ce qu’il faisait dans la vie, il m’a dit qu’il travaillait dans la base militaire de Ndolo. Il a le bras gauche amputé. Tante Leila m’a raconté un jour qu’il s’était fait cela durant la guerre à l’Est. Une de ces nombreuses guerres qui ne finissent jamais. Ça remontait à très longtemps. Je devais être encore bébé à l’époque. Je ne lui pose pas trop de questions sur sa vie même si lui il m’en bombarde, de questions. Tout ce que je sais c’est qu’il vit seul. Il m’a laissé une fois entendre qu’il avait une fille. Mais au moment même où il s’était mis à parler, il s’arrêta net. Va savoir pourquoi… Depuis, il ne me parle plus jamais de sa fille. Je ne sais même pas comment elle s’appelle, si elle est toujours en vie. J’imagine que quelque chose de tragique avait dû lui arriver…


D’un coup la porte, cette même porte qui tient à peine, se rouvre avec brutalité, encore. Mais cette fois-ci ce n’est pas Mukoko. C’est tante Leila. Elle entre en larmes. Quand je la vois, mon cœur bat si fort et s’arrête aussitôt. Je n’ai jamais vu tante Leila dans cet état.


– Que se passe-t-il ma tante ?


Dans cet élan de pleurs elle me regarde. J’ai cruellement l’impression que tous les malheurs du monde se sont comprimés dans ses yeux.


– N’as-tu pas appris la nouvelle ? Il y a eu de nouvelles tueries à Beni… Ta mère… Ma sœur y est restée…


Mon univers s’effondre. Je ressens sur la poitrine un poids si lourd que je n’arrive pas à respirer. Le temps tout autour de moi s’arrête. Plus rien n’existe. Et pourtant perdre les gens proches, ça m’est arrivé tellement de fois. La douleur, on ne s’y fait jamais. Les images de ma mère me reviennent toutes à la fois. Dans ma tête il n’y a qu’elle. Je la revois, là devant moi, avec son sourire. Ce sourire que je n’aurai plus jamais la grâce de contempler.


– Moseka, tu vas devoir être forte ma fille. Il faut que tu sois forte…


C’est à peu près tout ce que je réussis à entendre de la bouche de tante Leila. Tout le reste s’emmêle dans le désordre de mes pensées. Comment être forte quand ma force, mon unique force a succombé face à la rudesse du fer ?


 
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   maria   
15/12/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

La narratrice témoigne de la violence qui règne dans son pays, où "tout peut arriver après". "Pas vraiment de projets d'avenir." "Travailler juste à se remplir la panse, dans l'immédiat.
Sa mère, "ma véritable force", l'éloigne des zones de combat. A Kinshasa, où "à la place des obus, des bars", elle s'abandonne au sexe et à l'alcool.
Elle est désespérée à l'annonce de la mort de sa mère. Passive jusque là, où trouvera t-elle la force pour affronter "le vieux Mukoho" dans un pays en guerre permanente ?

L'histoire est poignante. Mais trop d'histoires sont concentrées dans cette nouvelle. Ce qui donne un ensemble flou, on se perd un peu, dans tous ces passés. Même si le rythme rapide retient l'attention du lecteur.

Merci pour le partage et à bientôt.
Maria en E.L.

   Corto   
21/12/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Cette nouvelle est d'une force exceptionnelle. On s'y retrouve plongé dans l'horreur de l'horreur, la misère de la misère, celle qui n'a aucune raison de prendre fin.
Et pourtant c'est avec des mots simples, même pas exagérés que le personnage principal Moseka nous raconte cette existence ordinaire qui n'a de vie que celle qui a juste échappé à la mort. Une vie qui ressent son absence d'horizon, juste parce qu'elle se vit là où il n'y a pas d'horizon.

Ressentir cette nouvelle ce sera pour moi en retenir quelques phrases exceptionnelles car ils serait imprudent dans ce contexte de dire 'magnifiques':

"En finir avec cette horde de souvenirs nocturnes qui me font insupporter l’éclat de la lune."

"Je dois vivre pour ma mère. C’est elle ma force. Ma véritable force."

"Le temps ça change les gens. Les gens aussi ça change les gens."

"Il y a des souvenirs qui ne disparaissent jamais. De vraies taches dans l’âme."

"Comment être forte quand ma force, mon unique force a succombé face à la rudesse du fer ?"

Grand merci à l'auteur.

   Donaldo75   
5/1/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Jocelyn,

J'ai trouvé dans ce texte un ton, un contexte, une lecture sociale. La narration donne de l'ampleur à ce ton; on peut dire de cette histoire qu'elle est racontée et pas n'importe comment, au point d'être incarnée. Et c'est ce qui la rend d'autant plus intéressante car elle ne surjoue pas, cette narration, et oblige le lecteur à tenter de comprendre à travers les lignes, dans un contexte qu'il ne maîtrise probablement pas mais dont il peut comprendre les tenants et aboutissants s'il décide de ne pas ménager ses petites cellules grises. Ce n'est pas un texte de grand styliste, certes, mais c'est plus qu'une simple tranche de vie.

Bravo !

   Raoul   
5/1/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,
Une nouvelle forte, un flot de pensées et de rencontres (brèves, les rencontres) dans un monde en cours d'effondrement. On y sent la violence, elle est partout, sourde, elle n'est nulle part, tapie pourtant, elle est condensée dans le fracas d'une porte.
Le fil de la mémoire se déroule, avec ses incises et ses coq à l'âne. Très bien rendu, avec un cours naturel, un style qui ne cherche pas à reconstituer. C'est le texte d'une narratrice qui soliloque sa vie.
Un texte très réaliste et très réussi parce qu'il ne cherche pas à trop en faire.
Merci pour cette lecture.

   Anonyme   
6/1/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Dans un réalisme et une écriture sans apprêt, la narratrice a greffé des symboles qui lui sont chers : le caractère sacré des liens l’unissant à sa mère, mais aussi l’absence de la figure paternelle, et puis il y a l’amour aussi, précaire, mais vital.

Le mérite de cette histoire est d’avoir su lui conférer une déchirante humanité, grâce notamment à la simplicité des mots que l’auteur(e)) déploie pour décrire la triste vie de Moseka, hantée par l’horreur de ses souvenirs. C’est tout simplement le désastre d’un destin fracassé par l’Histoire, en marche vers la fatalité. Car il n’y a pas de remède pour sortir de cette vie ; il n’y a qu’une certitude : le malheur d’exister dans un monde où il n’y a pas d’espoir, mais seulement de la souffrance et un désespoir profond.

Cette nouvelle donne un aperçu de quelques réalités du monde d’aujourd’hui, du malheur d’un grand nombre de personnes et de leur détresse, face à la guerre, aux massacres et à la cruauté.
Un grand Merci ! pour cette belle lecture.

   Alfin   
6/1/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Jocelyn,
Merci beaucoup pour ce partage passionnant.
Votre écriture est fluide et parfaitement à propos, ou comment montrer l'horreur d'un quotidien dangereux avec les mots d'une situation connue, qui ne semble rien avoir d'exceptionnel.
L'histoire de ce village "Beni" qui n'en porte que le nom est à la fois terrifiante et tellement ordinaire dans la narration.
Je pense que vous devez aller plus loin. Je ne sais pas si vous avez déjà été publiée, mais vous avez là le sujet d'une histoire au long cours, qui témoigne d'une situation d'exactions inacceptables, mais silencieuses au niveau international. Votre connaissance de la République Démocratique du Congo doit être plus exploitée. Mettre en avant la situation de la population et la condition de la femme, que ce soit dans le pays ou à Kinshasa, ville tentaculaire et anarchique.
Enfin, j'imagine que Mukoko est le père de Moseka, il faut donc écrire l'histoire de leurs confrontations douloureuses, mais qui à un moment seront salvatrices pour l'un ou pour les deux, ils ne sont pas liés sans raison, elle doit lui apprendre à être autrement. Il doit lui apprendre à gagner sa place.
Soyez vous-même dans votre écriture et un roman me semble non seulement nécessaire, mais surtout déjà existant.
Au plaisir de vous lire,

Alfin

   plumette   
8/1/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai trouvé que L'accroche du début, avec cette question crue est un excellent moyen d'intéresser le lecteur.

La narration est très réussie, qui mêle pensées de la jeune fille et évocation du passé dans une trame qui parait très fluide et cohérente.
De petits moments dialogués donnent au texte une bonne dynamique .

J'ai pu intégrer sans peine les personnages assez nombreux sur un texte si court : Moseka, James, Mukoko, Tante Leïla et ses enfants,la mère et même ... le père qui est sans doute Mukoko à moins que l'auteur n'ait semé des indices pour une fausse piste...

Je me suis posée la question de la fin: Fallait-il faire une fin dramatique? Le lecteur a bien compris les risques de la vie à Béni!

J'ai bien apprécié l'écriture:la voix de Moseka est très singulière et pleine d'images ( celle du fil qu'on coupe pour parler de la mort- quelques expressions fortes comme " se coltiner le trépas dans leur train de vie" " les tâches dans l'âme")

Je me suis tout de même posé la question de l'âge de Moseka, de son avenir aussi. Cherche-t-elle du travail? ou est-elle en âge de faire des études? Je me suis suffisamment attachée à elle pour avoir envie d'en apprendre plus.

Marci pour ce partage

   tatanlongi   
29/1/2020
Modéré : Commentaire trop peu argumenté.

   thierry   
28/1/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Une histoire forte qui ne craint pas la percussion. C'est vrai, il y a des pistes et des non-dits, des allusions qui frôlent la confusion, peu importe, j'ai bien aimé voyager dans la tête de cette fille perdue.
L'évocation de la guerre qui ne finit jamais est très prenante...
Côté style, je suis partagé : quelques erreurs : "projet d'avenir" est l'exemple même du pléonasme, " Seulement qu’eux" est moche "J’imagine que quelque chose de tragique avait dû lui arriver" est bancal mais ces imprécisions sont balayées par de jolies images et des pensées fortes : " Le temps ça change les gens. Les gens aussi ça change les gens." est remarquable, le genre de sentence qui montre combien cette fille est solide dans son esprit.
Enfin, que ses pensées aillent de-ci de-là me va bien, c'est le propre de l'ennui comme de l'inquiétude de nous faire prendre des chemins détournés.
La chute est réussie. L'inimaginable arrive encore à surprendre, on ne s'habitue pas à la douleur, le texte le prouve bien.
Merci !


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