Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Fantastique/Merveilleux
karine : Le sultan vagabond (Partie 3)
 Publié le 15/10/07  -  4 commentaires  -  13092 caractères  -  8 lectures    Autres textes du même auteur

La situation ne s'arrange pas pour le jeune sultan Hassan : chassé du palais, recueilli par un voleur recherché par son ex-milice qui lui a sauvé la vie malgré le ressentiment qu'il ressentait envers lui, il doit fuir devant son vizir qu'il soupçonne à présent de traîtrise. Va-t-il réussir à se tirer d’affaire ?


Le sultan vagabond (Partie 3)


Chapitre 3 : Où l'on découvre les bas-fonds. Où l'on est pris au piège.


Un vacarme assourdissant fait de cliquettements métalliques et de bruits de vaisselle brisée retentit dans la rue voisine. Le garde sursauta, hésita puis se rua vers cette dernière.
Hassan souffla de soulagement et loua Kassim qui venait de sacrifier pour lui son service à thé et ses plateaux d'étain achetés à prix d'or au marché du Sernaï. Il regarda autour de lui, interdit. La nuit était sombre. Qu'allait-il faire ? Il courut prudemment vers la grand'rue afin d'accéder à la porte Sud de la ville. Il allait y parvenir lorsqu'une silhouette déguenillée sortit de l'ombre.


- Ça par exemple ! Le jeune Hassan !


L'ex-monarque reconnut la haute silhouette d'Ali, un sabotier sans le sou qu'il aidait depuis plus de trois mois à trouver sa subsistance.


- Qu'arrive-t-il ?

- Kassim va être exécuté demain ainsi que tous les occupants de sa maison ! Et il m'a dit qu'on en voulait à sa vie !

- Comment ? L'Ombre est menacée ? Mais il faut l'aider !


Hassan regarda la porte qui le séparait de la liberté et maudit sa lâcheté.


- Mais que faire ?

- Prévenir les autres !


Ali prit Hassan par la main et se mit à courir vers la basse fosse, quartier appelé ainsi en raison de son insalubrité extrême et de son insécurité excessive. Jamais Hassan n'avait osé y mettre les pieds, pas même au cours de ces trois derniers mois.
Les maisons étaient des cabanes malpropres en bois entre lesquelles serpentaient des ruisseaux malodorants charriant des immondices. Le reste de la ville, auprès de cet endroit, brillait par sa propreté. Des mendiants faméliques, estropiés pour la plupart les peuplaient.
Ali entra sans hésitation dans la masure la plus grande. À l'intérieur se tenait une sorte de conseil: sur une caisse de bois humide siégeait un homme musclé repoussant de vermine. Près de lui se tenaient six mendiants de haute taille. Le reste de l'assemblée, femmes hagardes, gamins dépenaillés et vieillards squelettiques, était massé autour des sept personnages principaux et remplissait totalement la branlante bicoque.
Ali alla directement vers le plus musclé qui semblait être le chef.


- L'Ombre sera exécutée demain.


Un murmure horrifié parcourut l'assemblée.


- Tu es sûr de ce que tu avances ?

- Oui. C'est Hassan qui l'affirme. Il vient de sa maison.

- Le vizir a dit qu'il serait exécuté demain à midi et que tous ses gens seraient massacrés, expliqua ce dernier.

- Je vois, soupira le chef des mendiants. Sauver ses domestiques ne devrait pas être très difficile : ils ne présentent aucun intérêt pour le vizir... Mais l'Ombre, en revanche... Est-elle encore libre ?

- Elle l'était, répondit Hassan, mais la ville est bouclée, a dit le vizir.

- J'ai vu ça. La porte Sud est étroitement surveillée. Toute personne essayant d'y passer est redirigée vers les geôles du palais.


Hassan ne put s'empêcher de frémir rétrospectivement en songeant à quel sort horrible il venait d'échapper. Il était bien placé pour savoir quelles tortures se pratiquaient dans cette prison réservée aux traîtres et aux criminels.


- Et les autres ?

- Une légère faiblesse dans la sécurité de la porte Ouest. Il faudrait tabler sur celle-là pour sortir de la ville.

- Mais cette porte donne sur le désert du Sermoun ! s'étrangla le jeune monarque. Sans un équipement adapté et une escorte pour échapper aux brigands et tout spécialement...

- Au Lion rouge, compléta sombrement le chef des mendiants. Je le sais. Et il est plus sanguinaire que jamais ces derniers temps. Mais nous n'avons pas le choix.

- Et après ? Où irez-vous ? demanda Hassan. Au bout du désert il y a le royaume des Arianides ! Nos ennemis !

- Tu ne m'apprends rien, petit ! coupa le chef des mendiants un peu agacé. Mais il n'y a qu'un chemin. Abbas, Khamis ! Prenez un groupe d'hommes et essayez de les faire sortir ensemble de la maison.

- Mais la milice...

- Est peu nombreuse. Le vizir ne prendrait pas le risque d'attirer l'attention du sultan. Surtout qu'il a l'air plus futé que l'ancien !


Hassan frémit sous l'insulte mais ne broncha pas.


- Combien étaient-ils ? demanda le dénommé Abbas.

- Pas plus d'une quinzaine, répondit l'offensé.

- Allez-y, dit le chef des mendiants. En surnombre. Et agissez vite. Il ne faut pas que le vizir ait le temps de réagir et d'envoyer du renfort.


Les deux hommes partirent. Hassan était nerveux. Qu'allait-il se passer ? Arriveraient-ils à ramener Kassim ? Et si oui, était-ce une bonne chose ? Il lui avait dit qu'il le détestait... C'était donc un ennemi ! Mais il lui avait sauvé la vie...
"Si ma vie était menacée, songea t-il. Après tout, rien ne prouve qu'Arkham m'ait vraiment trahi... Cette miniature... L'Ombre a pu la voler... Mais quel intérêt a-t-il à mentir ?"
Hassan essayait de se persuader que la félonie du vizir n'était qu'invention... Que l'Ombre avait essayé de le duper... Mais un sentiment de malaise persistait. L'Ombre avait raison, il le savait.


Un violent branle-bas hors de la cabane le fit sursauter : les sauveteurs venaient de rentrer de leur mission avec les occupants de la maison de Kassim. Hassan le chercha parmi eux.
Sans succès.


- Où est l'Ombre ? demanda le chef des mendiants.

- La milice est venue le prendre, répondit une des femmes de chambre, en pleurs. Ils ont dit qu'il serait exécuté cette nuit.

- Cette nuit ? s'étrangla Hassan. Mais le vizir a dit...

- Le vizir aura menti, lâcha le dénommé Khamis d'un air las. Il lui aura donné un faux sentiment de sécurité afin qu'il ne se sente pas pressé de s'enfuir !

- Mais il n'était pas pressé, rétorqua Hassan. Il m'a dit qu'il voulait mourir !

- Je doute que le vizir ait avancé l'heure de son exécution pour lui faire plaisir ! Maintenant, reste à savoir où il sera mis à mort...

- Sûrement pas sur la place des mauvais djinns : ce serait une exécution officielle et le sultan n'est pas au courant, réfléchit tout haut Hassan, si pris par sa réflexion qu'il ne ressentit même pas son pincement au cœur habituel en prononçant le mot "sultan".

- Bien raisonné. Que reste t-il ?

- Le cachot des damnés.

- Qu'est-ce que c'est que ça ?

- Une oubliette secrète dans les geôles du palais où Arkham interrogeait les ennemis du sultan... S'il veut s'en débarrasser discrètement....

- Mais oui... Mais comment y va t-on ?

- Par un passage secret qui passe par le palais, la maison du marchand et aboutit à la forêt. Il a été creusé par mon grand-pè... Par le sultan Korchid pour fuir le palais en cas d'attaque ennemie... pendant la guerre contre le roi Nevemrod... Il redoutait une traîtrise de sa part entre deux batailles...

- Et tu saurais nous y mener ?

- Bien sûr !


Hassan guida la cohorte de mendiants jusqu'à la maison de Khaïne, riche marchand de son état, qui était l'un des seuls à connaître son visage hors du palais et à lui être resté fidèle ainsi qu'à l'Ombre. Ils traversèrent le patio fleuri avant de s'enfoncer dans la cave humide. L'escalier paraissait sans fin.


- Tu es sûr que c'est par là ? demanda le chef des mendiants.

- Certain, rétorqua le jeune homme en tirant sur un anneau, ce qui provoqua le glissement d'un pan de mur, libérant un passage. C'est par là.


Ils recommençaient à monter. Bientôt, ils reconnurent les geôles d'une prison.


- On y est..., annonça Hassan qui s'interrompit, interdit.


La petite cellule était vide. Au loin, on entendit une grande clameur.
Hassan se rua sur la fenêtre grillagée. Il venait de reconnaître la voix forte du vizir qui s'élevait dans la nuit :


- Peuple du Darshaï ! Tes prières ont été entendues ! Ce soir, tu n'auras plus peur grâce à sa magnificence le sultan Elrikmar Ier qui a capturé pour toi le voleur qui te menaçait : l'Ombre !
Hassan crut que son coeur allait exploser :


- Ce n'est pas possible ! Il n'a pas pu le convaincre de s'en débarrasser ! C'est son problème, pas celui du sultan !


Il se souvint d'un jour pas si lointain où il était tout à fait disposé à signer l'ordre d'exécution de ce renégat. Un éclat de voix le fit sursauter : le marchand Khaïne, son ami de toujours, se répandait en imprécations :


- Il le savait ! Il savait que l'exécution aurait lieu sur la place des damnés ! Il nous a fait perdre du temps afin que nous arrivions trop tard !


Le chef des mendiants et sa cohorte commençaient à s'échauffer.


- C'est faux ! se révolta Hassan.

- Il nous a trahis !

- Il faut le tuer !


Le marchand Khaïne eut un regard affolé : cela allait trop loin ; tuer volontairement un sultan, même un ex-monarque, était un crime que la reine des djinns n'admettrait pas.


- Non... Mieux vaut le jeter dans ce puits. Il est si profond que personne ne l'entendra crier, pas même son complice le vizir !


Le chef des mendiants hocha la tête :


- Cela me semble une bonne idée.


Hassan hurla et se débattit tandis que les hommes se saisissaient de lui et soulevaient la trappe de bois vermoulue qui recouvrait le puits de pierre. Ce dernier était obscur. Une pierre tomba, poussée par inadvertance par le pied du jeune homme qui continuait à lutter contre les hommes qui le poussaient vers le trou béant. Hassan tendit l'oreille dans l'espoir d'entendre un clapotis pouvant le renseigner sur la profondeur de ce puits. Il n'entendit rien. Il se fatiguait de plus en plus. Le chef des mendiants donna un dernier coup de rein brusque qui le précipita dans le gouffre. Au moment de tomber, Hassan, sans savoir pourquoi, revit un homme au sourire douloureux dont le souvenir remonta des tréfonds de sa mémoire.


*********


Hassan essaya de remonter le col de son manteau de coton pour se donner l'illusion d'avoir plus chaud : peine perdue. Son corps immergé dans une eau aussi putride que glaciale jusqu'à la taille refusait de se laisser berner aussi facilement. Le jeune homme essaya de percer l'obscurité en scrutant les ténèbres avec intensité. Ses efforts ne furent pas couronnés de succès. Il ferma ses yeux douloureux, tenta de réprimer les frissons qui parcouraient son corps et s'efforça d'empêcher ses dents de claquer. C'était fini. Il allait mourir ici. Un détail cependant le chiffonnait : qui était cet homme qui lui souriait tristement avant qu'il ne tombe dans le vide ? Il lui avait pourtant semblé familier... Qu'avait-il oublié ? Une terrible migraine s'abattit sur son crâne et il recula légèrement pour prendre appui sur les parois de pierre glacée.


À ce moment, il sentit une corde frotter contre son visage. Le jeune homme resta interdit. Elle n'était pas là, avant. Il en était persuadé. Alors quelqu'un venait peut-être à son secours ?
Il tenta de réfréner la bouffée d'espoir qui venait de gonfler sa poitrine. Jusqu'à présent, il avait toujours été déçu. Un danger quelconque l'attendait en haut du puits. Il en était sûr.
"Et la mort t'attend en bas, murmura t-il. Vous parlez d'un choix..."


Il attrapa la corde et entreprit de grimper. Peu habitué aux efforts physiques, il dut s'arrêter à de nombreuses reprises afin de souffler. Enfin, après plus d'un quart d'heure, il arriva en haut et prit appui sur la margelle du puits. Une lumière tremblotante émanant d'une lanterne vétuste remplissait la petite cellule. Près de la margelle se tenait le vizir.


Hassan aurait voulu lui conter ses malheurs, se persuader que son fidèle ami n'avait jamais été rien d'autre que son ange gardien... Que Kassim était un misérable criminel qui avait menti pour le brouiller avec son meilleur ami... Mais il se rendit vite à l'évidence : l'homme qui était devant lui, l'air froid et fermé n'avait rien du percepteur doux et patient de ses jeunes années : c'était un ennemi implacable.


- Vous êtes robuste, constata le vizir. Peu auraient survécu à une telle chute.

- Désolé. Je ferai mieux la prochaine fois, lâcha sèchement le jeune homme.

- Je vois que Kassim vous a parlé de notre accord... remarqua sobrement le vizir.


Le cœur du jeune sultan se serra : ses dernières illusions venaient de partir en fumée.


- La reine des djinns n'admettra pas que vous me fassiez du mal ! s'écria le jeune homme, effrayé.

- C'est exact...Elle a la faiblesse de tenir à la santé de votre petite famille... Je ne vous tuerai donc pas... Je vais même vous offrir un long voyage avec mon ami Al Mimoun...


Le jeune homme sursauta, horrifié :


- Cet esclavagiste ? Mais ce criminel devait être exécuté !


Le vizir eut un air faussement apitoyé :


- Il est possible que je me sois laissé attendrir par la détresse de ce malheureux... Et puis il est le dernier lien commercial que nous ayons avec les Arianides... Mais il me doit un service...

- Vous n'avez pas le droit de faire ça ! s'écria le jeune monarque, affolé.


Le visage du vizir se durcit et il eut un sourire féroce :


- J'ai tous les droits, petit prince... Demain, vous serez en route avec les autres pour la capitale du royaume arianide... Là-bas, nul ne vous connaît... Nul doute qu'Al Mimoun obtiendra un bon prix de votre royale personne...


À suivre


 
Inscrivez-vous pour commenter cette nouvelle sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Otus   
17/10/2007
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Nouvelle très sympathique que j'ai corrigée avec plaisir. Je n'ai pas (encore) lu les deux premiers volets, mais cela ne saurait tarder. Le style est fluide et agréable, et si je devais émettre une critique négative, je dirais simplement que j'ai regretté de ne pas trouver plus de "cachet" qui fasse couleur locale, si j'ose dire.

   Anonyme   
20/10/2007
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai bien aimé lire ce troisième épisodeLe style aurait besoin d'être allégé pour rendre le texte plus agréable à la lecture

   Anonyme   
23/10/2007
 a aimé ce texte 
Un peu
L'histoire est intéressante.

Mais une nouvelle n'est pas qu'une histoire.
Il y a mil façons de la raconter.

Là je trouve le style poussif et bien souvent maladroit, ce qui fait que je bute sur quelques écueils....

En retravaillant la 'manière' celà donnerait de biens jolies choses.

   Maëlle   
13/11/2007
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Cet épisode là m'a moins plu: on apprend beaucoup de choses au début, et ensuite, ça tourne un peu en rond (même si le coup de passage secret était pas mal). Le côté politique machiavélique est en retrait, en tout cas je l'ai senti comme ça.


Oniris Copyright © 2007-2023