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Science-fiction
Lemitsos : One in a trillion
 Publié le 03/10/11  -  5 commentaires  -  31477 caractères  -  93 lectures    Autres textes du même auteur

Un biologiste est recruté pour résoudre le mystère de NT188 la 188e planète terraformée : la téléportation ne passe plus sur le secteur et les analyses ont révélé la présence d'humains alors que la planète est en train d'être nettoyée en vue de sa terraformation.


One in a trillion


Chapitre 1 - La mission


10 h 01, je suis devant le bureau de Mc Dermot le directeur de la Coloplan. Le message disait « urgent… soyez à l’heure », dehors il fait beau et le coucher du soleil a des couleurs vert orange. Chez moi il faisait nuit noire quelques secondes plus tôt.

Mc Dermot n’y va pas par 4 chemins :


- Connaissez-vous l’espace, M. S ?

- « Docteur », s’il vous plaît. Vous parlez des installations militaires ou des parcs d’attractions ? Je suis allé une fois en vacances sur une…

- Non, je veux dire l’espace, le vrai, l’interplanétaire… docteur.

- Alors non, je croyais que personne n’y allait jamais sauf des farfelus du genre sectes, etc.

- Moui, c’est vrai mais la mission que je voudrais vous confier comporte un voyage interplanétaire. Vous serez endormi bien sûr mais l’arrivée risque d’être un peu, disons inhabituelle.

- Mais où voulez-vous m’envoyer M. Mc Dermot ?

- Dites-moi S, savez-vous combien de planètes sont habitées à nos jours ?

- Trente ?

- Nous approchons les 200 avec les nouvelles additions sur le secteur 54.

- Ah !

- Avec une moyenne de trois à six milliards d’habitants par planète, nous approchons le trillion d’humains dans la galaxie. Et, depuis cinquante ans maintenant, tout ce beau monde voyage, envoie du courrier, des paquets, de la nourriture, des marchandises et que sais-je d’autre gratuitement, ou presque, partout sur ces 200 planètes grâce à la téléportation. Vous êtes conscient de l’importance de la TP pour l’économie mondiale j'espère.

- Ben oui, bien sûr.

- J’y reviendrai mais avez-vous une idée du coût pour terraformer une nouvelle planète ?

- Pas le moindre, je suis biologiste pas financier.

- Alors inutile de rentrer dans les détails. Disons simplement que l’investissement est trop important pour laisser une telle opération capoter à cause de quelques, comment les avez-vous appelés ? ah oui quelques farfelus.

- Si vous m’expliquiez de quoi il s’agit. Si vous voulez déloger des protestataires qui s’opposent à la colonisation des espaces vierges, je suppose qu’il y en a, faites appel à la police, pas aux scientifiques. Moi je ne suis pas armé.

- Précisément, c’est pour ça que je vous ai fait appeler. La situation est plus compliquée que ce que vous croyez. Regardez ici.


Apparaît un écran montrant une planète (ça peut être un simple dessin).


- NT188 a été repérée il y a quelques années et les opérations ont commencé immédiatement. Je peux vous garantir que jusqu’au jour où nos scanners ont trouvé cette planète, personne ne la connaissait.

- Admettons.

- Selon la nature du terrain nous appliquons différentes méthodes mais le plus souvent, s’il y a de la vie, nous prenons une empreinte génétique de la totalité de la biosphère, puis, continent par continent nous « effaçons » tout aux UV en finissant par les océans. Puis nous replantons et aménageons les espaces d’habitation, villes, villages, etc. L’absence de voies de communication rend les choses plutôt faciles. Le tout doit être prêt en moins de cinq ans pour être rentable.

- Et alors, vous avez bientôt fini ?

- Ne vous moquez pas. En analysant l’empreinte génétique de NT188, opération de routine car souvent nous trouvons des espèces exploitables, nous avons repéré du génome humain. Or, et c’est là-dessus que jouent les farfelus anticolonisation, le premier humain qui met les pieds sur une planète en est le propriétaire. Évidemment, si vous n’êtes pas une compagnie avec des moyens comme les nôtres vous ne pouvez pas en faire grand-chose autre que la revendre au plus offrant. Au début de la colonisation des petits malins ont voulu jouer à ce jeu-là. La plupart sont morts soit dans des accidents d’atterrissage soit bouffés par la faune locale. Il reste quelques sectes qui essaient d’empêcher la colonisation en mettant pied les premiers sur des planètes au grand risque de leur vie. Seulement eux préviennent de leur présence alors qu’ici, pas de message ni de revendication. Nous ne savons même pas de combien d’individus il s’agit ni où ils se trouvent.

- Vous avez dit que les opérations avaient commencé ?

- Nous avons rasé deux des quatre continents. S’ils étaient là, ils sont morts et nous sommes dans la m… Mais nous pensons qu’ils ont été assez malins pour survivre et se réfugier sur un des autres continents.

- Je vois, et que voulez-vous de moi ?

- Ce n’est pas tout. Je reviens à la question de la téléportation. Comme je le disais, toute notre civilisation, la survie même de notre espèce dans la galaxie, dépend de la téléportation. Nous transportons de la nourriture des planètes agricoles vers les autres, toute la production industrielle dépend grandement de l’envoi des matières premières, etc. sans parler de déplacements de tout genre y compris sur chaque planète, vous comprenez ?

- Je comprends.

- Eh bien, il semble que depuis quelques semaines, autour de NT188 une zone s’est formée où la téléportation ne passe pas. Nous ne savons pas s’il s’agit d’un phénomène naturel, ce qui serait très inquiétant en soi, ou si les humains présents ou l’ayant été sur NT188 y sont pour quelque chose. En tout cas je peux vous dire que s’il s’agit d’une méthode de sabotage à l’origine humaine aux mains de terroristes, nous courons de graves dangers.

- Je ne vois toujours pas comment le modeste biologiste que je suis pourrait vous aider.

- Nous aider, docteur, « nous aider », pas « vous aider » car si cette chose s’avère vraie, vous pourrez dire adieu à tout le confort que vous avez connu durant votre vie de sujet privilégié de l’humanité galactique. Ces gars-là vont nous renvoyer dans les cavernes.

- Mais encore ?

- Vous êtes spécialiste des milieux tropicaux de type L et c’est exactement le genre de forêt qui couvre les deux continents restant sur NT188. Les deux autres sont entièrement déserts. Nous voudrions que vous aidiez les équipes sur place à repérer les éventuels survivants et détruire le matériel s’ils en ont.

- Je vous ai déjà dit que je n'étais pas armé M. Mc Dermot. En admettant que je puisse survivre dans la jungle de NT188, ce qui n'est pas du tout sûr, et que j'arrive à localiser des individus et de l’équipement, je ne suis ni disposé ni capable de mener une opération commando pour les détruire.

- La destruction on s'en charge, docteur, tout ce que vous avez à faire c'est nous mener jusqu'aux terroristes.

- Je suppose qu'il y a une récompense ?

- Bien sûr. Et coquette avec ça. Mais à une condition absolue.

- Laquelle ?

- Le silence. Personne ne doit apprendre ce que nous projetons de faire. De telles opérations comportent des risques de mort et la méchante compagne qui tue des pauvres écologistes ça fait vraiment très mauvaise presse.

- Compris. Mais qu’est-ce qui vous fait croire que je vais accepter une telle mission et que je la fermerai ?

- Nous avons enquêté sur vous, docteur S. Vous avez des dettes importantes auprès de gens qui ne sont pas tendres avec les débiteurs récalcitrants. Vous avez une chance unique de rembourser ces messieurs et vous refaire une santé financière. Sans parler du fait que vous sauverez peut-être le monde.

- En effet...

- Alors présentez-vous dans 32 heures à cette adresse. C'est un coin tranquille sur NT51, une planète que nous avons fait évacuer temporairement pour dératisation. Des anciennes espèces locales ont été clonées par des gamins qui ont repéré le code génétique dans de vieilles banques d'archives. Quand les bébêtes ont un peu grandi les gamins les ont jetées à l’égout d’où elles se sont facilement échappées. Dépourvues d'ennemis naturels elles ont infesté la planète et fini par dévorer du bétail et même quelques éleveurs. Nous avons dû passer trois continents aux UV haute énergie et replanter à zéro. C'est sans danger maintenant et surtout il n'y a pas d'indiscrets sur place.


***


Chapitre 2 - Le docteur Slot


L’endroit ressemblait à une ferme traditionnelle : des structures métalliques de plusieurs centaines d’étages disposées à perte de vue et divisées en milliers de boxes à bétail. Le bétail, lui, avait sans doute été téléporté ailleurs car il régnait un silence absolu. Le bureau était rudimentaire. Manifestement le personnel n’y passait que le strict minimum de temps préférant rentrer chez eux même pour aller aux toilettes.

Sitôt que je sortis du sas, celui-ci s’éteignit. On avait pris toutes les précautions pour éviter des visites inopinées.

Une femme en blouse blanche se tenait à côté d’une unité mobile médicale. Lit, tuyaux, électrodes. Elle semblait seule. Elle me tendit la main.


- Entrez docteur S. Je vous attendais plus tôt. Je suis le docteur Slot.

- J’ai dû passer chez moi pour rassembler quelques affaires.

- Vous n’en aurez pas besoin. Le, hm… climat sur NT188 requiert des vêtements et un équipement spécial, si vous tenez à la vie, évidemment. Je vous donnerai tout ce qu’il vous faut. Mais d’abord, je dois vous équiper d’un émetteur permettant de vous localiser sur la planète. Il semble que la téléportation passe mal dans le coin…

- Je suis au courant.

- Parfait, alors vous comprendrez que nous devons travailler avec des moyens, disons un peu antiques. Je vais vous injecter une nanopuce indétectable aussi bien par les scanners que par votre système immunitaire. Nous pourrons ainsi savoir où vous êtes à tout moment. Relevez votre manche s’il vous plaît.


Elle sortit une sorte de pistolet blanc et l’appliqua sur mon bras. Je ne sentis rien.


- Voilà, c’est fait. Et ne vous avisez pas à aller vous faire changer le sang. Ces puces ont tendance à se fixer au hasard dans les organes lymphoïdes, rate, intestin, peau… Si on sait où elles sont, il suffit d’une microponction pour les retirer. Autrement vous devez démonter le bonhomme complètement, vous voyez le topo ?

- Je crois.

- Alors passons à l’équipement.


Elle alla vers une armoire près du mur, l’ouvrit et en sortit un gros sac à dos.


- Il y a ici une tenue complète pour milieux tropicaux type L. Vous connaissez ?

- Je suis un spécialiste des K et L.

- Alors c’est parfait. Vous y trouverez l’équipement standard pour combattre faim, soif, insectes volants et rampants ainsi que prédateurs jusqu’à deux cents kilos. Au-delà il vous faudrait…


Soudain, le terminal de téléportation se ralluma et Mc Dermot en sortit.


- Alors S, prêt pour l’aventure ? Vous avez votre émetteur ?

- Oui, avez-vous déposé mon acompte ?

- Bien sûr, bien sûr. Vous pouvez vérifier. À ce propos je dois vous avouer quelque chose. Slot n’est pas docteur, elle est mon assistante. Pas besoin d’un docteur pour injecter un nanoémetteur et pas besoin de mettre trop de gens au courant. Sachez aussi que nous avons ajouté une deuxième puce. Elle est inoffensive sauf si vous passez dans un portail de téléportation. Elle brouille le signal et vous atterrissez à plusieurs endroits en même temps. En plusieurs morceaux évidemment. Vous conviendrez que nous ne pouvions pas prendre le risque que vous disparaissiez dans la nature. La téléportation peut vous envoyer n’importe où instantanément et le localisateur n’a pas un rayon infini. De toute façon la TP ne marche pas sur NT188 alors pas de danger pour vous. Des questions ?

- Oui, une. Qui est au courant de cette affaire ? Êtes-vous sûr d’avoir les autorisations…

- Ma ligne hiérarchique ne vous regarde pas S. Faites votre travail et tout ira bien. Allez, votre vaisseau vous attend. Il y en a pour quatre mois de trajet alors ne perdons pas de temps.


***


Chapitre 3 - En voyage


Je me réveille subitement d’un sommeil sans rêves. L’intérieur du vaisseau est éclairé. Un homme se tient debout à côté de mon sarcophage et manipule les boutons.


- Jack ?

- Tu attendais qui : le Père Noël ? Eh ben mon vieux, j’ai eu un mal fou à te localiser. Ses salauds ont bien sûr débranché tous les portails du vaisseau. J’ai dû passer par celui de service d’urgence. Mais il a d’abord fallu se mettre en résonance et ce coucou file à dix fois la vitesse de la lumière…

- On est bientôt arrivés ?

- Eh, j’ai dit que j’avais mis longtemps mais pas quatre mois quand même. Ça fait quarante-cinq jours que tu es parti.

- Il reste deux mois et demi de voyage encore ? Et comment vais-je survivre le reste du temps ? Je parie qu’il n’y a pas une cacahouète à manger sur ce rafiot.

- Relax, mon pote. Je vais te rendormir avant de partir. Je te programmerai pour un réveil à trois semaines du but pour que tu puisses étudier la situation calmement. Et puis, je ne suis pas venu les mains vides. Les cales du vaisseau sont pleines de tout ce qu’il te faut. Nourriture, armes et bagages. Ces salauds t’ont envoyé au casse-pipe, ou peut-être qu’ils sont ignorants ou alors aux abois. NT188 est un vrai bordel. La moitié c’est du désert mais pas aussi absolu qu’ils le disent. Comme les travaux sont arrêtés depuis des mois, certaines espèces amphibies ont traversé la mer et se sont réinstallées. Ça va vite quand on n’a pas d’ennemis naturels. Le vent a aussi transporté des graines et du pollen à des milliers de kilomètres. Résultat, une sorte de savane parcourue de prédateurs prêts à dévorer le moindre gramme de barbaque, sables mouvants, soleil de plomb et j’en passe. Les continents « non traités » sont encore pires…

- Je sais. Milieu tropical type L, c’est ma spécialité, c’est pour ça qu’ils m’ont choisi.

- Foutaises ! Ils t’ont choisi parce que t’es con, voilà pourquoi. C’est un milieu de type L+ et je ne sais pas qui a fait la classification car moi je dirais plutôt que c’est du M ou pire.

- T’y es déjà allé ?

- Et comment que je ferais ? Tu n’es pas au courant que la TP ne marche pas dans la région ? Si je me suis dépêché de venir te voir c’est que dans 127 heures très exactement ton vaisseau entrera dans la zone de perturbation et je ne tiens pas à me retrouver coincé ici.

- La zone est si grande ?

- La zone d’exclusion totale est assez petite en réalité, à peine quelques heures à ta vitesse actuelle mais elle est entourée d’une autre beaucoup plus large où des perturbations sont possibles. Je n’ai pas envie de réapparaître à plusieurs endroits simultanément non plus.

- À propos de ça…

- Oui je suis au courant de la puce qu’ils t’ont implantée.

- Et comment peux-tu savoir ça ?

- Nous avions truffé la putain de ferme de putains de micros ! Ha ! ces imbéciles auraient dû savoir qu’il n’y a pas de cactus sur NT51. Dès que nous avons appris qu’une planète était évacuée pour dératisation, tous les voyants se sont mis à clignoter sur nos tablettes heuristiques. Nous avons repéré leur signal de déplacement à partir des données publiques de TP puis nous avons téléporté les graines de cactus bidouillé par le sas de service sur un satellite de comptage de bétail et nous avons fait exploser l’engin en haute atmosphère au-dessus de la ferme. Les cactus poussent en 24 heures et les micros sont codés dans leur ADN. Il n’y ont vu que du feu. Des amateurs je te dis !

- Bon, je suppose que les gars sur place sont au courant de mon arrivée ? On pourrait convenir d’un point de rendez-vous…

- Mon coco tu sembles oublier que tu voyages dix fois plus vite que les ondes électromagnétiques et que la TP ne passe pas sur NT188. Nous avons dépêché quelqu'un aussi près qu’on a pu et il a envoyé un message. Ils devraient l’avoir dans deux mois, largement à temps pour t’accueillir. Quant au point de rendez-vous, tu verras ça avec eux une fois en orbite. Le vaisseau est programmé pour te larguer dans une capsule à parachute sur le site de ton choix. Mc Dermot et ses potes n’ont même pas fait semblant de prévoir un véhicule pour repartir. C’est « réussi ou crève » avec eux. Soit tu leur livres la planète, soit ils abandonnent tout et toi avec.

- Je suis dans de beaux draps on dirait.

- T’inquiète pas trop, va. Ils ne vont pas abandonner tant de fric sans effort, et puis il y a nous. Je serai là moi aussi.

- Sauf que vous n’avez pas de focaliseur pour la nanopuce. Si on ne récupère pas le focaliseur je vais me retrouver retraité sur la planète la plus proche sans espoir de pouvoir voyager. Ce qui m’énerve le plus c’est que je ne suis même pas sûr que la putain de puce existe. Si ça se trouve c’est des bobards juste pour m’effrayer.


Deux jours plus tard, nous sommes assis à la table de la cuisine. La table est couverte de cartes, notes, canettes de coca et de bière, emballages MacDo, etc.


- Jack : bon voilà, tu sais tout ce qu’il y a à dire. Je propose de te rendormir. Je vais rentrer au campement.

- Tu sais, Mc Dermot m’a fait tout un discours sur l’importance de la téléportation pour le bien de l’humanité et tout le blabla. C’est vrai que sans ce moyen de transport tout devient impossible dans le monde où nous vivons.

- Tu veux parler des fermes comme celle sur NT51 ? Où on élève des milliards de bêtes en batterie pour les expédier ensuite sur des planètes de vacances où la multitude se dore au soleil pendant les trois quarts de sa misérable vie, alors que Mc Dermot et ses maîtres s’emplissent les poches en détruisant la biosphère de chaque planète qu’ils trouvent ? C’est ça le monde que tu veux sauver ? Un monde où le gazon est l’espèce végétale principale, où les mers sont des piscines d’agrément pour imbéciles à bouée Snoopy et les montagnes des terrains de jeux pour sportifs du dimanche ? Et pendant ce temps-là, chaque fois qu’un déplacement par téléportation s’opère, une minuscule partie de la trame de l’Univers est défaite. Minuscule, oui, mais nous serons bientôt un trillion à utiliser la TP pour tout et n’importe quoi. Nous sommes en train de détricoter l’Univers, S, tu comprends ça ? Ces salauds n’en ont rien à foutre mais nos enfants risquent de se réveiller très brutalement un jour.

- Oui, oui, je sais. Moi en tout cas on ne peut pas dire que je passe ma vie en vacances.

- Toi tu passes ta vie à dormir pour l’instant. Allez. Au lit vite. Le réveil risque d’être mouvementé.


Silence et obscurité.


***


Chapitre 4 - Surprise


Sommeil sans rêves, réveil. Au-dessus de mon sarcophage se tient une femme. Elle manipule les commandes. Je regarde avec stupéfaction. C’est le docteur Slot, enfin Mademoiselle Slot. Sans la blouse blanche elle est beaucoup plus attirante.


- Mais qu’est-ce… Mlle Slot ?

- Chut. Je finis de vous administrer quelques vitamines et ensuite nous pourrons discuter. Vous devez être très faible après tout ce temps passé en sommeil forcé. Et appelez-moi Amanda, c’est mon prénom.


Je m’abstiens de lui dire que j’ai fait des gueuletons monumentaux avec Jack, il y a juste… en fait quel jour est-on ? Sûrement pas longtemps après le départ de Jack sinon elle n’aurait pas pu se téléporter jusqu’ici. Heureusement qu’on avait fait le ménage avant qu’il parte.


- Comment êtes-vous arrivée ici, Amanda ?

- Le sas de service d’urgence. J’ai fait exprès de ne pas le débrancher lors de votre départ. Personne ne l’a remarqué. Ils n’y faisaient pas trop attention sachant que vous seriez endormi et que de toute façon vous ne pouvez pas utiliser la TP.

- Je vois. Et pourquoi êtes-vous venue ? Sommes-nous loin de NT188 ?

- Attendez, c’est presque fini. Voilà vous pouvez vous lever. Nous sommes à deux mois de l’arrivée. À mi-chemin exactement. J’ai pris des risques pour venir ici car nous sommes déjà entrés dans une zone de turbulences de la TP.

- Bof la TP moi vous savez, je m’en fous un peu. Et grâce à vous en plus.

- J’étais obligée de vous l’injecter, Mc Dermot suivait de près tous mes mouvements. Parfois je me demande s’il ne soupçonne pas quelque chose. Mais ne vous inquiétez pas, j’ai un focaliseur qui permet de l’enlever facilement. Seulement, comme elle est couplée à l’émetteur de localisation il vaut mieux la laisser sur place pour l’instant. Nous nous en occuperons en temps voulu.

- C’est quoi cette histoire de turbulences TP ? Est-ce lié au phénomène que Mc Dermot a décrit pour NT188 ?

- Oui, plus on s’approche de la planète, plus la TP devient incertaine, entrecoupée, il y a des temps morts et puis on peut être transféré à plusieurs endroits à la fois. Vous conviendrez que ce serait gênant si un de mes seins arrivait au QG alors que l’autre était téléporté à la ferme de NT51.


Elle prit mes mains et les posa sur ses seins comme pour appuyer le sens de ses mots.


- Je suppose que ceci fait partie de votre mission, Mlle Slot.

- Oh S, si je suis là c’est seulement par amour pour vous ! J’ai étudié votre vie de fond en comble lors de la préparation de cette mission. Je connais chacune de vos aventures y compris les amoureuses.


Ce fut mon tour de la faire taire en l’embrassant. Ce qui suivit est difficile à décrire. Disons simplement que faire l’amour à dix fois la vitesse de la lumière est une sensation inoubliable. Et nous ne nous sommes pas privés. La prochaine fenêtre de TP stable était dans une semaine. Je ne sais pas ce qu’elle m’avait administré lors de mon réveil mais ce n’était sûrement pas des vitamines habituelles.

Quelques jours plus tard. À l’intérieur du vaisseau règne un désordre indescriptible. Des vêtements flottent en apesanteur alors que le sol est jonché de canettes de coca, bière, emballages MacDo, etc.


- S : tu ne m’as toujours pas dit pourquoi tu es venue me rejoindre dans cette boîte de conserve. Pas que pour faire l’amour je suppose.

- J’ai fait un traitement de superovulation avant de venir. Je t’ai aussi administré un petit cocktail aphrodisiaque avec du multiplicateur de sperme. Il doit y avoir un millier d’embryons à l’heure où l’on parle. En rentrant je ferai un saut au planning familial pour les déposer. On pourra aussi faire une centaine de clones de toi histoire d’en avoir sous le coude. J’ai lu dans ton dossier que tu n’avais jamais pris la peine de faire des enfants. Je te rappelle qu’il y a deux cents planètes à peupler.

- Je me disais bien. Ce n’est pas très honnête tu sais, et puis tu imagines si j’étais porteur d’un gène x32 ou x33 ? La dernière fois qu’il y a eu un accident, tout le personnel du planning est mort et pas de vieillesse si tu vois ce que je veux dire.

- Pas de danger, j’ai pratiquement lu ton empreinte génétique paire de bases par paire de bases. Et puis maintenant ils ont des tests pour éviter qu’Alien ne sorte du tube d’incubation.

- C’est tout ?

- Bien sûr que non gros bêta. Je t’ai apporté quelques joujoux qui te permettront de mieux survivre sur NT188. Je ne sais pas si tu es au courant mais Mc Dermot a quelque peu embelli la situation.

- Je me doutais bien de quelque chose.

- En fait les continents vivants sont du type P++. Impossible d’y survivre sans équipements spéciaux et armes lourdes. Quant aux continents nettoyés ils sont encore trop toxiques pour des humains. J’espère que tes copains ont un bunker à toute épreuve sinon tu risques d’en retrouver que les os et encore.

- Mes copains ?

- Ah oui, j’ai oublié de te dire. Mc Dermot sait tout. L’organisation, les micros dans les cactus, la visite de Jack. Nous l’avons même aidé discrètement à trouver le sas de service d’urgence. Nous avons dû lui transmettre les plans du vaisseau dans son rêve en lui faisant croire qu’il avait étudié ce modèle lors de ses études d’ingénieur.

- Voilà pourquoi il a mis si longtemps à venir. Mais alors, le sas de service, tout ça…

- Alors chut. Viens faire l’amour encore une fois. Je dois partir dans trois heures et j’ai un tas de choses à t’expliquer.


***


Chapitre 5 - NT188


Cette fois-ci je me réveille seul. C’est le système de survie du vaisseau qui s’en charge. Il y a de la lumière qui rentre par le hublot et la masse imposante de NT188 cache une partie du ciel étoilé. Sur l’écran de commande du vaisseau, il y a un message bref :

14’36’’1254 N, 5’21’’5897 W.

Je prends mon temps pour m’habiller et charger la soute de l’atterrisseur. C’est vraiment des salauds Mc Dermot et compagnie, ils n’ont même pas prévu assez de place pour l’équipement de survie. Je fourre tout ce qui me paraît secondaire dans le deuxième module espérant qu’il n’atterrisse pas trop loin du premier. J’ai sur moi de quoi me rendre invisible à la plupart des espèces, de quoi me nourrir pendant trois jours et un pistolet capable de volatiliser un immeuble de six étages en moins d’une microseconde. Ça devrait suffire pour l’arrivée. Il n’y a plus qu’à rentrer les coordonnées dans le système et attendre calmement le largage.

La descente est indescriptible. Disons pour faire court que c’est un coup de pot si j’arrive en un seul morceau. La deuxième capsule est tombée à une centaine de mètres mais n’a pas eu ma chance. Elle est ouverte comme une pastèque et le contenu éparpillé tout autour. Il fait doux. Le ciel est d’un bleu profond. Pas de bêtes en vue. J’entends au loin le bruit d’un moteur d’hélico. En moins d’une minute il est au-dessus de moi. Il se pose. Deux femmes et un homme en sortent.


- Bill, Lorelaï, Samantha !

- Salut S. Eh ben mon vieux, quel attirail ! Tu vas à la chasse ?

- Je croyais, enfin on m’a dit que…

- Oui, oui on sait. Milieu L+, M, P++, pourquoi pas Q pendant qu’ils y sont. Ha ha. Ils t’ont bien eu ses cons. Remarque le voyage n’avait pas que des inconvénients il me semble.

- Mais comment… ?

- Allez, la petite Amanda s’est bien occupée de toi et en plus elle s’est rempli les joues tel un hamster… de petits S pour peupler les nouvelles colonies !

- Comment savez-vous tout ça ?

- Désolé vieux, on ne pouvait pas te dire, nous t’avions truffé de micros, codés par un rétrovirus dans tes organes. Tu te souviens des délicieux MacDo que Jack t’a apporté sur le vaisseau ? Les virus étaient dans le ketchup. Il doit même y en avoir dans ton sperme que Mlle Slot a si tendrement recueilli.

- Mais comment pouviez-vous suivre le signal à cette vitesse. Les ondes…

- Quelle vitesse ? Tu n’as tout de même pas cru que ce vieux rafiot pouvait voyager à dix fois la vitesse de la lumière ! On voit que tu n’y connais que dalle à l’espace.

- Je suis biologiste, pas spationaute.

- Tu es un simple acteur de simstim, mon vieux. En fait tu as passé trois semaines dans un coucou repeint à l’intérieur pour faire neuf et qui se déplaçait à quelques milliers de kilomètres à l’heure. Au total tu as dû dormir quatre ou cinq nuits. Nous t’avons implanté ce scénario de biologiste aventurier juste pour te faire accepter par Mc Dermot et compagnie. Bien sûr nous avons créé le dossier complet qui va avec, montrant que tu avais des dettes auprès de groupes mafieux, celui-là même que Slot a étudié si attentivement. À propos, je lui ai aussi déposé quelques spermatozoïdes lors de la transmission du dossier. Cette fille a un don pour mêler sexe et aventure. Je me demande si elle n’a pas fait une overdose de films de James Bond.

- James qui ?

- Laisse tomber, vieux.

- Alors la planète…

- Un vrai paradis. Climat tempéré sur une large bande équatoriale, paysages magnifiques, flore et faune inoffensives et délicieuses à manger. Ces connards allaient détruire tout ça juste pour se remplir les poches. Ils y sont presque parvenus d’ailleurs.

- Eh ben…

- Et la meilleure c’est que nous avons trouvé le moyen de bloquer leur putain de TP, en mettant en résonance le noyau ferreux de la planète avec un simple racleur de fond d’océan. On a bidouillé une tête de perfo sur le tronc principal puis on l’a synchronisée avec les cycles solaires qui, ici, durent entre 5 et 7 minutes. Avec la rotation de la planète sur elle-même la TP est perturbée sur tout le système solaire et totalement bloquée en orbite basse.

- Alors quand Amanda est venue sur le vaisseau nous étions…

- Vous étiez pratiquement aux limites du système solaire. Elle a été obligée de t’embrasser d’urgence à deux reprises pour éviter que tu regardes par le hublot et que tu aperçoives des planètes. On était morts de rire. Allez viens, nous t’amenons au campement pour une bonne bière de Xudo, la céréale locale. Tu verras c’est du tonnerre.


***


Chapitre 6 - Paradis


Nous sommes arrivés au campement quelques minutes plus tard. Tout le monde était là, Jack en premier. La secte entière, Gourou compris, est sortie pour me recevoir. Tous ces gens qui luttent pour sauver la biodiversité de l’Univers tout en vivant près de la nature guidés par le Gourou et rêvant d’un monde meilleur sans téléportation, sans fermes industrielles et sans entreprises de terraformation. C’était émouvant. J’ai proposé de faire une photo souvenir avec tout le monde et les montagnes en arrière-plan.


- Resserrez-vous, Gourou, mettez-vous au milieu, les plus grands derrière, les petits à genoux, etc.


Quand ils furent bien regroupés je sortis le pistolet et une microseconde plus tard tout ce beau monde partait en un beau champignon de fumée blanche dans le ciel bleu immaculé de NT188. C’était le signal convenu avec Amanda. Cinq minutes plus tard elle arrivait toute souriante.


- Bravo S. Bon travail ! J’ai appelé Mc Dermot. Le deal tient toujours. Nous avons la planète pour nous seuls pour toutes les vacances. Nous pouvons utiliser le campement à notre guise et même inviter des amis si ça nous fait plaisir une fois qu’on aura désactivé le racleur.

- Merci, grâce à toi c’était facile en fait. Ces imbéciles fanatiques sont tellement aveuglés par leur idéologie qu’ils négligent tous les détails importants. Ils avaient beau me truffer de micros, il a suffi d’un crayon et du papier pour les bluffer. Cela dit, il faudra faire attention à l’avenir. Ils ont réussi à perturber la TP avec des moyens rudimentaires. Tu expliqueras tout ça à Mc Dermot dans ton rapport détaillé après les vacances. À propos de détails, est-ce vrai que tu as couché avec Bill quand il t’a remis mon dossier ?

- Le devoir c’est le devoir mon grand. Mais ce n’était rien à côté de la semaine que nous avons passée sur ton vaisseau nid d’amour.

- C’est vrai que je suis acteur ? Un bon acteur j’espère. Tu penseras à me restituer ma mémoire dès que possible. Quand je pense qu’ils ont avalé l’histoire du planning familial, ha ha !

- Ah là non ! Ce n’était pas une blague. Tu sais combien ils payent ? Mille dollars la pièce. J’ai déposé exactement mille trois cents embryons à la banque.

- Tous invendables j’ai bien peur. J’ai introduit les gènes X32 et X33 avec un rétrovirus que j’ai acheté sous forme de chewing-gums l’autre jour dans une boutique de contraception. Dès qu’ils les examineront ils les mettront à l’incinérateur.

- Salaud.

- Pétasse.

- Je t’aime.

- Allons réessayer. Nous avons toutes les vacances.


Un peu plus tard nous sommes couchés sur une natte à l’ombre et fumons des cigarettes. Mon portable sonne. Je parle brièvement puis je raccroche.


- En fait j’ai une autre surprise pour toi : Mc Dermot est mort dans l’explosion de son QG en manipulant le téléphone portable que j’avais négligemment oublié sur son bureau. Il n’avait rien dit à ses supérieurs espérant empocher tout le bénef. Le contrat est volatilisé ainsi que la secte des sauveurs de l’Univers. Et tu sais quoi ? Nous sommes les « premiers » humains ayant mis le pied sur NT188. Légalement la planète nous appartient. J’ai envoyé toutes les preuves nécessaires aux autorités. Oh et puis, oublie l’histoire de l’acteur de simstim. C’était une couverture pour rejoindre la secte. En vérité je suis biologiste spécialiste de la reproduction et je vais te le prouver…


Je l’embrasse.


- T’es un mec unique, un sur un trillion !


FIN


 
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   Anonyme   
10/8/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Alors là ! Voilà un délire qui me botte. J'ai adoré ces retournements étourdissants. Le texte tournoie pire qu'une toupie sous amphètes, et la progression dans l'absurde me paraît bien gérée. Une très chouette désinvolture cynique. Sympa aussi, l'idée de la téléportation qui détricote peu à peu l'univers...
Bref, un texte dense au n'importequouesque réjouissant.

   monlokiana   
14/9/2011
 a aimé ce texte 
Pas ↓
Une histoire intéressante, sauf que je trouve qu’il y a trop de dialogues. En fait, il y a en partout dans le texte des dialogues. Je conseille à l’auteur d’abréger un peu et d’enlever certains dialogues inutiles.
Le début est long avec le dialogue de S et de Mc Dermot. J’ai trouvé l’explication ennuyante et le dialogue hyper long. Au final, je n’ai pas trop compris ce que disait et ou expliquait ce monsieur.
Au final, une bonne histoire mais qui devient ennuyante au fur et à mesure qu’on lit. Il faut revoir ces nombreux dialogues et se poser la question : ce dialogue est- il vraiment utile ? Ne puis-je pas le supprimer sans qu’elle ne gâche mon histoire ?
Merci pour cette lecture. Bonne plume à vous !

   Pattie   
25/9/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai beaucoup aimé ce texte abracadabrantesque. Le premier revirement, c'est sympa. Le deuxième, ça commence à faire bizarre. Le troisième, c'est un peu lourd. Au cent douzième, ça devient très amusant !
Hélas, la ponctuation est sinistrée, le texte manque de mise en page et de relecture (il manque même des points à la fin de certaines phrases).
Mais j'ai vraiment passé un bon moment de lecture ! Merci à l'auteur !

   jaimme   
26/9/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Tout en lisant j'ai pensé à plusieurs auteurs de SF dont Douglas Adams et même à Philip K. Dick par moment. C'est peu dire!
J'ai trouvé ces revirements à répétition très amusants. Pastiche des films américains jugés très intellos dès qu'il y en a deux!
Mais attention, les Adams et Dick relisaient attentivement leur copie. Là on sent que l'auteur s'est focalisé sur le fond, mais l'écriture est vraiment, vraiment à revoir. Il faut se relire et se relire encore. Il y a beaucoup trop d'erreurs et de coquilles et cela gâche un peu la lecture. C'est dommage car on sent que ça pétille dans tous les sens et ça j'adore. Il y a du rythme, c'est nerveux et déjanté. Mais améliorable (oh oui!).
Vivement vous lire (et vous relire après correction).

   David   
4/10/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Lemitsos,

Ça doit être une faute de frappe, je lirais plutôt "compagnie" :

"et la méchante compagne qui tue des pauvres écologistes ça fait vraiment très mauvaise presse."

Par le sein droit de Douglas Adams, pour une bonne nouvelle de SF c'est bonne nouvelle de SF :) Je me rappelle qu'un jour on a voulu m'expliquer qu'une rédaction "à la française" se faisait sous la forme thèse/antithèse/synthèse mais qu'il existait une "méthode anglaise" consistant à enchainer les idées les unes aux autres, en croisant les doigts pour que ça retombe sur ses pieds à la fin. C'est un peu l'impression que j'ai eu en lisant, une course en avant, une accumulation de revirements incroyables qui m'ont tenu en haleine tout du long. Il y a de sacrés trouvailles, le gène alien par exemple. Il y a aussi le non-catastrophisme de cette catastrophe annoncée, par le contexte qui n'est jamais décrit mais qui se devine : une société à la mesure de ce qu'on pourrait craindre de l'avenir aujourd'hui, pire que la fin de tout, le règne de l'absurde, et pourtant c'est burlesque, drôle... euh, frais. Comme une vodka-Canada-dry : ça ressemble a de l'alcool, mais ce n'est pas de l'alcool, et pourtant il y a de l'alcool, etc.


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