I.
Il fut un temps où mon peuple dominait tout ce qui vivait sur ce monde et ceux qui l’entouraient. La splendeur et le faste de notre civilisation dépassaient tout ce qu’il était possible d’imaginer. Les souverains, hommes et femmes, se succédaient avec une grâce qui n’avait d’égal que la pureté de notre lignée royale. Chacun faisait construire, au sommet de sa plénitude, les palais de ses successeurs. Rivalisant de grandeur et de magnificence, nous détournions des rivières pour les faire couler à l’envers, selon nos souhaits. Nous rasions des montagnes pour y construire des manoirs à étages, marche après marche. Nos désirs n’avaient aucune limite, et notre pouvoir aucun ciel pour le clouer au sol. Amoureux de la beauté, mes ancêtres créèrent l’impossible. Chaque règne faisant progresser notre empire absolu, nous n’avions pour inquiétude que la couleur de notre prochaine toilette de bal. Mais comme toute civilisation au plus haut de son éclat, nous chutâmes. La descente fut longue, douce comme le cachemere qui nous habillait et brutale comme l’épée qui transperce la chair. Malgré tout, ils finirent mon palais. Élevés au rang de doctrine, l’honneur et l’orgueil restaient nos derniers amants dans cette décadence infernale. Nous finîmes par nous détruire, rongeant notre propre chair pâle et malade. Mais le palais d’Obsidienne demeura, vestige parmi les décombres. Ses jardins abritent encore les squelettes de ceux qui m’étaient chers et je danse parfois sur les fleurs qui les recouvrent. Seule dans mon palais d’oubli, j’attends que le soleil et la lune décroissent pour mieux en cueillir les fleurs d’amertume. Mais je suis la fille de ma famille. Et j’habite toujours les couloirs de l’Obsidienne.
II.
Bren rôdait autour de la muraille extérieure depuis le lever du soleil. Grattant la terre à l’affût du moindre objet de valeur ayant pu passer par-dessus les hauts murs noirs. Les rayons du soleil se reflétaient durement contre la paroi sombre, faisant brûler l’air qui transpirait à sa base. Le jeune garçon épongea son front trempé de sueur et massa ses reins endoloris. Un éclat sombre attira son regard. La main au-dessus de ses yeux pour les protéger de la lumière vive, il s’approcha du mur d’enceinte. Le palais, entouré de ses jardins qu’il supposait luxuriants, étalait sa splendeur en retrait de la Ville Nouvelle. Du haut des gratte-ciel décimés on pouvait apercevoir, les jours de beau temps, la ramure des arbres qui peuplaient le palais endormi. Étrangement, alors que le brouillard opaque était devenu l’atmosphère quotidienne des survivants de la Chute, le palais semblait constamment éclairé par le soleil. Et la chaleur qui régnait près de ses murailles en était une preuve de plus, comme si l’astre flamboyant accordait un dernier hommage à ces dirigeants de tous les excès et de toutes les beautés. Bren aimait écouter les histoires des anciens, les soirs près du feu de la Grande Salle. Ils y racontaient la beauté des femmes Stirin et la force de leurs hommes. Une lignée protégée et chérie de tous, dont les dons n’égalaient que la puissance. Le jeune garçon écoutait, fasciné, l’histoire de cette famille qui avait régné pendant plus de six cents ans, sans partage et sans modération. L’histoire de la Chute venait immanquablement conclure la fresque historique de leur terre meurtrie par la guerre, renvoyant les pauvres gens venus écouter à l’âpreté du sol qu’ils cultivaient. Comme si la terre soupirait après le retour de ceux qui l’avaient fait grandir et croître inlassablement pendant un demi-millénaire. Attiré par cet éclat sombre, Bren posa sa main contre la surface noire. Celle-ci était fraîche malgré l’ardeur du jour et lisse comme la peau d’un jeune enfant. Il posa sa joue contre elle, transférant sa chaleur au néant de la pierre. Un murmure naquit dans son oreille. La même sensation de ressac incertain qui dort dans les coquillages que les marchands ramenaient des bords de l’océan. Bren se colla un peu plus et guetta le lent mouvement de la pierre. Le murmure enfla comme une lame de fond et devint une voix dans la pierre. Il n’en saisit pas les paroles mais reconnut une voix humaine. Une voix vivante derrière les murs, bien loin des échos des fantômes désolés que décrivaient les anciens qui s’étaient aventurés jusqu’ici. Sa transpiration transformée en sueur glacée, Bren s’éloigna vivement de la muraille. Le cœur battant la chamade, il saisit son sac de toile abandonné par terre et partit en courant vers la ville.
III.
L’ancien regardait le jeune garçon par-dessous ses sourcils broussailleux, scrutant le visage juvénile sans relâche. Bren retenait son souffle, la gorge nouée.
– Personne n’a jamais pu rentrer dans l’Obsidienne, petit, finit par répondre le vieillard d’une voix rocailleuse. – Alors, comment sait-on qu’il n’y a personne dedans ? – Il n’y a personne.
Le vieil homme et le garçon se défiaient du regard, ne voulant rien lâcher.
– Ce palais n’a pas été construit pour le dernier fils de la lignée Stirin. Il n’aurait rien pu faire pour empêcher la Chute. L’Obsidienne appartient à une fille à naître dans la famille. Une Révélation a prédit sa naissance. Mais la famille est tombée, cela fait maintenant quatre générations. Bren, il n’y a personne dans ce palais. Personne n’aurait pu survivre sans sortir pendant tant d’années. – C’est quoi une Révélation, l’ancien ? – Un rêve. Un rêve d’avenir, un présage. Il n’y a rien pour nous là-bas.
Bren baissa la tête en signe de résignation docile. Il remercia l’ancien pour le temps qu’il lui avait accordé et quitta la chaleur de la grande salle. À l’extérieur, la brume planait, tenace, près du sol.
La nuit dans la Ville Nouvelle ressemblait au jour en plus sombre. La brume qui serpentait entre les jambes remontait vers le ciel en nuages vaporeux et lourds. Le ciel, constamment voilé d’énormes traînées brunâtres, avait signé la fin du règne des voyants et des liseurs d’étoiles. Bren regardait le ciel nocturne depuis le palier de sa maison. Ses parents dormaient, toute la ville dormait. La nuit était le territoire des ombres du passé et des légendes perdues, qui le maintenaient éveillé, fasciné et nostalgique d’un temps qu’il n’avait pas connu. Le regard fixé vers l’emplacement approximatif du palais, il veillait le ciel, témoin impromptu de son hétérogénéité. Car si au-dessus de la ville, des champs malades et des ruines qui parsemaient son monde, tout était gris de brouillard, une percée était née dans ce nouveau ciel. Et les rayons blancs de la lune, couleur inédite dans ce paysage terne, venaient arroser le palais d’Obsidienne.
IV.
Un courant d’air fit frissonner les feuilles des chênes dans le jardin intérieur. Sous les murmures du vent, une vieille femme, assise près d’un tronc, chantonnait une mélodie ancienne. L’œil fatigué, elle observait sa petite fille qui marchait entre les lambeaux de colonnes. La voûte de verre tenait encore au-dessus d’elle alors que la moitié des piliers se prélassaient dans l’herbe épaisse. La petite fille joue toute seule et lézarde sous le soleil qui ne semble briller que pour elle. Elle danse entre les arbres centenaires au rythme des paroles ancestrales qu’elle connaît par cœur. Elle n’écoute pas vraiment sa grand-mère, sa présence est un silence apaisant. Puis le silence se fait entier, le vent tombe brusquement et la chanson ne défile plus que dans sa tête. Elle s’arrête et tourne la tête vers la vieille femme. Son menton est tombé sur sa poitrine, elle ne chante plus. La petite fille s’approche et avance le dos de sa main sous le nez de la femme. Le vent fait silence. L’enfant soupire et regarde autour d’elle, il n’y a personne. Alors elle se penche et attrape les chevilles de sa grand-mère. Traînant son fardeau vers les arbres, elle reprend la chanson ancienne.
Dans le ciel noir, l’Obsidienne luit Un espoir mort dans le fond de la nuit. Qui viendra alors embrasser l’oubli Où dorment les filles avides de vie.
V.
Depuis bientôt un mois, Bren travaillait à ce qu’il appelait en secret la folle expédition. Depuis que la mélodie avait survolé les remparts noirs pour tomber dans son oreille, il n’avait eu de cesse de trouver un moyen de pénétrer l’intérieur du palais. Pendant des jours il avait tourné autour du château endormi, auscultant les murs lisses à la recherche d’une faille. Mais les hauts murs continuaient de briller au soleil, sans offrir aucune prise au jeune homme. Même les arbres, qui semblaient former une forêt le long de la paroi ouest, refusaient de faire passer leurs branches par-dessus les fortifications de pierres noires. Le lieu semblait se protéger de tout contact extérieur, comme un écrin renfermant un joyau précieux. Pour en avoir sillonné le périmètre de nombreuses fois, Bren savait qu’il pouvait contenir une petite ville. Outre le palais lui-même et les nombreux jardins qui l’encerclaient et dont il pouvait apercevoir la ramure des arbres, le terrain qui abritait l’Obsidienne paraissait démesuré. Le palais devait être immense, songeait souvent le jeune homme, ce qui aiguisait plus encore sa curiosité. Mais la chance avait fini par tomber de son côté, sous la forme d’un arbre, abattu contre le mur d’enceinte, un soir de tempête. Après en avoir assuré la base à l’aide de pierres et de branches pour le soutenir, Bren s’était mis en quête d’une corde assez longue pour le faire passer de l’autre côté. Monnayant l’aide de Madra, la fille du forgeron, il avait récupéré des tiges de fer, dont la courbure permettait de s’en servir comme d’un grappin. N’étant pas sûr de la durée de son expédition, Bren avait commencé à amasser des vivres pour plusieurs jours et un matin, tout fut prêt. Il laissa un mot à ses parents et quitta la ville sous la brume du petit matin.
Il lui fallut moins de deux heures pour arriver en vue du mur d’enceinte. L’arbre arraché était toujours en place. Bren s’approcha du palais, quittant la brume qui s’arrêtait à une centaine de mètres de la muraille. Franchissant cette ligne de démarcation, Bren fut inondé par le soleil matinal. Il sentait l’excitation le gagner comme une fièvre insatiable. Il refoula ce sentiment brûlant pour vérifier qu’il n’oubliait rien puis, il se lança à l’assaut du tronc. Il avançait avec prudence, guettant les bruits qu’émettrait le végétal, de peur qu’il ne cède. Il finit par arriver au sommet, louvoyant entre les branches, s’écorchant les joues et les mains. Il posa la paume sur le mur, toujours frais malgré les rayons dont la chaleur s’intensifiait. Il sortit sa corde, à laquelle étaient attachés les arceaux de ferraille, qu’il noua autour de sa taille. Il lui fallut plusieurs essais pour réussir à faire passer le grappin par-dessus le parapet et l’y coincer. Il tira de tout son poids dessus pour vérifier sa prise, et le cœur battant commença son escalade.
Sous le soleil de plomb de midi, il lui fallut longtemps pour arriver en haut. Sous la brume qui recouvrait tout, il faisait beaucoup moins chaud qu’ici où le soleil brillait comme si la guerre n’avait pas tout ravagé. Bren, trop couvert, avait dû se débarrasser de plusieurs couches de vêtements, pour se retrouver en chemise d’un blanc sale, qu’il trempait de sa sueur. Il avait également retiré ses chaussures, comme ses pieds nus lui assuraient une meilleure prise sur le mur complètement lisse. Malgré tout, il finit par se hisser sur le parapet, à cheval sur le mur, une jambe de chaque côté. Frappé de stupeur il resta là, muet et choqué. À sa droite s’étendait la terre dévastée qui l’avait vu naître, noyée sous la brume et les ruines d’un temps si ancien que ses histoires étaient devenues légendes et mythes. Il tourna la tête de l’autre côté de la muraille d’ébène pour y découvrir la forêt foisonnante des jardins intérieurs, et l’immensité du palais. Un palais de jais et d’ébène, perlé d’or, de marbre blanc et rose, de colonnades et de balcons. Immense. Le soleil jouait avec les pierres et les colonnes, illuminant tout d’une lumière puissante et victorieuse, baignant les décombres et l’intact de la même splendeur. Le souffle coupé, Bren récupéra sa corde et se laissa glisser le long d’un arbre qui bordait le mur d’enceinte comme on glisse dans un rêve, se demandant ce qui pouvait bien vivre dans ce paradis préservé et étincelant.
VI.
Perdu dans la forêt qui servait de jardin clos au palais, Bren regardait passer les oiseaux au plumage bigarré, bien différents des corbeaux sombres qui grouillaient autour de la Ville Nouvelle. Au milieu du bruissement des feuilles, des cris des oiseaux et du sifflement du vent, il tentait de suivre la mélodie qui avait repris, suave et lointaine. Le jardin, beaucoup plus grand qu’il ne l’avait imaginé, protégeait le palais proprement dit. Des bruits animaux venaient s’ajouter à ceux de la forêt et le jeune garçon était persuadé d’avoir aperçu une biche un peu plus tôt. Il continua son errance vers le chant mystérieux et ce qu’il pensait être la direction du palais.
***
Elle l’observait depuis le balcon de la grande chambre. Perdue au milieu des appartements principaux, c’était là qu’elle préférait dormir. Le grand balcon y était pour beaucoup. Le soir, quand l’air était doux, elle venait contempler son palais silencieux et, au-delà des murailles, elle souriait à tous ceux qui l’attendaient sous la brume. Un rire feutré lui échappa quand elle le vit de loin sursauter au cri d’un perroquet turquoise et jaune. Si jamais il ne trouvait pas l’entrée du palais, il faudrait qu’elle aille à sa rencontre. Elle détourna son regard gris des jardins vers la penderie attenante. Elle pénétra la pièce où s’étalaient des robes à perte de vue. Un doigt sur les lèvres, elle resta longtemps immobile à observer la profusion de vêtements. Elle finit par opter pour une lourde robe de brocard du même gris que ses yeux, qu’elle enfila prestement avant de relever ses cheveux à l’aide de broches. Une fois satisfaite elle retourna se poster sur le balcon, une nouvelle mélodie sur les lèvres.
***
Ce fut l’éclat de la robe dans l’après-midi tombante qui attira le regard de Bren vers le palais et l’orienta dans la bonne direction. Il rejoignit les lourdes portes de fer incrustées de pierres noires au moment où le soleil passait derrière les hauts murs d’ébène. Les portes s’ouvrirent devant lui sans un bruit et il pénétra le palais d’Obsidienne le cœur battant. L’entrée principale toute de marbre blanc et noir s’élevait vers le ciel et les pas du jeune homme résonnaient comme dans une cathédrale. De chaque côté de l’allée principale se dressaient des statues blanches ou noires, portraits à taille humaine des souverains de la lignée Stirin. L’enfilade de statues le conduisit jusqu’à un escalier double en haut duquel une silhouette drapée de gris l’attendait. D’immenses chandeliers éclairaient sa montée des marches. Lorsqu’il atteignit le haut de l’escalier et se retrouva face à la jeune fille, une envie irrésistible de s’incliner lui saisit les reins, mais il se contrôla du mieux qu’il put. Elle le regardait en souriant, un tableau derrière elle représentant un couple lui souriait également. La femme du tableau et la jeune fille se ressemblaient terriblement. Face à lui, la jeune fille, plus petite que lui d’une tête environ, se retourna pour contempler le portrait elle aussi.
– Voici mon père et ma mère. Dremen et Selun Stirin. – Ils vivent ici avec toi ? osa demander Bren, la voix tremblante. – Non, ils sont morts. Ils voulaient quitter le palais. – Et toi tu ne veux pas sortir ? – Non. Je suis chez moi ici. Vraiment chez moi. Papa et maman ont préféré la ciguë.
Bren eut une grimace de dégoût. Son regard allait de la jeune fille à sa mère au-dessus d’elle. Il lui sembla alors qu’elle ressemblait également beaucoup à son père. La princesse sembla comprendre son désarroi.
– Papa et maman sont frère et sœur, dit-elle dans un sourire. Mais moi je n’ai pas de frère.
Bren ne dit rien, se contentant de la regarder les yeux écarquillés. Elle lui fit signe de le suivre et le conduisit dans une grande salle de bal. Au-dessus d’eux, des lustres brillaient de mille feux. Bren se demanda qui allumait toutes ces lumières, et ne voyant personne d’autre qu’eux, se sentit frémir à la vue des ombres qui parsemaient ce palais oublié. La jeune fille l’attendait près d’une porte-fenêtre. Il la rejoignit et, s’attendant à se trouver sur un balcon, se retrouva face à un jardin suspendu, où coulait une fontaine de jade translucide. La fille lui sourit et alla s’asseoir sur le bord de la fontaine.
– Que viens-tu faire ici ? demanda-t-elle. – Je… je suis venu voir ce qu’il y avait de l’autre côté des murs, répondit-il la voix tremblante. – Je suis de ce côté des murs. – Comment vous appelez-vous ?
Elle sourit encore, un sourire carnassier qui lui donna froid dans le dos.
– Je suis Léthé. J'habite le palais d’Obsidienne.
Cette sombre envie de s’incliner le reprit à nouveau tandis qu’elle lui révélait son identité. Il réalisa, alors, le nombre de personnes qui avaient dû vivre et mourir dans ces couloirs et ces jardins, pendant que la vie au dehors des murailles devenait de plus en plus dure. Bren serra les dents et s’assit à côté d’elle et Léthé se mit à fredonner un air qu’il ne connaissait pas. Elle lui tendit une coupe en argent ciselé qu'elle remplit à la fontaine pour qu'il puisse se désaltérer. La nuit finit de tomber et il s’endormit à ses pieds. Léthé chantait toujours.
VII.
Il fut un temps où ma famille régnait sans partage, un temps où l’art et la beauté étaient élevés au plus haut rang. Nous vivions dans une ère de lumière et de faste dont je ne connais les récits que par les registres qui peuplent la bibliothèque de mon palais. Aujourd’hui je suis seule mais le destin est de mon côté. Un autre est venu de l’extérieur dans mon palais d’oubli et pour lui je chante des mélodies perdues. Car dans le palais d’Obsidienne où les serviteurs sont des ombres sans consistance, je perpétue la magie de ma lignée. À présent je ne hanterai plus seule les couloirs de l’Obsidienne. Jusqu’à ce que nous soyons prêts nous parcourrons ensemble les interminables corridors et les salles de fête. Nous jouerons à cache-cache entre les tapisseries et les passages secrets. Nous ferons un monde dans le monde, une cour secrète dans le palais oublié. Nous porterons tous les vêtements dans les penderies et irons courir dans les innombrables jardins qui nous entourent. Et nous chanterons les temps anciens et les traditions perpétuées. Nous serons deux, de l’intérieur et du dehors, pour ne former plus qu’un. Pour qu’une reine veille à nouveau avec un consort à ses côtés. Je suis celle qui dort dans le palais d’obsidienne, et personne ne le quitte jamais vraiment. Dans le palais oublié, moi, Léthé, je veille le jour nouveau.
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