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Science-fiction
Mantis : Grand Silence
 Publié le 05/02/08  -  8 commentaires  -  8300 caractères  -  45 lectures    Autres textes du même auteur

Un futur pas si lointain, sur l'océan.


Grand Silence


Quel jour on pouvait être ? Voilà le genre de questions qui trottait dans ma tête des fois. Drôle de question et putain de bonne aussi.


Depuis le Grand Silence, finies les huit heures de boulot, on ne faisait plus que deux choses : dormir et survivre. Et, ça aussi c'était bizarre, enfin pas vraiment. Parce que les mauvaises choses sont plutôt là pour vous faire chier, hein ?


C'était la nuit qu'Ils attaquaient. Qu'Ils tuaient pour dire vrai. Croix de bois, croix de fer, c'est la nuit que t'allais en Enfer. À moins que l'Enfer, on y soit déjà tous. Parce qu'il y a une chose que les Mutés savent faire comme des chefs. Et cette chose c'est vous éventrer bien proprement, des couilles jusqu'au cou, comme ça, une belle fermeture éclair pour vos entrailles.


Ouais... Depuis le Grand Silence, y a deux catégories, y a nous, qui dormons le jour et vivons la nuit. Et les Mutés, qui dorment tout le temps, sauf quand ils nous refont une boutonnière à coup de griffe.


Il fait presque nuit. Et je me suis fait bouffer par un putain de moustique. Gros comme la tête de mon pouce, enfin sur l'eau faut pas s'attendre à voir d'autres bêtes. La piqûre me gratte, et je ne peux pas empêcher mes ongles d'arracher des couches de peau autour de ce foutu abcès. Va falloir cacher ça. C'est arrivé hier, et d'une manière con en plus. Bon je peux bien prendre quelques minutes pour vous expliquer.


J'ai dû plonger pour ramener à bouffer à la Communauté. C'était mon tour. Et plonger le soir, c'est pas drôle. On a bien des lampes, mais l'énergie est plutôt rare. Et pas mal de batteries sont déjà tombées en panne. Même ces putains de piles où les lapins faisaient la course à l'époque où la télé marchait encore. Mais j'ai quand même ramené ce qu'il fallait. Un bon gros thon, grand comme mon bras. J'ai dû lutter pour le tuer, et ensuite pour le remonter, c'était une galère aussi. J'ai d'abord raté mon premier coup de couteau, alors il a essayé de se barrer. J'ai dû attraper sa queue et la couper nette. Y avait du sang partout qui remontait en une espèce de fumée rouge. Là, il bougeait beaucoup moins, alors hop, je lui ai balancé un dernier coup dans l'abdomen. Les tripes me sont arrivées en plein dans la gueule et ont voulu remonter vers la surface. J'ai encore tranché et je suis remonté avec le casse-croûte. Coup de bol, il était presque normal. Y avait bien un troisième œil, juste au-dessous de celui de gauche. Un espèce d'œil tout blanc qui coulait. On aurait dit qu'il pleurait, mais les poissons ça chiale pas. Et si ça chialait, ça serait pas des trucs jaunes qui couleraient de son œil. Mais Vana a dit qu'on pouvait quand même le bouffer.


Faudra aussi que je vous parle de Vana et donc du Grand Silence. Saloperie tout ça. Enfin bref, je me tire hors de la flotte et là ce taré d'insecte me fout sa trompe dans la peau. On aurait dit un petit moineau. Enfin je crois, parce que moi, les moineaux, y a que dans les livres que je les vois encore. Me voilà à me gratter avec mon poisson à trois yeux sous les étoiles. Super beau comme début de soirée. Je récupère ma prise et l'envoie à Malice, le cuisinier. Malice c'est un surnom, il a jamais pu nous dire son vrai nom. Il a perdu sa langue je pense, après le Grand Silence. On l'appelle comme ça parce qu'avec rien il nous prépare des repas comme avant. Avec du goût en plus. Avant lui, on bouffait que des barres et de la nourriture en poudre. Je me gratte encore le bras. C'est bien rouge maintenant. Y a même du pus et du sang au milieu de la plaie. Faudrait que je montre ça au médecin, mais je préfère pas. C'est un coup à se retrouver avec du plomb dans les poches à 5000 m de fond, le médecin il rigole pas quand on fait une connerie, et j'en ai peut-être fait une.


Il me reste un peu de temps avant la veillée, je vais en profiter pour parler un peu avec Alec. Alec, c'est un peu notre mascotte dans la Communauté. On l'a trouvée l'année dernière, ou peut-être celle d'avant, je sais plus bien. Elle était toute seule sur une épave de tanker qui dérivait. Des pirates ont attaqué le bateau et massacré l'équipage pour récupérer le pétrole qu'elle nous a dit. Je pensais même pas que le pétrole ça existait encore. Donc Vana l'a adoptée, un peu comme sa fille, si on veut. Sacrée bonne femme cette Vana. Du caractère, et il en faut pour diriger la Communauté. Ça a pas toujours été rigolo pour elle. Comme presque tout le monde ici, toute sa famille s'est fait prendre par le Grand Silence.


Ah ouais, le Grand Silence. C'était il y a longtemps, je saurais même plus dire combien. Tous les chefs d'État ont pété les plombs et se sont balancé leur Bombe au travers de la tronche. On pouvait même plus compter les corps, ni les enterrer d'ailleurs. Puis l'hiver arriva. Un hiver terrible, qui dura des lunes et des lunes entières. Et le silence... Aucun bruit, rien. Juste le silence et les battements de ton cœur pour accompagner ces putains de minutes qui succédaient aux putains d'heures. On a quand même retrouvé des survivants. Mais la terre était devenue mauvaise, et les animaux étranges. Des vaches à deux têtes, des chiens à trois pattes. Ou le pire que j'ai vu pendant que j'étais tout seul, un chat aveugle, sans pelage avec une immense gueule d'où jaillissaient trois rangées de dents qui n'avaient rien des dents des minets de ma grand-mère. Alors avec les autres, on a pris la mer, quelques communautés marines ont vu le jour, perdues au milieu de l'océan. Les radiations avaient tout changé. Non seulement le sol et les animaux, mais aussi les humains et pire encore... les virus, comme dit Vana. Elle pense d'ailleurs que les Mutés sont victimes d'une sorte de virus. Elle a déjà vu une transformation. Il paraît que le corps s'humidifie et que la peau pèle, comme on pèlerait une orange. Alors les mains se changent en griffes et le carnage commence. Vana a été infectée, mais son corps a résisté. La mutation s'est stoppée au milieu. Y a juste quelques signes, son visage prend des fois une teinte rougeâtre lorsqu’elle a peur, ou qu'elle est triste. Sa peau tire aussi sur le mauve, sa voix est plus grave et ses cheveux sont tous tombés. Mais sinon c'est une nana comme les autres, avec ce qui faut où il faut. Et c'est notre chef.


Je fais quelques pas sur le pont pour chercher Alec et je vois que tout le monde est déjà autour de Vana pour la veillée. C'est pendant ces veillées qu'on se raconte nos histoires d'avant et qu'on garde un œil sur les Mutés. Je me gratte, heureusement ça pique drôlement moins. J'enfile des baskets et je vais m'installer autour du feu. Ça fait un peu comme une colonie de vacances, une putain de colonie. Et qui durera jusqu'à ce qu'on meure. Bah, de toute façon, faut bien y passer un jour. Je m'assois à côté d'Alec et lui balance le petit sourire qui l'a fait rigoler.


Vana est en train de raconter une histoire du temps passé. Je crois qu'elle a déjà dit le titre de cette histoire. La cigale et je sais plus quoi. Je me laisse bercer doucement par la voix de Vana et son visage qui change de couleur au fil des sensations qui la traversent. À chaque mot, chaque phrase, elle nous regarde, bien au fond des yeux. Sans même y penser je porte ma main à la piqûre. Un curieux frisson remonte le long de mon dos. Vana balaie l'assistance du regard, s'attarde un peu sur moi et poursuit son récit. Puis tout s'arrête. Ses yeux s'ouvrent grand devant les miens. Je baisse le regard sur mes baskets. Une fine bande d'humidité se dessine au bout du pied. Une bande qui commence à s'étendre à toute la chaussure. Mes vêtements commencent à me coller à la peau et mes cheveux suintent. Je ne veux pas regarder Vana, mais c'est plus fort que moi. Son visage prend une teinte rouge, ses yeux déjà grands ouverts semblent vouloir sauter de leur orbite. Ses deux mains plaquées devant sa bouche ne parviennent pas à masquer le cri d'horreur qu'elle pousse. La dernière chose qui traverse mon esprit et une mise en garde de Vana. Les moustiques peuvent porter les virus. Mais déjà ma peau tombe et mes mains ne sont plus que des serres meurtrières. Les hurlements d'agonie que personne n'entendra se mêlent au doux clapotis des vagues.


La nuit prochaine, la Communauté de Vana n'aura plus besoin de guetter les Mutés... Les morts, ça ne guette pas.


 
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   widjet   
5/2/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Le sujet n'est pas forcément nouveau mais qu'importe, l'auteur distille une ambiance intéressante et la lecture se fait sans problème. Mais tout ceci aurait pu être plus développé, plus dense car il y avait vraiment matière. Quelques répétitions ou maladresses ("Drôle de question et putain de bonne aussi") ou des phrases maladroites ("Depuis le Grand Silence, y a deux catégories, y a nous, qui dormons le jour et vivons la nuit. Et les Mutés, qui dorment tout le temps")

En tout cas, pour une première histoire c'est agréable.

Continues!

W

   Anonyme   
8/2/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Ce pourrait-il que cela devienne un de nos futurs possibles ? C’est à souhaiter que non !

C’est un sujet intéressant qui aurait nécessité, comme le signale Widget, un peu plus de substance.

J’ai néanmoins aimé.

   Anonyme   
15/2/2008
Je regrette le vocabulaire un tantinet vulgaire, mais malgré tout, c'est apocalypse now revu et corrigé ! Un climat glauque et aquatique nous entraine dans l'horreur du début à la fin bien amenée.

   Mantis   
21/2/2008
Merci pour vos commentaires et vos encouragements. Je précise que c'est une idée issue d'un rêve que j'ai fait durant un retour de vacances. L'écriture a été faite un peu précipitamment.

   Perjoal   
25/2/2009
Le vocabulaire.... non
Le style oui.

Le sujet est très bien. Quelques descriptions sur leur lieu de survie auraient pu être donné.

   Menvussa   
29/4/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
L'idée n'est pas mauvaise, ça fait un peu penser à la machine à remonter le temps de Wells avec les Morlochs. La fin, on la sent venir assez vite. Ce qui m'a un peu moins plu, c'est ce style narratif sans relief.

   Ninjavert   
17/9/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un texte intéressant...

C'est court, dense et ça fonctionne bien. Même si, comme les autres, j'aurai aimé que tu développes un peu plus l'univers, le contexte. C'est suffisamment ébauché pour qu'on s'y retrouve et qu'on dispose de tous les éléments de compréhension, mais un développement plus approfondi aurait permit de rendre l'ambiance encore plus oppressante.

Le ton ne m'a pas gêné, c'est un chouille vulgos mais à côté de ça le rendu fait plutôt naturel. On n'a pas l'impression de lire le journal d'Anne Frank, mais bien d'assister aux pensées tourmentées d'un survivant. Efficace. (Comme tu précises que l'écriture a été un peu rapide, y aurait moyen d'améliorer l'ensemble à moindre frais !)

Le fond est classique (le mix survival-zombies-apocalypse n'a rien d'original) mais fonctionne toujours aussi bien :)

Quelques détails quand même qui m'ont un peu laissé sur ma faim : j'ai du mal à croire qu'une mutation de cette ampleur puisse se faire aussi rapidement. La contamination, certes, mais qu'en une poignée de secondes (et il faut que ça soit rapide pour que personne n'ait le temps de réagir) le mec perde sa peau et ait des griffes qui poussent, ça m'a paru un peu "gros". Surtout que c'est pas indispensable, même si ça fait partie du tableau : y a pas de mutation dans 28 jours plus tard, et ça n'empêche pas les contaminés d'être dangereux !

Egalement, j'ai eu du mal à croire que dans ce monde où le danger est omniprésent, personne n'ait d'arme à portée de main pour réagir si ce cas de figure se produit. Perso, même au sein de la communauté, je ne ferai pas un pas sans avoir un flingue / machette / pied de biche à portée de main... (mais je suis un psychopathe, c'est vrai ^^)

Pour le reste, tous les ingrédients indispensables sont présents : le désespoir, papable, de ces survivants qui n'ont bien conscience de ne faire que ça : survivre, sans espoir d'un lendemain meilleur. La pénurie, de bouffe, d'énergie... c'est bien vu.

Le titre m'a un peu interloqué. "Grand Silence", c'est classe. Pour autant, j'ai pas trop compris d'où il venait. Certes, y a plus de radio, tv, voitures... plus beaucoup d'animaux non plus, mais le bruit existe toujours, à commencer par celui des carnages... bref, j'aurai aimé une justification de ce titre, pour qu'il prenne vraiment tout son sens. (Tu l'expliques pendant l'hiver nucléaire, mais après, on peut imaginer légitimement qu'il s'atténue, le silence)

En tout cas j'ai beaucoup apprécié l'ambiance, ça m'a rappelé les chapitres de World War Z qui se déroulent sur l'eau... (les zombies en moins ^^)

Merci m'sieur :)

   cherbiacuespe   
22/10/2022
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
On voit arriver le truc, on le devine. La vulgarité du narrateur et "héros" donne de la spontanéité à son récit, de l'authenticité, nécessaire pour se sentir dans le texte, s'y sentir bien.

La question du fond ("voilà ou on va, les gars, si on fait pas gaffe"), qui n'est pas neuve, et poussée ici à l'extrême. L'expérience Tchernobyl ne montre rien de cela, mais bon, on peut toujours broder dans la fiction, la science-fiction plutôt. Ce n'est pas un mauvais texte mais il manque d'un peu de suspense à mon avis.


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