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Anonyme
28/10/2020
a aimé ce texte
Bien ↓
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– Et si on les tuait maintenant ?
Là se situe pour moi le cœur de la nouvelle, dans cette phrase qui surgit soudain au milieu d'une situation certes tendue, mais apparemment sous contrôle, entre gens civilisés. Je trouve que cette phrase illustre à merveille l'impossible abîme entre l'humanité telle qu'elle se voudrait et ses plongées volontaires dans l'horreur. Le récit de la grand-mère me paraît donc fort, prenant. Tel n'est pas le cas, hélas, de la suite ; pour moi, la narration est très raide, l'impact de l'histoire sur Philippe raconté de manière très impersonnelle, désincarnée. L'élixir réconfortant du docteur Toulou prend dans le récit une importance à mes yeux démesurée après la première partie ! On passe brutalement du tragique à l'anecdotique, ce qui, pour moi, déséquilibre complètement la nouvelle. Je pense (et naturellement vous faites ce que vous voulez de mon avis, vous êtes l'auteur ou l'autrice) qu'il pourrait être intéressant de prendre les choses à l'envers : parler d'abord de la nécessité pour un Philippe adulte de recourir parfois à la consolation du Toulou Banana, puis en indiquer la raison avec le récit de sa grand-mère. Il y aurait ainsi une progression dramatique. Je crois. |
plumette
1/11/2020
a aimé ce texte
Beaucoup ↓
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j'ai apprécié ce récit raconté par un narrateur extérieur, ce qui donne un peu de distance nécessaire à ce terrifiant souvenir.
Je me suis juste demandé comment la mamie avait compris les paroles des soldats car j'ai du mal à imaginer qu'ils ont parlé français au moment de décider du sort de la femme et de son bébé ( à moins d'imaginer un sadisme particulier) les premiers pas du petit Jacques sont un moment très intense; Et la fin détend le lecteur!Sympathique potion magique à base de banane qui a eu son effet. |
SaulBerenson
3/11/2020
a aimé ce texte
Pas
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Je pense que l'Histoire doit être prise avec des pincettes. Oradour a été perpétré par une division SS composée entres autres d'Alsaciens, et non par l'armée allemande "régulière". Plus on écrit l'Histoire et plus elle s'efface et l'on ne manque malheureusement pas d'autres guerres plus récentes pour d'autres cauchemars, avec de très méchants soldats dans tous les camps.
Le papi est donc revenu du maquis et Philippe se souvient du Toulou Banana, ce qui est bien l'essentiel de cette histoire. |
Anonyme
24/11/2020
a aimé ce texte
Un peu
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L’histoire est racontée à l’envers, c’est dommage. La pression monte, on dirait la première scène d’Inglorius basterds, de Tarantino, et puis tout finit en smoothie !
Pas vraiment adepte du mélange drame historique/conte pour enfants, dans l’itinéraire narratif choisi ici. Bellini |
Vincente
24/11/2020
a aimé ce texte
Beaucoup ↓
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Les premiers pas de l'enfant accolés à ceux apocalyptiques des mots du soldat, "Et si on les tuait maintenant ?". Dans un sens, le marqueur extrêmement touchant d'un moment d'humain, la première phase d'autonomie conquise par le petit d'homme, et dans l'autre, la confrontation avec le plus cynique des actes guerriers, le meurtre de la femme et l'enfant, symbolisant le duo accouchant de l'humanité. Dans cette confrontation, se dit la potentielle autodestruction existentielle. Comment dans une configuration particulière un homme peut envisager assassiner son propre emblème procréateur ? Il y a là une sorte de suicide émotionnel.
Ce petit récit serait presque anecdotique s'il n'interrogeait pas ces aberrations relationnelles que créent les situations guerrières. J'ai trouvé bien mené l'ensemble narratif. Le titre "brillant" si j'ose dire. L'introduction sans lourdeur, la mise en scène de la retranscription des faits claires et poussant à l'empathie envers la dame et l'enfant, et presque aussi envers le soldat modéré. Le basculement autour de la phrase clé qui justifie le récit "Et si on les tuait maintenant ?". Et puis la dernière partie, la moins "consistante" à mon sens, bien qu'avouant un sympathique retour à la normale, jusqu'à cette façon de résilience par l'utilisation occasionnelle, et pour de divers cas, de la "boisson" calmante. J'ai été très touché par le regard de la maman, pris en étau entre la joie formidable de voir les premiers pas de son enfant et la frayeur oppressante face au terrible occupant. Et ceci d'autant plus que la configuration historique globale de cette "anecdote" semble très plausible. J'ai visité cette année en fin d'été le mémorial d'Oradour-sur-Glane, et les exactions parallèles ont bien eu lieu alentour par des soldats ennemis isolés. |
Charivari
24/11/2020
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Bonjour.
Une belle anecdote centrale, avec un effet dramatique qui prend le lecteur par surprise "et si on les tuait maintenant?· Ça, c'est très fort. Malheureusement, le reste du texte ne suit pas, à mon humble avis. La structure du récit, pour un texte aussi court, avec discours rapporté et plusieurs "flash forward" comme on dit au cinéma, ça casse le récit ; et ensuite, je n'ai pas trouvé la "voix orale" dans le texte narré par la grand-mère, enfin le "toulou banana" de la fin, je n'ai pas trop accroché. Je comprends que l'idée était de proposer un décalage par rapport au terrible Oradour sur Glane, mais l'effet n'a pas opéré pour moi, et ça finit en queue de poisson sur un ton forcé. |
Anonyme
25/11/2020
a aimé ce texte
Bien ↑
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Luz, bonsooir,
« Ils sortirent enfin. Je ne pouvais plus parler. Une semaine plus tard, à quelques dizaines de kilomètres de chez nous, l’armée allemande massacra la plupart des habitants de la commune d’Oradour-sur-Glane. » Là aurait pu s'arrêter l'histoire. J’ai eu l’occasion de me rendre à deux reprises dans « le village martyr » car j’ai de la famille dans le Limousin. Presque toute la population avait péri –les hommes fusillés, les femmes et les enfants carbonisés- dans l’église où même la cloche avait fondu. 7 personnes seulement ont survécu. Des vestiges brûlés de ce qui était des maisons, une machine à coudre, une Volkswagen coccinelle… Le plus impressionnant, c’est le silence qui règne partout. Mais je sens que je m’écarte du propos. Il est vrai qu’après un tel spectacle de sauvagerie et de désolation… Donc, à propos de ce récit je trouve que le suspense a été fort bien mené jusqu’à ce que le « gentil soldat », par reconnaissance, s’oppose à l’anéantissement de la mère et de son petit. Et qui, par un sursaut d’humanité, dans le regard de l’enfant, songeait sans doute à sa famille : une femme, et aussi des enfants, qu’il avait laissés en Allemagne et qu’il ne reverrait peut-être plus. Quant à la suite de cette histoire, à l’instar d’autres commentateurs, je la trouve ordinaire, même si elle s’avère réelle, et c’est dommage. Mais merci quand même pour la lecture car personnellement je reconnais que je ne vous arrive pas à la sandale, incapable que je suis d’écrire une nouvelle qui tienne en haleine, et même qu’à moitié. Au plaisir de vous lire encore et encore. dream |
Donaldo75
25/11/2020
a aimé ce texte
Bien
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Bonjour Luz,
J'ai bien aimé cette nouvelle même si je pense qu'elle aurait mérité de débuter avec la fin actuelle afin de laisser le drame se déployer dans la suite. En l'état, elle est finalement assez sage et propre sur elle, cette nouvelle, alors qu'elle traite d'un sujet lourd et issu de notre passé. Je me souviens d'un commentaire sur un de mes textes - un poème - du genre on ne peut pas traiter de tout; je pense qu'au contraire il faut traiter de ces sujets, qu'ils ne deviendront jamais convenus, que nous sommes des amateurs mais également des citoyens au devoir de mémoire. Continue à traiter de tels sujets et fais les plus briller que ce texte là, en montrant que tu es également poète. A bientôt Donaldo |
papipoete
25/11/2020
a aimé ce texte
Bien ↑
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bonjour Luz
Deux " vert de gris " étaient dans la maison ; on tremblait tellement de savoir qu'ils allaient sûrement nous tuer ! et toi, pas plus haut que trois pommes, tu te frottais aux bottes de l'un d'eux ! tu étais innocent, ne pouvais pas savoir que c'étaient des méchants... NB on s'attend au développement de ces horreurs, comme à travers la France, en passant par Tulle ou Oradour. Ces deux soldats furent sûrement attendris par le bambin ( peut-être étaient-ils parents dans la vie ? ) et insensiblement le récit prend des allures qui font dire " tout boche n'était pas nazi " mais il ne fallut pas qu'un Obersturmführer le sache ; le cours de l'histoire put s'inonder de sang ! une histoire narrée en toute simplicité, et que l'on put raconter à un enfant, à qui l'on ne... ment pas ! |
maria
25/11/2020
a aimé ce texte
Bien
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Bonjour Luz,
je crois que parfois, dans les familles, on s'approprie les histoires des uns et des autres, un peu comme Modiano qui, bien que né en 1945 "se souvient" des années de l'Occupation. Il me semble que Philippe vit ce soir de juin 1944 dans sa chair et pour cela il m'a touchée. Merci du partage. |
Anonyme
29/11/2020
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Bonjour Luz,
Il me semble que le récit gagnerait à être « remis à l’envers » comme le suggèrent Socque, Bellini et Donaldo75. D'autres commentateurs, sans le suggérer explicitement, le font implicitement. « Remettre à l’envers » est bien sûr une expression détournée visant à rendre la différence entre une réalité et le récit qui en est fait, sans d’ailleurs que cela modifie cette réalité. Dans ce récit, il y a deux histoires : 1. Une histoire dans une ferme, à la fin de la seconde guerre mondiale 2. Une histoire de terreurs nocturnes d’un enfant. Ces histoires sont disjointes (narrativement, s’entend) car les parents de Philippe, ainsi que le médecin, ignorent la cause des cauchemars de l’enfant. La deuxième est bien sûr la conséquence de la première, ou du récit qui en est fait par la grand-mère. La première est très forte et la seconde très banale. La nouvelle aurait eu un impact beaucoup plus fort si elle avait adopté d’abord le point de vue des parents, cherchant la cause des troubles de leur enfant, sans la trouver. Le narrateur extérieur que vous avez utilisé pouvait inverser l’ordre des histoires et se poser en révélateur de la cause. S’il y a une histoire très forte et une autre banale, je pense qu’il vaut mieux terminer par la forte. D’ailleurs, cette progression-là donnerait du poids à l’histoire des cauchemars, la rendant beaucoup plus touchante, et dès lors moins banale. Le résultat de cette mise à l’endroit chronologique est que toute la nouvelle est concentrée dans (et se termine par) le récit que fait la grand-mère à l’enfant, lequel apparaît d’ailleurs davantage comme un récit littéraire que comme une histoire qu’une grand-mère raconte à son petit-fils, quel qu’en soit le contenu, notamment mais pas uniquement par l’utilisation du passé simple. Je me demande d’ailleurs si le récit, tel que fait avec cette forme par la grand-mère, aurait pu avoir un impact psychologique aussi fort sur l’enfant. Personnellement, ce qui m’a le plus intéressé dans ce récit, c’est la différence des attitudes des deux soldats allemands. Vous l’avez d’ailleurs un peu développée par une phrase : « Il regardait ton père comme s’il cherchait à lire des souvenirs dans le miroir de ses yeux. » On imagine bien sûr que le soldat a laissé sa famille en Allemagne et qu’il voit dans les yeux du petit Jacques le reflet de son propre fils ». A cet instant, il y a un basculement : on sort de la guerre pour entrer dans l’humanité, la guerre n’étant plus que le contexte permettant de la révéler par contraste. C’est pour moi le basculement le plus fort. Hélas, ce n’est qu’un basculement dans une branche marginale de la nouvelle. |