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Policier/Noir/Thriller
Laurencie : Harmonie
 Publié le 07/09/10  -  16 commentaires  -  10574 caractères  -  128 lectures    Autres textes du même auteur

La journée d'une jeune femme avant un départ en week-end, et la journée noire de son compagnon.


Harmonie


Pour la première fois depuis des mois, il avait passé une nuit paisible. Ronflements chantants, tranquilles, une petite harmonie municipale à lui tout seul. Car, depuis des mois, il souffrait d’insomnie, de tristesse, de jalousie, de mélancolie, le cœur brisé mais heureux toutefois, profondément, de vivre à ses côtés.

Cela avait duré des années, jusqu’à ce qu’il craque, comme on dit ; depuis des mois il ne dormait plus, alors que pendant longtemps, le sommeil avait été son refuge. L’homme désormais sans repos faisait les cent pas dans l’appartement, il visitait toutes les pièces en retenant ses larmes, attendant son retour, un coup de fil, un message. L’attendre était devenu son nouveau job, une occupation à plein temps, l’œil rivé sur l’écran noir du portable, la tête à la fenêtre en plein hiver pour la guetter. Elle finissait en général par rentrer, et comme si elle avait besoin qu’une autre peau la frotte avant de se frotter à lui, l’amour de sa vie, elle manifestait à son égard un désir flamboyant, auquel il répondait toujours volontiers.


Et puis la veille au soir, un miracle, un moment de grâce. Elle était rentrée tôt, il était à son bureau, il écrivait, pour la première fois depuis des mois, et lui souriait. Un verre vide était posé à côté de l’ordinateur, une bouteille de whisky trônait sur la table basse. Un miracle, il écrit, se dit-elle. Il lui avait fait lire son œuvre, une petite nouvelle de trois pages où il était question de radioactivité, elle lui avait dit « Ta plume est revenue, mon amour. » Il lui en fut reconnaissant, et le fut bien plus de ce qui se passa ensuite car, sans qu’il ne l’en supplie, ils étaient sortis ensemble. Elle avait proposé d’aller au restaurant, s’était faite belle, maquillée, parfumée, elle portait sa plus belle robe, la noire en velours, toute simple, à manches courtes, avec autour du cou le collier qu’il lui avait offert pour son dernier anniversaire. Elle, cette année, avait encore oublié le sien. Elle avait des problèmes avec les calendriers.


Au restaurant donc. Le miracle s’était confirmé. Il ne parlait pas de sa tristesse, de sa jalousie, de son impuissance à écrire, mais il faisait des projets. Appeler untel, revoir tel autre, un rendez-vous le lendemain. Ses mâchoires étaient détendues, ses mains ne tremblaient pas, son regard brillait de tendresse, et non plus de cette perpétuelle rancune. Elle n’avait rien dit, de peur de briser la paix. Ils avaient évoqué les futures vacances, un voyage pas trop loin, pourquoi pas en Bretagne ?

Ils étaient ensuite rentrés à pied, passant à proximité du domicile de son amant à elle, qui habitait tout près de chez eux, à gauche en sortant. Là encore, il n’avait rien dit, pas de remarque acerbe sur cet homme au corps superbe, comme elle avait cru bon de le préciser. Un miracle. Ils marchaient la main dans la main, il racontait les histoires à dormir debout qui la faisaient tant rire.

Une fois chez eux, il avait pris un verre de la même bouteille de whisky, puis ils s’étaient couchés en même temps, ce qui leur arrivait rarement. Ils avaient fait l’amour, et alors qu’elle reposait, la tête au creux de son épaule, une main caressant son ventre, elle l’avait senti se détendre peu à peu. Elle releva la tête et vit qu’il avait fermé les yeux. Elle n’osait plus bouger, et resta un long moment à contempler son visage enfin apaisé. Sa tête se pencha, sa bouche s’entrouvrit et deux secondes plus tard, se fit entendre son doux ronflement, le signe du sommeil enfin retrouvé. Elle resta immobile, à ses côtés, toute la nuit, soulagée qu’il ait enfin trouvé un peu de repos. Un petit mouvement, minuscule, lui permit de poser sa main sur la hanche de sa femme. Elle se sentit pardonnée, enfin, car elle n’avait jamais compris pourquoi il lui en voulait autant, elle ne faisait rien de mal.


Le lendemain matin, lorsqu’elle se leva, il dormait toujours, une main repliée derrière la tête, la bouche toujours entrouverte. Sa peau était rose comme celle d’un bébé, son visage détendu. Elle le regarda et n’osa pas l’embrasser, de peur de troubler son sommeil, ne pas le réveiller surtout. Il dormait, il avait pardonné, elle fut submergée de soulagement et de reconnaissance. Enfin il avait compris qu’elle n’aimait que lui. Enfin il avait accepté. Elle se leva, sortit de la chambre et ferma la porte. Une douche brûlante, un café avalé debout dans la cuisine, dans son kimono chinois. Pas de radio, ce matin, pas de nouvelles. La seule nouvelle qui comptait ce matin, c’était son sommeil, la paix. Pour fêter cela, elle décida que pour une fois, elle lui consacrerait tout son week-end. Ils iraient faire du shopping ce samedi, au cinéma, ou bien voir une exposition, ils passeraient une nuit paisible ensemble, et le dimanche, ils iraient en forêt, à Rambouillet. Il avait récemment acheté la carte, il ne faudrait pas qu’elle l’oublie. Ou plutôt non, elle irait réserver une chambre d’hôtel au bord de la mer, à Dieppe, ou au Touquet. Ils partiraient tôt le samedi matin, en voiture. Voilà, c’était cela qu’ils allaient faire.


Elle partit pour son bureau, joyeuse et magnifique. Dans le métro, elle lui envoya un SMS, qu’il trouverait en allumant son portable. « Ce w-e, tous les deux, à la mer. Départ samedi 8 h. Serai là vers 18 h. Biz. » Il serait heureux, et angoissé qu’elle n’annule à la dernière minute. Elle l’appellerait dans la journée, pour le rassurer. En sortant du métro, elle s’arrêta à « La Bonbonnière », son café préféré. Madame Odette, la patronne, la salua comme chaque matin, par son prénom précédé de Madame. Odette était comme cela, ses clients, elle les connaissait tous par leur prénom. Il y avait Monsieur Gérard, le fleuriste, Monsieur Michel, le boucher, Madame Florence, l’accorte boulangère. Comme souvent, un pigeon était entré dans le minuscule établissement, et Monsieur Odette, le patron, l’homme sans prénom, tentait de le chasser à l’aide d’un balai. Car Madame Odette avait un jour commis l’erreur de laisser traîner quelques miettes de pain sur le pas de la porte, et depuis, les pigeons en prenaient à leur aise. Elle regardait la scène avec amusement, même si elle n’aimait pas beaucoup ces bestioles. Elle paya son café, salua tout le monde et gagna son bureau. La matinée fut morne, ennuyeuse, avec son lot de clients mécontents, de fournisseurs en retard et de collaborateurs inefficaces. Elle décida de prendre son après-midi, après tout c’était elle la patronne, elle avait tous les droits. Elle partit à midi, et se rendit à l’agence de voyages en bas de la rue. On était en janvier, elle n’eut aucune difficulté à trouver une chambre donnant sur la mer, à Dieppe. Une chambre luxueuse. Retour chez Madame Odette, les meilleurs croque-monsieur de Paris, le seul plat qu’elle trouva approprié par une telle journée. En prenant son café, elle l’appela sur son portable, pour lui confirmer leur départ en week-end. Elle laissa un message à la boîte vocale, il devait déjeuner avec un client. Elle avait réservé l’hôtel, il ne devait pas s’inquiéter, ils partiraient, cette fois c’était promis de chez promis craché juré.


L’après-midi, elle s’accorda de vrais trucs de fille : esthéticienne (épilation maillot, très douloureux, aisselles, douloureux, jambes, acceptable), coiffeur (juste une petite coupe), elle alla même jusqu’à s’acheter un ensemble string soutien-gorge en dentelle écrue, elle qui détestait ce genre de truc. Ça gratte, disait-elle, mais elle aurait fait n’importe quoi pour lui être agréable, lui plaire, le contenter. Elle s’offrit ensuite un kir à la Closerie des Lilas, avant de rentrer chez eux, fatiguée qu’elle était de son après-midi de shopping. Son portable signala un message. C’était lui : « À la mer, enfin. Je t’aime. » À côté d’elle, un type au physique pas désagréable lui offrit du feu alors qu’elle portait une cigarette à ses lèvres. Elle lui sourit, et ils engagèrent la conversation. Les trucs habituels, pourquoi une jolie femme comme vous est-elle seule dans un bar ? Pour me reposer, tout simplement. On parlait ensuite de la pluie et du beau temps, puis de l’actualité, et si l’on était en forme, on s’apitoyait sur la misère du monde. Et on échangeait des cartes de visite, on pourrait se revoir, vous êtes vraiment charmante. Vous en êtes un autre, pensa-t-elle.


Elle rentra chez elle en bus, où, un autre miracle, elle trouva une place assise. Elle ferma les yeux et pensa à lui, à la façon si légère dont elle l’avait traité, à tout l’amour qu’elle avait pour lui, à son impuissance à lui à accepter son infidélité chronique, et sa lutte perpétuelle pour qu’ils restent ensemble. Tu me donnes en même temps tellement de bonheur, disait-il. Elle l’aimait plus que tout, mais elle savait la paix tellement fragile.

Elle arriva enfin chez elle, il y avait toujours des embouteillages avenue d’Italie. Elle prit son courrier dans la boîte aux lettres, et examina les enveloppes en montant en ascenseur. Rien d’intéressant, deux enveloppes pour lui.


Elle entra dans leur appartement, posa son manteau sur une chaise, et but un verre d’eau dans la cuisine. Tout était paisible. Elle se rendit dans la salle de bain, se déshabilla et prit une douche. Inutile de se laver les cheveux, le coiffeur s’en était chargé. Une fois séchée, elle essaya ses nouveaux sous-vêtements. Comme elle s’y attendait, ça grattait, mais bon, puisqu’il aimait ça. Dans le dressing, elle s’habilla en tenue décontractée et plaça quelques vêtements dans sa petite valise à roulettes rouge. Un gros pull et un ciré, des chaussettes de laine, un pantalon de velours. Une petite robe, des bas et escarpins pour le dîner à l’hôtel, un manteau s’ils sortaient le soir. Elle retourna à la salle de bain, et plaça le strict nécessaire dans ce qu’elle appelait sa boîte à outils. Démaquillant, coton, boîte à lentilles, le produit qui va avec (pourquoi n’en font-ils pas dans de petites bouteilles, pour les voyages ?), petite trousse à maquillage. Elle se refit une beauté et poussa la porte de la chambre.


Il était toujours sur le lit, dans la même position, la bouche toujours entrouverte, mais il ne ronflait plus. Il était beaucoup plus pâle que le matin. Elle regarda sa montre : 17 h 45. Elle referma la porte de la chambre, éteignit toutes les lumières, enfila son manteau, attrapa valise à roulettes et sac à main. Elle ferma la porte à clef derrière elle, descendit par l’ascenseur. En bas, elle croisa un voisin qui lui souhaita un « bon week-end ». Elle le remercia, sortit de l’immeuble et se dirigea vers le bout de la rue, à gauche en sortant.


 
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   Anonyme   
20/8/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
L'histoire m'a prise dès le début jusqu'à la chute. L'écriture est enlevée et fluide. La description du couple est bien vue : l'un jaloux mais fou amoureux, l'autre amoureuse, mais chroniquement infidèle.
Mais je suis déçue par la chute. Je ne la comprends pas. Est-il mort ? (je dis cela du fait du choix de la catégorie : policier), si c'est le cas, on nous laisse dans une énigme totale : qui, pourquoi, et l'attitude de la femme est incompréhensible. Si il dort simplement (pourquoi le choix de cette catégorie ?), on comprend un peu mieux la chute, il n'est que 17h45, mais elle décide comme cela sur un coup de tête, car son mari est couché, de partir avec son amant pour le week-end malgré ses résolutions ?
Dommage que cette chute ne soit pas plus travaillée.
Bonne continuation

   florilange   
24/8/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Je crois que madame s'est débarrassée bien proprement du jaloux, et que, dès le départ, elle n'a prévu qu'une seule chose : partir avec son amant du "bout de la rue, à gauche en sortant".
Cette nouvelle se lit aisément, elle est assez bien rédigée et ménage le suspense jusqu'à la fin.

   jaimme   
27/8/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Nouvelle très bien écrite car on sent que c'est bien rédigé et pourtant on vient à s'interroger sur ce besoin de décrire aussi minutieusement les préparatifs... jusqu'à la chute. Là tout se met en place.
Je me suis fait avoir. Et j'aime ça.
Un bémol: les préparatifs (la dernière journée) sont un peu longs à mon goût.
Merci!

   ANIMAL   
31/8/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Là, j'avoue que je n'ai pas tout compris. Au début je suivais bien, et puis je crois comprendre que le mari est mort puisque toujours sur le lit le soir lorsqu'elle rentre. Donc il s'agirait d'un meurtre...

Pourtant, elle part quand même en week-end et à un moment, elle dit recevoir un sms (sous entendu de son mari qui est censé être mort). A moins qu'il ne soit mort entre temps mais alors pourquoi le départ ? Ou alors c'est un amant qu'elle va rejoindre à la mer et c'est lui qui envoie le sms ?

Bref, à vouloir faire trop subtil ça en devient compliqué, en tous cas pour moi. A moins que j'aie loupé des clés au cours du texte que j'ai pourtant relu.

Pour ce qui est de la forme, rien à dire de particulier. La lecture est aisée.

En conclusion, je pense que le texte gagnerait à un peu plus de clarté au niveau de l'action.

   doianM   
7/9/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Beaucoup de finesse dans ce récit.
Que le compagnon ( qui ne ronfle plus, qui est plus pâle que de coutume ) soit mort de cause indéterminée - bouteille de whisky trafiqué, cause naturelle mettant un terme à sa jalousie ? - n'est pas si important.
De toute manière l'homme était en sursis.
Et la femme, bénéficiant de cette "harmonie" dont elle ignore les causes - ou elle les connaît - en profite comme d'un bonus pour son we en aimable compagnie.
J'ai apprécié l'écriture, bonne continuation.

   Jagger   
7/9/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
On peut se demander effectivement si le texte se situe dans la bonne catégorie. Ça peu sembler un détail, mais j'ai lu la nouvelle (assez facilement, le style coule bien) en attendant un déclencheur que je ne voyais pas arriver.

Je n'ai pas non plus bien saisis la fin. Pourquoi le tuer (si c'est le cas) alors qu'il venait de lui pardonner? Ou alors quelque chose m'a échappé. Il serait néanmoins intéressant de se dire qu'elle ne voulait pas le tuer "en mauvais termes". Ça serait amusant...

Rien à dire sur le style en général qui m'a bien plus, le récit tire en longueur sur la fin, surtout lorsqu'on attend une rupture pour relancer l'intrigue. Je reste sur ma faim.

   Marite   
8/9/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Lue d'un trait, cette nouvelle me laisse quand même avec quelques questions. En dehors du personnage principal, particulièrement machiavélique, enfin je trouve, j'aurais apprécié que la chute soit plus étoffée mais c'est peut-être un choix de l'auteur pour que l'histoire nous trotte encore un peu dans la tête???

   widjet   
12/9/2010
 a aimé ce texte 
Pas
Bonjour Laurencie

Outre les répétitions (« sommeil », « détendu »…), l’excédent de virgules (à mon goût), l’emplacement discutable de la ponctuation (« Elle rentra chez elle en bus, où, un autre miracle, elle trouva une place assise » - il eu fallu des tirets entre « un autre miracle », il y a aussi « Au restaurant donc. Le miracle s’était confirmé. » Bizarre ces deux points, non ?), je n’ai pas aimé la narration souvent monotone, les petites apartés la plupart inutiles et ce dénouement pas très bien amené. Le style plutôt lâche et l’indolence (à mon avis involontaire) du rythme ne procurent guère de plaisir à la lecture.

Un texte à travailler.

W

   Anonyme   
27/9/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
La forme :
Je rejoins Widjet à propos de la ponctuation ; ici par exemple :
"depuis des mois, il avait passé"
"Car, depuis des mois, il souffrait d’insomnie"
"lors que pendant longtemps, le sommeil avait été son refuge"
"il écrit, se dit-elle"
"Elle, cette année, avait encore oublié le sien. "
etc...
Ah si ici : "Il y avait Monsieur Gérard, le fleuriste, Monsieur Michel, le boucher, Madame Florence, l’accorte boulangère. " C'est vraiment l'exemple typique concernant la ponctuation.

Le fond : un ton quelque peu plan plan. Une fin qui ne s'accorde pas au récit à moins que ce soit du machiavélisme et la construction d'un alibi ; mais rien ne permet de le laisser penser, c'est pourquoi la fin semble si incongrue.

   Anonyme   
16/1/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
L'effet de surprise à la fin du texte est tout simplement géniale. J'adore ce genre de fin quand on s'y attend le moins.

Pour ma part, l'histoire est tout à fait compréhensible. Elle se lit facilement, il y a de bonne description et le scénarios coule très bien.

J'ai vraiment aimé cette histoire.

Alex.

   i-zimbra   
17/1/2011
 a aimé ce texte 
Passionnément
L'écriture est impeccable. Un coup d'œil à la profession de l'auteur : ah oui... (bien que, des fois...)
Plus qu'un texte à lire, une nouvelle de ce type est un objet à démonter. Il y a forcément deux lectures, car arrivé au bout de celle-ci, on est bien obligé de la relire pour identifier les hommes qui se rapportent à "il" et à "lui". Il est par exemple presque certain que c'est le mari qui a acheté la carte de la forêt, bien qu'il ne fasse pas partie du "ils iraient" qui précède.
La fin du deuxième paragraphe (qu'on avait passée parce qu'on pensait trouver plus rapidement l'explication dans la suite) est à hurler. J'ai apprécié aussi le paragraphe où l'identification est indécidable (« Elle rentra chez elle en bus (...) ») Même elle ne les identifie peut-être pas toujours. Du moment qu'ils la désirent, qu'ils sont en harmonie avec son amour-propre, qu'ils sont « heureux, et angoissé(s) », elle les "aime".
Je ne dirai pas qu'elle est complètement folle ; ce serait dédouaner beaucoup de gens qui se promènent en liberté dans la vraie vie.
La victime ? – belle ironie – un écrivain qui ne comprend même pas la psychologie du personnage le plus important de sa propre histoire, que ses histoires à lui, "à dormir debout", font "tant rire" (on en rit avec elle... radioactivité !!!). Qu'elle l'ait tué ou non, quelle importance : en aurait-elle conscience ? Et l'amour est plus fort que la mort (pourvu que ce soit moi qu'on aime).

   David   
16/3/2011
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Laurencie,

C'est assez terrifiant, pas dans les descriptions mais dans ce qui tombe comme un couperet à la fin, ce qui se dessine un peu au fil des mots aussi. J'ai commencé par relire pour trouver "L'arme du crime" mais je crois que le crime est consommé dès les tous premiers mots :

"Pour la première fois depuis des mois, il avait passé une nuit paisible."

Et la seconde phrase serait déjà un souvenir de la nuit passée, déjà le récit de la meurtrière :

"Ronflements chantants, tranquilles, une petite harmonie municipale à lui tout seul."

La suite pose le personnage du mari, sa jalousie, une vie de couple que j'imagine en pleine crise. Ça serait sa femme qui rapporterait les différentes scènes dont elle n'était pas directement témoin :

"L’homme désormais sans repos faisait les cent pas dans l’appartement, il visitait toutes les pièces en retenant ses larmes, attendant son retour, un coup de fil, un message. L’attendre était devenu son nouveau job, une occupation à plein temps, l’œil rivé sur l’écran noir du portable, la tête à la fenêtre en plein hiver pour la guetter."

Je pense ça parce que ce qui m'est venu au final, c'est bien qu'elle considère cette homme comme un personnage - et c'est cela qui est assez terrible, inhumain ? - Je l'imagine tout à fait capable de parler en son nom, comme si elle écrivait son histoire, alors que c'est lui l'écrivain en plus, dans le récit, comme pour semer encore plus le doute. Car le doute s'insinue assez tôt, qui est "il" ? :

"Elle finissait en général par rentrer, et comme si elle avait besoin qu’une autre peau la frotte avant de se frotter à lui, l’amour de sa vie, elle manifestait à son égard un désir flamboyant, auquel il répondait toujours volontiers."

Ou plutôt, combien sont "il" et lequel est "l'amour de sa vie".

La nouvelle tiendrait dans une nuit et un jour, avec un cadavre qui ne connaitrait pas cette nouvelle aube, depuis "Et puis la veille au soir" jusqu'à "Le lendemain matin", "L’après-midi" et enfin "Elle regarda sa montre : 17 h 45."

En tout cas "il" va passer du mari à l'amant, en passant par un passant justement d'ailleurs, le tout assez subrepticement. J'ai déjà cité le premier passage où le dénommé par le pronom est flou, ou plutôt ambigu, il y en a d'autres :

"Elle était rentrée tôt, il était à son bureau, il écrivait, pour la première fois depuis des mois, et lui souriait. Un verre vide était posé à côté de l’ordinateur, une bouteille de whisky trônait sur la table basse."

Là, c'est le mari, logiquement, peut-être avec l'arme du crime ?

"Ils avaient évoqué les futures vacances, un voyage pas trop loin, pourquoi pas en Bretagne ?"

Là, c'est la mise en scène d'une certaine cruauté avec ce "ils" qui ne contient que deux personnages sur trois.

"Pour fêter cela, elle décida que pour une fois, elle lui consacrerait tout son week-end. Ils iraient faire du shopping ce samedi, au cinéma, ou bien voir une exposition, ils passeraient une nuit paisible ensemble, et le dimanche, ils iraient en forêt, à Rambouillet."

Là, c'est l'amant, mais je ne sais pas encore à ma première lecture que la meurtrière a décidé de prendre l'autre cavalier, je n'ai pas remarqué la cruauté précédente.

"Il avait récemment acheté la carte, il ne faudrait pas qu’elle l’oublie."

Là, c'est une cerise sur le gâteau ou une pincée de sel sur une blessure à vif.

J'arrête là, je voulais repérer quelques moments qui me semblent clés à relire, j'apprécie aussi beaucoup celui-là :

"Elle se sentit pardonnée, enfin, car elle n’avait jamais compris pourquoi il lui en voulait autant, elle ne faisait rien de mal."

Un dernier imparfait de rigueur auprès du cadavre encore chaud de son mari :)

Le crime, l'arme, ne sont sans doute pas très important au final, c'est surtout le personnage de cette femme qui est vraiment passionnant à suivre tout au long de cette journée particulière, et le fait de tout déclencher, une relecture, à la fin avec simplement quelques mots, une prouesse assez exceptionnel à mon goût.

Edit : Il n'y a pas de mariage en fait, enfin ce n'est pas écrit, mais c'était plus simple pour moi avec le trio femme/mari/amant, ou sinon, faudrait les numéroter...

   Anonyme   
16/3/2011
Je me doutais qu'il y aurait un renversement quelque part... J'ai bien aimé l'histoire et l'écriture, simple et expressive.

"Elle avait proposé d’aller au restaurant, s’était faite belle" : il me semble que c'est incorrect, qu'on écrit "fait" dans ce cas de figure (si je prononce cette phrase, je dirai : "Je me suis fait belle").
"à son impuissance à lui à accepter son infidélité" : beaucoup de "à" à la file, pour moi.

   Enzoloren   
16/8/2011
 a aimé ce texte 
Bien
j'ai aimé lire cette nouvelle,une écriture aisée et propre,ceci dit avec quelques erreurs comme par exemple le fait de trouver son mari dans la même position que le matin mais mort alors qu'il lui envoie un SMS juste avant,aussi en ce qui concerne les préparatifs du Weekend,j'ai trouvé ce passage un peu long,légèrement plus court aurait été parfait,mais dans l'ensemble cette histoire m'a plu ainsi que ses personnages,l'amoureux dépressif et la femme volage en péril pour leur quotidien mais avec de l'espoir évidemment la chute ne m'a pas surpris.
mes amitiés

   monlokiana   
17/8/2011
 a aimé ce texte 
Vraiment pas ↓
Ecriture fluide, l’histoire se laisse lire et facilement. Mais il y a des moments où ça ennuie vraiment.
La banalité du début que je trouve classique : le couple qui sort ensemble, qui dîne ensemble, qui se promène main dans la main ensemble, qui rentre à l’appart ensemble et qui finissent au lit ensemble… (Pathétique)
Des virgules pas très utiles. Comme celle de la première phrase :
« Pour la première fois depuis des mois, il avait passé une nuit paisible. »
Ronflements chantants, tranquilles,
Car, depuis des mois,
Elle était rentré tôt, il était à son bureau, il écrivait. »
Je veux juste dire qu’il y a une utilisation excessive des virgules.
Sur le fond, c’est une histoire plaisante, c’est vrai. On a envie de savoir comment cela va se passer ce week end.
La fin, elle m’a surpris. Mais je trouve qu’elle ne colle pas du tout avec le récit. L’auteur a voulu surprendre au lieu de donner à son texte la fin qu’elle méritait vraiment. Certains auteurs pensent qu’il faut forcément une fin spectaculaire à leur nouvelle. Chaque nouvelle doit avoir la fin qui lui est dessiné, qu’elle mérite vraiment. A force de vouloir surprendre, ça tombe à l’eau et les lecteurs n’aiment pas.
Pour ma part, c’est le cas…

   Anonyme   
22/11/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J’avais eu l’insigne privilège de lire cette nouvelle il y a quelques années. J’avoue que c’est avec un plaisir non boudé que je l’ai relue en y trouvant tous les ingrédients propres à ne pas laisser indifférent (qu’on aimât ou non). Le suspens est en effet ménagé, mais il est vrai que si l’on y prend garde, dès le départ une piste est lancée par l’auteur. Encore faut-il avoir l’esprit tordu ou perspicace, ou encore lire entre les lignes ce qui fût sous-entendu. En outre, on visualise très bien les choses et l’on s’imprègne assez bien de la psychologie des « acteurs ». Que du plaisir vous dis-je ! Même si personnellement j’aurais apprécié que cela fût plus noir et oppressant.


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