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Humour/Détente
M-arjolaine : La bonne action
 Publié le 11/08/11  -  11 commentaires  -  4695 caractères  -  188 lectures    Autres textes du même auteur

J'eus, à l'aube de mes vingt ans, la chance inouïe de partir en vacances le jour même où Dieu commença à attaquer mon village à coups de couteau suisse...


La bonne action


J'eus, à l'aube de mes vingt ans, la chance inouïe de partir en vacances le jour même où Dieu commença à attaquer mon village à coups de couteau suisse. Ses attentats n'arrêtaient pas, mais j'étais protégée, du fond de l'hôtel dans lequel je me trouvais, de toutes les horreurs du monde extérieur.


Ma chambre était très belle : spacieuse, elle contenait tout ce dont une jeune fille pouvait avoir besoin. Les murs étaient recouverts de serviettes hygiéniques, et de miroirs - bien entendu -, les tiroirs étaient pleins à craquer de rouges à lèvres et autres vernis à ongles, et possédaient un double-fond inconnu des adultes, bourré de préservatifs en tout genre. Une vraie chambre d'adolescente en somme, et je m'y épanouissais avec bonheur. Mes parents me laissaient une entière liberté, aussi occupais-je mes journées à ne rien faire du tout, excepté tripoter mes cheveux, et me ronger les ongles.


Après deux jours de ce luxe infini, un jeune homme vint soudainement troubler ma paix si délectable. Grand et maigre, le visage disgracieux, et rouquin de surcroît, il frappa à ma porte dès le jeudi matin.


- Il faut qu'on fasse l'amour !

- Je croyais que c'étaient mes parents...

- Tes parents te font l'amour ?

- Non, non non, ils sont assez occupés par le reste de la population adulte de l'hôtel ! Je voulais dire, je croyais que c'étaient mes parents qui frappaient.

- On raconte qu'ils frappent dur...

- Pour ça oui... ils cognent comme des brutes.

- Il faut qu'on fasse l'amour !

- Mais je n'ai pas trop envie là.

- Alors demain ?

- On verra...


Il partit un peu penaud, mais certain de pouvoir conclure son affaire une fois la nuit passée. Or, je ne le lui permis pas. Il revint à la charge le lendemain, puis le surlendemain... et je me trouvais toujours une excuse pour éviter de passer à l'acte. Jusqu'à ce qu'il s'énerve, qu'il entre dans la chambre, ferme la porte à clef, et les volets aussi, puis me dise avec colère :


- Maintenant, on va faire l'amour !

- Ok, dis-je un peu effrayée, on va le faire, laisse-moi juste le temps de mettre une capote.


J'eus alors cette idée lumineuse : alors même que j'étais en train d'enfiler le préservatif sur ma langue, je lui sentis un goût de fraise, qui me rappela les gommes que je mâchais du temps ou j'étais collégienne. Aussi, en fis-je discrètement une bulle, qui m'éclata dans la bouche, me faisant suffoquer.


- Oh mon Dieu, toussai-je exagérément, je suis vraiment trop, trop mal ! Je ne pourrai certainement pas te faire l'amour aujourd'hui...

- Ah tu ne pourras pas ? Moi je te dis que tu vas pouvoir !


Il me plaqua sur mon lit, et tenta avec force et violence d'introduire ma langue dans son oreille.


- Tu vas voir, on va le faire, on va y arriver ma cocotte, ça m'excite, ça m'excite à mort !


Je le repoussai, et courus hors de ma chambre. Il me pourchassa, bien évidemment, mais il courait plus lentement que moi, et à force de se fatiguer, il prenait de l'âge, de plus en plus, je voyais une barbe s'allonger sous son menton, ses cheveux grisonnaient à chaque pas. Quant à moi je me sentais de plus en plus légère, et je parvins même à m'envoler jusqu'à l'accueil de l'hôtel. Nageant la brasse dans les airs, je m'agrippai à l'épaule du préposé aux tentatives de viol, et lui expliquai la situation.


- Aaah, monsieur LaRose, encore vous chenapan ! s'écria-t-il à la fin de mon résumé, toujours à courir la donzelle hmm ?

- Celle-ci était drôlement jolie... murmura mon agresseur.

- Mademoiselle, je ne sais comment vous remercier, nous avons du mal à l'attraper, ce petit voyou de LaRose !

- Si j'ai pu vous aider j'en suis vraiment heureuse ! répondis-je avec joie.


Nous nous saluâmes, j'embrassai la joue de monsieur LaRose, lui fit même un petit plaisir en donnant un petit coup de langue tout contre son oreille, puis j'allai retrouver mes parents pour leur raconter que j'avais collaboré à l'arrestation d'un criminel. Ils me répondirent qu'il fallait que j'arrête absolument de me mêler des affaires de la police, et me donnèrent deux coups de pied chacun. Ils frappaient effectivement fort...


Les vacances se terminèrent, et les attentats avec. Je rentrai joyeuse dans mon charmant petit village, et alors que toutes mes idiotes de copines pleurnichaient sans arrêt sur des débilités du genre « mes parents sont morts » « je suis orpheline ! » « Dieu ne nous aime pas ! », je fus la seule cet été-là, à éclairer le monde de mon sourire joyeux, babillant à tout va l'extraordinaire aventure qui m'était arrivée.


Cela plut à Dieu, et lorsqu'il revint l'été suivant, il donna des coups de pioche à toutes les braillardes imbéciles, et prit bien soin de m'éviter.


 
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   Pascal31   
4/8/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Un texte loufoque qui me laisse assez perplexe...
Certains côtés sont amusants et au niveau de l'écriture, rien à dire, ça coule bien, ça se laisse lire facilement.
Mais je ne vois pas trop l'intérêt de cette lecture. S'il ne s'agit que de faire sourire, OK, j'ai souri deux ou trois fois de l'absurdité des scènes décrites, parfois en grinçant des dents devant la causticité du propos. À part ça, pas grand-chose à se mettre sous la dent, tout de même.
J'ai trouvé le texte trop bref et décalé pour réellement y adhérer. Un avis plutôt mitigé, donc...

   jaimme   
6/8/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Excellent!
J'adore cet humour qui remise les Monty Pythons au rang de maîtres scoliastes!
Encore et encore!
(attention le genre va vous vider comme une huitre perlière, vous y laisserez des plumes et nous lirons goulûment. Vous êtes prévenu. Maintenant écrivez!)

   wancyrs   
8/8/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Ha ha ha c'est bien amusant ça ! à hésiter entre le fantastique et l'humour... la progression de l'histoire montre que l'action se déroule sûrement dans un rêve, mais je me demande si, en tant que adolescente, il est normal de se souvenir de sa vie collégiale... Une autre maladresse, dans la ponctuation - qui est néanmoins assez soignée :

"Grand et maigre, le visage disgracieux, et rouquin de surcroît, il frappa à ma porte dès le jeudi matin."

Voilà une phrase, selon moi, qui devrait être reformulée.

Bonne continuation.

   Anonyme   
11/8/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ce texte me paraît réunir beaucoup d'éléments, beaucoup d'idées, de manière parfois brouillonne. J'aime bien la manière dont la fin répond au début, bouclant élégamment la narration (une mention pour la dernière phrase !), j'aime l'ambiance générale de cruauté désinvolte. Mais les dialogues me paraissent forcés dans le loufoque, je préfère l'exposition froide, clinique et ironique de la situation pratiquée dans le récit. Le harcèlement que subit la narratrice, pourquoi pas, mais le fait qu'elle s'envole en fuyant le viol me paraît de trop.

Bref, si j'apprécie l'ambiance, je trouve par moments le délire forcé. Ainsi, pourquoi Dieu attaque-t-il avec un couteau suisse ? Pourquoi est-il précisé que l'acte d'amour c'est la langue dans l'oreille ? Il y a des gratuités dans ce texte, des fioritures qui me gênent.

   Anonyme   
11/8/2011
Commentaire modéré

   placebo   
11/8/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↓
J'avoue être assez friand de l'écriture de l'auteur. J'aime bien cette manière de penser - peut-être de ne pas penser, mais d'associer, par impromptu, je ne sais pas.

Les "était" m'ont un peu dérangé dans le deuxième paragraphe : suffisamment nombreux pour que je m'arrête dessus. De même pour le verbe faire ou avoir.

Mais l'ensemble est fluide. Attaquer un village armé d'un couteau suisse et une personne à l'aide d'une pioche, cela relève d'inversions bienvenues.

Toujours le même mélange d'amour et de cruauté. Cette dernière est plus discrète que dans les textes précédents, et le viol par léchage d'oreille est plus… fait plus pervers (avec ce que ça ouvre de fantastique) mais moins violent.

Le coup du préposé me semble un peu facile par contre, trop classique dans ce genre de texte. On place une "autorité", plus rationnelle que les autres personnages en apparence, mais en fait tout aussi loufoque. Un renouvellement de la fonction m'aurait plu.

- "ils sont assez occupés par le reste de la population adulte de l'hôtel !" je pense qu'on peut rendre ça plus clair / percutant.
- "je lui sentis un goût de fraise" a ralenti ma lecture,

Bonne continuation,
placebo

   Gerwal   
11/8/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je ne devrais pas...
Un texte dans lequel la "petite marchande d'allumettes" (et aussi, peut-être, ce pauvre petit garçon, avec son bouquet de roses blanches inutiles) se voit massacrer à coups de pioches devrait provoquer mon ire et mon courroux... (en fait, elle -il- le méritait peut-être...)
Mais, d'un autre côté, ce chenapan de M. LaRose se voit puni de ses forfaits, alors... (en fait, il le méritait assurément...)
Eh bien, oui... je trouve ce texte "bien", même si je note une incohérence: je possède, personnellement, un couteau suisse avec une lame faisant office de pioche, alors, je pense que Dieu... mais je n'en suis pas certain...

   alvinabec   
22/8/2011
Court texte qui se laisse lire, rythme fluide, plaisant...et puis le lecteur attend qqe chose qui, comment dire, ne vient pas.
La première phrase très longue. " Nageant la brasse...situation" me semble une phrase peu aérienne. Rupture de ton en fin de texte. A vous lire...

   widjet   
6/2/2012
 a aimé ce texte 
Pas
L’esprit décalé de l’auteur n’est plus à démontrer, certains de ses textes reflètent cette dose de loufoquerie. La première phrase (mine de rien assez accrocheuse et donc efficace dans son intention) donne déjà un avant gout de ce qui nous attend.

Je ne suis pas certain d’être client de ce genre ou plutôt si, mais sans doute pas de la façon dont tout ceci est mis en scène. Difficile à expliquer, mais je trouve toujours qu’un texte tout aussi surréaliste ou déjanté qui puisse être doit bénéficier d’une rigueur implacable, d’une maitrise de rythme et d’une écriture précise.
Ici, j’ai encore cette sensation de non contrôle, d’écriture trop relâchée (peut-être sous prétexte que ce type texte peut s’autoriser toute les facéties).

Quelques fulgurances amusantes (« il courait lentement ») néanmoins.

Une chose m’échappe dans cette phrase : « Nous nous saluâmes, j'embrassai la joue de monsieur LaRose ». Mais dans ma compréhension, Mr LaRose est l’agresseur, pourquoi l’embrasse-t-elle ? (certes, le texte est volontairement grotesque, mais là je soupçonne un loupé)

W
(passe son tour)

   Achille   
17/10/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ce genre de texte me plait beaucoup, donc mon avis n'est peut pas être très objectif, mais je me permet de le donner.
L'humour à la limite du noir, mais sans le ton habituel de celui-ci, donne un résultat léger, sombre et pétillant.
J'aime aussi le fait qu'il y ait une logique propre à cet univers, et surtout, qu'elle paraisse naturelle.

   jeanmarcel   
10/2/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Un texte qui contient des idées à foison mais qui demande une relecture et, d'après moi, une réécriture. La seconde moitié du récit est plus faible que la première qui, elle, est vraiment excellente. J'ai l'impression que l'auteur écrit avec une ferveur et un enthousiasme qui nuisent un peu à la solidité de l'ensemble, je sens un auteur hyper doué mais trop pressé et cela se ressent. Peut-être qu'une version courte, plus resserrée, serait souhaitable. Un auteur très prometteur sans l'ombre d'un doute.

   Anonyme   
11/8/2012
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Deuxième nouvelle que je lis de M-arjolaine et je suis vraiment fan de cet univers créatif... avec ce point d'orgue : " ... Il me pourchassa, bien évidemment, mais il courait plus lentement que moi, et à force de se fatiguer, il prenait de l'âge, de plus en plus, je voyais une barbe s'allonger sous son menton, ses cheveux grisonnaient à chaque pas. Quant à moi je me sentais de plus en plus légère, et je parvins même à m'envoler jusqu'à l'accueil de l'hôtel. Nageant la brasse dans les airs..."

Je trouve aussi très intéressante cette idée d’attiser la curiosité du lecteur avec une idée-bulle (Dieu et son couteau suisse)

Juste un léger reproche, j'eus préféré dans le dialogue une unité de phrases ping-pong et non ces phrases un peu longuettes qui coupe le pétillement du texte.


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