Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Fantastique/Merveilleux
Liry : Au-delà de l'aurore (1)
 Publié le 22/07/08  -  4 commentaires  -  11371 caractères  -  11 lectures    Autres textes du même auteur

Cette histoire est la mienne. Je suis un chasseur du crépuscule. Je n’ai pas toujours été ainsi mais j’ai fini par accepter et aimer cette nouvelle vie. Et depuis, j’ai toujours pensé que rien de pire ne pourrait m’arriver, et pourtant…

Solstice d'été, à l'approche de la nuit la plus courte...


Au-delà de l'aurore (1)


Cette histoire est la mienne. Je suis un chasseur du crépuscule. Je n’ai pas toujours été ainsi mais j’ai fini par accepter et aimer cette nouvelle vie. Et depuis, j’ai toujours pensé que rien de pire ne pourrait m’arriver et pourtant…


********


Solstice d’été, à l’approche de la nuit la plus courte…


Je regarde l’énorme pendule avant de me retourner vers cette fenêtre qui me captive bien trop. C’est étrange. Normalement, je devrais encore dormir mais, le besoin de sommeil me quittant à mesure que les années s’écoulent, cela fait déjà de nombreuses heures que je suis éveillé.


Pour l’instant, je suis debout, presque aussi figé que les statues qui m’entourent. Je ne fais rien. J’attends. J’attends simplement dans la quiétude la fin du jour, goûtant au maximum ses derniers instants. Le front posé contre une vitre presque chaude, j’observe la magnificence de la nature. La vie qui en déborde ne cesse de m’appeler, de m’attirer irrésistiblement au-dehors. Un peu comme la flamme qui attire le papillon.


Bientôt, attends encore un peu. Bientôt tu quitteras une nouvelle fois ces lieux. Une autre nuit, une autre chasse, ne cessé-je de répéter en moi.


Le soleil décroît, teintant l’azur de sang. Si j’étais superstitieux, j’y verrais sans doute un signe funeste mais j’ai vécu bien trop longtemps pour y accorder une quelconque importance. Au contraire, plus je contemple le ciel, bien à l’abri derrière mes tentures ajourées, plus je le trouve beau, chaleureux et si apaisant.


Le temps s’écoule, s’étire. La fraîcheur monte sous les accords monotones des cigales. Quelques crapauds coassent dans leur coin alors que d’autres voix se joignent au chœur ambiant. Puis le silence vient soudain tout envahir, étouffant l’espace d’un éclair l’ensemble de ces chants.


C’est très bref mais suffisamment étrange pour retenir mon attention. Surtout que cela se répète…


Je n’aime pas ça. Quelque chose ou plutôt quelqu’un a effrayé et effraie encore mes ‘chiens de garde’ involontaires. Je ferme les yeux, peu désireux de les brûler à la flamme encore trop vive de l’astre en fuite, et me concentre uniquement sur les sons. Les bruissements des herbes, la respiration faible des êtres tout autour de moi, les murets où courent les insectes.


Calme, tout est si calme, trop calme. La réalité s’efface, il ne reste rien que le vide lorsque j’arrive enfin à rayer les innombrables vies animales de mon champ de conscience. Soudain, un autre bruit, plus fort, plus lourd. Sans doute inaudible pour un homme normal mais je ne le suis plus depuis tant de temps. D’autres sons suivent, pas légers, démarches souples sur le gravier.


Deux, quatre, six, huit…


Je les compte. Des membres du clan des Fondateurs. Cette fois, ils sont venus en nombre. Le soleil, a-t-il enfin disparu ? J’ouvre les yeux, il n’est pas encore totalement couché. C’est risqué mais je ne peux rester planté là ! Il me faut sortir ! M’enfermer ne ferait que me condamner.


Seul, même si j’ai l’avantage de la force, je n’ai aucune chance, je le sais !


Je me dirige avec lenteur vers l’issue la plus proche avant de rejoindre, je l’espère, l’une de mes cachettes. Je vois bien laquelle conviendrait le mieux et elle est toute proche. Guère plus d’une trentaine de mètres à parcourir. Ça devrait marcher. J’entrouvre la porte, guettant la première occasion.


Cette sortie, dire que je l’avais imaginée pour échapper à d’éventuels exterminateurs humains. Espérons qu’elle suffira face à mes semblables.


Ah ! Une dernière chose ! Ma présence ! Bien leur faire sentir que je suis chez moi, quelque part dans cette vaste maison.


Voilà, il ne me reste plus qu’à partir. Je ne suis pas certain de réussir à cent pour cent, mais je préfère de loin essayer de sortir que de devoir tenir un siège dont l’issue ne pourra que m’être défavorable.


Ça y est. Le moment est arrivé. Je franchis le seuil à l’instant précis où les derniers rayons du couchant viennent frapper mon piège de miroirs. Je retiens ma respiration.


Heureusement, je n’ai même pas le temps d’attendre. Le résultat est immédiat. Ils noient tout de leurs cruels éclats. Et c’est sous le couvert de leur mortelle protection que je m’élance et cours aussi vite que me le permettent mes jambes.


Mon cœur cogne avec force dans ma poitrine lorsqu’enfin j’atteins mon but, l’une de mes meilleures planques. Parfaite et pourtant si proche de ma demeure. Vue de loin, elle ressemble à une sorte de niche pourrissante, jetée au sommet d’un arbre mourant. Je me laisse tomber sur le sol dans une odeur de moisi. Il me faut récupérer. Cette course effrénée ainsi que l’escalade qui a suivi m’ont à peine pris plus d’une seconde, aussi, maintenant, j’ai besoin de souffler. Mes battements reviennent à la normale alors que mes yeux ne quittent pas le spectacle qui se déroulera d’ici peu. Dès l’extinction des feux.


Je sens la tension monter en moi. Des tremblements m’agitent. J’ai envie de fuir. Tout de suite ! Réflexe animal !


Mais je ne suis pas cela. Je peux me contrôler. Je balaie les environs du haut de mon étrange tour de guet. Face à mes sens exacerbés, même un moucheron ne pourrait s’échapper.


Enfin le crépuscule tombe. En contrebas, les autres se sont déployés et s’apprêtent à rentrer. Je m’aligne sur eux, sur leurs gestes. Loin de me gêner, l’obscurité triomphante me renforce, devenant ma plus précieuse alliée. Un geste d’une extrême lenteur. Presque invisible, je me coule vers le bord cotonneux. Je me poste, prêt à bondir.


Mes muscles se tendent. Je retiens ma respiration, mon cœur s’emballant malgré moi. À la première occasion, je les laisse derrière moi.


Ça y est. Tous se sont engouffrés. Des bruits ! Des chocs contre les murs, mes meubles qui se renversent.


L’attente se prolonge. Juste quelques secondes autant dire une éternité.


Et plus elle se prolonge plus ma colère s’élève et gronde ! Heureusement, je sais la juguler ! Mes poings se crispent ! Dire que c’est pour échapper aux hommes que j’avais tout échafaudé. Échapper à leurs tueurs, bon sang, mais pas à mes semblables ! Je regarde toujours cette demeure qu’il me faut désormais abandonner. Mais ce ne sont jamais que des pierres qui de toute façon finiront par s’éroder et s’effriter avant de retomber en poussière de ciment.


Comme toutes les autres... pensé-je en regardant les maisons avoisinantes, à la fois si lointaines et si proches.


Elles aussi finiront par s’effondrer. Rien ne dure éternellement. Même pas nous bien qu'en théorie, nous en soyons capables.


Le vacarme augmente dans le ventre de ce qui, à présent, fut mon repère. Pas vifs et cris de rages entrecoupés de jurons ! Un instant de relâchement ! D’énervement ! Perte de cohésion ! Enfin, une brèche se forme. Un angle libre dans lequel je vais pouvoir m’engouffrer à la vitesse de l’éclair. Ma seule chance ! À moi de ne pas la gâcher !


Une seule détente ! Digne des plus puissants félins ! Et je plonge, me reçois sur le sol sans un bruit. Juste un regard jeté dans mon dos et je fuis. La voie est libre mais je n’aurais guère plus que l’espace de deux ou trois battements de cœur pour m’enfuir ! Je fonce ! Je ne dois pas hésiter ! Ils sont extrêmement vifs mais moi aussi !


La nuit m’enveloppe dans son manteau froid. L’ombre et le silence tout relatif, les tons bleus si foncés du ciel.


Des pas, des craquements. Je me retourne juste un instant. Trop froids pour être des humains. Ce sont eux ! Ça y est ! Ils viennent de réaliser ! Ils viennent de se lancer sur mes traces ! J’ai l’avantage de la vitesse mais reste la magie propre à notre peuple ! Et là, tout va sérieusement se compliquer s’ils attaquent ensemble.


Alors, cours !


Ne pas céder à la panique ! Je suis un chasseur comme eux ! Et l’une des zones périlleuses, menant aux frontières des mondes, est toute proche. Ma dernière ressource. Plonger là-dedans plutôt que de devoir finir comme mes anciennes proies. Tué pour tué ! Je préfère encore tout tenter !


********


Je n’ai pas cessé de courir. La limite se rapproche mais voilà que se dresse un obstacle imprévu ! Chaleur intense, juste avant l’entrée de ces territoires interdits. Des humains ? Dispersés en bandes ? Je reste un moment, immobile, en arrêt. Prenant bien le temps de les observer, de les jauger. Pas de doute, ce sont bien eux ! Et presque tous des jeunes, quel dommage ! Je ne dois pas m’attarder près d’eux. Les autres, mes poursuivants, ne feront peut-être que passer mais ils pourraient tout aussi bien s’en repaître. Dans un sens, cela m’offrirait un répit inespéré mais cela me déplaît.


Je me faufile donc, abordant le premier des trois groupes se dressant sur mon chemin, bien décidé à le traverser le plus vite possible. Quelques jeunots se retournent sur mon passage, me regardent mais aucun n’ose me parler. Je m’efforce toujours d’avancer à pas lents. Ne pas paniquer. Même si les autres sont sur mes traces, je ne dois rien montrer. Ces hommes sont peut-être plus faibles que nous, êtres de la nuit, mais ils sont aussi loin d’être inoffensifs.


Enfin pour l’instant, ça a l’air de marcher, je progresse à pas mesurés. Avec ma tenue plutôt classique, jeans et t-shirt, je passe relativement inaperçu. Seuls mes longs cheveux serrés contre ma nuque et ma précieuse cape, pour l’instant repliée, me distinguent quelque peu des autres.


Quoique je dois quand même avoir l’air un peu étrange. Du moins, si je me fie aux regards curieux de certains spécimens. Tiens ? En voilà qui viennent à ma rencontre. Ô rien de bien méchant, juste l’envie de rompre la glace. Bandes d’abrutis ! Comme si je n’avais pas assez d’ennuis !


J’accélère, mettant le maximum de champ entre eux et moi !


Ne pas les laisser trop approcher. J’ai soif, si soif avec cette course. J’ai tant besoin de récupérer. De reprendre des forces et je crains de ne pouvoir me contrôler s’ils continuent à avancer.


J’aborde le second groupe. Ceux-là sont en nombre. Je souris un peu malgré moi : au moins cela leur laisse une chance avec ceux qui me courent après.


Des chuchotements me parviennent en tout sens, je les intrigue. Aucune de leurs messes basses ne m’échappe. L’animosité que j’éveille chez certains d’entre eux, je la sens croître et enfler. Un danger que je ne peux me permettre de négliger. L’affrontement ne me fait pas peur, j’ai de nombreux avantages en réserve. L’effet de surprise n’étant pas des moindres. Mais avec la meute lancée à mes trousses, ce serait plus que mal venu.


Tiens ! L’un des fiers-à-bras de service s’avance. Trop lourd, trop lent ! Je l’esquive sans problème et presse le pas, les laissant tous loin derrière moi.


Enfin, j’approche de l’ultime rempart, le troisième groupe. Un dernier petit groupe béat, qui ne sourcille même pas sur mon passage. À les voir, tout devrait être bien plus simple quoique…


Je tends un instant l’oreille, surprenant leurs rires, leurs plaisanteries, certaines remarques plus que désobligeantes mais je n’en ai cure. Je n’ai ni le temps ni l’envie de me pencher là-dessus.


La noirceur, enfin. Je m’y plonge avec délice ! Des limites, les bornes que nous seuls sommes capables de reconnaître. Une ultime hésitation et je les franchis. De toute façon, il ne me reste guère d’autre choix !



À suivre...



 
Inscrivez-vous pour commenter cette nouvelle sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   xuanvincent   
30/7/2008
 a aimé ce texte 
Bien
La lecture de cette première partie m'a intéressée et intriguée.

Je ne me suis pas encore lancée dans la lecture des nouvelles "à suivre" (je préfère de loin lire d'une traite un texte, même s'il est long)... mais il est possible que je lise cette fois la suite...

PS : je ne mets pas volontairement d'évaluation.
PS (2) : Dans l'attente de la fin de l'histoire, je mets finalement une évaluation, qui correspond à ma première impression.

   Sebastien   
28/7/2008
J'aime assez tout ce que ça peut permettre pour la suite que je vais lire de ce pas. J'évaluerai la suite uniquement, mais j'y espère des explications !

   Marchombre   
29/7/2008
 a aimé ce texte 
Bien
J'aime bien, le texte ce lis facilement

   Azurelle   
1/8/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
C'est un texte où l'action est présent, tu maîtrises bien tes phrases, cependant la structure de ton texte m'a un peu déboussolé tes paragraphes sont un peu court je trouve... Je suis d'accord cela poourrait refléter le chaos du personnage mais il serait alors judicieux de peut être l'utiliser à des instants stratégiques. Le personnage est étonnament calme on sent qu'il a de l'expérience, il est déterminé et je trouve que tu l'as bien travaillé. Ce qui manque à ce texte peut-être un peu plus de description. Je m'attaque à la seconde partie ;)


Oniris Copyright © 2007-2023