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Réalisme/Historique
macaron : Ce qu'il sera demain
 Publié le 20/06/15  -  4 commentaires  -  14928 caractères  -  86 lectures    Autres textes du même auteur

Christophe a treize ans en 1972.


Ce qu'il sera demain


Il ferma la porte de planches, d’une couleur vert bouteille, fit les quelques pas dans la cour qui le séparaient de l’entrée de l’habitation. Ses parents discutaient dans la cuisine tout en épluchant de grosses pommes de terre pour le repas du soir.


– Qu’est-ce qui ne va pas encore ? demanda Mme Gardinier face au visage renfrogné de son fils.

– Rien… tout va bien.

– Christophe ! Tu as vu ta tête, continua M. Gardinier. Il est où le problème ?

– Ben, tu le sais bien, nos toilettes dans la cour. Nous sommes les seuls dans la rue à ne pas avoir de vrais WC.

– Les seuls ! Tu y vas un peu fort, cela m’étonnerait. Je t’ai déjà expliqué qu’il fallait tout casser : le sol, de la maison jusqu’au raccordement au tout-à-l’égout ; le carrelage dans l’entrée, le couloir. Et les mettre où ces fabuleuses toilettes ? Nous n’avons pas la place. Ta mère aussi aimerait bien. On en parle. Je cherche une solution.


L’année 1972 est passée depuis belle lurette dans les oubliettes de l’histoire. Coincée entre mai 68 et le premier choc pétrolier de 73, on évoque encore de temps en temps la prise d’otages lors des jeux olympiques d’été de Munich ou le Bloody Sunday en Irlande du Nord, et c’est à peu près tout.

Christophe Gardinier avait fêté ses treize ans en début d’année ; et, sans doute du fait de son âge et de son entrée dans l’adolescence, il avait en horreur la vue et l’usage des cabinets extérieurs. Cela lui était venu un jour, subitement, un peu comme une révélation. Alors qu’il avait toujours connu et utilisé ce lieu sans questionnement, quelquefois avec plaisir au retour d’une sortie en ville quand l’envie trop pressante vous torture le bas du ventre, il ne voyait plus que bassesse et animalité à sa fréquentation. Il hésitait à inviter des copains à la maison, seul Hervé, son meilleur ami, ne lui posait pas de problème, quant aux filles…

Gisèle Gardinier hocha la tête avec un sourire bienveillant : ce qu’il changeait son Christophe ! L’adolescent avait regagné sa chambre grognon, boudeur, insatisfait. Elle pensa en son for intérieur qu’ils n’étaient pas à plaindre : son mari, travailleur, soudeur-tuyauteur dans une usine de métallurgie, elle-même à mi-temps à la cantine scolaire du collège Jean Zay de la ville d’Ornicourt. La maison était petite, certes, mais ils possédaient un réfrigérateur et un lave-linge depuis quelques années, une voiture neuve de la marque Peugeot qui faisait leur fierté. Ils attendaient le téléphone avec une certaine impatience, ils en avaient fait la demande, les délais d’installation étaient… aléatoires.


***


Comme chaque matin, Christophe attendait Hervé à quelques centaines de mètres du collège Jules Guesde de la ville de Vavrincourt. Un endroit stratégique où passerait immanquablement Anita Delépine. Il la devinait au loin et il la suivait du regard le cœur battant, avant de jouer l’indifférent quand elle arrivait à sa hauteur. Souvent, elle lui souriait et le saluait d’un simple geste de la main. Il lui répondait timidement par peur de se découvrir. Hervé le taquinait, qui avait percé son secret :


– Va lui parler, bouge-toi un peu, t’es pas cap' de lui faire la bise !


Là, il touchait juste, Christophe n’avait pas la force de faire le premier pas. Il ressentait comme une infériorité devant cette fille belle et sûre d’elle. Leurs milieux sociaux différents – son père travaillait dans les bureaux – accentuaient la crainte d’être ridicule dans ce petit monde conformiste de l’adolescence. Christophe ne disait plus que son père était soudeur-tuyauteur. Il indiquait sur la fiche de renseignements demandée par tous les professeurs concernant le métier de son père : soudeur à l’arc. Il n’aimait pas le mot tuyauteur, il lui trouvait une vulgarité avilissante, tandis que soudeur à l’arc plaçait dans l’expectative la majorité de ses camarades.

La matinée commençait par deux heures de techno, un cours pour lui sans problème. L’étude des différentes faces d’un objet comme initiation au dessin industriel convenait à sa bonne organisation dans l’espace. À quatre garçons au fond de la classe, face à de grandes tables de dessinateurs, les deux heures se terminaient avant d’avoir commencé. Et puis, avec M. Palud, il suffisait d’une question pour qu’il n’arrête plus de parler. Ce jour-là, un élève amena la discussion sur l’arrivée du téléphone.


– C’est parti ! attesta joyeusement M. Palud. Toute la France dans les deux ans à venir sera équipée. Qui a une ligne téléphonique chez lui actuellement ?


Quatre mains se levèrent dont celle, fine et blanche, d’Anita Delépine. Les élèves s’entre- regardèrent, soupçonneux, attendant le premier menteur de pied ferme.


– Mon père a fait la demande, m’sieur, mais c’est long, on ne sait pas quand on l’aura, s’empressa Christophe pour se placer du côté des mains levées.

– Moi aussi, dit un autre.

– Mon père m’a expliqué qu’ils faisaient cela par quartier. Il fallait attendre son tour.


La cloche sonna, des bruits de chaises et de tables malmenées clôturèrent la discussion. Anita se retourna vers le fond de la classe ; d’un sourire appuyé, elle crucifia un Christophe ébloui. Il se demanda si elle se moquait de lui ou si elle attendait qu’il lui demande son numéro de téléphone.


***


Gisèle Gardinier souffla de dépit à la lecture du bulletin scolaire du deuxième trimestre tout frais arrivé. Les mêmes notes, les mêmes appréciations. Christophe voguait sur une mer calme, il se contentait d’une moyenne acceptable, d’une confortable médiocrité. Il était bon en sport, en technologie et sciences naturelles, moyen en maths et histoire/géo, passable en français, en anglais et en allemand. Que ne l’avait-elle poussée pourtant vers l’effort, l’excellence ! Ernest Gardinier, le père de Christophe, trouvait ces résultats suffisants pour en faire un bon ouvrier. Les longues études n’étaient pas faites pour eux, un métier pas trop dur et bien rémunéré, voilà la panacée !

Christophe aperçut le bulletin sur la table de la cuisine en rentrant du collège, sa mère assise, pensive, peinée par les piètres résultats.


– Tu m’avais promis de travailler Christophe ! Qu’est-ce que tu vas faire plus tard ?

– J’en sais rien, m'an !

– En troisième, tu devras choisir un métier, cela va vite arriver.


Christophe s’échappa dans sa chambre, son père n’allait pas tarder à rentrer du travail, le jeudi, ils faisaient les courses au tout nouveau complexe commercial. C’était l’occasion de sortir la voiture, Ernest Gardinier prenait le bus pour se rendre à son travail. Et puis, après les achats pour la semaine, ils dînaient au self-service de la cafétéria. S’ils n’allaient jamais au restaurant, trop cher ou trop guindé, les Gardinier se sentaient dans leur élément dans la file d’attente du self-service. Christophe déposait sur son plateau son entrée préférée : une salade de thon mayonnaise ornée d’une grosse crevette rose luisante. Le petit crustacé, dont il n’avait jamais auparavant goûté la saveur, lui laissait entrevoir un luxe qui n’était peut-être pas aussi inaccessible. Gisèle adorait les grillades, elle trouvait la viande succulente tandis qu’Ernest dénichait un petit vin rouge délicat. L’ambiance était conviviale et on évitait les sujets crispants – les études de Christophe, les WC dans la cour – ; on discutait plutôt de ce que l’on avait vu dans les rayons, mais qu’on ne pouvait pas encore se payer, de la mode audacieuse du prêt-à-porter féminin qui agaçait Gisèle, des films à l’affiche au moderne cinéma trois salles. Puis ils rentraient, certes un peu tard, avec le sentiment encourageant d’être pleinement de son temps. Il n’en fallait pas plus pour bien dormir.


***


Mme Camus avait la réputation d’un professeur de français motivée et prête à bousculer les codes sévères de la pédagogie institutionnelle. Le travail de groupe présentait à ses yeux de nombreux avantages pour entraîner les récalcitrants à l’étude de la langue française. Chaque trimestre, elle organisait des groupes de travail autour d’un thème actuel, sous la forme d’un exposé noté à présenter devant la classe. Christophe s’était retrouvé avec Anita dans un petit groupe de six élèves. À partir du thème général : le néologisme « La grande distribution », ils devaient comprendre et rendre compte de l’effet et de l’importance de la publicité. Pour ce faire, ils établirent un planning de rendez-vous au supermarché en dehors des heures de classe.

C’était la première fois qu’il la voyait autrement que sur le chemin du collège. Elle ne ressemblait plus à une écolière, un peu comme les grandes du lycée, à ses yeux presque une femme. Il avait le col de son blouson en jean qui lui faisait comme une bosse dans le dos et il songea un instant à son pantalon feu au plancher : une injure pour le bon goût vestimentaire. Enfin, le groupe fut au complet, les questions entre eux fusèrent, il s’oublia pour ne penser qu’à Anita. Ils eurent un rendez-vous avec le directeur du magasin, très heureux de parler de son métier à une jeunesse curieuse et ambitieuse. Un directeur des ventes expliqua quelques rouages pour vendre plus et mieux, attesta l’importance que prendrait à l’avenir la publicité, dans des formes, ajouta-t-il, qu’on ne connaissait pas encore.

Christophe en profita pour se rapprocher d’Anita. Elle riait facilement, et parfois un peu bêtement, ce qui lui donna de l’assurance. Au troisième rendez-vous, il lui prit la main, elle le laissa faire. Finalement, il n’eut pas trop de mal à obtenir ce qu’il voulait : son adresse.


***


Ce jour-là, quand il arriva aux abords de la résidence JF Kennedy, Christophe Gardinier pressentit un moment décisif avec cette visite à Anita Delépine. Évidemment, il espérait être seul avec elle, et, pourquoi ne pas tenter de l’embrasser sans s’attirer des ennuis. Mais, au-delà de ces péripéties qu’il avait maintes fois imaginées le soir dans son lit, quelque chose de très important allait se produire : un déclic, une avancée dans sa perception du monde, un éclair de lucidité.

En cette belle journée de juin, il se lesta de ses cahiers de mathématiques pour se donner un peu de contenance. Il ne connaissait pas la résidence JF Kennedy, un îlot de demeures individuelles pour jeunes cadres entreprenants. Dès les premières maisons, une impression de bien-être l’envahit dans l’animation festive de ce samedi après-midi. Des enfants déboulaient à vélo ou en patins à roulettes, libres, joyeux, alertes. Des pères de famille nettoyaient leur voiture ou bichonnaient la pelouse ou les massifs de fleurs avec un sérieux bon enfant. Des femmes ouvertes et joviales s’apostrophaient, discutaient, riaient : tout lui parut plus vivant, plus gai que la grande rue morte, interminable, où il habitait. Il se sentit un peu étranger dans cette féerie qu’il n’avait pas méritée. Il continua son chemin dans la petite cité, attentif aux visages et aux voix de ses occupants, et tous lui semblaient jeunes, beaux, d’une autre création. Le pavillon d’Anita se précisa au détour d’un bosquet de lauriers-roses. La photographie de cet instant, qui se fixa dans sa mémoire comme la preuve que le bonheur existait, décida pour lui de ce qu’il devait être.

Devant la grande maison blanche au toit d’ardoise, sur la terrasse que limite une pelouse fraîchement tondue, agrémentée de rosiers rouges et orangés, la famille Delépine comme la famille Ours du conte pour enfants prenait la pose par ordre d’importance et de taille. M. Delépine – il travaillait dans les bureaux – couvait d’un œil protecteur la voiture stationnée dans l’allée du garage. C’était une voiture jaune « orgueil » brillant au soleil, un modèle « sport » aux vitres teintées et aux jantes d’un alliage inédit. Mme Delépine contemplait son mari tendrement, satisfaite de son choix, confiante en un avenir sans gros nuages. Elle ressemblait à Anita, mais aussi à ces mères de famille qu’on peut voir dans les séries télévisées américaines. Anita regardait Christophe, elle l’avait immédiatement aperçu lorsqu’il entra dans leur ligne de mire. Elle n’était pas surprise de le voir, son sourire malicieux approuvait l’audace du jeune homme. Julien, son jeune frère, la tête hors du rang scrutait ses aînés, sensible aux gestes, aux expressions de chacun. Était-il conscient du haut de ses neuf ans de la chance qu’il avait ? songea Christophe, se projetant à la place du garçonnet. Mais déjà, M. Delépine l’apostrophait, un rien curieux et inquiet par ce jeune inconnu, le privant plus longtemps du spectacle de cette famille exemplaire.


– Entrez jeune homme, entrez donc !


Christophe poussa la porte d’entrée du jardin, doucement, à la fois hésitant et étonné de changer de monde aussi facilement. Il prit un air sérieux, montra ses cahiers de mathématiques.

Il est des rêves de jeunesse comme des couleurs des oiseaux d’Amazonie : innombrables. Certains – grands, téméraires, généreux croisent d’autres – petits, mesquins, pusillanimes. Avons-nous vraiment le choix ? Pouvons-nous sortir de la nasse quand elle est fermée de tous côtés ?

En rentrant chez lui ce soir-là les mains vides – il avait oublié ses cahiers de mathématiques – Christophe, la bouche encore brûlante du premier baiser donné, tenta d’éclaircir ses impressions dans une pensée fluide et cohérente. Il ne sera pas ouvrier, encore moins soudeur-tuyauteur. Il devait se débarrasser de ce carcan fait d’abnégations et de fatalité. Il ne savait pas encore comment, mais il trouverait. Rien dans les études ne le passionnait véritablement ou le favorisait par une belle aptitude, n’importe, il prendrait les chemins de traverse, pas aussi vertueux ni forcément honnêtes.

Il arriva à son domicile. Une envie pressante le tenaillait qu’il n’avait osé soulager chez Anita. Heureux – au moins quelques instants – de retrouver cet endroit familier où il put enfin apaiser sa vessie suppliciée, il eut un geste de mauvaise humeur en refermant la porte de planches. La retenant in extremis dans le souci de ne pas froisser ses parents, il remarqua au bas de celle-ci les premières écailles de peinture qui se formaient aux emplacements fragilisés par l’humidité. Il avait, sur la proposition de son père, repeint la porte lui-même l’été dernier. Il se souvint alors du plaisir pris quand, après un décapage énergique, il avait recouvert le bois nu d’une peinture épaisse d’un vert profond. Le spectacle du bois avide absorbant le liquide pour ne laisser qu’une fine couche luisante le fascinait. Les gouttes échues au sol sur le papier journal protecteur l’amusaient avec leurs formes inattendues, abstraites.

Il referma la porte lentement. Il hésita à faire les quelques pas pour entrer chez lui. Sa détermination, après cette après-midi si importante, s’était déjà dissipée comme un vœu pieux du jour de l’an. Son cœur, lourd des émotions de la journée, céda. Il prit son visage entre ses mains et il sanglota.


 
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   Anonyme   
22/5/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour,
Un seul mot jaillit en moi après la lecture de cette nouvelle: magnifique.
J'ai traversé cette époque (moi j'avais quatorze ans en 1972) comme dans un rêve, était-ce la magie de l'enfance, le début des amourettes d'adolescent, qui, en mon souvenir, habillent cette période d'une si éblouissante luminosité. A travers vos mots, j'ai tout retrouvé. Le milieu ouvrier dont je suis issu, moi aussi, et dont on finit par avoir un peu honte ( soudeur à l'arc, ça fait plus moderne, plus technique, par rapport aux tuyaux, joli ça, et si authentique), le feu de plancher du pantalon, l'installation du téléphone, les wcs, cabane au fond du jardin ( Laurent Gerra dans son pastiche de la chanson de Cabrel m'a beaucoup fait rire, mais parfois un peu jaune quand je repensais à ces minutes vécues dans ce lieu intime un rien dégeu).
L'écriture est d'une grande justesse, sans temps mort, authentique, parfaite, imagée.
La description du petit paradis de la fille, et ce regard de Christophe sur la famille de cette dernière à son arrivée est superbement travaillée sans qu'on n'en ressente un instant le travail, c'est fort. Cinématographique. Je n'ai que des qualificatifs élogieux pour parler de votre nouvelle.
Et la peinture à la fin dans cette cabane (l'histoire en part et y revient, bien trouvé cela également), et cette émotion du gamin qui jaillit. Je suis soufflé. Voilà ce genre d'histoires réalistes au possible qui me fait craquer et qui révèle le profond regard de l'auteur sur la vraie vie.
Bravo à vous pour ce voyage au pays de mon enfance, et de la votre sûrement.
Ôtez-moi d'un doute, on ne serait pas voisins par hasard ?
Toutes mes félicitations.

   bigornette   
21/6/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour macaron.

C'est une belle histoire que vous avez écrite. Pour le cadre et l'époque choisis, originaux pour le moins. Ce qu'il sera demain nous rappelle qu'il n'y a pas très longtemps il n'y avait pas tant de "choses" à l'intérieur des logements, comme des toilettes fonctionnant à l'eau courante par exemple. Vous avez su recréer l'ambiance dans une petite ville, à la fin des trente glorieuses. On sent notre propre époque en germe, notre société dite de consommation, de surabondance. Et, pour une fois, ce n'est pas pour tout jeter à la poubelle, ce qui ne gâche rien, bien au contraire. Bien bien.

C'est aussi une belle histoire pour le thème choisi, celui de la barrière sociale. Il est quand même émouvant ce jeune adolescent qui réalise qu'il ne fera jamais sa vie avec la fille qui lui plaît. Cependant, je trouve que l'école a une responsabilité dans ce qu'il sera demain, et Christophe me semble quand même un peu trop maître de son destin, car, après tout, s'il n'a pas de meilleures notes à l'école, c'est parce qu'il ne fait pas d'efforts suffisants. Je crois que c'est beaucoup plus compliqué que ça. Je crois que les barrières viennent aussi du langage, du niveau culturel, de l'ambiance qui règne à la maison... Ces barrières que l'école n'aide pas, ou si peu, à franchir. J'ai l'impression que Christophe le réalise à la fin de votre nouvelle, lorsqu'il pleure. C'est très bien, qu'il pleure. Il a raison de pleurer. Il ne se mariera pas avec la jolie fille. Cependant, et j'en viens au seul défaut que j'ai trouvé à votre nouvelle, vous auriez été plus émouvant encore si vous aviez moins expliqué la barrière sociale à votre lecteur, et plus montré cette barrière sociale, par contraste entre ce qu'elle sera demain et ce qu'il sera, lui, demain. Merci.

   Lulu   
28/6/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Macaron,

j'ai lu votre histoire avec beaucoup de plaisir. J'ai aimé que vous la situiez dans le temps, à cette époque où Internet et les iphones n'existaient pas..., à cette époque où les relations avec l'autre ne s'établissaient pas aussi facilement et aussi rapidement qu'aujourd'hui. Christophe, dans son envie de connaître sa camarade de classe en est un bel exemple.

J'ai ressenti une vive émotion au moment où il se mit à pleurer. Sa journée était intense et méritait d'être racontée, qu'il s'agisse d'une pure fiction ou d'une nouvelle d'inspiration autobiographique.

Enfin, j'ai beaucoup aimé le réalisme avec lequel cette histoire est racontée. On se représente la maisonnée avec les parents, le chemin du collège, la classe avec les groupes de six, la visite chez l'amie... etc. Tout cela me rappelle beaucoup de choses, même si je suis née en 1972. A quelques années près, j'ai retrouvé en effet les récits que nous faisaient ma mère au sujet des toilettes extérieures, ainsi que de son dur travail d'ouvrière. J'ai aussi pensé à Annie Ernaux, que j'aime beaucoup, avec "La Place", notamment, un récit écrit en hommage à son père.

Au sujet de l'écriture, je l'ai trouvée simple et fort agréable. C'est fluide, appréciable.

J'aime aussi beaucoup le titre, lequel pèse lourd sur un jeune de treize ans, et cela est toujours d'actualité pour les jeunes qui ne réalisent pas en quoi le collège est important.

On ne sait "ce qu'il sera demain", et cela importe également. Tout n'est pas joué d'avance, fort heureusement. On peut être fils ou fille d'ouvrier, et réussir professionnellement. Dans votre nouvelle, Christophe semble avoir un déclic. Il découvre le monde bourgeois auprès de son amie et réalise que ses notes ne sont pas fameuses. C'est à partir de ce genre de réflexion que l'on évolue...

Tous mes encouragements et au plaisir de vous lire à nouveau.

   Anonyme   
13/2/2016
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonsoir, Macaron,

Ayant beaucoup aimé l'une de vos nouvelles, lue aujourd'hui, je m'étais promis d'en lire une ou plusieurs autres ce soir.

Sur le fond, tout est là pour m'attirer et me retenir : l'adolescence, les années soixante-dix, les barrières sociales, la résignation.
L'écriture est bonne. Vous la maîtrisez, c'est évident.

Mais je vous dois la vérité et j'espère que vous me pardonnerez de la livrer aussi brutalement : je me suis ennuyé ferme.
J'espère pouvoir comprendre pourquoi et vous l'expliquer.

Dès le début du deuxième mini chapitre, j'ai redouté que la lecture me soit pénible et rien n'a pu démentir ensuite cette impression, bien au contraire.

En réalité, c'est dès la première phrase du texte que je me suis mis à espérer l'apparition d'éléments pouvant contredire ma première mauvaise impression. C'est le "d'une couleur vert bouteille" qui a tout déclenché. J'ai horreur de ce genre de descriptions qui n'apportent rien au récit, sauf si elles sont directement liées aux personnages, ou si elle sont exprimées dans une forme originale, si elles apportent une valeur ajoutée poétique ou à l'ambiance générale. Bien sûr, ayant tout lu jusqu'au bout, je comprends que ceci permet de lier la fin au début, mais à ce stade de la lecture, je l'ignore.

Une petite maladresse dans le premier dialogue me fait perdre encore le fil. La dernière réplique émane du père alors que les précédentes émanent de la mère et du fils, facilement identifiables. Ce n'est qu'à la fin de cette dernière réplique que l'identité du locuteur est livrée. Je croyais que c'était encore la mère qui parlait. Du coup, j'ai relu tout le dialogue pour fixer les personnages.
Le mot "cela", dans la réplique du père, ne me parait pas du tout naturelle.

Je me suis encore arrêté à la précision sur la localisation du lieu de travail de la mère (du collège Jean Zay de la ville d'Ornicourt). Ceci allonge la phrase sans apporter quoi que ce soit, selon moi.
J'aurais pu oublier ceci si exactement la même chose ne s'était pas produit dès la première phrase du deuxième mini chapitre ("du collège Jules Guesde de la ville de Vavrincourt").

Je ne fais pas le détail du reste : le texte est truffé de détails, de précisions qui ne me dérangent pas forcément en tant que tels, mais qui m'éloignent totalement des personnages et de l'histoire si ils ne leur sont pas directement liés. Plus je progressais dans lecture, plus je m'éloignais de l'histoire et des personnages. J'ai fini en pilote automatique.

Très, très en-dessous de "Bois-Haumont", lu plus tôt dans la journée. Dans cette autre nouvelle, la forme renforce le fond, le sublime. Ici, elle me le fait perdre. Ce n'est que mon avis, bien sûr.

Je lirai d'autres choses de vous.


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