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Sentimental/Romanesque
Lobia : Numéro 20
 Publié le 21/02/13  -  13 commentaires  -  13434 caractères  -  188 lectures    Autres textes du même auteur

Dix minutes dans la vie d'un homme face à une rencontre inattendue. La promesse d'un amour à venir, la peur, le doute, l'envie vont le faire tomber dans le labyrinthe de ses pensées. Saura-t-il trouver la sortie, une issue heureuse ?


Numéro 20


J'ai un trou dans la poitrine, pourtant je ne sens rien. J'appuie ma main sur mon cœur pour m'assurer qu'il est toujours là, on fait des choses bizarres parfois.


L'explosion a tout arrêté. La surprise suivie par la peur ne m'ont pas donné le temps de bouger. La dernière chose que j'ai vue c'est le visage d'une inconnue qui s'est imprimé dans mon esprit.


Je regarde si quelqu'un d'autre a été touché. Je suis le seul à avoir été plaqué au mur. Je vois flou, j'entends l'agitation autour de moi. Quelqu'un s'approche, je me concentre pour comprendre ce qu'on me dit : le visage de l'inconnue est parfaitement net au centre d'un caléidoscope de formes multicolores, elle me dit quelque chose que je n'entends pas et s'éloigne.


Une cloche sonne. Encore sous le choc je sens que mes jambes se mettent en mouvement, doucement, très doucement. Sans comprendre comment, je me retrouve assis à une table. Combien de temps s'est écoulé depuis la déflagration ? Je tourne la tête, l'inconnue est assise à ma droite.


Mes yeux se posent sur sa veste. Elle porte le numéro 20.


----


Je suis amoureux. J'ai quarante-cinq ans, c'est ridicule, qu'est-ce qui m'arrive ? J'ai paniqué en la voyant. Je suis resté tétanisé, muet, pendant qu'elle me saluait et maintenant je ne pense plus qu'à m'approcher d'elle. Pas de panique, il s'agit sûrement de chimie, nos hormones sont au diapason. Un courant d'air va me délivrer de ce philtre. Je jette un coup d'œil à la fenêtre : fermée. La climatisation qui ronronne tente de repousser la canicule de ce mois de juillet. Si Mademoiselle pouvait arrêter de bouger ses longs cheveux parfumés, j'avoue que ça m'aiderait.


Respire, respire, pense à autre chose. Arrête de la dévisager, concentre-toi sur la jeune femme assise en face de toi.


Devant mon silence qu'elle prend pour de la considération celle-ci commence à me dévoiler l'histoire de sa vie sans goût ni saveur. Ma vision périphérique me permet de voir la silhouette de Mademoiselle à la table d'à côté et ça suffit à mon bonheur.


Numéro 20, numéro 20… Elle a dû hésiter. J'ai le numéro 1. Je suis arrivé le premier au speed-dating, c'est marqué au fer rouge sur l'étiquette collée à ma chemise. C'est moi le célibataire désespéré de la soirée : je suis tatoué. Mal à l'aise, je ne sais pas quoi faire de mes bras, de mes mains. Je m'étale sur le dossier de ma chaise, je me replie sur moi-même, je regarde mes pieds.


Je jette un coup d'œil discret à ma montre. Deux minuscules minutes se sont écoulées, pourtant je sais déjà que la femme qui me parle s'appelle Marion, avoue avoir trente ans et veut trois enfants. Celle-ci marque une pause. L'air intéressé, je relance cette conversation à sens unique à l'aide d'une simple onomatopée. Rassurée sur ma bienveillance, elle déverse maintenant tous ses secrets au-dessus de la table de bistrot qui nous sépare.


Alors que je bénis ce carré de formica, dernier rempart qui me sépare de l'impudique, je remarque le dessin qui recouvre le plateau en bois. Des taches de peinture noire jetée sur un fond rouge forment un labyrinthe sur lequel reposent nos deux tasses de café. S'enlacent sans fin des couloirs qui s'arrêtent, repartent, filent d'un trait puis virent à 360° pour revenir au départ. Je me lance un défi : si je trouve la sortie de ce dédale j'invite mon inconnue à dîner, sinon je retourne à ma vie. Il reste huit minutes avant de passer à la table d'à côté.


Je ne sais pas si j'arriverai à me duper grâce à ce jeu d'enfant, j'espère au moins court-circuiter la petite voix qui me demande pourquoi un séduisant psychiatre renommé, père de famille divorcé, n'arrive pas à trouver le courage de séduire une femme qui lui plaît. Je m'entends murmurer "tais-toi" entre mes dents.


Je choisis un point de départ situé sur le côté gauche de la table et je m'élance vers la côte est. Au bout de six centimètres de lacets, le chemin se resserre jusqu'à se fermer. Je m'arrête et je recule. Revenu à mi-chemin je tourne à droite, j'espère. La voix de Marion me dérange. Quinze ans à écouter les malheurs des autres et ça continue. Je m'imagine dans mon cabinet et je visualise le petit transistor d'où s'échappe la musique d'ambiance de ma salle d'attente. Je connais le répertoire de la chanson française par cœur, j'ai un refrain pour illustrer chaque instant de ma vie.


Mademoiselle me rappelle sûrement quelqu'un que j'aime. Je quitte un instant la carte du Tendre et incapable de résister à la tentation, je relève la tête. Mon cœur s'emballe. Elle a tourné la tête vers moi, nos yeux se sont croisés. À moins qu'elle ne s'ennuie et tente d'oublier le temps en observant la salle du pub anglais où une vingtaine de célibataires se sont installés dans l'espoir d'y trouver au mieux l'âme sœur, au pire une anecdote à raconter lundi à la pause-café.


Je scanne le décor qui m'entoure fait de boiseries, de banquettes de cuir brun, de fanions, d’objets anciens et d’affiches publicitaires. Quelques photos d'habitués qui remplissent les soirées, des articles parus dans la presse et des instruments accrochés aux murs rendent le lieu pittoresque, je n'avais rien remarqué. Marion-libre-et-indépendante continue de s'écouter parler, petite abeille bercée par le bourdonnement de sa litanie elle ne se rend pas compte de ma muflerie. Je repars en croisade, je gagne encore trois centimètres.


J'ai envie de l'embrasser… Tiens, je n'ai même pas essayé de la déshabiller… Je suis pressé de lui parler.


Un gloussement de Marion riant à ses propres blagues me ramène à la réalité. Je souris, j'espère que j'ai bien fait. Cette fille a l'air tellement fébrile. Elle se sent obligée de m'expliquer son célibat, s'agite, formule des questions, y répond et finit par sourire en penchant la tête pour m'attendrir et clore sa démonstration.


Elle est charmante mais quand je pense aux efforts qu'il faudrait déployer pour entretenir le fantasme du prince charmant vissé dans sa jolie tête, je suis fatigué d'avance. L'amour institutionnalisé, la trilogie travail-mariage-bébé me donnent aujourd'hui la nausée.


Ça y est, j'ai oublié Mademoiselle pendant trente secondes ! C'est le moment de vérifier qu'elle ne me fait plus d'effet. Je me tourne à nouveau : son regard encore une fois, comme si elle attendait le mien. Elle me sourit. Mon cœur va exploser.


Encore six minutes. Il ne faut plus que je me tourne, j'ai peur que ce mirage disparaisse à force de le fixer.


Je tombe sur le regard de Marion qui fixe mon index planté au milieu de la table. Je note mentalement les coordonnées géographiques de mon avancée, sans même penser à tricher, puis je fais semblant d'épousseter quelques grains de sucre pour ne pas passer pour un déséquilibré.


Elle reprend son soliloque, je reprends mon épopée. À l'aide de ma petite cuillère je fais mine de tracer de petites arabesques, l'air inspiré. Une interminable ligne droite me fait exulter. Je flotte, heureux je relève la tête pour faire une pause.


J'observe Marion-la-célibattante. Au fond pourquoi est-ce que je suis si dur avec elle ? Moi aussi je suis conditionné. Rappelle-toi, Freud disait qu’on ne rencontre que ce qui existe déjà dans son propre inconscient. Dans les abysses de ma psyché se cache un fantasme qui oriente ma quête de l’alter ego… Reprends le contrôle si tu ne veux pas te faire dévorer par Mademoiselle, cette gorgone faite de crèmes, de parfums, de fards, de battements de cils étudiés. Je vais déposer mon cœur en offrande à ses pieds et elle va le fouler sans ciller.


– Remarquez je suis lucide, je sais que je ne rencontrerai personne ici… Vous imaginez quelqu'un qui aurait un coup de foudre pendant un speed-dating ! N'importe quoi ! s'esclaffe Marion.

– Ah bon ? Vous ne croyez pas au coup de foudre ? (Mais pourquoi je dis ça, moi ?)


Les joues de Marion s'enflamment. Malédiction ! Elle a pris mon inquiétude pour un aveu. Sûre de son pouvoir de séduction, elle reprend son monologue d'une voix caressante, dorénavant entrecoupée de gloussements. Pressé de l'oublier, je repars sur le chemin des paradis perdus.


Un écueil me barre la route. Je cherche, je fouille, je calcule, j'optimise mes choix, je me perds, j'enrage, j'insiste, je m'épuise. Ce labyrinthe change sans cesse de forme. Déçu je m'arrête et je laisse retomber ma cuillère sur la table. À quoi bon ? On réussit sa vie professionnelle comme sa vie privée, avec du bon sens. Je dois choisir une femme avec laquelle je pourrai vivre au quotidien. Elle doit être assez jolie pour que mes amis la désirent, mais pas assez pour en faire des rivaux. Il me faut un compromis : une Marion.


Je vais examiner cette célibataire, évaluer son potentiel et décider si je lui demande son numéro. Je décrypte la trentenaire qui me fait face. Petit pull rose + gloss : envie de plaire. Elle se recoiffe sans arrêt + main sur son décolleté : je lui plais. Rires aigus + mains agitées : manque d'assurance. Conversation fade + lieux communs… C'est une vraie "maison témoin" cette fille, elle a tout gommé pour que n'importe quel homme puisse se sentir à l'aise en sa compagnie.


Paradoxalement, ce clone de Barbie disparaît derrière son déguisement, tous ses efforts pour plaire lui enlèvent le peu d'identité qu'elle a gagné au fil des années. Elle est touchante. Il suffirait de lui faire un compliment pour en faire ce que je veux. Je m'ennuie déjà… Mais plus que tout ce sont les deux rides sévères posées entre ses sourcils, mimique de gamine boudeuse mille fois répétée qui s'est inscrite à son insu sur son front, qui me donnent envie de la fuir. Est-ce qu'elle m'a entendu soupirer ? Non.


Encore quatre minutes.


Et moi alors, je cherche quoi ici ? De l'imprévu ? Tomber amoureux ? Après tout pourquoi pas ! J'ai donné mon tribut à la société, j'ai une ex-femme, deux enfants… Je fais pivoter ma tête vers l'objet de mon désir. J'en suis dingue. Je suis dingue de l'effet qu'elle me fait. J'ai envie d'être délicat, tendre. Aucune envie que ça s'arrête. J'ai la trouille.


Cette fille c'est… une femme. C'est… J'ai le sourire aux lèvres, excité comme un môme. Mes mains tremblent. Je n'en reviens pas. Je sens qu'elle est troublée aussi. Tout le monde va s'en rendre compte. J'observe les personnes qui m'entourent. Mais non, bizarrement nos célibataires respectifs continuent de dérouler leur argumentaire de vente, hermétiques et consciencieux.


La cloche sonne une fois. "Plus que deux minutes avant de changer de table, merci", annonce l'animatrice du speed-dating.


Mon cœur accélère, je l'entends battre contre mes tempes. J'ai mal au cou à force de faire semblant de ne pas la regarder. Qu'est-ce que je vais lui dire ? Il faut que je me reprenne, je n'ai plus quinze ans. Cette table c'est ma planche de salut. Si je relève le défi je serai obligé de respecter mon pari. Il faut que je trouve la sortie. Je repars, je dois donner un sens à ce chaos.


Contre toute attente, je touche au but : plus que cinq centimètres et je suis de l'autre côté. Je passe près d'une tache en forme de pomme, je contourne un nuage, je n'ai plus qu'à rejoindre la route là, celle qui longe la tête d'éléphant et… le portrait d'un cheval aux yeux globuleux s'abat sur ma main, stoppant net l'avancée de ma croisade.


– Orion ! Il a quatre ans, il est magnifique n'est-ce pas ?

– Non !


Je relève la tête l'air ahuri.


Je cherche une phrase pour apaiser le regard de Bambi désemparé face aux flammes de l'enfer que me lance Marion, mais rien ne vient.


Pendant qu'elle s'applique à ranger le cliché d'un geste nerveux, un bruit m'arrache à ce drame et me fait tourner la tête. Mademoiselle vient de rire. Ce type l'a fait rire, je n'en reviens pas. Imbécile caillette venue taper dans ce miroir, clignotant de paillettes, vous voyez un bijou dans cet éclat d'étain, vous venez à cet homme, à son reflet mièvre, sans chaleur… Je le déteste.


Pour cacher mon trouble j'attrape la table à pleines mains.

Trop tard, l'ange est parti, j'ai laissé passer l'heure… Arrête de te mentir ! Tu as peur de ne pas lui plaire !


Je fixe le dédale qui se juxtapose à celui de mes pensées, le jeu devient enjeu. Je me jette à nouveau dans la bataille. Je file devant les murailles, je contourne les cornes d'un Minotaure embusqué.

Je jure de ne plus me plaindre ! J'arrête de fumer ! Si j'y arrive je me remets au sport !


Très loin j'entends la cloche sonner deux fois : "Merci de passer à la table suivante messieurs." Les chaises grincent sur le sol.


C'est pas possible, j'avais presque fini.


Déjà l'ombre de mon voisin avance sur la table. Je sens qu'il s'impatiente à côté de moi.


Quel idiot ! Qui te dit qu'il existe une sortie ? Tu te prends pour Thésée ?


Je jette un pont sur les derniers obstacles, je creuse une tranchée vers la Terre Sainte. Ça y est ! J'ai démêlé ce nœud immense, je suis libre, je suis le maître du monde ! Je me lève d'un bond, heureux. Je souris à Marion qui boude sur sa chaise, les bras croisés. J'imagine que je lui dis au revoir.


Deux pas me séparent de Ma Demoiselle.


Pendant que je m'assois nous évitons soigneusement de nous regarder. Et puis tout se fige. Nous nous faisons face en silence – "Parler me semble ridicule, je m'élance et puis je recule, devant une phrase inutile, qui briserait l'instant fragile, d'une rencontre"…


Je prends une grande inspiration et je me lance :


– Si j'osais…


 
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   Anonyme   
30/1/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Pendant une bonne partie du texte, j'ai pris l'incipit au premier degré et ai cru que le narrateur avait vraiment été victime d'une explosion (une bombe ?) et, mortellement blessé, se traînait jusqu'à une table où il allait expirer en se vidant de son sang. J'ai abordé "Je suis amoureux. J'ai quarante-cinq ans, c'est ridicule" comme un flash-back, la révélation de son coup de foudre qui se clorait par la déflagration... Ben non, simplement le narrateur va oser. Je me demandais aussi pourquoi des terroristes iraient foutre une bombe à un speed-dating ; ou alors il y avait une embrouille genre racket avec le bar qui l'abritait ?
Bref, il semble que mon imagination ait tenu à bâtir de l'aventure sur un texte qui n'en comportait pas. Texte bien fichu, d'ailleurs, malgré quelques longueurs à mon goût (il est vrai que j'attendais que ça pète, ce qui a dû me rendre impatiente). Le sujet ne me passionnait pas, mais j'aimais bien la description des affres du narrateur.
Seulement, la fin m'a énormément déçue. Même mettant de côté le fait que j'attendais de la violence, je trouve vraiment piteuse cette conclusion. Après tous les chichis que fait le narrateur, il faudrait considérer comme un sommet le fait qu'il parvienne à lâcher un bout de mot devant la femme de ses rêves, alors même qu'elle paraît clairement intéressée par lui ? Un bout de mot sans intérêt, en plus. La conclusion, pour moi, est beaucoup trop plan-plan. Puisqu'il n'y a décidément pas de bombe, j'aurais préféré qu'au moins le narrateur s'esbigne comme un lâche, ou pète en s'asseyant et que ce pet libérateur déclenche un rire, bref qu'il se passe un peu quelque chose en dehors de sa tête. Ce n'est pas le cas ; c'est votre choix, rien à redire, mais comme lectrice je trouve l'ensemble trop introverti. Finalement le narrateur ne parle que de lui, ses observations sur la pauvre Marion sont vaguement méprisantes (réductrices) et curieusement, sur LA femme, presque inexistantes. C'est un peu comme si rien n'existait en dehors de lui ; je trouve cela frustrant et plus ou moins déplaisant.

   macaron   
1/2/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une "aventure" amoureuse excitante entre le jeu du labyrinthe, la pauvre Marion rejettée et la belle inconnue aux regards appuyés. Un coup de foudre très bien décrit au tout début du texte et une suite d'impressions et de pensées qui m'ont semblées justes, autenthiques. Un zeste d'humour, quelques écorchures, une nouvelle plaisante à lire servie par un style vif, élégant. Une réussite!

   alvinabec   
21/2/2013
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,
Ce pourrait être amusant ou touchant cette séance de speed-dating, mais le narrateur me semble tout à fait antipathique malgré son coup de foudre incroyable...dont le lecteur ne saura jamais s'il est payé de retour, le récit lâchant l'affaire au moment de la "délivrance" de l'affect.
Ce psychiatre en déshérence amoureuse me paraît mal campé, sa fuite dans un labyrinthe onirique un peu bizarre, ses références au patron (Freud) en rupture avec la situation théorique de séduction à laquelle il doit sa présence dans ce café...
Ce personnage, outre l'ennui qu'il dégage pour moi, me semble infatué de lui-même malgré son émoi et je n'y adhère pas.

   brabant   
21/2/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Lobia,


Ecriture très agréable, texte que j'ai lu avec des moments d'approbation appuyés tant je me sentais en communion, me confirmant dans des choses que je soupçonnais ou d'autres que je savais, mettant sous le boisseau un éventuel esprit critique.

Ceci dit j'ai eu de la commisération pour Marion, présentée comme un personnage repoussoir, second couteau en rôle de faire-valoir, à mon avis primordial, qui a joué le jeu alors que le narrateur, tout subjugué qu'il était par le numéro 20, m'a paru un peu mufle. Je gage qu'il se prépare des lendemains qui déchantent tant il n'a pas vu que sa vraie chance de bonheur il l'avait sous les yeux.
Ce monsieur n'est pas là pour aimer mais pour se brûler les ailes - crise de la quarantaine ? - à ce jeu il est en train de gagner la palme.


Beaucoup de présence dans votre écriture, votre texte m'a semblé la table avec vue sur la table d'à côté ; mais moi je me serais arrêté à Marion. Fi des labyrinthes !

Lol

:D

   Pimpette   
21/2/2013
 a aimé ce texte 
Passionnément
Coup de foudre!
Je suis un peu paresseuse pour les com mais c'est une des meilleures nouvelles que j'ai lues ici...je pense que c'est un écrivain qui écrit ça...

L'écriture parfaite; l'histoire et sa chute magistrale...fameuses, les personnages fouillés et sans longueurs, ce psy singulier à force d'être conforme à son âge et sa fonction.....tout est bon et je ne me suis pas ennuyée une nanoseconde!

Mais, pour moi, plus que tout le reste,ce qui régale c'est l'humour qui baigne le tout, coulant de source! magique!

le 'Si j'osais?' est d'une très grande finesse...
La Marion est pas mal non plus!Ahahahaha!

je suis certaine de vous relire!
Et vite, j'espère!

   Pascal   
21/2/2013
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai trouvé le personnage pricncipal bien campé, j'y ai cru, il existe, il est là, je le connais ! Vraiment avec des idées d'hommes, des disirs d'hommes. Oui il n'est pas sympatique: Il est vrai. Le texte est bien écrit, sans effets, avec une légère touche d'ironie et de distance: C'est ce qu'il fallait.
Je n'ai pas pu de suite faire le lien entre le premier paragraphe et les suivants...J'ai mis un temps à comprendre, j'ai cru à un flashback.
Superbe idée du labyrinthe, représentation extérieure des tourments intérieurs.
La déception, c'est la fin, banale, décevante, d'autant plus que l'on tombe...de haut.

   Palimpseste   
21/2/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Un très bon moment de lecture pour une nouvelle écrite avec beaucoup de soin.

Sur la forme, j'ai du m'y reprendre à deux fois (ou même trois) pour mettre en perspective les deux parties. J'ai longtemps cru qu'on parlait d'un attentat et il m'a fallut patienter pour comprendre qu'on était dans le speed-dating et pas dans un hôpital improvisé post-explosion. L'effet était-il voulu? A mon sens il distrait le lecteur et gâche un peu l'effet.

Certaines phrases pourraient être en italique comme "Respire, respire. Pense à autre chose", qui sont des incises de la pensée dans une narration.

Sur le fond, je dois dire que l'esprit humain est bien disséqué, autant pour cet homme rendu de façon saisissante (on a tous connu des Marion) que de cette femme un peu pathétique qui m'a plutôt ému avec son désir d'enfants (3!), son Orion, son babil et ses espérances de prince charmant. Tout cela est très bien vu chez ces deux personnages.

Le coup de labyrinthe sur la table est une très bonne trouvaille, qui donne du corps au récit et donne "chair" aux interrogations du garçon. Une vraie bonne idée.

Par contre, la fin est assez décevante. Je l'imaginais plus brillante: soit qu'ils se roulent une pelle sans un mot (hihi! la tête des autres) - soit qu'elle a une voix qui détruit le charme et envoie monsieur au désespoir - soit qu'elle deviennent une nouvelle Marion (bis repetita placenta ?) - soit qu'il rate son coup d'entrée et qu'elle quitte la table violemment en hurlant que le coup de foudre ne peut pas exister dans un speed-dating... Bref, je m'attendais à quelque chose qui pète bien, mais je crains que...

... Vous n'avez pas osé !

Merci pour cette belle histoire...

   Acratopege   
21/2/2013
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
A la première lecture, je me suis ennuyé. Trop long récit pour relater un speed-dating peut-être. Mais qu'il s'agisse d'un psychiatre engoncé dans son incapacité à s'exprimer m'a fait revenir. La deuxième fois, j'ai lu jusqu'au bout avec plaisir. La métaphore de l'attentat à la bombe m'a séduit sans me faire palpiter. Mais l'écart entre l'intensité de l'émotion vécue par le protagoniste et la froideur du récit et de la situation décrite me semble une jolie façon de décrire l'ébranlement amoureux. Comme psy, j'aurais peut-être désiré un peu plus de folie et de basculement dans une réalité moins sage.

   Anonyme   
21/2/2013
 a aimé ce texte 
Un peu
Bof !
Des facilités et des complaisances ( "...dédale qui se juxtapose à celui de mes pensées." et puis : "le jeu devient enjeu" pour ne citer que cela)
Curieuse impression d'ennui.
Fallait pas lire ni commenter ! dira l'auteur.
à vrai dire, j'ai lu parce que quelque part dans un forum l'auteur causait de ce texte alors à venir en promettant plus ou moins du palpitant.
désolé mais, ici, ce n'est pas le cas.

Peut-être faudrait-il décrire l'amour avec fougue, un rien de dinguerie, de l'humour et beaucoup de passion. Tout ceci manque cruellement dans ces lignes trop pesées.

Au reste, l'écriture est soignée, indubitablement, ce qui n'est pas si mal.
Il y a de la recherche et un certain goût pour les formules souvent proches du cliché scolaire mais baste !, à l'absence de guerre comme à l'absence de guerre, comme on pourrait le dire dans ce cas assez extrême.

Pour être tout à fait honnête, j'ai relu le texte et je me demande toujours où l'auteur a voulu en venir, ce qu'il a voulu traduire ou transmettre avec des mots, encore une fois, qui sonnent juste et, pourtant, n'accrochent pas.

Une prochaine fois, qui sait...

   Charivari   
24/2/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour.
J'ai globalement aimé, malgré trois points qui à mon avis peuvent être améliorés :
-Le début : comme le dit une commentatrice avant moi, on croit vraiment qu'il s'agit d'une explosion, au 1er degré. Je trouve ça très intéressant comme point de départ, de brouiller les pistes, mais j'ai mis un petit bout de temps à comprendre l'enchaînement, au second paragraphe, et la situation réelle. A mon avis, il manquerait une phrase de transition,
- La fin est un peu plate. Je trouve intéressant qu'on s'arrête avant "La rencontre", mais on aimerait bien une phrase forte, un truc qui fasse rebondir l'intrigue, une piste pour que le lecteur imagine la suite.
-Le texte est une longue réflexion personnelle, mais le personnage du narrateur pourrait être plus étoffé, au niveau psychologique. On finit la lecture, et on ne le connait toujours pas. Il y avait un bon espace ici pour nous décrire une psychologie complexe, pour deviner ses défauts et ses qualités, ses doutes, ça rendrait le personnage plus attachant.

Au niveau des qualités, la première, c'est qu'on lit ça d'une traite, sans s'ennuyer, alors qu'il ne se passe pas grand chose. Souvent, ce genre de textes, introspection et description de sentiments amoureux, c'est facilement long et ch... Et là, vous avez réussi à éviter cet écueil et à imprimer un vrai rythme à votre nouvelle. On passe de Marion (très bien cernée, au niveau psychologique, et les reflexions du narrateur à son égard sonnent très vraies), à la fille d'à côté, avec quelques digressions, le compte à rebours des minutes avant la rencontre permet de faire progresser la narration de manière très efficace... Bref, une construction qui fonctionne très bien, qui donne envie de poursuivre la lecture, et un bon style, tout à fait en adéquation avec la scène décrite.

   Anonyme   
11/3/2013
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
"C'est une vraie "maison témoin" cette fille, elle a tout gommé pour que n'importe quel homme puisse se sentir à l'aise en sa compagnie."

juste parfait...

   widjet   
22/7/2013
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Ce qui m’a gêné, c’est le fait de ne pas avoir réussi à avoir de l’empathie pour ce type.
Je ne l’ai pas situé psychologiquement, tantôt fébrile, tantôt arrogant et même méprisant (vis-à-vis d’une Marion un poil trop stéréotypée, mais bon, des comme ça y’en a aussi alors…), bref paradoxal ce qui d’une certaine façon le rend assez crédible au final, donc je ne suis pas certain que ce que j'avance soit un véritable bémol. Dommage en revanche que sa lucidité juste effleurée (« Moi aussi je suis conditionné ») ne soit pas plus approfondie car il eut été intéressant d’en savoir un peu plus sur lui, sa vie, son parcours (mais j’y reviens en dessous). En fait, ce côté « entre-deux » m’a embarrassé (comme si l’auteur lui-même avait eu du mal à qualifier son héros), j’aurai à la limite préféré un cynisme jusque-boutiste et notamment à la fin.

Sinon, le compte à rebours donne un suspens globalement réussi, mais le dénouement, décevant, ne rend pas honneur à cette double attente (celle du héros et celle du lecteur)

Cette phrase « Mademoiselle me rappelle sûrement quelqu'un que j'aime » est une piste qui, hélas, restera sans suite. Car finalement, on sait bien peu de chose de cet homme, de ses fêlures etc.…

Quelques trouvailles bien senties (« C'est une vraie "maison témoin" cette fille », et le voyage cérébral – même si par moment, le rendu est assez confus) et un sens de l’observation parfois assez pertinent (« je fais semblant d'épousseter quelques grains de sucre pour ne pas passer pour un déséquilibré ») compensent d’autres formules plus convenues et laissent à penser que l’auteur a de la suite dans les idées.

Au final, impression mitigée (la lecture n’a pas été désagréable), mais j’attends un autre texte pour me faire une meilleure impression.

W

   Pepito   
23/7/2013
Forme : belle écriture (en même temps je suis venu pour çà), pas un poil qui dépasse.

Fond : n'ayant pas vu la métaphore du début, j'ai pédalé pas mal de temps à vide avant d’atterrir en plein speed-truc.
Marrant le coup du labyrinthe, quoique difficile de faire croire à une dame qu'on l'écoute si on a les yeux rivés à la table.
Pour le reste, le sentimental n'étant pas mon fort, je suis mauvais juge.
Une chose est sure, les histoires d'amours se terminent toujours..., c'est déjà çà.

Bonne continuation.

Pepito


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