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Réalisme/Historique
JohanSchneider : Paillasson
 Publié le 09/03/25  -  1 commentaire  -  17794 caractères  -  24 lectures    Autres textes du même auteur

« La tristesse est la seule promesse que la vie tient toujours. »
Hubert-Félix Thiéfaine – Éloge de la tristesse


Paillasson


« “Dans la vie, il n’y a que deux sortes de gens : les paillassons et ceux qui s’essuient les pieds dessus.” C’est ce que tu avais l’habitude de dire, maman. J’ai vécu avec la certitude d’appartenir à la première catégorie. Aujourd’hui que suis-je devenue ? Ou plutôt que ne suis-je pas devenue ? Suis-je toujours un paillasson ? Quant à toi, j’ai manqué l’occasion de te dire que je t’ai toujours considérée comme une fameuse peau de hareng. C’est trop tard à présent : tu as eu la bonne idée de souffler la veilleuse sans préavis. C’est le cœur qui a lâché, selon le médecin. Médecin que j’ai choqué en lui répondant que je trouvais inexplicable cette soudaine faiblesse d’un muscle que tu n’as jamais beaucoup sollicité. Aujourd’hui il n’y a que moi, ta fille unique, pour t’accompagner à ta dernière demeure, et quelques vieilles toupies aussi vachardes que toi. »

Marie-Anne interrompt son monologue intérieur lorsque le cortège atteint le jardin de dispersion des cendres. Elle meurt d’envie de boire. Son organisme lui réclame, de façon impérieuse et lancinante, de l’alcool. Elle en vacille sur ses hauts talons et sous l’effet du triple cognac qu’elle a pris avant de partir pour le cimetière. Pourtant elle a le cognac en horreur, tout comme le gin (elle lui trouve une odeur de punaise) et le pastis. Pourquoi en a-t-elle sifflé trois verres coup sur coup avant le départ du convoi funéraire ? Pour se dégoûter de l’alcool, s’est-elle justifiée en elle-même, alors que sa consommation a crû de façon exponentielle ces dernières années et qu’elle n’a entrepris aucun sevrage sérieux. Se murger en ingurgitant une boisson qu’on déteste, c’est toujours se murger au bout du compte, le plaisir en moins.

Le convoi funéraire se compose de Marie-Anne et d’une poignée d’anciennes collègues et voisines de sa mère que son caractère n’a pas découragées et qui ont continué à la fréquenter avec plus ou moins d’assiduité. Une prise de bec a éclaté entre deux d’entre elles à la fin de la cérémonie de crémation. Avant que le cercueil ne parte vers le crématoire, Ne me quitte pas de Brel a retenti. Marie-Anne s’est demandé qui avait donné pour instruction aux pompes funèbres de passer cette chanson. À sa connaissance, sa mère, qui cultivait en matière musicale un penchant pour de vénérables antiquités phonographiques comme Berthe Sylva ou Maguy Fred, n’aurait jamais choisi de s’en aller sur une chanson de Brel ou de tout autre artiste français ou francophone des années soixante et soixante-dix (« Tous des pédés et des drogués. »). Elle n’arrive d’ailleurs pas à imaginer que sa mère aurait souhaité des obsèques au son d’une quelconque musique, fût-ce celle des tambours de la Garde républicaine – elle avait toujours beaucoup aimé les uniformes.

L’incident du crématorium est justement provoqué par ce choix musical qui résulte d’une initiative de Lucette, la voisine de palier, initiative contestée par Monique, une ancienne collègue :


— Franchement, du Brel, c’est d’un goût… Surtout celle-là… c’est d’un triste !

— Et alors ? Vous auriez peut-être voulu que je fasse jouer La bonne du curé ? grince Lucette, furieuse.


Marie-Anne s’abstient d’intervenir. En tant que plus proche parent, les pompes funèbres auraient normalement dû la consulter sur le sujet. Peut-être l’avaient-elles fait. Elle ne s’en souvient pas : c’était sûrement un jour où elle était entre deux verres. La formalité de dispersion des cendres expédiée, les rombières s’attendent à être invitées au restaurant. Marie-Anne n’a pas envie de les regarder se taper la cloche à ses frais. Elle prétexte un besoin pressant. Les toilettes publiques sont à plusieurs allées de là. Elle s’éloigne aussi vite que ses talons le lui permettent, fait plusieurs tours et détours et file vers la sortie dès qu’elle est sûre d’être hors de vue. Elle a encore le temps d’entendre la voix de tête de Lucette qui à son tour agresse Monique sur le choix (et surtout le prix) de la couronne. Dehors, sans chercher un bistrot malgré le besoin de boire qui la taraude, Marie-Anne arrête le premier taxi qui passe et y saute en rugissant : « 95, rue Damrémont, dans le XVIIIe ! »

Marie-Anne subit un chauffeur de taxi à l’ancienne : le genre bavard. D’Arcueil au périphérique il lui raconte sa jeunesse de blouson noir à Romainville. À la porte des Lilas, il n’a pas encore épuisé son sujet de prédilection : sa guerre d’appelé en Algérie et les vingt-deux mois qu’il a passés à « casser du fellouze » dans des mechtas pouilleuses. Marie-Anne tend brièvement l’oreille : son ex-mari avait fait l’Algérie lui aussi, probablement à la même époque que le branle-tétons qui pontifie toujours derrière son volant en vomissant des imprécations à l’encontre des « bicots » et autres « boucaques ». « Mon pauvre vieux, se dit Marie-Anne, et si je te disais que tu as peut-être eu mon ex comme camarade de chambrée et que pendant tout le temps que vous avez passé à “pacifier” là-bas je l’ai allègrement cocufié ? D’ailleurs si tu étais toi aussi marié à l’époque ou si tu avais une bonne amie, elle t’a peut-être fait la même blague ? » Le chauffeur se méprend sur le sourire fugitif qui anime le visage de Marie-Anne. Se croyant encouragé, il redouble de diatribes à l’encontre de tout ce que l’univers peut contenir de non blanc, non chrétien, non occidental, non civilisé, bref de non français.



Arrivée à destination, Marie-Anne est épuisée et chaque fibre de son corps hurle après ne serait-ce qu’une infime goutte d’alcool. Alors qu’elle descend de voiture, le chauffeur a le culot de lui demander :


— J’espère que je ne vous ai pas trop soûlée avec mes histoires ?


Elle veut répondre qu’elle aspire précisément à se soûler, mais pas avec des mots. Mais son humour étant hors d’atteinte des facultés de compréhension du babouin motorisé, elle se contente de lâcher d’un ton nonchalant :


— Ne vous en faites pas, la personne qui m’a le plus soûlée de toute ma chienne de vie vient juste de partir en cendres.


Marie-Anne retrouve avec soulagement son deux-pièces donnant sur la rue, un vrai luxe. L’appartement est très loin de correspondre à certains clichés qui l’exaspèrent : il n’est pas meublé avec goût ni fleuri avec soin. C’est le logis d’une femme pauvre, abonnée à la malchance et aux promesses jamais tenues. Elle renifle de mépris devant ces héroïnes de romans ou de films qui évoluent dans des décors agréables ¬– des plages immenses bordées d’océans limpides, des appartements démesurés remplis de fleurs coûteuses et de meubles rarissimes, des restaurants raffinés, des terrasses de cafés baignées de soleil – où elles savourent leur cigarette en parcourant des journaux dont la lecture ne les fait pas même sourciller. Marie-Anne trouve ces lieux communs d’une fadeur insupportable, en plus d’être mensongers. Selon elle le contenu de la presse a de quoi faire dégueuler un canard, l’âcreté de la fumée d’un clope est loin de toute notion de saveur, mais irremplaçable. Quant aux fioritures du décorum c’est du baise-cons, du piège à touristes.

C’est nantie de ce solide bon sens que Marie-Anne a vécu. Sa biographie peut se résumer ainsi : « Partie de rien pour arriver nulle part. » À ceux qui s’étonnent de sa propension à survivre sans trop de dommages malgré la dureté des temps, son maigre bagage et son absence d’ambition, elle se plaît à répondre : « Je ne suis pas intelligente, mais j’ai de l’astuce. » Moyennant quoi elle mène une existence indépendante. Libre à défaut d’être brillante mais elle n’a jamais regretté son choix depuis le divorce. Quelques liaisons d’une durée variable ont suffi à remplir sa vie sentimentale. Un audacieux qui s’était risqué à lui proposer, à défaut de mariage, un « concubinage très libre et très ouvert » s’est vu opposer une fin de non-recevoir brutale.

Incidemment, l’absence de compagnon à demeure empêche toute remarque sur sa consommation d’alcool. Ou bien il aurait fallu qu’elle tombe sur un soiffard invétéré mais, peut-être avertie par l’instinct de conservation, elle fuit comme la peste tout mâle trahissant un penchant pour les boissons fortes. La soûlerie en solitaire manque d’agrément mais la biture en couple offre un avant-goût convaincant de ce que doit être l’enfer.

Dans la cuisine de Marie-Anne, le Formica règne sans partage, vestige de son premier emploi. Après le divorce elle a trouvé coup sur coup un emploi de vendeuse aux Galeries Barbès et cet appartement. Elle vend des meubles et habite là depuis près de trente ans. Les bons résultats de ses débuts lui ont permis d’acheter à un prix avantageux et à tempérament ce qui constitue encore l’essentiel du mobilier de son logis. L’ensemble est à présent assez défraîchi bien que Marie-Anne soit soigneuse et ordonnée : même avec un coup dans le nez elle parvient à ne rien casser ni renverser et à trouver le chemin de son lit sans se cogner dans les murs.

Ses meubles les moins datés sont les rayonnages qu’elle a fait faire sur mesure – une folie raisonnée qu’elle s’est offerte après s’être imposé des mois durant une rigueur soviétique dans la gestion de son budget. Elle en avait même renoncé à l’alcool. Les étagères abritent sa bibliothèque et sa discothèque, et il reste même de la place. Marie-Anne n’est pas une grande lectrice et ses goûts sont limités : elle ne lit que France Dimanche, Le Hérisson avec son fameux papier vert et les romans de Françoise Dorin. Consciente de ses lacunes et de son bagage insignifiant, elle a reporté sur la musique toutes ses capacités à s’émouvoir et à s’émerveiller. Son appartement contient peu de livres mais regorge de disques. Mis à part les incontournables et indémodables Boléro de Ravel, Quatre Saisons de Vivaldi, Carmina Burana de Carl Orff et Canon de Pachelbel, sa discothèque est plutôt contemporaine tout en ayant gardé un côté passéiste hérité de sa mère. Mais elle est surtout résolument éclectique, voire consensuelle, ou plutôt rassembleuse côté chanson française : Philippe Clay et Michel Sardou y côtoient Jean Ferrat et Henri Tachan. Marie-Anne voue un culte discret à Charlélie Couture, Hubert-Félix Thiéfaine, Hervé Cristiani, Pierre Rapsat, Jean Guidoni. Elle s’est aussi offert quelques curiosités atypiques et quelques audaces : elle possède ainsi des disques de Fela, de Neil Young, de Microdisney, de Toots and the Maytals, de Joy Division et New Order. Ceux qui examineront son appartement après sa mort découvriront aussi qu’elle possédait des intégrales de Lys Gauty, Lucienne Delyle, Marie Dubas et Léo Marjane.

Dès qu’elle rentre elle choisit un disque au hasard et le place sur l’électrophone tout neuf, une autre folie raisonnée. L’ancien « tourne-disques » (selon l’expression démodée qu’elle persiste à conserver depuis sa jeunesse) s’est décidé à la lâcher après avoir multiplié les signes de fatigue, ce que Marie-Anne avait appelé « une agonie à la Franco ». Lorsque le disque choisi ne lui convient décidément pas, elle se repasse toujours la même chanson : Ma môme chantée par Denis Pépin dont, pour des raisons qu’elle ne s’explique pas, elle préfère l’interprétation à celle de Ferrat.

Ses seules vraies passions sont la musique et ce qu’elle appelle « le sirop de la rue ». Elle peut rester des heures à sa fenêtre ; le spectacle de la vie qui coule dehors, quelques mètres plus bas, la fascine sans lui faire éprouver le besoin de s’y mêler. Elle a toujours détesté le logement de sa mère, un cagibi donnant sur cour, perché au dernier étage d’un immeuble vétuste du XVe arrondissement. Le nom de la voie, qu’elle trouvait superbe et étrangement poétique – impasse du Mont-Tonnerre – contrastait avec l’aspect minable des bâtiments qui la bordaient.

« Je ne sais pas comment tu fais pour crécher dans ce gourbi », disait-elle à chacune de ses rares visites, à quoi madame Mère répondait : « Ma petite fille, fais-moi le plaisir de t’occuper de tes oignons. » Après quoi elle lui assénait pendant des heures des morceaux choisis de ses souvenirs de jeunesse en Picardie, évocations ayant pour thème le fait que les femmes étaient des pas-grand-chose et les hommes des rien-du-tout. Forte maxime généralement secondée par une considération relative aux paillassons.

Ce jour-là, elle dédaigne Ma môme et s’en remet au hasard. Les yeux fermés, elle pose un doigt sur la tranche d’un disque. C’est Crime passionnel de Jean Guidoni. L’ambiance de l’album colle mal à l’idée de deuil mais sa noirceur s’accorde à l’humeur de Marie-Anne. Et puis c’est un peu plus de circonstance que La bonne du curé et même que Ne me quitte pas

C’est dire que Marie-Anne n’est pas dévastée par la perte de sa mère. Sa vie a été empoisonnée par la culpabilité de ne pas l’aimer jusqu’à ce qu’elle finisse par comprendre que l’aversion était réciproque.



Il y a un petit supermarché au pied de l’immeuble. Marie-Anne y fait toutes ses courses mais n’y prend jamais d’alcool. Pour s’approvisionner en boisson elle se rend dans plusieurs supérettes et grandes surfaces qui couvrent un assez large rayon autour de son domicile. Ainsi ne prend-elle jamais à boire deux fois de suite au même endroit. Elle espère éviter d’être repérée par les commerçants comme la rombière qui vient régulièrement acheter de quoi se piquer la ruche. Mais lors de l’enquête de voisinage, les policiers découvriront que cette stratégie a échoué. Dans la plupart des commerces qu’elle a fréquentés, on se souviendra de cette dame entre deux âges, pas très élégante ni très bavarde, qu’on voyait une ou deux fois par mois venir faire le plein d’un peu de solide et de pas mal de liquides.

Mais ce jour-là, tenaillée par l’envie de boire, et de boire plus que de raison – à supposer que l’acte de boire ait quelque chose à voir avec la raison –, Marie-Anne néglige ses précautions habituelles pour aller au plus près et au plus vite. Alors elle descend au bas de son immeuble. La caissière qui enregistre ses achats (Dorothée Picavet, vingt-trois ans, célibataire) déclarera qu’elle avait été impressionnée par cette cliente, qu’elle connaissait bien de vue. Plus que la cliente elle-même d’ailleurs, c’est la quantité et la qualité de ses achats qui l’avaient stupéfiée. Pour reprendre ses propres termes : « Attention, pas du jaja à huit balles le litron. Que de la marque et du millésimé. Et pas que du pif. Elle a pris à peu près tout ce qui titrait au-dessus de douze degrés. Mon tapis roulant était couvert de boutanches, jamais vu un truc pareil. Je me suis demandé si elle arriverait à tout emporter toute seule. C’est bien simple, elle est sortie du magasin bâtée comme une ânesse. »

Il est un peu plus de dix-neuf heures lorsque Marie-Anne rentre chez elle. En sortant de l’ascenseur elle croise sa voisine de palier, une jeune femme perchée sur des talons vertigineux et vêtue d’une minijupe qui s’apparente plus à l’affutiau qu’au vêtement. Celle-ci (Sophie Adda, dite Sophie Denis, trente ans, comédienne spécialisée dans le doublage) la toise avec mépris et Marie-Anne lui rend un regard chargé de haine. Les deux voisines ne s’apprécient pas. Elles se sont affublées de sobriquets amicaux. Marie-Anne a baptisé sa voisine « la cabotine », tandis qu’elle a hérité de l’appellation « la poivrote » car elles se sont déjà croisées sur le palier alors que Marie-Anne rentrait d’une expédition d’approvisionnement spécial. La voisine en avait tiré ses conclusions.

Marie-Anne se moque des tenues ultra-courtes de la « cabotine » en disant qu’elle s’habille chez Renault (parce que Renault… à Billancourt – habille en court). La « cabotine » trouve la « poivrote » aimable comme une porte de prison et dit qu’elle doit rire toutes les fois qu’elle se brûle.

C’est une franche inimitié entre deux femmes de génération différente. L’une jalousant la jeunesse de l’autre, laquelle envie l’apparente maturité de Marie-Anne. C’est pourtant Sophie qui donnera l’alerte quelques jours plus tard.



— 6,75 grammes d’alcool dans le sang ! s’exclame Walter Scaramezzino, jeune inspecteur frais émoulu de l’école de police, en sortant de l’Institut médico-légal.

— Quand j’étais à la circulation, j’ai coxé un gonze qui affichait plus de neuf grammes, fait son collègue Velaidomestry, surnommé « Roger » au commissariat car il est le sosie de l’acteur Danny Glover.

— Ouais, mais là c’est une FEMME, Roger. Pourquoi se détruire comme ça, nom de Dieu ?

— D’après le voisinage, elle avait une réputation de pochetronne.

— Peut-être mais personne n’a pu affirmer l’avoir jamais vue bourrée.

— Elle avait la soûlographie discrète, voilà tout. Et puis l’autre jour, un verre en a entraîné un autre, une bouteille en a entraîné une autre… Elle a perdu le contrôle, et fin de l’histoire.

— Admettons. J’ai pourtant l’impression qu’elle a voulu nous dire quelque chose.

— Même si on peut supposer qu’elle a voulu se tuer en picolant elle n’a pas laissé de mot, mon vieux.

— Bien sûr que si, Roger. Souviens-toi de ce que sa voisine…

— … la belle en cuisses ?

— Oui, soupire Scaramezzino. Elle a déclaré qu’elle est entrée chez sa voisine…

— … parce que ça commençait à sentir.

— Oui, oui, oui ! fait le jeune inspecteur, agacé. Mais elle a pu entrer dans l’appartement parce qu’elle avait la clé.

— De son propre aveu, elles ne pouvaient pas se blairer. L’autre ne lui aurait sûrement pas confié la clé.


Scaramezzino sort de sa poche un papier qu’il défroisse.


— Elle avait punaisé ça sur sa porte.


Son collègue se penche et lit : « La clé est sous le PAILLASSON. »


— Pourquoi « paillasson » est en majuscules ?

— Vois-tu, Roger, on ne saura jamais pourquoi, mais je pense que c’est son mot d’adieu.


 
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   David   
21/2/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,

Oh, c'est noir de charbon ! Il y a comme une surimpression, une surcharge, mais très bien dosées. C'est un deuil de haine suivi d'un suicide, et c'est une histoire avec deux mortes mais dont l'auteur est justement l'auteur. Le style ajoute un côté jubilatoire, c'est fluide, pas enivrant mais entrainant, assez sobre mais liquide quand même, ça invite au jeu de mots, comme cet affreux "à Billancourt". C'est aussi une histoire de meuf, de meufs même, qui n'est et ne sont pas là pour redonner le goût de vivre, et je crois bien que tous les hommes qui s'expriment dans le texte le font à propos ou par rapport à l'héroine, c'est potiche-land pour eux, même sans les talons et la mini-jupe.

La citation de Thièfaine est une parodie d'une autre tirée de "la promesse de l'aube", je crois que c'est à peu près sur la vie qui a son début fait une promesse qu'elle ne tient jamais, et l'auteur, romain gary, a mis fin a ses jours comme cette "marie-anne". La promesse de l'aube est aussi réputée pour son style, enfin, je ne vais pas faire une étude littéraire mais il y a comme un jeu de contraires et de semblables, je veux dire que dans sa noirceur le texte tire des ficelles de choses bien plus jolies.

C'est aussi un bon format de nouvelle : on n'attend pas la suite, on ne voudrait pas plus long, on n'est pas curieux des détails moins exploités, tout est là pour faire ce que ça fait.


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