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Fantastique/Merveilleux
Louis : Sangomar
 Publié le 18/12/14  -  11 commentaires  -  17711 caractères  -  180 lectures    Autres textes du même auteur

L'apparition mystérieuse d'un navire sur terre ferme, en pleine ville.


Sangomar


— Dernière bière, monsieur Leroy. On va fermer, il est tard.


Le bar s’était vidé de ses occupants, comme se vident les verres quand ils ne sont pas bus cul sec.

Michel Leroy s’était attardé dans la salle enfumée du bistrot désormais déserte, mais il en avait assez des Gueuze et Mort Subite avalées en nombre dans la soirée, finalement écœurantes. Mort Subite, goût pêche, saveur framboise, il préférait les noms à la boisson, avalait tout label de la mort fruitée, se grisait de l’alcool des mots, plus relevés que la bière, et finissait par s’étourdir de mort sucrée à l’arrière-goût d’amertume.

Une Duvel, la Bière du diable, voilà ce qu’il lui fallait à présent, dernières gorgées avant d’y aller, au diable, vauvert ou dans son appartement, pas vert, pas rouge, mais triste et blanc, mais solitaire, situé dans la même rue que le bar, quelques étages plus haut.


Il pensa qu’il n’aurait pas dû pousser la porte de sortie, parce qu’il n’avait pas l’intention d’embarquer, parce que tout tanguait suffisamment sur le flot des brunes et des blondes ingurgitées et qu’il avait le mal de mer. Il marcherait, vacillant, c’est sûr, mais il irait à pied sur un sol ferme jusqu’à son lit. Alors ce gros navire, là au milieu de la rue, qu’attendait-il ?


— Oh, Martin, y a un rafiot qui s’est échoué juste devant ta porte !

— Vous devriez aller vous coucher, monsieur Leroy, je crois que vous avez trop bu ce soir. On n’est pas à Saint-Malo ici, on est Chez Martin, près de Paris, pas au « Café du coin d’en bas de la rue du bout de la ville d’en face du port ».*

— Je n’ai pas trop bu, Martin, c’est ce bateau qui est ivre, il s’est pris une cuite bien salée, une biture atlantique, faut croire, pour se retrouver là, dans la rue.


Michel Leroy longea la coque du navire, posa sur elle ses mains. Non, il ne rêvait pas, ce n’était pas une hallucination produite par son cerveau imbibé d’alcool, elle résistait, solide, froide et poisseuse, sans fuir ses doigts comme le ferait une chimère. Elle lui servit d’appui pour avancer de son pas titubant.

Il chanta à tue-tête dans son aventure nocturne et terrestre le long du navire : « Ohé, ohé, matelot… Ohé, ohé… »

Son odyssée jusqu’à l’autre bout du vaisseau lui parut si longue, et le besoin de s’assoupir là, sans tarder, l’envahit, ses jambes toujours plus flageolantes, sa tête plus lourde, ses yeux voilés par les vapeurs d’embruns des marées de bière, et ainsi il s’affaissa, se pelotonna sur le sol, le dos appuyé contre le corps asséché, ferme et hospitalier, de l’imposant et prodigieux navire.


La nuit fut comme une folie, folle de vagues et de houles sur des mers à n’en plus finir, sur des immensités d’eau et de ciel où des vents l’emportaient, démuni, solitaire, toujours et encore en naufrage. Les songes de monsieur Leroy dérivaient sur un radeau de bois au large d’étendues sans repères, et la nuit mouvante sur les vagues sombres, la nuit noire d’épouvante flottait, trouée de lueurs, halos aveuglants comme de pleins phares d’automobiles au loin s’approchant, parfois couronnes éblouissantes comme l’éclat de spots halogènes en plein visage.

Seul, sur son radeau de bois, il voguait sur les courants marins, flottait vers des inconnus lointains, éloignés de toutes terres, sans horizons de rivages.

Sur le radeau de bois, seul, et rien sur son esquif, pas de voile, le vent, rien d’autre, le vent, pas de vivres, le froid seulement, et juste un caisson, juste des bouteilles de bière, juste un caisson de Mort Subite.

Parfois il se dressait sur son radeau de bois, levait au ciel des bras implorants et criait au ciel, criait, s’époumonant, au ciel silencieux mais blessant de ses mille pointes d’étoiles, sur une débauche de mer moutonneuse en perpétuelle convulsion.

Quand il aperçut un navire au loin, il s’épuisa dans de grands signes, en vain.

Il lança pour finir une bouteille à la mer, une bouteille de Mort Subite.


Il y eut des voix pour réponse derrière l’horizon, un grondement, des paroles indistinctes, on causait par-delà les mers, et il entendait ces paroles d’au-delà des mers, et une exclamation forte enfin l’éveilla, une voix féminine :


— Un bateau ! Un bateau ! Et la mer, elle est où la mer ?


Il ouvrit les yeux, s’aperçut qu’il était allongé sur le sol ferme, qu’il n’y avait nulle part l’eau et les vagues, mais au sec, sur lequel il s’appuyait, un navire ancré au milieu de l’avenue du Maine, en plein centre-ville. Michel Leroy reconnut le vaisseau qui l’avait attendu tard dans la nuit, à la sortie du bar, taxi de grande dimension, taxi géant pour embarquer les voyageurs à l’autre bout de la ville, du côté de la porte d’océan, et plus loin encore jusqu’au-delà des terres, quand les chemins maritimes poursuivent les routes de bitume.

Le jour se levait à peine, mais une foule nombreuse déjà s’était rassemblée pour observer le phénomène déroutant, un navire dans la ville, garé là au milieu de la rue, et l’absence d’océan. Un bateau obturait l’artère vitale de la circulation urbaine, empêchait l’habituel flot d’automobiles de s’écouler ; mais la foule affluait.

Des hommes en uniformes maintenaient les curieux à distance, et on interrogea Michel Leroy, membre présumé de l’équipage du navire, passager sans doute débarqué du bateau, d’où venez-vous qui êtes-vous, et la gueule de bois de Michel Leroy ne savait que dire, dire qu’il s’était échoué là, que le radeau, un rêve en réalité, ne savait que dire, il avait dormi, venait du bar d’à côté Chez Martin, dire : il ne voulait pas embarquer, les Mort Subite, dire : il n’était pas marin pas capitaine, pourquoi l’attendre, lui, ce bateau-taxi pour d’autres continents, ou des îles, ou des terres sous le vent, mais nulle part il ne voulait aller, nulle part, partout c’est pareil, ici déjà c’est très dur ici, les papiers, oui voilà, mes papiers.


Michel Leroy erra dans la foule qui grossissait en vagues déferlantes, venues de tous les quartiers de la cité, et même des régions environnantes. Les klaxons des automobiles au loin s’impatientaient, hurlaient de colère contre l’immobilité, saturaient la ville de leur rage sonore.


— Quel beau navire, n’est-ce pas ?


Une femme l’interpella, se présenta : s’étaient déjà croisés dans les escaliers de l’immeuble au numéro cinq de l’avenue du Maine, résidait juste à l’étage en-dessous du sien, depuis quelques mois déjà, venait de Lorraine où il n’y a pas de mer, quel beau navire, quelle allure, dommage que ce ne soit pas un grand voilier, parce que c’est très beau un voilier, ne trouvez-vous pas ?


Lui ne savait que dire, que répondre, boirait bien un café, et sa gueule de bois, si lourde, cette foule si bruyante qui réclame la mer absente, jamais présente, ne savait que dire.

Elle parlait encore, savez-vous on me l’a confirmé tout à l’heure, policiers, gendarmes et pompiers inspectent tous les ponts, il y en a sept, toutes les cales, chaque centimètre du navire, chaque cabine, chaque coin et chaque recoin, et pour l’instant, savez-vous, on n’a rien trouvé. Rien ! Pas âme qui navigue sur ce bateau. Pas de bagages, pas une trace de vie. Un bateau vide. Un vaisseau fantôme.

On sait juste son nom, l’avez-vous lu écrit tout blanc sur sa coque sombre barrée d’une longue ligne rouge tout du long, son nom étrange, son nom : Sangomar.


Michel Leroy observait fixement le breuvage noirâtre du café, que le garçon, débordé par une affluence des grands jours, venait de lui servir en toute hâte. Pas de remous, nulle tempête dans sa tasse, un liquide sombre, calme fragment d’un océan de nuit, juste boire la tasse, juste la boire, ce n’est pas la mer à boire, un peu de café, pour ne pas se noyer dans cette journée imbuvable, pour dissiper les brumes dans la tête, un petit noir pour s’éclaircir l’esprit.


La femme de son étage du dessous se tenait face à lui, assise dans ce bar envahi par la foule qui voulait apercevoir, tout en buvant un crème ou un petit blanc du matin, le navire égaré pendant la nuit et venu s’échouer dans la rue, conséquence on ne sait de quelle tempête, quelle tourmente, quelle nuit sans phare, de quel méli-mélo entre terre et mer.


Brune, élégante, les yeux mélancoliques, elle poursuivait une parole, déjà commencée, la parole, commencée peut-être déjà, bien avant la rencontre avec monsieur Leroy.

Disait-elle, rêvé, un pont par-dessus les mers, un pont de pierre, disait-elle, des vagues de pierre, par-dessus les océans, d’un continent à l’autre, d’une île à l’autre, et l’on pourrait, disait-elle, marcher sur l’eau, parfois très haut sur la mer, parce qu’il faut bien que les immeubles de croisière, flottants, et les pétroliers aussi, et les chimiquiers, les butaniers et les méthaniers, tous les tankers, les paquebots encore, naviguant, les porte-conteneurs et les porte-avions, il faut bien, disait-elle, leur laisser des passages. Mais un pont de pierre, disait-elle, rêver d’un pont, d’une terre solide sur l’eau, un chemin de pierre, et marcher seule dans le vent, entre mer et ciel, et lier les horizons, disait-elle, coudre l’un à l’autre les horizons, un fil, disait-elle, qui court par-dessus les mers.

Une lueur enfin brilla dans les yeux de monsieur Leroy, et il voulut dire, il dit : il aimerait, c’est sûr, il aimerait grimper sur le balcon suspendu dans les airs, il dit : pas sûr qu’il en descendrait, jamais, il aimerait vivre là-haut, vivre sur le balcon du monde par-dessus les mers, là sur le pont de pierre, il dit : un pont qui ferait le tour de la Terre, franchirait les océans, les continents, les vallées et les déserts, il dit : assis sur la mer, à pêcher avec une longue ligne, ou des filets, et dans les filets, il dit, prendrait des rêves de sable à laisser couler entre les doigts, capturerait au bout de sa ligne les longs sillages de toutes embarcations, de tous navires de passage, dans ses filets toute l’écume blanche et les sillages argentés des poissons.


— Mais elle est où, la mer ?


Une vague de stupeur ne cessait de courir dans la ville. Un navire est apparu ! Et l’océan n’est pas venu !

On plaisantait dans le bar :


— On a pris la mer, on a laissé le navire. Ah, c’est pas un bateau qui prend l’eau, oh oh, c’est le vaisseau qui laisse l’eau.

— Mais la mer, elle est où, la mer ?


Il n’y avait que la ville, la ville dans les terres, et rien en elle de portuaire. Mais dans ses murs, Sangomar avait accosté, et toute la ville s’en trouvait bouleversée.

Une panique avait gagné les autorités, qui n’avaient jamais eu l’intention d’une métamorphose de leur cité en Venise nouvelle. Le contrôle de la situation inédite, inouïe, impensable, semblait leur échapper. Ce jour-là, très peu d’hommes et de femmes occupèrent leur poste de travail, qui n’était pas à la direction d’un gouvernail ; peu d’écoliers dans les classes, trop occupés à faire le pont, peu d’étudiants dans les universités qui n’étudiaient pas les cartes océanographiques. On ne pouvait se déplacer qu’à pied sec dans la ville aux voies engorgées.


Je connais votre nom monsieur Leroy, je l’ai lu sur votre boîte aux lettres, poursuivait la femme, voisine de l’étage en bas de chez lui, qui poursuivait son flot de paroles, révélait son nom, elle, madame Devenou, vous passez dans les couloirs les yeux tristes sans rien voir, monsieur Leroy ; confiait son prénom, elle, Carole, se souvenait d’une petite ville ailleurs où elle résidait, elle, ses enfants, pas un appartement une belle maison, et la furie une nuit, un orage noir, une pluie torrentielle, sa maison grande et belle, furie de l’eau qui fouettait le sol, assourdissante, avant de s’écouler dans la ville, bouillonnante, rageuse, et montait, montait comme si elle voulait remonter au ciel, et sa maison si belle, ses enfants, son mari sorti jamais revenu, et le niveau de l’eau toujours plus haut, ses enfants si jeunes, le torrent d’eau, de débris, de boue qui violait sa maison, ses meubles, violait son lit pour en faire une couche de fange et de boue, rongeait les murs, emportait les tableaux, toutes ses peintures, elle avait pris ses deux enfants, chacun dans un bras, s’était réfugiée sur le toit, l’eau ruisselait sur son visage, coulait le long de ses cheveux, les enfants criaient, trempés, les vêtements collés à la peau, partout des craquements, un mugissement, et le cri des enfants, maman, maman, le monde en effondrement, emporté, un déluge, l’obscurité, la nuit sans lune, seules lueurs des éclairs, instants de foudre éphémères déchirant la nuit sur l’eau furieuse, et ses yeux écarquillés, non je ne mourrai pas, maman, maman, non je ne mourrai pas, tenir pour ses enfants.


— Mais elle est où, la mer ?


Elle s’était tue quelques instants, le regard plongé dans un passé d’effroi, son beau visage sous l’effet d’une émotion douloureuse, et l’on n’entendait plus que les exclamations ébahies :


— Un navire ! mais elle est où, la mer ?


Et plus de toit sur la tête, toute l’eau du ciel sur la tête, le toit sous les pieds, un faisceau de lumière s’approcha, l’éblouit, elle, ses enfants muets de peur, projecteur qui mettait en lumière sa détresse, un gros insecte vrombissant s’avançait surgi des ténèbres striées de pluie, un hélicoptère venait à leur secours.


Michel Leroy avait eu un geste, il avait doucement effleuré le bras de Carole Devenou, et, à ce contact, sa peau contre la sienne, un instant il fut inondé par une émotion, submergé par un courant qui traversait tout son corps, il frissonna.


Toute la journée, ils marchèrent, à contre-courant de la foule qui affluait toujours plus nombreuse vers le navire immense, au sec en plein milieu de l’avenue du Maine, Carole Devenou toujours volubile, Michel Leroy, attentif toujours, et silencieux.


Le lendemain, ils se retrouvèrent, pressés de poursuivre une conversation qui ne pouvait finir. Une grande agitation régnait en ville. Ils furent surpris par un comportement de la population, nouveau, inattendu. Ils croisaient de plus en plus souvent des enfants, et aussi des gens de tous âges, hommes et femmes, masqués, vêtus dans d’étranges accoutrements.


Banc de poissons de toutes couleurs dispersés sur les visages, coiffures étoiles de mer, corps enveloppés de coquillages, en carton-pâte, en tissu, la ville aquarium, envahie d’une faune marine. Ce fut un grand carnaval quand le soleil déclina. Flottaient partout dans les airs, tenus par de longs pics, des dauphins en rubans et papier crépon, des requins de chiffons, couraient des enfants porteurs de lanternes, flambeaux et lampions en gouttes de papier aux teintes diaprées, la nuit serait un océan tout de lumignons.

Des vagues en papier déferlèrent, ondulantes dans les sarabandes. On dansait, on nageait, on flottait dans une mer d’artifices, de chiffons, de papiers, de vagues factices, Carole et Michel tentaient de surnager, refusèrent de porter les loups à écailles surmontés de nageoires dorées que leur avaient proposés des hippocampes, marchands de masques et de travers, affublés d’une tunique en peluche bleu de mer, vert de vase.

Chacun puisait dans son passé qu’il donnait à entendre, en partage ; chacun avait à épancher des eaux sombres.

Ils commandèrent des bières à la terrasse d’un bar, Michel Leroy avait conseillé la Duvel à sa voisine, non plus seulement du dessous, mais d’à côté, désormais à côté de lui, face à lui, dans un même étage au-dessus de l’eau en feuilles déchirées. Leur verre débordait de mousse, écume de cette journée agitée, faite de vagues d’une marée humaine prise d’une folie océanique, de houles et de mer en papier, tissu et carton-pâte.


Ils s’approchèrent de Sangomar, quand toute la ville tanguait sur les vagues, chantait la mer aux reflets d’argent ; avançaient côte à côte dans les rues jonchées d’algues de papier rouge et vert qui se crêpent et se froissent sur le sol, bousculés par la danse des poissons et crustacés, des méduses lumineuses, phosphorescentes, de tous les crabes et écrevisses titubants.


Rieurs, les commerçants déclaraient n’accepter que les seules liquidités.

En colère, quelques groupes violents, poulpes, requins et raies, brisaient les vitrines des magasins, lançaient des pierres sur le commissariat du quartier, avec pour unique slogan : il faut tout liquider, le vieux monde va s’écrouler. Vive la mer libre.

Certains firent les pitres, d’autres les huîtres, qui ramènent leurs bords, accrochées sur des bancs solitaires.


Carole, près de Michel, désignait au centre d’une petite place le sable que l’on avait déversé puis ratissé, sur lequel apparaissait un carrousel où tournaient, montant, descendant, poissons-lunes et seiches, poissons volants et poulpes, tous chevauchés par des enfants coiffés de chapeaux corail.

Carole, près de Michel, montrait le ciel, tard dans la nuit, rougeoyant.

Les flammes d’un incendie s’élevaient par-dessus les immeubles. Des sirènes retentirent. Dans les rues, la sarabande redoubla de frénésie au crépitement du bûcher, et toute la ville sembla prise dans un tourbillon où s’enroulaient remous et turbulences, et parut se noyer dans un vertige. Sangomar était en feu.

Sangomar n’avait pas pris l’eau, mais avait pris flammes.


Au matin, il ne restait que des cendres dans l’avenue du Maine ; toute la ville au sec retrouva le calme de sa vie quotidienne. Michel et Carole, voisins serrés l’un contre l’autre, dans la fraîcheur de l’aube, en contemplation muette devant les eaux sales ruisselantes dans l’avenue, mêlées aux scories de ce qui fut un grand vaisseau. Côte à côte, ils entraient dans un autre jour avec un regard sur l’eau qui frissonnait, seule mer qui ne fut pas de papier dans cette ville, eau qui avait éteint le navire en flammes.




* Nom authentique d’un bar de Saint-Malo


 
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   Anonyme   
14/11/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Une jolie histoire, je trouve, à la fois violente, triste et douce, mais : où ils sont les enfants de madame Devenou ? Apparemment ils ont tenu jusqu'à l'arrivée de l'hélicoptère, alors pourquoi n'admirent-ils pas le gros bateau avec leur mère, au moins le lendemain ? Ne l'auraient-ils pas suivie à Paris ?
Je sais bien que le texte est frappé au coin de l'étrangeté, y compris dans son écriture (qui d'ailleurs, à mon avis, en fait un peu trop de ce côté-là, c'est trop ostentatoire à mon goût même si dans l'ensemble je l'ai trouvée agréable et soignée), mais pourquoi y évoquer des enfants, ne pas les tuer dans la tourmente lorraine et les escamoter du récit ? Pour moi, ici le mouvement du texte trébuche.

La fin m'a un peu déçue aussi : j'ai eu l'impression que vous ne saviez trop comment conclure, alors hop, a pus bateau, il brûle. D'un certain côté, cela dit la vanité du rêve qui laisse les rêveurs échoués, condamnés au quotidien, d'un autre côté, si c'e'st là le message, je trouve dommage que Michel et Carole restent alors serrés l'un contre l'autre, il m'aurait paru plus cohérent qu'après cette parenthèse les deux voisins de nouveau s'ignorassent, qu'en fin de compte il ne se fût rien passé. Or la clôture n'a pas trop l'air de tendre vers ça, ce qui à mon avis brouille aussi le mouvement du texte.
Avis de lectrice, bien sûr, rien d'autre. Comme auteur, vous clôturez comme vous voulez.

   Asrya   
22/11/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
La qualité de votre écriture m'a enivré et m'a emporté dans votre univers du début jusque la fin.
La première partie du texte, centrée sur le personnage de Michel Leroy, invite doucement le lecteur à entrer dans l'histoire : l'ambiance se dessine, le mystère nait, l'aventure peut commencer.
L'arrivée du second personnage, Carole, ouvre une perspective plus sentimentale sur la suite des évènements et à partir de cet instant, le sujet principal : Sangomar, s'efface et laisse place à un tout autre sujet : la relation entre Carole et Michel.
Avec ce pont de pierre qui traverse les océans, relie les continents ; sécurise.
Avec ce passé effroyable de Carole, son émoi, sa tristesse, sa douceur.
Ces émotions qu'ils partagent ensemble, à deux, tandis que les autres, la foule se rassemble autour de Sangomar pour mettre fin à son règne.
Ils sont ainsi seuls, deux, à regarder dans la même direction, dans une autre direction, leur direction.
(du moins c'est ainsi que je l'interprète)

Je reprends juste un passage particulier de votre récit :

"Disait-elle, rêvé, un pont par-dessus les mers, un pont de pierre, disait-elle, des vagues de pierre, ... il dit, prendrait des rêves de sable à laisser couler entre les doigts, capturerait au bout de sa ligne les longs sillages de toutes embarcations, de tous navires de passage, dans ses filets toute l’écume blanche et les sillages argentés des poissons. "
--> Un passage à la fois beau et très difficile à lire. La lecture est vraiment saccadée et ces répétitions de "elle dit", "il dit" sont peut-être un peu trop fréquentes ; la poésie qui se dégage de ce style est ceci dit remarquable.

Bref, j'ai passé un très bon moment à vous lire, j'ai voyagé avec Sangomar, à côté, avec Michel et Carole dans leur avancée.
Je vous remercie pour cette lecture,
Ce fut un plaisir,
J'espère avoir l'opportunité de vous lire à nouveau.

   Anonyme   
18/12/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai eu quelques difficulté avec l'écriture en premier lieu, les répétitions me donnant l'impression d'un va et vient au sein même des phrases (au final c'est assez cohérent avec la thématique de la mer), mais les dialogues avec madame Devenou, la façon dont il remplissent la narration, j'ai adoré! Bravo!
(Je me suis aussi posée la question des enfants, mais après tout les deux personnages n'ont pas d'age, peut-être les enfants sont-ils grands, adultes déjà)

   Pepito   
18/12/2014
Hello Louis,

Forme : ho la jolie kriture, le mouvement donné aux mots, le va et vient, le haut et bas, ça tangue, ça roule. Très bel effet.
Juste comme le texte est un peu long, buuurp ! Excusez-moi... ;=)

Fond : bon, la Mort subite pour créer un barquot, ex-houblono... à défaut "d'une fusée pour aller sur la Lune", pourquoi pas. J'ai pas toujours trouvé un bateau, en revenant de soirées arrosées, mais des chaussures à bascule, ça oui, je confirme ! ;=)

On s'est bien promené et puis tout a brulé, bon, on revient où on en était.

Merci pour cette Balade en mer salée.

Pepito

   Anonyme   
18/12/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'apprécie la campagne publicitaire pour les marques de bière, seriez-vous à la recherche d'un sponsor ? Plaisanterie mise à part, le début de cette histoire est prometteur. "situé dans la même rue, quelques étages plus haut", ça ne colle pas, quelques portails plus haut, quelques mètres plus haut, quelque étages plus haut, c'est au-dessus.
Le gros navire, nous l'avons tous connu, donc bonne image, et en plus il est ivre le navire. Il était insoucieux de tous les équipages, probablement. Aurait-on pu aller plus loin chez Rimbaud ? Mais quelle cuite ! C'est admirablement dit. La radeau de la méduse est là aussi. L'épopée sur le radeau est épique. "Un rêve en réalité", est-ce utile de le dire ? Pourquoi cette émeute autour du navire ? Ce n'est plus une cuite mais un délire.
Rencontrer une femme qui veut un pont quand on est dans un navire, quelle idée ? Bonne. La cuite se transforme en conte. Le conte se transforme en fait divers, une inondation, un drame. Retour au conte, il décuite, elle est cuite. C'est une rencontre, peut-être une copulation. C'est un bon délire, difficile parfois d'y entrer mais il faut se forcer.
« Je t'ai offert des fleurs sauvages, dont le parfum est mystérieux comme des yeux de sorcier
Et leur éclat a la richesse du crépuscule à Sangomar."

   Anonyme   
19/12/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Louis,

Une écriture poétique en diable où j’entre en retenant mon souffle, entre tangage subtil et doux roulis, prête à croire au bateau échoué dans la nuit ivre.

Je touche du doigt, émerveillée, les mille et un tableaux offerts aux couleurs éclatantes.

L’histoire, qui me fait penser à Noé et son Arche, est mortellement belle, irréelle et pourtant si palpable, comme le déluge où me convie l’auteur, entre les bruits de vie assourdissants et la réalité qui palpite.

Je n’ai qu’une envie : glisser, avaler les mots, les faire éclater, mille bulles en furie frissonnant dans mes veines qui voudraient rejoindre les bulles que vous avez dans la tête.

La mer, elle est où, la mer ?
Elle est partout, loin des yeux parfois mais toujours à portée de chaussures qui chaloupent.

Je suis restée longtemps après le point final, j’ai pas pu remettre tout de suite les pieds sur Terre.

Je retrouve dans votre écriture, Louis, cette même forme qui m’emballe chez Christian Bobin lorsqu’il caresse les sensations. Vous, en plus poète nimbé de fantastique.

Infiniment merci pour la balade au pays de la pureté enchantée.

   Francis   
19/12/2014
J'ai aimé ce mélange de fantastique et de poésie. La nouvelle se prête à une lecture plurielle. J'y retrouve à la fois le bateau ivre de Rimbaud, le déluge biblique et Noé, la rencontre d'un homme et d'une femme, Le Mont Saint Michel entre la terre et L'Océan, Une grande fête de la mer sur la pointe de Sangomar au Sénégal, un pont suspendu entre le rêve et la réalité, la symbolique du feu et de l'eau...
Un bon moment de lecture.
Merci.

   in-flight   
21/12/2014
Navire qui débarque d'on ne sait ou, femme fantomatique, foule anonyme, enfants disparus... Tous les codes du genre sont là.

"Et la mer, elle est où la mer ? "--> J'ai beaucoup aimé cette répétition dans le texte, sorte d'anaphore qui brouille les pistes: rêve éveillé? Réalité onirique?

"Sangomar", "Leroy", "Devenou": j'ai cherché (assez bêtement) du côté des acronymes pour démystifier le texte... Mais rien.
Je reviendrai peut-être faire un "edit" après une relecture plus rationnel ou bien je garderai la primeur de cette première lecture qui a imprimé de belles images dans mon esprit (choix le plus probable).

   Anonyme   
3/1/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Ait beaucoup aimé cette nouvelle qui est presque plus un poème en prose. Rarement vu un tel raz-de-marée de virgules mais dans ce style ça ne choque pas. Ca me fait penser à une des nouvelles de Alain Damasio sur les phares et les marées de bitume ou bien à du Bradbury.

Je n'ai clairement pas le niveau pour déceler les erreurs, si il y en à elles sont assez bien cachées dans le mélange de genre ^^.

   Anonyme   
18/3/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
J'ai tout aimé de cette nouvelle...

"— Mais elle est où, la mer ?" On se pose cinq fois la question. Au début on s'interroge, on dit : "Et la mer, elle est où la mer ?" Et puis petit à petit on comprend. On comprend que la mer est partout : dans la foule (la houle) qui tangue au rythme des vagues (humaines). Et les poissons ? Ils sont partout les poissons : "Banc de poissons de toutes couleurs dispersés sur les visages, coiffures étoiles de mer, corps enveloppés de coquillages, en carton-pâte, en tissu, la ville aquarium, envahie d’une faune marine." y a même des requins, oui, des requins, Madame Devenou...

L'avenue du Maine est en effet une grosse artère, voie principale du 14è arrondissement de Paris-Mer où évoluent gros cargots, paquebots et petits navires en tous genres, parmis d'autres grosses artères...

L'écriture, telle une marée humaine, nous transporte loin dans l'étrangeté de la situtation, la folie déferlante et Sangomar, ce navire surgit de nulle part.

Une pure merveille !

   bikass   
22/5/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une belle histoire,pleine de vivacité et de goût;mais elle publicitaire et non finie.Merci de vous lire prochaine fois!


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