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Jemabi
17/8/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Un beau texte, qui bénéficie d'une écriture aux nombreux accents poétiques et dont on sent qu'elle a demandé beaucoup de travail. En outre, je trouve l'idée principale du récit assez puissante, elle démontre sans peine l'absurdité des frontières et la haine entre les peuples qui en découle. Je la qualifierais de kafkaïenne, ce qui est dans mon esprit le plus grand des compliments. Je regrette simplement qu'avec un tel sujet, on ne débouche pas sur autre chose qu'un simple dénouement en demi-teinte. J'aurais espéré une espèce de morale à visée universelle, mais j'en demande peut-être trop. Bon, devant une nouvelle d'une telle qualité, je ne vais pas faire la fine bouche.
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jeanphi
4/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
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Bonjour,
L'auteur semble chercher un effet grandiose dans cette allégorie à forte imprécation d'absurde, le tout dépeint assez fidèlement les renforcements de l'individualisme, de l'ostracisme et de repli communautaire qui résultent de l'état de bouleversements actuel de l'humanité. Je ne peux m'empêcher de discerner une forme d'individualisme dans la matière même de cet écrit, le globe-trotteur désintéressé, le vieux cultivant son inadaptation au monde, la jeune fille en éternelle vadrouille. Ce texte me fait l'effet d'un serpent qui se mord la queue de manière forte à propos. |
Malitorne
5/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
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Le style est digne d’un orfèvre, d’un perfectionniste des mots, mais de la même façon qu’un collier peut paraître trop éclatant car surchargé de bijoux, les phrases ici pèsent des tonnes, alourdies d’un vocabulaire emprunté : « sans puérilités halloweeniennes ». Il en ressort un effet clinquant, où l’on ne sait si c’est très beau ou excessif, tout dépendra des goûts. Il y a quelque chose de paradoxal quand même entre Léon, être simple qui se nourrit du vent, et une narration à ce point foisonnante et travaillée. Pour ma part, je considère que la manière d’écrire doit rester en adéquation avec le fond.
Nous avons ensuite trois personnages principaux. Un doux rêveur qui ne souhaite qu’arpenter le monde en paix ; un donneur d’explications ; une incarnation peu glorieuse de la jeunesse, colorée et percée, obnubilée par son portable. En opposition une masse haineuse, envahie par la peur ; peur indéfinie causée par un inconnu menaçant sur lequel sont projetés tous les maux de la terre. À partir d’ici la démonstration m’apparaît confuse, difficile d’identifier les sources de la peur, mélange de pannes électriques et d’horizon noir. Finalement ça n’a pas d’importance si les intentions de l’auteur étaient juste de montrer la bunkérisation des sociétés confrontées aux changements angoissants du monde. Le tout ne m’emballe pas beaucoup. Le style ampoulé, donc, le propos nébuleux, et cet aspect vaguement moralisateur, cette façon à travers le rêveur de se placer au-dessus de la mêlée. Voilà un individu éclairé, libre, qui se désole du peuple décérébré. Sûr, c’est plus facile de juger quand on n’a pas les mains dans le cambouis ! Je suis rétif à ces hauteurs de vue mais peut-être ai-je mal compris. Demeure un épilogue qui amuse beaucoup mon esprit mal tourné. Je ne doute pas que ce brave Léon, qui n’est pas un con, répondra aux suppliques de la jeune femme et l’emmènera avec lui. Bien plus sympa de tracer la route en compagnie de l’autre sexe. Amour et eau fraîche... |
Pouet
6/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Slt,
ne serait-ce pas pas le pont "Allez y" juste pour ne pas y aller, pour ne pas voir (surtout ceux qui en "tombent" métaphoriquement ou non)... sans gage de retour ni d'avancée possible. Je ne sais pas si vous connaissez "Le veilleur de jour" de Jacques Abeille, mais Léon m'a un peu fait penser à ce voyageur sans attaches dans le début de ce roman. Deux autres personnages accompagnent ce récit, le rouleur de r plutôt cynique et la jeune fille un peu idéaliste et intrépide en quête daventure. Il y a un un peu du rond-point de Devos aussi je trouve dans ce pont, l'ensemble a une tournée de modernité moyenâgeuse. Quant au monstre, à cette horizon noir, on peut y entrevoir tout ce qui fait le monde actuel, la surconsommation, la marée de plastique, le déni de l'environnement ou à l'inverse son attrait pour son côté mercantile, les réseaux multiples et variés, les macadams et ferrailles en tout genre... La noirceur qui s'étale, rampe. Il y a, à mon sens, dans le récit une flagrante opposition entre la nature et la "culture ", la verdure et la cuirasse tant au propre qu'au figuré en simplifiant... avec en toile de fond la guerre des peuples et l'intolérance. Demeure ces chemins de traverse, cette traversée, certainement tout autant métaphysique que géographique. J'apprécie enfin ce dénouement ouvert qui ne nous coupe pas d'une éventuelle épopée à imaginer. Un texte à la lisière du surréalisme et de la science-fiction aux descriptions fort bien campées servies par une fort belle écriture non-denuée de poésie que j'ai pris un grand plaisir à lire. Merci à vous. |
Lariviere
5/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Bonjour Louis,
J'ai beaucoup aimé cette nouvelle aux accents de réalisme merveilleux... L'écriture est plus que belle avec ses phrases pourvues d'une belle musicalité et ce vocabulaire riche qui déroulent une histoire au delà de l'absurde d'une très belle teneur poétique où se situe toujours la même guerre froide ou plus directe entre les riches et les pauvres entre les damnés et les possédants ; j'ai beaucoup aimé la matérialisation immatérielle de ce mal sans doute imaginaire le pire de tous qui ronge ou qui menace qui rend réel les peurs les plus primitives... c'est le mal qui rend fou et fanatise la foule imbécile... au milieu de ces remous d'un brd à l'autre, seuls sans frontières et libre de corps et d'esprit s'en sortent les êtres un peu poètes, un peu anarchistes... Sur l'écriture de très bonne qualité donc, j'ai pensé à Jean Giono dans ses récits les plus fantastiques... Merci beaucoup pour ce bon moment de lecture ! |
Vincente
5/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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Le titre ne m'a rien évoqué tout d'abord, mais quand il apparaît dans le récit, que s'affiche la cité auquel il donne accès, la Métapontadine (la construction du terme en lui-même interroge, et l'on peut lire : Méta – Pont - [ci]adine), il devient alors celui donnant accès à cette méta-cité.
Plus loin, l'on apprendra que par opposition, ceux du monde d'avant le pont s'appellent les estrapontins ; ceux extérieurs au pont. En fait, ce sont ceux qui avaient pris l'habitude de se servir chez les autres, dans ces lieux sans frontières, dans ces lieux modestes des mondes "d'en bas". Ainsi, le titre ne dissimulait qu'à peine l'axe narratif de la nouvelle, celui que véhicule le personnage principal, ce Léon qui voudrait "promener sa vie" en toute simplicité, en toute errance nourricière ; personnage représentant un flux de pensée et de vie, unité cellulaire à l'instar de celle de ce sang qui circule en "influx vital dans le corps de la terre". Mais ce vagabondage rencontre la civilisation et ses oppositions, ses conflits qui interdisent, privent et guerroient pour diviser. Le thème devient un pont comme un "Allez-si…". Un pont-passage conditionnel très contraignant, un resserrement, une liberté bridée sous une autorité qui dépasse l'individu. Ce qui m'a un peu retenu dans le début, c'est le fait que la voix off soit par trop "philosophique", presque "psychanalytique". Ce manque de simplicité dans l'introduction enlève de la légèreté à la candeur évoquée du personnage, dans sa posture qui semble au contraire être très détendue, peu soucieuse de cérébralité. Pourtant, je reconnais un argumentaire dans la description intéressant ; par exemple, la notion développée sur ces réseaux qui garnissent le "corps de la terre" est des plus séduisante. Ce léger décalage entre la formulation et le récit ensuite se dissipe. Demeure une volonté qui parfois, par souci de précision, préfère doubler un terme, une expression, plutôt que de laisser le lecteur se charger de le combler. Pour n'en signaler que deux manifestes, je citerais : - " Il n'était donc rien, sinon un ennemi, un mal repoussant, un « traîne-misère » ! - La phrase finale qui n'apporte rien, " "Donnez-moi juste un bout de chemin." J'ai un peu tiqué sur cette expression "des yeux tatoués de tendresse". Je note aussi ces deux passages superbes, poétiques à souhait mais aussi très joliment écrits (ils ne sont pas les seuls, loin de là, mais ce sont mes préférés !) : - "Léon se détourna des grilles dressées, s’écarta, contrarié, alors que le ciel se fronçait de crépuscule, et que la fine pluie avait cessé de tremper son vieux chapeau." - "Aux mains, des flambeaux et des torches en grand nombre d’où s’élevaient des flammes agressives cherchant à mordre toutes les ombres du soir, à griffer le ciel, et se répandre en myriade d’étincelles coléreuses et offensives." Puis ce passage où une personne tombe du pont mais que nul autorité ne se décidera à aller seulement vérifier marque une forte évocation de ces bateaux de migrants dont certaines feignent de ne pas entendre les appels à l'aide. L'ensemble de la narration qui s'inscrit dans une mise en scène mi fellinienne, mi Burtonnienne, ne manque ni d'acuité (dont ce rapport imposant avec la problématique civilisationnelle actuelle Nord/Sud), ni d'imagination ; les percussions temporelles participant à l'élargissement du propos (on est au moyen-âge, aujourd'hui et dans un futur proche à la fois…). Plein de réalisme surréel, le récit est très intéressant, facile à lire, et je m'associe pour grande part au message qui sourd de ces lignes. La métaphore finale de l'affrontement entre les deux puissants, entre leurs deux héros, chevaliers d'un temps ancien mais machine d'aujourd'hui, ou explosions simultanées de bombes cataclysmiques remettant les compteurs à zéro entre les parties, ne manque pas de pertinence… Reste une moindre réserve. Dans la conclusion, où Amélia s'exalte dans une demande pleine de passion, de panique aussi, j'ai été peu convaincu par ses mots "mais des lignes à tracer comme des traits d'union ; et encore des ponts à traverser, des ponts, mais des ponts d'âme.", attention ! pas sur le fond de son propos ou espérance, mais sur ses termes-là dans sa bouche tel que je l'ai comprise jusque-là. |
Robot
6/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Que c'est bon de lire un vrai texte littéraire dans une écriture soignée. J'ai autant été réjoui par la forme que par le fond. je décèle dans ce récit des éléments poétisés de nos sociétés. Les frontières que l'on veut fermer, la peur de l'autre, la militarisation, l'intolérance, les idées fausses et la désinformation. Mais aussi les attentes et les espérances.
Un conte moderne, je veux dire qui s'inspire et reprend des éléments de notre temps. Je n'ai pas relâché une seconde ma lecture malgré la longueur du récit ponctué de relance, car rien n'est ennuyeux. Les personnages à peine dessinés permettent de s'attacher comme s'ils étaient un peu nous-même. Le récit reste ouvert... peut être en attendant une suite ? |
Cyrill
7/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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Bonjour Louis,
J’ai beaucoup aimé cette nouvelle façon conte moderne aux accents panthéistes à la Giono, comme Larivière le souligne. On ne sait situer vraiment l’action ni dans le temps ni dans l’espace, ce qui contribue à l’attention du lecteur portée sur l’aspect allégorique du récit, sur la poésie de l’écriture également. Les deux acolytes de hasard de Léon sont croqués avec drôlerie en quelques traits comportementaux et infléchissent sa pensée par leur présence active. Se posent les questions des frontières, de la propriété foncière, de l’ adéquation de l’homme avec son milieu, des lois et des croyances qui organisent ses sociétés… pour ne citer qu’elles tant le texte est riche de sens. Voyageur, migrant, arpenteur de la terre comme un arbre nomade aux racines et radicelles interminables, Léon est en relation étroite avec celle-ci. Au point que moi, lecteur, je leur imagine une ressemblance physique. Elle-même, terre, est personnage au même titre que lui, être vivant : « le corps de la terre », ses « réseaux capillaires »,. La nature, les éléments, ont une volonté, une intelligence propres : « le vent qui savait percer des couloir », « une rivière malade, et les versants à son chevet ». Le pont, titre du texte, au-delà de l’architecture, s’envisage dans le sens plus large de lien entre les hommes, les cultures, comme un soin sur une cicatrice de la croûte terrestre : « ces robustes ligatures, ponts et passerelles, qui recousent les déchirures, raccommodent les coupures, réunissent les bords disjoints ou les côtés dissociés ! » Mais il se heurte aux passions tristes que nous connaissons pour les voir en action ici et là de part le monde. Obscurantisme, racisme, xénophobie, dans le texte représentés par les le défilé de « bouilles d’enfer ». Il se heurte aussi à l’absurdité de lois érigées contre des peurs irraisonnées. À ce titre, la lutte qui tourne court entre les deux engins incroyables est d’une très sympathique loufoquerie. J’aurais volontiers fini ma lecture à cette réponse de Léon à Amélia : « … je flâne, je promène ma vie ; parfois je suis les chemins oubliés, parfois je fais la route, j’invente de nouveaux itinéraires sur la terre dévastée ». Seul regret dans ma lecture. Merci Louis pour le partage. |
Eskisse
9/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
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aime beaucoup
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Bonjour Louis,
L'indétermination du cadre spatio-temporel n'est pas pour me déplaire, elle qui fait aussi l'atmosphère poétique du texte. La nouvelle porte un imaginaire foisonnant que je salue et la fin, entre Amélia et Léon, pudique, est particulièrement émouvante. Un texte qui nous invite à délaisser les avenues triomphantes pour emprunter " le petit chemin sur le côté", délaisser masses et peurs pour affirmer notre singularité et créer des liens: " des ponts d'âmes". Le style est remarquable peut-être très foisonnant lui aussi. |
Mokhtar
14/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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Je ressens plus que de la fascination pour ce texte, que je reçois comme une sorte de puzzle assemblant des éléments invitant à décrypter énigmes, clés ou métaphores. Avec une touche d’absurde et une ambiance surréaliste qui peuvent laisser penser que tout n’a pas forcément une signification sous-jacente.
On peut certainement voir en Meta l’image du monde dit développé, se protégeant par une garde prétorienne, des Étrusques et autres envahisseurs nécessiteux venus métisser le pays, et manger le pain des Métapontadiniens. Quelle est la différence entre le monde de Meta et celui d’Estra : celle entre les pays émergents et décadents ? celle entre Atlantique Nord et reste du monde ? Cette rivière polluée passant sous la pont, n’est-ce pas la Méditerranée qui engloutit ceux qui s’y jettent ? La fanfare initiale pourrait symboliser l’opulence prétentieuse de Meta qui expose sa richesse et sa puissance…sonore au monde extérieur. Le carnaval fantasmagorique des monstruosités peut exprimer l’exclusion des immigrés rejetés, mais aussi celle des laissés pour compte de la vie, ces gueux à la remorque, bien incapables de décrocher la lune d’argent. Le choc des armes sophistiquées s’annihilant pourrait symboliser la vanité et la stupidité des surarmements qui ne changent rien aux rapports de force, puisqu’il sont d’égale nuisance. Je suis très circonspect quant à ce que symbolise cet « horizon noir ». Peut-être la surconsommation effrénée, qui tarit les ressources. Mais l’allusion aux énergies semble assez ciblée. Le rêve de Léon évoque une fin du monde. Atomique ? ou due aux éléments naturels exacerbés et déréglés ? Enfin les personnages : Léon, le marginal, « non aligné », poursuivant son destin dans l’errance et la liberté en cherchant son chemin, sans s’impliquer socialement. Herman, (pourquoi boiteux et roulant les R ?), c’est l’anti-poète, froid et pragmatique, qui constate et subit sans réagir. Amélia, la perdue solitaire prise de l’envie de fuir un monde oppressant. Mais l’auteur a sans doute eu d’autres intentions en attribuant les rôles. Le chien fou et les dromadaires, évoluant en sens opposé…encore une énigme. Cher Louis, il va falloir vous lancer dans les explications. Je suis certain qu’elles sont attendues avec curiosité et intérêt par tous vos lecteurs. Preuve que vous avez réussi a intéresser et captiver. Et même, je me répète, à fasciner. |
EtienneNorvins
17/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
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aime beaucoup
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Merci pour ce très beau texte, aux phrases particulièrement ciselées. La première partie pourrait presque être détachée, comme un poème en prose autonome... La fiction qui suit, très onirique, m'évoque le Désert des Tartares ou le Rivages des Syrtes, en même temps que l'univers de Miyazaki. On y éprouve le même mélange de mystère, de carnaval et d'émotion : tout particulièrement avec la 'chute' (les propos d'Amelia apportent aux pérégrinations de Léon la possibilité d'un partage très subtil, fragile, mais réel). Cette touche conclusive, qui ouvre, aère l'horizon grimaçant de la nouvelle, m'enchante !
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Catelena
2/10/2023
trouve l'écriture
très aboutie
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aime beaucoup
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Avec cette écriture ample, tellement riche et esthétique qui te caractérise, Louis, où la poésie foisonne de toute son âme, tu nous entraînes sur une allégorie des pensées et des réactions typiques de notre temps, dans un réalisme magique, comme tu le dis si bien.
Le tour de force, je crois, c'est justement d'avoir réussi à rendre le ''conte'' totalement intemporel. L'action se déroule comme hors du temps, sur ce fameux pont Alessi, au nom si évocateur (*), qui en plus de son utilité en tant que passage et lien de communication, donne à penser que les trois personnages sont bien à l'abri pour assister au spectacle avant de reprendre chacun leur propre route. La force de ton écriture, c'est qu'elle arrive à nous procurer mille sensations, et presque autant de réflexions. Elles vont s'amplifier avec le temps, nous faire cogiter, et surtout imprégner longtemps notre mémoire. Une force certaine, insufflée par ta culture immense, mais aussi par ta superbe empathie avec le monde qui t'entoure, sans oublier un don certain pour une écriture de qualité merveilleusement allégorique. Lorsque l'on écrit comme tu écris, c'est à dire avec une imagination et un savoir-écrire à faire pâlir d'envie Tim Burton, lui-même influencé par Edgar Allan Poe, mon commentaire est juste là pour te dire combien je suis admirative, combien je suis remuée par de la littérature soignée comme la tienne, qui sait si bien donner vie à des mondes oniriques, jusqu'à nous faire toucher des doigts leurs angoisses et leurs espoirs, le sang palpitant à tout-va dans les veines. Merci pour tout cela et pour plus encore... Cat (Elena) (*) Alessi : du grec Aleksios = protecteur |
Cornelius
10/10/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
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"L'homme n'est pas fait pour construire des murs mais pour construire des ponts" (Lao Tseu)
Hélas la tendance actuelle ne semble pas aller dans la direction de la libre circulation. On construit des tunnels pour permettre aux animaux d'éviter les autoroutes mais on contrôle les accès afin de refouler les migrants ou les personnes indésirables. C'est le cas dans ce texte où le pont perd sa qualité de lieu de passage pour devenir un poste frontière. Qu'adviendra-t-il des personnages qui vont finalement être autorisés à passer le pont ? En résumé j'ai bien aimé cette histoire pour la qualité de l'écriture et le sujet traité. |
Donaldo75
15/10/2023
trouve l'écriture
très aboutie
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aime bien
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Bonjour Louis,
Dès la première phrase, le lecteur que je suis sent la maitrise de l’écriture et la volonté d’écrire avec de la poésie. C’est assez rare sur le site, dans la section « nouvelles » évidemment, pour le souligner. C’est le signe des grands stylistes que tu représentes sur Oniris. Personnellement, je ne suis pas fan de la narration à la troisième personne du singulier sans nommer les personnages. Je trouve qu’elle fige le récit, qu’elle lui enlève l’incarné. C’est un peu comme ces statues dont les yeux blancs rendent inhumains les personnages symbolisés. Heureusement, tu ne tombes pas dans ce travers et je suis content de voir apparaitre le prénom de Léon. D’un coup, ô magie de l’écriture et du cerveau humain et de notre éducation, ledit Léon prend forme. La statue s’anime. Ce n’est pas encore Pinocchio devenu vivant sous les yeux d’un Gepetto halluciné mais au moins je n’ai pas l’impression de déambuler dans un théâtre antique silencieux et austère. La première partie s’achève avec style, même si elle est purement contemplative et que pour une nouvelle, le pitch ne parait pas flagrant. La seconde partie commence avec une phrase qui me remémore un tableau de je ne sais qui au début du vingtième siècle et qui servait de couverture à un roman de Raymond Radiguet. Je ne dirais pas que le style déployé me rappelle celui de cet écrivain trop tôt disparu mais plus l’époque où il écrivait, ce début de siècle marqué par la Grande Guerre. La plume n’est pas empesée, le verbe utilise les couleurs de la langue française sans tartiner le tableau. La narration commence à esquisser un récit. Les dialogues apparaissent, salutaires, dans ce tableau impressionniste. Les dialogues représentent souvent le piège dans les nouvelles car ils doivent respecter le contexte, l’écriture, le style, tout en restant suffisamment animés pour ne pas résonner comme des pièces de théâtre. Ici, le gardien en chef du pont est suffisamment bien représenté par sa tirade qu’il n’y a pas besoin d’en faire des tonnes quand le dialogue est terminé. La fin de la seconde partie reprend le chemin poétique ; Léon est une sorte de Pierrot lunaire dans un récit maitrisé. Le récit s’accélère dès la troisième partie. Le tableau prend des couleurs. La perspective est plus tranchée. Le style reste constant et les dialogues continuent à donner du corps à la scène. Puis vient le dialogue où Léon se voit expliqué le pourquoi de la terreur ressentie par les gens qu’il a croisé. Je ne suis pas fan de cette manière d’exposer le sujet ; je trouve que c’est assez théâtral et surtout que le personnage principal disparait derrière cet exposé. Vient l’épisode où la jeune fille se redresse. Le fait qu’elle ait un téléphone portable m’a presque semblé anachronique tellement l’écriture m’avait projeté au début du vingtième siècle. Marrant comment le cerveau interprète le récit. Le côté fantastique se renforce. Il me fait penser à du Edgar Poe (que je préfère de loin à Stephen King, si je devais illustrer ma remarque). Une nouvelle partie s’ouvre. Elle commence un peu de manière psychédélique, pas dans le style d’écriture mais dans ce qui arrive avec ces dromadaires sur le pont. La suite va dans ce sens. Edgar Poe semble écouter Lewis Carroll, sans échanger avec lui des substances interdites. C’est bizarre ce style au regard de ce qui est raconté. C’est un peu comme jouer du Jimi Hendrix avec un orchestre symphonique. La fin arrive rapidement sans que je ne la remarque ; j’ai presque l’impression qu’il va y avoir une suite. Mon impression générale est mitigée ; l’écriture est très aboutie, surtout dans le premier tiers. Elle est riche, inventive, picturale, profonde sans pour autant prendre la tête. Tu as su éviter le pur exercice stylistique ; au lieu de ça, une histoire prend forme et se déploie. Si je devais donner mon sentiment à la lecture, alors je reprendrais l’analogie musicale précitée ; j’ai eu l’impression d’un classicisme qui va bien avec les deux tiers de la nouvelle et moins bien quand elle aborde des territoires plus fantastiques dans le sens surréaliste. Il m’a fallu une seconde lecture pour apprécier, en écarquillant quand même pas mal les yeux, ce texte qui certes me sort de ma zone de confort comme disent mes confrères du conseil en management. |