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Sentimental/Romanesque
Louison : Évaporé
 Publié le 12/04/23  -  7 commentaires  -  12104 caractères  -  56 lectures    Autres textes du même auteur

Parfois, l’avenir semble sombre et bouché, s’installe alors une envie de disparaître, de tout quitter, voire de s’évaporer.


Évaporé


Max versa le café brûlant dans sa tasse, ajouta un sucre, se ravisa et jeta un second carré dans le breuvage à l’arôme puissant. Dans son cou, une grosse veine palpitait rapidement et l’on voyait ses mâchoires se serrer, signe d’une tension manifeste. Max détestait les dimanches. Les dimanches sont des jours tristes, qui s’étirent sans fin. La solitude lui pesait. Pourtant avant, il haïssait tout autant les dimanches en famille, ces jours où l’on doit faire semblant. Sourire, parler, prendre les repas autour de la table familiale, s’obliger. S’obliger à dire bonjour, à s’habiller, à faire toutes les choses « normales » du quotidien. Au moins, désormais il pouvait rester dans sa chambre d’étudiant enroulé dans son vieux t-shirt, pas rasé, pas même débarbouillé, devant son ordinateur, sans entendre sa mère lui seriner les habituelles critiques sur son mode de vie, et que, « passer par la salle de bains le matin n’était pas une option ».

Il étudiait. Il ne faisait même que ça. Depuis les problèmes sanitaires dus à ce fichu virus, les cours avaient lieu en visio. Les professeurs lisaient leur document d’une voix lasse, ils auraient aussi bien fait d’envoyer leurs fiches par courriel. Les cours étaient ennuyeux, plats, de temps à autre le prof demandait à ses auditeurs invisibles s’ils dormaient, alors un vague bredouillement lui parvenait, et puis un des élèves sortait de sa torpeur pour dire d’une voix faussement éveillée :


— Non, non, m’sieur, on vous écoute.


En parallèle, Max bûchait sur son mémoire, ça lui prenait tout le reste de son temps. Plus de vie sociale, plus de verre entre amis, plus de sport en salle, plus de franche rigolade entre potes, et plus non plus de ces moments de flirt qui rythmaient sa vie d’étudiant. Insidieusement, comme un ver dans une pomme, une certaine mélancolie l’avait envahi. Il n’avait plus le goût à rien, pire, il avait le dégoût de tout.

Il grimaça en buvant son café. Très fort, mais aussi très amer. Un café bas de gamme, ça se sentait. Bas de gamme, insipide, comme sa vie.

Son mémoire avançait plutôt bien. Il s’était intéressé à la vie de ces Japonais dont la société ne veut plus. En effet, dans ce pays où il faut toujours être le meilleur, le moindre échec est vécu comme un événement terrible, et certaines personnes préfèrent disparaître, afin de n’être une honte ni pour elles-mêmes ni pour leur famille. Elles choisissent de devenir transparentes, invisibles, oubliées. La cause peut être la perte d’un emploi, un divorce – qui est vu comme un échec familial – , une sexualité non conforme à ce que souhaitaient les parents, ou d’autres formes d’insuccès. Max démontrait dans son travail combien la culture japonaise était dans le paraître. Être lisse, dans le moule, ne pas faire de vagues. Aussi, lorsqu’on dérapait, lorsque l’on ne correspondait pas à l’image attendue, lorsqu’on décevait sa famille, ses collègues ou soi-même, il valait mieux partir. Loin. Disparaître. S’évaporer. Cela concernait surtout les hommes. Ils partaient sur une île éloignée, et personne ne les cherchait. Ils disparaissaient et cela n’affectait personne. On les appelle les évaporés. D’une certaine manière, Max trouvait que ça pouvait être une solution. Repartir à zéro, refaire une nouvelle vie, effacer ses erreurs. Il y avait songé plusieurs fois. Partir. Aller voir ailleurs si les rêves sont meilleurs. Mais dans notre pays, on recherche les gens disparus. On les retrouve grâce à leur numéro de Sécurité sociale, ou les mouvements sur leurs comptes bancaires.

Pourtant depuis quelques jours, cette idée de tout quitter ne sortait pas de son cerveau. Il ne supportait plus la société et ses contraintes. Ses parents lui avaient payé ses études, avec obligation de résultat. Et après ? Il allait gratter du papier toute sa vie dans un bureau ? Cette idée lui nouait le ventre. Il subissait aussi les réflexions de son père sur ses allures pas assez masculines à son goût ou sa musique de débile. Ses piques à répétition lui crevaient le cœur. Il encaissait tant bien que mal mille autres petites choses au quotidien comme autant d’aiguilles acérées plantées dans son corps. Lorsque son ami Fabien était venu deux ou trois fois pour travailler sur un devoir dans son petit studio, son père, qui avait déboulé à l’improviste, n’avait pas manqué de trouver ça louche. Fabien portait des jeans trop serrés et des cheveux décolorés, ça ne passait pas. Sa mère avait bien tenté d’arrondir les angles, mais elle s’y prenait mal et c’était pire encore. Cela avait un peu agacé Fabien et il avait décidé de « faire une pause ». Une semaine qu’il n’avait pas donné de nouvelles et qu’il ne répondait pas aux textos de ses rares amis et de ses parents.

Max avait cogité durant une nuit, puis il avait loué un gîte en Normandie pour trois ou quatre jours, histoire d’échafauder un plan d’action. Étretat la magnifique ! C’est là qu’il avait posé son sac à dos. Le gîte était minuscule, mais agréable, face à la mer. Une mouette venait taper au carreau chaque matin pour demander quelques miettes. Une habituée. Apparemment, les locataires lui donnaient les petits restes de pain et de brioche. Max lui avait laissé deux ou trois frites froides de la veille. Ça avait eu l’air de lui plaire.

Max marchait sur le chemin côtier qui surplombe la Manche, la chapelle derrière lui, les vaches sur sa droite, et à sa gauche, les flots verdâtres, envoûtants. En bas des falaises, les vagues se fracassaient sur l’albâtre, jetant des flots d’écume. Un paysage magnifique et sauvage ! L’impression incroyable d’être posé sur la carte de France que le maître avait accrochée au mur de la classe, lorsqu’il était enfant. Il faisait un peu frais avec ce vent fougueux. Max pensa que ce serait facile. Il suffisait de marcher en fermant les yeux, ou mieux, courir, et comme un albatros, ouvrir ses ailes et ce serait fini. Il fit volte-face, admira l’aiguille creuse chère à Maurice Leblanc. C’était un bel endroit pour mourir. Ou pour faire semblant de mourir. Laisser son sac ou son portefeuille, un petit bout de lui dans un rocher, un peu plus bas, et repartir, capuche sur la tête pour ne pas être repéré. Ensuite, partir loin. Il avait ses économies dans la poche, des noix et des amandes pour tenir au moins trois jours et des barres de céréales. Il pourrait prendre un billet pour le sud. Les propriétaires du gîte s’inquiéteraient de son absence au bout d’un jour ou deux, on retrouverait ses effets près de la falaise, et la déduction serait vite faite. Un peu dépressif, perdu, il a sauté. La mer ne rend pas toujours les corps. Ses parents seraient tristes, mais ils comprendraient peut-être leurs erreurs. C’était cruel, mais la vie est cruelle.

Dans le sud, il trouverait facilement des petits boulots, un squat où dormir. Personne ne le chercherait puisqu’on le croirait mort, noyé et emporté par les flots. Le plus compliqué fut de jeter son Smartphone. Il le lança loin dans l’eau verte. Puis il jeta son sac à dos. C’est ce qu’on retrouverait rapidement. Voilà. Il n’avait plus aucun lien avec sa vie. Il s’évaporait.

Il rebroussa chemin, se dirigea vers la gare. Très facile de monter dans le train sans payer. Il l’avait fait souvent à Paris, c’était encore plus simple ici. En deux jours, il se retrouva à Marseille. Une métropole où vivre incognito lui parut naturel. Il se fondait dans la foule. Il nettoyait les vitres d’une boutique, ou aidait à porter des charges lourdes contre une pièce ou un morceau de pain. C’était même amusant. Draguer une jolie fille dans un bar et passer la nuit chez elle, ça il savait faire et ça marchait (presque) à tous les coups. Il oubliait Fabien, ses amis, ses parents. Il suffisait de fermer les yeux très fort jusqu’à ce que ça brûle.

Mais quel avenir dans cette fuite ? Sans identité, point de futur. Se créer un nouveau nom, de nouveaux papiers, c’est possible, mais Max ne voulait pas passer de l’autre côté, du côté des grands délinquants. Mille questions tourbillonnaient dans sa tête. Un soir qu’il traînait dans un parc, la tête remplie d’idées sombres, désemparé, il vit un jeune homme, assis sur un banc. Il semblait aussi perdu que lui. Il mangeait un croque-monsieur tout desséché.


— Je peux m’asseoir ? demanda-t-il en posant ses fesses sur le banc.

— Je crois que c’est fait ! répondit le jeune homme en souriant à peine.


Il ajouta en croquant dans son pain de mie :


— Si tu veux me draguer, c’est mort !


Max se sentit désarçonné et bredouilla un truc incompréhensible qui fit lever les sourcils du garçon.

Il lui tendit le reste de son repas :


— T’en veux ? J’ai déjà trop mangé ! Enfin avec le virus, c’est pas malin ma proposition, mais j’ai fait le test, je suis nickel.


Surpris, Max prit le morceau de croque-monsieur, ne sachant que penser.


— Toi aussi, tu galères ? lui demanda-t-il en fixant le jean troué qu’il portait.

— Pourquoi ? J’ai l’air d’un mec paumé ? lui lança-t-il en fronçant les sourcils. Parce que ce n’est pas du tout le cas. Je suis juste à un tournant de ma vie.


Les derniers mots étaient à peine audibles, comme si les prononcer l’avait épuisé.

Max avait terminé l’infâme sandwich. Le jeune garçon lui tendit sa canette de soda, qu’il accepta sans manière.


— Bon, je me présente : Erwan, je suis infirmier, j’ai une super petite vie bien tranquille, bien rangée et j’ai signé pour partir dans une ONG en Afrique pour deux ans. Je pars demain et je ne sais pas si je n’ai pas fait la pire erreur de ma vie. Et là, tu vois, je me sens en panique totale. J’ai envie de fuir.


Max prit la main tremblante d’Erwan pour essayer de calmer le tsunami qu’il sentait monter en lui.


— Et toi ? susurra-t-il, tu fais quoi dans la vie ? Je sais, c’est la question la plus débile que j’aie jamais posée à quelqu’un.

— Max, je fuis, je me fuis. Je suis étudiant, futur avocat ou un truc comme ça, et l’impression qu’un mur immense est devant moi, m’empêchant de faire le moindre pas en avant. Je suis inutile et sans ambition.

— Eh bien, on ne peut pas dire que tu te vendes bien ! dit Erwan en riant. Et tu as pensé à devenir utile ?


Max raconta son parcours, son amour avorté avec Fabien, les filles qu’il aimait bien aussi, les difficultés avec ses parents. Erwan écoutait, émettait un avis de temps à autre, puis lui fit part de ses projets personnels.


— Ça te dit qu’on discute de tout cela chez moi, c’est bientôt le couvre-feu et j’ai de la bonne bière.


*


Plus tard dans la soirée, Erwan débarrassait les restes de la pizza qu’ils avaient engloutie pendant que Max parcourait le dossier du projet de son hôte. Il pensait que c’était un mec vraiment formidable : il allait s’occuper d’enfants démunis dans un village d’Afrique, durant deux années. Une école venait d’être créée, mais il manquait encore tout, demain il partait avec deux amis, et des livres, des médicaments et toute sa bonne volonté.


— Si tu veux, je peux te sous-louer mon appart, si tu te remets aux études, et si tu reprends le cours de ta vie.


La proposition était alléchante. Mais absolument pas raisonnable.


— Tu ne me connais pas, dit Max, et puis ma vie n’est pas ici. Mais j’ai une autre idée. Je reste ici une semaine, voire deux, le temps de préparer un dossier béton. Et je te rejoins. Tu me dis que cette ONG a besoin de volontaires. Je suis volontaire.


Erwan regarda Max, incrédule.


— OK. Je suis enchanté. Mais avant, je te passe mon téléphone, et tu appelles ta famille, tes amis, tu remets de l’ordre dans ta vie. Et surtout, tu me laisses aller dormir, demain est un nouveau jour pour moi.


Ce soir-là, Max, allongé dans le canapé du salon chez un inconnu, passa la meilleure nuit depuis longtemps. Les choses reprenaient leur place. Sa mère avait hurlé de joie au téléphone, son père avait dit « merci d’être vivant », ce qui l’avait laissé dubitatif. À l’annonce de son projet, ses parents avaient approuvé et son père avait lancé : « Tu deviens un homme, mon fils ! », et ça, allez savoir pourquoi, ça lui avait fait un truc chaud dans le cœur, et un sourire avait illuminé son visage.


 
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   Asrya   
14/3/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
aime un peu
"Max versa le café brûlant dans sa tasse, ajouta un sucre, se ravisa et jeta un second carré dans le breuvage à l’arôme puissant" --> bon, autant ne pas le caché, en terme de style, cela s'annonce mal parti. A vrai dire, je souffre du même écueil. Bien que j'essaie de me soigner et de faire en sorte de ne plus commettre ce travers. La phrase est lourde, trop, et le fait de vouloir remplacer "café" par "breuvage à l'arôme puissant" n'est ici pas nécessaire. Un exemple pour comprendre l'esprit : "Max versa le café brûlant dans sa tasse, ajouta un sucre, se ravisa et y jeta un second carré." Au-delà du fond de la phrase (la succession "ajouta un sucre, se ravisa et jeta" est un peu étonnante), la forme choisie n'est pas très fluide.

"Max détestait les dimanches. Les dimanches sont des jours tristes, qui s’étirent sans fin" --> la concordance des temps me paraît maladroite.

"Les professeurs lisaient leur document d’une voix lasse" ; " Les cours étaient ennuyeux, plats" ; "ses auditeurs invisibles s’ils dormaient" --> on a compris, inutile d'insister autant à mon avis.

Quoi ? pas de verre entre amis lorsqu'on écrit une thèse ? Mais quelle hérésie !!! S'il y a bien quelque chose à faire quand on rédige une thèse, c'est s'aérer l'esprit, parler, converser, échanger, s'enrichir des uns et des autres. Raaah... Bon, ok, dans le contexte du "virus", cela peut s'admettre. Toutefois, la formulation me paraît à nouveau maladroite ; si le mémoire prend le reste du temps, ce n'est pas lui qui est responsable de l'absence de vie sociale, mais bien ce "virus" qui l'éradique (d'où les cours en visio).

" En effet, dans ce pays" --> j'aurais enlevé "en effet" pour gagner en fluidité à nouveau.

Après, je dois avouer que je me suis un peu laissé emporter par votre histoire pour m'arrêter sur les différentes tournures qui me dérangeaient (ce qui est plutôt positif).

J'ai trouvé la succession des événements, le départ pour la Normandie, la mise en scène du suicide, le train pour le sud (etc.), un poil trop rapide pour me permettre d'apprécier la situation.
J'aurais probablement attendu plus de développement, de sensation (le vent, l'air marin à Etretat (etc.)), de sentiment, de description pour que l'ambiance se forme.

La conversation avec Erwan est assez déroutante, loin de moi l'idée de remettre en cause sa possible véracité (en terme de tournure des choses, après tout, cela reste probable), mais j'ai trouvé la manière de tenir la conversation, de la formuler, assez peu crédible.

Sur le fond, vos "évaporés" m'ont fait penser au syndrome Hikikomori qui frappe de plus en plus de jeunes ces dernières années (même si pour le coup, ils ne s'évaporent pas, puisqu'ils s'enferment). On reste dans la "quête de sens" et bien qu'il s'agisse, à mon avis, d'une étape de la vie, à laquelle personne ne peut échapper, tout le monde n'en réchappe pas de la même manière.
Pour votre personnage, cette "quête de sens" n'a d'ailleurs toujours pas pris cette tournure, mais, il se laisse au moins aller vers l'inconnu, ce qui lui sera certainement fort en apprentissage.

S'il s'agit d'une histoire "vraie", sous-entendu, vécue par l'auteur, alors j'espère que cette virée en Afrique vous aura permis d'y voir plus clair sur votre place dans la société.

Bon, j'apprécie l'idée "d'évaporation" qui est suggéré, ce besoin que chacun doit, j'imagine, ressentir à un moment de sa vie ; le sujet mérite d'être traité et son côté universel ne peut que prendre le lecteur.
Malgré tout, la formulation et le style m'ont laissé de côté pour pleinement profiter de ce moment.

Merci pour le partage,
Au plaisir.

(Lu et commenté en espace de lecture)

   jeanphi   
12/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Louison,

Mon commentaire n'a pas la prétention d'aider l'auteur à perfectionner son écriture.
Le dénouement provoque une vraie réaction émotionnelle, cette nouvelle est une réussite en ce sens. Du happy ending qui plus est. Il ne m'en fallait pas plus.
Merci pour cette lecture

   plumette   
12/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Louison

ravie de vous revoir en publication!

j'ai bien aimé cette histoire.
Je trouve le portrait de Max très réaliste . On sait que beaucoup de jeunes ont plus ou moins sombré avec le confinement et le covid, tout ça sur sur un fond de désanchantement et votre personnage est bien dans l'air du temps. j'ai adhéré sans peine à son découragement.
j'ai bien aimé son cheminement, jusqu'à sa décision de disparaître. après, c'est plus délicat , car je trouve qu'il remonte la pente un peu vite, mais ça , c'est le problème du format de la nouvelle qui doit apporter son dénouement parfois trop rapidement par rapport à l'histoire;
l'écriture est soignée, fluide, l'histoire se lit avec plaisir.

A vous relire, j'espère!

   Disciplus   
12/4/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Le parallèle d'une vie d'étudiant avec celle d'un «johatsu» japonais. L'idée est bonne. Il eut fallu insister sur les états d'âme, les sentiments, les frustrations de notre étudiant. Juste un paragraphe qui survole les angoisses du héros. Pour un Japonais c'est quasi une alternative au suicide. Pour sortir d'une situation jugée inextricable, ces jeunes gens choisissent la disparition pure et simple. Changement de lieu, de vie, d'état civil voire de sexe. Par ailleurs, au Japon, un business tout à fait légal s’est construit sur cette pratique : des sociétés proposent même une assistance logistique aux johatsu,
Pour ce qui est de l'écriture, il faut revoir la fluidité.
Des constructions lourdes (Il faisait un peu frais avec ce vent fougueux) ou bizarres (Le gite était minuscule, mais agréable, face à la mer)
Des incohérences (Erwan débarrassait les restes de pizza qu'ils avaient engloutie : manger ou pas manger?) des pastiches (c'était un bel endroit pour mourir), des digressions (la mouette). Les mornes dialogues n'amènent aucune plus-value. Une description eut été aussi efficace. Le final se veut plus humaniste., très bien, mais ce retournement semble planifié. Rien d'intrinsèquement rébarbatif mais un texte qui ne suscite pas, chez moi, l'enthousiasme.

   Catelena   
14/4/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
C'est le genre de nouvelle que l'on oublie sitôt lue, mais qui est agréable à lire. J'aime les happy ends !

Les lourdeurs recueillies par d'autres commentateurs sont réelles, mais elles m'ont à peine dérangée.

Ce que je trouve plus maladroit et surtout disproportionné, c'est le parallèle voulu par le narrateur entre la pratique japonaise et sa situation. Nous ne parlons pas de la même chose, je crois. Du côté nippon, c'est l'échec pur et dur qui est vécu dramatiquement ; du côté de l'étudiant, il s'agit plutôt d'un cap vers l'inconnu qui semble infranchissable, ce qui peut donner envie de se mettre la tête dans le sable quand on a vingt ans.

Pas au point, cependant, d'en arriver à simuler corps et bien sa propre disparition de façon aussi romanesque. La preuve, il lui suffira d'une oreille compatissante pour trouver sa voie et que tout finisse par s'arranger.

Merci pour l'agréable moment de lecture, Louison.

   solo974   
17/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Louison,
J'ai beaucoup aimé cette nouvelle, qui met l'accent sur le désarroi de Max face à la routine et à sa propre vie.
Je l'ai également trouvée bien écrite, comme dans ce passage :
"Max avait cogité durant une nuit, puis il avait loué un gîte en Normandie pour trois ou quatre jours, histoire d’échafauder un plan d’action. Étretat la magnifique ! C’est là qu’il avait posé son sac à dos. Le gîte était minuscule, mais agréable, face à la mer. Une mouette venait taper au carreau chaque matin pour demander quelques miettes. Une habituée. Apparemment, les locataires lui donnaient les petits restes de pain et de brioche. Max lui avait laissé deux ou trois frites froides de la veille. Ça avait eu l’air de lui plaire."

Petit bémol, me concernant, sur la chute, que j'ai trouvée un peu "facile"... Mais ce n'est là que mon point de vue...
Bravo et au plaisir de vous relire !

   Geigei   
20/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
J'ai bien aimé.

L'histoire est connectée à l'actualité. Le virus, la perte de sens et le questionnement sur le changement de paradigme (qui a vu pousser les coachs sur les réseaux comme des champignons, des coachs qui se cherchent eux-mêmes souvent).

Le personnage central trouve le moyen de se relancer dans l'existence. Le hasard. Une rencontre.

Au début elle est froide et puis... on se mouille la nuque et on plonge.

Un bon moment de lecture.


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