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Policier/Noir/Thriller
LaurenceSolouar : Le bol
 Publié le 14/08/17  -  12 commentaires  -  8916 caractères  -  114 lectures    Autres textes du même auteur

Petite nouvelle sur les violences domestiques.


Le bol


Je descends les escaliers un peu au radar. J’ai un goût de sang dans la bouche, un goût de métal et c’est désagréable. Il n’est pas tard mais déjà trop ou pas assez car j’entends la radio couiner en bas. Cela veut dire qu’il est déjà levé. Cela veut dire qu’il n’est pas encore parti travailler. Si les marches ne grinçaient pas, je remonterais mais… Avec un peu de chance, il sera dans la salle de bain, il ne m’aura pas entendue, alors je rebrousserai chemin sur la pointe des pieds. Un parcours du combattant pour discrets ces lames d’escalier. Je tends timidement le cou hors de la cage… Je n’ai jamais eu de chance. Il est là. Il est tellement là que la pièce paraîtrait presque exigüe. Il soutient mon regard. Non, il le fouette. Il le fouette sans ciller. Chez lui rien d’autre ne tremble que moi. Moi qui suis un peu à lui, un peu chez lui, une pas grand-chose logée nulle part. Il dit :


– Ma pauvre fille, t’en fais une gueule ! Tu croyais pas voir mézigue ce matin hein ? T’as levé ton gros fion trop tôt, pas de bol !


Je ne dis rien. Pas de bol, non, à part dans le placard. Un gros bol avec une inscription écrite en rose la plus chanceuse. Le café a le goût amer de l’ironie. Il enchaîne :


– T’es de plus en plus grosse en plus ! Grosse et con comme une vache ! Putain mais qu’est-ce que j’ai bien pu te trouver ?


Il s’arrête le temps de piquer du nez dans son bol le meilleur. Je reste bloquée devant la casserole d’eau qui bout. Je sens des larmes monter. Des larmes sèches. Ce doit être une vague d’émotion. Il n’y a plus d’eau dans mes yeux. J’ai tout pleuré. Avant pourtant j’étais une belle femme, on me le disait souvent. Mais il avait dit « t’es maquillée comme une voiture volée on dirait une pute ! » alors j’avais cessé de me maquiller. Moi je n’ai rien contre les prostituées, ce ne doit pas être simple tous les jours mais l’entendre me répéter ça en boucle… cela m’avait soumise. Désormais, il avait raison, j’étais devenue laide. Je m’étais laissée aller, aller simple en enfer. La bouche tombante, les commissures aigries, le visage vide. Je verse l’eau dans mon bol. Je pense dans mon bol j’ai pas d’bol et comme c’est très bête cela me fait rire, enfin sourire. Mon regard s’attarde sur ma robe de chambre, hideuse, défraîchie… Je suis en phase. J’ouvre le tiroir pour prendre un couteau. Merde plus un couteau à bout rond, que des « qui piquent » comme je les appelle, des couteaux à viande. Je n’aime pas ces couteaux qui piquent, ils me font peur. Tant pis, il faut bien couper son pain. En fond, la radio décrète : « Jour de chance pour les verseaux, vos objectifs iront droit au but ! »… Ah bon ?

Je me risque à aller à table. Je me risque à le rejoindre. Il regarde son magazine télé à la page des mots croisés. Il s’acharne toutes les semaines sur un nouvel exercice et ne trouve en moyenne que deux mots de quatre lettres. En général toujours les mêmes car dans Jourtélé, ils ne se foulent pas les neurones pour renouveler leur stock de mots et de définitions. Il a l’impression que ça le rend intelligent. Si seulement ça ne le rendait pas plus stupide. Peu de chances puisqu’il ne supporte pas que je participe à la résolution de ses grilles. Peut-être les garde-t-il pour en tapisser son cercueil ? Une éternité pour résoudre le mystère en trois lettres : À l’occasion vulve, gros ou abruti.

L’éternité serait-elle suffisante ? J’en doute. Il lève les yeux vers moi et je sens la violence du verbe derrière ses lèvres contractées. Ses yeux sont noirs comme ceux des requins. Je ne comprends pas. Le regard de squale c’est le regard des soirs de beuverie. Un squale matinal ? Je ne comprends pas et je n’ai pas le temps de comprendre qu’il se lève en bousculant la table.


– Tu m’dégoûtes ! qu’il balance en s’éloignant vers la cuisine tandis que mon café tangue dans mon bol remué.


Ça déborde un peu. Je n’ose pas bouger. Je n’ose même pas essuyer cette petite mare de café. Il y a tellement d’années que je n’ose rien.

Il ouvre le tiroir des couverts et hurle :


– Bordel mais tu fais quoi de tes putains de journées ma pauvre fille ? T’engraisses ton cul de baleine ? T’es même pas foutue de laver des couteaux connasse !


Et il part comme un fou vers le salon. Je me dis que lui aussi préfère les couteaux à bout rond. Ça nous fait au moins ça en commun. Je l’entends ouvrir les portes du vaisselier et fouiller frénétiquement dans les couverts en argent ceux de Noël. Et puis là je perçois un ricanement et dans la seconde qui suit un bruit de verre brisé. Ce n’est pas un verre, ni deux. C’est quoi ? Un miroir ! Sept ans de malheur ! Je me lève comme un automate. J’aimais bien mon miroir même si ce que j’y voyais ne me plaisait pas. Je m’approche et le vois avec une statuette à la main. Sur le mur, le miroir éventré n’a d’allure que son cadre. Sur le sol gisent les éclats de verre et le projectile : un de mes bibelots. C’est l’éléphant en jade sans sa trompe, cassée net. C’est idiot mais je pense oh je peux la recoller. C’est idiot oui car il me balance maintenant mon chien chinois en faïence bleu. Je le reçois dans l’épaule et il explose contre le chambranle de la porte. Irréparable ! Je ne crie pas, même pas mal !


– T’as toujours été qu’une pauvre femme de ménage alors ramasse salope !


Et il s’empare de la geisha, celle-là pèse son poids, tandis que je fuis vers la salle à manger et que vole la délicate japonaise à deux doigts de ma tête.

Je cours me cacher derrière l’épaisse table en chêne. Ton café va être froid. Pas de tartine ce matin cocotte. Voilà ce que je pense alors qu’il déboule hirsute dans la salle à manger. Je dis hirsute alors qu’il est presque chauve ! Je ne sais pas, c’est le seul mot qui me vienne : hirsute. La salle à manger est séparée de la cuisine par un bar. Il le contourne et ouvre à nouveau le tiroir à couverts. Décidément ! Tout va tellement vite que je ne songe même pas à crier ou appeler au secours alors même qu’il lance un couteau. Je supplie juste :


– Tu vas me tuer, arrête ! Pense à Lennie !


Lennie c’est Hélène, notre fille, la plus jeune, dix-sept ans. Elle a dormi chez une copine hier soir. La plus grande est partie, s’est enfuie, il y a longtemps. Il l’avait menacée de la passer par la fenêtre un soir. Ce n’était pas sa fille, juste la mienne… Il vomit :


– Lennie s’en branle de ta gueule ! C’est pas une mère qu’elle a Lennie, c’est une serpillière ! Tu l’emmerdes Lennie ! T’emmerdes tout le monde !


Et les couteaux pleuvent sur la table. Une pluie de « qui piquent ».

Cette fois je hurle. Hurle dans le vide :


– Tu vas me tuer !


C’est la pleine campagne. À la rigueur je vais peut-être déranger une vache ? Entre ruminantes on se comprend ! Prim’Holstein à la rescousse ! Meuh !


– Mais qu’est-ce que tu crois que j’essaie de faire hein vieille folle ?!!! qu’il crache en fouettant l’air d’un hachoir.


Et puis, je ne sais pas exactement. J’ai dû prendre un couteau tombé à côté. J’ai dû le lancer sinon comment expliquer ce silence. J’ai entendu un petit choc mat, un hoquet et un bruit d’affaissement. J’ai dû rester immobile sous la table un long moment ou un instant. Imagine qu’il t’attrape et te plante un « qui pique » entre les omoplates ! Je me relève et je vois un pied qui dépasse. Il est assis contre le meuble bas de la cuisine. Celui des casseroles. Il est blanc comme un linge avec du sang qui coule. Je pense enlever les taches de sang sur du linge blanc ça va être coton ! Encore une fois, c‘est idiot de penser ça. Il a raison, je ne suis vraiment pas finaude. D’ailleurs je ne comprends pas comment il peut se retrouver là avec un couteau fiché en plein dans l’œil ! En plein dans le mille. Ça ne peut pas être moi, j’ai toujours très mal visé et je n’ai jamais eu de bol…


Elle se réveille en sursaut. Le réveil affiche sept heures et quatre minutes. Elle demeure un instant à regarder s’égrainer les secondes puis s’assied sur le bord du lit. La nuit a été difficile, pleine de réveils et de rêves confus. Elle voudrait démêler sa tête de cet enchevêtrement d’impressions, de sensations engluées dans sa torpeur. Impossible. Elle se lève et enfile son peignoir.

Elle descend les escaliers un peu au radar. Elle a un goût de sang dans la bouche, un goût de métal et c’est désagréable. Il n’est pas tard mais déjà trop ou pas assez car elle entend la radio couiner en bas. Cela veut dire qu’il est déjà levé. Cela veut dire qu’il n’est pas encore parti travailler. Si les marches ne grinçaient pas, elle remonterait mais… Avec un peu de chance, il sera dans la salle de bain, il ne l’aura pas entendue, alors elle rebroussera chemin sur la pointe des pieds. Un parcours du combattant pour discrets, ces lames d’escalier. Elle tend timidement le cou hors de la cage… Elle n’a jamais eu de chance…


 
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   widjet   
15/8/2017
 a aimé ce texte 
Vraiment pas
Désolé, mais j'ai pas le bol en EL.
Le texte est assez mal ou pauvrement écrit.

Beaucoup de phrases ou de formules m'ont semblé poussives

Un parcours du combattant pour discrets ces lames d’escalier.
Chez lui rien d’autre ne tremble que moi
Pas de bol, non, à part dans le placard (trait d'esprit forcé qui fait "plouf").
tandis que mon café tangue dans mon bol remué (qu'est ce que c'est lourd !)

Et j'en passe...

Pas de tension, pas d'ambiance, des dialogues ratés, le mari gros blaireau ok, mais il ne fait même pas peur (absence de description).

Bref, après, j'ai suivi en diletante la calvaire conjugale.
La crime onirique est mal mis en scène limite risible.

Et la fin comme éternel recommencement ne sauve rien...
Quant au titre, je vois pas pourquoi lui donner cette importance...(pour l'ironie peut-être)

W

   plumette   
17/7/2017
 a aimé ce texte 
Pas ↑
Le sujet n'est pas facile, ni plaisant mais je pense qu'on peut en faire autre chose que cette caricature que j'ai trouvé indigeste.
la narratrice s'exprime au présent, en direct live d'une situation conjugale atroce. Il y a quelque chose qui n'a pas fonctionné pour moi au niveau de la narration: Soit, si on assiste à la scène, l'auteur pourrait simplement nous donner à voir la situation, soit la narratrice raconte après coup et peut insérer dans son récit des digressions et des pensées. Or là, on est dans un récit de l'instantané, avec parfois des commentaires, des analyses, des digressions, des explications. Cela m'a gênée car je suis régulièrement sortie de la scène et de plus je n'ai pas réussi à croire vraiment aux personnages.

La chute est surprenante. C'est ce que j'ai trouvé de plus réussi. Et en même temps, le récit perd toute crédibilité une fois qu'on sait de quoi il s'agit !!

Plumette

   Anonyme   
17/7/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Commenté en EL

Un très beau texte ; s'il y a quelques défauts ils sont gommés par la dynamique de l'écriture. On a pas le temps de s'appesantir sur les petites imperfections qui - il faut bien le dire - subsistent parfois aussi dans les textes publiés par les "grands" éditeurs.

Tout me va !

Merci pour ce partage

   Marite   
18/7/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Difficile de trouver les mots pour commenter le fond de cette histoire. En fait il m'a semblé qu'à la façon dont elle était écrite, c'était du vécu ... effrayant. Méchamment piégée cette femme ... Je n'ai pas toutefois compris la chute, le dernier paragraphe qui me fait me poser la question : est-ce que le scénario précédent n'était qu'un rêve et qu'une journée identique va recommencer ?

   Isdanitov   
14/8/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un texte dur, cruel, sans concessions et soutenu par des phrases qui font mouche. On va droit à l'essentiel sans s'encombrer de tournures alambiquées.

Le début du texte nous met immédiatement dans le bain, révèle l'enfer de cette femme qui pour la énième fois doit affronter cet homme violent au point que les stratégies de repli sont connues mais pas toujours opérantes.
Soumise, elle lui appartient, elle est sa chose et le sait " chez lui, rien d'autre ne tremble que moi", l'évidence cruelle, elle s'efface, nie sa personne et en a conscience.
Et puis, la scène, la violence dans chacun des gestes posés, dans chacune des paroles prononcées tandis qu'elle fait face, silencieusement, là où la brute vocifère. Je ne vois pas d'autre ton possible que celui-là pour faire part de cette situation. Tout les oppose, seul le bol peut indiquer qu'un jour ils furent assez proches que pour s'apprécier, sinon s'aimer et, ensuite se déchirer. La raison même de cette haine transparaît, deux êtres différents n'ayant rien à faire ensemble, au milieu de ce conflit vous saisissez même l'occasion de nous le dire. Pas un mot de trop, le juste ton qui indique, à mon sens, la naïveté d'une femme piégée par trop d'attentes, trop de rêves de bonheur et dans l'incapacité de dire "non" et puis, le dénouement. Heureux !
Cela n'était qu'un rêve, un cauchemar ; preuve s'il en était que le phénomène se répète, que cet enfer est quotidien, qu'il hante les nuits de cette femme qui ne sait comment se comporter pour plaire, éviter, satisfaire mais qui toujours échoue et se le reproche.
J'aime et j'en redemande.
Le genre de texte brut de décoffrage qui dit les choses comme elles sont vécues sans s'encombrer d'un superflu pseudo-poétique. Le ton est juste, les mots frappent et la sensibilité féminine perce jusque dans l'attention portée aux bibelots.
A la relecture un autre élément m'a beaucoup plu qui m'avait échappé et qui rajoute à l'atmosphère, je veux parler de l'évocation de la "cage".
Bravo.

   vb   
14/8/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↓
J'ai bien aimé ce texte. J'ai trouvé que la décripitude des personnages est bien rendue. On sent la sordité du ménage.
J'ai eu quelques problèmes qui m'ont fait trébuché.
L'incipit m'a posé pas mal de difficultés.
1) "J’ai un goût de sang dans la bouche, un goût de métal et c’est désagréable." La ponctuation est étrange. On attend "de métal et de café" par exemple. Je mettrais un point à la place du "et" ou avant le "et".
2) "Cela veut dire" J'ai trouvé la répétition lourde. Je me demande si ce ne serait pas mieux tout simplement sans "Cela veut dire".
3) "Un parcours du combattant pour discrets ces lames d’escalier." Il manque une virgule avant "ces lames d'escaliers". (Vous l'avez mise à la répétition finale.) J'ai trouvé la phrase difficile à comprendre quand on ne sait pas encore vraiment ce dont il va être question dans le texte.
4) "Je tends timidement le cou hors de la cage…" Le lecteur que je suis n'a pas encore compris de quoi on parle et ne peut pas savoir s'il s'agit ou non d'une métaphore.
5) "Il est tellement là que la pièce paraîtrait presque exigüe." Je pense qu'il faut écrire "paraît".
6) "il le fouette" Qu'est-ce que ca veut dire?
7) "Chez lui rien d’autre ne tremble que moi" Chez lui? Qu'est-ce que ca veut dire? Dans son regard? Dans son âme? Dans sa maison? Pour le lecteur ce n'est pas clair.
Ensuite le texte m'est paru beaucoup plus clair. Je n'ai plus trébuché. J'ai lu la suite avec plaisir.
Je ne vois cependant pas pourquoi vous avez imbriqué cette histoire dans un rêve. Pourquoi pas mais je ne vois pas ce que cela apporte.
Un détail: pourquoi ces mots en italique? Ca m'a gêné.
À bientôt,
Vb

   Anonyme   
14/8/2017
 a aimé ce texte 
Pas
Histoire: 2/5 Une femme battue rêve de tuer l'oppresseur mais ne passera sans doute jamais à l'acte. Malheureusement, ô grand malheur, et je dis cela avec toute la sévérité que le sujet impose, ce n'est guère original. D'autant que le style utilisé pose problème.

Personnages: 2/5 La femme prend corps au fur et à mesure du récit. Mais le mari reste aux abonnés absents: aucune description, il devrait nous faire trembler. Une rapide glissade sur la fille. Et nous voilà avec 3 personnages dont un seul prend vie sous les yeux du lecteur.

Style: 1/5 Aïe, c'est là où j'ai décroché. Qu'est-ce que ces calembours à la petite semaine viennent faire dans une histoire aussi sombre? A cause du style, je n'ai pas cru à cette histoire.
- Le jeu de mots sur le bol
- "Il n’est pas tard mais déjà trop ou pas assez" faut choisir.
- " Un parcours du combattant pour discrets ces lames d’escalier" lourd
- "Il soutient mon regard. Non, il le fouette." Ca fait très phrase d'auteur mais sérieusement, ça veut dire quoi???
- l'histoire du mot croisé "À l’occasion vulve, gros ou abruti." Le temps de résoudre l'énigme et j'étais sorti du récit...

Ressenti global: une histoire sombre, peu originale malheureusement, rendue peu crédible par un style souvent décalé ou maladroit.

Avis éminemment subjectif d'un lecteur lambda

   EvaDam   
14/8/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Quand on commence à tourner en rond dans sa cage, entre fantasmes meurtriers et angoisses de condamné(e) à mort, c'est que la vie est devenue une torture à double tranchant. La nouvelle de Laurence surprend justement ce cercle "vicieux" qu'est devenu, pour les protagonistes, le quotidien du couple; aussi est-elle construite de façon cyclique, à l'image de l'itératif conjugal jugulateur.
Les éclairages rétrospectifs trouvent leur place dans ce montage cinématographique foisonnant de détails familiers placés sous un jour aliénant.
On a le sentiment d'une fin imminente... (mais de qui?), on pressent que le cercle va enfin se laisser desserrer... qu'il repose sur deux pôles plutôt que sur un centre de rayonnement fatal, risquant de gagner la famille... et les autres cercles innommables (plus ou moins "vertueux").
Or, il n'en est rien, et le réalisme creuse son sillon, au coeur d'une valse-hésitation qui signe la faiblesse humaine, tout en la pardonnant.
Belle empathie avec cet esprit défaitiste, mais souriant, qui illustre une forme de pertinence émotionnelle relevant de l'humour et de la résilience... en passant par la mélodie des signifiants (Je m’étais laissée aller, aller simple en enfer; Je pense dans mon bol j’ai pas d’bol et comme c’est très bête cela me fait rire, enfin sourire.).
Le cauchemar est surmonté justement grâce à ces éclaircies enfantines: l'esprit échappe au terrorisme quand il sait encore jouer. Tout n'est pas perdu, malgré cette fin engouffrant l'être dans l'étant...
Si l'auto-dérision encourage la persécution, l'idée de recoller (un éléphant!), de refaire le monde, continue à illuminer la scène. Comme s'il pouvait y avoir un Après...

   SQUEEN   
14/8/2017
J’ai toujours un souci avec les histoires qui avouent à la fin avoir été des rêves, en plus de justifier d’éventuelles incohérences, elles risquent de vexer le lecteur qui s’y laisse prendre. Ceci étant, le sujet est fort mais son traitement ne me convainc pas, très caricatural, pas de psychologie des personnages, pas d’historique, pas d’explication. Même si cela n’excuse jamais rien, la violence domestique est le résultat d’une interaction complexe entre une victime et son bourreau. Ici tout est simplifié à l’extrême. Je n’ai rien trouvé d’onirique dans le déroulé de l’histoire. Pour moi, ce sujet grave est traité ici avec trop de légèreté. Je suis donc passé à côté de votre nouvelle. Désolée, l'écriture est fluide, je n 'ai pas compris non plus pourquoi la narration passait de la première personne à la troisième au réveil. Une prochaine fois peut-être.

   Jean-Claude   
15/8/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour LaurenceSolouar.

Si cette nouvelle avait été classée dans le fantastique, elle aurait été prisonnière d'une boucle temporelle infernale, mais ce n'est pas le cas. Il s'agit donc d'un rêve ou de quelque chose d'approchant. La sortie par le rêve est, de mon point de vue, brise-chute et atténue la dureté de l'ambiance. Je n'ai pas d'idée a priori mais on peut imaginer des tas de raisons pour le couteau dans l'œil, y compris une intervention inattendue de Lenna.

Détails pratiques : Si les italiques sont utilisées pour les pensées, il faut éviter de les utiliser pour autre chose. Par exemple, ce qu'il y a écrit sur les bols devrait être entre guillemet. En outre, si le lecteur a le moyen de comprendre qu'il s'agit de pensées, il n'est pas utile d'écrire "Je pense".

A une prochaine lecture.

   Donaldo75   
30/8/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Laurence,

Voici un récit rondement mené, avec un monologue intérieur qui agit comme un contrechant, renforçant le côté soumis de la narratrice. Le style va bien avec l'histoire, cette vie sordide de la femme tyrannisée par un médiocre. La violence n'est pas uniquement verbale, au fur et à mesure du récit, et c'est ce qui rend ce texte réaliste.

Quant au coup du rêve, je le trouve bien posé comme chute.

Bravo !

   Berndtdasbrot   
5/10/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour Laurence Solouar

Dés les premiers mots, on sent que l'on a mis les pieds dans une scène particulière, désagréable, des événements que parfois on préfère ne pas connaitre. Alors, on descend aussi l'escalier sur ma pointe des pieds et on comprends que l'enfer de cette femme ne date pas d'hier et ne s’arrêtera pas ce soir.
Elle n'est pas abattue, visiblement, mais elle subit. Alors, elle semble avoir trouvé refuge dans une sorte d'humour cynique, décalé. Comme si plus rien n'avait d'importance, au point où elle en est...
Même pas peur.
A un moment du texte, on rêve qu'elle lui plante un couteau dans le bide, pas ceux au bout rond...mais il semble que elle aussi en rêve seulement.
Puis j'ai eu un second sentiment, de l'agacement en comprenant qu'elle avait deux filles. En tant que parent, on attends plus de réaction.
Voilà pour le contenu.
Pour la forme, cette nouvelle est plaisante à lire car vivante. Vous avez su éviter de tomber dans le mélo. L'humour décalé nous donne une petite distance et heureusement car sinon on n'aurait plus respiré.
Plus respiré, surement pour cette raison que la grande a quitté le navire...
La seconde lecture ( ou la énième) permet de saisir ces aspects du texte.
Je vous prie de recevoir ce commentaire avec tout mes sincères remerciements pour le partage.
Peut-être à une prochaine fois, sait-on jamais ?
Berndtdasbrot Onirisius


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